Le cloud est-il une bonne nouvelle pour l'environnement et le climat ? mes réflexions du moment
Quand j'étais étudiant, on était dans les débuts du cloud ️à grande échelle ! Le potentiel avait l'air énorme ! On avait même développé une application avec Google App Engine !
Daveo vient de sortir un livre blanc sur le cloud et plus particulièrement sur le serverless, je viens de le lire et je vous le conseille si vous voulez en savoir plus 😉
Est-ce que le cloud est une bonne nouvelle pour l'environnement ?
Du coup, cela m'amène à creuser une question que je repousse depuis quelque temps ! Est-ce que le cloud est une bonne nouvelle pour l'environnement ? Si oui, dans quelles conditions ?Avant de commencer, rappelons les promesses du cloud :
- Scalabilité en fonction du besoin, c'est-à-dire on diminue ou on augmente le nombre de machines automatiquement en fonction de la charge. Good !
- Pay as you go, c'est-à-dire que l'on ne paye que les machines que l'on utilise pendant le temps où elles sont utilisées (et pas toute l'infrastructure en permanence dans le cas d'une application on-premise)
- Focalisation sur la production de ce qui a de la valeur métier. En effet, l'exploitation est prise en charge par le gestionnaire de cloud (création, administration, supervision des machines)
- Réduction du time to market, grâce à un déploiement rapide de mon application dans un nouveau conteneur à la demande.
Il est important de migrer "correctement" dans le cloud !
Une première remarque avant même de se demander si cela a un impact positif sur l'environnement, c'est qu'il me semble important d'insister qu'il est important de migrer "correctement" dans le cloud ! En effet, il y a certaines conditions pour bénéficier des avantages du cloud mentionné ci-dessus !
Il ne s'agit pas par exemple de faire un copier/coller de son appli onpremise vers le cloud ! Là c'est surfacturation garantie avec augmentation des émissions et de la consommation très probable. Pour arriver à une telle réduction, il y a bien une phase d'adaptation voir de redéveloppement des applications pour pouvoir bénéficier des avantages. En tant que consultants, nous avons déjà un rôle à jouer pour orienter les comités de direction dans la planification d'une migration. Je ne m'attarde pas là dessus, mais en revanche cela vaut le coup de prendre le temps de planifier ça migration et de ne pas foncer tête baisser !
Admettons donc que je fasse ma migration sur le cloud en respectant les bonnes pratiques de la littérature. Je développe mon application pour qu'elle puisse monter en charge facilement, que le déploiement et l'ajout de nouvelles fonctionnalités soient facilités, etc. Est-ce que c'est une bonne nouvelle pour l'environnement ?
Julien Groues, président d’AWS France nous dit que « Lorsqu’une entreprise bascule son infrastructure dans AWS, elle économise plus de 70% d’émission de CO2. »
A priori c'est donc une bonne nouvelle ! 70% d'économie d'émission de CO2, mais aussi logiquement d'euro ! Cela semble être un pari gagnant, en passant sur le cloud, je vais contribuer à traiter l'un des plus grands challenges de l'humanité à savoir la lutte contre le changement climatique et en plus cela va aussi réduire la facture liée à l'exploitation de mon infrastructure de mon système d'information !
Normalement tous les efforts pour lutter contre les problèmes environnementaux liés à mon activité économique constituent une source de coût supplémentaire, mais là cela va également me faire faire des économies ! C'est presque trop beau !
La réalité est plus complexe
La réalité est plus complexe. En effet, si on veut vraiment connaitre l'impact du cloud, il faut regarder l'ensemble de la chaîne de valeur et pas seulement la réduction liée à la mutualisation des machines !
Un article de greenit.fr de 2015 qui me semble encore d'actualité résume bien les principales problématiques qui sont généralement occultées :
- On ne compte que les impacts de l'utilisation et non ceux de la phase de fabrication, la proportion est souvent environ 25% pour l'utilisation contre 75% pour la fabrication.
- On ne s'intéresse qu'aux datacenter en négligeant les autres infrastructures (réseaux télécoms, smartphone, ordinateurs)
- On ne s'intéresse pas à l'effet rebond du cloud qui engendre une forte augmentation des volumes de données stockés.
Finalement, quelles conclusions tirer ? Est-ce que le passage au cloud est une bonne chose pour l'environnement ?
Migrons avec méthode et de manière éclairée !
Je pense comme l'AGIT (alliance green it) qui répondait en 2014 que cela dépend et que cela dépend toujours aujourd'hui !
Si nous migrons, alors migrons avec méthode et de manière éclairée ! Ayons en tête l'ensemble des impacts que génère notre industrie afin de faire uniquement ce qui a du sens!
Un critère trop souvent occulté qui devrait orienter les décisions est finalement lié aux usages que nous allons proposer. Il faut qu'à chaque fois que nous avons à prendre une décision liée au développement d'une nouvelle fonctionnalité ou bien liée à la stratégie de notre système d'information on se repose les questions suivantes :
- Est-ce que l'usage, la fonctionnalité que je propose est essentiel ?
- Qu'est-ce que veut dire essentielle pour moi, mon organisation, l'humanité entière ?
- Est-ce qu'il existerait un autre moyen de faire autrement qui serait plus simple, plus low-tech ?
Pour conclure, je vous encourage à vous poser ces questions aussi lors de la migration de vos assets SI vers le cloud. Ce passage est une bonne opportunité pour faire le ménage de tout ce qui ne sert à rien dans nos applications ! Cela revient à avoir une démarche numérique responsable aussi dans la migration vers le cloud.
Ce dernier représente une énorme opportunité, à nous de faire en sorte que cela n'aggrave pas les problèmes 🙂.
PS : c'est la première fois que je publie un article sur LinkedIn, je preneur de vos retours ;)
Compliance - Operational Risks Manager chez Crédit Agricole CIB
4 ansArticle intéressant et qui suscite des réflexions dans un cadre plus global qui devra à mon sens intégrer entre autres la sécurité des informations (risques de type cyber sécurité), les impacts liés à la protection des données (RGPD) et aussi la sensibilité des données exploitées (secret professionnel...). Beaucoup de grandes entreprises préfèrent maîtriser le contrôle de leurs SI en privilégiant le mode des data centers.
Entrepreneur dans le secteur de la tech et du consulting
4 ansBel article Jean-Baptiste Aubourg ! Merci d’avoir pris le temps de le rédiger.