Accès à la majorité technique et intellectuelle : les enjeux de la culture de l'information.Olivier Le Deuff. 23 mars 2011Cours distribué sous licence Creative Commons
Une nécessaire sortie des évidences
Critiques de l’expression « Digital natives » de PrenskyUne vision orientée société de l’informationVision commerciale voire essentiellement technique.Un manque de rigueur dans l’analyseMétaphore réductrice entre digital natives et digital immigrants
Les sept piliers de la culture de l’information
1. La culture de l’information s’inscrit dans la durée
 La culture des pionniers en héritage
une archéologie des savoirs en incitant au tri, au choix, à créer du sens afin que toutes les choses dites ne s’amassent pas indéfiniment dans une multitude amorphe. (Foucault, 1969 p.170)
2. La CI repose sur des spécificités
un héritage documentaire.
le partage de valeurs communes.
Pas le domaine réservé des professeurs-documentalistes
Le paradoxe de l’importance lié au fait de faire de la culture de l’information un élément clef de la culture générale démontre certes son importance mais tend surtout à accroître le risque qu’il n’y ait pas de réelle formation.
3. Culture de l’information (et/ou/sauf?) information literacy
Retour sur l’information literacy
Rappel : définition de la littératieOlivier Le Deuffoledeuff@gmail.com
L’influence des Etats-Unis
La conception économique  orientée « compétences en entreprise »Le terme information literacya été employé pour la première fois par Paul Zurkowski, président de l’Information Industry Association (IIA) en 1974 pour désigner les capacités des employés à utiliser de l’information à bon escient en se servant des bonnes sources et des bons moyens techniques pour y parvenir. Cette vision initiale s’adresse plutôt aux secteurs privés même si elle n’exclut pas au contraire la dimension de formation (Zurkowski, 1974, p.6) :
La conception orientée bibliothèquesC’est de loin la plus connue. Elle est notamment issue du texte de l’ALA [1]de 1989 dont la définition est sans cesse reprise et traduite. Elle constitue simplement le prolongement de l’instruction bibliographique et son élargissement à l’information disponible sur les réseaux. Sa reconnaissance ne cesse de croître au sein de la profession et l’IFLA (International Federation of Library Associations and Institutions) a même mis en place une section spéciale Information literacy. C’est évidemment le secteur le plus prolixe en modèles procéduraux et en formations. La tendance actuelle est également à la mise en place de tutoriaux en ligne.Malgré tout, il existe des résistances et des critiques au sein de la profession qui voit le terme d’information literacycomme un moyen de communication et de valorisation plutôt que comme un concept clairement défini. [1] American Library Association Presidential Committee on Information Literacy. Final Report. Chicago. American Library Association, 1989.
La conception citoyenneCette conception peut être située en 1976 également à partir des propos du bibliothécaire Major R. Owens qui a poursuivi par la suite une carrière politique en devenantmembre du congres [1]:”« Information literacy is needed to guarantee the survival of democratic institutions. All men are created equal, but voters with information resources are in a position to make more intelligent decisions than citizens who are information illiterates. The application of information resources to the process of decision-making to fulfill civic responsibilities is a vital necessity. »La conception prend en compte la nécessité pour le citoyen de disposer de ressources pertinentes pour qu’il parvienne à se constituer un avis. L’éthique de l’information fait désormais partie de cette conception citoyenne.[1] Major Owens. State Government and Libraries  Library Journal 101 (I January 1976): 27.
La domination des bibliothèques dans le domaine de l’IL
Des interrogations
La culture de l’information comme nouvelle piste ?
Une progression dans l’ambition Brigitte Juanals (2003)
Vers une voie plus citoyenne et plus durable
La culture de l’information nécessite du temps et se construit sur la durée. elle implique un travail d’ampleur qui repose sur une progression et un réinvestissement régulier. Quelques heures marginales dans la scolarité dédiées à la formation à l’information ne suffiront pas à l’acquisition d’une culture de l’information pour tous.
4. Une formation mieux conçue.
La didactique de l’informationcherche à  distinguer les éléments essentiels à transmettre.
Un évolution du paradigme ?
La démarche se doit d’être plus ambitieuse afin de développer des logiques de projet qui permettent aussi bien l’expérience personnelle que collective. Le numérique constitue à cet égard un atout. Il devient de plus en plus aisé de gérer et de conserver les traces des analyses, des recherches d’informations, des opérations de sélections, des annotations effectuées ainsi que les productions finales réalisées.
Le paradoxe des environnements mouvants
La volonté conceptuelle
 5. Repenser la formation dans le concept d’informationL’information demeure reliée au concept de formation, au sens de prise de forme. Sans pour autant prétendre que l’information façonne directement les esprits voire les corps, il convient de remarquer qu’elle participe de la formation voire de la déformation.
Institution vs Médias
Milieux associésDes milieux où l’information permet la formation individuelle et collective., Mêler techniques et humains à des fins d’individuation à la personnelle et collective. Ces milieux ne doivent pas être des milieux fermés ou reposant sur des normes et formes trop strictes.
6. La CI est une culture technique.
Culture de l’information et culture techniqueLa culture technique repose sur une relation entre les outils et l’individu qui ne peut être seulement une relation d’usage. Elle implique donc une meilleure compréhension des objets techniques. Simondon entrevoit notre relation à la technique au sein de deux états opposés. Nous sommes donc selon lui, soit dans un état de minorité, soit dans un état de majorité face à l’objet technique :« L’objet technique peut être rattaché à l’homme de deux manières opposées : selon un statut de majorité ou selon un statut de minorité. » (Simondon, 1989, p.85)
Culture de l’information et majorité
L’état de minorité.Dans l’état minoritaire, la technique n’est justement pas pensée, elle est oubliée voire évacuée tant elle est devenue constitutive de notre environnement :« Le statut de minorité est celui selon lequel l’objet technique est avant tout un objet d’usage, nécessaire à la vie quotidienne, faisant partie de l’entourage au milieu duquel l’individu humain grandit et se forme.(…) Le savoir technique est implicite, non réfléchi, coutumier. »(Simondon, 1989, p.85)
Minorité suiteIl n’y a donc pas de réflexion sur les usages ni prise de distance par rapport à l’objet. Seule la logique purement utilitaire prédomine et il n’y a pas de rationalisation des savoirs. « Minorité, c’est-à-dire incapacité de se servir de son entendement (pouvoir de penser) sans la direction d’autrui, minorité dont il est lui-même responsable (faute) puisque la cause en réside non dans un défaut de l’entendement mais dans un manque de décision et de courage de s’en servir sans la direction d’autrui. Sapereaude ! (Ose penser) Aie le courage de te servir de ton propre entendement. » (Kant, 1784)
Deux écueils
Une rationalisation« L’encyclopédie réalise une universalité de l’initiation, et par là produit une sorte d’éclatement du sens même de l’initiation, le secret de l’universel objectivé garde de la notion de secret le sens positif (perfection de la connaissance, familiarité avec le sacré), mais annihile le caractère négatif (obscurité, moyens d’exclusion par le mystère, connaissance réservée à un petit nombre d’hommes) La technique devient mystère exotérique. » (Simondon, 1989, p.95)
L’exemple de l’encyclopédie n’est pas l’ouvrage ou le pamphlet le plus révolutionnaire mais s’inscrit dans une démarche « adulte », c'est-à-dire basée sur une connaissance rationnelle, théorique, scientifique et universelle (Simondon, p.92).    citoyen éclairé
Cet esprit éclairé
Une Maîtrise de techniques essentielles
Une prise de distanceune capacité à s’extraire des dogmes, des idées préconçues et véhiculées par d’autres :La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu’un si grand nombre d’hommes, après que la nature les a affranchi depuis longtemps d’une (de toute) direction étrangère, reste cependant volontiers, leur vie durant, mineurs, et qu’il soit facile à d’autres de se poser en tuteur des premiers. Il est si aisé d’être mineur ! Si j’ai un livre qui me tient lieu d’entendement, un directeur qui me tient lieu de conscience, un médecin qui décide pour moi de mon régime, etc., je n’ai vraiment pas besoin de me donner de peine moi-même.  (Kant, 1784)
Produire un effort (une sortie) face à la « facilité ». En cela, la sortie de la minorité nécessite des étapes, des phases afin de pouvoir exercer sa raison :« J’entends par usage public de notre propre raison celui que l’on en fait comme savant devant l’ensemble du public qui lit. » (Kant, 1784)
Stiegler nous « éclaire » sur ce point :« L’écrivain et le public de lecteurs dont parle Kant sont majeurs en cela que lisant, se lisant, et étant susceptibles d’écrire à tout moment ce qu’ils ont lu, soit pour en poursuivre l’écriture, dans le cas de l’écrivain (...) soit pour écrire un autre livre, ou un article, ou un rapport, ou une note de synthèse, ou un commentaire de texte, dans le cas du lecteur (…), ils accèdent les uns, les autres à la forme critique de l’attention. » (Stiegler, 2008, p.48)
Techniques détournées« La plupart du temps, ces techniques visent à contrôler l’attention non pas pour susciter en elle le courage et la volonté de savoir, mais tout au contraire pour la maintenir dans son état de minorité adulte.. » (Stiegler, 2008, p.72)
7. La culture de l’information repose sur le contrôle de soi et la prise de soin (de l’autre) présente une dimension de veille une capacité de contrôle qui n’est pas celle de savoir qui de la machine ou de l’homme domine l’autre. le contrôle de soi qui s’opère par la skholé, cette capacité à s’arrêter, à prendre le temps de l’analyse et de la réflexion.
Et si la question était celle
La captation de l’attentionCf. travaux Bernard StieglerPar les médias et la publicitéLes industries de programmes se sont substitués aux institutions de programmesPhrase de Le Lay : « le temps de cerveau disponible pour coca cola »Les publicitaires ciblent les jeunes car ils sont prescripteurs
Du temps de cerveau disponible en moins…
La démobilisationmanque d’enthousiasme pour l’apprentissage :Une nouvelle génération de collégiens semble particulièrement marquée par une démobilisation envers les apprentissages scolaires. Ne serait-elle pas l’expression profonde d’un clivage entre ce que les élèves perçoivent de la culture scolaire et leur participation à l’émergence de nouveaux modèles socio-culturels, visibles notamment à travers leurs pratiques numériques ? (danyhamon)Ils se mobilisent donc ailleurs
Former à l’attentionComme exercice de la skholéCependant qu’entendons-nous par attention ? Elle peut être définie comme la capacité à se concentrer sur un objet telle que la définit Henri Go :Tout le problème de l’attention consiste donc dans la polarisation de l’activité intellectuelle de l’élève sur un objet, tout en l’incitant à produire des relations dans un milieu.
Définition attention
L’attention la capacité à se concentrer durablement sur un objet. Une attention qui s’exerce aussi vis-à-vis des autres en tant que veille. Ce temps d’arrêt pendant lequel peut s’exercer l’esprit critique est fréquemment court-circuité
La skholé
L’interruption ambiante
veiller plutôt que de surveillerDans le meilleur des KaPrendre soin de (Stiegler) :« Prendre soin, ici, signifie aussi faire attention, et d’abord porter et prendre attention à soi-même, et par la même occasion, aux siens, et aux amis des siens, et donc de proche en proche, à tous : aux autres quels qu’ils soient, et au monde que l’on partage avec eux en sorte que la formation d’une telle attention constitue une conscience d’universalité fondée sur (et profanée par) une conscience de singularité. »
8. Littératies
Trois problèmes principauxOlivier Le Deuffoledeuff@gmail.com
Pistes et proximités avec la translittératieNouvelles littératies et littératies liées au web 2.0Elargissement  des territoires de la littératieDef : La transliteracy se définit comme « l’habileté à lire, écrire et interagir par le biais d’une variété de plateformes, d’outils et de moyens de communication, de l’iconographie à l’oralité en passant par l’écriture manuscrite, l’édition, la télé, la radio et le cinéma, jusqu’aux réseaux sociaux » La traduction en français a été trouvée sur le blog de François GUITE. In Guitef. Disp. Sur : <http://www.opossum.ca/guitef/archives/003901.html> Citation originale : « Transliteracy is the ability to read, write and interact across a range of platforms, tools and media from signing and orality through handwriting, print, TV, radio and film, to digital social networks.”
Une culture des hypomnemataC’est pleinement le rôle de transmission de la culture de l’information, rôle à la fois intergénérationnel et éminemment culturel : « La culture n’est rien d’autre que la capacité d’hériter collectivement de l’expérience de nos ancêtres et cela a été compris depuis longtemps. Ce qui a été moins compris, c’est que la technique (…) est la condition d’une telle transmission. » (Stiegler, 1998, p.193)
La culture de l’information est une culture collective.Une culture informationnelle personnelle doit pouvoir être réinvestie collectivement                                    Intérêt général  Intelligence collective
La culture de l’information en tant que conception citoyenne
Conclusion La culture de l’information en tant que conception citoyenne permet davantage de penser justement la formation des individus dans une relation qui repose sur une culture technique. Les outils du numérique nécessitent des savoirs et des savoir-faire qui dépassent le simple usage que des dispositifs comme le B2I tente parfois de mesurer. En effet, il s’agit d’éviter la confusion entre compétences informationnelles et capacités intellectuelles, ce qui risquerait d’accélérer ce que Bernard Stiegler nomme « la liquidation de la faculté cognitive, qui est remplacée par l’habileté informationnelle » ( Stiegler, 2008, p.48)
Capacité de distance"Par moments, l'Homme a besoin de prendre le temps et de s'arrêter pour réfléchir... et cela, seul l'Homme est capable de le faire..." (MasamuneShirow faisant parler Daisuke Aramaki dans le manga Ghost in the shell)

Accès à la majorité technique et intellectuelle

  • 1.
    Accès à lamajorité technique et intellectuelle : les enjeux de la culture de l'information.Olivier Le Deuff. 23 mars 2011Cours distribué sous licence Creative Commons
  • 2.
  • 3.
    Critiques de l’expression« Digital natives » de PrenskyUne vision orientée société de l’informationVision commerciale voire essentiellement technique.Un manque de rigueur dans l’analyseMétaphore réductrice entre digital natives et digital immigrants
  • 4.
    Les sept piliersde la culture de l’information
  • 5.
    1. La culturede l’information s’inscrit dans la durée
  • 6.
    La culturedes pionniers en héritage
  • 7.
    une archéologie dessavoirs en incitant au tri, au choix, à créer du sens afin que toutes les choses dites ne s’amassent pas indéfiniment dans une multitude amorphe. (Foucault, 1969 p.170)
  • 8.
    2. La CIrepose sur des spécificités
  • 9.
  • 10.
    le partage devaleurs communes.
  • 11.
    Pas le domaineréservé des professeurs-documentalistes
  • 12.
    Le paradoxe del’importance lié au fait de faire de la culture de l’information un élément clef de la culture générale démontre certes son importance mais tend surtout à accroître le risque qu’il n’y ait pas de réelle formation.
  • 13.
    3. Culture del’information (et/ou/sauf?) information literacy
  • 14.
  • 15.
    Rappel : définitionde la littératieOlivier Le [email protected]
  • 16.
  • 17.
    La conception économique orientée « compétences en entreprise »Le terme information literacya été employé pour la première fois par Paul Zurkowski, président de l’Information Industry Association (IIA) en 1974 pour désigner les capacités des employés à utiliser de l’information à bon escient en se servant des bonnes sources et des bons moyens techniques pour y parvenir. Cette vision initiale s’adresse plutôt aux secteurs privés même si elle n’exclut pas au contraire la dimension de formation (Zurkowski, 1974, p.6) :
  • 18.
    La conception orientéebibliothèquesC’est de loin la plus connue. Elle est notamment issue du texte de l’ALA [1]de 1989 dont la définition est sans cesse reprise et traduite. Elle constitue simplement le prolongement de l’instruction bibliographique et son élargissement à l’information disponible sur les réseaux. Sa reconnaissance ne cesse de croître au sein de la profession et l’IFLA (International Federation of Library Associations and Institutions) a même mis en place une section spéciale Information literacy. C’est évidemment le secteur le plus prolixe en modèles procéduraux et en formations. La tendance actuelle est également à la mise en place de tutoriaux en ligne.Malgré tout, il existe des résistances et des critiques au sein de la profession qui voit le terme d’information literacycomme un moyen de communication et de valorisation plutôt que comme un concept clairement défini. [1] American Library Association Presidential Committee on Information Literacy. Final Report. Chicago. American Library Association, 1989.
  • 19.
    La conception citoyenneCetteconception peut être située en 1976 également à partir des propos du bibliothécaire Major R. Owens qui a poursuivi par la suite une carrière politique en devenantmembre du congres [1]:”« Information literacy is needed to guarantee the survival of democratic institutions. All men are created equal, but voters with information resources are in a position to make more intelligent decisions than citizens who are information illiterates. The application of information resources to the process of decision-making to fulfill civic responsibilities is a vital necessity. »La conception prend en compte la nécessité pour le citoyen de disposer de ressources pertinentes pour qu’il parvienne à se constituer un avis. L’éthique de l’information fait désormais partie de cette conception citoyenne.[1] Major Owens. State Government and Libraries Library Journal 101 (I January 1976): 27.
  • 20.
    La domination desbibliothèques dans le domaine de l’IL
  • 22.
  • 23.
    La culture del’information comme nouvelle piste ?
  • 24.
    Une progression dansl’ambition Brigitte Juanals (2003)
  • 25.
    Vers une voieplus citoyenne et plus durable
  • 26.
    La culture del’information nécessite du temps et se construit sur la durée. elle implique un travail d’ampleur qui repose sur une progression et un réinvestissement régulier. Quelques heures marginales dans la scolarité dédiées à la formation à l’information ne suffiront pas à l’acquisition d’une culture de l’information pour tous.
  • 27.
    4. Une formationmieux conçue.
  • 28.
    La didactique del’informationcherche à distinguer les éléments essentiels à transmettre.
  • 29.
    Un évolution duparadigme ?
  • 30.
    La démarche sedoit d’être plus ambitieuse afin de développer des logiques de projet qui permettent aussi bien l’expérience personnelle que collective. Le numérique constitue à cet égard un atout. Il devient de plus en plus aisé de gérer et de conserver les traces des analyses, des recherches d’informations, des opérations de sélections, des annotations effectuées ainsi que les productions finales réalisées.
  • 31.
    Le paradoxe desenvironnements mouvants
  • 32.
  • 34.
    5. Repenserla formation dans le concept d’informationL’information demeure reliée au concept de formation, au sens de prise de forme. Sans pour autant prétendre que l’information façonne directement les esprits voire les corps, il convient de remarquer qu’elle participe de la formation voire de la déformation.
  • 35.
  • 36.
    Milieux associésDes milieuxoù l’information permet la formation individuelle et collective., Mêler techniques et humains à des fins d’individuation à la personnelle et collective. Ces milieux ne doivent pas être des milieux fermés ou reposant sur des normes et formes trop strictes.
  • 37.
    6. La CIest une culture technique.
  • 38.
    Culture de l’informationet culture techniqueLa culture technique repose sur une relation entre les outils et l’individu qui ne peut être seulement une relation d’usage. Elle implique donc une meilleure compréhension des objets techniques. Simondon entrevoit notre relation à la technique au sein de deux états opposés. Nous sommes donc selon lui, soit dans un état de minorité, soit dans un état de majorité face à l’objet technique :« L’objet technique peut être rattaché à l’homme de deux manières opposées : selon un statut de majorité ou selon un statut de minorité. » (Simondon, 1989, p.85)
  • 39.
  • 40.
    L’état de minorité.Dansl’état minoritaire, la technique n’est justement pas pensée, elle est oubliée voire évacuée tant elle est devenue constitutive de notre environnement :« Le statut de minorité est celui selon lequel l’objet technique est avant tout un objet d’usage, nécessaire à la vie quotidienne, faisant partie de l’entourage au milieu duquel l’individu humain grandit et se forme.(…) Le savoir technique est implicite, non réfléchi, coutumier. »(Simondon, 1989, p.85)
  • 41.
    Minorité suiteIl n’ya donc pas de réflexion sur les usages ni prise de distance par rapport à l’objet. Seule la logique purement utilitaire prédomine et il n’y a pas de rationalisation des savoirs. « Minorité, c’est-à-dire incapacité de se servir de son entendement (pouvoir de penser) sans la direction d’autrui, minorité dont il est lui-même responsable (faute) puisque la cause en réside non dans un défaut de l’entendement mais dans un manque de décision et de courage de s’en servir sans la direction d’autrui. Sapereaude ! (Ose penser) Aie le courage de te servir de ton propre entendement. » (Kant, 1784)
  • 42.
  • 43.
    Une rationalisation« L’encyclopédie réaliseune universalité de l’initiation, et par là produit une sorte d’éclatement du sens même de l’initiation, le secret de l’universel objectivé garde de la notion de secret le sens positif (perfection de la connaissance, familiarité avec le sacré), mais annihile le caractère négatif (obscurité, moyens d’exclusion par le mystère, connaissance réservée à un petit nombre d’hommes) La technique devient mystère exotérique. » (Simondon, 1989, p.95)
  • 44.
    L’exemple de l’encyclopédien’est pas l’ouvrage ou le pamphlet le plus révolutionnaire mais s’inscrit dans une démarche « adulte », c'est-à-dire basée sur une connaissance rationnelle, théorique, scientifique et universelle (Simondon, p.92). citoyen éclairé
  • 45.
  • 46.
    Une Maîtrise detechniques essentielles
  • 47.
    Une prise dedistanceune capacité à s’extraire des dogmes, des idées préconçues et véhiculées par d’autres :La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu’un si grand nombre d’hommes, après que la nature les a affranchi depuis longtemps d’une (de toute) direction étrangère, reste cependant volontiers, leur vie durant, mineurs, et qu’il soit facile à d’autres de se poser en tuteur des premiers. Il est si aisé d’être mineur ! Si j’ai un livre qui me tient lieu d’entendement, un directeur qui me tient lieu de conscience, un médecin qui décide pour moi de mon régime, etc., je n’ai vraiment pas besoin de me donner de peine moi-même. (Kant, 1784)
  • 48.
    Produire un effort(une sortie) face à la « facilité ». En cela, la sortie de la minorité nécessite des étapes, des phases afin de pouvoir exercer sa raison :« J’entends par usage public de notre propre raison celui que l’on en fait comme savant devant l’ensemble du public qui lit. » (Kant, 1784)
  • 49.
    Stiegler nous « éclaire »sur ce point :« L’écrivain et le public de lecteurs dont parle Kant sont majeurs en cela que lisant, se lisant, et étant susceptibles d’écrire à tout moment ce qu’ils ont lu, soit pour en poursuivre l’écriture, dans le cas de l’écrivain (...) soit pour écrire un autre livre, ou un article, ou un rapport, ou une note de synthèse, ou un commentaire de texte, dans le cas du lecteur (…), ils accèdent les uns, les autres à la forme critique de l’attention. » (Stiegler, 2008, p.48)
  • 50.
    Techniques détournées« La plupartdu temps, ces techniques visent à contrôler l’attention non pas pour susciter en elle le courage et la volonté de savoir, mais tout au contraire pour la maintenir dans son état de minorité adulte.. » (Stiegler, 2008, p.72)
  • 51.
    7. La culturede l’information repose sur le contrôle de soi et la prise de soin (de l’autre) présente une dimension de veille une capacité de contrôle qui n’est pas celle de savoir qui de la machine ou de l’homme domine l’autre. le contrôle de soi qui s’opère par la skholé, cette capacité à s’arrêter, à prendre le temps de l’analyse et de la réflexion.
  • 52.
    Et si laquestion était celle
  • 53.
    La captation del’attentionCf. travaux Bernard StieglerPar les médias et la publicitéLes industries de programmes se sont substitués aux institutions de programmesPhrase de Le Lay : « le temps de cerveau disponible pour coca cola »Les publicitaires ciblent les jeunes car ils sont prescripteurs
  • 54.
    Du temps decerveau disponible en moins…
  • 55.
    La démobilisationmanque d’enthousiasmepour l’apprentissage :Une nouvelle génération de collégiens semble particulièrement marquée par une démobilisation envers les apprentissages scolaires. Ne serait-elle pas l’expression profonde d’un clivage entre ce que les élèves perçoivent de la culture scolaire et leur participation à l’émergence de nouveaux modèles socio-culturels, visibles notamment à travers leurs pratiques numériques ? (danyhamon)Ils se mobilisent donc ailleurs
  • 56.
    Former à l’attentionCommeexercice de la skholéCependant qu’entendons-nous par attention ? Elle peut être définie comme la capacité à se concentrer sur un objet telle que la définit Henri Go :Tout le problème de l’attention consiste donc dans la polarisation de l’activité intellectuelle de l’élève sur un objet, tout en l’incitant à produire des relations dans un milieu.
  • 57.
  • 58.
    L’attention la capacitéà se concentrer durablement sur un objet. Une attention qui s’exerce aussi vis-à-vis des autres en tant que veille. Ce temps d’arrêt pendant lequel peut s’exercer l’esprit critique est fréquemment court-circuité
  • 59.
  • 60.
  • 61.
    veiller plutôt quede surveillerDans le meilleur des KaPrendre soin de (Stiegler) :« Prendre soin, ici, signifie aussi faire attention, et d’abord porter et prendre attention à soi-même, et par la même occasion, aux siens, et aux amis des siens, et donc de proche en proche, à tous : aux autres quels qu’ils soient, et au monde que l’on partage avec eux en sorte que la formation d’une telle attention constitue une conscience d’universalité fondée sur (et profanée par) une conscience de singularité. »
  • 62.
  • 63.
  • 64.
    Pistes et proximitésavec la translittératieNouvelles littératies et littératies liées au web 2.0Elargissement des territoires de la littératieDef : La transliteracy se définit comme « l’habileté à lire, écrire et interagir par le biais d’une variété de plateformes, d’outils et de moyens de communication, de l’iconographie à l’oralité en passant par l’écriture manuscrite, l’édition, la télé, la radio et le cinéma, jusqu’aux réseaux sociaux » La traduction en français a été trouvée sur le blog de François GUITE. In Guitef. Disp. Sur : <http://www.opossum.ca/guitef/archives/003901.html> Citation originale : « Transliteracy is the ability to read, write and interact across a range of platforms, tools and media from signing and orality through handwriting, print, TV, radio and film, to digital social networks.”
  • 65.
    Une culture deshypomnemataC’est pleinement le rôle de transmission de la culture de l’information, rôle à la fois intergénérationnel et éminemment culturel : « La culture n’est rien d’autre que la capacité d’hériter collectivement de l’expérience de nos ancêtres et cela a été compris depuis longtemps. Ce qui a été moins compris, c’est que la technique (…) est la condition d’une telle transmission. » (Stiegler, 1998, p.193)
  • 66.
    La culture del’information est une culture collective.Une culture informationnelle personnelle doit pouvoir être réinvestie collectivement Intérêt général Intelligence collective
  • 67.
    La culture del’information en tant que conception citoyenne
  • 68.
    Conclusion La culture del’information en tant que conception citoyenne permet davantage de penser justement la formation des individus dans une relation qui repose sur une culture technique. Les outils du numérique nécessitent des savoirs et des savoir-faire qui dépassent le simple usage que des dispositifs comme le B2I tente parfois de mesurer. En effet, il s’agit d’éviter la confusion entre compétences informationnelles et capacités intellectuelles, ce qui risquerait d’accélérer ce que Bernard Stiegler nomme « la liquidation de la faculté cognitive, qui est remplacée par l’habileté informationnelle » ( Stiegler, 2008, p.48)
  • 69.
    Capacité de distance"Parmoments, l'Homme a besoin de prendre le temps et de s'arrêter pour réfléchir... et cela, seul l'Homme est capable de le faire..." (MasamuneShirow faisant parler Daisuke Aramaki dans le manga Ghost in the shell)