Associé Carbone 4 - Président The Shift Project
Si "on" m'avait dit, quand j'ai "démarré dans le climat", qu'un jour le président des USA ferait ma pub à la tribune des Nations Unies, j'aurais oscillé, pour la réponse à mon interlocuteur/trice, entre ironie mordante, éclat de rire, ou perplexité sur les substances ingérées au préalable. C'est pourtant ce qui vient de se passer, au corps défendant du principal intéressé évidemment. Le Sieur Donald a en effet déclaré, à l'assemblée de l'ONU, que "l'empreinte carbone [est] une supercherie inventée par des gens aux intentions malveillantes". Il n'a pas du tout fait la pub du bilan carbone, va-t-on me rétorquer, puisqu'il dit du mal de cette approche (empreinte carbone et bilan carbone c'est la même chose, je précise). Mais bien sûr que si : dire du mal de quelque chose ou quelqu'un, c'est en fait, et par réaction, en dire du bien pour la partie de vos interlocuteurs qui ne vous porte pas dans son coeur. Avec le président américain, cela fait beaucoup de monde ! Merci Donald, donc. Cette plaisanterie n'en est une qu'à moitié. Cette Nème sortie de notre ex-animateur télé et propriétaire de casinos nous rappelle que nous avons une énorme opportunité : celle d'occuper la place que Trump veut laisser libre. Ce dernier veut torpiller la science ? Augmentons la nôtre ! Il veut recarboner les activités ? Accélérons sur la décarbonation ! Nous avons d'autant plus intérêt à le faire que notre situation n'a rien à voir avec celle des USA. Ce pays est redevenu le premier producteur de pétrole et de gaz au monde, place qu'il a occupée (pour le pétrole) pendant près d'un siècle, de 1859 à 1973, et il est désormais autosuffisant. L'Europe, elle, importe 97% de son pétrole et 90% de son gaz, et les deux sont en déclin (et ça va continuer). La décarbonation est chez nous la seule opportunité. Que Trump ait envie de se retirer d'un jeu où notre principal compétiteur est la Chine doit être pris comme une bonne nouvelle. De toute façon les USA, "the land of plenty", sera le dernier pays à s'y mettre sérieusement. Le mode de vie américain n'est pas plus négociable pour les Démocrates que pour les Républicains : lors de la dernière campagne Kamala Harris avait elle aussi fait la pub du pétrole. En France, nous avons une compétence historique sur l'optimisation sous contrainte. Nous sommes inventifs, et nous avons une place bien plus importante que celle de la taille de notre population dans la mode, la cuisine, l'architecture, les maths, les normes intelligentes, et j'en passe. Or rendre nos activités compatibles avec les limites planétaires est un énorme problème d'optimisation sous contrainte. Complexe, systémique, indémerdable en quelque sorte. Nous sommes donc sur un terrain qui sera difficile pour tout le monde, mais où nous sommes, en termes relatifs, parmi les plus à l'aise. Alors remercions Trump de nous laisser le champ libre et mettons nous au travail. Nous avons tout à y gagner.
Ah non, l'empreinte carbone et le Bilan Carbone®, c'est pas du tout "la même chose" ! L’empreinte carbone : c’est un indicateur générique, utilisé pour exprimer la quantité totale de GES émise par une activité, un produit, un territoire, un individu… Peu importe la méthode de calcul, tant qu’on aboutit à une valeur en équivalent CO₂. Le Bilan Carbone® : une méthode de comptabilité carbone (créée par l’ADEME en 2004, aujourd’hui portée par nous, l’Association pour la transition Bas Carbone (ABC)) qui mesure ces émissions de manière complète et standardisée. Avec une base de données, une méthodo structurée et reconnue pour le calcul des émissions, de la mobilisation/sensibilisation et un plan de transition. Utilisée par des entreprises, collectivités, associations… Bref : Tout le monde peut avoir une empreinte carbone. Mais pour la mesurer sérieusement et passer à l'action → on fait un Bilan Carbone®. On était obligé de préciser 😉
Malheureusement il n'y a qu'une planète et le climat ce fou des frontières, des cultures ou de la politique de chaque pays. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de comparer nos compétences à décarboner, ce n'est pas une compétition. Quand le monde perd, personne ne gagne.
Autrement dit , il faut decarboner à fond notre économie avant tout pour notre souveraineté , car si le prix du baril explose, parce que le précieux liquide est devenu penurique, les économies decarbonnees s’en sortiront mieux que celles qui ne le sont pas. Decarboner pour des raisons éthiques est légitime, mais sans doute peu efficace dans l’exécution. Decarboner d’abord par intérêt économique et recherche de souveraineté stratégique est sans doute plus parlant au plus grand nombre.
Verre à moitié plein, le naufrage Trumpien est une opportunité pour l'Europe. Totalement d'accord. Verre à moitié vide, l'Europe est-elle capable de couper le lien avec les US pour éviter de sombrer avec ?
Est-ce qu'on a rappelé le récent franchissement de la 7e frontière planétaire (sur 9) ces derniers jours ? citons Bon Pote "Il faut bien réaliser une chose : en l'espace de seulement 4 ans, la Terre a dépassé 4 des 9 limites planétaires." bref concentrons nous sur notre agenda et accélérons la décarbonation sans prendre modèle sur les USA !
Heureusement qu'il a passé la moitié de son speech à se plaindre de l'escalator et du prompteur de l'ONU en panne plutôt que de nier les évidences climatiques...
Jean-Marc, peut-être que ce que vous lisez comme un rejet naïf de la science est en réalité une stratégie de tempo. Trump n’est pas “l’Amérique” mais un avatar visible : il détourne le regard, polarise, pendant que l’appareil américain (Wall Street, Pentagone, Big Tech) sécurise les ressources et investit massivement dans les leviers de transition (IA, robotisation, nucléaire avancé, capital). Nier l’empreinte carbone n’est donc pas forcément une faiblesse mais une manœuvre pour retarder volontairement l’entrée officielle dans la décarbonation, maximiser la rente fossile et laisser l’Europe s’imposer des contraintes trop tôt, sans ressources propres. Pendant ce temps, les USA gardent le contrôle énergétique et préparent le sprint final : accélérer quand les moyens technologiques permettront de corriger les failles humaines et d’absorber la contrainte sans perte de puissance. Ce que vous voyez comme une opportunité pour l’Europe est peut-être au contraire un piège narratif. Trump ne nie peut être pas pour ignorer, il nie pour choisir le moment où l’Amérique basculera en position dominante.
Disposer d'indicateurs est une très bonne chose pour faire des choix et évaluer leurs effets. Vive le bilan carbone ! Rappelons seulement que le bilan carbone n'est pas le seul indicateur qui influence la vie des gens et qui doit orienter les décisions politiques. Ceux qui considèrent que la fin du mois est plus importante que la fin du monde pourraient renverser la table si nous ne savons pas être mesurés dans nos luttes climatiques. L'exemple étatsunien n'est pas anodin.
La Chine l’a bien compris, et semble avoir “quelques” longueurs d’avance :)
Associé Carbone 4 - Président The Shift Project
3 sem.Extraits du discours de Trump : https://www.20minutes.fr/monde/etats-unis/4174793-20250923-climatoscepticisme-trump-dit-changement-climatique-plus-grande-arnaque-jamais-menee-contre-monde Production de pétrole des USA depuis 1900 : https://t.ly/JdBof