Par Markus DAUSS
ARCHITECTURES GOUVERNEMENTALES
DE L'EMPIRE ALLEMAND
ET DE LA TROISIÈME RÉPUBLIQUE :
ESSAI D'ICONOLOGIE POLITIQUE ET COMPARÉE
L'Empire allemand et la Troisième République française furent, au début de leur histoire, confrontés à certains problèmes concernant la construction des structures gouvernementales. Les questions du caractère du régime et de la pratique gouvernementale, de sa stabilisation et de sa place par rapport au pouvoir législatif se posèrent tant à une République instable, à la recherche d'une forme durable, qu'à un État impérial qui imposait la réalisation de l'unité nationale aux dépens de la liberté politique, c'est-à-dire de l'institution parlementaire1. De plus, dans l'Empire fédéral, la domination prussienne exerçait une influence non négligeable sur la symbolique d'État. En France, les tensions permanentes entre une longue tradition nationale et les changements de régime politique se manifestaient également dans la représentation du pouvoir2.
Ces problèmes se cristallisent de façon exemplaire dans les stratégies architecturales choisies pour symboliser les institutions du pouvoir exécutif de l'État, puisque d'elles dépendait le pouvoir d'action politique. Réciproquement, l'aspect de ces architectures politiques3, exposées comme dans des vitrines au cœur de l'espace urbain4, se répercutait sur l'image de ce pouvoir. Surtout, le rapport à un passé national plus ou moins proche devenait l'élément déterminant d'une politique architecturale patrimoniale. Cette politique se trouvait face à des ensembles architecturaux occupés depuis longtemps par des organes du pouvoir exécutif. Dans le cas de Paris, elle devait en plus compter avec la destruction récente de ces symboles de l'État par la Commune5.
1. Heinrich August Winkler, « Vom Parlament zur parlamentarischen Demokratie : iiber die Ungleich- zeitigkeit der deutschen Verfassungsgeschichte », dans Heinrich Wefing (dir.), « Dem Deutschen Volke », Der Bundestag im Berliner Reichstagsgebáude, Bonn, 1999, p. 16-29. 2. Pour une étude du rôle symbolique des constitutions au XIXe siècle selon une perspective des sciences politiques, voir Daniel Schulz, Verfassung und Nation : Formen politischer Institutionalisie- rung in Deutschland und Frankreich von der Franzdsischen Revolution bis zur Europdischen Integration, thèse de doctorat, Dresde/Paris, 2003, 364 p. 3. Hans Wilderotter, Alltag der Macht : Berlin Wilhelmstrajk Berlin, Jovis, 1998, 349 p., p. 8. 4. J. Vale, Architecture, Power, and National Identity, New Haven (Conn.) et al., Yale University Press, 1992, 338 p. 5. Victor Fournel, dans un ouvrage anti-communard, Paris et ses ruines en mai 1871, précédé d'un coup d'œil sur Paris, de 1860 à 1870, et d'une introduction historique : monuments, vues, scènes historiques, descriptions, histoire, У édition, Paris/Nantes, Henri Charpentier, 1874, 86 p., donne un aperçu des destructions.
Livrauoru à'hLi taire de l'architecture n° H



















