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La chronique des arts et de la curiosité — 1869

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Nr. 6 (7 Février)
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N° 6.

DIMANCHE 7 FÉVRIER.

1869.

ABONNEMENTS.

Paris. Un an : 15 fr.

—.Six mois : 8 fr.

Départements .... Un an : 18 fr.

— .... Six mois : 10 fr.

Un numéro : 20 cent.

Pour l’étranger, le port en sus.

Rédaction, 55, rue Vivienne.

Comptes rendus et annonces des ventes
publiques de tableaux, dessins, estampes,
bronzes, ivoires, médailles, livres rares,
autographes, émaux, porcelaines, armes,
objets de curiosité, etc.

Revue des Arts industriels.

CHRONIQUE

DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ

GUIDE SPÉCIAL DES ARTISTES ET DES AMATEURS
JOURNAL POLITIQUE PARAISSANT LE DIMANCHE

ABONNEMENTS.

Paris

Un an : 15 fr

Six mois : 8 fr

Départements .... Un an :
— .... Six

Un numéro : 20
Pour l’étranger, le port en

Administration, 55. rue Vivienne.

Correspondances étrangères. — Nouvelles
des galeries publiques, des ateliers. —*
Bibliographie des livres, articles de revues
et estampes, publiés en France et à
l’Étranger.

Expositions de Province ^et de l’Etranger.

LA CHRONIQUE DES ARTS

TRANSFORMÉE.

La Gazette des Beaux-arts soutenait,
— à ce qu’il paraît,— des'doctrines per-
nicieuses ou inquiétantes; aussi M. le
surintendant veut-il,— autant du moins
qu’il est en son pouvoir,— que ce recueil
dangereux ’ ne pénètre point dans les
bibliothèques publiques et dans les écoles
d’art. Cette nouvelle surprendra quelque
peu, croyons-nous, nos abonnés. Pour
nous, qui connaissions depuis longtemps
les sentiments de l’administration à notre
égard; pour nous, qu’011 avait bien voulu
prévenir à diverses reprises de ce qui
nous menaçait, cette nouvelle n’a eu rien
d’inattendu. En publiant la liste des
vingt-sept tableaux sortis du Louvre
pour aller décorer les salons d’un cercle,
nous savions parfaitement quelle puni-
tion nous serait infligée ; mais, avant tout,
nous tenons à honneur de conserver une
indépendance absolue dans l’appréciation
des faits de notre compétence.

Peu avide de la gloire à laquelle on
rêve toujours la veille des combats, peu
soucieux des horions qu’on reçoit inévi-
tablement dans toute mêlée, nous n’avions
eu jusqu’à.présent aucun goût pour trai-
ter les questions administratives et nous
bornions notre ambition à nous occuper
des belles choses, à en parler, à en jouir.
Il ne fallait rien moins que la regrettable
restauration des tableaux du Louvre, qui
enleva une valeur inestimable à tant de
chefs-d’œuvre; que l’absorption par la
Liste civile du musée Gampana, acquis
aux frais de l’État; que le projet de
donation illégale à l’Angleterre des sta-
tues de nos princes Plantagenets et que
la translation de vingt-sept tableaux du
Louvre dans un club, pour nous forcer à
intervenir et à défendre les droits mé-
connus de la nation.

Ces questions importantes que nous
traitions naguère accidentellement et
avec défiance dans un recueil non poli-
tique, ou sous la forme de brochure pour
éviter à notre revue une suspension, nous
pourrons désormais les aborder ici même,
sans craindre la sévérité d’un tribunal.
Depuis le vote de la loi du 11 mai 1868,

nous songions, il est vrai, à user de la
latitude qu’elle nous donnait de discuter
les affaires administratives, mais nous ne
pouvions nous déterminer à quitter nos
études rétrospectives pour nous attacher
à des questions du moment. La mesure
prise par M. le surintendant nous a
placé dans l’obligation de prendre fran-
chement notre parti, et nous n’y avons pas
manqué en déposant notre cautionnement.
En effet, si M. le surintendant juge
la Gazette des Beaux-arts trop dange-
reuse pour être placée dans les biblio-
thèques publiques, ne sommes-nous pas
fondé à le croire disposé aussi à empê-
cher cette revue d’entrer dans les biblio-
thèques privées? Or, comme nous n’ai-
mons — et on nous croira sans peine —
ni les amendes, ni la prison, ni la
suspension, et qu’un jour ou l’autre on
pourrait trouver qu’en causant peinture,
— c’est-à-dire d’une chose qui intéresse
la société, — nous avons parlé politique
ou économie sociale, il est nécessaire que
nous nous protégions en acquérant le
droit de disserter sur toutes matières.

Eh quoi! la Gazette des Beaux-arts,
elle aussi, va-1-elle nous entretenir
d’armes perfectionnées, de revues, de
combats et de finances après tant d’autres
journaux? Que nos lecteurs se rassurent;
nos visées ne vont pas si loin; nous
n’avons nulle intention de redire ce que
nos confrères politiques disent infini-
ment mieux que nous. Ce que nous
voulons, c’est tenter une œuvre utile et
inaccomplie.

Jusqu’ici l’art et les artistes ne comp-
taient aucun organe sérieux pour traiter
des questions administratives qui les
intéressent, et c’est à leur en constituer
un que nous allons tendre. La loi nous y
autorisant, nous abandonnerons de temps
à autre les régions sereines de l’art pür
pour descendre sur le terrain plus positif
des affaires. A l’avenir, la Chronique
ne se contentera plus de porter des
jugements sur la valeur esthétique des
œuvres d’architecture, de peinture et de
sculpture. Forte de son cautionnement,
elle pourra utilement avoir l’œil aux tra-
vaux publics et aux musées, discuter le
budget des Beaux-Arts et contrôler l’em-
ploi des fonds votés par les Chambres,
proposer des réformes avantageuses dans

la direction des Beaux-Arts et défendre,
en un mot, tous les intérêts qui touchent
les artistes.

Ces questions, nous les traiterons sans
amertume comme sans parti pris, mais
avec fermeté et surtout avec sincérité.
Nous nous ferons volontiers l’écho de toute
réclamation fondée, mais aussi nous fer-
merons notre feuille à toute récrimination
déraisonnable ou passionnée. L’esprit qui
nous animera dans la voie nouvelle où
nous allons nous engager sera ce même
esprit d’équité qui a présidé à la fonda-
tion de la Gazette des Beaux-arts et qui
n’a cessé de l’inspirer dans la publication
des vingt-cinq volumes qui forment au-
jourd’hui sa collection.

La voie que nous entendons suivre se
trouve tout entière tracée dans la phrase
qu’un haut fonctionnaire nous adressa, et
dans la réponse que nous y fîmes, lorsque,
— pour la première fois après huit années
de direction de la Gazette, — nous eûmes
avec lui une entrevue. « Tous ne nous
êtes point hostile, dit-il, mais vous ne
nous êtes pas agréable. •—■ C’est vrai, lui
fut-il répondu, nous ne voulons être que
juste. » Émile Galiciion.

LES ÉCURIES J)U LOUVRE

ET

LE DÉCRET DU 1"- DÉCEMBRE 1794.

Lorsqu’on a logé dans le Louvre, au-
dessous de la galerie qui contient nos
chefs-d’œuvre de peinture et de sculp-
ture, toute une légion de palefreniers et
lorsqu’on y a établi, à grands frais, des
cheminées pour les chauffer ; lorsqu’on a
placé dans ce Louvre des selleries et des
écuries éclairées au gaz, des maréchale-
ries et des magasins à fourrages pour
l’entretien et la nourriture de cent che-
vaux, on ne s’est point souvenu qu’un
décret de la Convention nationale, voté le
Ie1' décembre 1794,s’y opposait formelle-
ment.

Nous croyons donc utile de rappeler
ce décret oublié, dans l’espoir que M. le
surintendant, chargé de veiller sur la
conservation de nos trésors, en demandera
l’application. On 11e peut douter qu’il
n’obtienne prompte et entière satisfac-

tion : l’Empire, dans sa tranquillité, ne
saurait montrer moins de sollicitnde pour
sauvegarder nos chefs-d’œuvre que n’en
a eu la Convention nationale au milieu
de ses tourmentes. Émile Galiciion.

Voici le décret et le rapport du comité
d’instruction publique :

L’accident qui consuma en grande par-
tie une des bibliothèques les plus précieuses
de Paris, celle de la ci-devant abbaye Ger-
main, excita la sollicitude du comité d’in-
struction publique sur la conservation des
monuments utiles aux sciences et aux arts.
Il s’est occupé de cet objet important avec
tout l’intérêt qu’il devait lui inspirer. II a
chargé la Commission temporaire des Arts
de visiter à Paris tous les dépôts nationaux,
et de lui présenter les moyens de les pré-
server des incendies. 11 a reçu des différentes
parties de la République des réclamations
sur une foule d’abus qui existent dans cette
partie; il est urgent de prendre dès mesures
pour les faire cesser.

Par une fatalité inconcevable, il existe
des ateliers d’armes ou de salpêtre et des
magasins de fourrages dans les bâtiments
où sont établis la plupart des bibliothèques,
dépôts de livres, cartes ou collections pré-
cieuses.

Si l’on 11e savait que les besoins pressants
du gouvernement ont pu déterminer à con-
fondre ainsi des éléments aussi contraires,
on serait tenté d’en accuser la malveillance.

Il ne faut pas entraver, par un respect
aveugle pour tout ce qui tient aux sciences
et aux arts, la fabrication des moyens de
défense utiles à la République ; mais la na-
tion possède assez de bâtiments pour sépa-
rer des établissements qu’il est contraire à
l’intérêt public de laisser subsister ensemble.

II est nécessaire qu’ils soient isolés.

Vous vous occuperez sans doute de cet
objet, lorsque vous organiserez définitive-
ment l’instruction publique ; en attendant,
il faut prendre les moyens les plus prompts
pour conserver les établissements et les dé-
pôts provisoires.

Votre comité vous propose le décret sui-
vant :

LaConvention nationale, après avoir entendu
son comité d’instruction publique, décrète ;

Art. 1er. Il ne sera établi à l’avenir aucun
atelier d’armes, de salpêtre ou magasin de
fourrages et autres matières combustibles
dans les bâtiments où il y a des bibliothè-
ques, muséum, cabinets d’histoire naturelle
et autres collections précieuses d’objets de
sciences et d’arts.
 
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