Lire en Vendée
Échos Musées n°25
Revue de la Société des Écrivains de Vendée
et des amis de l’Historial de la Vendée




    novembre 2012 - mars 2013
Le 8 août 2012, Joseph                                               Assemblée générale
    Rouillé nous a quittés
         Au delà de l’écrivain de talent qui nous           En prélude au Printemps du Livre de Montaigu,
    a laissé vingt-cinq livres, il faut lui être re-   l’assemblée générale de la Société des Ecrivains de
    devable de ce qu’il a réalisé pour la Vendée       Vendée s’est déroulée le jeudi 29 mars à Mouilleron-
    littéraire. Fondateur, avec Jean Huguet, de        le-Captif. Sur les terres du vice-président Jacques
    la Société des Écrivains de Vendée, il en fut      Bernard qui a organisé cette rencontre. Une quaran-
    le premier président. Après quelques an-           taine d’adhérents y ont participé.
    nées où elle sera rattachée à la Bretagne, la
    jeune société prendra rapidement son indé-
    pendance et s’imposera comme un élément                 Philippe Darniche, sénateur-maire de Mouille-
    essentiel de la culture vendéenne. La forte        ron-le-Captif a accueilli le groupe à la Mairie et pré-
    personnalité du président Rouillé aura été         senté sa commune, avant d’offrir l’apéritif de bienve-
    pour beaucoup dans cette réussite qui s’est        nue. Les participants ont ensuite gagné le restaurant
    manifestée de multiples façons : en plus des       «Le Sensis» pour un sympathique déjeuner. Le pré-
    conférences et des séances de signatures,          sident Jean de Raigniac a rappelé les activités de la
    un bulletin qui deviendra, par la suite, une       Société – elle compte désormais plus d’une centaine
    véritable revue et la création d’un prix litté-    d’adhérents – et présenté le bilan financier. Malgré
    raires seront significatifs.                       le désengagement des collectivités publiques, mais
                                                       grâce à la progression des adhésions, les finances
                                                       sont saines et permettent de poursuivre sereinement
        Je faisais partie de la Société depuis une     le travail engagé. La revue «Lire en Vendée» connaît
    dizaine d’années, lorsqu’il m’a demandé            un succès croissant, souligné par les libraires qui ont
    de prendre sa suite. J’ai été très sensible à      remarqué l’intérêt grandissant des lecteurs, très de-
    l’honneur qui m’était fait et la passation a       mandeurs de l’actualité littéraire vendéenne.
    été effective en 2000, après la remise des
    prix. Aujourd’hui, l’équipe a été renouve-         				Gilles Bély
    lée et son travail se poursuit avec bonheur :
    le nombre des adhérents augmente et la                 Pierre Ménanteau,
    revue s’épaissit ; avec le soutien du Conseil
    général et celui du Crédit Mutuel, les prix
                                                          Nous avions préparé un dossier sur Pierre Mé-
    ont pris une nouvelle importance. Ainsi
                                                       nanteau, nous le remplaçons en dernière minute par
    l’œuvre de Joseph Rouillé est toujours vi-
                                                       nos hommages à Joseph Rouillé et Gilbert Prouteau.
    vante et prend sa place parmi les éléments
    qui nous donnent confiance dans l’avenir              Nous retrouverons Pierre Ménanteau dans notre
    de la Vendée.                                      prochain numéro, à paraître en mars 2013.
        			Michel Dillange


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LES ÉCRIVAINS
                   DE VENDÉE


                      LES AMIS
              DE L’HISTORIAL
               DE LA VENDÉE



     Nous essayons nous aussi de prendre
le large en suivant l’exemple de ces marins
d’exception qui partent aujourd’hui dans
une course sans merci. Nos vaisseaux pren-
nent aussi la houle, essuient des paquets de
mer et fendent l’eau pour donner le cap à
tous les amoureux de l’aventure.
     Une autre flottille reste à quai pour
préparer le retour des héros. Un autre nu-
méro les attendra et nous voguerons alors
vers Montaigu chercher un mouillage ac-
cueillant pour le printemps.
     Les écrivains et les Amis de l’Historial
de la Vendée aiment aussi se jeter à l’eau,
l’aventure est toujours d’actualité.
     Sinon, un livre ou un musée dans

                                                 Sommaire
chaque port et tout va bien. Merci à René-
Charles Keromnnès qui a gréé notre esquif
en créant la couverture du premier livre
d’Éric Gautier...
                          Jean de Raigniac
                                                  4   Les Salons et Prix littéraires

 Lire en Vendée                                  10   La bande dessinée


 Échos Musées n°25                               16

                                                 23
                                                      Hommage à Joseph Rouillé

                                                      Hommage à Gilbert Prouteau
 Revue de la Société des Écrivains de Vendée
 et des amis de l’Historial de la Vendée
                                                 35   Milcendeau à l’Historial

                                                 39 Les sorties des amis...

                                                 45   Activités et expositions du Musée

                                                 49   Nos sélections

                                                 80   Le coin du Centre Vendéen
                                                      de Recherches Historiques

                                                 82   Les Écrivains de la mer
      novembre 2012 - mars 2013




    Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013                                            3
Saint-Gervais




    Yves Viollier et le président Claude Mercier en conversation secrète



    Saint-Gervais : le Prix du Héron                                           Gilles PERRAUDEAU est né à Bois-de-Cené en
                                                                           1947. Professeur de lettres, il a pratiqué le collectage
    cendré à Gilles Perraudeau                                             de la tradition orale, a participé au Groupe de
                                                                           recherche et d’expression du marais de Bois-de-
                                                                           Cené, Le Bouquet d’Ajoncs, et a écrit de nombreux
        Après Régine Pelloquin l’année dernière, c’est                     ouvrages, notamment Les Bourrines du marais nord-
    Gilles Perraudeau qui a cette année décroché le prix                   vendéen, Des gars et des filles de l’Ouest,Quand la mer
    du Héron Cendré. Prix que lui vaut son ouvrage                         reviendra, Lexicologie des travaux agricoles, Bois-de-
    « Mémoire en images sur le marais nord vendéen »,                      Cené, Challans et le Pays maraîchin.
    aux Éditions Allan Sutton. « Il suffit de glisser les
    mot marais ou maraîchin dans le titre pour gagner                           À la lumière de nos artistes peintres Charles
    ce prix », s’est amusé le vainqueur, domicilié à Bois-                 Milcendeau, Auguste Lepère, Jean Launois, Henry
    de-Céné, en recevant son prix.                                         Simon et Gaston Dolbeau qui ont mis en ombre
                                                                           et lumière, ce plat pays du marais écrasé par un ciel
        Mais il est vrai que Saint-Gervais et son salon                    lourd,
    du livre à la salle des Primevères, c’est d’abord                           Avec les témoignages photographiques si
    une ambiance particulière, celle des Maraîchins !                      réalistes, si tendres, si poétiques de Jean Challet, que
    Convivialité (déjeuner, avec vin à volonté pour                        ta plume a accompagnés de mots précis sentant bon
    tous les auteurs et le samedi et le dimanche), rires,                  le maraîchin,
    facéties, malices, camaraderie constituent les atouts                       À la suite de René Bazin qui ressuscita cette «Terre
    de cette manifestation, la 18e du nom cette année,                     qui mourait» faute de maraîchins, à la suite de Marc
    avec une soixantaine d’écrivains qui se sont retrouvés                 Elder, à la suite de Marcel Baudouin qui fit connaître
    les 28 et 29 avril dernier, entre deux tours d’élection                les coutumes de ce «Maraîchinage» si spécifique à
    présidentielle.                                                        notre nord-ouest vendéen, Gilles Perraudeau a décrit
                                                                           avec une précision scrupuleuse, presque amoureuse,
         Les incontournables étaient là, notamment                         les survivances de cette nature, de cet habitat, de
    la Société d’histoire du nord-ouest vendéen et                         ce mobilier, de ces hommes et femmes du marais,
    son président Michel Gruet, tout comme la                              et il a expliqué avec un reste de nostalgie dans sa
    Noirmoutrine Anne-Marie Kadem, relieuse… Et si                         plume, les changements irrémédiables de ce pays de
    le journaliste Philippe Ecalle, prix 2011 des écrivains                terre et d’eau, de cette société en douce modernité,
    de Vendée, ne pouvait être présent que le samedi,                      de cette culture maraîchine se dégageant lentement
    Yves Viollier est venu le dimanche...                                  du folklore, de ce peuple maraîchin dont les visages
         L’association organisatrice, Patrimoine et                        rudes restent anxieux entre l’invasion touristique
    tradition du canton de Beauvoir, avec son président                    bétonnière et les vagues de la mer toujours aux
    Claude Mercier et son vice président Théo Rousseau,                    aguets.
    attendait le gros du public le dimanche après-midi.                         Gilles Perraudeau connaît son marais, il le décrit,
    D’autant que le temps n’était pas à aller à la plage.                  il l’accompagne, il le respecte, il l’aime.
    Mais la météo était si exécrable que ce public ne s’est                     Tel un grand héron cendré, il s’est posé en son
    pas déplacé autant qu’espéré. N’empêche, le rendez-                    milieu, près d’un étier, à la Marchoise, et debout
    vous est déjà pris pour l’année prochaine.                             dans le vent d’ouest, il le regarde avec tendresse.
    				Philippe Gilbert                                                        				Claude Mercier


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Prix Charette

                                                         éditions du CVRH, le livre de Christiane Astoul
                                                         répond pleinement aux critères du Prix Charette.
                                                         Celui-ci veut saluer «le panache, l’esprit de liberté et
                                                         d’indépendance, l’intelligence» que l’on reconnaît à
                                                         Charette.
                                                             Louis Chaigne avait assurément cette liberté
                                                         d’esprit, cette intelligence vive, cette indépendance
                                                         que l’on retrouve dans tous ses livres. C’était un
                                                         humaniste. Christiane Astoul a souligné «un huma-
                                                         nisme de Vendée» pour marquer l’attachement de
                                                         Louis Chaigne à sa province, tout ce qu’il lui doit,
                                                         tout ce qu’il lui a rendu. «Passeur de lumière, il était
                                                         porteur d’une espérance», écrit Yves Viollier qui se
                                                         souvient de sa première rencontre avec l’écrivain,
                                                         dans sa maison de Venansault.


                                                         Un humanisme vendéen
                                                              La présentation pénétrante de Christiane Astoul
                                                         décrit Louis Chaigne comme un homme de son
                                                         temps. N’aurait-il pas d’ailleurs voulu être journa-
                                                         liste? Il fut écrivain, essayiste, critique littéraire, di-
                                                         recteur de collections chez de grands éditeurs. Il fut
                                                         aussi le directeur de la Revue du Bas-Poitou dont il
                                                         orienta l’esprit vers le présent et l’avenir, sans rien
                                                         renier du passé.

                                                              Dans la lignée de Paul Claudel, Gabriel Marcel,
                                                         Marc Sangnier, il sera, entre 1930 et 1950, l’un des
Christiane Astoul,                                       grands témoins d’un christianisme qui devait selon
                                                         lui «être un rayonnement, non un rétrécissement».
Prix Charette 2012                                       A l’heure des repliements identaires, son message est
pour son hommage                                         aujourd’hui d’une précieuse actualité.
à Louis Chaigne                                               Après avoir retracé l’itinéraire de Louis Chaigne,
                                                         Christiane Astoul a choisi de présenter une petite
                                                         anthologie chronologique de ses oeuvres. La Vendée
                                                         d’abord, puis ses témoignages de reconnaissance
    Le Salon du livre vendéen de Grasla se dérou-        à ses maîtres et à ceux qui ont guidé son itinéraire
lera désormais tous les deux ans. Rendez-vous les        littéraire et spirituel. Des poèmes et des textes plus
13 et 14 juillet 2013 sous les ombrages de la fo-        personnels complètent l’ouvrage. Louis Chaigne y
rêt mythique qui a inspiré le dernier roman d’Yves       évoque encore et toujours l’âme vendéenne: «On
Viollier, Même les pierres ont résisté. Le Prix Cha-     est plus assuré de prendre contact avec cette âme
rette continuera, lui, d’être attribué chaque année.     loin des routes nationales... là où les choses voient,
Il consacre cette fois le livre de Christiane Astoul,    là où les choses parlent, où les choses et les hommes
«Louis Chaigne, un humanisme de Vendée». Un              sont étroitement associés, dans un présent résolu-
hommage à un grand écrivain, trop méconnu, fi-           ment tourné vers l’avenir».
gure éminente du catholicisme social, incarnation
de l’âme vendéenne.                                          Le Prix Charette a été remis à Christiane Astoul,
                                                         le 12 juillet, à l’Hôtel du Département, par Bruno
    La sélection du Prix Charette était de très grande   Retailleau, président du Conseil général, et Yves
qualité et il a fallu deux tours de scrutin pour dé-     Viollier, président du jury, en présence de la famille
partager les cinq ouvrages en présence. Publié aux       de Louis Chaigne.


    Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013                                                                         5
Quatre livres à recommander


        Les quatre autres livres en lice pour le Prix Cha-
    rette ont tous obtenu au moins une voix au premier
                                                                                La conspiration
    tour. Gage de l’intérêt qu’ils ont suscité auprès des                       du général Malet
    membres du jury et de l’indépendance d’esprit de                            Thierry Lentz
    celui-ci. «Lire en Vendée» vous en dit l’essentiel et                       Perrin
    vous les recommande. Ils ne vous décevront pas.
                                                                                    Grand spécialiste du Premier
                                                                                Empire, Thierry Lentz décortique
                      Le gendarme de Napoléon                                   la tentative de Coup d’Etat du gé-
                      qui arrêta le Pape                                        néral Malet qui, annonçant la mort
                      Dominique Rézeau                                          de Napoléon devant Moscou, vou-
                      SPE Barhélémy                           lut prendre le pouvoir et obliger le Sénat à désigner
                                                              un gouvernement provisoire. C’était le 23 octobre
                          Aumônier de la Gendarmerie,         1812. La tentative échoua et Malet fut fusillé. Elle
                      chancelier de l’Evêché de Luçon,        n’en contribua pas moins a ébranler le pouvoir déjà
                      Dominique Rézeau avait toutes les       chancelant de l’Empereur qui dut abdiquer deux ans
                      raisons de s’intéresser au singulier    plus tard. Extrêmement documenté, dans une belle
                      destin du général Radet, l’homme        écriture classique, ce livre retrace la carière tumul-
    qui, sur ordre de Napoléon Ier, arrêta en juillet 1809,   tueuse de ce conspirateur-né. Il intéressera surtout
    le pape Pie VII. L’auteur lui laisse la parole tout       les amoureux de l’Histoire.
    au long de cette biographie à peine romancée. En
    contre-point, les lettres de son épouse humanisent
    le parcours militaire heurté du général baron, au gré
    des changements de régimes. C’est ainsi que, capi-
                                                                                Don Juan de Tolède,
    taine de la garde nationale à Varennes, il tenta de                         Mousquetaire du Roi
    porter secours à Louis XVI et à sa famille, en fuite                        Benoît Abtey
    vers l’étranger. Plus tard, il joua un rôle important                       Flammarion
    dans l’organisation de la Gendarmerie. Une page
    d’histoire méconnue, très agréable à lire.                                        On suivra avec intérêt le ma-
                                                                                  rathon littéraire que le Vendéen
                                                                                  Benoît Abtey débute avec ce roman
                                                                                  de cape et d’épée de 700 pages qui
                      Le bar des menteurs                                         sera suivi de deux autres ouvrages
                      Ingrid Naour
                                                              dans une série intitulée Les secrets de D’Artagnan.
                      Cherche-Midi
                                                              D’Artagnan n’est pourtant pas le héros du livre. Il
                                                              narre plutôt les aventures d’un autre mousquetaire,
                          Beaucoup de verve et d’intel-
                                                              le mystérieux Don Juan de Tolède qui tire toutes
                     ligence dans ce court roman qui
                                                              les ficelles des intrigues et des cabales d’une époque
                     a pour cadre l’île de Noirmou-
                                                              très tourmentée, la Fronde. On peut déjà saluer
                     tier. Tout spécialement, le Bar des
                                                              l’ambition du projet et le travail de documentation
                     Menteurs où se rejoignent reli-
                                                              qu’il exige. L’écriture est jaillissante et foisonnante,
    gieusement d’éternels assoiffés, grandes gueules aux
                                                              un peu trop sans doute, mais c’est aussi la loi de ce
    grands coeurs. Ingrid Naour les regarde, les écoute,
                                                              roman historique. Un peu moins de pages, un peu
    partage leurs souvenirs et leurs histoires sans cesse
                                                              plus de rigueur, c’est ce qu’on est légitimement en
    recommencées. On s’attache à ces personnages tru-
                                                              droit d’espérer du prochain volume. Benoît Abtey a
    culents qui s’appellent Remets-moi ça, la Bernique
                                                              tout le talent voulu pour ça.
    ou Pêcheur de lune. On a aimé le style vif et coloré
    du récit, un peu moins la répétition des situations.
                                                                                                  Gilles Bély




6                                                                             Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013
Prix Ouest à Montaigu

                                                        gnito à Paris... À partir de là, Jean-François Parrot
                                                        trousse une histoire à rebondissements, foisonnante
                                                        comme il se doit d’assassinats, d’intrigues compli-
                                                        quées et de rebondissements inattendus. Le souci du
                                                        détail et des descriptions – jusqu’aux recettes de cui-
                                                        sine de l’époque – n’enlève rien, bien au contraire,
                                                        au suspense savamment entretenu...

                                                            Yves Viollier a souligné la qualité de ce roman,
                                                        mené de main de maître, comme la vivacité du
                                                        style et des situations. Diplomate – il a occupé neuf
                                                        postes à l’étranger – spécialiste du XVIIIème siècle,
                                                        Jean-François Parrot veut avant tout, à travers les
                                                        enquêtes du héros qu’il a créé, restituer notre his-
                                                        toire, à la veille du « tremblement de peuple » que
                                                        fut la Révolution française. Il exalte aussi « une
                                                        langue admirable, qui ne nous appartient plus et
                                                        qui doit s’ouvrir au monde. » Cette langue qui porte
                                                        les valeurs de la France, celles des paysans, des chas-
                                                        seurs, des soldats et des marins.

                                                           Gageons que nous retrouverons dans les pro-
                                                        chaines aventures de Nicolas Le Floch, toute la sa-
                                                        veur et le brio de « L’enquête russe »...
                                                                                                  G. B.



    Autour du magnifique Théâtre de Thalie, le
« nouveau » Printemps du Livre de Montaigu a bien       Ils étaient dans la sélection...
pris ses marques. De bon augure pour le 25ème anni-
versaire de ce Salon qui aura lieu l’an prochain, du
19 au 21 avril. Présidée par Mireille Calmel, cette
24ème édition a été marquée par la remise du Prix                          Le Dos crawlé
Ouest à Jean-François Parrot pour son roman «L’en-                         Eric Fottorino
quête russe».                                                              Gallimard, 208 p., 16, 90 €

                                                                           On ne tue pas les gens
    Michel Ragon n’avait pu être présent pour re-                          Alain Defossé
mettre le Prix Ouest au lauréat 2012. C’est donc                           Flammarion, 140 p., 15 €
Yves Viollier qui s’en est acquitté, en transmettant
au public son message d’amitié. Le jury avait distin-                      Les Auto-tamponneuses
gué très nettement le roman de Jean-François Par-                          Stéphane Hoffmann
rot, «L’enquête russe». Le lauréat était déjà en lice                      Albin Michel, 233 p., 17 €
l’année précédente pour une autre enquête de son
héros, Nicolas Le Floch, «L’honneur de Sartine».

    Les téléspectateurs connaissent bien cette série
à succès qui les emmène au cœur de Paris, sous les
règnes de Louis XV et Louis XVI. Cette fois, nous
sommes en 1782, alors que la royauté souhaite ren-
forcer ses liens avec l’empire russe. L’héritier du
trône, le tsarévitch Paul, séjourne justement inco-


    Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013                                                                    7
Septembre 2012, entrée littéraire d’automne
    réussie à Saint Gilles Croix de Vie autour de Jean-      Quatrième édition de la journée des écrivains de la
    Pierre Majzer. Bravo à Catherine Girard-Augry pour       mer à Jard Sur Mer le 1er mai.
    sa conférence sur la littérature française !             La pluie du matin n’avait pas arrêté le pélerin, ni
                                                             l’écrivain, encore moins le lecteur, le froid non plus.
                                      Conférence       sur   Bravo aux organisateurs stoïques devant une tente
                                      les femmes le 3        qui s’envolait sur la plage et saluons le soleil de re-
                                      mars à la Salle        tour comme toujours en début d’après-midi.
                                      Clemenceau de
                                      Saint Vincent sur
                                      Jard,      organisée
                                      par Annie Gallet,
                                      Musée des Arts et
                                      Traditions Popu-
                                      laires.
                                      La date judicieu-
                                      sement choisie est
                                      celle de la semaine
    de la fête des Grand-mères et de la journée de la
    femme. Un public chaleureux et enthousiaste
    assistait à la causerie d’Eveline Thomer, et pas que
    des femmes, beaucoup d’hommes aussi !                    Deuxième salon du livre ancien, le seul en Vendée.
                                                             Mélange des genres, la cuisine et les voyages avec
                                                             Lionel Guilbaud, cuisinier vendéen, auteur de livres
                                          Émouvante re-      de recettes, le skippeur VDH, Jean Luc Van Den
                                          mise des prix      Heede qui nous a parlé cuisine à bord d’un bateau,
                                          du concours        J. Chauvet, G. Séjourné et E. Thomer.
                                          de nouvelles       Les amateurs matinaux ont pu voir un post-incu-
                                          de Treize Sep-     nable (année 1506) qui s’est vendu dans la première
                                          tiers organisé     demi-heure du salon... Un bon prix... Ambiance
                                          par Laurent        feutrée, presque religieuse, très conviviale.
                                          Sourisseau et      Coupure du ruban par Jean Yves Burnaud maire
                                          soutenu par le     du Chateau d’Olonne le 14 avril en compagnie de
                                          maire Isabelle     Gérard Faugeron, Ghislain Caput, responsable des
    Rivière et un jury de 25 membres le 1er avril avec       festivités et les membres de l’association LivrEbook.
    Eveline Thomer, past-présidente, Christophe Prat
    président 2012.
    Enfants émerveillés, anciens aux yeux brillants          Christophe Prat nous annonce la naissance de
    d’émotion et de larmes contenues. Les écoles par-        ELLA éditions, dont il est le gérant et qui publiera
    ticipent à ce concours en travail de classe mais aussi   essentiellement des ouvrages en Eure-et-Loir : Je
    les maisons de retraites et même la ville jumelée de     continuerai à faire publier mes propres ouvrages chez
    Cabana de Bergantinos de la Province de Galice           Grrr….art éditions afin de ne pas mélanger les métiers
    en Espagne. Un grand concours mené avec brio en          du livre.
    toute simplicité. Belles initiative !


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Les sorties d’Éveline, Lydie et les autres




                                                 Présidé cette année par Pierre Bordage, le salon des
                                                 Arts et des Lettres de L’Épine à Noirmoutier, les
                                                 3 et 4 août 2012. 70 écrivains, peintres, sculpteurs,
                                                 photographes dans une ambiance orchestrée par la
                                                 présidente Jacqueline Bouyer, Frédéric Bonnin et
                                                 tous les membres de l’association, aussi efficaces
                                                 qu’accueillants. Rare mélange des arts.




                                                 Les Plumes Vendéennes, tous les mois de juin, par
                                                 Corinne Bouhier de la Maison de la presse aux
                                                 Sables d’Olonne. Rencontres et dédicaces. Une
                                                 libraire met la Vendée et ses auteurs à l’honneur !




                                                 27 octobre à Barbâtre, 60 écrivains, 5 peintres, 5
                                                 photographes, 5 éditeurs et 2 sculpteurs tenaient
                                                 salon. Les nombreux élus, dont Yannick Moreau
                                                 Député-Maire d'Olonne s/ Mer, Nicole Guérin,
                                                 Conseillère Régionale (Challans) NoëL Faucher
                                                 Président de la Communauté de Communes de
                                                 Noirmoutier, Gérard Guillet, Maire de Barbâtre,
                                                 Mme Léculée Maire de la Guérinière et la marraine
                                                 Eveline Thomer, rendaient hommage à Michel
                                                 Fourage pour ses actions culturelles.


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AU NOM DU FILS T2
                                                                 Scénario : Serge Perrotin
                                                                 Dessin et couleurs : Clément Belin
                                                                 Editions : Futuropolis



         Janvier 2012, sortie du deuxième tome de « Au nom           Pour Michel cette aventure le met face à sa vie, il
     du fils », fin du récit. Nous retrouvons Michel Garan-      se remet en question, découvre petit à petit qui était
     deau, métallo de St Nazaire, parti à la recherche de        son fils, ses espoirs, sa philosophie… Michel se rend
     son fils Etienne kidnappé par l’ELP, concurrent des         compte qu’il est lui-même peut-être passé à côté de
     FARC en Colombie.                                           la vraie vie. Le bilan est dur, il aurait dû se secouer,
         Comme en écho à ce récit, le 28 avril les FARC          être plus actif, mais il s’est encroûté, a mal vieilli,
     font parler d’elles en kidnappant le français Roméo         que des mauvais choix ! En cherchant Etienne, il se
     Langlois, qu’ils libèrent en mai, après 33 jours de         trouve aussi à travers une véritable crise existentielle,
     captivité... La fiction rejoint la réalité !                il nous touche par son entêtement, parfois sa naïveté
                                                                 et par son amour indéfectible pour son fils. On le
                                                                 croyait d’un bloc, solide, volontaire, mais sa fragilité
          Michel continue à remonter la piste de son fils        apparaît au fur et à mesure des difficultés.
     en suivant le gringo trail, ce chemin que suivent les
     occidentaux et qui va du Mexique aux pays andains
     en passant par tous les grands sites archéologiques.             Le dessin de Clément Belin semi-réaliste, plutôt
     Au fil des rencontres de routards qui ont connu son         du style reportage ou carnet de voyage, rend bien
     fils, il se laisse porter vers des lieux mythiques. Petit   l’ambiance et l’atmosphère de ces pays, des ren-
     à petit, il arrive enfin à Ciudad Perdida, en pleine        contres étranges, de la dureté de la vie, de la jungle,
     jungle, là où son fils a disparu. Il rencontre les ko-      la sensation d’étouffement. Quand on ferme le deu-
     gis, ces tribus qui vivent en osmose avec la terre, puis    xième et dernier tome de ce récit on ne peut imagi-
     l’armée régulière, et tout se bloque. Michel s’installe     ner un autre style de dessin qui serait plus classique,
     dans l’attente et l’espoir.                                 plus standard.
                                                                 				René Nicolas


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La bande dessinée

LES GARNIMOS T3
Scénario & dessin : Dav
Couleurs : Kness                                                 Cinq ans après la parution du tome 2, Dav re-
Editions : Soleil                                            vient en grand forme avec ce nouvel épisode de sa «
                                                             jungle en folie ». Le trait est toujours aussi expressif
                                                             et les gags s’enchaînent sans temps mort. L’ancien
                                                             étudiant montacutain est bien le digne héritier de
    Sam, Blandine, Bob et toute la fine équipe des           Goscinny, le papa d’Astérix. Comme lui, il réussit à
Garnimos décident de partir skier à la montagne.             dérouler son récit sur plusieurs niveaux de lecture. Il
Mais l’expédition est perturbée lorsqu’ils découvrent        arrive ainsi à captiver les plus jeunes tout en faisant
que la neige a disparu et que la vie des habitants de        sourire les parents. Une véritable gageure.
la montagne est menacée.
                                                                				Serge Perrotin




                               L’APPEL
                       DES ORIGINES T2
                                  Scénario : Joël Callède
                                  Dessin : Gaël Séjourné
                                  Couleurs : Jean Verney
                                 Editions : Vents d’Ouest

                     Anna, la jeune métisse New New-
                 yorkaise, est partie à la recherche de
                 son père. Un père fils d’une riche fa-
                 mille blanche des états du sud qu’elle
                 n’a jamais connu et qui a disparu au
                 Kenya. La petite serveuse de Harlem
                 est maintenant comédienne. Pour fi-
                 nancer l’expédition, un producteur
                 de cinéma a investi dans le tournage
                 d’un film autour d’Anna et de son
                 histoire. Car ce n’est pas la seule re-
                 cherche du père qui guide la jeune
                 femme et ses compagnons d’aven-
                 ture, c’est aussi la recherche des traces
                 des premiers hommes de l’humanité.

                                                                 Ce deuxième tome fleure bon l’aventure afri-
                                                             caine. Nostalgie… On pense aux « Mines du roi
                     Le Kenya, Mombassa, Nairobi...          Salomon » et à « Out of Africa ». Le dessin et la cou-
                 Toujours le même rejet des métisses         leur sont des castelolonnais, Gaël Séjourné et Jean
                 par les blancs et les noirs, tout comme     Verney. Ce tandem nous offre de superbes images.
                 aux USA. Mais Anna croise aussi des         Les villes, les paysages, les animaux et les couleurs
                 personnes généreuses telles que Ka-         sont magnifiques. Nous attendons avec impatience
                 ren Blixen et Denys Finch-Hatton            la suite et fin de ce triptyq
                 qui ont connu son père. Puis, c’est le
                 départ à travers la brousse…                    					RN


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ANGOR T4                                                     LES ARCANES DE MIDI-
     Scénario : Jean-Charles Gaudin                               MINUIT T9
     Dessin & couleurs : Dimitri Armand                           Scénario : Jean-Charles Gaudin
     Editions : Soleil                                            Dessin : Cyril Trichet
          Evrane, Lorky et Talinn, trois adolescents de la        Couleurs : Yoann Guillo
     ville d’Angor, ont mis la main sur un mystérieux             Editions : Soleil
     médaillon qui leur permet de se transférer instanta-             Trois attentats terroristes simultanés sè-
     nément dans leur corps d’adulte. Un pouvoir extra-           ment la mort et la désolation dans York Town.
     ordinaire lorsque, comme notre trio, on rêve impa-           Le Bureau Royal de Jim et Jenna est sommé
     tiemment d’aventures et d’exploits guerriers.                de retrouver au plus vite les commanditaires
                                                                  de ces actes barbares.
          Dans ce tome 4, les auteurs délaissent un peu les
                                                                      Le scénariste Jean-Charles Gaudin creuse
     péripéties propres à tout récit d’Héroïc Fantasy pour
                                                                  un peu plus la veine « réaliste » amorcée au
     se recentrer sur les personnages et leurs doutes. Le mé-
                                                                  tome précédent. Les forces et les enjeux qui
     daillon se révèle un puissant accélérateur d’émotions
                                                                  régissent son monde imaginaire ne sont pas
     qui entraîne les protagonistes dans un maelström de
                                                                  aussi manichéens qu’un survol rapide de la
     sentiments exacerbé par les allers et retours incessants
                                                                  série pourrait le laisser croire. La gestion du
     entre adolescence et âge adulte. Jean-Charles Gaudin
                                                                  pouvoir, les tensions qu’elle implique – et ses
     scrute ainsi au plus prêt les tensions, les rancœurs, les
                                                                  dérives - ne sont pas sans rappeler celles, bien
     tourments des cœurs et des corps et apporte ainsi une
                                                                  réelles, qui agitent notre propre monde.
     profondeur bienvenue à son récit.
                                                                      Le dessin du yonnais Cyril Trichet est
          Le nantais Dimitri Armand confirme, avec cet
                                                                  toujours d’une grande constance ; sa mise en
     album, les promesses graphiques aperçues dans
                                                                  scène et son trait d’une lisibilité remarquable.
     les tomes précédents. Son imagination n’est pas en
                                                                  Après neuf albums, le duo vendéen vieillit
     reste ; livre après livre, il se hisse ainsi au niveau des
                                                                  bien et prouve avec cette « Affaire mentaliste »
     meilleurs bâtisseurs de mondes imaginaires.
                                                                  qu’il en a encore sous le pied…

         Serge Perrotin                                              SP



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La bande dessinée




LE CHEVALIER MECANIQUE T1                                            OGRES T2
Scénario : Cédric Mainil                                             Scénario : Audrey Alwet & Iggy
Dessin : Mor                                                         Dessin : Ludwig Alizon
Couleurs : Silvio Speca                                              Couleurs : Cyril Vincent
Editions : Sandawe                                                   Editions : Soleil

    En 1661, lorsque le jeune Louis XIV accède au trône de           Il fut un temps où les Ogres régnaient
France, il est loin de se douter que, dans les coulisses, une san-   en maître sur les humains. Jusqu’au jour
glante conspiration menace son pouvoir. Son salut viendra            où Magrite, l’un d’eux, commis l’impar-
peut-être du jeune Ulysse, condamné par le roi mais sauvé par        donnable et provoqua leur fin. Maxillien,
le génie de son père qui en fera le premier être mi-homme,           le dernier des Ogres, accompagné d’une
mi-automate.                                                         humaine aux ascendants mystérieux, es-
                                                                     saie de comprendre la faute ancestrale de
    Cédric Mainil signe là son premier scénario de bande dessi-      Magrite pour, peut-être, inverser le cours
née. Un scénario où il reprend avec bonheur tous les ingrédients     de l’Histoire.
des récits populaires de capes et d’épées qui ont fait les beaux
jours de la bande dessinée historique des années quatre-vingt.       Les scénaristes Alwet et Iggy continuent
Mais le Chevalier mécanique n’est pas qu’un récit ancré dans         de dérouler une histoire originale, avec
le passé. L’auteur yonnais a en effet astucieusement saupoudré       humour, sans temps morts, en prenant le
son histoire d’ingrédients fantastiques. Ulysse, lointain cousin     contre-pied jubilatoire de certains poncifs
des Superman et autres Iron Man, pourrait bien être le premier       de la Fantasy. Ce second tome de la trilo-
des supers héros français. Pour donner vie à son petit théâtre       gie confirme également tout le bien que
Mainil a fait appel à MOR, un dessinateur qui s’est illustré dans    l’on pensait du dessin de Ludwig Alizon :
de nombreux récits historiques régionaux. Son dessin acadé-          une mise en scène cinématographique, un
mique, quoique un peu daté, est totalement au service de l’his-      trait séduisant et des personnages incar-
toire. La palette flamboyante de l’italien Silvio Speca apporte      nés. Le cycle Ogres possède tous les ingré-
punch et esthétisme à ce récit haut en couleur.                      dients d’une bonne série populaire.

   SP                                                                   SP



    Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013                                                                     13
CLARA
                                                               Scénario : Christophe Lemoine
                                                               Dessin & couleurs : Cécile
                                                               Editions : Le Lombard




         Clara, sept ans, est une petite fille formidable           Le travail de la dessinatrice Cé-
     pleine de joie et de malice. Ses jours s’égrènent         cile est au diapason. Son style ren-
     joyeusement entre une Maman adorée, avec laquelle         force formidablement le propos du
     elle partage des moments complices, et un Papa            scénariste. Elle a opté pour un trait
     qui travaille tard mais est le plus gentil des Papa.      au crayon (non encrée) qui apporte
     Jusqu’au jour où Maman ne vient pas chercher Cla-         une douceur et une délicatesse à un
     ra à la sortie de l’école…                                sujet qui pourrait faire fuir le plus
                                                               optimiste des jeunes lecteurs. Si la
         Avec cette histoire en un seul volume, Chris-         palette automnale renforce le pro-
     tophe Lemoine et Cécile abordent les thèmes de            pos de l’album, le point fort reste,
     la mort et du deuil. Leur travail est un exercice de      sans conteste, le personnage cen-
     haute voltige, un exemple parfait de traitement sen-      tral de Clara. Sa bouille expressive,
     sible d’un sujet oh combien délicat à expliquer aux       ses grands yeux bleus et sa tignasse
     enfants. Le résultat est d’une grande sobriété gra-       emmêlée éclipsent tous les autres
     phique et scénaristique. Jamais les auteurs ne se lais-   personnages. On est conquis par
     sent aller à la surenchère, à la complaisance ou à la     son dynamisme, sa bouille atta-
     facilité larmoyante (même si le lecteur, au détour de     chante et dès la première page nous
     certaines pages ne peut – étonné qu’une bande des-        savons qu’elle pourra surmonter
     sinée puisse avoir un tel effet - retenir les siennes).   toutes les épreuves.
     Le scénariste aborde un sujet difficile en s’appuyant
     sur la puissance de l’imaginaire des enfants. L’utili-         Christophe Lemoine et Cécile,
     sation de la poupée transmise par la Maman et des         touchés par la grâce, ont réalisé là
     épreuves métaphoriques qui en découlent est, à ce         un petit chef d’œuvre qui, parions-
     sujet, remarquable.                                       le, traversera les ans.
                                                                    			SP


14                                                                             Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013
La bande dessinée




LA GUERRE DES BOUTONS                                          LES DEMONS D’ARMOISE T1
Dessin : Cécile                                                Scénario : Gaudin et Clerjeaud
Scénario : Lemoine                                             Dessin : Collignon
Couleurs : Kaori                                               Couleurs : Stambeco
Éditer : Vents d’Ouest                                         Editeur : Soleil

     À la fin du XIXe siècle, deux bandes d’enfants de              Le 30 Mai 1431, Jeanne d’Arc est brûlée vive à
deux villages rivaux (Langeverne et Velrans) se livrent        Rouen. Du moins, selon nos livres d’Histoire. Cinq ans
une guerre sans merci. Le butin de la lutte est constitué      plus tard, deux de ses plus fidèles compagnons d’arme
des boutons pris aux vaincus.                                  font route vers Tiffauges. Jehan de Metz et Bertrand Po-
                                                               longy sont envoyés par le roi afin d’enquêter sur les ter-
                                                               ribles agissements de Gilles de Retz, le seigneur des lieux
     Le chef d’œuvre de Louis Pergaud est tombé dans           et autre compagnon de l’infortunée Jeanne. Une Jeanne
le domaine public depuis peu. Les adaptations du ro-           qui hante les souvenirs de ses compagnons et semble être
man publié en 1912 se multiplient. Après le cinéma, la         la clé d’un formidable mystère…
bande dessinée n’est pas en reste. L’adaptation proposée
par les éditions Vents d’Ouest est la cinquième depuis              Avec ce récit historique teinté de fantastique, les
Septembre 2011. Mais force nous est de constater que           vendéens Gaudin et Clerjeaud (qui cosigne ici son pre-
cette dernière livraison est peut-être la meilleure. Cécile    mier album) n’hésitent pas à tordre le cou à la grande
trouve en effet dans ce texte un terrain de jeu idéal pour     Histoire afin de lui faire un bel enfant. Ils apportent ain-
mettre en scène une galerie d’enfants tous plus vivants        si une touche originale au destin tragique de la pucelle
les uns que les autres. Depuis sa série Cédille (trois tomes   d’Orléans. A noter la qualité d’écriture des dialogues qui
aux éditions Le Lombard) les lecteurs savent qu’elle n’a       agissent comme la plus efficace des machines à remonter
pas son pareil pour rendre d’un trait mignon et expressif      le temps.
les joies et drames du monde de l’enfance. Le scénario de           La réussite de cette astucieuse relecture du mythe
Lemoine, son complice d’Arthur et les Minimoys (trois          de Jeanne d’Arc est également due à l’excellent travail
tomes aux éditions Glénat), n’est pas en reste. Il met         du dessinateur Stéphane Collignon. Celui-ci insuffle
en scène un récit rythmé qui retranscrit avec bonheur le       précision et esthétisme à des planches où souffle le vent
                                                               des grandes tragédies. A noter les très belles ambiances
charme et la gouaille du roman homonyme. A noter la
                                                               du coloriste Stambéco qui alterne intérieurs sombres,
très belle palette de la coloriste Kaori qui s’accorde par-    oppressants, et extérieurs aux couleurs flamboyantes,
faitement avec le graphisme de la dessinatrice olonnaise.      irréelles.

   SP                                                              SP



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Joseph Rouillé

Joseph Rouillé nous a quittés


                                          « Mauvais été 2012 pour
                                       les figures littéraires du dé-
                                       partement », écrit Philippe
                                       Gilbert dans le journal
                                       Ouest-France du 12 août.
                                       Après Gilbert Prouteau, Joseph Rouil-
                                   lé, 92 ans, nous a quittés la semaine der-
                                   nière.» Décédé le 8 août, ses obsèques ont
                                   eu lieu le samedi 11 août à Saint-Gilles-
                                   Croix-de-Vie. Né à Legé, horloger-bijou-
                                   tier à Saint-Gilles, il s’est fait connaître
                                   par une œuvre littéraire abondante et de
qualité à une époque où la Vendée produisait beaucoup moins d’ouvrages
qu’elle ne le fait aujourd’hui. Ses sujets ont été exclusivement historiques et
maraîchins. Ses œuvres les plus connues sont « La mieux aimée de Charette »
« Gilles de Rays, l’homme de la démesure » et son dernier ouvrage « Le sau-
vage blanc » ou l’authentique histoire de Narcisse Pelletier, ce marin ven-
                                                           déen qui fut recueilli
                                                           par une tribu canni-
                                                           bale d’Australie pen-
                                                           dant 15 ans.

                                                              Mais la Société
                                                          des Écrivains de Ven-
                                                          dée doit beaucoup à
                                                          Joseph Rouillé. C’est
                                                          lui qui, avec Jean
                                                          Huguet, l’a créée en
                                                          1977. Il en a été le
                                                          président de 1977
                                                          à 2002. La réunion
                                                          constitutive de l’as-
                                                          sociation a eu lieu
                                                          au printemps 1977 à
                                                          la bibliothèque mu-
                                                          nicipale flambant
                                                          neuve de La Roche-
                                                          sur-Yon, en présence
                                                          de son conservateur,
                                                          M. Devantoy. Une
                                                          dizaine d’écrivains
                                                          vendéens       étaient
                                                          présents. Parmi eux,
                                                          Valentin Roussière,
                                                          Valentin Saint-Vic,


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Joseph Rouillé

Alain Pérocheau… Jean Huguet était à l’origine de          Challans… Les échanges avec les lecteurs étaient
la réunion. Et l’association a d’abord pris le nom         hauts en couleur. Les voix de Joseph, de Jean, de
de « Comité vendéen des Ecrivains de l’Ouest ».            Valentin, d’Octave, de Nathalie, interpellaient les
Mais Joseph Rouillé a tout de suite compris l’intérêt      promeneurs. La signature était suivie d’un apéritif et
d’une telle initiative. Jean Huguet lui en a laissé la     parfois d’un déjeuner où le boire et le manger relan-
présidence, sans doute parce qu’il venait de créer sa      çaient des feux des mêmes éternels et passionnants
maison d’édition « Le Cercle d’or » et qu’il ne vou-       débats.
lait pas mélanger les intérêts.                                Joseph Rouillé a été avant tout un homme de
     En 1982, le « Comité vendéen » a fait scission        communication remarquable. Il fut journaliste de
et l’association a pris le nom de « Société des Écri-      radio à Radio Rennes Bretagne (1945-1950) et a
vains de Vendée ». Joseph Rouillé l’a pilotée de main      animé ensuite l’émission culturelle « Vent de ga-
de maître avec une autorité qui supportait mal la          lerne  » sur la radio Rock Sound à Saint-Gilles. Il
contradiction.                                             a donné à l’association une reconnaissance dépar-
                                                           tementale en institutionnalisant la remise du Prix à
                                                           l’Hôtel du département. Il a fait appel aux auteurs
   En 1985, il a créé le premier                           de l’association pour la publication d’un recueil de
                                                           nouvelles « Mille et un visages de la Vendée » en
« Prix des Écrivains de Vendée »                           1981, et un second « Hauts lieux de Vendée » en
                                                           87 pour célébrer le dixième anniversaire de la So-
     qui a été remis à Henri Martin pour son livre         ciété. Chaque été, pendant ses vacances à Menton,
« L’Extraordinaire passage du Gois ». À partir de là, il   il organisait avec succès des conférences où il faisait
a fait imprimer une feuille qui donnait des nouvelles      connaître l’histoire et la culture vendéennes.
de la Société et des publications de ses membres. Il           Il a passé le relais à Michel Dillange en 2000. Il
l’a intitulée « Lire en Vendée ». Le journal des écri-     est resté très présent, en particulier aux réunions du
vains de Vendée était inventé.                             Prix, jusqu’en 2007. Il s’est éloigné ensuite. Il a été
     Avec Jean Huguet, ils ont organisé alors pen-         un fougueux et talentueux promoteur de la culture
dant l’été de grands débats historiques aux Sables         vendéenne.
d’Olonne, à Saint-Gille, Saint-Jean-de-Monts. La                              			                    Yves Viollier
discussion était précédée d’une projection de film
(par exemple « La mieux aimée » adapté du livre de
J. Rouillé). La salle était pleine. Le débat était sou-
vent houleux. Les orateurs allaient vite à s’enflam-
mer, pour le plaisir parfois, par goût de la provoca-
tion aussi, et leurs lectures de l’histoire n’était pas
toujours la même. Ces soirées de joutes oratoires
restent dans les mémoires.
     La Société a aussi mis en place, à ce moment-
là, des tournées de signatures dans les librairies de
Vendée. Une dizaine d’écrivains se retrouvaient chez
Jim Dandurand, à Fontenay, la Librairie Centrale
Salé aux Sables, la Maison de la Presse Despret à




                                                           Le jeune Rouillé sur le tournage
                                                           des Vieux de la Vieille
                                                               L’écrivain Joseph Rouillé a gardé des souvenirs
                                                           précis du tournage des Vieux de la Vieille, dont il as-
                                                           sura une chronique pour « Presse-Océan » qui s’ap-
                                                           pelait encore « la Résistance de l’Ouest ». Et dont


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Joseph Rouillé

                 un texte fut publié dans Histoires et
                 nouvelles de Vendée, en 1997, aux
                 éditions Vents et Marais, recueil
                 collectif de la Société des écrivains
                 de Vendée.
                     Rouillé y narre ce tournage, en
                 1960, à Apremont et La Chaize-le-
                 Vicomte. Tournage qui fit grand
bruit car il réunissait un trio de choc. Trois stars :
Jean Gabin, Pierre Fresnay et Noël-Noël. Trois stars
vieillies pour une farce paysanne un tantinet anar.
Un trio infernal de Papys qui font de la résistance,
dans une pochade mise en scène par Gilles Grangier,
dialoguée par Audiard. Un très bon film, soit dit au
passage, qui a fort bien résisté au temps.
    Durant ce tournage qu’il suivit pendant plu-
sieurs semaines, le jeune Joseph Rouillé s’était lié
d’amitié avec Noël-Noël. Il promena l’acteur chan-
sonnier en plusieurs lieux de Vendée, visitant le châ-
teau de Beaumarchais à la Chaize-Giraud et le logis
de Fonteclose à la Garnache.
    Anecdote à Challans, où l’acteur fait le plein de
sa voiture, la pompiste le reconnaît. Noël-Noël ne
se fit pas prier pour signer un autographe. En re-
prenant le volant, il confia au jeune Joseph : « moi,
vous savez, j’aime bien être reconnu. Gabin déteste
ça mais l’on se doit à son public ».                     s’explique pas ! » ; « Je veux être incinéré parce
                                                         que je ne veux pas qu’on vienne m’emmerder sur
    Plus tard, on présente à la star une jeune fille     ma tombe ».
vendéenne qui aimerait bien faire du cinéma. Noël-
Noël, avec maintes précautions et en prenant son              Gabin ne signait évidemment pas d’auto-
temps, la décourage de faire un tel métier. Et de        graphes. Sur le tournage des Vieux de la vieille,
confier en partant au correspondant de la Résistance :   il fit cependant une exception pour trois jeunes
« Si Gabin avait été à ma place, il serait parti sans    filles d’Apremont qui avaient suivi presque
dire un mot ».                                           continuellement le tournage. Une délicate at-
                                                         tention « pour elles et pour elles seules ». Joseph
                                                         Rouillé le concédait volontiers : « ce bourru avait
                                                         un cœur gros comme ça ! Un peu de cette race
Gabin, ce Vendéen taiseux !                              paysanne de Vendéen taiseux ! »
                                                              			Philippe Gilbert
     Grâce à Noël-Noël, Joseph Rouillé parviendra
cependant à rencontrer le patriarche, « poids lourd »
du cinéma français, déjà un de ses « monuments » et
se retrouver régulièrement chez le restaurateur-hôte-
lier d’Apremont Pierre Chaillot, à table entre Gabin
et Pierre Fresnay, aristocrate comme dans ses films ;
et en face : Gilles Grangier et Noël-Noël, ce dernier
volubile pour cinq.
     Rouillé avoue dans ses souvenirs qu’il n’apprécie
guère la nature ours mal lèché de Jean Gabin, mais il
a cependant le temps d’apprécier de près le caractère
du plus grand acteur français, phrases ponctuées de
son célèbre balancement de tête : « J’ai pas mauvais
caractère, j’ai du caractère, c’est tout ! » ; « Ça me
fatigue d’être aimable » ; « Au cinéma, la présence ne


    Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013                                                                 21
Édouard Grimaux                                          René Bazin

     Un grand savant Vendéen                                                              La Terre de Bazin
     (1835-1900)                                                                          ne meurt jamais
                                       Pharmacien                                            La terre qui meurt est le
                                   chimiste de province,                                 roman « vendéen » de l’An-
                                   Édouard Grimaux, va                                   gevin René Bazin (1853-
                                   accéder aux plus hautes                               1832), académicien. Sorti
                                   fonctions profession-                                 en 1899, il remporta un
                                   nelles et honorifiques                                gros succès de tirage (200
                                   dans la Capitale. Né à                                000 exemplaires) dès sa sor-
                                   Rochefort, il devient                                 tie et fut le livre de chevet
                                   vendéen par adoption                                  de nombre de Vendéens,
                                   en épousant Léontine       joué également dans de nombreux théâtres de pa-
                                   Boutet de famille pro-     roisse, notamment entre les deux guerres.
                                   testante herminoise, et         Fin septembre, une réédition a été présentée
                                   achète une pharmacie       par la Maison Siloë du côté de Sallertaine, là où
     en face de l’ancienne Mairie de Ste Hermine. Pré-        se déroule l’intrigue de cette tragédie, qui abordait
     senté par Grimaux à Louise, sœur de Léontine, Jé-        un sujet qui était déjà d’actualité à la fin du XIXe
     rôme Bujeaud, son ami, devient son beau-frère. Une       siècle : l’émigration paysanne. Une table ronde avait
     grande complicité d’idées les unira toute leur vie.      même été organisée à cette occasion dans l’église ro-
         Grimaux étudie la chimie dans son officine           mane de cette bourgade maraîchine (que l’Acadé-
     avant de partir pour Paris. Il enchaîne travaux de       micien sauva de la destruction en la faisant classer
     laboratoire, publications et conférences, militant       monument historique). Table ronde orchestrée par
     avec passion pour répandre dans son enseignement         l’association des Amis de Bazin (président : général
     et ses recherches les nouvelles théories chimiques.      Richou) et animée par l’ancien journaliste à Ouest-
     Il obtient un poste à la faculté de médecine, puis       France Jacques Boislève.
     à la Sorbonne, devient professeur à l’Institut Agro-          Ce dernier, au cours du débat, s’inscrivit en
     nomique, puis à l’École polytechnique, avant d’être      faux sur le malentendu Bazin classé réactionnaire : «
     élu à l’Académie des sciences. Ami de Clemenceau,        Ce témoin de son temps et un militant de la cause
     dont il sera brièvement l’adjoint à la mairie de Mont-   chrétienne, engagé dans le christianisme social, qui
     martre, républicain patriote ardent, n’obéissant qu’à    pouvait avoir des propos durs contre les patrons ».
     sa conscience, il entraîne d’autres savants autour       Le témoignage de Armel-René Bazin de Jouy, l’ar-
     de Zola en faveur du Capitaine Dreyfus, cet acte         rière petit-fils de l’auteur ne manqua pas de brio.
     de civisme lui vaudra une radiation immédiate et         « C’est un journaliste qui utilise les techniques d’écri-
     douloureusement ressentie de ses fonctions d’ensei-      vain naturaliste en allant repérer sur place ». Ce qu’il
     gnant et de chercheur à l’Ecole polytechnique. Il fait   fit à Sallertaine. Tandis que la directrice du service
     construire le château de l’Auneau près de Chanton-       des Archives d’Angers n’hésita pas à affirmer qu’on
     nay mais n’aura pas le temps d’en jouir, ses cendres     a « statufié l’académicien, pétrifié même ! Il faudrait
     seront transférées dans la sépulture de sa femme au      éclairer sa personnalité ». Le fonds d’archives est là,
     cimetière protestant de Sainte-Hermine.                  mais ce travail reste à faire.
          Josette Fournier, auteur de plusieurs ouvrages,          En attendant, cette réédition, à la couverture de
     est professeur retraitée des universités (chimie or-     couleur rouge, est intéressante à plus d’un titre, avec
     ganique), co-fondatrice et ancienne présidente           un préambule signé Jacques Boislève et une préface
     du Groupe d’Histoire de la Chimie de la Société          de Bruno Retailleau, président du conseil général de
     chimique de France. Cet ouvrage s’est construit au-      la Vendée.
     tour d’une conférence qu’elle a donnée le 10 mars
     2011 dans le Temple de Sainte-Hermine.
                                                                  		            Philippe Gilbert
     				Josette Fournier

     Texte annoté et illustré par Claude Bujeaud
     Histoire et Patrimoine du Canton de Sainte-Hermine       La terre qui meurt,
                                                              Éditions Siloë. 18 €
     52 p. 12 €


22                                                                             Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013
Gilbert Prouteau


                                                                                     Hommage
                                                                                     à Gilbert
                                                                                     PROUTEAU

                                                                                         Il a commencé par l’athlé-
                                                                                     tisme avec le triple saut qui l’em-
                                                                                     mènera aux Jeux Olympiques de
                                                                                     1948. Mais sa médaille il l’ob-
                                                                                     tient non pour ses qualités ath-
                                                                                     létiques mais en récompense des
                                                                                     pages jugées les meilleures que
                                                                                     le sport ait inspirées. C’était au
                                                                                     temps où l’épreuve littéraire était
                                                                                     une discipline olympique aux
                                                                                     Jeux de Londres !

                                                                                         Cette coïncidence de lieux
                                                                                     résonne aujourd’hui comme un
Prouteau avec Aragon dans son bureau, Aragon dont il connaissait par cœur l’œuvre.   dernier clin d’œil facétieux de sa
C’est d’abord pour cette raison qu’ils devinrent amis.
                                                                                     part.
                                                                                         Ce titre olympique a été pour
                                                                                     Gilbert la confirmation de sa vo-
                                                                                     cation littéraire qu’il a déployée
Nesmy, le 6 août 2012                                                                dans toutes ses dimensions, avec
                                                                                     cet appétit gargantuesque de la
                                                                                     vie que nous lui connaissions. Il
    D’autres que moi auraient été plus légitimes pour prononcer cet                  touche avec bonheur et talent à
hommage à Gilbert Prouteau. Il m’a été demandé d’être, en quelque                    toutes les formes d’écriture : la
sorte, l’interprète de nombreux amis, de ses voisins, ceux qui l’entou-              poésie bien sûr mais encore le ro-
rent aujourd’hui et ceux qui sont unis par la pensée ou la prière.                   man, la biographie, l’essai. Gil-
    Je voudrais dire à ses proches, ses enfants, ses petits enfants que              bert écrivait comme on respire :
nous portons un peu de leur peine. Oui, il était important de lui rendre             avec la même aisance, la même
ce témoignage de reconnaissance, d’affection et de chagrin.                          évidence, la même nécessité aus-
    Mais en même temps quelle tâche difficile tant Gilbert était à lui               si.
seul un univers complexe. Le mot de son maître en poésie Victor Hugo,                    Pour le cinéma il invente le
lui va si bien : « Un poète est un monde enfermé dans un homme ».                    genre que l’on appellera bien plus
                                                                                     tard le docu fiction à partir d’un
                                                                                     mélange d’images d’archives et
  Gilbert était un homme accompli au sens                                                            de fiction.
                                                                                                          Une cinquan-
de la Grèce Antique :                                                                                 taine d’ouvrages
                                                                                                      naîtront sous sa
    athlète du corps et de l’esprit, serviteur de la cité des hommes et des                           plume et non des
lettres. A la fois homme d’esprit, de cœur et de caractère. Ce caractère                              moindres : « Le
qu’il avait si fort, rarement au point de l’avoir mauvais, jamais au point                            sexe des anges »
de briser les élans de son grand cœur. Si Athènes a inventé l’Homme                                   manqua le Gon-
complet, à la fois citoyen et philosophe ; athlète et esthète, Gilbert a                             court de peu ; et
réalisé en lui-même cette exigeante et improbable synthèse.                          ses recueils de poésie lui valurent


     Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013                                                                            23
La Vendée ! Nous sommes à Nesmy et l’enfant
                                                                        du pays est de retour pour toujours dans sa terre
                                                                        originelle. Je me souviens de ce jour humide de dé-
                                                                        cembre dans cette même église, où Gilbert accom-
                                                                        pagnait Hélène à sa dernière demeure. Nesmy, son
                                                                        village natal qui lui avait offert, cher Gérard Rivoisy,
                                                                        le nom d’une rue de son vivant, à lui et à son ami
                                                                        Henri Laborit nés du même creuset fondateur.
                                                                             Gilbert aimait passionnément la Vendée, toute la
                                                                        Vendée qu’il a chantée comme personne. Lui-même
                                                                        se définissait comme « Vendéen du fond des âges et
                                                                        des villages ». On ne comprend rien de lui sans saisir
                                                                        cet attachement vital pour « cette terre aussi étroite
                                                                        dans l’espace et aussi peuplée dans le temps ».
                                                                             En 1953, c’est l’appel de la Vendée plus fort que
                                                                        le chant des sirènes de la célébrité qui lui fait quitter
                                                                        Paris, que pourtant Dieu a choisi ! Mais dans la vie,
                                                                        il faut vivre avant de réussir comme le lui avait sug-
                                                                        géré Roger Martin du Gard. Et c’est à Treize-Vents
                                                                        sur un coteau sauvage connu seulement des genettes
                                                                        et des grives musiciennes qu’il trouve sa Thébaïde
                                                                        inspirée. En contrebas la Sèvre rythmera les saisons
                                                                        et les jours « en chevauchant des meulières ».
     «Unique au monde», telle fut la devise offerte au patriarche par
     ses petits-enfants en 2003, pour ses 50 ans de mariage avec sa
     muse Hélène.
                                                                          « La maison d’Amour où je veux
     dès 1968 de figurer entre Prévert et Queneau, dans                 mourir, j’y suis né à 30 ans passés »
     le dictionnaire de la poésie contemporaine.
          Je dois avouer une préférence pour ses poèmes,                écrira-t-il.
     tout simplement et pour reprendre Couprin « parce
     qu’ils me touchent ». À leur contact, ils s’emparent
     de vous involontairement, inoubliablement. C’est                       Mais pour Gilbert, la Vendée ce ne sont pas seu-
     je crois, la marque des œuvres majeures. La poésie                 lement des paysages envoûtants, ce sont des voisi-
     lui était si indispensable qu’il en a fait l’accomplis-            nages, des personnages qui lui ont donné chair. Il
     sement de son parcours littéraire, avec ce dernier                 s’en inspirera beaucoup. Et il n’aura de cesse d’ap-
     recueil paru il y a tout juste quelques mois sous le               procher l’âme de cette province métaphysique à tra-
     titre d’un oxymore, « La nuit des jours » qui annonce              vers les grandes figures de l’Histoire qui lui étaient
     le crépuscule.                                                     familières, entre autres : Clemenceau et Hugo mais
          Son œuvre valut à Gilbert des prix et des titres              aussi Rabelais, Richelieu, Gilles de Rais, Grignon
     comme celui de Commandeur des Arts et des Lettres                  de Montfort et bien sûr les Vendéens de 1793 aux-
     mais je suis sûr qu’il aurait été déçu que l’on ne men-            quels il dédiera un livre en reconnaissant « qu’il était
     tionne pas celui qu’il revendiquait de Chevalier du                impossible de comprendre l’épopée vendéenne sans
     Mérite Agricole ! Ne se définissait-il pas comme un                remonter à ses racines spirituelles ».
     éleveur de vers luisants ? L’une de ses grandes fiertés                Gilbert n’était pas un historien même si sa mé-
     n’était-elle pas d’avoir réussi à faire fructifier en pleine       moire était prodigieuse. Ce qui le fascinait dans la
     terre du bocage des orangers et des citronniers ? Car              Vendée c’est qu’elle est un pays de héros et de lé-
     Gilbert était aussi l’ami des arbres. Il aurait pu em-             gendes. Avec son maître Victor Hugo il savait qu’il
     prunter à Cicéron sa devise du bonheur : « Un jardin               faut l’Histoire pour le détail et la légende pour
     et des livres », s’il ne manquait pas quelque chose                l’ensemble. Et avec son ami Cocteau il partageait
     d’essentiel pour lui. Cet essentiel au sens étymolo-               la conviction : « que la légende c’est du faux qui
     gique du mot, c’est la Vendée et l’amitié.                         s’incarne et l’histoire du vrai qui se déforme »


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Gilbert Prouteau

La Vendée, disait Jean Yole,                                   Avenir, souvenirs, nuances si légères,
                                                               Au feu de ce qui brûle, brûle ce qui sera.
c’est Charette et Clemenceau.                                  							
                                                                                          Bruno RETAILLEAU
Il faudrait y ajouter Prouteau.
                                                                    Président du Conseil Général de la Vendée


    D’autant que Gilbert possédait le caractère de
l’un et de l’autre : rebelle et libre. Deux visages d’une
Vendée qui n’en fait qu’un devant l’histoire.
    Ce double sillage a été le sien, dans le refus de
la tiédeur et du prêt-à-penser. « Le roman d’un
rebelle  », l’un des romains autobiographiques les
plus réussis, donnait la tonalité d’une vie où la polé-
mique et les manières de mousquetaire ont souvent
été un style. Ce côté potache lui venait peut-être par
contraste de son père et de sa mère, hussards de la
République qu’il admirait pourtant.
    Mais la grande affaire de sa vie aura été l’amitié
qu’il a cultivée soigneusement, fidèlement comme
un Art de vivre, comme un « luxe des relations hu-
maines » cher à Max Jacob qu’il a peut-être croisé
aux côtés de Picasso ou de Cocteau.
    Gilbert avait de nombreux amis, célèbres ou
non. Il avait pour chacun la même attention. Il pen-
sait que « rien ne surpasse d’être un ami pour un
ami » selon le mot si juste de Schiller. C’est bien sûr
l’amitié qui nous autorise à dire : « je suis parce que      Rebelle est bien le terme qui convient pour qualifier Prouteau.
tu es ». Proust avait l’habitude de dire que la litté-                                        Rebelle dans le sens réfractaire.
rature est une amitié. Dans le cas de Gilbert c’est si
vrai. Pour écrire il faut aimer. Les lettres d’amour et
d’amitié - mais où est la frontière entre les deux - ont
souvent été les fulgurances du génie : Montaigne à
La Boétie, Goethe à Schiller, Aragon à Elsa, Gilbert
à Hélène.

    T’en souviens-tu ce soir lointain d’Auteuil Hélène
    Ces couleurs du futur au seuil de tes vingt ans
    Une idylle imitée du sanglot des fontaines
    Qui jaillit d’un murmure et s’écoule en chantant.

   La Mort n’a pas de prise sur l’amour. L’Amour
ne passera pas.




    Et j’entends encore les voix mêlées de Gilbert
et d’Hélène réciter en parfaite harmonie ces vers
d’Aragon qu’ils aimaient tant :                             Ce livre parut en 1998 aux Editions Hérault. Sur la couverture,
                                                             la maison des Hautes-Roches où l’écrivain vécut près de 50 ans.



    Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013                                                                                    25
Repères                                                      jours avant sa sortie officielle dans un incendie vo-
                                                                  lontaire des laboratoires UGC. On retrouvera mi-
     Gilbert Prouteau                                             raculeusement une copie 17 ans plus tard, lors du
                                                                  déménagement de la Cinémathèque de Montréal.
     (1917, Nesmy-2012, Cholet)                                   Maudit, ce film est aussi un miracle.
                                                                  1972. Prouteau se lance dans le polar et Tout est
     en 15 dates                                                  dans la fin est un succès littéraire. Mais l’adaptation
                                                                  pour la télévision par Jean Delannoy, avec Michel
                                                                  Duchaussoy, est beaucoup moins réussie.
                                                                  1974. Victor Hugo, homme de l’ouest est réalisé en
     1942. Rythmes du stade est son premier livre, un             coproduction Antenne 2-BBC. Le metteur en scène
     recueil de poésies. Le jeune Prouteau vit à l’époque         Gilbert Prouteau garde son style particulier (dans le
     en France libre, à Antibes, où il a suivi le déména-         montage ; et dans la poésie des dialogues ou, plus
     gement de l’École nationale d’Athlètes dont il fait          souvent, de la voix off). Le téléfilm ne rencontre pas
     partie. Et après avoir fini la guerre comme deuxième         un gros succès. Il est diffusé le jour de la mort du
     classe, dans les Alpes.                                      président Pompidou.
     1948. Rage ! Prouteau, international d’athlétisme, se        1985. La nuit d l’île d’Aix, paru chez Albin-Michel,
     claque peu avant les Jeux Olympiques de Londres. Il          est un roman historique sur les derniers jours de Na-
     s’y déplace comme journaliste. Mais inscrit aux Jeux         poléon sur le sol français. Une belle réussite. Mais
     Littéraires (la dernière édition), il se voit attribuer      jamais adaptée en images, malgré Michel Charrel,
     la médaille de bronze, grâce à une traduction de la          l’assistant metteur en scène de Prouteau. Celui-ci
     préface de Rythmes du stade, qui était signée Roger          avait obtenu l’accord de Raymond Pellegrin pour le
     Vercel !                                                     rôle, mais ne trouva jamais les fonds pour le pro-
     1953. Son premier long-métrage, La vie passionnée            duire. Gilbert Prouteau : « l’histoire du cinéma est
     de Clemenceau, est bouté du Festival de Cannes (il           aussi faite d’une foultitude de projets qui n’ont pas
     fait dire les mots « Boche » et « Teuton » à Clemen-         abouti ».
     ceau). Mais il remporte le Grand prix d’Edimbourg.           1989. Dans L’ombre d’un juif, le Vendéen natif de
     La même année, son roman Saison blanche est tra-             Nesmy retrouve tous les ressorts et tout le jus origi-
     duit en japonais, où il fait un tabac.                       nel de sa verve au réalisme poétique, proche de celle
     1955. Je m’appellerai Guillaume Apollinaire est un           du Sexe des Anges. Mais le livre marche mal. « Je me
     métrage de 25 minutes, avec la voix en off de Mou-           suis cru fini ! »
     loudji et des moyens modestes pour ce qui reste la           1992. Le Vendéen rebondit avec Gilles de Rais où
     plus belle biographie filmée du « maître de la poésie        la gueule du loup (le Rocher). Son réquisitoire en
     de la première moitié du XXe siècle ». Aragon étant,         faveur de « Barbe-Bleue » sent le souffre. Les médias
     toujours selon Prouteau, « maître de la seconde moi-         nationaux s’en emparent. Prouteau parvient même
     tié du XXe siècle ». L’année précédente, il a réalisé        à obtenir la réhabilitation du Maréchal devant une
     Cent ans de sport, avec pour assistant-metteur en            Cour internationale. Aux limites du canular !
     scène un certain Georges Lautner.                            1996. Poète avant tout, Prouteau n’aura cependant
     1961. Le Sexe des anges, édité chez Grasset, favori          écrit que 10 recueils dans sa foisonnante verve
     du Goncourt, est recalé à l’arrivée. « Dommage, ça           alexandrine, dont Les fleurs de l’âge (Presses du Vil-
     m’aurait bien arrangé. Mais je n’ai pas toujours réus-       lage), qu’il considérait comme son meilleur livre !
     si ma carrière », regrettait parfois l’intéressé. Ce livre   2002. Je passe aux aveux est un livre interview, mené
     est probablement son meilleur. Son plus gros succès          par l’éditeur d’Orbestier Xavier Armange. Un té-
     littéraire aussi.                                            moignage des plus dynamiques, parfois déroutant, à
     1965. Le Machin (Table Ronde) est précurseur des             l’image du personnage. Jamais inintéressant.
     romans de politique-fiction. Mais c’est un bide.
     Prouteau : « on a toujours tort d’avoir raison trop          2012. Au début de l’année, Gilbert Prouteau a sorti
     tôt ».                                                       La nuit des jours, chez son amie Régine Albert. Et
     1969. Dieu a choisi Paris, après 4 ans de tournage et        le prochain, Les mots de passe, il en avait remis les
     de montage, sort enfin. Avec Belmondo en tête d’af-          ultimes corrections à sa fille Isabelle peu avant de
     fiche. À l’avant-première, Malraux encense l’œuvre.          mourir. Publication espérée pour le prochain Prin-
     Mais la malédiction veille. Le film brûle quelques           temps du livre de Montaigu.



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Gilbert Prouteau

                                                                    Surdoué et sportif médaillé
                                                                         Suite à des complications pulmonaires, Gilbert
                                                                    Prouteau est parti le 2 août dernier. Durant les Jeux
                                                                    Olympiques de Londres, Jeux auquel il participa
                                                                    en 1948, à Londres justement ! Et d’où cet athlète
                                                                    international (6e Européen du triple-saut en 1947)
                                                                    ramena une médaille de bronze, dans la discipline
                                                                    artistique de la littérature, qui existait encore alors.
                                                                    Un clin d’œil bien à l’image de ce personnage fa-
                                                                    cétieux, qui racontait cette histoire dans le film
                                                                    L’esprit olympique, d’Alexa Schulz, diffusé sur Arte…
                                         La plume et le             Le jour de sa mort ! Et rediffusé le matin de son en-
                                         maillot, c’est Gilbert     terrement ! Gilbert a toujours su soigner ses sorties,
                                         Prouteau, prix de          il n’a pas manqué sa dernière.
                                         littérature sportive dès
                                         son premier recueil.
                                                                         Parti, Prouteau, rejoindre les anges, ceux qui
                                                                    auraient pu lui donner le Goncourt en 1961 (Le sexe
                                                                    des anges, son meilleur roman…) Les faire rire aussi,
L’écrivain-cinéaste et poète                                        certainement. Car la rigolade, la farce et l’amitié
                                                                    sont des trésors qu’il a cultivé toute sa longue vie.
Gilbert Prouteau s’est éteint à                                     Également la provocation. Car elle faisait partie de
                                                                    la rigolade. Et du génie de ce Vendéen né en 1917,
l’âge de 95 ans, le 2 août dernier.                                 à Nesmy. Un fils d’instituteurs, un Vendéen du fond
Sa carrière fut hors-norme.                                         des âges.
                                                                         Prouteau l’inclassable, est probablement passé à
     « Vieillir est indécent ! Et les souvenirs sont                côté d’une carrière plus fulgurante. Mais ce surdoué,
tyranniques, comme un bonheur perdu », confiait                     à la scolarité désastreuse à La Roche-sur-Yon et Fon-
Gilbert Prouteau à sa fille Isabelle et sa belle-sœur               tenay-le-Comte, qui se définissait volontiers comme
Aline, voilà encore quelques semaines, en lâchant                   « un demi-raté à peu près passionné par tout », fut
le livre qu’il tenait, Beaux nuages le soir, de Michel              un touche-à-tout. Hanté par la volonté de se renou-
Peyramaure. Bien ce livre, demandèrent sa fille et sa               veler. Sport, poésie, littérature, cinéma… Oui, tout
belle-sœur ? « Vivant, alerte, présent, passionnant. Il             le passionnait et le Septième Art lui permit de réa-
faudra le dire à ce jeune homme », le Briviste Peyra-               liser ce qui est peut-être le chef-d’œuvre qui fera sa
maure, qui fête ses 90 printemps cette année.                       postérité : le long-métrage Dieu a choisi Paris, avec
                                                                    Jean-Paul Belmondo, s’il vous plaît ! Film à l’incom-
     Gilbert Prouteau, dans son grand âge, avait gardé              parable poésie, mélangeant images de fiction et d’ar-
beaucoup de lucidité, beaucoup de malice aussi, elle                chives, procédé dont il fut novateur dès 1953, avec
pétillait dans l’œil. Tandis que sa fille Isabelle, qui             La vie passionnée de Clemenceau.
était la seule à décoder son écriture en hiéroglyphes,
lui tapait ses manuscrits. Car il continuait à écrire.
« Que veux-tu que je fasse d’autre ? Il faut bien que
je m’occupe en attendant qu’on me rappelle ! »
                                                                    50 livres, 15 films, provocateur,
     Il avait encore sorti un recueil de poèmes au                  mondain, Vendéen
début de l’année (La nuit des jours, Écho-Optique
Éditions). Ce bateleur du verbe et des phrases sem-                     Prouteau est parti, et maintenant qu’il nous reste
blait y entretenir la flamme vacillante des mots,                   son œuvre, il ne s’avère pas facile de la déballer, de la
« mots d’ordre et de passe, d’espoir et d’amour, di-                détailler. Au compteur : 50 livres, 15 films. Dans les
lués par le temps dans l’espace », comme il l’écrit en              50 livres, de la poésie, des nouvelles, des romans, des
alexandrins. La verve rythmée, les mots ranimés.                    romans historiques, des essais… Au cinéma, trois
     Il avait aussi eu le réflexe, trois jours avant son            longs métrages, ainsi que des moyens et des courts,
« rappel », de donner à sa fille les dernières correc-              dont plusieurs biographies, Victor Hugo, Saint-Ex,
tions de son prochain livre, Les mots de passe. Les                 Apollinaire (Je m’appellerais Guillaume Apollinaire,
mots, toujours…                                                     avec la voix de Mouloudji en off)…


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livre réhabilitant la mémoire de « Barbe-Bleue »,
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                                                                       toire ». Le provocateur avait le sens de la formule.
                                                                       Le provocateur qui était aussi un orateur hors pair.
                                                                       Et un mondain très prisé. « Vous n’imaginez-pas en
                                                                       Vendée comme Gilbert était une vedette des salons
                                                                       parisiens ! », confiait voilà peu Jean-François Probst
                                                                       (l’auteur de Chirac et dépendances).
                                                                           Gilbert Prouteau avait aussi le sens de sa terre,
                                                                       la Vendée, sur laquelle il n’a pas manqué d’écrire.
                                                                       Dans son avant-dernier livre, Le roman de la Vendée
                                                                       (Geste Éditions), tout est déjà dans le titre ! Et même
                                                                       quand il fréquentait assidûment les salons parisiens,
     Prouteau fonda le prix de l’Art de Vivre. Dans les années 1980,   il ne manqua jamais à la Vendée, l’habitant, d’abord
     il le remit à Bordeaux. Il est entouré de gauche à droite par     en pays des Olonnes ; puis, à partir de 1963, dans le
     Michel Crépeau, Jacques Chaban-Delmas (avec sa femme) et          bocage, entre Treize-Vents et Mallièvre. Aux Hautes-
     Vincent Ansquer.                                                  Roches, dans une demeure dominant la Sèvre Nan-
                                                                       taise, parmi des arbres centenaires.
                                                                           Comme le « bonhomme » ne détestait pas la fla-
                                                                       gornerie, quand on lui disait : Gilbert, si tu étais
                                                                       resté à Paris, tu serais parmi les grands !… Il aimait
                                                                       ouvrir sa fenêtre et répondre : « mais je suis parmi
                                                                       les grands ».

                                                                          Ph. G.




     En 2003, Prouteau remet le prix de l’Art de Vivre à
     Rambouillet. De gauche à droite, lors de la remise du prix :
     G.Prouteau, Jean-François Probst, Laurence de Jarnac, Georges
     de Caunes, Gérard Larcher, qui est aussi le maire de cette
     commune.




          Des biographies, il en a aussi écrit, car il avait la
     passion de ses « dieux littéraires ». Et des « Dieux de
     son temps », les rencontrant d’abord comme jour-
     naliste (à l’hebdomadaire Carrefour, après la Libé-
     ration) puis comme écrivain, mondain aussi, car
     l’artiste était brillant dans les salons parisiens, ren-
     contrant Picasso, Dali, Cocteau, Malraux, Aragon,
     Jacqueline Auriol… S’en faisant des amis, car il vou-
     lait s’accorder « le luxe des relations humaines ». Et
     il n’a jamais manqué d’être demandé par les médias,
     intervenant à plusieurs reprises dans « Lectures pour
     tous » et « Les dossiers de l’écran » à la Télévision,
     chez Pivot, Poivre d’Arvor et Philippe Gildas, sur                   Pour ne pas faire comme tout le monde, Prouteau fit un film
     Canal +, au moment de la sortie en 1992 de Gilles                   avant le livre sur Clemenceau (25 ans plus tard). Clemenceau
                                                                            est certainement un des personnages qui l’influença le plus.
     de Rais ou la gueule du loup (Éditions du Rocher),


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Gilbert Prouteau

Lundi 6 août 2012
    Nous n’oublierons pas cet après-midi du 6 août
où nous avons accompagné « l’éleveur de vers lui-
sants » dans le petit cimetière de Nesmy.
    Je me souviens. Les cloches sonnaient lorsque je
suis arrivé sur la place de l’église. Je me répétais ces
vers qu’il nous avait dédiés, à Marie-Claire et moi,
dans son ultime recueil de poèmes « La nuit des
jours ».
    	 Ce soir monte de la fontaine
    	 La voix que la mort a changé
    	 En sanglot rouillé d’âme en peine
    	 Et cette corne de berger
    	 Qui porte à la tombe d’Hélène                        Picasso se déguise en clown pour acccueillir son ami Gilbert
    	 Ses relents de fleur d’oranger.                      (photo collection Jean Cocteau).

    Je les ai ressassés en embrassant Isabelle, Philippe        Tout était juste dans cette cérémonie funèbre,
et toute la grande famille des amis Gilbert Prouteau       sans… cérémonie. Le Gilbert des derniers jours à
qui frissonnait dans la chaleur orageuse de cet après-     Treize Vent était au milieu de nous, celui de la mai-
midi d’été. Le vent soufflait. Les mots du poète           son des Hautes Roches qui corrigeait hier encore le
avaient toute leur force. Chaque parole était sanglot      manuscrit des « Mots de passe » à paraître prochai-
rouillé. Les cloches sonnaient, corne de berger. Le        nement et qui avait retrouvé soudain l’éclat de son
fourgon noir est arrivé. Nous sommes entrés der-           regard d’aigle.
rière Gilbert pour nous recueillir autour de l’autel.           Bruno Retailleau est allé à son tour au micro et
L’église n’était pas pleine, la faute à l’été. Des amis    il a prononcé l’éloge superbe que nous avons repro-
manquaient à l’appel. Mais c’était peut-être mieux         duit plus haut. Il a tout dit, le sportif, le touche à
ainsi, plus intime, plus vrai.                             tout de génie, le poète, l’emmerdeur, la folie. Il a dit
                                                           l’ami aussi. On n’a pas applaudi. Ca ne se fait pas
    Laurence, la fille aînée, a parlé en son nom et        dans une église, dans ces circonstances-là. Mais j’ai
celui de ses sœurs. Et j’ai pensé aux mots du poète.       pensé que Gilbert aurait aimé qu’on le fasse. Que, là
                                                           où il était, lui ne se privait pas d’applaudir.
                                                                Le prêtre a eu aussi les mots justes. Il n’a pas ou-
        Tendres matin de notre vie
                                                           blié Hélène. Il a fait brûler son encens pour l’un et
        Dans les boucles de notre aînée                    l’autre. Il les a réunis dans la prière, la « reine morte
        Laurence Isabelle Flavie                           au bois dormant » et le compagnon de la Marjolaine.
        On vous attend venez dîner                         Nous sommes allés saluer Gilbert une dernière fois
                                                           devant l’autel. Nous avons chanté un dernier chant.
    Adrien a parlé aussi, le fils de Claude, le frère de   J’ai pensé encore à ces vers du poème :
Gilbert parti jeune à 85 ans ! Son neveu a employé
les mots du cœur, des mots vrais, des mots justes.             Dix mille jours dix mille nuits
    « Il est deux parts dans la vie, a-t-il dit citant         Fondus noyés dans la mémoire
la recommandation de Gilbert, une pour la gagner,
une pour ne pas la perdre, surtout prends garde à ne           Les portes de l’église se sont ouvertes. Quand
pas la perdre en voulant trop la gagner… S’il est un       Gilbert est sorti, il pleuvait. Presque rien, une averse
homme qui toute sa vie a respecté ce précepte, c’est       au soleil d’été, le ciel pleurait à son tour. Le vent a
bien lui. Homme de génie pour certains, controver-         soufflé pour sécher les larmes.
sé par d’autres, Gilbert avait dans ses mains toutes
les cartes pour abattre une grande carrière. C’est             On a seulement traversé la place. Le cimetière
pourtant toujours auprès des siens qu’il a préféré         est de l’autre côté de la route.
rester... »                                                    				Yves Viollier


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Confidence sur Carné
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                                                                              C’était l’hiver dernier. En rendant visite un
                                                                         week-end à Gilbert Prouteau, lui emmenant le Rou-
                                                                         mazaf, plat malgache dont il se régalait. Gilbert est
                                                                         resté fine gueule.
                                                                              Durant sa sieste, petit tour dans la bibliothèque
                                                                         des Hautes-Roches, une pièce ronde et tant de livres,
     Prouteau voulait rencontrer tous les Dieux de son temps. Ici avec   à vous donner le tournis… Tiens, un livre de souve-
     Montherlant.                                                        nirs de Marcel Carné, dédicacé à Gilbert Prouteau.
                                                                              M’a jamais parlé de ça le Vieux ?… Je l’apos-
                                                                         trophe à sa sortie de sieste. Gilbert, paix à ses 95
                                                                         ans qu’il approche, ne se souvient plus. Lui qui aime
                                                                         tant se vanter d’avoir rencontré tous les dieux de son
                                                                         temps ne trouve pas trace de Carné dans sa mémoire
                                                                         qui a été prodigieuse. « C’était quand ? » s’enquiert-
                                                                         il. En 1979, tu n’avais que 62 ans ! « j’étais d’une
                                                                         jeunesse attardée », ironise l’intéressé. « Qu’écrit-t-
                                                                         il ? » Il exprime ses regrets à son ami Gilbert qu’un
                                                                         projet ensemble n’ait pu aboutir.
                                                                              Puis je lui montre la dédicace. Il chausse ses lu-
                                                                         nettes. Et la mémoire revient, tel un tourne-disque.
                                                                         « On se tutoyait ». Oui, ils ont eu un projet cinéma
                                                                         ensemble, portant sur la civilisation se structurant
                                                                         et évoluant autour de la littérature. « C’est Roland
                                                                         Lesaffre qui m’a amené à Carné ». T’as pas couché
      En 2000, le vice-président du Sénat Gérard Larcher rend            avec lui, que je rigole ?.. « Non !.. Mais ça fait par-
     hommage à l’artiste sur ses terres, à Nesmy. De gauche à droite :   tir des occasions perdues ». D’avoir pas couché avec
     Dominique Caillaud, Louis-Marie Barbarit, Gilbert Prouteau,         lui ? « Non, idiot, ce film ». Mais ton contact avec
     Louis Moinard, Gérard Larcher, Alain Rivoisy et Claude Prou-        Carné, ce fut comment ? « Très chouette avec moi,
     teau, le frère de Gilbert.                                          alors qu’il avait mauvaise réputation ».
                                                                              Le « malin vieillard du bocage » (référence à Vol-
                                                                         taire) semble réfléchir et s’assoupir. Il enchaîne, l’œil
                                                                         malicieux, gourmand : « c’est lui qui est le champion
                                                                         olympique du cinéma avec ses Hôtel du nord, Quai
                                                                         des brumes, Jour se lève, et autres Visiteurs du soir,
                                                                         enfants du paradis, Thérèse Raquin, Tricheurs…
                                                                         Mais Carné était devenu amer… Il ne pouvait plus
                                                                         monter de films dans les années 1970, on lui refusait
                                                                         tout crédit »…

                                                                             Et Arletty, quand on parle d’Hôtel du nord et
                                                                         d’atmosphère, atmosphère… « Je l’ai rencontré dans
                                                                         sa loge quand je faisais du journalisme ». À l’hebdo-
                                                                         madaire Carrefour. Après la Libération. Une histoire
     Le jeune Gilbert Prouteau rayonne entre ses profs à Fontenay,       avec elle ? « Non ! » Un détail lui revient. « Elle était
     les professeurs Lecoq et Thomassont. A ses côtés, l’avocat Roland   maigrichonne ».
     Belin.                                                                  			Ph. GILBERT


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Gilbert Prouteau

Philippe Écalle, journaliste                              Que retenez-vous de l’œuvre ?

(prix des écrivains de Vendée                                  Difficile de ressortir une de ses œuvres, lui-même
                                                          n’y arrivait pas ! Il a touché à tout et il ne s’est laissé
2011) :                                                   enfermer dans aucun genre. Il ne voulait pas vivre
« Gilbert était un magicien                               comme un oiseau dans sa cage. Il était libre. Et il le
                                                          revendiquait. Mais son film « Dieu a choisi Paris »
qui transcendait le réel »                                est exceptionnel. Gilbert Prouteau a su capter ce lieu
                                                          qui a concentré toutes les audaces et les intelligences
                                                          durant un demi-siècle. Il a su sentir mieux que les
                                                          autres peut-être, lui le petit vendéen de Nesmy, les
                                                          bouleversements du monde qui sont nés à Paris. À
                                                          l’image de ce film, Gilbert était un audacieux, qui ai-
                                                          mait prendre des risques, danser sur un fil, se mettre
                                                          en danger… Je me sens un peu orphelin aujourd’hui
                                                          et je ne suis sans doute pas le seul.




Que retenez-vous de cet artiste que vous connais-
siez intimement depuis 15 ans ?

     Quand je l’ai rencontré chez lui aux Hautes-
Roches pour la première fois en 1997, il avait 80
balais et moi 33 ans. Mais j’avais l’impression que
c’était lui le jeune homme ! J’ai été tout de suite
marqué par sa vitalité intellectuelle. L’homme,
comme l’écrivain, démontrait une étonnante faculté
à tout romancer, à sublimer le réel, à embraser les
mots, les faire danser… Je suis souvent revenu le voir
pour l’écouter, comme si c’était un griot. Le griot
du haut-bocage ! Celui qu’on prend plaisir à écou-
ter, comme les enfants, le soir avant de s’endormir,
même si c’est pour se faire raconter plus ou moins
la même histoire. Sans chercher à démêler le vrai
du faux, car il avait d’abord cette capacité à nous
embarquer, à transcender le réel.
     J’aimerai ajouter que ce conteur extraordinaire
était aussi un homme généreux, qui avait le sens
                                                                                 En 2001, Gilbert Prouteau et Philippe
de l’accueil. Et s’il parlait beaucoup, il savait aussi
                                                                                       Ecalle (prix Ecrivains de Vendée
t’écouter, une façon bien à lui de tendre l’oreille                                  2011), à la sortie du film «Dieu a
pour bien entendre ce que tu avais à lui dire. Oui,                                  choisi paris», diffusé au Concorde,
c’était un réel plaisir à chaque fois que je le rencon-                           rue Gouvion à la Roche-sur-Yon. On
trais, à chaque fois que j’allais aux Hautes-roches.                                  reconnait aussi Joël Bonnemaison
Gilbert était un magicien qui nous sortait des lapins
de son chapeau dans son château !


    Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013                                                                             31
Premier rendez-vous
                                        pour Pierre Yberra
                                        avec Gilbert Prouteau
                                            En 2008 j’ai commis deux livres. Dans le pre-
                                        mier, je racontais ma jeunesse dans l’Algérie encore
                                        française. Dans le deuxième, mon installation dans
                                        la Mère Patrie, à la Roche sur Yon précisément. Et
     Toujours à la Mainborgère          dans le flambant neuf immeuble des Forges, réservé
     (commune de château-Guibert)       en parti aux pieds noirs, nouveaux arrivants, et aux
     en 1997, Gilbert Prouteau et       vendéens, fils de paysans, victimes de l’exode rural,
     l’illustrateur Claude Delau-       qui fuyaient la terre pour l’usine et le confort des
     nay dont les parents furent        meubles en formica…
     longtemps intituteurs dans ce          Mes deux petits trucs… se sont retrouvés entre
     village. Môme, Gilbert, de
                                        les mains de Gilbert Prouteau. Les ayant lus, il m’ap-
     Nesmy, venait le retrouver le
     jeudi. «C’était mon plus vieil
                                        pela pour me parler de mes œuvres complètes…
     ami», déclarera-til à la mort de   Après un bref échange téléphonique Il me dit : qu’il
     Claude en 2000.                    aimerait bien me rencontrer pour en parler... Il me
                                        donna son adresse, nous prîmes rendez-vous pour
                                        un après-midi. Il me demanda d’arriver tôt : 14h,
                                        14h30… Il tombait bien, je suis du genre plutôt en
                                        avance qu’en retard.
                                            Je suis arrivé à heure dite, à Treize-vents, dans la
                                        « Suisse vendéenne », son Vevey en quelque sorte…
                                        Au détour d’un bosquet et d’une longue pente, sa
                                        maison bien cachée domine la Sèvres nantaise. Avant
                                        de m’avancer vers l’escalier de la terrasse, je suis resté
                                        un instant pour goûter la beauté de l’endroit.


                                          Sous un parasol, assis, il m’at-
     Gilbert Prouteau et Jean           tendait. Devant lui, il y avait mes
     Huguet ont beaucoup à se dire.
     C’était en 1997, lors d’une
                                        deux ouvrages garnis de signets.
     inauguration à la Mainborgère.
                                            Après les mots d’usage, il m’entraîna dans son
                                        bureau. Il y avait des tableaux partout sur les murs.
                                        J’en regarde un particulièrement, qui avait un petit
                                        côté Chagall. Je lui pose la question. Il me répond :
                                        qu’il est de Consuelo de Saint-Exupéry, l’épouse de
                                        Saint Ex et que la toile dans son milieu est rehaussée
                                        de sa main d’un dessin du Petit Prince. Il m’apprend
                                        que Consuelo était la marraine de son fils.
                                            Il m’invite à m’asseoir, il prend place à son bu-
                                        reau. Il me dit qu’il ne fume pas mais qu’il prend
                                        soin de ne fumer qu’une demi-cigarette de temps à
                                        autre, quand il peut sortir de la couverture radar des
                                        deux cerbères qui le chaperonnent…
     En 1948, le jeune Prouteau             Je ne risquais pas d’être embarrassé, c’est lui qui
     rencontre le Maréchal de Lattre.   menait la conversation. Il se racontait tout en me


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un dernier texte sur Gilbert Prouteau !


posant des questions sur ma vie en Algérie, sur ma          son Temps des cerises. Et que seulement pour cette
vie en France. Sur mes goûts... Il m’avoua qu’il avait      chanson, il était plus reconnu de nos jours qu’Albert
été cinéaste aux armées en 1956 à la demande de             Samain ou François Coppée... Il me réitère sa ques-
Robert Lacoste, alors ministre-résident et gouver-          tion. Je lui réponds : Aragon, Prévert, Apollinaire,
neur général de l’Algérie. On ne s’est pas trop dé-         pour le vingtième siècle. « Vous aimez Aragon, vrai-
voilé sur cette période.                                    ment ? » Ses yeux se mirent à briller, et il me balance
    Il se mit à feuilleter mon premier livre et il me       les yeux d’Elsa dans sa totalité. « Ah ! Aragon, je l’ai
m’assène : « Vous avez l’air d’aimer le cinéma, Vous        bien connu, c’était un ami. Il était un bourgeois de
avez une écriture pour le cinéma. Ça vous aurait inté-      la pire espèce, déguisé en stalinien, un mystificateur,
ressé les femmes du cinéma et les petites culottes... »     capable dans son stalinisme exacerbé, de s’amoura-
Et le voilà parti sur les instants de sa vie de cinéaste,   cher de Nancy Cunard qui lui en fit voir pis que
du temps où, il côtoyait les stars de son époque. Il        pendre. Mais malgré tout, un poète de génie. J’au-
me parle de Danielle Darrieux qu’il a connue par            rais aimé avoir eu ses trouvailles poétiques. Écrire
l’entremise de son ami Jean Delannoy. De Gabin              Aurélien, les cloches de Bâle ».
aussi, qu’il trouvait un peu ours. Je crois que cette
rencontre c’est faite durant le tournage de La vérité
sur Bébé Donge. C’est un peu à cause de Danielle               Il continue de me raconter Ara-
Darrieux que j’ai intitulé mon papier en m’inspirant
du titre d’un de ses films et de sa chanson : Premier       gon en me déclamant ses poèmes.
rendez-vous, un clin d’œil en hommage.                      Je me mis à en dire.
     Il digresse sur Simenon qu’il admire. « Vous
savez qu’il a vécu pendant la guerre, aux Sables, à             Ça tombait bien, j’en connais moi aussi
Fontenay le Comte, dans notre chère Vendée, à La            quelques-uns. Il est étonné. Je lui en sers un ou deux
Rochelle aussi, chez mon ami Michel Crépeau ». Il           qu’il avait oubliés. On finit par L’affiche rouge. Et ces
me demande si j’ai connu Michel Crépeau. Oui, je            mots magnifiques :
n’ai pas connu grand monde, mais j’ai connu Mi-
chel Crépeau, lui aussi vendéen. Homme libre et du
même bois que Gilbert Prouteau.                                 Adieu la peine et le plaisir adieu les roses
                                                                Adieu la vie adieu la lumière et le vent
                                                                Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
   Il me raconte qu’avec Michel,                                Toi qui va demeurer dans la beauté des choses
pour emmerder certains, ils ont
                                                                 Pour faire bonne mesure, il embraye sur Elsa
refait le procès de Gilles de Rais                          Triolet, dont il me dit que son seul livre lisible, est :
afin de le réhabiliter.                                     Le Cheval blanc. Que tout le reste est à oublier. Je le
                                                            trouve un peu sévère. On parle de Lili Pik, la sœur
                                                            d’Elsa, de Maïakovski. De la jalousie d’Esla envers
    « Avez-vous lu mon livre : Gilles de Rais ou la         Lili... de la fin pitoyable d’Aragon. De son « chan-
gueule du loup ? » Je lui avoue que non.                    gement de sexualité » à la mort de sa femme, de ses
    Il est intarissable sur sa vie, sur ses rencontres,     amours dans son grand âge pour les minets, de sa
sur sa jeunesse sportive. Il m’offre Cocteau comme          coiffure à la Buffalo Bill…
un cadeau. Me disant, que quand il était amoureux                Il était presque 19h. Ça faisait 5 heures que nous
d’un bel homme, rien ne le retenait. En dehors de           parlions. Il me demanda, si je voulais boire quelque
son addiction à l’opium, il était l’esprit à l’état pur.    chose : du vin par exemple. Je lui ai dit que je n’avais
J’eus droit à Dali, Picasso, Bardot…                        pas soif. Que j’avais tout l’après-midi, bu ses paroles.
    J’étais un peu confus de m’incruster. Je lui en fis     Il a souri. Il a fumé une énième demi-cigarette. Nous
part. « Allons vous n’êtes pas pressé, on est tous les      en sommes restés là. Nous nous sommes promis de
deux en bonne compagnie ».                                  nous revoir. Nous nous sommes revus. Sur la route
    Tout à trac, il me demande : « quel est votre           en rentrant, ma tête était dans les nuages. Je n’ai
poète préféré ? » Je lui réponds que je n’aime pas le       qu’un seul regret, c’est de l’avoir connu sur le tard…
verbe préférer. En lui précisant que certains poètes             	 Pierre Yborra,
n’ont laissé qu’un seul poème, qui a fait leur gloire,           	 auteur de Au 4 de la rue Rapide
comme Jean-Baptiste Clément, par exemple, et                    	   (lire dans ce magazine page 58)


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À Challans, la librairie Despret
     a ouvert une épicerie




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     « C’est comme si nous on se met-                           très bon ménage. La rue Carnot, artère principale de
                                                                la deuxième ville de Vendée, n’a rien perdu de son
     tait à vendre des petits pois »,                           tonus, en gagnant même.
     s’amusaient Nicole Biteau et son
     fils Mathieu lorsque les grandes
     surfaces accélèrèrent leurs in-                            L’avenir du support papier
     vestissements en librairie voilà                               Les Biteau sont les troisième et quatrième gé-
                                                                nérations de commerçants challandais. Alphonse
     quelques années.                                           et Rose Despret ont créé leur commerce de vente
                                                                de journaux en 1927, avec une charrette à bras ! Ils
                                                                effectuaient leur tournée pour vendre les titres à la
                                                                criée... Ils ouvriront un espace rue Carnot en 1936.
         Aujourd’hui, la réalité économique a rejoint           Les enfants Maurice et Christiane Despret déména-
     cette boutade.                                             gent le magasin à l’emplacement actuel dans cette
                                                                rue en 1954. Dépositaires, libraires, Maurice (88
         Pourtant, la Maison de la Presse, aussi appelé         ans cette année) et Christianne auront longtemps
     Espace Despret, est une institution à Challans. Et si      tenu les rênes, du lundi au dimanche, Maurice dis-
     crise du papier il y a, la Maison de la presse s’en sort   tribuant les journaux dans les boites à lettre à partir
     plutôt bien. Mais cet été, une partie de la librairie      de 4 h du matin.
     située rue Carnot est devenue une épicerie, précisé-
     ment une supérette sous l’enseigne Carrefour-city.              En 1990, Nicole prend la succession de ses
                                                                parents. « Malgré les perturbations du métier avec
         « Ce qui nous a remis en question, affirment           l’arrivée des nouvelles technologies, nous sommes
     Nicole Biteau, entouré de ses enfants Mathieu et           de ceux qui estiment qu’il y a encore un avenir pour
     sophie, co-gérants de cette affaire qui compte 19 sa-      le support papier, notamment dans la proximité,
     lariés, ce sont des clients qui nous disaient qu’ils ne    avec un spécialiste dans chaque rayon ». Mais l’ali-
     pouvaient plus acheter à manger dans le centre ».          mentaire aura désormais son rôle. « Notre chance
     Car comme d’autres, le Lidl est parti à la périphérie.     est d’avoir 950m2 d’espace. 300m2 sont consacrés à
     « Nous assistions à une évasion de la clientèle vers la    l’alimentaire, en y détachant 6 de nos salariés. Et
     périphérie, et pour l’alimentaire, et pour le reste ».     nous gardons le même professionnalisme pour ces
                                                                deux entités ». Avec deux portes d’entrée voisines.
         Et depuis l’ouverture de Carrefour-City, le suc-
     cès est au rendez-vous. Alimentation et papier font                                                       Ph. G.


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Échos-Musées
Les amis de l’Historial de la Vendée


        Belles expositions, visites, rallye,
                     colloques, l’Historial
      et ses amis toujours sur la brèche...




                           Milcendeau,
                           le «barbouillou»
                           aux mille tableaux

                           Portrait
                               Il était né en 1872, à Soullans.
                           Sur la place principale de cette cité du
                           pays Maraîchin, ses parents tenaient
                           un débit de boissons. Ils étaient d’une
                           relative aisance, avec des idées républi-
                           caines et anticléricales dans un milieu
                           conservateur et légitimiste.


                                                                       35
Charles s’inscrira vite en marge de cette société
     maraîchine, qui le lui rend bien en le surnommant «
     le barbouillou » (le barbouilleur) et en se moquant de
     ses façons vestimentaires, plus proches de celles de
     son contemporain Pierre Loti que du chapeau rond
     et du gilet des Maraîchins.

         Cependant, ses idées (grand admirateur de Cle-
     menceau) lui permettent de pénétrer facilement
     les sphères parisiennes. Mais tout comme Henri
     Matisse, le maître du fauvisme, Charles Milcendeau
     échoue pour l’entrée de l’école nationale des Beaux-
     Arts. L’un et l’autre sont cependant reçus en candi-
     dats libres. Par la petite porte !
         Charles est aux côtés de Georges Rouault (qui
     viendra plus tard en vacances à Soullans). Milcen-
     deau, Rouault, Matisse… tous ont pour Maître
     Gustave Moreau. Une rencontre déterminante.


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                        Échos-Musées - novembre - mars 2013
Quand il revient dans sa contrée natale, le « bar-
bouillou » s’intéresse aux paysans maraîchins. Dans
les scènes intérieures qui témoignent de la vie de
l’époque, ce gaucher va dégager avec son pinceau
une réalité abrupte, d’un réalisme perçant. On y
sent l’influence de l’école flamande par ses couleurs
sombres, ses visages expressifs et sans complaisance.
On le comparera (à tort) à Le Nain. Mais comme ses         Touché
plus belles réussites viennent du regard, on lui don-
nera l’appellation (plus juste) de « maître du regard ».
                                                           par l’Espagne
                                                                Progressivement, en voyageant, l’artiste va deve-
                                                           nir un vrai coloriste. Il est touché par la Bretagne,
                                                           la Corse et surtout l’Espagne (1901), particulière-
                                                           ment la ville de Ledesma (jumelée à Soullans depuis
                                                           1999), pas loin de Salamanque, qui lui rappelle en
                                                           âpreté sa région d’origine. Et il a le coup de foudre
                                                           quand il se rend compte que les paysans espagnols,
                                                           comme en Vendée, jouent aux cartes à l’aluette. Ce
                                                           pays va lui donner la force de s’essayer aux couleurs
                                                           vives et aux paysages, thème qu’il n’avait quasiment
                                                           pas traité auparavant mais qui va l’occuper jusqu’à
                                                           la fin de sa vie.


                                                                                             Autoportrait au béret rouge, 1917
                                                                    Marché aux porcs de Ledesma, pastel, 1909,Collection
                                                                                      Musée Milcendeau - Jean Yole, Soullans
                                                             Cliché Serge Bauchet– Conservation départementale des musées
                                                                          atelier : Musée Micendeau – Jean Yole, Soullans ;
                                                                                           Crédit photo : Cliché Serge Bauchet
                                                                                              La Couturière de Soullans, 1908
                                                                                                        Les deux buveurs, 1913
                                                                                   Une famille autour du berceau vide, 1919
                                                                                              Collection Historial de la Vendée
                                                             ©Conseil général de la Vendée – Conservation départementale des musées



Échos-Musées - novembre 2011 2012 - 2013 2013
    Échos-Musées - novembre - mars mars                                                                                               37
Une fin de vie qu’il passe dans sa borderie au
     Bois-Durand, dans les marais de Soullans. Mais il est
     fragile de constitution. Charles se refait une santé à
     Cambo-les-Bains, en pays basque. Mais fragilisé par
     la grippe espagnole, cardiaque, il meurt le 1er avril
     1919, à l’âge de 47 ans. Sûrement trot tôt pour arri-
     ver à sa maturité artistique. Mais son œuvre (1000
     tableaux), tout en restant dans le classicisme, n’en
     est pas moins personnelle, à la forte puissance esthé-
     tique. Ce « petit-maître » serait sûrement devenu un
     grand s’il avait pu ajouter des années à sa vie.
         La postérité ne l’a pas oublié avec un livre publié
     en 1932, La bourrine, du Nantais Marc Elder (prix
     Goncourt), qui met le « barbouillou » en scène. Le
     conservateur du musée de la Roche-sur-Yon Alain-
     James d’Ayzac, qui l’avait connu et beaucoup fré-
     quenté à la fin de sa vie, lui consacra un témoignage
     particulièrement vif en 1946 (Le Maraîchin).
         Et sa maison au Bois-Durand est devenue musée.
     Associé au nom de Jean Yole, le Dr Léopold Robert,
     autre enfant soullandais. Ce dernier veilla à son che-
     vet la nuit de la mort de Charles.
         Enfin, des rues et des établissements scolaires
     portent son nom.
         					Ph. G.


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                                                                   Échos-Musées - novembre - mars 2013
Visite à Luçon




                                                    Luçon, la ville évêché, célèbre pour avoir eu
Le jeudi 27 septembre 2012,                     comme évêque Richelieu, de 1606 à1623, 25ème
                                                évêque de Luçon. Aujourd’hui, Monseigneur Alain
sur la place de la cathédrale                   Castet est le 46ème évêque de la lignée.
à Luçon,                                            C’est sous la conduite de Claude Loisy et du
                                                docteur Wuilliaume, éminents historiens passionnés
une cinquantaine                                de leur cité, que Luçon prit des couleurs inédites.
                                                    Construit sur l’une des petites rivières qui ja-
d’Amis de l’Historial de la Vendée,             lonnent le rivage nord de l’ancien golfe des Pictons,
pour découvrir-redécouvrir                      le village de Luçon s’est développé grâce à l’implan-
                                                tation d’un monastère bénédictin au VIIe siècle et
la ville évêché                                 au réseau hydrographique du marais au XIIIe siècle
                                                qui conférèrent une prépondérance au ruisseau
                                                de Luçon. Durant la Guerre de Cent ans, puis les
                                                guerres de religion, Luçon subit des massacres et des
                                                pillages. Le monastère devint évêché au XIVesiècle,
                                                pendant que le ruisseau se transformait en canal
                                                et en port maritime. En 1317, le pape Jean XXII
                                                décida de diviser le diocèse de Poitiers en 3 parties :



Échos-Musées - novembre 2011 2012 - 2013 2013
    Échos-Musées - novembre - mars mars                                                                   39
Au VIIe siècle, saint Philbert, abbé de Noir-
                                                                  moutier, fonda le monastère de sainte Marie, Notre
                                                                  Dame, par la suite. L’influence de ce monastère
                                                                  s’étendit dans toute la région. Totalement disparu,
                                                                  ce monastère fut reconstruit, puis incendié en 1068.
                                                                  A la fin du XIe siècle, les moines bénédictins ont édi-
                                                                  fié une abbatiale dont il ne reste que le transept nord
                                                                  de style roman. Cette troisième église fut consacrée
                                                                  le 19 avril 1121, après 30 ans de travaux. A la fin
                                                                  du XIIIe siècle, les moines de l’abbaye sainte Marie
                                                                  édifièrent, à la place de la précédente, une nouvelle
                                                                  église abbatiale, avec une nef et ses bas-côtés.
                                                                       Le vaisseau gothique classique surprend par sa
                                                                  simplicité, par sa luminosité due à la réflexion de la
                                                                  lumière sur la pierre calcaire de Luçon : « Dieu est
     Poitiers, Maillezais et Luçon. Pierre de La Veyrie,          lumière ». La flèche de style néo-gothique culmine
     abbé du monastère, fut le premier évêque de Luçon.           à 85 mètres, la longueur totale à l’intérieur est de
     Mais c’est l’épiscopat de Richelieu qui contribua à          67,50 mètres, celle de la nef de 34,50 mètres, la
     la célébrité du diocèse. Le Concordat de 1801 réunit         voûte se situe à 22 mètres du sol. L’élévation se fait
     le diocèse de Luçon à celui de La Rochelle. L’évêché         sur 3 niveaux : les arcades, le triforium (galerie dé-
     de Luçon fut rétabli en 1817, mais ce Concordat              corative) et les fenêtres hautes, disposition classique
     n’ayant pas été ratifié par les Chambres, le nouvel          de la cathédrale gothique.
     évêque, René-François Soyer, ne prit possession de
     son siège qu’en 1821. L’arrivée du chemin de fer en              Après ce préambule nécessaire, Claude Loisy in-
     1869 donna un coup d’arrêt à l’activité portuaire. La        vite le groupe à découvrir les trésors du bâtiment.
     ville dut se réorienter ; c’est l’installation de l’armée,   Ainsi, dans le bas-côté nord du chœur, se dresse une
     favorisée par Clemenceau, qui entraîna un renou-             chaire du XVIIe siècle que Richelieu a pu utiliser
     veau de l’urbanisme. Actuellement, Luçon a repris            pour ses prédications. La décoration est italianisante,
     sa progression et voit son développement, ainsi que          avec des fruits et des guirlandes de fleurs. Sur trois
     son rayonnement, s’affirmer. La cathédrale est clas-         faces, on distingue le blason de Mgr Pierre Nivelle
     sée depuis 1906 et le cloître depuis 1915.                   à qui la tradition attribue le décor de la chaire, ainsi
                                                                  que les deux toiles placées en hauteur, « La pêche
                                                                  miraculeuse » et « La vision de saint Hubert », de
       En pénétrant dans la cathé-                                style classique du XVIIe siècle.
     drale,                                                           Les siècles se suivent et apportent leur note de
                                                                  spiritualité. Ainsi, le XXe siècle vit arriver Goudji,
                                                                  un artiste sculpteur-orfèvre né en Géorgie en 1941,
         Un rappel historique des lieux s’impose, présen-         qui reçut la commande de Mgr Garnier, en 1995,
     té par Claude Loisy.                                         pour un nouvel autel majeur, la croix reliquaire, le
                                                                  siège épiscopal, l’ambon, le calice épiscopal et la
                                                                  patène. Inspiré par l’Écriture et l’esprit liturgique
                                                                  de l’Eglise, lien entre Évangile et art, Gougji utilise
                                                                  des matières rares et des pierres précieuses pour un
                                                                  mobilier qui s’harmonise avec la noblesse du lieu :
                                                                  cristal et gemmes enchâssées. L’autel de forme car-
                                                                  rée, comme celui des premiers martyrs, avec des re-
                                                                  liques de saint Philbert, saint Louis-Marie Grignon
                                                                  de Montfort et un martyr de Dijon ; l’évangéliaire
                                                                  orné d’un aigle, symbole de saint Jean ; la cathèdre
                                                                  qui symbolise que l’évêque est roi-serviteur, comme
                                                                  le Christ lui-même le fut, qui lava les pieds de ses
                                                                  frères : autant d’objets dignes d’admiration.



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Visite à Luçon

     À quelques pas du chœur, dans la chapelle du          datent du XVIe
transept sud, restaurée à l’identique dans l’esprit des    siècle. A la fin
bases romanes, se sont révélés, à l’occasion du chan-      du XIXe siècle, la
tier de restauration, des sarcophages encore garnis de     galerie orientale
squelettes et d’objets dédiés, notamment des perles,       a été rehaussée
perles de chapelets, peut-être. Quel était le rôle de      d’un étage aux
ces sarcophages ? les chercheurs s’interrogent. Tou-       belles fenêtres
jours est-il que, après étude et relevés, il convient de   évoquant celles
laisser en place ces grosses pierres qui contribuent       des châteaux de
à étayer les énormes piliers de la cathédrale. Dans        la Loire, destiné
cette chapelle où le confessionnal aussi a été remis en    à servir de bi-
l’état de l’époque, on peut voir le tableau de Lubin       bliothèque dio-
Baugin (1610-1663), une belle descente de Croix            césaine.
aux personnages si expressifs, les femmes empreintes
de grâce, Joseph et Nicodème alliant leur force pour
descendre le Christ de la Croix, Marie portant son              Grâce à l’obligeance de Monseigneur et de la
regard vers le Ciel.                                       médiation de Claude Loisy, il fut permis d’entrer
                                                           dans l’évêché et de découvrir cette bibliothèque,
                                                           riche de près de 40 000 volumes. Ensuite, le salon
                                                           s’est ouvert aux Amis de l’Historial pour admirer,
                                                           outre le magnifique tapis au sol d’une taille impres-
                                                           sionnante, le tableau de la Cène, copie de l’atelier
                                                           du Titien, où le bleu du vêtement du Christ est,
                                                           d’après les expertises, en lapis-lazuli. De forme
                                                           hexagonale, peut-être pour lui permettre de s’accro-
                                                           cher dans un retable ou bien dans une salle voûtée,
                                                           il étonne par l’expressivité des personnages, chacun
                                                           plongé dans ses réflexions. Face à cette œuvre, la re-
                                                           production du tableau de Philippe de Champaigne
                                                           représente le prestigieux hôte de ce lieu dans sa
                                                           splendeur : Richelieu. On peut aussi voir une belle
                                                           statuette d’un Christ en ivoire de tradition jansé-
                                                           niste. Suit, dans la succession des pièces, la salle à
                                                           manger devenue salle de travail où sont présentés
    Tous les siècles ont laissé leur empreinte depuis      les évêques successifs par des toiles peintes ou des
la construction de l’église consacrée en 1121. Notre-      photos pour les plus récents, comme Mgr Santier
Dame de l’Assomption invite à un voyage dans le            ; parmi les plus connus, figurent, à côté du frère
temps à la lumière de ses vitraux et au chant de son       de Colbert, Paty, Cazaux, Garnier. Dans l’escalier
orgue de la manufacture Aristide Cavaillé Coll,            qui redescend, un tableau riche en interprétations,
inauguré le 23 décembre 1857 et classé Monument            interpelle le visiteur ; il illustre la parabole du Bon
historique en 1999. Roger Roiland accepta de le            Samaritain : un bédouin cambré peine à porter le
jouer et il fut, ainsi, possible de distinguer les dif-    voyageur dépouillé et roué de coups par les bri-
férents sons de cet instrument si complexe, basse de       gands, alors que le prêtre et le lévite se détournent,
bourdon, dessus de flûte, dessus de hautbois, trom-        tandis que le cheval regarde le spectateur d’un œil
pette ou voix céleste. Pachelbel et Bach animèrent         interrogateur. La descente aboutit à la salle capi-
un moment l’ampleur du lieu et la méditation des           tulaire aux voûtes romanes, magnifiques par leur
spectateurs. Merci Roger !                                 sobriété. Est exposée une copie de la fameuse lettre
                                                           de Richelieu évoquant son évêché comme « le plus
    Le cloître est attenant à la cathédrale, dans sa       crotté de France »…
partie sud. On peut y accéder directement par une               Après un rapide et sympathique déjeuner à l’El-
porte de style classique. Situé entre la cathédrale et     dorado (pas d’or à y découvrir, mais une délicieuse
l’évêché, il est le témoin de l’ancienne abbaye bé-        crème brûlée !), la visite du jardin Dumaine permit
nédictine dont l’origine remonte au VIIe siècle. Ses       de faire une agréable pause digestive sous un soleil
galeries Renaissance, en parfait état de conservation,     radieux.


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    Échos-Musées - novembre - mars mars                                                                              41
Le jardin Dumaine


          Le docteur Wuilliaume prit en main le commen-
     taire descriptif du lieu et apporta nombre d’idées
     inédites sur la constitution de ce jardin d’une super-
     ficie de plus de 4 hectares. Légué aux Luçonnais par
     Pierre-Hyacinthe Dumaine, le domaine s’est trans-
     formé, grâce aux soins d’une quinzaine de jardiniers
     municipaux, en un vaste jardin. Grottes, bassins,
     topiaires, parterres fleuris, kiosque… accueillent les
     promeneurs. Qui était ce M. Dumaine ? Né le 2 juin
     en 1790, il fit ses études de médecine à Paris. Plus
     que médecin, il s’occupa d’améliorer les conditions
     de vie dans toute la région et à Luçon. Ses publica-
     tions ont longtemps fait autorité. De ses plantations                de la Chapelle Sainte Ursule...
     dans le jardin subsiste une superbe allée d’ifs plan-
     tée en 1830. En 1872, Dumaine meurt à Nice où il
     s’était retiré. Célibataire, sans enfant, il légua sa vaste   du XVIIe siècle est unique en Vendée et se lit comme
     propriété qui renfermait jardin d’agrément et terres          une véritable bande dessinée. Restauré en 1975, il
     agricoles à la ville de Luçon, aux termes d’un testa-         offre un décor symétrique qui se lit de la terre au
     ment bien précis, soumis à trois conditions : que la          ciel. Ainsi, sur la terre, les instruments de musique
     maison devienne mairie, que le jardin soit toujours           les plus variés sont représentés à la manière italienne :
     ouvert, même aux nécessiteux, et qu’une messe soit            orgue, harpe, serpent, guitare… Avant de gagner
     célébrée pour la famille Dumaine lors de la fête de           le Ciel, le passage par la mort s’impose. Pilate et la
     sainte Cécile. Depuis, la maison est devenue Hôtel            coupe, l’aiguière, le linge ; le Golgotha avec un crâne ;
     de Ville. Chaque année, un thème de décoration flo-           le coq qui chante ; les Instruments de la Passion ;
     rale est choisi et illustré ; en 2012, ce sont les fables     le visage du Christ sur le linge de Véronique (vraie
     de La Fontaine qui ont été mises en valeur dans les           icône) ; surgit la colombe de l’Esprit dans un ciel
     parterres, les massifs, les bordures. C’est alors un          lumineux. Pour évoquer le Ciel, l’iconographie est,
     petit jeu plaisant que de deviner quelles fables ont          peut-être, moins riche, car l’univers céleste demeure
     pu être, ainsi, au moyen de verdures et de fleurs,            mystère… Tous les symboles une fois déchiffrés in-
     mises en scène : Perrette et le pot au lait, Le Cor-          vitent à voyager dans le temps. Le retable baroque,
     beau et le Renard… Mais le Docteur Wuilliaume,                entouré de colonnes de marbre, met à l’honneur en
     par-delà cette lecture anecdotique du jardin, a tenu          son centre la sœur fondatrice de l’ordre.
     à proposer une interprétation différente : le jardin
     est conçu, d’après lui, selon une inspiration maçon-
     nique. En effet, entre le « limaçon », montagnette
     bâtie par Dumaine au-dessus d’une allée couverte,
     évocation druidique dont l’orifice est muré (quel
     genre de cérémonie pouvait-il s’y dérouler ?), mais                                               ... au Kamok
     dont le sommet demeure accessible, la cascade, der-
     rière laquelle le promeneur peut se dissimuler, et le
     pavillon chinois (disparu au XIXe siècle), visibles sur            Pour clore cette passionnante journée animée
     les plans de 1848, il est permis de voir une struc-           par tant d’enthousiasme, il fallait terminer en dou-
     ture triangulaire. Le docteur Wuilliaume parle d’un           ceur. C’est ainsi que le groupe s’est dit au revoir après
     « rêve disparu » à propos de ce magnifique jardin au          une sympathique dégustation de spécialités dans
     cœur de la ville, qui aurait pu accueillir des opéras,        l’établissement Vrignaud, maison fondée en 1812
     des idylles...                                                par Henri-Aimé Vrignaud, célèbre grâce au Kamok.
          De là, gagner à pied la chapelle sainte Ursule fut       La fabrique de liqueurs est, à l’époque, principale-
     bref. Elle est la chapelle d’un établissement scolaire,       ment axée sur la production et la vente en gros des
     autrefois dirigé par les Ursulines. Son plafond peint         spiritueux les plus courants et les plus appréciés du


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Visite à Luçon




marché. En 1860, le petit-fils du fondateur, Paul-
Emile, donne un nouvel essor à l’entreprise fami-
liale. Mettant à profit ses connaissances techniques
et son esprit créatif, mariant de nouvelles saveurs,
cet artiste imagine des recettes inédites à l’origine
de liqueurs au goût unique. Très rapidement, ses in-
ventions sont couronnées de succès et obtiennent de
nombreuses récompenses dont plusieurs Médailles
d’Or aux Expositions Universelles de Paris en 1889
et 1900 et le Grand Prix d’Etat à l’Exposition Inter-
nationale de Vienne en 1904. Sur les cahiers d’essais
et de recettes légués par ce créateur figurent, ainsi,
de nombreux élixirs originaux toujours commercia-
lisés aujourd’hui, dont la fameuse liqueur au café
Kamok. Chacune des recettes reste un secret jalou-
sement gardé par l’entreprise bicentenaire.
     Spécialité exclusive des établissements Vrignaud,   S’ajoutent à cette spécialité emblématique des créa-
issu des meilleures variétés de cafés arabicas, impor-   tions plus récentes, comme le Délice au caramel, le
tés verts et torréfiés sur place séparément, le Kamok    Pastis, la Chouannette. A consommer, bien sûr, avec
puise sa force et sa différence du mariage de ces        modération !
ingrédients de qualité selon des procédés de fabri-
cation relevant du « secret de famille » dans le res-        Toujours est-il que chacun est reparti, qui avec
pect des traditions. Cet alcool vieillit lentement en    une bouteille, qui avec des photos, qui avec des sou-
fûts de chêne, laissant aux divers ingrédients mariés    venirs d’une belle et riche journée ; avec l’impres-
savamment le temps de s’harmoniser en une saveur         sion, cependant, que même quand on est Vendéen,
unique et authentique : 3 ans plus tard, le Kamok        on a encore et toujours des découvertes à faire dans
est né. Base à la fois classique et originale d’élabo-   ce département privilégié !
ration de nombreux cocktails, la liqueur au café
Kamok se prête aisément à tout élan de créativité.          			Laurence Vacher


Échos-Musées - novembre 2011 2012 - 2013 2013
    Échos-Musées - novembre - mars mars                                                                          43
44   Échos-Musées - novembre 2012 - mars 2013
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                                                                  des Musées de la Vendée
                                           Publications


                                            Charles Milcendeau, 1872-1919 ,
                                            sa vie son œuvre
                                            exposition, Les Lucs-sur-Boulogne,

                                            Historial de la Vendée, 7 avril - 8 juillet 2012
                                            Christophe Vital (commissaire général)
                                            textes de Christophe Vital,
                                            Yvonne M.L. et Gabriel P. Weisberg
                                            Milan : Silvana, 2012 - 1 vol. (303 p.) 35 €

                                                 Charles Milcendeau, élève de Gustave Moreau, et natif de Vendée,
                                            a connu de son vivant le succès. Cet artiste maintenant oublié mérite sa
                                            place dans l’histoire de l’art de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.
                                            Son style très personnel, son indépendance, ses talents exceptionnels de
                                            dessinateur et de pastelliste sont mis en lumière dans cet ouvrage très
                                            illustré, Il s’attache à rendre hommage à ce maître « du réalisme social »
                                            qui, de la Vendée à l’Espagne en passant par la Belgique, la Bretagne
                                            ou la Corse, s’est fait le témoin d’une société rurale dont il pressentait
                                            les mutations. Loin des clichés, Charles Milcendeau, qui dispose d’un
                                            musée à Soullans , sa ville natale, apparaît comme un grand artiste.



                                                                         L’enceinte néolithique
                                                                         de Champ-Durand
                                                                         à Nieul-sur-l’Autise (Vendée)
                                                                         sous la direction de Roger Joussaume.
                                                                         Chauvigny : Association des publications
                                                                         chauvinoises, 2012
                                                                         1 vol. (685 p.) 35.00 €

                                                                              Au nord du Marais poitevin, la triple
                                                                          enceinte à fossés interrompus de Champ-
                                                                          Durand à Nieul-sur-l’Autise (Vendée) fut
                                            découverte en 1971 par Maurice Marsac au cours d’une prospection
                                            aérienne. Elle fut fouillée par Roger Joussaume et son équipe entre
                                            1975 et 1988. L’abondance des objets découverts dans ses fossés ont
                                            donné lieu à de nombreux travaux de recherche. Ils sont réunis dans
                                            cet ouvrage qui contient également l’historique des fouilles et des
                                            découvertes ainsi qu’une bibliographie commentée. Dans le cadre de
                                            cette publication, l’Historial organisait fin septembre avec le Groupe
                                            vendéen d’Etudes préhistoriques (GVEP) un colloque de trois jours
                                            sur les enceintes néolithiques du Centre-Ouest de la France (Ve et IVe
                                            millénaires avant J.C.) (cf. article ci-après).


Échos-Musées - novembre 2011 - mars 2013                                                                                  45
Regards naturalistes
     sur le Marais breton vendéen
     sous la direction de la communauté de
     communes Océan-Marais de Monts
     photographies, Louis-Marie Préau
     Mèze : Biotope éd., 2012 1 vol. (104 p.), 19,90 €

         Dune, forêt, vasière, marais doux ou salé, le
     Marais breton vendéen regroupe à lui seul tous ces
     milieux et autant d’espèces animales et végétales.
     Les zones humides réunissent des conditions bio-
     logiques exceptionnelles qui font de ces espaces une
     réserve de biodiversité unique. Lieu de rencontre
     entre l’océan et l’espace terrestre, le Marais breton
     vendéen abrite une vie en perpétuelle évolution que
     les professionnels tentent de comprendre, préserver
     et valoriser.                                           Edmond Bertreux (1911-1991) :
         Ce livre est l’occasion de découvrir un milieu de   itinérences d’un peintre entre Loire,
     vie d’une richesse et d’une diversité indéniables. Il   Marais et Castille
     invite à partir à la rencontre de cet environnement     exposition, Soulans, Musée Charles Milcendeau, 3
     remarquable et paisible.                                mai - 30 septembre 201
                                                             Edith Caignon, commissaire général,
                                                             La Crèche, Geste éd., 2012 1 vol. (87 p.) 19.90 €

                                                                 Originaire de Rezé et des bords de Loire, Ed-
                                                             mond Bertreux est un peintre attaché à sa région.
                                                             Il arpente ainsi son pays pour dessiner et peindre
                                                             les paysages de la Basse-Loire et du marais, sources
                                                             d’inspiration principale de son œuvre. Témoin
                                                             d’une époque, il nous propose un regard mélanco-
                                                             lique sur ce siècle en mutation qu’il traverse jusqu’à
                                                             sa mort en 1991.


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                                                                                Échos-Musées - novembre - mars 2013
Colloque Archéologique




    Le colloque inter régional sur les Enceintes néo-
lithiques entre Seine et Gironde s’est déroulé à l’His-
torial de la Vendée, du 19 au 21 septembre 2012.

     Ce colloque a été organisé par le Conseil général
de la Vendée, le Service Régional de l’Archéologie
des Pays-de-la-Loire et le Groupe Vendéen d’Études
Préhistoriques, à l’occasion de la sortie de l’ouvrage
sur les fouilles de Champ-Durand (Nieul-sur-l’Au-
tise, Vendée).


Interprétation théorique de l’en-                         insisté sur les données issues des découvertes et ana-
                                                          lyses récentes ainsi que sur l’organisation des activi-
trée 80 du site Champ-Durand                              tés dans ces espaces enclos.
par R. Joussaume
                                                               La première journée a été consacrée à la visite des
    Depuis les années 1970, les prospections aé-          sites départementaux de Champ-Durand (Nieul-
riennes et les fouilles archéologiques ont mis en         sur-l’Autise), des Châteliers du Vieil-Auzay (Auzay)
évidence un phénomène architectural important             et l’Abbaye Saint-Pierre de Maillezais, dans laquelle
qui a marqué profondément le paysage de la Seine          des vestiges préhistoriques ont été découverts fin des
à la Gironde, au Néolithique, entre le 5ème et le 4ème    années 1980 à l’emplacement du réfectoire.
millénaire avant J.-C. : les enceintes fossoyées et/ou         Durant les deux autres journées, ont eu lieu des
palissadées en bois ou en pierres.                        présentations et des séances de discussions traitant
    Le sens général de ces enceintes n’est pas encore     de l’architecture, de l’environnement, des pratiques
complètement clarifié. S’agit-il d’espaces défensifs,     funéraires et des complexes techno-culturels.
d’habitats, de marchés, de centres politico-religieux          Plus d’une centaine de chercheurs er passionnés
ou de tout cela à la fois ?                               de préhistoire et archéologie ont débattu, durant ces
    La présence récurrente de squelettes humains          trois journées, autour des découvertes récentes et des
pose également d’autres questions sur la finalité de      perspectives scientifiques.
ces structures.                                                Les présentations et les discussions de ce col-
    Ainsi, à la lumière de nouvelles fouilles qui ont     loque donneront lieu à un ouvrage dont la sortie est
eu lieu depuis la fin des années 1990, le colloque a      prévue dans le courant de l’année 2013.



Échos-Musées - novembre 2011 2012 - 2013 2013
    Échos-Musées - novembre - mars mars                                                                              47
Expositions




                                                                                                     Vue du centre
                                                                                                     de la voie lactée
                                                                                                     (notre galaxie)
                                                                                                     © Nasa ;
                                                                                                     ©Photo ART’M




     Balcon sous les étoiles :
                                                                  Novembre :
     Exposition temporaire présentée                              Mercredi 7 : Atelier 7/12 ans : « Construis ton
     à l’Historial de la Vendée                               système solaire »
                                                                  Samedi 10 à 20h30 : Veillée aux étoiles*
     aux Lucs-sur-Boulogne                                        Dimanche 11 novembre : Planétarium (à partir
                                                              de 14h) et conférence de F. SPIERO « La vie en
     du 28 septembre                                          orbite ».
     au 30 décembre 2012
                                                                  Décembre
                                                                  Dimanche 2 à 15h : Conférence de R. TAN-
                                                              GUY « y-a-t-il une vie dans l’univers ? ».
                                                                  Dimanche 23 à partir de 14h : Planétarium
         Le Conseil Général de la Vendée vous invite à
     explorer les mystères de l’univers à l’Historial de la       Mercredi 26 décembre :
     Vendée. En vous laissant porter par la beauté épous-         Atelier 7/12 ans : « Construis ton système solaire »
     touflante du cosmos, découvrez les grandes lois qui          Dimanche 30 décembre à 15h : « La petite cui-
     le gouvernent. Le système solaire, la voie lactée, le    sine des étoiles », spectacle – Cie Tombés du ciel.
     monde des galaxies, les mystères des trous noirs, le         * Activité en extérieur, annulée en cas de ciel
     Big bang sont autant de thématiques à découvrir.         nuageux.
         Un film intitulé Vibrato réalisé à partir de l’ob-       Les conférences, ateliers, planétarium et veillée
     servatoire du désert de l’Atacamam au Chili, vous        aux étoiles se font sur inscription préalable au 02 51
     emporte pour un voyage extraordinaire, à travers un      47 61 61
     trou noir. (35 mn).
         Chaque jour, des médiatrices proposent aux visi-         Historial de la Vendée : Ouvert de 10h à 18h
     teurs des expériences simples et concrètes pour com-     du 1er octobre au 31 mars – tous les jours sauf les
     prendre les mystères offerts par l’univers.              lundis, le 25 décembre et le 1er janvier. Pour plus
         Quelques activités animeront également cette         d’informations, contact : 02.51.47.61.61
     exposition.



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                                                                                  Échos-Musées - novembre - mars 2013
Rallye du Patrimoine


                           VIIème Rallye du Patrimoine




                                                              Juste quelques
                                                          images de notre
                                                          rallye qui a réuni
                                                          108 personnes
                                                          en 25 voitures
                                                          dans le canton de
                                                          Mareuil.
                                                              Ce rallye est
                                                          organisé tous les
                                   ans le 8 mai par les Amis de l’Historial et
                                   la Fondation du Patrimoine.




Échos-Musées - novembre 2011 2012 - 2013 2013
    Échos-Musées - novembre - mars mars                                                             49
50   Échos-Musées - novembre 2012 - mars 2013
Expositions 2013




                                                            Les Amis de L’Historial
Félicie de Fauveau (1801-1886),
                                                            de la Vendée
L’amazone de la sculpture :                                 Historial de la Vendée, Allée Paul Bazin 85170
                                                            Les Lucs-sur-Boulogne
Exposition temporaire présentée                             02 51 47 61 77 - www.ami-historial-vendee.com- e-mail :
à l’Historial de la Vendée                                  conservation-musee@vendee.fr

aux Lucs-sur-Boulogne
du 15 février au 19 mars 2013
et au Musée d’Orsay à Paris                                 ADHÉSION 2013 :
du 11 juin au 15 septembre 2013
                                                                      12 €
     Le personnage de Félicie de Fauveau (1801-
1886) est aussi emblématique qu’il est unique.
                                                              Bulletin d’adhésion
Nostalgique d’une époque qu’elle n’a pas vécue,               année 2013, 12 €	
royaliste, catholique, célibataire et féministe, cette
femme sculpteur a engagé sa vie et son art pour dé-            à adresser aux amis de l’Historial aux Lucs,
fendre une utopie politique s’exprimant avant tout
par l’image mise au service de l’Histoire. Ralliée à              M.		  Mme		 Mlle
la duchesse de Berry, organisatrice des soulèvements              NOM :				
vendéens avec la comtesse de La Rochejaquelein, elle          	
accepta l’exil et se fixe à Florence. Elle déclina une            Prénom :
iconographie catholique militante et exaltée, nour-
rie de la symbolique de l’héraldique, et lui donna            Adresse :
les formes d’un néo-gothique et d’un néo-renaissant           Code postal				
inspirés. Ses sculptures sont dispersées et peu visibles,     Ville					
pour la plupart hors de France. L’exposition qu’orga-         				
nisent l’Historial de Vendée et le musée d’Orsay sera         Tél :					
la toute première rétrospective à lui être consacrée.         E-mail :	
                                                              (IMPORTANT POUR VOUS JOINDRE,
                                                              merci)
La Lampe dite de saint Michel, par Félicie de Fauveau,
1832, collection particulière
© Cliché musée d’Orsay, Patrice Schmidt


Échos-Musées - novembre 2011 2012 - 2013 2013
    Échos-Musées - novembre - mars mars                                                                               51
La Rencontre de deux Mondes
     donne naissance à un superbe ouvrage !
     Quand un skipper du Vendée-Globe rencontre un chef de cuisine vendéen,
     de quoi peuvent-ils parler ?




                                                                                                      Présentation de produits de Vendée




                                                                                           Interview-croisé entre skipper et chef cuisinier




                            Un beau livre de 200 pages,
                                   superbement illustré                                                              20 recettes originales

                  de nombreuses photographies originales,
                                  alliant gastronomie et
                                          course en mer.

       Fruit de précieuses rencontres, le livre recèle 20 recettes
          diverses allant de plats classiques jusqu’aux envolées
            créatives les plus étonnantes. Portraits des skippers,
                 présentation des sponsors, des restaurateurs et                                   Portrait des skippers et de son sponsor

         de leurs établissements, rien ne manque dans ce livre
                             écrit par Céline Joussemet et illustré
                                   des photos de Jacques Auvinet.




                                                                                         Portrait des chefs et présentation des restaurants




        Achat en ligne sur         www.vendee-tourisme.com à partir du 1er décembre 2012
                    Commande du livre par mail presse@vendee-tourisme.com
                                      Prix public : 29.90 € ttc (frais de port en sus)
52
Nos sélections, poésie

                                                           Très beau recueil à nouveau que celui édité par
                Remontants                             Jean-Claude Touzeil et très joliment illustré par Va-
                et ricochets                           lentine Manceau. Ici parfois se cachent en filigrane
                Jean-Claude Touzeil                    des interrogations existentielles, parmi les eux et jon-
                Soc et Foc                             gleries avec les mots, leurs sens parfois inattendus,
                                                       qui confine à l’humour ou plus sûrement à la malice
                Où allez-vous                          et ne sont jamais exempts de surprise et de fraîcheur.
                                                       Petits vers pour séduire l’enfant qui est (encore) en
                les bras ballants
                                                       nous avec son badinage de rythmes et vocables qui
                la tête pleine                         parfois sonnent comme des grelots, avertissent ou
                d’incertitudes ?»                      séduisent simplement de leurs sons plus que de leurs
                                                       lettres, ricochets jusqu’au fond d’un univers capti-
                                                       vant. .
                                                                                Alain Perrocheau

                                                           Les encres colorées avec beaucoup de délicatesse
                Au creux des îles                      par Evelyne Bouvier accompagnent l’espace onirique
                Chantal Couliou                        de Chantal Couliou qui glisse d’île en île jusqu’à
                Soc et Foc                             mesurer des lieux inexplorés. Poésie très sensuelle,
                                                       épanouie au plein envol de la nature, au vent et à la
                 L’île se délite                       mer, qui suscitent et accompagnent un battement
                 dans une suite infinie                de vie unique, profond, intemporel. Les éléments
                                                       ordonnent et sculptent, le poète écoute et transmets
                 de bleus
                                                       par la magie du verbe, tandis que sur l’autre page, les
                 de galets                             griffures de couleurs changent la perspective.
                 et d’insomnie                                                                  A. P.


                 La terre est rouge                         Belle production que «La terre est rouge», joli-
                 Phillipe Latger                       ment illustrée par des peintures de Robert Sanyas
                                                       qui font part belle à la matière. L’auteur, catalan qui
                 Soc et Foc                            fut chroniqueur et journaliste au Québec, nous en-
                                                       traîne dans le mouvement d’un récitatif qui s’appa-
                 Les gestes tendres.                   rente à une quête, quelque chose comme la «Prose
                 Les Sourires entendus.                du transsibérien» de Blaises Cendrars, bien rythmée
                 Les âmes qui se reconnaissent.        et riche en images qui marquent, gorgées de soleil et
                 Les mains qui se retiennent.          de sens. Tout un vécu mûri dans le silence, qui tout
                                                       à coup s’épanouit et livre son parfum.
                                                                                                 A. P.


                Poèmes à toutes rimes                  On lui doit deux autres ouvrages, dont Ses Aventures
                Armand Pacteau                         au fil des guerres, paru en 2007.
                10 €
                                                           Tonique, alerte, surtout pas «plan-plan», la verve
                                                       d’Armand Pacteau s’inspire de souvenirs mais aussi
                                                       de réflexion. Et de compassion, comme «Noël et les
                    À 92 ans, le Challandais Armand    gueux». Sans oublier l’humour, dont il semble bien
                Pacteau vient de sortir, à compte      doté à la lecture du «pet». C’est même parfois une
d’auteur, un recueil de poèmes aux alexandrins qui     mordante ironie qui prendrait le dessus, car Armand
roulent allègrement. Celui qui est aussi le papa du    ne se gêne pas de griffer en douze pieds ce monde
peintre Hubert Pacteau, livre 19 poèmes toniques.      «qui se déspiritualise».
Mais le nonagénaire n’en est pas à son coup d’essai.                                           Ph. G.
Humanité 3                             d’un dictionnaire. Le thème central les relie toutes
                     Jean-Marc Baillieul                     à la nature et la vraie humanité n’est évoquée qu’à
                     Hapax, 15 €                             travers ce qui l’entoure. C’est une exploration, ou
                                                             plutôt comme un tamisage au travers d’un esprit
                         Avec un peu le même jeu             original, du vocabulaire minéral, végétal ou animal,
                     que ces tableaux modernes d’art         le tout se déroulant en variations concertantes sa-
                     abstraits faits de grands aplats de     vamment composées. L’écriture comme une épura-
                     couleurs et de lignes qui les tra-      tion ou comme un empilement qui plongent dans le
                     verse, «Humanité» est traversé          pouvoir des mots et interrogent sur les liens profond
                     de constitué de longues listes          qui existent entre une chose et le mot qui la désigne.
     de mots parfois sans plus de détails que celles
                                                                                                      A. P


                      Feuillages                             nirs d’enfance, créer une ambiance de paix et de
                      Bernard Grasset                        sérénité, un monde simple. Dans les deuxième et
                      Jacques André, 55 p., 11 €             quatrième parties on trouve le désert et les lieux où
                                                             se déroulèrent les évènements des temps bibliques,
                          Dans la première et la troisième   soleil et feu sont présents. La simplicité s’allie au
                      parties de l’ouvrage, quelques mots    mystère, comme le vent incline les feuillages. La
                      suffisent pour évoquer des souve-      profondeur de la pensée est à la portée de tout le
                                                             monde.
                                                                                            Lydie Gaborit

                      Un exil de trente-sept                      À la conquête de son propre monde, sur un iti-
                      heures deux minutes                    néraire d’onirisme qui n’appartient qu’à lui, Jovan
                      et vingt-huit secondes                 nous emmène à sa suite, et de ses mots nous guide,
                      Jovan, Robin, 9 €                      dans un long périple qu’il dit ne commencer qu’avec
                                                             ce recueil. Est-ce un exil ? Est-ce le sommeil em-
                      Sûrement                               preint de facéties ? Est-ce le combat contre l’illusion
                      qu’il existe                           du divin ? Une telle quête permet-elle de renaître ou
                      pire dans ce monde                     de triompher de ses peurs ?
                      que ta peine                                                                    A. P.
                      immobile

                       Viens
                       je t’emmène en Poésie                 teur, Les papillons de l’enfance
                       tome II.                                   De jolis mots pour des poèmes qui sont des ins-
                       Françoise Bidois                      tants de vie. Des mots qui résonnent en nous parce
                       The book Edition, 40 p., 14 €         qu’ils content une histoire que l’on reconnaîtra pour
                                                             l’avoir vécue, même si on a seulement huit ans. L’au-
                           Pour nos chères têtes blondes     teur qui a plusieurs cordes à son arc a également réa-
                       (8/14 ans) avec un titre promet-      lisé les illustrations.
                                                                                              Eveline Thomer



                      Comptines et Poésies                   de couverture, on pourrait rajouter : joliment illus-
                      Monique Guibert-Bécot                  tré par Pierre Lataste.
                      The book Edition, 60 p., 18 €               De courtes histoires pour les enfants, de la vie
                                                             de tous les jours, contées avec élégance et légèreté.
                         Des mots sucrés et colorés. Des     Réellement abordables aux toux petits ; chacun s’y
                      images qui font rêver. Un livre doux   retrouve même les grands : un livre pour les enfants
                      comme un baiser, c’est la quatrième    à lire avec les grands.
                                                                                                     E. T.

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poésies

                                   Éclats d’Orient       busquer le rythme secret et nous les faire goûter, puis
                                                         s’en aller vers d’autres horizons après les avoir couchés
                                   Charles d’Estève      sur une page immaculée... Et tous ces mots de lui, en
                                   Maysan, 80 p., 30 €   offrande.
                                   peintures :                Charles nous explique que ce livre est un écho
                                   Malika Pontdevie      du colloque « L’Andalousie des trois cultures » initié
                                                         par Malika Pontdevie en 2005 aux Sables d’Olonne.
                                                              La préface de Malika est aussi un poème sur
        maîtres dans l’art des caravanes                 l’Orient, qui nous prépare au mieux à revevoir en
                                                         éclats, les fragrances, les fulgurances, les errances.
        nous savons dessiner des cités soyeuses
                                                              Un poète ébloui à chaque aube nouvelle, jusque
        nous avons conquis,
                                                         dans le soir qui rougoie... et qui s’interroge, rêve,
        mais c’était pour offrir                         écoute, observe, gronde,... un poète entiché d’invi-
                                                         sible qui approche l’infini par habitude de l’éphémère.
    Laissons la parole à Malika : L’Orient a aussi,           Éclats, éclairs, éclisses, éclos... Jouer à la marelle
semble-t-il apprivoisé le poète si l’on en juge par sa   avec les mots...
façon de polir et repolir les mots comme pour en dé-                                                   J. R.



                                                                                                  romans
                    Mêmes les pierres                        Tout le déchirement des vendéens en quelques
                    ont résisté                          personnages, de vrais personnages, de vraies ques-
                    Yves Viollier                        tions, de vrais sentiments...
                    Robert Laffont, 250 p., 19 €
                                                              Et de vraies réponses !
                      Je suis un teigneux, je m’y suis        Je n’ai pas encore tout lu d’Yves Viollier, mais ce
                  pris à deux fois, c’était trop dur,    récit est un véritable achèvement, un accomplisse-
                  c’était trop fort, c’était trop.       ment pour l’auteur, une sorte de Rédemption pour
                      Qu’allaient devenir Marie-         tous les vendéens, et une petite merveille pour le
                  Pierre et Barthélémy qui s’étaient     lecteur avec comme toujours une intrigue montée
retrouvés dans la tourmente, et Petit James, qui         comme chez les maîtres du suspense...
n’avait pas vu les Bleus préparer l’embuscade ?               Ce n’est pas de la musique d’ascenseur, cela se
    Tout le drame de la guerre de Vendée remis en        cherche, s’écoute, se médite religieusement.
scène dans le refuge de Grasla, pris en étau entre la         Pas mal non plus la dernière scène, hors étau.
fameuse lettre annonciatrice de Turreau au comité        ils ont tout perdu mais sortent grandis de l’épreuve,
de salut public et le rapport du général Ferrand         ceux qui ont un cœur.
après son expédition à Grasla dans un camp désert.                                                 J. R.

                    Les rivières souterraines            fait ! Ce recueil de souvenirs et de notes accumu-
                    Pierre Barouh                        lées est un tiroir qu’il ouvre comme le « désordonné
                    À vos pages, 306 p., 24 €            viscéral » qu’il est. On découvre alors que le petit
                                                         enfant juif qui se cacha dans un ferme vendéenne
                    Homme de plume, Pierre Ba-           à Montournais durant l’Occupation fut un sportif
                rouh reste à jamais l’auteur-compo-      accompli, un metteur en scène et un découvreur de
                siteur-interprète « d’A bicyclette »,    talents (avec sa société Saravah, implantée à Nantes),
                « des ronds dans l’eau » et bien         un poête bohème qui a parcouru le monde, dont le
                sûr du « chabadabada » du film de        Japon et le Brésil où il est plus connu qu’en France.
                Lelouch, « un homme et une               Son écriture filtrée par sa mémoire est aussi fine que
femme ». Mais il n’avait jamais écrit de livres. C’est   ses chansons et la Vendée y est omniprésente.
                                                                                                  Ph. G.


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L’amour assassiné                      et 80. On suit pas à pas l’auteur qui navigue avec
                      Eloïse Chantal Vlammiros               sensibilité entre ses voyages spirituels et terrestres et
                      Edilivre, 285 p., 20 €                 ses idoles : Claude François, Barbara, Michel Berger,
                                                             sans oublier ses acteurs préférés, jusqu’à mêler étroi-
                          Ce premier roman autobiogra-       tement l’ensemble. Quelques poèmes de l’auteur,
                      phique est une mosaïque de souve-      quelques unes aussi de ses chansons préférés, des
                      nirs où l’on retrouve les années 70    photos illustrent l’ouvrage.
                                                                                                       E. T.

                       Au Pays de la fée                     sanglants. Dans cette épopée formidable qui se lit
                       et du dragon                          comme un roman, il nous relate, avec simplicité et
                       Dan Cordier                           une certaine distance, la vie de tous les jours. Sans
                       Publibook, 136 p., 42 €               politique ni idéologie ce livre, véritable carnet de
                                                             bord, fourmille d’ anecdotes et de détails sur le quo-
                           Comme le titre ne l’indique       tidien du militaire. L’auteur a sillonné le pays sous
                       pas, ce premier roman nous            les bombardements, a été fait prisonnier en Chine
                       entraîne en pleine guerre d’In-       populaire, puis à Saigon par les services de la Pré-
                       dochine. L’auteur est alors un        sidence. Aujourd’hui il vit une retraite paisible aux
                       jeune soldat, dans les années cin-    Sables d’Olonne.
                       quante, quand éclate les conflits                                             E. T.

                      La demoiselle aux pieds                     Emma sculpteur professionnel croise la route de
                      nus                                    la jeune et belle Lura, un été. Aussitôt, elle l’em-
                      Pierre Deberdt                         bauche comme modèle mais ignore tout de la jeune
                      Les Chantuseries, 238 p., 18 €         fille qui recherche désespérément sa mère disparue
                                                             il y a dix ans.
                         Ce deuxième roman a pour                 L’artiste sculpteur au verbe haut va se trouver
                      cadre un milieu que l’auteur           mêlée malgré elle à un imbroglio familial... pour
                      connait bien : la sculpture.           une fin attendue.
                                                                                                     E. T.
                      Dérives littorales                     même temps sobre, élégante, nous entraîne vers des
                      François Bossis                        questionnements intimes où chacun peut se retrou-
                      Petit Pavé, 195 p., 20 €               ver. L’idée originale de François Bossis d’inclure un
                                                             vrai-faux journal dans le roman donne de la profon-
                            À quelques heures d’inter-       deur et beaucoup d’émotion au récit : on y apprend
                      valles, Blaise et Nolwenn se pré-      les difficultés d’un écrivain à faire naître, évoluer,
                      cipitent vers Nantes et le Littoral    vivre ses personnages. Au fil des pages, on s’attache
                      Atlantique.                            aux personnages denses en suivant pas à pas leur
                          C’est pour chacun d’eux une        parcours chaotique. Et s’ il nous promène allègre-
                      nécessité surgie des obscurités de     ment de Belle-île-en Mer à Biarritz en passant par
     l’enfance, une histoire à reconstruire par-delà les     les Sables d’Olonne, ce roman est avant tout une
     blessures et les manques... L’histoire magnifique       subtile balade intérieure à la recherche de ce qui
     soutenue par une écriture maîtrisée, sensuelle et en    construit une identité.
                                                                                                      E. T.
                      Dans les bras                          bonheur. L’histoire d’amour en pointillé sur fond de
                      d’un printemps bulgare                 coutumes bulgares nous entraîne dans une ronde de
                      Élisabeth Bénéteau-Boinot              sentiments, jusqu’en Tunisie pour un dénouement
                      Écrituriales, 270 p., 18 €             fort et inattendu. Un roman foisonnant de pages
                                                             culturelles, de paysages typiques et une belle écri-
                          Élisabeth pour ce premier          ture, poétique, colorée pour nous raconter un beau
                      roman très réussi, nous offre une      et difficile pays, la Bulgarie.
                      palette de couleurs, de senteurs, de                                          E. T.


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Romans
                    Amours impossibles...                     très inspiré avec l’amour possible quand il devient...
                    Un possible amour                         impossible ! Il garde son style gourmand, une « patte »
                    Jean-Yves Revault                         dans ces nouvelles à travers les cinq continents, fai-
                    84 p., 10 €                               sant même de l’amour un voyage. Ces nouvelles sont
                                                              nourries au lait de la tendresse, respectueuses des
                        Bien inspiré Revault avec ses         croyances, des coutumes, des couleurs... On aimera
                    amours travers le monde, même si          tout particulièrement la nouvelle intitulée « Nabib
                    on lui préfère son précédent livre,       la solitaire », qui est le « jingle » des serpents mais
                    La petite fille et la tordue, un de ses   qui doit taire son amour ; et « le grand froid d’Ingrid »
chefs-d’oeuvre il est vrai ! Revault, qui s’est essayé à      ou l’amour d’une suédoise pour Bambara.
tous les genres littéraires depuis deux décennies, reste                                                 Ph. G.



                    Massa                                     très belle, mais loin d’être une solution c’est un
                    Stephan Loiseau                           mystère de plus. Les évènements se renouvellent, se
                    Editions Durand Peyroles, 211 p.,         généralisent, de plus en plus inquiétants et le roman
                    15 €                                      prend une allure de fin du monde ; un monde où le
                                                              désir de vitesse et de changement ne cesse de croître,
                       En vacances dans un paisible           un monde qui réclame de plus en plus de «télécom-
                  village, Julien est le seul témoin          munications, dépendant d’une technologie poussée
                  d’étranges phénomènes lumineux              à son extrême limite. Reste-t-il un espoir pour Ju-
                  ; au même moment, sans raison               lien? Saura-t-il comprendre autrement qu’avec son
                  apparente, une voiture tombe en             intellect?
panne. Déstabilisé, cet informaticien dont l’esprit               Stéphane Loiseau fait passer ses idées dans une
n’admet pas l’irrationnel, se met à la recherche d’une        histoire agréable à lire, riche en évènements.
explication plausible. Il découvre une jeune femme,                                                    L. G.


                    Que ton nom ne soit plus                  d’écriture rendant vivant les matières mortes. On
                    Yannick Chauvin                           savait moins ses connaissances des arcanes de la jus-
                    Pascal Galodé, 308 p., 21.90 €            tice, qu’il éclaire à la lumière de ses mots, bousculant
                                                              dans son intrigue les idées reçues, apportant même
                    Là où d’autres auraient fait un           une contribution inédite au débat qui entoure la
                essai ou une dissertation, le Noir-           sanction pénale. Les personnages, notamment ceux
                moutrin Yannick Chauvin a pro-                du juge et du jeune condamné (à ne plus porter son
                duit un roman sortant des sentiers            nom !) sont parfaitement campés. Et les 300 pages
                battus. On savait ce spécialiste de           se lisent à la vitesse d’un excellent polar. De la belle
                la Gaule et de Guillaume de Nor-              ouvrage.
mandie (prix Crédit Mutuel Océan des écrivains de                                                         Ph. G.
Vendée 2011) capable de vous captiver avec ce don

                    L’Oiseau rouge                            tagne mais il connaît aussi notre monde moderne
                    Jigmé Thrinlé Gyatso                      avec sa vie! saculture musicale et littéraire. Il sait être
                    L’Astronome, 238 p., 16 €                 léger, jouer avec les mots. Son humour est plein de
                                                              sensibilité et d’harmonie.
                       Jigmé Thrinlé Gyatso est ven-              Les poètes et artistes occidentaux qu’il cite sont
                   déen. Avant de devenir moine               gens de grande spiritualité. Avant tout, L’Oiseau
                   bouddhiste, il s’appelait Yves Bou-        rouge, ce sont les méditations d’un moine boudd-
                   déro et vivait à La Roche-sur-Yon.         histe, des prières psalmodiées de manière répétitive,
                   On trouve, dans L’oiseau rouge, les        des enseignements et des conseils qu’il s’adresse à
traces de ses deux cultures. Il est inspiré par la nature     lui-même ainsi qu’aux lecteurs et qui sont fidèles
avec laquelle il communie, par les nombreux pays où           aux préceptes, à l’éthique du Bouddha.
il a vécu. Il parle de lui, de sa vie d’ermite en mon-                                         Lydie Gaborit


    Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013                                                                              57
Une pluie de neige                       Vendée, dans le golfe du Morbihan. Apparemment
                       Eveline Thomer                           ce sont des vacances agréables, sans évènements no-
                       Geste, 295 p., 22 €                      tables.
                                                                    L’aventure estintérieure ; ils apprennent à se
                             Neige et verglas paralysent la     connaître avec leurs caractères, leurs problèmes,
                         circulation à une heure de pointe.     leur passé qui refait surface ; le mystère de chacun
                         Un homme et trois femmes font          s’éclaircit plus ou moins vite, plus ou moins com-
                         connaissance au bord de la route       plètement. Malgré l’atmosphère légère dès vacances,
                         et s’abritent pour la nuit dans un     on est perpétuellement dans l’attente de quelque
                         centre commercial.                     chose qui va arriver. La longue et belle description
         Faut-il croire à l’intuition de Bérénice -un tanti-    des paysages et des ambiances nous amène à parta-
     net voyante- persuadée qu’ils ont un secret commun         ger l’état d’esprit des personnages.
     et que, s’ils se sont rencontrés ce n’est pas pour rien?       La réponse aux questions n’arrive qu’à la fin du
     Toujours est-il qu’ils ont envie de se revoir. Ils pas-    roman. Et c’est une réponse scientifique!
     sent ensemble de longs week-ends à l’île de Ré, en                                                  L. G.


                      Le Cœur d’Anubis                              Une expédition française en quête d’une fabu-
                      Andrène Carluccio                         leuse relique de l’antiquité, un périple semé d’em-
                      Elzévir, 379 p., 21 €                     bûches ; les passions amoureuses compliquent tout ! Nos
                                                                amis parviendront-ils à récupérer le fameux Cœur
                          L’histoire bien menée nous            d’Anubis ?
                      entraîne en Égypte dans les années            Il y a un ton, une écriture. Saluons un jeune au-
                      30.                                       teur de 21 ans qui vient de rejoindre la Société des
                                                                Écrivains de Vendée.
                                                                                                         E. T.
                       Au 4 de la rue Rapide                    dance en 1962, narre dans son quatrième roman sa
                       Pierre Yborra                            découverte de la Vendée, la Roche-sur-Yon mais aus-
                       Edilivres, 170 p., 10 €                  si les Sables d’Olonne, en raison d’une belle sablaise
                                                                brune à peau blanche autour de laquelle tourne
                           Quand le roman est gouaille          l’ado Yborra, un peu raide dans sa timidité, comme
                      dans notre Poitou, on pense dé-           tant d’ados... Le fil conducteur est parfois mince et
                      sormais à Pierre Yborra, natif de         on préférera « le banc », précédent livre d’Yborra.
                      Guyotville en Algérie (Française),        Mais si on avait pu lui reprocher son exubérance
                      enfant littéraire naturel du grand        côté style, il est cette fois-ci sobre, presque trop...
                      Alphonse Boudard. L’adolescent            N’empêche, l’ennui est prohibé chez cet auteur qui
     pied noir, arrivé à la Roche-sur-Yon à l’indépen-          se lit d’une traite.
                                                                                                          Ph. G.


                      Promenade en luttes,                      luttes de 68 et d’après, idéaux d’une époque deve-
                      version intime, avec                      nue âge d’or !... Ses textes ne manquent pas d’origi-
                      classes                                   nalité dans l’angle choisi, pointent les injustices de
                      Pascal Pratz                              notre démocratie prise en flagrant délit, notamment
                      Petit Pavé, 234 p., 20 €                  le deuxième roman (« il n’y a rien de pire que de
                                                                savoir de quoi se plaindre »). L’auteur y fait parler
                             Ce Nantais qui traîne souvent      une avocate lesbienne à la première personne du sin-
                        ses guêtres en Vendée et est publié     gulier, roman sur cette justice qui peut être abjecte
                        par les Angevins du Petit Pavé,         en France mais si discrètement, qu’on peut croire
     vient de sortir trois romans en un seul volume. Et         que Pratz exagère. C’est nerveux, les phrases s’en-
     quel(s) livre(s) ! Entre autobiographie et fiction, ces    chaînent. Un livre précieux.
     textes enfoncent le clou des vieux combats, de ses                                                  Ph. G.



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Romans

                    La Vie partagée                           tacles qui se dressent sur son chemin ? Comment
                    Paul Toutblanc                            transcender des existences et vieillir ensemble. Être
                    L’Harmattant, 267 p., 25 €                heureux et malheureux à la fois, est-ce nécessaire à
                                                              la transcendance en amour ? Je laisse à l’auteur et à
                     Entrer dans un roman accom-              vous-même les réponses.
                 pagné d’une telle bibliographie,                  Permettez-moi de vous citer une seule citation
                 c’est plutôt rare. Imaginez-vous             de ce livre : « Les ronces couvrent le chemin de
                 l’écrivain puisant la force de son           l’amitié quand on n’y passe pas souvent » voilà de
                 récit chez cent-vingt-sept auteurs           quoi méditer !
et non des moindres. On connaît bien Paul Tout-                    Dans ce monde où les habitudes et les relations
blanc comme moraliste, compagnon de Chamfort,                 amoureuses ont été fortement bouleversées, l’auteur
on le connaît moins comme romancier. La Vie par-              nous permet d’accéder à la meilleure connaissance
tagée devient, à notre époque, le complément de               du couple d’aujourd’hui. Lire Paul Toutblanc c’est
l’Art d’aimer d’Ovide et De l’amour de Stendhal.              aller à la découverte des tréfonds d’une Vie partagée !
Peut-on assumer sa passion malgré tous les obs-                                                        RMB

                    Au nom de la vérité                       viewer le grand écrivain, normalement inabordable,
                    Marlène Manuel                            et de se faire par la même occasion une place dans la
                    Past’elles, 306 p., 18 €                  profession. L’écrivain va se livrer à elle sans se méfier
                                                              et elle... trahira sa confiance. Mais quand l’amour
                        Le roman «De sang et d’ombre»         s’en mêle, sur fond enchanteur d’île de Noirmou-
                    de Serge Mathusier vient d’être           tier, on se retrouve avec une histoire à la Marlène
                    couronné par le jury du Grand Prix        Manuel, habilement contée à rebondissements, et
                    Littéraire. Marie Tesserat, jour-         pleine de charme. Une réussite.
                    naliste en herbe, a décidé d’inter-                                                   Y. V.

                    Montsouris                                Ainsi commence ce beau roman de quête à l’écriture
                    Ingo Grünewald                            vibrante de nostalgie. On pense à quelque Meaulnes
                                                              sur les traces d’Yvonne de Galais. Mais on n’est pas
                                                              dans la Sologne des châteaux et des étangs. On est à
                         Un homme jeune quitte Tou-           Paris et le parc Montsouris est tout un monde. Une
                     louse et revient à Paris pour es-        vieille dame est assise sur un banc. Elle pourrait dé-
                     sayer d’y retrouver Véronique, la        tenir la clé du mystère. L’aventure avance lentement.
                     jeune fille qu’il a tencontrée là-bas,   L’écriture de ce premier roman est d’une maturité
                     dix ans plus tôt, quand il était étu-    exceptionnelle. « Véronique, écrit le narrateur, une
                     diant. Il ne sait rien d’elle, si ce     espérance laissée en friche. Mais qu’est-ce qui restait
n’est qu’elle s’appelle Bernard et faisait des études         non seulement de moi-même, mais encore de Véro-
de botanique à Jussieu comme lui. Il prend une                nique, après toutes ces années ? »
chambre dans un hôtel, face au parc Montsouris,                                                        Yves Viollier
car c’est là qu’il a passé beaucoup de temps avec elle.

                    Tu délires mon Minou                      des statues de chats qui parlent. A partir du contenu
                    Jean Chabaud                              de leurs paroles, elle va lancer sur les routes d’Italie,
                    Editions Books on Demand                  du sud de la France puis du nord de l’Espagne, un
                                                              couple de Vendéens qui se prennent pour des détec-
                      Jean Chabaud revient avec ce            tives et baladent le lecteur à leur suite, avec une en-
                 roman d’aventures, un brin mys-              vie bon enfant, une charge d’humour et un certain
                 térieux, dans lesquels s’entremêlent         sens de la dérision. Le tout est facile à lire, agréable
                 les fils qu’il a adroitement tissés sans     dans sa fantaisie et dans son rythme attachant. Un
                 autre but que de distraire. Avec en          bon divertissement pour les temps qui viennent.
toile de fond l’annonce de la fin du monde pour
le 21 décembre 2012, cette quête commence avec                                                           A. P.


    Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013                                                                            59
Chants d’Aurore                              Elle espère ainsi le comprendre, expliquer leur
                       Isabelle Kreidi                          échec alors que, elle, elle était prête à tout donner.
                       Jets d’encre, 158 p., 15.50 €                Hélène souffre, revit chaque instant de leur folle
                                                                essai d’équipée. c’est juste un amour manqué.
                          Chants d’aurore ? ou requiem              C’est dommage ! la vie va ainsi son chemin, mais
                      automnal ?                                cela nous fait de bien belles pages, épurées, sensibles,
                          Hélène, écrivain, femme, à            amères, mélancoliques mais justes.
                      succès, s’interroge sur sa relation           Analyse, introspection, Isabelle Kreidi «souhaite
                      éphémère avec un homme beau-              explorer les nuances des sentiments humains». Elle
     coup plus âgé. Elle fait un véritable transfert sur        réussit ici pleinement à nous entraîner, nous, dans le
     cet homme et écrit à sa place le journal intime ima-       tourbillon de ses feuilles automnales.
     ginaire de leur histoire, histoire dont il s’est finale-       Jamais, nous, nous ne l’aurions abandonnée !
     ment, lâchement ?, échappé.                                                                            J. R.

                       Le Nazir, homme céleste                  la nuit de l’iceberg », donnant une intéressante ver-
                       Grard-Robert Cormy                       sion romancée de la tragédie du Titanic. Et pour « le
                       Plancher, 192 p., 29 €                   Nazir, homme céleste », il s’est attaqué à un roman
                                                                inspiré par la vie du Christ. Archidocumenté, rèvé-
                           On connaît de Cormy le peintre       lant des aspects inattendus de Jésus et ses proches,
                       installé à La Barre-de-Monts, an-        l’entreprise était audacieuse. Mais que l’on s’appelle
                       cien décorateur de cinéma, prix          John Huston, Pasolini ou Cormy, il n’est jamais
                       Carravagio l’année dernière, ré-         aisé de mettre en scène la vie passionnée de Jésus.
                       compensant son style académique.         Cormy est un écrivain sérieux mais son érudition
                       Mais on connaît moins Cormy              plombe par moments son dernier roman.
     l’écrivain. Il nous avait agréablement surpris avec «                                               Ph. G.

                                                                les fermes et dans les villes.
                      Les Trois Pupilles                             En plus d’être très émouvant, ou drôle, il dé-
                      de la Nation                              nonce gentiment un système inhumain et des fa-
                      Michel Hervoche                           milles d’accueil plus âpres au gain, qu’à l’amour des
                      Opéra, 295 p., 18 €                       enfants. On suit pas à pas, en toute simplicité sans
                                                                haine, sans rancune le parcours de cette fratrie abî-
                         Premier roman et un beau té-           mée et séparée par la vie.
                      moignage des années 50/60 dans                                                     E. T
                      L’épée de légende                         quête de ses origines, accompagné de ses deux amis
                      de William Thoral                         d’enfance, Vahn et Nadia. leur périple va boulever-
                      Cristar                                   ser leur vie.
                      Lharmattan, 380 p., 20 €                       Le jeune fermier du royaume de nation devra af-
                                                                fronter les affres de la guerre et maints dangers pour
                         Abandonné à sa naissance avec          accomplir sa destinée : celle du porteur de l’Épée
                      une arme mythique pour seul ba-           de légende. Un premier roman fantastique promet-
                      gage, Dive, jeune fermier, part en        teur...
                                                                                                          E. T.
                      La cabane du pêcheur                      au fil des ans vers le monde des adultes ; les incom-
                      Mathilde Weber                            préhensions et les peines sont nombreuses. La dis-
                      Dorval, 285 p., 20 €                      parition de Siroco, un cheval qu’elle connaît bien,
                                                                la perturbe. Dans un petit coin de son être, il existe
                          Chaque année en vacances              le traumatisme de la cabane du pêcheur. Comment
                      sur l’île de Noirmoutier, Léa re-         Léa va-t-elle se reconstruire ?
                      trouve un monde idyllique où le                Avec l’île de Noirmoutier et l’espoir de connaître
                      cheval est omniprésent. Les pas-          le véritable amour, sûrement.
                      sions de l’adolescente convergent              Une femme, un cheval, Léa est là !
                                                                                                          RMB

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Romans
                    Sans Tarcisius                            famille ont enfin une vie.
                    Françoise Dubost-Luciani                       On retrouve un peu tout de
                    Amalthée, 272 p. 20 €                     même ces dames au chapeau vert,
                                                              leurs intrigues et même parfois
                        Changement de génération,             leur bassesse.
                    on s’imagine ainsi l’univers de nos            Le monde était plus tranquille,
                    parents, à vrai dire plutôt de nos        mais est-ce bien sûr ?
                    grands-parents, une sorte de jour-             Étonnant et réussi, ce décalage
                    nal secret caché dans un grenier,         de génération, cette remontée dans
                    et que l’on lit à même les lattes du      le temps. Nous grimperons encore
plancher.                                                     les marches du grenier, un autre tome est paru, et y il
    Il semble que les sentiments etaient alors plus           y en aurait encore d’autres à venir ! Chouette !
justes, plus forts, plus accomplis, et nos portraits de                                                        J. R.




                                                                                               Nouvelles

                   Chute libre                                    Son ami Gilbert Prouteau, lit-on en quatrième
                   Philippe Gilbert                           de couverture, en aime le souffle et le ton, où l’argot
                   Petit Pavé, 204 p., 20 €                   étaye le classique, où la langue parlée côtoie le jeune
                                                              roman américain.
                        Attention, cà va bouillir !               Bravo ! Philippe, tu te donnes sans retenue, sans
                        Ce n’est pas un livre que vous        fard, sans a priori. On ne risque pas de s’ennuyer
                    allez lire, mais un homme qui se          avec toi ! « C’est pour ça qu’on l’aime », dirait Pierre
                    livre. un vrai, un de 68, qui a roulé     Perret, qui est un peu du style.
                    sa bosse et son monde (non, là c’est          Je n’ai pas eu le temps de lire
                    gratuit) à loisir.                        l’autre, la chûte de reins, mais Yves
     Phillipe, une bombe ! Des idées sur tout, tout           Violler m’assure qu’il est de la
fait, enfin tout essayé. Un routard de classe, un             même veine, je vais donc me préci-
tombeur à la chute facile, au style démoniaque. Ses           piter dessus, me vautrer moi aussi,
oreilles sont des jacinthes de corail et sa bouche une rose   dès que j’en aurai fini avec cette sa-
des sables. Là, je triche, c’est du Philippe soi-même         tanée revue à sortir pour le Vendée
sur une page prise au hasard pour parler d’une                Globe !
femme aux lèvres gourmandes.                                                            J. R.



                    Les caprices de Satan                     nom soit rarement cité, est assurément Satan. On
                    Stefan Verellen                           le reconnaît à sa cruauté mais le Malin aime aussi
                    Les deux encres, 289 p., 21€              se cacher derrière les apparences de la vertu et de la
                                                              pureté, au plus profond des êtres. il impose sa loi
                        Dans ces nouvelles qui ne             universelle.
                    cessent de nous étonner par l’ima-            Est-ce encore un de ses tours si le lecteur est
                    gination qu’elles révèlent, le per-       charmé ?
                    sonnage principal, bien que son               Ou peut-être le talent de l’écrivain.
                                                                                                        L. G.


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Nouvelles
                      Les contes d’Efinga                     chacune des personnes présentes raconte une his-
                      Christoph Chabirand                    toire, vécue ou pas.
                      Orphie, 180 p., 16.50 €                     Au petit jour, le cyclone s’éloigne, laissant une
                                                             empreinte destructrice et, dans l’esprit de chacun,
                            Sur l’île de la Réunion, l’am-   les contes d’Efinga.
                        biance qui précède l’arrivée d’un         Comme dans un traditionnel recueil de nou-
                        cyclone est toujours particulière.   velles, le lecteur appréciera plus certains récits que
                            Dans un hôtel, cinq musiciens    d’autres. L’auteur, Christoph Chabirand est né en
                        s’apprêtent à donner un concert      1958, à Luçon. Depuis 1986, il vit à La Réunion
     de jazz. L’alerte rouge les bloque sur place jusqu’au   où il s’adonne à ses passions : l’écriture pour laquelle
     lendemain. Pour dominer le stress engendré par le       il possède un talent certain, le jazz et la musique
     cyclone baptisé Efinga et occuper la longue nuit,       créole.
                                                                                                Jacques Bernard



                      La Mogette                             n° 23 ; il avait écrit ces nouvelles il y a déjà long-
                      à l’huile d’olive                      temps, il les réédite pour mon plus grand bonheur,
                      Dominique Landucci                     j’étais passé à côté.
                      Le Losange, 184 p., 15€                     Découvrir un personnage haut en couleur que
                                                             l’on revoit de temps en temps en Vendée, le temps
                          Dominique Landucci est plu-        d’une exposition, ou d’une formation dans les
                      tôt peintre, les toiles et aussi les   écoles... Nouvelles de caves, nouvelles de soif, gou-
                      usines, voir la couverture de notre    leyantes et fraîches, à plein pichet !
                                                                                                       J. R.



                       Pour la beauté                        réinventer du sens à ce qui l’environne» ou «J’étais
                                                             au désespoir. La déliquescence de l’humanité s’ache-
                       du genre Humain                       vait.» L’auteur se pose l’éternelle question : Dieu est
                       Bertrand Lesaux
                                                             présent parmi nous, pour le meilleur ou pour le pire ?
                       Thélès, 71 p., 25€
                                                             L’humanité peut-elle compter sur lui ? Peut-être
                                                             trouverez-vous la réponse dans la beauté du Genre
                           Un recueil de nouvelles inti-
                                                             Humain.
                       mistes. Extraits : «Pour être libre
                                                                                                       E.T.
                       d’être heureux, l’Homme doit




                      La chaîne des temps                    meurtres à résoudre qui l’emmènent à Challans et
                      Edbe                                   au Fenouiller.
                      Société des Écrivains, 240 p., 20 €        Derrière le pseudo de l’auteur, se cache probable-
                                                             ment une femme, cadre administratif d’un groupe
                         Chaîne du temps promise en          vendéen leader mondial. Probablement vendéenne
                    plusieurs volets démarre, au pre-        aussi. Car cette Vendée, à l’époque Bas-Poitou, est
                    mier, en début d’année 1789. À           ici mise en scène avec amour et gourmandise, quitte
                    l’aube de la Révolution. Sur cette       parfois à constater quelques anachronismes, malgré
                    trame historique, plusieurs per-         une documentation fournie. Edbe a envie de (trop)
                    sonnages sont en place, dont un          bien faire. Par le style, on sent les bonnes intentions
     certain Dugommier, chef de police du Roy, avec des      mais elle peut et doit mieux faire avec l’ouvrage sui-
                                                             vant.                                     Ph. G.




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Voyages, Jeunesse




                L’incroyable voyage                   talentueuse, Estelle Gendreau conjugue son savoir
                de Campos                             faire avec Chrisolène, une maison d’édition ven-
                Estelle Gendreau                      déenne, ça donne un beau livre pour les petits !
                Chrisolène, 40 p., 9.50 €                 Dès deux ans, l’enfant peut suivre les aventures
                                                      du petit hippocampe et de son amie la tortue grâce
                    Quand une jeune graphiste         aux dessins explicites et aux couleurs très attrayantes.
                                                                                                E. T.

                Les mules                             mières aventures. Une petite histoire toute simple,
                de Guadalajara                        qui permet tout de même le démantèlement d’un
                Serge Perrotin                        gang...
                Durand-Peyrolles, 112 p., 19 €            Il y a donc des bandits, des bons et des méchants,
                                                      une ouverture sur le monde, où l’on apprend qu’il
                    Charmant petit conte pour la      ne faut pas toujours se fier aux apparences, que
                jeunesse ; cela se passe à l’école,   tout n’est pas dû au hasard et qu’il faut aussi faire
                lieu des premières découvertes,       confiance aux grandes personnes pour arrêter les
                des premières rencontres, des pre-    voleurs. Un conte sage, moral, amusant et juste !
                                                                                                J. R.

                La Vendée                             sont arrivés par le biais d’un congé sabbatique et de
                racontée aux enfants                  voyages en compagnie de leur petite fille. Ainsi est
                S. et H. Bioret                       née cette collection de petits albums conçus autour
                Bonhomme de Chemin, 60 p.,            du jeu. Celui-ci s’adresse aux enfants à partir de
                9,90 €                                7 ans et les emmène à la découverte des paysages
                                                      et des grands sites vendéens. La mer y occupe une
                    Apprendre la Vendée, la faire     bonne place, mais aussi les villes, le Puy du Fou,
                aimer aux enfants n’est pas si fa-    les abbayes, les traditions, la gastronomie, Mélusine,
                cile. Stéphanie et Hugues Bioret y    Clémenceau et le patois de chez nous. Une très
                                                      bonne idée.                              G. B.


Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013                                                                       63
Jeunesse
                      L’aviation Française                    l’on retrouve des exploits oubliés et quelques photos
                      de 14/18                                de la collection personnelle de l’auteur.
                      Georges Page                                Ouvrage bien documenté qui a une valeur de
                      Grancher, 351 p., 20 €                  témoignage et relate des anecdotes drôles, émou-
                                                              vantes... ou incroyables. Préface de Patrick Baudry.
                         Tout ! tout... Tout, vous saurez                                               E. T.
                      tout sur l’aviation Française 14/18
                      avec ce livre porté par la passion où


                       Voyages en famille                     inspiré d’une philosophie toute simple, celle de l’art
                       Antoine Sigogneau                      du voyage au quotidien, qui vous fait respirer la vie
                       Les Ateliers de Porthos, 268 p.,       vraie, vous ramène au domicile plus serein.
                       12,90 €                                    Antoine Sigogneau, désormais installé en Bour-
                                                              gogne, est un bourlingueur, désormais avec femme
                           Encore un très bon livre de        puis enfants. Une bourlingue qu’il raconte en huit
                       voyage que nous livre cet enfant       carnets, présentés par ordre chronologique, nous en-
                       de Saint-Hermine (Simon-la-            traînant vers de nouveaux horizons au fur et à me-
                       Vineuse). Son troisième, avec          sure que le famille grandit. Sigogneau confirme un
     l’Afrique et ses déserts pour destination, mais aussi    talent d’écrivain-voyageur, basée sur la relation de
     l’Europe, notamment l’Espagne et la Hollande. Son        simplicité pour trouver son chemin et vaut bien les
     Voyages en famille prend même des allures de guide,      écrits de Sylvain Tesson ou autre Alexandre Poussin.
                                                                                                      Ph. G.

                        l’ara de Buffon                       cées de la planète par la déforestation. En plus de
                        Sandrine Silhol                       voir son habitat se réduire un peu plus chaque jour,
                        Orbestier, 36 p., 13 €                l’ara attire les convoitises et son commerce illégal est
                                                              de plus en plus important...
                            La collection des Animaux              Sandrine Silhol, après avoir enseigné et fait de
                         méconnus en danger accueille         la recherche, devient responsable scientifique du zoo
                         un nouveau venu : l’ara de Buf-      des Sables d’Olonne. Sandrine est aussi coordina-
     fon. L’ara de Buffon est l’un des plus grands, mais      trice européenne de plusieurs espèces menacées, ce
     surtout l’un des plus beaux perroquets du monde.         qui lui permet de voyager à travers le monde pour
     Avec son plumage d’émeraude aux chatoyants reflets       étudier et venir en aide aux animaux en danger. Elle
     dorés, son énorme bec ébène surplombé d’un pa-           a déjà publié, aux éditions D’Orbestier, 8 albums
     nache rouge profond, et ses larges mensurations, il      dans la collection Animaux méconnus en danger :
     fait concurrence aux plus éblouissants oiseaux. Il vit   - Le Panda roux - La Girafe blanche du Niger -Le
     tout particulièrement en Équateur, dans une forêt        Loup à crinière - Le Tapir terrestre - La Tortue
     tropicale sèche, l’une des plus riches en espèces ani-   d’Hermann - Le Lion de l’Atlas - L’Ours à lunettes -
     males et végétales, mais également des plus mena-        L’Ara de Buffon.


                      Rêves bleus                             jets inconnus. Une rencontre extraordinaire et un
                      Xavier Armange                          fabuleux cadeau pourraient transformer leur vie et
                      Illustrateur :                          celle de la planète. C’est compter sans les robotflics à
                      Mathieu Redelsperger                    pinces dures, carapaces inoxydables, complètement
                      Orbestier, 32 p., 15 €                  barzoufs.
                                                                  Une histoire d’écologie-fiction pleine d’espoir,
                           En l’an bientôt, Cyla et Cely,     sans complaisance pour un passé révolu ni conces-
                       dans leurs bellurettes, survolent      sion pour un présent robotisé, écrite avec beaucoup
                       les usines molles de crachtrouf        d’humour dans une langue du futur que les enfants
     expansé, les jardins de plastok et les montagnes de      comprennent.
     béton. Ils vont visiter le Musée du passé plein d’ob-



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Essais
                    Bible,                                    qui sont celles de la Bible, des Grecs: des Pères de
                    Sagesse & Philosophie                     l’Église, du Moyen-Âge, de Pascal, de Louis Lavelle
                    Bernard Grasset                           et de Gabriel Marcel. L’importance accordée à la
                    Ovadia, 289 p., 22 €                      raison ne cesse de croître alors que diminue celle
                                                              accordée au mystère, au cœur, à l’expérience, à la
                        Docteur en philosophie, Ber-          spiritualité tandis que le style des écrits, qui était
                    nard Grasset montre de quelle             poésie, aphorisme, proverbes, se rapproche du traité
                    façon notre culture a hérité de la        scientifique. Bernard Grasset rêve d’une sagesse de
                    Grèce et de la Bible. Il distingue        l’Amour, d’une nouvelle philosophie qui laisserait sa
                    la philosophie, œuvre intellec-           place au mystère, où ces notions, traditionnellement
tuelle, de la sagesse qui fait surtout appel au cœur, à       opposées, seraient, au contraire, inséparables et où
l’intériorité. Il compare la philosophie et la sagesse        les philosophes seraient des poètes.
                                                                                                       L. G.
                    Les Insurgés de Dieu                      d’Angers, à l’Université Catholique de l’Ouest, à
                    Cardinal Paul Poupard                     l’École Pratique des Hautes Études en Sorbonne,
                    Hérault, 160 p., 25 €                     une collaboration au CNRS et deux doctorats en
                                                              histoire et en théologie, Paul Poupard a apporté
                        Cet ouvrage réunit les articles       son concours à la Secrétairerie d’État de Jean XXIII
                    de presse, homélies, préfaces d’ou-       et de Paul VI, pendant et après le Concile Vatican
                    vrages et conférences que notre           II. Recteur de l’Institut Catholique de Paris de 1971
                    éminent natif des Mauges, fidèle          à 1981, Président du Conseil Pontifical pour le dia-
                    à ses racines, a multiplié pour dé-       logue avec les non-croyants et du Conseil Pontifi-
                    fendre et illustrer l’épopée ven-         cal de la Culture près de Jean-Paul II, et du Conseil
déenne.                                                       Pontifical pour la Dialogue inter religieux près de
    Natif de Bouzillé, en Anjou, après ses études au          Benoît XVI, il est l’auteur d’une quarantaine d’ou-
Petit Séminaire de Beaupréau, au Grand Séminaire              vrages de culture et d’histoire.
                                                                                                       AHH
                    Le stylographe                            le mécanisme de l’écriture de ce que l’on appelle
                    Jean Billaud
                                                              l’inspiration (ou la non inspiration).» Entrerez-vous
                    Durand-Peyrolles, 79 p., 10 €
                                                              dans ce livre ? Comme toujours, la lecture des pre-
                                                              mières pages sera déterminante.
                        Cet ouvrage ne manque pas
                    d’originalité. Il s’agit de «l’histoire
                                                                                                       J. B.
                    de la génèse d’un roman centré sur

                                                              l’édition avec conseils sur l’auto-édition, les librai-
                    Voyage au cœur du livre                   ries et même le livre électronique, en passant par
                    collectif                                 quelques témoignages de passionnés de poésies ou
                    Écrituriales, 230 p., 20 €                d’écriture. Un bel outil pour celui qui veut se lancer
                                                              dans l’aventure.
                       Un ouvrage bien fait autour                                                     E. T.
                    du livre. De l’historique du livre à
                                                              Il trouve naturellement sa source, comme tant
                                                              d’autres, dans l’élan fécond de la Jeunesse agricole
                    Paysan et mutualiste                      catholique. Né dans une famille paysanne de huit
                    Eugène Guibert                            enfants, à Saint-Georges-de-Montaigu, Eugène
                    Harmonies Mutuelles, 180 p., 10 €         Guibert a assumé de nombreuses responsabilités
                                                              dans le monde agricole et dans le mutualisme. Ce
                        Syndicalisme, solidarité, pro-        livre d’entretiens retrace le parcours d’un militant
                    grès: tout l’engagement profes-           qui lègue à ses petites-filles cette dédicace: «La vie
                    sionnel d’Eugène Guibert s’inscrit        mérite d’être vécue, à condition d’y faire sa place en
                    dans ce triptyque indissociable,          respectant l’autre et en restant soi-même.» Le mes-
                    si caractéristique de la Vendée de        sage même de la transmission des valeurs essentielles
                    la deuxième moitié du XXe siècle.         et des raisons de vivre.
                                                                                                        G. B.

    Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013                                                                          65
Sud Vendée                  chers de Mouilleron-en-Pareds, ils donnent très en-
                                   Carnet de voyage            vie de les accompagner. Emilie Giraudet et Emma
                                   Terre plurielle, 144 p.,    Chanelles signent les textes de ce très joli carnet à
                                   29,50 €                     l’italienne, Alexandre Lamoureux la photo, David
                                                               Herbreteau l’illustration. Tous des professionnels de
                                       Un carnet de            l’édition et de la communication. «Le Sud Vendée,
                                   voyage est toujours         disent-ils avec talent, est une de ces destinations qui
                                   un enchantement, il         ne révèlent leurs secrets qu’aux marcheurs errants».
     enchaîne les images, les dessins, les impressions, les    Un bémol tout de même, ce carnet est aussi un –
     rencontres, les coups de coeur de celui qui le rédige.    très bel - outil de promotion pour des acteurs du
     Quand ils s’y mettent à quatre et qu’ils sillonnent       tourisme en Sud-Vendée.
     le sud Vendéen, de la Pointe de l’Aiguillon aux ro-            Pourquoi pas? Mais c’est mieux de le savoir.
                                                                                                         G .B.
                      Histoire de la Vendée                        Le past-président des Écrivains de Vendée s’est at-
                      monumentale                              taqué avec ce même style à ce riche patrimoine (mal-
                      Michel Dillange                          gré les destructions des guerres), dont il nous donne
                      Geste, 225 p., 22 €                      une mine d’informations, expliquant souvent les lé-
                                                               gendes qu’ont provoquées ces fondations, ainsi que
                             On connaît la finesse de style    les écrits et documents existants. Issu d’une famille
                        et d’écriture du « père » Dillange,    aux attaches luçonnaises, architecte aux bâtiments
                        finesse déjà observée dans son re-     de France, Michel Dillange propose en fait « sa »
                        cueil de nouvelles paru l’an dernier   ballade monumentale en s’attardant tout autant sur
     (le pêcheur et le poisson bleu, Les Chantuseries).        le petit objet que sur le grand bâtiment.
                                                                                                         Ph. G.
                      Autrefois... la Vendée                   Châtelaillon, la station charentaise à la mode. Très
                      dans l’objectif d’Armand Robin           attaché à sa région, auteur de plusieurs ouvrages,
                      Gérard Baud                              grand amateur de cartes postales anciennes, Gérard
                      Geste, 289 p., 39 €                      Baud en a sélectionné plus de 700, réunies dans ce
                                                               bel ouvrage à l’italienne. La Vendée d’entre 1900 et
                           Armand Robin, décédé en             1914, illustrée et déclinée avec talent et un goût très
     1931, tenait la librairie du Pont-Neuf, à Fonte-          sûr au travers de judicieuses thématiques: Fontenay
     nay-le-Comte. Il publie les eaux-fortes d’Octave de       bien entendu, la forêt de Mervent, le marais poite-
     Rochebrune, puis ses premiers clichés personnels,         vin, les châteaux, les églises et les abbayes, la vie éco-
     comme la célèbre fontaine des Quatre-Tias ou la           nomique, les loisirs et les événements de l’époque,
     caserne de cavalerie. Armand Robin ne s’est pas en-       les coiffes et les costumes. J’ai beaucoup aimé la
     fermé dans sa ville. Il sillonne toute la Vendée, une     richesse et la précision des légendes.
     partie des Deux-Sèvres et se prend de passion pour                                                   G. B.

                      Agenda 2913                              Michel Lis prête ses conseils à cet agenda solide et
                      de la Vendée                             pratique, joliment illustré, qui s’ouvre sur une pré-
                      Michel Lis                               sentation de la Vendée en 1896, tirée de La France
                      Geste, 152 p., 13,90 €                   pittoresque de l’Ouest. Chaque semaine est naturel-
                                                               lement accompagnée de conseils, de trucs utiles et
                          Le très médiatique jardinier         de dictons.
                                                                                                        G. B.
                       Le grand almanach                       rades et devinettes, anecdotes et bonnes histoires,
                       de la Vendée                            il apporte d’intéressants éclairages sur l’histoire et
                       Marie Guénaut                           la géographie de la Vendée. Il s’enrichit cette année
                       Geste, 144 p., 9,90 €                   d’éléments plus consistants. Comme des fables en
                                                               patois de Gène Charrè, un conte philosophique de
                          Avec les codes immuables du          Georges Clemenceau, plusieurs quizz sur le départe-
                       genre : dictons, conseils de jar-       ment et de nombreuses pages consacrées aux miné-
                       dinage, recettes anciennes, cha-        raux, au diamant en particulier.        G. B.


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Régionalisme
                    La Vendée                               séduisant. C’est de l’inédit, tant dans le texte que
                    Grands Voyageurs                        dans les photos et les angles sous lesquels on nous
                    Frédérique Mory -Anne Cluzel            propose de découvrir les îles, les marais, le bocage,
                    Photos Jacques Denardaud                la côte et son arrière-pays.
                    Chêne éditions, 160 p., 39 €                La qualité de cet ouvrage est telle qu’il s’insert
                                                            avec bonheur dans une collection où figurent l’An-
                     À vous tous, amis de notre             dalousie, la Birmanie, Cuba, les îles grecques, la
                 belle Vendée, je fais un aveu :            Polynésie, les Antilles françaises, la Réunion et bien
                 je viens de ressentir un coup de           d’autres destinations de rêve ! 160 pages magni-
coeur, une émotion esthétique, en découvrant le             fiques qui se terminent en guide de voyage.
nouveau et magnifique livre signé Frédérique Mory               Mes mots sont impuissants à traduire ce qui
et Anne Cluzel. Que dis-je, un livre ? Un album,            est un véritable hommage à cette Vendée que nous
une œuvre d’art avec de sublimes photos de Jacques          aimons. Découvrez par vous-même. Faites-vous ce
Denardaud.                                                  plaisir ou offrez-le à vos amis.
    La Vendée, grands voyageurs, c’est notre départe-           Vraiment, quel beau livre !
ment en tout ce qu’il possède de vrai, de beau, de                                            Jacques Bernard

                         Peintres                           toujours consacré aux peintres vendéens. Célèbres,
                         de la Vendée                       comme Paul Baudry (le portrait de sa mère fait la
                         François Wiehn                     couverture du livre), André Astoul, Launois, Mil-
                         Geste, 94 p., 25 €                 cendeau ou Henry Simon, plus confidentiels pour
                                                            la plupart. Tous ont illustré la Vendée, le Bocage et
                         François Whien a dirigé            la Plaine, l’inépuisable Marais de Monts, les villes
                     l’imposant «Dictionnaire des           et les lieux plus ou moins connus. Une très belle
                     peintres de Vendée», paru              série de portraits enrichit cette touchante galerie, té-
aussi chez Geste. Il propose cette fois un ouvrage          moignage sensible et juste de la Vendée du XIXe et
moins ambitieux certes, mais tout aussi séduisant,          surtout du XXe siècle.
                                                                                                      G. B.
Peintres                                                    tions singulières. À côté de peintres reconnus, voilà
des côtes de la Vendée                                      que nous entrons en contact avec des noms oubliés,
François Wiehn                                              voire inconnus, de la plupart des Vendéens. Et c’est
Geste, 94 p., 25 €                                          un vrai plaisir de voir défiler sous nos yeux ces re-
                                                            productions de tableaux fort bien restituées. Le livre
    Une jolie manière de regarder les côtes de Ven-         se compose de trois parties : la mer et les plages, les
dée à travers l’œil des artistes. Plaisir de découvrir      ports et la pêche, paysages et visages. Au total, plus
ce qu’il advient de la mer et de son arrière-pays sur       de 90 artistes-peintres séduits par la lumière et les
les toiles ou les papiers à dessin. Aquarelles légères,     paysages du littoral nous donnent à voir les œuvres
gouaches subtiles, huiles aux teintes affirmées, les ta-    émouvantes nées de leur talent.
bleaux font redécouvrir des paysages familiers, cha-             Un format carré et pratique (17cm5/17cm5)
cun arborant la « patte » de l’artiste qui les a observés   permet une maniabilité de l’ouvrage appréciable.
et retranscrits avec sa propre personnalité, ses émo-                                          Régine Albert


                   Vendée 100 lieux                         Chaillé-sous-les-Ormeaux) aux coquillages de l’île
                   pour les curieux                         Penote (aux Sables d’Olonne) en passant par Notre-
                   Christine Chamard                        Dame-des-briques (à la Rabatelière). Plus de cent
                   Christine Bonneton, 94 p., 25 €          curiosités sont à découvrir à travers ce guide original
                                                            joliment illustré, accompagnées à chaque fois d’un
                    On n’imaginait pas la Vendée            commentaire truffé d’anecdotes. On se promène
                aussi riche… Christine Chamard              déjà rien qu’à tourner les pages. On apprend beau-
                est allée dénicher tous ces trésors         coup. On se régale. La couverture en dit déjà long
                de lieux insolites hors des sentiers        avec ses citrouilles géantes au pays des cornichons
                battus dont on ne parle pas ou si           atomiques…
peu. Cela va des marmites de Gargantua (à Piquet,                                                     Y. V.


    Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013                                                                         67
Petit dictionnaire                       vrant le Bois de la Chaize en 1886, et s’achève avec
                       sentimental et fantaisiste               ce qui est sans doute un néologisme, la «zénitude»,
                       de l’île de Noirmoutier                  ce sentiment d’illumination intérieure que l’auteure
                       Lydie Mahé-Marguerite                    éprouve à Noirmoutier et qu’elle sait nous partager.
                       Beaupré, 271 p., 14,90 €                 Chemin faisant, le lecteur aura tout appris de l’île,
                                                                de son histoire, de ses saveurs et des célébrités qui
                           Cheville ouvrière du Salon du        ont succombé à son charme. Quelques entrées pour
                       Livre de Mer de Noirmoutier, Ly-         vous en convaincre: l’Abbaye de la Blanche, la cé-
                       die Mahé-Marguerite s’est prise de       lèbre bonnotte et la cotriade, Saint Philibert, l’île du
     passion pour l’île où elle vit depuis dix ans. Elle la     Pilier, le naufrage du «Lancastria», Agnès Varda et
     connaît si bien qu’elle la met en dictionnaire. Cela       Harry Baur, la Venelle des Trois Ivrognes. C’est bien
     commence avec le Aaah...! de Claude Monet, décou-          écrit, pétillant, drôle... et très instructif.
                                                                                                             G. B.

                       Jules Robuchon                               Une étude passionnante sur les Robuchon, de-
                       et les îles vendéennes                   puis Pierre, le père imprimeur, Jules le photographe,
                       Patrick de VILLEPIN                      et Léonidas son frère de l’Île d’Yeu, jusqu’aux
                       L’Armentier, 325 p., 45 €                deux fils de Jules, Eugène l’explorateur et Gabriel
                                                                l’homme des cathédrales aux destins tragiques. On
                           Patrick de Villepin nous avait       y découvre des vies bourrées de détails souvent iné-
                       déjà gâtés avec Le Bois de la Chaise     dits, la naissance et la réalisation de ce grand projet
                       et la Tour Plantier, ceci n’est pas un   Paysages et monuments du Poitou, le tout baignant
                       phare. Il nous rappelle ici que les      dans cette atmosphère de la fin du XIXe siècle où les
                       dernières livraisons de Paysages et      pionniers de la vie intellectuelle de notre province se
     monuments du Poitou de Jules Robuchon, en 1895,            nomment Octave de Rochebrune, Benjamin Fillon,
     étaient consacrées à Noirmoutier et à l’Île d’Yeu ;        Marcel Baudouin ou René Vallette.
     il rapporte les héliogravures de cette œuvre monu-             Un travail remarquable, extrêmement docu-
     mentale avec les clichés inédits et les cartes postales    menté, abondamment illustré. Un ouvrage de réfé-
     conservés à l’Historial de la Vendée.                      rence et de passion.                       C. M.

                       Environnement littoral                   fiques peuvent rebuter. Les amoureux de Noirmou-
                       Île de Noirmoutier                       tier y trouveront pourtant de précieuses explications
                       Paul Bernier, Yves Gruet                 sur ce qu’ils observent sur ses plages, le sable, la vase,
                       Les Documents, Université Claude         les animaux qui les peuplent, les huîtres, les moules,
                       Bernard, Lyon 1                          les oiseaux et ces curieux amas de vers marins, les
                       163 p., 24 €                             hermelles. On prend aussi conscience de la fragilité
                                                                de cette île basse, dont les deux tiers se situent en-
                          L’ouvrage de ces deux universi-       dessous du niveau de la mer, et qui demeure tou-
                      taires – Paul Bernier est sédimen-        jours sensible aux assauts des tempêtes. Les auteurs
     tologue, Yves Gruet, océanographe biologiste - pa-         soulignent in fine la nécessité de la protéger et font
     raîtra à première vue bien technique et bien aride         appel à la volonté et au génie inventif de l’Homme
     aux non-spécialistes des mouvements marins. Beau-          pour sauvegarder sa population et son patrimoine.
     coup de cartes, de graphiques et de termes scienti-                                                   G. B.

                       Île d’Yeu                                long des routes maritimes commerciales, met en
                       Maurice Esseul                           relief ses atouts et ses inconvénients. Tout en sobrié-
                       Geste éditions, 147 p., 9,90 €           té, le récit de cette histoire mouvementée souligne
                                                                les incursions étrangères, celles des Anglais notam-
                          Nul ne connaît l’île d’Yeu            ment. Les Islais ont appris à vivre dans l’isolement et
                      mieux que Maurice Esseul. Il y est        l’insécurité. L’île d’Yeu a préservé son fort caractère.
                      né et lui a consacré de nombreux          L’agriculture a disparu, la pêche et le tourisme repré-
                      ouvrages. Historien et conseiller         sentent désormais l’avenir de l’Insula Oya, ainsi que
                      en patrimoine de la commune, il           l’avaient appelée, aux premiers siècles de notre ère,
                      multiplie les actions de sauvegarde       les navigateurs scandinaves.
     de son riche passé. Sa « petite histoire » de l’île, le                                               G. B.

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Régionalisme
                    La Ferrière                             On y apprend beaucoup sur le patrimoine de cette
                    Vivre ensemble                          commune de schiste, de granit et de fer. On va de
                    Commune de La Ferrière,168 p.,          village en village. Les coups d’œil dans le rétroviseur
                                                            sont nombreux. Mais on n’ignore par pour autant le
                       Un beau titre pour cette mo-         présent et l’avenir qui se forgent dans la diversité et
                   nographie originale de La Ferrière,      l’union. Ce livre devrait sûrement devenir un mo-
                   une commune « entre ville et cam-        dèle du genre par la richesse de ses informations et
pagne ». Il faut dire que l’ouvrage profite de l’exper-     de l’iconographie. Il fera la fierté des Ferriérois. A
tise et de l’écriture de Gilles Bély, grand reporter à      noter ses pages et sous-titres en allemand, La Fer-
Ouestfrance, il y a peu encore, et enfant du pays.          rière étant jumelée avec Wandlitz.
                                                                                                      Y. V.
                    Soullans,                               ment illustrée tout en couleurs, c’est tout un milieu
                    des origines à nos jours                complexe qui se découvre, mi bocage mi marais,
                    Sylvie Moniotte                         ses paysages et son histoire, son évolution à travers
                    Maury Imprimeur, 170 p.                 le temps et son patrimoine, mais aussi les person-
                                                            nages qui ont compté et laissé des traces. Il concourt
                        Très joli livre d’histoire locale   à permettre aux habitants de la ville de mieux la
                    sur la commune de Soullans, que         connaître ou de retrouver leurs racines, et à tous de
                    vient de publier Sylvie Moniotte.       mieux appréhender la terre de naissance de Jean Yole
                    Au gré des 170 pages abondam-           et de Charles Milcendeau.
                                                                                                     A. P.

                    Le Marais Nord Vendéen                  peau, une vérité profonde. Ami de Gaston Dolbeau,
                    Gilles Perraudeau – Emmanuel            le créateur du Bouquet d’Ajoncs, et des frères Mar-
                    Vrignaud                                tel, petit-neveu du Commandant Guilbaud, il offre
                    Alan Sutton, 160 p., 19,90 €            aux générations futures un véritable trésor.
                                                                 Gilles Perraudeau présente l’ouvrage et souligne
                      C’est un opus exceptionnel            justement le rôle essentiel des artistes et des auteurs
                  dans la collection bien connue des        dans la «geste marâichine». Le Dr Beaudoin bien
                  éditions Sutton sur les cantons           sûr, mais surtout René Bazin et sa «Terre qui meurt»
                  et terroirs vendéens. Il déploie le       dont toutes les paroisses du marais ont donné la ver-
                  vaste panorama des photos noir et         sion théâtrale entre les deux guerres.
blanc prises entre 1952 et 1965 par Jean Challet.                Goûtez sans modération cette émouvante pro-
Ce qu’il a alors photographié, les gens du marais,          menade dans ce pays de terre et d’eau, dont le destin
les bourrines, les charrauds ont quasiment disparu.         demeure depuis toujours en équilibre fragile.
Jean Challet a fixé ces visages, ces moments et ces                                                   G. B.
lieux avec un infini respect, une tendresse à fleur de



                    Se souvenir                             seulement un très beau livre, couleur pastel et nos-
                    du Marais Poitevin                      talgie bucolique, c’est surtout une formidable source
                    Guy Brangier                            d’informations sur ce qu’ont vécu ici plusieurs géné-
                    Geste, 507 p., 49,90€                   rations de maraîchins. Les extraits des journaux de
                                                            l’époque (Le Vendéen, la Vendée, Le Courrier des
                       Une incroyable collection de         Sables, Le Petit Vendéen), ceux des bulletins parois-
                  centaines de cartes postales an-          siaux, les trésors des Archives départementales évo-
ciennes, un voyage dans les cent communes, et               quent les menus faits de la vie quotidienne. Ils ra-
même un peu plus, qui constituent le Marais Poite-          content aussi les débuts de la coopération laitière et
vin, de Niort à Charron et de la Baie de l’Aiguillon à      du beurre Charentes-Poitou, la chamoiserie à Niort,
Benet. Professeur d’Histoire et de Géographie, Guy          le nettoyage des canaux du marais ou encore les ban-
Brangier invite à la découverte de ce singulier pays,       quets démocratiques du 14 juillet...
de la fin du XIXe siècle au mitan du XXe. Ce n’est pas                                               G. B.


    Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013                                                                        69
Tout dire en parlanjhe                   ses textes dans l’ouvrage commun sorti chez Geste.
                      Geste éditions, 214 p., 20 €             Car, outre des Saintongeais et des Charentais, on y
                                                               retrouve aussi des auteurs vendéens, comme notre
                          Le parlanjhe est une langue,         « star » native d’Aubigny Yannick Jaulin, le créateur
                      celle du Poitou ! Et l’UPCP, l’union     de William Poire Jean-Claude Lumet, le curé de
                      pour la culture populaire en Poitou      Doix et Champagné au XVIIIe siècle François Gus-
                      et Charente, s’est toujours battue       teau, le professeur de musique Ernest Guyonnet
                      pour l’identité de cette langue ré-      (1872-1935).... Cet ouvrage collectif, coordonné
                      gionale aux limites des frontières       par Liliane Jagueneau, nous permet de mieux com-
     oil et oc. En Vendée, Michel Gautier en est son plus      prendre nos patois et toutes ses variantes.
     ardent défenseur et on retrouve quelques uns de                                                   Ph. G.


                       Vaches de nos régions                   et la Charolaise, la préférée des éleveurs du cru, est
                       Daniel Brugès                           bien sûr aux premières loges, animal robuste croisé
                       de Borée, 112 p., 16 €                  en 1733 en Saône-et-Loire. Evidemment, la Nor-
                                                               mande aux trois couleurs de robe, fait partie de l’ef-
                           La Vendée est une de ces terres     fectif, tout comme la très travailleuse Nantaise qui
                       où la vache est sacrée, l’élevage bo-   faillit disparaître, la Parthenaise, la Blonde d’Aqui-
     vin une tradition. Mais cette terre n’est pas la seule,   taine et la rustique Maraîchine, qui revient au XXIe
     la France entière est d’ailleurs concernée, comme le      siècle brouter dans les prairies humides. Un très bon
     rappelle un charmant petit livre, écrit et abondam-       livre sur notre amie la vache, même si on n’est pas
     ment illustré par Daniel Brugès (originaire du Can-       agriculteur.
     tal, prix Arverne 2010). Chaque race est expliquée                                                   Ph. G.


                       Les secrets                             commanderie située sur le territoire de la commune
                       de la Commanderie                       de Challans. Ils y travaillent depuis que la ville de
                       de Coudrie                              Challans a racheté cette ruine devenue grange, voilà
                       Michel Gruet et Yann Masson-            deux décennies. Et dès leurs premières investiga-
                       neau                                    tions, la passion a prit le duo Gruet-Massonneau.
                       325 p., 52 €                            Et la découverte du cartulaire (reproduite dans ce
                                                               livre) a été l’élément déclencheur pour évoquer cette
                           Michel Gruet et Yann Masson-        commanderie parmi les plus anciennes de l’Ordre
                        neau, respcectivement président        du Temple, fondée par le premier grand maître en
     et secrétaire de la Société d’histoire du Nord-Ouest      personne, Hugues de Payns. Un tome 2 est prévu
     Vendée, ont livré les fruits d’années de recherche        dans quelques mois.
     et de travail méticuleux sur l’histoire de Coudrie,                                                Ph. G.




                        Et L’Autize coule                      vie en sera irrémédiablement marquée. C’est cette
                        encore...                              vie, démarquée sans doute, mais si peu, que raconte
                        Marie-Claude You-Clairand              Marie-Claude You-Clairand. La prof de lettres
                        165 p., 20 €                           trousse là un joli premier roman qui évite les pièges
                                                               éculés de la chronique rurale, tout en retenant le
                                                               meilleur de la moelle. Saint-Hilaire souffre avec les
                         Un jour de janvier 1900, un           familles des morts de 14-18, accueille les réfugiés de
                     «beurtin», un morceau de bois             1940, découvre le progrès, voit la ville et le monde
                     enflammé, transperce l’oeil de            bousculer son univers éternel. Guste traverse ce
                     Guste, le fils unique, l’héritier du      siècle, droit comme le peuplier d’Italie qu’il a planté
     domaine de Calais, à Saint-Hilaire-sur-l’Autize. Sa       comme un totem dans le plus beau de ses prés.
                                                                                                        G. B.

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Régionalisme
                    Étonnants Vendéens                     Voilà qu’il veut nous mettre en tête 32 destins de
                    Claude Mercier                         Vendéens exceptionnels. Ils s’appellent Jean Blan-
                    L’Étrave, 2012, 327 p., 21,50 €        villain, Léontine Girard, Jacques-Laurent Paliau.
                                                           Vous les connaissez ? Bien sûr à côté d’eux on trouve
                       Qui ne connaît pas Claude           Paul Baudry, Gaby Morlay, Narcisse Pelletier, Jean-
                    Mercier, ce grand amoureux de la       Jacques Audubon… Mais le mérite de ce livre est de
                    Vendée et de sa langue ? Il vient      nous dénicher des grands hommes et femmes trop
                    de nous donner « Comment se            oubliés et de les ramener dans la lumière. Merci,
                    mettre en goule le patois vendéen ».   Claude Mercier.
                                                                                                     Y. V.

                   Dictionnaire des                        toujours une grande finesse d’écriture, un diction-
                   célébrités vendéennes                   naire des célébrités vendéennes, de plus illustrées.
                   Alain Pérocheau                         680 personnalités recensées (mais toutes disparues),
                   Geste Éditions, 234 p., 30 €.           300 clichés. Pas forcément de longues biographies
                                                           mais des textes précis, incisifs. De A comme Ans-
                       Ce n’est pas d’hier qu’Alain        quer à Y comme Yole, en passant par D comme
                   Perrocheau s’intéresse à la Vendée.     Daroux, L comme Lescure, M comme Morlay et S
                   Tant dans ses romans que dans ses       comme Sexé, personne n’est oublié, politique, his-
                   guides. On se souvient qu’il avait      torique, artiste, missionnaire… Un fort beau et fort
en effet sorti un guide touristique à la fin des années    utile ouvrage dans sa bibliothèque.
1980, certainement le guide le plus passionnant fait                                              Ph. G.
sur notre département. Cette fois-ci, il propose, avec         J’attends tout de même une suite !
                                                                                                  J. R.


                    Ce qu’il advint                            Ces ingrédients ont servi de base au passion-
                    du sauvage blanc                       nant roman de François Garde. Administrateur des
                    François Garde                         TAAF, il découvre l’histoire de Pelletier et, s’il prend
                    Gallimard, 327 p., 21,50               quelques libertés avec la vérité, on ne lui en tient pas
                                                           rigueur… Bien écrit, ce livre se dévore d’une traite.
                      Narcisse Pelletier a bien existé.        Comme Narcisse dont l’histoire est celle d’aller-
                  Né en 1844 à Saint-Gilles, il est        retour tragiques entre deux mondes aux antipodes,
                  recruté comme mousse. Abandon-           à double titre, Garde nous convie, au rythme des
                  né à la suite d’un naufrage sur les      chapitres, à des aller-retour entre la vie au sein de la
côtes australiennes, il est adopté par les indigènes et,   tribu, et les lettres de Vallombrun, idéaliste, explo-
pendant 17 ans, vit au milieu de la tribu, s’adaptant      rateur raté mais de bonne foi, rendant compte à son
à sa nouvelle vie. Remarqué par des marins anglais,        correspondant de ses réflexions sur l’énigmatique
blanc parmi des noirs, il est ramené à Saint-Gilles,       Pelletier.
devient gardien de phare. Aussi étonnant que cela              Ce premier roman qui est une réussite. Gon-
puisse paraître, tout ça, c’est vrai !                     court du premier roman.
                                                                                     Catherine Blanloeil
                    Le chant de plein air                  Dans d’autres régions, on dit brioler, arauder, bau-
                    des laboureurs                         ler... Dans La Mare au Diable, George Sand évoque
                    Actes du colloque sur le dario-        «ce chant solennel et mélancolique» des laboureurs
                    lage                                   du Berry. Il figurera peut-être bientôt au patrimoine
                    L’Harmattan, 399 p., 44 €              culturel immatériel de l’Unesco. En octobre 2010,
                                                           un colloque avait réuni darioleurs et chercheurs à
                     «Savez-vous ce que c’est que          Mouilleron-en-Pareds, autour de Pierre Rézeau et
                 darioler?» aurait pu écrire Mme de        de Jean-Pierre Bertrand. Cet ouvrage rassemble les
                 Sévigné si elle était venue au pays       actes du colloque. Il est accompagné d’un magni-
                 de La Châtaigneraie. Les anciens          fique DVD présentant les darioleurs de Vendée et
toucheurs de boeufs du secteur savent encore le faire.     d’ailleurs «touchant» leurs boeufs dans les guérets.
Darioler, c’est chanter aux boeufs en labourant.                                                    G. B.


    Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013                                                                        71
Régionalisme
                       Le cimetière                             éditée en 1913 et rééditée en 1980, ainsi que dif-
                       des Martyrs d’Yzernay                    férents textes publiés jusqu’à ce jour sur le Cime-
                       (1794-2012), Georges Michel              tière des Martyrs d’Yzernay. On y trouve également
                       Hérault, 144 p., 20 €                    des témoignages inédits qui apportent un éclairage
                                                                nouveau sur les massacres de mars 1794 en forêt de
                           Cet livre collectif publié sous la   Maulévrier (aujourd’hui commune d’Yzernay).
                       direction de Georges Michel réu-             Préface de Jehan de Dreuzy, président du Souve-
                       nit le texte intégral de la brochure     nir Vendéen.
                                                                                                        AHH



                       Les campagnes nantaises                  d’observations et d’analyses. Le titre – qui s’explique
                       Jean Renard                              surtout par les rapports fonciers que la capitale ré-
                       Presses universitaires de Rennes,        gionale entretient avec son environnement rural –
                       192 p., 16 €                             paraîtra forcément réducteur aux Vendéens, acteurs
                                                                majeurs des évolutions techniques, économiques
                           Pendant trente-cinq ans, avec        et sociales de ce demi-siècle. Un ouvrage passion-
                       ses étudiants de l’Institut de géo-      nant qui explique clairement les changements des
                       graphie de l’Université de Nantes,       paysages, la montée en puissance de l’agriculture
                       Jean Renard a observé les révolu-        d’entreprise et de l’agro-alimentaire, l’apparition de
     tions sociales et paysagères des bocages de l’Ouest,       modèles agricoles alternatifs, la recomposition des
     ceux de Vendée particulièrement, entre 1960 et             territoires ruraux avec ce que Jean Renard appelle
     2010. Il rassemble et synthétise ici cinquante ans         justement «l’exode urbain»...
                                                                                                          G.B


                       La cuisine tradition-                    Marie-Aymée Bridonneau revisite les carnets de
                       nelle de Vendée                          recttes de ses deux grands-mères et les assaisonne de
                       Marie-Aymée Bridonneau                   conseils, d’anecdotes et de souvenirs. La cuisine de
                       Geste, 109 p., 19,90 €                   terre s’organise naturellement autour du cochon, la
                                                                cuisine de mer fleure bon la sardine grillée et la sa-
                          Dans une jolie présentation           licorne. Les amateurs de desserts sauront comment
                      à l’ancienne, ce recueil assemble         réussir les caillebottes, les flluns et les tourtisseaux.
                      70 recettes anciennes de la cui-          La troussepinette et le vin de pissenlits referment ce
                      sine traditionnelle vendéenne.            délicieux recueil aux saveurs anciennes, mais tou-
                      Celles qui étaient à l’honneur pour       jours appréciées chez nous... et par ceux qui vien-
     les grandes tablées des noces et des communions.           nent nous voir.
                                                                                                            G. B.

                       Baie de l’Aiguillon                      avec lui dans le golfe du Poitou naissant, avec les
                       Roger Éraud                              Barbares, avec Patrick Walton, «l’inventeur» de la
                       Geste, 575 p., 15.90 €                   mytiliculture, avec le peuple des marins jusqu’à la
                                                                naissance de La Faute, cette presqu’île surgie des
                             Née de la mer, soumise à elle      eaux, si douloureusement meurtrie par le passage de
                         en dépit des efforts des hommes et     la tempête Xynthia.
                         parfois de leurs inconséquences, la         La Baie de l’AIguillon est toujours en gésine.
                         Baie de l’Aiguillon demeure un es-     Roger Éraud souligne qu’elle sera colmatée par les
                         pace singulier, mystérieux même,       vases marines avant que la pointe n’atteigne le cours
     de la Vendée et du littoral atlantique. Trois fois,        de la Sèvre niortaise. L’histoire est donc très loin
     déjà, nous dit Roger Éraud, ce village né au XIIIe         d’être finie. Un regret technique: le format restreint
     siècle, a été envahi par les flots. Passionné d’histoire   de cette prometteuse collection dessert forcément
     locale, il s’est lancé dans une recherche minutieuse       un ouvrage de 575 pages.                 G. B.
     de l’origine et de l’histoire de la baie. On avance


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Policiers
                   L’enfant trouvé                         aussi de Cugand, en Vendée. Le Net va lui apporter
                   dans un panier                          bien plus que la documentation voulue. Au déroulé
                   Bruno Picquet                           de l’arbre généalogique, des portes s’ouvrent, des
                   Kirographaires, 2 x 400 p., 14,45 €     informations se croisent, des histoires étonnantes
                   chaque                                  émergent : le phénomène rural d’agglutination fa-
                                                           miliale, l’activité souterraine des faux-sauniers et des
                      Natif de Nantes, le commissaire      Chouans et même la raison qui poussa Joséphine
                  Picquet y a terminé sa carrière pro-     de Beauharnais à glousser dans les salons telle une
                  fessionnelle. S’il a écrit la retraite   poule. Cerise sur le gâteau, Picquet parvient à nous
venue, ce n’est pas pour narrer ses souvenirs de flic,     expliquer la source (sulfureuse) des couleurs jaune et
ni de faire un polard. Quoique… Bruno Picquet              verte du FC Nantes ! Étonnant et curieux livre, écrit
ne savait pas que, sans décoller de son ordinateur, il     d’une plume maîtrisée, sur un travail d’investigation
partait à l’aventure. Au départ, la passion de la gé-      digne d’un journaliste. Et dont de très nombreuses
néalogie, les racines de ses parents, de Nantes mais       pages s’intéressent à la Vendée.
                                                                                                      Ph. G.

                   Le Labyrinthe d’Agathe                  qui « contrepète » : vous mélangez le tout avec une
                   Christophe Prat                         dose d’érotisme et d’ésotérisme et vous voilà sur les
                   Orphie, 180 p., 16.50 €                 traces, peut-être, d’un tueur en série. Le commis-
                                                           saire Lasco confie l’enquête à un « bleu » talentueux,
                       Vous prenez un des mystères de      le lieutenant, on ne dit plus l’inspecteur, Zélouz ...
                   la cathédrale de Chartres, le laby-          Mais pourquoi les romans policiers ont-ils au-
                   rinthe ; un cadavre décapité ; des      tant de succès de nos jours ?
                   personnages gouailleurs qui parlent           Christophe Prat en possède le secret.
                   un vocabulaire des plus curieux et                                               RMB

                   Destin en torche                            C’est très bon, facile à lire, facile à suivre, mais
                   journal intime d’une criminelle         très prenant et très achevé au niveau psychologique.
                   Maryse Maligne                          Original, très, bien amené, bien construit...
                   Airvey, 240 p., 19 €                        Pas de doute, vous aimerez comme moi !
                                                               Changement de décor garanti, Méfiez-vous tout
                   Cela secoue d’entrée, vous ne           de même un peu de ne pas trop écouter les voix qui
                vous étiez pas encore rendu compte         vous poursuivront dans les jours qui suivront votre
                que vous étiez une criminelle, et          lecture. Mais c’est vraiment très bon...
une dangereuse, vous allez le découvrir.                                                              J. R.

                   Croix de bois,                          personnage et pour son troisième policier, vous êtes
                   croix de fer si tu mens                 déjà complètement « addict ».
                   Jean-Luc Loiret                              Original aussi, fouillé, avec toutes sorte de per-
                   legeste noir, 446 p., 13.90 €           sonnages énigmatiques...
                                                                Si vous aimez les policiers, si vous n’aimez pas,
                      C’est aussi très bon, en beau-       lisez ces deux auteurs, des valeurs sûres qui vous pas-
                   coup plus classique.                    sionneront autant que les best-sellers du genre.
                      Jean-Luc a trouvé un style, un                                                 J. R.

                   Le Tombeau des Anges                    entraîne des États-Unis au désert Irakien en passant
                   Ludovic Brochard                        par le Canada et nous emporte dans des considéra-
                   Durand Peyrolles, 140 p., 12, 50 €      tions folles : Quel est le destin de notre humanité et
                                                           qui est celui où celle qui en détient la clé ?
                       Un roman mené tambour bat-              Mais oui, parce que la fin du monde en cette an-
                   tant par des flics de choc, un duo      née 2012 prend le chemin tant redouté d’une apo-
                   de charme : Delphine et May. Truf-      calypse longuement annoncée !
                   fée de dialogues, l’histoire nous                                                 E. T


    Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013                                                                        73
Dictionnaire                               Quelques entrées intéressent directement la
                      de la Contre-Révolution                Vendée: la duchesse de Berry, Félicie de Fauveau, la
                                                             Chouannerie, la Petite Église, le Puy du Fou. Ville-
                      Direction: Jean-Clément Martin         bois-Mareuil notamment.
                      Perrin, 512 p., 27 €                       Deux pages sont spécifiquement consacrées à la
                                                             guerre de Vendée, présentée comme le mouvement
                           Spécialiste reconnu de la Ré-     contre-révulotionnaire le plus important entre 1789
                       volution et des guerres de Vendée,    et 1799, avec des conséquences encore visibles. La
                       professeur émérite à l’Université     cause des échecs des républicains est imputée aux
                      de Paris I, Jean-Clément Martin        rivalités entre Girondins, Montagnards et sans-
                      dirige la rédaction de cet imposant    culottes. Rivalités qui expliqueraient aussi « l’excep-
     dictionnaire qui recense les événements, les orga-      tionnelle violence que les Conventionnels ont laissé
     nisations et les figures marquantes de la Contre-       s’accomplir jusqu’au printemps 1794.»
     Révolution. Il cible d’abord la France et l’Europe,                                              G. B.
     mais concerne aussi l’Amérique latine, la Russie et
     la Chine.
                      Alain Poher                            aujourd’hui bien oublié. Comme l’ont été son passé
                                                             de résistant, d’Européen convaincu – il en présida le
                      L’autre force tranquille               Parlement – de défenseur des collectivités locales – il
                      David Ouvrard                          présida l’Assocation des Maires de France, à la suite
                      L’Harmattan, 209 p., 22 €              du Vendéen Lionel de Tinguy.
                                                                 Je lis cette biographie, fruit d’une thèse de
                         Disparu en 1996, Alain Poher        doctorat en pleine campagne pour la présidentelle
                     fut deux fois Président de la Répu-     2012. Elle propose un regard décalé et plus novateur
                     blique par intérim, présida le Sénat    qu’on le croit sur un système bipolaire qui n’offre
                     pendant 24 ans, se présenta sans        pas d’autre solution que la continuité ou l’alternance
                     succès à l’élection présidentielle de   brutale. Peut-être alors Alain Poher fait-il partie de
     1969. Originaire de Fontenay-le-Comte, collabora-       ceux qui, dans l’histoire longue, «ont quand même
     teur d’élus, David Ouvrard retrace le parcours de       gagné en perdant», comme Mendès-France, Rocard,
     cet homme discret, père tranquille de la politique,     Chaban-Delmas ou Delors ?
                                                                                                        G. B.
                      Un acte manqué                         mande ? Delage se fait aider dans ses recherches par
                      Philippe Mestre                        un spécialiste de l’histoire contemporaine, membre
                      France-Empire,                         de l’institut, et on se trouve embarqué dans une
                                                             aventure passionnante où réel et fiction se mêlent.
                           On appelle ça une uchronie…       Le plus intéressant étant peut-être tout ce qu’on
                       Philippe Mestre, sous les traits du   apprend finalement de la grande Histoire à travers
                       journaliste Jérôme Delage, ima-       cette fiction. On sait le rôle joué par Philippe Mestre
                       gine ce qui se serait passé si… le    dans la résistance. Lui seul pouvait se permettre un
                       11 novembre 1942 le Maréchal          livre aussi iconoclaste (car il l’est). On devine qu’il y
                       Pétain avait accepté de rallier Al-   a pris du plaisir, car ce plaisir est communicatif. On
     ger après le débarquement américain. Bien sûr, la       retrouve la plume aiguisée de l’auteur de « Quand
     face de l’Histoire aurait été changée. Quid de la ré-   flambait le bocage ».
     sistance, du général de Gaulle, de la réaction alle-                                               Y. V.

                      Jean de Lattre,                        de sa pensée apportaient alors leur vision du Maré-
                                                             chal. Parmi eux, des généraux comme Weygand, Sa-
                      Maréchal de France                     lan, Béthouart, des politiques, Claudius-Petit, René
                      L'esprit du Livre, 382 p., 26 €        Capitant, Paul Ramadier, P.-H. Teitgen, Jules Moch,
                                                             des hommes de lettres, tels Joseph Kessel, Pierre
                          La Vendée a commémoré au           Benoît, des académiciens, des ambassadeurs, des di-
                      début de cette année le soixan-        plomates. Leurs témoignages évoquent l'homme, le
                      tième anniversaire de la mort du       soldat et le politique. Très complet, cet hommage
                      maréchal de Lattre. La Fondation       retrace les heures glorieuses et douloureuses de la
                      Maréchal de Lattre, initiée par son    carrière du maréchal: le débarquement en Provence,
                      épouse, réédite l'ouvrage collectif,   le franchissement du Rhin, la capitulation du Reich
     paru en chez Plon en 1953, quelques mois après sa       nazi à Berlin et l'Indochine. Et rappellent sa devise,
     disparition. De nombreux témoins de son action et       "Ne pas subir".
                                                                                                     G. B.

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Histoire
                    La Guerre d’Algérie                     dire la beauté. L’émouvant récit de ce pélerinage est
                    Roger Albert                            le dernier chapitre de ce nouveau livre où s’entre-
                    Geste, 240 p., 11,90€                   mêlent le roman et le témoignage. Le héros du ro-
                                                            man, un jeune médecin vendéen, militant commu-
                    Soldat appelé en Algérie en             niste et anti-militariste, partisan de l’indépendance
                1957-58, Roger Albert avait                 algérienne doit, un jour, abattre le fellagha qui va
                conservé ses carnets de route de            égorger un de ses hommes, originaire de son propre
                l’époque. Carnets publiés chez              village de La Tardière. Un dilemme cornélien qui va
                Geste en 2006. Cinquante ans                déterminer toute la vie du médecin, retourné soi-
                après, il est retourné en pélerinage,       gner en Algérie. Roger Albert exprime ici ce que la
sur les lieux mêmes de son service, dans ce pays            plupart des appelés n’ont pas dit et rêve de nouvelles
qui l’a profondément marqué et dont il ne cesse de          passerelles entre les deux rives de la Méditerranée.
                                                                                                      G. B.


                    Vive l’Algérie française !              qui peuplent l’université et les media français. Ceux
                    Robert Ménard                           qui ignorent les exactions du FLN pour ne retenir
                    et Thierry Rolando                      que celles des Européens. Ceux qui tiennent pour
                    Collection « Coups de colère », éd-     quantité négligeable les 100 000 harkis massacrés,
                    Mordicus, 30 p., 4,95 €                 les 2 410 pieds-noirs et militaires français enlevés et
                                                            assassinés, les 220 000 tombes de Français d’Algérie
                                                            laissées à l’abandon ou profanées depuis 1962, les
                        Les Vendéens connaissent            10 000 pieds-noirs tués au combat au sein de l’Ar-
                   bien Thierry Rolando en tant             mée d’Afrique de Juin et De Lattre, les 30 000 es-
                   que conseiller pour l’économie au        claves chrétiens détenus à Alger par les Barbaresques
Conseil général et qu’élu local à Mouilleron le cap-        au XVIIe siècle…
tif. Ils savent moins qu’il est aussi président national         Rolando et Ménard rappellent au passage l’œuvre
du Cercle algérianiste, association mémorielle de la        civilisatrice de la France en Algérie, durant 130 ans,
culture « pied-noir ». Algérois, il s’est associé à un      avec 700 000 enfants musulmans scolarisés dans 16
autre rapatrié, l’Oranais Robert Ménard, fondateur          660 classes en 1960, 18% d’étudiants musulmans
de « Reporters sans frontières » et éditorialiste dans      à l’université d’Alger pour la même période. Sans
l’audiovisuel, pour mettre les pieds dans le plat du        oublier les dizaines de milliers de logements, les 14
politiquement correct avec un essai au titre sans           barrages et 27 centrales hydrauliques, les 23 ports
équivoque.                                                  aménagés, les 32 aérodromes, les 4 500 kilomètres
     Faisant fi des clichés sur les colons faisant « suer   de voies ferrées, les 80 000 kilomètres de routes et
le burnous » ou sur les « petits blancs » humiliant         pistes laissés par les « colonialistes » au jour de l’in-
les indigènes, ils font feu sur les « négationnistes »      dépendance.
                                                                                               Michel Chamard


                    Occupation                              Occupée sévèrement par l’armée nazie, encadrée
                    et Résistance en Vendée                 par un clergé conservateur et omniprésent, la Ven-
                    Michel Gautier                          dée ne pouvait pas être un bastion de la Résistance.
                    Geste, 368 p., 25 €                     Elle eut pourtant ses héros. Odette Roux, Gaston
                                                            Marcheteau, Armand Giraud, Louis Buton, Henri
                       Infatigable quêteur de mé-           Pigeanne, et combien d’autres. Michel Gautier fait
                   moire, Michel Gautier rassemble          revivre les parachutages d’armes, le maquis des Gâts
                   ici les témoignages des Résistants       à Dompierre, les martyrs de La Chapelle-Thémer,
                   vendéens de 39-45. Il nous les           les poches de Marans et de Pornic où les résistants se
restitue dans leur vérité brute et ils n’en sont que        battirent jusqu’à la reddition nazie. Dans ces années
plus poignants. «Les Vendéens de ce temps-là, pré-          noires, la vie, malgré tout, malgré les pires exactions,
vient-il, n’ont été ni meilleurs, ni pire que d’autres».    a elle aussi résisté, avec ses amours, ses bals clandes-
Ces «Quarante millions de pétainistes» dont parlait         tins et l’accueil des réfugiés ardennais. C’était l’Oc-
Henri Amouroux, à propos des Français de 1940.              cupation. Et la Résistance.
                                                                                                             G. B.


    Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013                                                                          75
Revues

                      La France                               niable. Grâce aux moyens modernes de transport
                      des Outre-Mers                          et de communication, grâce à la présence des re-
                      Revue Administration, n° 232            présentants de l’État sur place, l’unité de la Répu-
                      109 p., 19,90 €                         blique est une réalité, malgré les diversités réelles
                                                              de ces territoires. L’action des administrations est
                          Pour l’Année des Outre-mers         active sur tout le territoire français. Illustration su-
                      la revue de l’administration terri-     perbe, colorée, abondante, en renfort des textes de
                      toriale de l’Etat consacre un nu-       différents acteurs de la vie administrative, politique,
                      méro à ces territoires, si loin géo-    économique, culturelle. Expériences pittoresques,
     graphiquement, mais si proches « par le sang versé »,    comme le parcours d’un Sous-préfet antillais à tra-
     qui totalisent 2,7 millions d’habitants, disséminés      vers le Corps préfectoral ou la narration d’une mis-
     dans l’Atlantique Nord, en Mer des Caraïbes, dans        sion en pirogue sur les fleuves guyanais, apportent
     les Océans Pacifique et Indien. Si l’éloignement de      une variété et un intérêt vif à la lecture de cette revue
     la métropole paraît évident, la proximité est indé-      dirigée par notre Vendéen, Jean-Claude Vacher

                      Sports d’audourd’hui                        Ce numéro, paru en mars 2012, renferme un
                      et de demain                            précis technique sur la préparation de l’élection pré-
                      Revue Administration, n° 233            sidentielle et un compte rendu de « L’Observatoire
                      176 p., 12.50 €                         euro-méditerranéen de l’action territoriale de l’État »,
                                                              tenu en octobre à Marrakech. Échanges sur le dé-
                          Les sports nouveaux dans notre      veloppement urbain durable, dans la perspective du
                      société, les enjeux qu’ils représen-    récent « printemps arabe ». En France, comme en
                      tent, les infrastructures qu’ils im-    Europe et dans les pays du pourtour méditerranéen,
                      pliquent. Pour les J.O. de Londres,     les représentants territoriaux de l’Etat assurent la
                      nombre de sportifs ont peaufiné         continuité de la mise en œuvre de la politique de
     leur préparation sur la côte d’Opale. Teddy Riner,       développement urbain durable, le développement
     champion olympique de judo, Céline Gerny, jeune          économique et la cohésion sociale ; rôle éminent,
     cavalière membre de l’équipe de France handisport,       irremplaçable pour affronter les problèmes d’avenir
     évoquent leurs ambitions...                              de la planète.


                      Les grandes infrastruc-                      On lira, d’ailleurs, avec intérêt, le dossier consa-
                      tures de transports                     cré au « grand hamster » d’Alsace, pour lequel des
                      Revue Administration, n° 234            mesures spécifiques ont dû être prises pour sa pré-
                      112 p., 12.50 €                         servation, tout en réalisant l’axe nord-Sud alsacien…
                                                              Transport routier, ferroviaire, aérien, maritime : tous
                           Sujet sensible que celui des       les secteurs d’activité sont évoqués, avec leurs enjeux
                       grandes infrastructures de trans-      économiques, mais aussi humains. Dans ce numéro,
                       port ! En effet, le débat a souvent    il est aussi rendu compte des XIXèmes Journées de
                       été conflictuel entre aménagement      Paris, occasion d’échanges entre représentants ter-
     du territoire, compétitivité et préservation de la na-   ritoriaux de l’Etat en Europe, consacrées au « fait
     ture, économies d’énergie.                               métropolitain » dans la gouvernance territoriale.

                      Aviation civile :                            Nombreux, en fait, sont les aspects concernés :
                      Quels enjeux                            sécurité, aménagement du territoire, développement
                      Revue Administration, n° 235            durable… qui relèvent de l’Etat ou des collectivi-
                      160 p., 12.50 €                         tés territoriales. Il faut lire le témoignage du maire
                                                              de Roissy-en-France, lui qui a vu littéralement « le
                          Quelle place peut être au-          ciel lui tomber sur la tête », pour s’en convaincre.
                      jourd’hui celle de « l’Administra-      La qualité des signataires, tel le Directeur Général
                      tion territoriale de l’État » dans le   de l’Aviation Civile, démontre amplement l’intérêt
                      domaine « mondialisé » du trans-        partagé que l’Aviation Civile continue de secréter au
     port des passagers et du fret ?                          pays de Blériot, de Saint-Exupéry et d’André Turcat.



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Revues
                    Lettre aux amis                               Cette histoire a été rédigée à partir d’interviews
                    de Noimoutier                             de Noirmoutrins représentatifs, paysans, marins,
                    n° 166, 40 p., 8 €                        mais aussi « marins-paysans », sauniers, commer-
                                                              çants, instituteurs, notables, etc. Ils nous ont livré
                                                              leurs souvenirs qui permettent de mieux com-
                        Le numéro d’été est un nu-            prendre le caractère noirmoutrin.
                  méro spécial consacré au « Pont de              Illustrations provenant essentiellement de nos
                  Noirmoutier » qui a fêté l’an der-          fonds d’archives.
                  nier son quarantième anniversaire.              Le pont de Noirmoutier était aussi le thème de
Le dossier « Entre passé et avenir, une histoire… »           l’exposition que l’association Les
raconte la vie sur l’île de Noirmoutier avant et après        Amis de l’Ile de Noirmoutier a
le pont. Qu’a apporté le pont aux Noirmoutrins ?              organisé à Barbâtre, salle Océane,
Qu’est-ce qui a changé dans leur vie depuis qu’ils            du 21 août au 2 septembre, avec
peuvent se rendre à tout moment sur le continent ?            une conférence « Noirmoutier,
Quelles étaient leurs craintes ? Sont-elles justifiées ?      l’ex-île ? » , salle des Oyats, le mer-
L’histoire du pont est aussi celle des manifestations         credi 22 août avec les interventions
à propos du péage, la seule fois où les CRS se sont           de Nicole Brunet, Lydia Gaborit et
opposés à la population insulaire…                            Louis Gibier.



                    Le Fenouiller (n° 1 et 2)                 nuller», le petit foin. Ces deux albums, très variés,
                    Association Histoire et Patrimoine        évoquent entre autres le pont et la cale d’embarque-
                                                              ment du Pas-Opton sur la Vie, le «trésor» de la pa-
                                                              roisse à la Révolution, la pierre bleue du Fenouiller,
                     Sous l’impulsion de Paul Ga-             les traditions paroissiales, l’entre-deux guerres et la
                teau, fondateur de la chorale Ro-             première équipe de foot, les «Crocodiles». Éclec-
                land de Lassus, l’Association His-            tiques, très documentés, servis par une riche icono-
                toire et Patrimoine du Fenouiller             graphie, ces deux premiers cahiers laissent augurer
                a publié deux intéressants cahiers            d’une belle postérité.
                sur le passé de cette commune du                  Association «Histoire et Patrimoine», 25, rue du
marais breton qui tire logiquement son nom de «fa-            Petit-Puits, 85800 Le Fenouiller.
                                                                                                        G. B.


                                                              tant d’autres, à maintenir une revue de qualité dans
                    Le Souvenir Vendéen                       laquelle il y a toujours quelque chose à puiser, hors
                    74 p., 8 €
                                                              des lieux communs.
                       n° 259
                                                                   Il faut dire qu’il y a de la matière et que les adhé-
                                                              rents, du moins ceux qui prennent la plume, sont de
                         Je n’ai pas le numéro 260, mais
                                                              haute volée, qu’ils maintiennent le débat sur maints
                    il doit déjà être paru...
                                                              sujet, se répondant dans le même numéro ou d’un
                         Que dire d’une association et
                                                              numéro à l’autre.
                    d’une revue qui fait preuve d’une
                                                                   Tout cela est de ma meilleure tenue, avec des ar-
                    telle longévité, avec près de 1000
                                                              ticles de fond, la chronique, les échos, les questions
                    adhérents et un nouveau président,
                                                              réponses pour chercheurs et curieux, et la recension
                    Michel Chatry, que vous connais-
                                                              des derniers livres parus, avec une iconographie
                    sez tous, qui participe à tous les
                                                              fouillée, recherchée et de qualité.
                    salons et se passionne pour toutes
                                                                   On ne s’étonnera pas que l’on y revienne sur le
                    les autres sociétés savantes, histo-
                                                              terme de génocide, et que l’on nous annonce un
                    riques ou littéraires.
                                                              grand colloque pour 2013...
                         Il faudrait aussi saluer les douze
                                                                   Une revue de passionnés, dont vous faites peut-
                    ans de la présidence précédente de
                                                              être déjà partie.                            J. R.
                    Jehan de Dreuzy, qui a réussi, après


    Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013                                                                             77
Autres parutions

                       Victor et Valentin                           Les aventures de deux Yokshires en région pa-
                       Marcelle Martina Griffon                risienne, aux Sables d’Olonne ; et les vacances en
                       50 p., 8 €                              Italie. Vivre à l’heure canine et câline sur le Remblai
                                                               des Sables d’Olonne avec enthousiasme, humour et
                           Ni guerre, ni crime, ni catas-      tendresse.
                       trophe, ni maladie… une paren-               Suivi de Victor et Valentin présentent Mannix et
                       thèse agréable et reposante…            Hugo, 80 p., 10 €
                                                                                                 Thérèse Davesne
                       Nantes Insolite                         statues, le restaurant flottant, le pont transbordeur
                       Stéphane Pajot                          et les Transbordés, ce que cache le sommet de la fon-
                       Orbestier, 192 p., 14,50 €              taine de la place Royale, les miracles du cimetière
                                                               Miséricorde, les vikings qui débarquent, etc.
                           À Nantes, la surprise est au coin        Rencontrez Nantes grâce à des rubriques théma-
                       de la rue pour qui sait regarder.       tiques qui vous dévoileront tout sur l’insolite nan-
                           Ce livre de balades pour dé-        tais. Stéphane Pajot, journaliste des pages culture de
                       couvrir l’histoire de Nantes sur la     Presse-Océan, est l’auteur de nombreux livres sur
                       fresque de Royal de Luxe, le pas-       Nantes et sa région et de plusieurs essais et romans.
                       sage d’Orléans oublié, le « P » des     Dénicheur d’archives, à la recherche d’anecdotes
     plaques de Bouffay, l’incroyable écho de Trente-          inédites et de témoignages insolites, il se passionne
     moult, Nantes qui tangue, les plantes carnivores          depuis toujours pour sa ville et en découvre avec le
     et le labyrinthe du Jardin des plantes, l’histoire des    temps tous les secrets.

                       L’ascenceur du diable
                       Jean-Paul Gayot                                           Les cahiers
                       Kometa, 19 €                                              de la santé naturelle
                                                                                 Marie-Thérèse, Henriette et Monique
                            Rencontré à Saint-Gervais,                           Charrier
                       Jean-Paul fait part de son dernier                        Geste, 240 p., 20 €
                       livre sur une aventure extra conju-
                       gale. Ses cinq livres précédents se                            Autre trouvaille de salon, ce
                       laissaient bien lire... J. R.                              précis de médecine naturelle.
                                                                                  Vous sauriez déjà tout cela si vous
                                                                                  vous étiez un peu occupé de votre
                       Je me souviens de Rose                  santé, mais vous feriez peut-être bien de le lire en
                       Régine Albert                           entier ; cela vous aiderait peut-être à comprendre
                       Les Chantuseries, 17 €                  pourquoi vous avez parfois mal aux cheveux, ou
                                                               ailleurs, et vous éviterait de manger n’importe quoi,
                       Ados en détresse                        n’importe comment...             J. R.
                       Laurence Pain
                       Les Chantuseries, 16 €
                                                                                 Dans le port tout est bon
                           Deux couvertures seulement                            Michel Moinier
                       sont actuellement disponibles pour                        Petit Pavé, 144 p., 16 €
                       les prochaines parutions, toujours
                       aussi choisies, des Chantuseries de                           Il faut faire les salons pour y
                       Bertrand Illeghems, Vous n’êtes                           rencontrer des auteurs improbables
                       pas obligés d’attendre la sortie du                       et y faire des trouvailles comme à la
                       prochain Lire en Vendée pour les                          brocante...
                       acquérir et les lire, la maison est                           Déjà, la couverture et le titre
                       bonne et les auteurs connus.                              vous ont attiré, comme la verve de
                           Peut-être nous ferez-vous par-      l’auteur. Pas toujours facile à suivre, ce vocabulaire
                       venir une petite recension qui éclai-   pour initiés que l’auteur appelle de la gouaille et
                       rera utilement nos plumes !             dont l’humour n’est pas si féroce que cela. À lire au
                                                               comptoir du bar.                           J. R.


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Un demi-siècle                           d’autres pour entendre sonner les trompes, d’autres
                   en fanfares                              pour la fierté de porter des habits traditionnels et
                   Diégo de Bodard de la Jacopière          enfin, beaucoup de veneurs suivent un équipage
                   Hérault 328 p., 33 €                     pour le plaisir d’y retrouver des amis, parfois peut-
                                                            être même pour rencontrer une jolie cavalière.
                       On peut être veneur de beau-             Mais l’histoire de l’équipage “Rallye Araize”
                   coup de façons. Certains le sont         constitue l’essentiel de cet ouvrage abondamment
                   par amour de la nature, d’autres         illustré, puisé dans les trois mille pages relatant
                   par amour du cheval et des chiens,       soixante années de vénerie.
                                                                                                    AHH
                    Le Pays de
                    Fontenay-le-Comte                       Robert Aujard
                    raconté                                 dessins, Henri Bourgouin
                                                            200 pages, 39 €
                    en 100 dessins                          à paraître en novembre

                    Le rock Nantais                         tique et personnel, découvrez les 100 chroniques
                    en 100 vinyls et CDS                    des 100 disques qui ont forgé l’histoire du rock de
                    Laurent Charliot, 29 €                  notre région. Une sélection audacieuse, du rap au
                                                            metal en passant par la chanson et le reggae, sur plus
                        Ce Vendéen multiplie les ta-        de 3000 œuvres sorties en près de 6 décennies. Lau-
                    lents : la musique et l’écriture ; à    rent Charliot récidive après son ouvrage sur le Rock
                    travers son regard érudit, initia-      «Grand prix du livre Bretagne 2011».
                                                                                                     E. T.

                   La Triode                                quatre musiciens. On y trouve des histoires comme
                   In’ ballade à trouês vouês               on en raconte (peu) chez nous. Le grand-père
                   Fabien Mornet                            « l’peupéi » parle à son petit-fils Janicou. Et de sa
                   Miqueu Montanaro                         bouche sortent les aventures de Firmon, Caribou,
                   Christophe Soulard                       Raboulot et mon bia Jouc... Fid’vesse, il s’en passe
               Luni Lunon                                   de drôles dans ce village de la Bacotère! Le livret est
                   C’est une petite révélation...           accompagné d’un CD plein de bruits, d’improvisa-
               Quatorze contes ou chansons                  tions, de guitare et de flûte. Le conteur conte. On ne
               écrits en parlanjhe par Dominique            devrait pas avoir fini d’entendre parler des exploits
Mornet et accompagnés par le trio «La Triode» qui,          de la Triode.
comme son nom ne l’indique pas est composé de                                                         Y. V.

                   Les mystères de Camille                  une bonne analyse des sentiments pourtant très
                   Karine Lebert                            contenus.
                   de Borée, 320 p., 21 €                       Les thèmes récurrents de l’amour, la jalousie,
                                                            la réussite sociale, l’adoption, la découverte de ses
                       Encore un bon roman, d’une           origines, la guerre et la résistance permettent à l’hé-
                   autre époque encore, mais avec           roïne, de se construire au fil des pages et au rêve de
                   une trame, une peinture des              se réaliser. elle réussira donc, dans un monde dur,
                   mœurs, des caractères et des gens,       hostile et plutôt noir.                   J. R.

                   Les Fiancés                              terroir et à l’ancienne ; c’était il y a près d’un siècle.
                   de Saint-Laurent                         Là encore, l’auteur donne l’impression qu’il a dé-
                   Pierre Sabourin                          couvert l’histoire de ses grands-parents au travers de
                   de Borée, 340 p., 20 €                   courriers, d’un journal, de vieilles photographies et
                                                            qu’il veut la comprendre, l’intégrer comme un héri-
                       J’allais oublier l’autre livre en-   tage sacré.
                   voyé par de Borée, une autre his-            C’est bien fait, vous allez vous attachez vous
                   toire de familles, d’amour et de         aussi à cette famille Sabourin !             J. R.


   Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013                                                                            79
Le coin du CVRH                      Centre vendéen de recherches historiques


     Le mot d’actualité                                         À la rencontre de…
         Au fil des ans, le nombre des auteurs ayant
                                                                Bernard Pineau
     contribué aux publications du CVRH est devenu
     particulièrement important, et notre catalogue                                           Il a avec la commune
     porte sur les thèmes les plus divers : grandes figures                               où il vit et qui fait l’objet
     de la guerre de Vendée ou de la Première Guerre                                      de son premier livre « des
     mondiale, missionnaires, explorateurs, marais poi-                                   attaches immémoriales ».
     tevin, agriculteurs, souvenirs et mémoire autour de                                  Ses recherches personnelles
     sites ou de communes du département…                                                 lui ont fait découvrir qu’en
         Nombre de nos auteurs sont tout disposés à                                       1828 André Pineau a quitté
     donner des conférences à la demande d’associations                                   Notre-Dame de monts pour
     culturelles, ou à participer à des dédicaces organisées                              Saint-Michel en l’Herm. Du
     par des libraires ou des bibliothèques. Il suffit de les                             côté maternel, on remonte
     inviter par l’entremise du Centre.                                                   au XVIIIe siècle, lorsqu’un
                                                                                          Ardouin venu de Dom-
         Par ailleurs, pour être tenus au courant de l’ac-
                                                                                          pierre-sur-Yon s’y installe.
     tualité du Centre, responsables associatifs, bibliothé-
     caires et libraires peuvent passer par le même canal            Né dans une famille nombreuse, son père tra-
     pour demander à recevoir notre catalogue annuel et/        vaillant dans le secteur para-agricole, Bernard Pi-
     ou notre lettre d’information électronique.                neau a fait ses études secondaires à Sainte-Ursule,
                                                                à Luçon, avant de devenir professeur de maths dans
                                                                l’enseignement catholique au Poiré-sur-Vie, puis à
         			Michel Chamard,                                     Saint-Jean-de-Monts.
         			 Directeur éditorial                                     Il consacre sa retraite à la généalogie, au hasard
                                                                d’une réunion de famille qui lui donne l’idée de ras-
                                                                sembler les descendants d’André Pineau : en 2008,
     Salon du Livre de La Rochelle                              il rassemble 180 cousins, dont il dresse pour chacun
     (7-9 décembre 2012)                                        l’arbre généalogique. Du coup, il cherche à com-
         Le Centre vendéen de recherches historiques            prendre comment s’est réalisée cette implantation
     sera présent.                                              michelaise, épluche les registres d’état-civil, met en
                                                                fiche 978 mariés et mariées, en conclut qu’entre la
                                                                Restauration et la Seconde Guerre mondiale, ce sont
         L’histoire de la Vendée, de votre région, vous
                                                                entre 200 et 300 personnes apparentées à sa famille
     passionne ? Venez découvrir le CVRH à l’Espace
                                                                qui ont émigré.
     ENCAN au 7e salon du livre de La Rochelle (7, 8 et
     9 décembre 2012).                                               Cette compilation lui donne l’envie d’écrire un
         L’essentiel de notre catalogue, riche d’ouvrages       livre sur sa commune, mais il ne sait pas trop com-
     consacrés à l’histoire de la Vendée et à ses territoires   ment procéder. Il va voir Alain Gérard au CVRH,
     environnants sera présenté. Ainsi des cartes et mé-        qui lui donne une méthodologie à partir d’entre-
     moires de Claude Masse dans La Côte et les marais          tiens et de dépouillement d’archives. Le résultat est
     du Bas-Poitou vers 1700 (Suire). Vous trouverez en-        là : « Quand la mer voudra… » constitue un ouvrage
     core Le marais poitevin. Une écohistoire du XVIe à         de référence sur ce second « Saint-Michel au péril de
     l’aube du XXe siècle (Suire), qui fait référence. Quant    la mer ».
     à la vie quotidienne sur le marais, vous en lirez un            Du coup, Pineau fourmille de projets, toujours
     aperçu savoureux dans le manuscrit inédit de l’abbé        axés sur sa paroisse de prédilection. Il songe à une
     Pérocheau du Gué-de-Velluire (Rousseau), ou dans           étude sur les maçons creusois, qui furent nom-
     Quand la mer voudra… sur St-Michel-en-l’Herm               breux dans la commune pour réparer l’abbaye ou
     (Pineau). Signalons aussi l’édition critique de La         construire des ouvrages d’art (on leur doit notam-
     Guerre de la Vendée et des Chouans de Lequinio (Ar-        ment la « digue des Limousins »), à une autre sur
     tarit), Lequinio qui fut en poste à La Rochelle sous       les employés de l’abbaye, dont les effectifs furent à
     la Révolution. Et de nombreux autres titres.               la hauteur de l’importance de celle-ci à ses grandes
     Espace ENCAN. Ouverture : vendredi, 14 h-19 h ;            heures… Le plus dur va être de choisir. Là aussi, il
     samedi et dimanche, 10 h-19 h.                             compte sur le CVRH pour le conseiller.
                                                                      					M. C.


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87, rue Chanzy, 85000 La Roche sur Yon
                                                    www.histoire-vendee.com - cvrh@wanadoo.fr
                                                                               02 51 47 74 49



                    Guerre de la Vendée                                       Quand la mer voudra...
                    et des Chouans                                            Bernard Pineau
                    Joseph Lequinio                                           CVRH., 228 p., 20 €
                    Edition critique par Jean Artarit
                    CVRH, 255 p. 23 €                                              Le titre de ce premier livre de
                                                                               Bernard Pineau, né à Saint-Mi-
                        Joseph Lequinio n’est certes                           chel-en-L’Herm d’une famille de
                    pas le plus connu des terroristes                          migrants venue de l’autre marais
                    qui mirent en œuvre le projet d’ex-                        vendée, celui du nord, fait explici-
termination de la population vendéenne en 1794.             tement référence à la tragédie de la tempête Xyn-
Turreau et Carrier ont davantage figuré l’horreur           thia qui a endeuillé les communes voisines de L’Ai-
du moment. Lequinio, député du Morbihan, repré-             guillon et de La Faute. Ici aussi, au commencement,
sentant en mission dans l’Ouest, à La Rochelle et           était la mer. Et Saint-Michel-en-l’Herm émergera
à Rochefort notamment, ports dont il faut fermer            plus tard, comme les autres villages voisins plantés
l’accès aux Anglais, s’invitera à Fontenay-le-Peuple.       sur les buttes calcaires, de ce qui était alors considéré
Il y met en place une Commission militaire qui en-          comme un désert, puisque c’est le sens même du
verra 198 personnes à l’échafaud et y tuera de sa           mot «herm».
main un prisonnier. Voilà le parfait terroriste ré-              Bernard Pineau évoque la longue histoire de
volutionnaire qui va pourtant dénoncer la Terreur,          Saint-Michel, toujours au péril de la mer, mais aussi
sans cesser pour autant de la trouver nécessaire !          de toutes les convoitises, celles des pirates, des Nor-
     Il développe ses convictions dans un livre, Guerre     mands, des Anglais, des Huguenots, et des révolu-
de la Vendée et des Chouans, paru en octobre 1794,          tionnaires. L’abbaye royale occupe évidemment une
dont il prétend qu’il donne une connaissance com-           large place dans l’histoire de la communauté miche-
plète, ainsi que de ses causes et des mesures propres       laise. Envoyés par saint Philbert, les moines d’Hé-
à la terminer. «Un des écrits les plus étranges et les      rio – Noirmoutier aujourd’hui – débarquent en 682
plus énigmatiques de la période révolutionnaire»,           sur l’île de la Dive, puis très vite sur l’île voisine,
souligne Jean Artarit.                                      plus étendue, du Vieux Condet, le Saint-Michel
     Ce livre commence quasiment par le Mémoire             d’aujourd’hui. La présence monastique durera onze
de 31 pages que Lequinio a lu, le 1er avril 1794, au        siècles, jusqu’à la Révolution. Vendue comme bien
pavillon de Flore des Tuileries, devant le grand Co-        national, elle servira alors de carrière de pierres...
mité de Salut public. Il y a là, Robespierre, Carnot,            L’autre axe central du livre s’articule autour de la
Saint-Just, Barère... Accompagné de quatre dépu-            conquête de l’espace, au fil des prises, permises par la
tés Montagnards vendéens, Lequinio dénonce, en              construction de digues successives. Les moines sont
termes incroyables, les horreurs des armées de la Ré-       les premiers à s’atteler à cette tâche colossale qui se
publique dans la Vendée. Il stigmatise les généraux         poursuivra jusqu’en 1965. Elles portent des noms
qui poussent au pillage, au viol, à la barbarie. Et il      qui racontent leur histoire : les digues des Limou-
assure, protestations des patriotes des régions sacca-      sins (1766), de Malakoff (1855), du Maroc (1912)
gées à l’appui, que ce carnage renforce la rébellion,       et le moderne polder. Alain Gérard, qui préface le
poussant chez les insurgés ceux qui étaient jusque-         livre de Bernard Pineau, souligne précisément cet
là, fidèles à La Révolution. Prenant les devants, il se     esprit de conquête qui a permis de mobiliser l’extra-
cisèle aussi une image de modéré, sans écarter pour         ordinaire force collective d’où naquit Saint-Michel-
autant «l’extermination de 400 000 personnes, mais          en-L’Herm.
sans cruauté, avec compassion même»...                           De cette histoire ressort aussi une culture du
     Ce rapport, prudemment mis sous le boisseau,           risque, une solidarité naturelle qui s’incarnera,
reparaîtra après Thermidor. Fontenay ne reprochera          entre autres, dans la coopération laitière, la «laite-
rien à son auteur. Arrêté en août 1795, amnistié peu        rie», créée en 1892. Bernard Pineau ne se limite pas
après, il servira le Consulat et l’Empire, notamment        aux grandes étapes historiques de sa commune: il
comme agent diplomatique au Rhode-Island.                   fait aussi partager la vie quotidienne des Michelais,
     Jean Artarit dresse un portrait saisissant de cet      à différentes époques. Et les pages qu’il consacre à
être double, tantôt Mister Hyde, tantôt Docteur             l’île de la Dive dont saint Hilaire de Poitiers chassait
Jekyll, narcissiste passionné à la recherche du socia-      les serpents en 368, ou à l’énigme – résolue – des
lisme utopique, prêt à tout, y compris au pire, pour        fameuses buttes coquillières des Chaux, sont un ré-
forger l’homme nouveau d’un monde meilleur.                 gal...
                                          G. B.                                                         G. B.


Le coin du CVRH - novembre 2012 - mars 2013                                                                             81
Les pages des écrivains de la Mer


     Vendée-Globe,                                            Il lui manquait une chose
     cap Horn et littérature                                  à accomplir
                                                              avant d’embarquer pour l’éternité
                                                              du grand large des marins :
     Dans quelques semaines,                                  voir et passer le cap Horn !
     les candidats
     au trophée du Vendée-Globe
     passeront le cap Horn,
     le fameux cap des tempêtes                                     Quasiment, un demi-siècle après son premier
                                                              embarquement, il prit la décision d’effectuer une
                                                              croisière de Valparaiso à Buesnos Aires en passant
                                                              par Puerto Montt, Punta Arenas, Ushuaïa, le Cap
          Combien d’écrivains l’ont décrit ? Combien          Horn, Punta del Este, Montevidéo, sur un paquebot
     d’auteurs nous ont entrainés vers le grand Cap ? À       de croisière construit à Saint Nazaire. Évidemment
     l’occasion du rapprochement sportif de notre course      le passage du cap à la voile aurait eu une certaine
     et du point extrême du continent américain, per-         allure, mais l’âge préfère le confort de ces immeubles
     mettez-moi de vous présenter l’histoire d’Antoine,       flottants, pourtant ce voyage est l’un des plus mari-
     un adolescent qui a rêvé de passer le Horn.              time qui existe sur le marché. « Nous irons tous à
          Un jour pendant les vacances d’été, Antoine vit     Valparaiso » nous dit la chanson, ce grand port des
     la mer pour la première fois à Saint-Gilles-Croix-       trois-mâts barques du XIXe et début XXe siècle, que
     de-Vie. Si vous aviez vu ce garçon qui courait vers      d’histoires, de romans à ce sujet. Lui, l’ancien ma-
     l’aventure quand soudain ELLE était là !                 rin, que d’émotions et de souvenirs sont remontés
          Après être passé par les quais qui sentaient fort   à la surface de son âme aux premiers tours d’hélice,
     le poisson, enfin il l’a dominait du haut de ses douze   certains pourraient dire : « coup de blues », vrai !
     ans. Quelques jours après, à La Rochelle, Antoine        C’était le quinze janvier 2012.
     regardait un cargo sortir du port de La Pallice, cinq        Valparaiso était déjà derrière nous, une escale à
     ans plus tard il embarquait à Calais sur un navire       Puerto Montt, la porte de la Patagonie chilienne,
     de la regrettée Compagnie des Bateaux à Vapeur du        Antoine eu une pensée pour Francisco Coloanne,
     Nord. Dur de commencer sa navigation comme no-           l’écrivain du cap Horn, né non loin de là sur l’île
     vice pont et surtout de ne pas être breton ou vendéen    de Chiloé. Après une navigation à travers les fjords
     comme tout l’équipage. Combien d’apostrophes a-          chiliens et nous voici à l’entrée ouest du détroit de
     t-il entendues comme « parisien » - pas vraiment un      Magellan, exactement à quelques milles du phare
     compliment dans la marine - et surtout le célèbre        des Evangélistes, nous avons fait route sur Punta
     leitmotiv : « Dans la marine, il y a ceux qui navi-      Arenas. Escale très agréable, il y a environ cent ans,
     guent parce qu’il n’y a rien d’autre à faire dans leur   c’était le port ravitailleur de charbon pour les ba-
     pays et ceux qui naviguent victime de leur lecture !     teaux qui transitaient entre les deux océans avant
     » Le temps passa, il devint matelot, et il appartenait   l’ouverture du canal de Panama. Au centre de la ville,
     maintenant aux Peuples de la mer, cher à notre écri-     sur une très belle place, se trouve la statue colossale
     vain Marc Elder dont on fêtera l’année prochaine         de Magellan. La tradition veut que ceux qui traver-
     à Noirmoutier le centenaire de son prix Goncourt.        sent pour la première fois le Détroit embrassent ou
          Quarante ans après, Antoine termine son der-        touchent le pied gauche du Patagonien statufié sous
     nier embarquement comme capitaine.                       celle de Magellan, ce qui veut dire qu’ils reviendront
          Pourtant, jamais le Horn ne fut doublé par un       un jour à Punta Arenas.
     des navires où il était embarqué.                            Le paquebot fit une escale à Ushuaia, un « aven-
          Le cap de Bonne-Espérance, il connaissait, celui    turier », médiatisé par les télévisions françaises, vous
     de Tasmanie aussi, mais le grand troisième : jamais      en a déjà entretenu longuement en oubliant l’aspect
     vu !                                                     maritime de ce lieu.


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                                                                maisondesecrivainsdelamer@wanadoo.fr
                                                                                 http://evrivains-mer.fr




Face au cap !
                                                              Une heure plus tard, un éclat blanc toutes les
                                                          cinq secondes perçait la bruine. Nous approchions
                                                          de cette falaise qui semblait, dans la grisaille, une
    Cap sur le Horn ! C’était le but ultime du            sorte de dragon à moitié immergé prêt à happer le
voyage, ensuite ce sera la remontée au nord dans          moindre navire passant au large de son gite. Dans
l’Atlantique.                                             le jour naissant, nous commencions à voir la tour
    Nous avons appareillé dans la soirée, déposé          blanche à bandes rouges située à 127 mètres de hau-
le pilote à Puerto Williams, côté Chilien du canal        teur. Le paquebot vira au sud du cap pour prendre
de Beagle si cher à Darwin. Au cours de la nuit,          ensuite une position de dérive sous le vent à l’abri
Antoine vérifia sur la carte diffusée par la télévision   des rochers.
du bord qu’après Isla Nueva, le navire prenait bien           Une certaine appréhension gagnait notre passa-
la route du cap Horn. Une diffusion générale nous         ger, il avait peur de détruire son rêve. Et si le grand
avait prévenus, la veille, qu’en cas de mauvais temps     cap n’était qu’une réplique de la Pointe du Raz ou
le capitaine pourrait éviter cette « escale ». Quelle     autre lieu dangereux pour la navigation. Pourtant
déception cela serait ! Ouf ! À deux heures du matin,     la puissance mythique du lieu le submergea. Aucun
nous étions sur la bonne route. Le temps était maus-      marin ne peut oublier les navires et les anciens qui
sade, le vent soufflait force 6 à 7 nord-nord-ouest.      ont disparu là. Soixante bâtiments de tous genres se
    Le 22 janvier 2012, vers quatre du matin nous         sont abîmés dans les eaux du Horn, pas étonnant
avons doublé la minuscule île de Barnevelt, prati-        que certains navigateurs lui donnent aussi le nom
quement l’entrée de l’archipel des îles Hermitte.         de « cap Dur ».


   Les écrivains de la mer - novembre 2012 - mars 2013                                                              83
Les pages des écrivains de la Mer




          Il se trouvait face à ce fameux Cap si craint des         La saute des bourrasques empêchait la mer de
     marins. Oh! Combien de marins, combien de capi-           se former.
     taines… (Inutile d’aller plus loin, vous connaissez            On découvre sur la crête de la falaise le phare
     !), sont arrivés ici et sont restés de nombreuses se-     pas très impressionnant avec sa petite chapelle, mais
     maines, « vent d’bout », sans pouvoir doubler le pro-     il est impossible d’aborder l’île avec les moyens du
     montoire et souvent ont fait demi-tour pour passer        bord par ce temps.
     au large du cap de Bonne-Espérance et au sud de la
                                                                    Antoine pensait aux écrivains de sa jeunesse :
     Tasmanie pour rejoindre un port du Pacifique. Au
                                                               Louis Lacroix, Armand Hayet, Georges Aubin, Ber-
     nord-ouest, à environ 30 milles se trouve le Faux
                                                               nard Frank, Francisco Coloane, Jack London, qui,
     Cap Horn, aussi dangereux que le vrai. Il a été sou-
                                                               dans son inoubliable roman « Les Mutinés de l’El-
     vent confondu par les capitaines venant de l’ouest,
                                                               seneur » nomme le Cap Horn : le Bout du doigt du
     les coques des navires naufragés écrasées sur la côte
                                                               monde ; sans oublier Slocum, Vito Dumas, Bernard
     reste là comme ultime avertissement pour prévenir
                                                               Moitessier, les premiers plaisanciers à avoir osé le
     nos navigateurs du Vendée-Globe.
                                                               cap. Et puis, il existe tous les auteurs qui n’ont pu
          Le grand moment de sa vie était arrivé, il était à   s’y rendre comme Jules Verne.
     quelques encablures des rochers. Le vent soufflait.
                                                                    En souvenir des valeureux cap-horniers, notre ca-
     Nous sommes entre les cinquantièmes hurlants et
                                                               pitaine retraité avait confectionné avec des fleurs en
     les soixantièmes mugissants, par 56° de latitude Sud,
                                                               papier un petit bouquet tricolore, il le lança sous le
     pourtant c’est l’été austral. Il était impossible de se
                                                               vent. En quelques instants ce symbole avait rejoint
     tenir debout sur le pont 4 sans se protéger derrière
                                                               les abymes maritimes !
     des apparaux du bord. La pluie tombait par inter-
     mittence.                                                 			René Moniot Beaumont


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                                                                 maisondesecrivainsdelamer@wanadoo.fr
                                                                                  http://evrivains-mer.fr




                    qoVop                                       Je les ai oubliés, puis retrouvé à Montaigu. For-
                    Baptiste Berthelo, Manuel Lizé,        midable aventure, de la jeunesse, du rêve accompli,
                    William Bonnamy                        extraordinaire. Un tour du monde à la voile Vendée/
                    La Découvrance 2011, 307 p.            Vendée, sur un vieux bateau de plaisance, avec des
                                                           moyens financiers plus que modestes, sans forma-
                   Ils étaient déjà au départ du           tion, sans connaissance nautique, l’aventure au sens
               dernier Vendée Globe ; comme                propre du terme. Discrètement, ils découvrent les
               Ulysse, ils voulaient affronter Poséi-      océans, avec ses joies et ses frayeurs, et les peuples de
               don, et cela me les rendait fort sym-       la mer lors de leurs nombreuses escales.
pathiques. Nous, marins du commerce, restons tou-               Aller au-devant des autres, sans esprit de compé-
jours un peu perplexes devant de telles ambitions.         tition, une des clefs de l’humanisme. Ils ont osé, j’en
Mais ce sont mes rêves d’autrefois, suivre les routes      ai pris ma part de bonheur : des vrais marins.
des Slocum, Gerbault et autres Bardiaux.                                                               RMB

                    Il était une fois                           J’aime me replonger dans les témoignages de
                    des marins                             tous ces pêcheurs vendéens dont certains ont appa-
                    Jean-Paul Léger                        reillé vers le grand large de l’éternité. Ils ont vécu en
                    Maurice Gindreau                       hommes, avec les moyens créés par des civilisations
                    La Découvrance 2011 – 186 p.           millénaires, sans radio, sans sondeur, sans moteur...
                                                           Le modernisme facilite le travail et la sécurité des
                      Le monde change, une frac-           marins, mais ces pêcheurs avaient développé et gar-
                  tion de seconde et le monde est          dé l’intuition maritime nécessaire sur mer.
                  sur votre ordinateur. La marine de            Cet ouvrage écrit par des gens de mer, un curé
pêche subit de plein fouet cette marche essoufflante       navigateur Maurice Gindreau et un collectionneur de
vers un avenir incertain. La mer, elle, ne change pas.     mémoire Jean-Paul Léger, dit Roland Mornet dans
Deux certains paquebots, au début du siècle dernier        sa préface, remet le Grand-Métier, comme l’appelle
et aussi de ce siècle, en ont fait les frais : la vanité   Jean Recher, dans notre patrimoine..
humaine ne passe pas sur l’océan.                                                                       RMB

                    Épines                                 coffres pleins de pièces d’or qui, eux, demeurent
               Bruno Coulon                                introuvables. Le douanier qui a découvert le com-
               Les productions du 24 décembre,             mandant est accusé de vol. Depuis lors, à l’Épine,
               135p., 15 €                                 les habitants n’ont jamais cessé de raconter, toujours
                    Ce roman noirmoutrin est à la          en secret, comment les événements se sont déroulés,
               fois un documentaire et une fic-            quelle famille a profité de l’aventure, laquelle a été
               tion. En 1368 un navire anglais             victime. Tout le monde sait mais la vérité est tabou.
               fait naufrage au large de Noirmou-          Anna et Louis cherchent à comprendre pourquoi ils
               tier, près de l’Epine.                      n’ont pas le droit de s’aimer.
  On retrouve le corps du commandant qui s’était               Une histoire de marins. Une énigme. Intéressant
embarqué sur une péniche de sauvetage avec deux            malgré de nombreuses coquilles.          L. G.

                    Tempête                                vaincre les Vénètes, marins accomplis et maîtres du
                    sur l’Atlantique                       Golfe du Morbihan. S’il y parvient, la voie est libre
                    Yannik Chauvin                         pour atteindre l’objectif ultime, la Bretagne, qu’on
                    Pascal Galodé, 359 p., 21,90 €         ne dit pas encore Grande. La démarche d’Yannik
                                                           Chauvin, c’est de rendre l’Histoire vivante, de l’in-
                     Après un détour par l’épo-            carner dans des personnages bien sentis, dans des
                 pée normande de Guillaume le              lieux bien décrits, dans des actions tourmentées. Il
                 Conquérant, Yannik Chauvin                reste fidèle à une rigoureuse chronologie qui juxta-
                 poursuit son roman de la guerre           pose les événements, les complots et les batailles.
                 des Gaules avec un quatrième                  Le renvoi en fin d’ouvrage des notes historiques
Livre. César, qui s’est rendu maître d’une grande          rend plus limpide la lecture de ce passionnant ro-
partie de la Gaule, veut en parachever la maîtrise         man de toge et de glaive.
avec la conquête de l’Ouest. Il lui faut pour cela                                                 G. B.


   Les écrivains de la mer - novembre 2012 - mars 2013                                                                 85
Les pages des écrivains de la Mer


                      Écrivains                                 travail. Pline disait : Il n’y a pas de si mauvais livre où
                      des Sables-d’Olonne                       l’on ne puisse apprendre quelque chose, et Cocteau : un
                      Voyage au cœur                            beau livre, c’est celui qui sème à foison les points d’in-
                                                                terrogation.
                      de leur bibliothèque
                                                                     Quelqu’un n’a-t-il pas comparé les livres à un
                      Claude Goumoëns
                                                                jardin ? ici, ce n’est pas un jardin, mais un parc tout
                      Éditions de Beaupré , 357p.
                                                                entier, les livres en sont la végétation et leurs cou-
                                                                vertures évoquent les couleurs des essences rares ;
                           Les Sablais la connaissent bien,
                                                                au milieu de ces massifs livresques aucune statue,
                       l’ancien conservateur de leur bi-
                                                                mais un homme ou une femme de lettres qui livre
     bliothèque. Claude Goumoëns, telle une ethnolo-
                                                                quelques secrets de ses recherches, pas totalement
     gue, fait un périple bibliographique dans le monde
                                                                bien entendu !
     de l’écrit du Pays-des-Olonnes. De bibliothèque en
                                                                     Pour Julien Green, un livre est une fenêtre par
     bibliothèque, le jardin secret de nos auteurs.
                                                                laquelle on s’évade, Lisez l’ouvrage de notre biblio-
         Heureux comme un poisson dans l’eau, dit un pro-
                                                                thécaire et vous saurez comment nos écrivains s’ins-
     verbe, nos auteurs éprouvent une joie intense à vous
                                                                pirent pour écrire, et à coup sûr avec eux, vous vous
     montrer où ils passent une grande partie de leur vie.
                                                                évaderez du moment présent !
     Ces rangées de livres sont aussi des instruments de
                                                                                                             RMB


                      Ma vie de marin                           Jean Bonnin se présente afin de prendre la mer pour
                      Jean Bonnin                               la première fois. Il a 12 ans, il vient juste d’obtenir
                      Les Amis de l’Île de Noirmoutier,         son certificat d’études !
                      208 p., 15 €                                  Une aventure qui va durer plus de soixante an-
                                                                nées, sur les mers et les océans du monde entier. Une
                            Jean Bonnin était de la race de     vie palpitante entièrement vouée à la navigation et
                        ces grands marins qui n’ont vécu        au commerce maritime, une découverte émerveillée
                        que pour la mer et par la mer et        de tous les continents. Il est un des derniers à avoir
                        ont écrit les plus belles pages de      franchi le cap Horn sur les fiers navires à voile de la
     l’Histoire de notre marine. Cet intrépide capitaine        marine marchande. À 73 ans, il effectue son dernier
     originaire de l’Épine sur l’île de Noirmoutier avait       voyage, quatorze mois le long des côtes africaines.
     prévu une dédicace : ...à ma famille et à mes amis. Il         Un témoignage rare de la vie sur les océans au
     contient tous mes souvenirs de marin, depuis mon état de   début du siècle dernier, notamment sur les tech-
     mousse jusqu’à celui de commandant du dernier navire       niques et la terminologie de la navigation à voile à
     sur lequel j’ai navigué…                                   cette époque. Pour tous les passionnés de naviga-
         L’histoire commence le 4 septembre 1912, au            tion, les marins et le grand public, se lit comme un
     bureau de l’inscription maritime de Noirmoutier,           roman d’aventure.



                       Garde-Marine                             venir Garde-Marine. On ne le dit pas assez souvent,
                       Éric Gautier                             mais l’âge d’or de la Marine a eu lieu sous le règne
                       Pen-Gan, 555 p., 21,50 €                 de Louis XVI. L’amiral d’Estaing, La Pérouse, etc.
                                                                tous ces grands marins sont du XVIIIe siècle. Même
                           Les Gardes-marine sont les an-       Chateaubriand devait passer l’examen de garde-ma-
                       cêtres des élèves de l’École Navale.     rine, son allergie à la discipline l’a détourné de cette
                       Peu de gens savent que Richelieu         carrière.
                       est le créateur en 1627 de cette             Ce roman historique aux multiples péripéties va
                       formation et Colbert les organise        vous donner une profusion d’informations sur l’his-
     en compagnies d’élèves officiers en 1670.                  toire de notre Marine.
         Éric Gautier nous plonge dans la Marine de                 Descendant de marin, Éric Gautier ne serait-il
     Louis XVI à la suite des aventures du jeune Laforest-      pas garde-marine dans l’âme ?
     Dombourg, promu par son rang de naissance à de-                                                       RMB



86                                                                       Les écrivains de la mer - novembre 2012 - mars 2013
02 51 98 55 04
                                                                      maisondesecrivainsdelamer@wanadoo.fr
                                                                                       http://evrivains-mer.fr




                     Atoll’                                      personnes vont plonger sur l’épave: Martin et Sté-
                     Andréa Carluccio                            fani, amis d’enfance qui se sont retrouvés sur l’atoll,
                     Elzévir, 289 p.,19 €                        plongent en sportifs, pour le plaisir; le professeur
                         Pendant la guerre, un cargo a           Kaplan et son assistante, la belle Ellina,recherchent
                     été coulé par les Japonais, non loin        la statue dans l’intérêt de la science; mais le redou-
                     du petit atoll Uvéa Il avait à bord         table Petzer et son homme de main sont prêts au
                     une statuette en or massif qui n’a          pire pour s’approprier cet objet de grande valeur.
                     pu être récupérée. Trois groupes de         L’imminence du danger n’empêche pas les jeux de
                                                                 l’amour.
                                                                                                          L. G.
                     Les Mémoires de Long Yang                   vier Merbau est-il un émule de Marco-Polo ? Vous
                     Olivier Merbau                              entrez dans l’intimité du fils du ciel, c’est-à-dire
                     Durand-Peyrolles,140 p., 14 €               l’empereur de Chine ; un jeune paysan, Long Yang,
                     Mention spéciale du prix Écume              le fils de la terre, devient l’ami du puissant jeune
                     de Mer 2010                                 seigneur. Vous découvrez les philosophies chinoises,
                                                                 une véritable voie vers la sérénité. En passant par les
                    Un authentique homme de                      délices de la Chine, ses guerres, ses intrigues… et
                 mer, convoyeur de nombreux                      les pirates qui vivent dans un fief qui était « cet en-
                 yachts un peu partout dans le                   trelacs indescriptible de bras de mer, cet imbroglio
                 monde.                                          d’îles et de rochers, ce fouillis de cailloux calcaires,
   Parler de la Chine, s’inspirer d’un conte, décrire            ce labyrinthe aquatique de la baie d’ha Long, à la
un temps proche de la fin de l’Empire romain, Oli-               limite du Guangxi. »
                                                                                                            RMB
                     Titanic, l’épopée écrite                         Qui mieux que notre ami (et mon compatriote)
                     René Moniot Beaumont                        René Moniot Beaumont, ancien officier de marine
                     La Découvrance, 118 p., 15 €                marchande et président fondateur de la Maison des
                                                                 écrivains de la mer, à Saint-Gilles Croix de Vie, pou-
                         Voici tout juste un siècle, le 14       vait rassembler une anthologie de cette catastrophe,
                     avril 1912, le « Titanic », géant des       qui hante aujourd’hui encore la mémoire des foules
                     mers lancé deux semaines aupara-            et l’imagination des écrivains et des artistes ?
                     vant, sombrait après collision avec              Les textes réunis dans cet ouvrage constituent
                     un iceberg géant, engloutissant             une véritable croisière au fil des pages de livres et de
1 500 de ses passagers. Ce drame, le plus grand nau-             journaux, sous des plumes souvent illustres, comme
frage de l’histoire maritime, allait défrayer la chro-           celle de Josef Conrad, Edouard Peisson ou John
nique pour un siècle par l’ampleur du nombre de                  Dickson Carr.
victimes, la taille du navire et la brièveté de son existence.                                             M. C.

                     La perte du Titanic,                            Dans l’avant-propos, Lawrence Beesley suggère…
                     le témoignage d’un rescapé                  pense… et il lui semble que… » Je ne suis pas d’accord
                     Lawrence Beesley                            avec ses analyses, mais lors des catastrophes, les non-
                     Durand-Peyrolles, 172 p., 1a €              spécialistes se font plus entendre que les hommes
                                                                 du métier. L’auteur a vécu ce naufrage, mais peut
                      Pour une fois, la revue aborde             difficilement analyser toutes les facettes du drame
                  un auteur anglais qui vécut aux                comme les marins. Le 14 avril 1912, la malchance
                  U.S.A. Le traducteur est notre                 surtout était sur la route du Titanic.
                  ami Patrick Durand-Peyroles, lui-                  L’importance de son témoignage réside dans ses
même Américano-Vendéen, éditeur à Bourneau.                      réactions face au drame, Beesley nous fait part de
    Le Titanic a généré de nombreux ouvrages tra-                ses sentiments, de son ressenti, de ses pensées lors
duits pour la plupart en français. The Loss of SS.               de cette effroyable nuit. Les commissions d’enquête
Titanic, publié six semaines après la catastrophe par            demandent des faits, mais les émotions devraient
un rescapé de seconde classe récupéré par le navire              être prises en compte pour sentir la tragédie, l’au-
à passagers Carpathia, était introuvable en français.            teur et son traducteur l’ont fait.
Patrick Durand-Peyroles l’avait, il l’a traduit !                                                          RMB


   Les écrivains de la mer - novembre 2012 - mars 2013                                                                      87
« Entre une figuration
                                                   allusive et une abstraction
                                                   matiériste, j’explore
                                                   différentes techniques,
                                                   j’emploie celles qui révèlent
                                                   le plus subtilement, avec
                                                   le plus de puissance,
                                                   l’intensité des couleurs
                                                   et les effets de matières.
                                                   Je pars de ce que je
                                                   vois, perçois, juste le
                                                   temps de mémoriser des
                                                   images pour ensuite les
                                                   transformer, leur donner
                                                   une autre dimension, entre
                                                   transparence, matité et
                                                   brillance.
                                                   Le ressenti et la libre
                                                   interprétation de l’œuvre
                                                   restent une fenêtre ouverte
                                                   sur l’imaginaire. »


                                                   Œuvre présentée :
                                                   Requiem pour une danse


                                                   HAN – Peintre-Plasticienne




    LES ÉCRIVAINS
                                                 Lire en Vendée
    DE VENDÉE
                               a pour mission de faire connaître
      LES AMIS
                             les œuvres littéraires vendéennes.
                                                                                   1210864




DE L’HISTORIAL
DE LA VENDÉE                           Merci de communiquer vos ouvrages à :
                      Société des écrivains de Vendée, Bibliothèque pour tous
                                                                                   Imprimerie Offset Cinq Édition • 02 51 94 79 14




                                                             85280 La Ferrière

                                            Lire en Vendée est une publication
                                        de la Société des Écrivains de Vendée
                                                         Mise en pages : J. R.
                    Impression : Imprimerie Offset 5 Édition, La Mothe-Achard
                                      Ce numéro est tiré à 6 000 exemplaires.
                                      Site Internet : www.ecrivains-vendee.fr

Lire en vendée 25 novembre2012

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    Lire en Vendée ÉchosMusées n°25 Revue de la Société des Écrivains de Vendée et des amis de l’Historial de la Vendée novembre 2012 - mars 2013
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    Le 8 août2012, Joseph Assemblée générale Rouillé nous a quittés Au delà de l’écrivain de talent qui nous En prélude au Printemps du Livre de Montaigu, a laissé vingt-cinq livres, il faut lui être re- l’assemblée générale de la Société des Ecrivains de devable de ce qu’il a réalisé pour la Vendée Vendée s’est déroulée le jeudi 29 mars à Mouilleron- littéraire. Fondateur, avec Jean Huguet, de le-Captif. Sur les terres du vice-président Jacques la Société des Écrivains de Vendée, il en fut Bernard qui a organisé cette rencontre. Une quaran- le premier président. Après quelques an- taine d’adhérents y ont participé. nées où elle sera rattachée à la Bretagne, la jeune société prendra rapidement son indé- pendance et s’imposera comme un élément Philippe Darniche, sénateur-maire de Mouille- essentiel de la culture vendéenne. La forte ron-le-Captif a accueilli le groupe à la Mairie et pré- personnalité du président Rouillé aura été senté sa commune, avant d’offrir l’apéritif de bienve- pour beaucoup dans cette réussite qui s’est nue. Les participants ont ensuite gagné le restaurant manifestée de multiples façons : en plus des «Le Sensis» pour un sympathique déjeuner. Le pré- conférences et des séances de signatures, sident Jean de Raigniac a rappelé les activités de la un bulletin qui deviendra, par la suite, une Société – elle compte désormais plus d’une centaine véritable revue et la création d’un prix litté- d’adhérents – et présenté le bilan financier. Malgré raires seront significatifs. le désengagement des collectivités publiques, mais grâce à la progression des adhésions, les finances sont saines et permettent de poursuivre sereinement Je faisais partie de la Société depuis une le travail engagé. La revue «Lire en Vendée» connaît dizaine d’années, lorsqu’il m’a demandé un succès croissant, souligné par les libraires qui ont de prendre sa suite. J’ai été très sensible à remarqué l’intérêt grandissant des lecteurs, très de- l’honneur qui m’était fait et la passation a mandeurs de l’actualité littéraire vendéenne. été effective en 2000, après la remise des prix. Aujourd’hui, l’équipe a été renouve- Gilles Bély lée et son travail se poursuit avec bonheur : le nombre des adhérents augmente et la Pierre Ménanteau, revue s’épaissit ; avec le soutien du Conseil général et celui du Crédit Mutuel, les prix Nous avions préparé un dossier sur Pierre Mé- ont pris une nouvelle importance. Ainsi nanteau, nous le remplaçons en dernière minute par l’œuvre de Joseph Rouillé est toujours vi- nos hommages à Joseph Rouillé et Gilbert Prouteau. vante et prend sa place parmi les éléments qui nous donnent confiance dans l’avenir Nous retrouverons Pierre Ménanteau dans notre de la Vendée. prochain numéro, à paraître en mars 2013. Michel Dillange 2 Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013
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    LES ÉCRIVAINS DE VENDÉE LES AMIS DE L’HISTORIAL DE LA VENDÉE Nous essayons nous aussi de prendre le large en suivant l’exemple de ces marins d’exception qui partent aujourd’hui dans une course sans merci. Nos vaisseaux pren- nent aussi la houle, essuient des paquets de mer et fendent l’eau pour donner le cap à tous les amoureux de l’aventure. Une autre flottille reste à quai pour préparer le retour des héros. Un autre nu- méro les attendra et nous voguerons alors vers Montaigu chercher un mouillage ac- cueillant pour le printemps. Les écrivains et les Amis de l’Historial de la Vendée aiment aussi se jeter à l’eau, l’aventure est toujours d’actualité. Sinon, un livre ou un musée dans Sommaire chaque port et tout va bien. Merci à René- Charles Keromnnès qui a gréé notre esquif en créant la couverture du premier livre d’Éric Gautier... Jean de Raigniac 4 Les Salons et Prix littéraires Lire en Vendée 10 La bande dessinée Échos Musées n°25 16 23 Hommage à Joseph Rouillé Hommage à Gilbert Prouteau Revue de la Société des Écrivains de Vendée et des amis de l’Historial de la Vendée 35 Milcendeau à l’Historial 39 Les sorties des amis... 45 Activités et expositions du Musée 49 Nos sélections 80 Le coin du Centre Vendéen de Recherches Historiques 82 Les Écrivains de la mer novembre 2012 - mars 2013 Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013 3
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    Saint-Gervais Yves Viollier et le président Claude Mercier en conversation secrète Saint-Gervais : le Prix du Héron Gilles PERRAUDEAU est né à Bois-de-Cené en 1947. Professeur de lettres, il a pratiqué le collectage cendré à Gilles Perraudeau de la tradition orale, a participé au Groupe de recherche et d’expression du marais de Bois-de- Cené, Le Bouquet d’Ajoncs, et a écrit de nombreux Après Régine Pelloquin l’année dernière, c’est ouvrages, notamment Les Bourrines du marais nord- Gilles Perraudeau qui a cette année décroché le prix vendéen, Des gars et des filles de l’Ouest,Quand la mer du Héron Cendré. Prix que lui vaut son ouvrage reviendra, Lexicologie des travaux agricoles, Bois-de- « Mémoire en images sur le marais nord vendéen », Cené, Challans et le Pays maraîchin. aux Éditions Allan Sutton. « Il suffit de glisser les mot marais ou maraîchin dans le titre pour gagner À la lumière de nos artistes peintres Charles ce prix », s’est amusé le vainqueur, domicilié à Bois- Milcendeau, Auguste Lepère, Jean Launois, Henry de-Céné, en recevant son prix. Simon et Gaston Dolbeau qui ont mis en ombre et lumière, ce plat pays du marais écrasé par un ciel Mais il est vrai que Saint-Gervais et son salon lourd, du livre à la salle des Primevères, c’est d’abord Avec les témoignages photographiques si une ambiance particulière, celle des Maraîchins ! réalistes, si tendres, si poétiques de Jean Challet, que Convivialité (déjeuner, avec vin à volonté pour ta plume a accompagnés de mots précis sentant bon tous les auteurs et le samedi et le dimanche), rires, le maraîchin, facéties, malices, camaraderie constituent les atouts À la suite de René Bazin qui ressuscita cette «Terre de cette manifestation, la 18e du nom cette année, qui mourait» faute de maraîchins, à la suite de Marc avec une soixantaine d’écrivains qui se sont retrouvés Elder, à la suite de Marcel Baudouin qui fit connaître les 28 et 29 avril dernier, entre deux tours d’élection les coutumes de ce «Maraîchinage» si spécifique à présidentielle. notre nord-ouest vendéen, Gilles Perraudeau a décrit avec une précision scrupuleuse, presque amoureuse, Les incontournables étaient là, notamment les survivances de cette nature, de cet habitat, de la Société d’histoire du nord-ouest vendéen et ce mobilier, de ces hommes et femmes du marais, son président Michel Gruet, tout comme la et il a expliqué avec un reste de nostalgie dans sa Noirmoutrine Anne-Marie Kadem, relieuse… Et si plume, les changements irrémédiables de ce pays de le journaliste Philippe Ecalle, prix 2011 des écrivains terre et d’eau, de cette société en douce modernité, de Vendée, ne pouvait être présent que le samedi, de cette culture maraîchine se dégageant lentement Yves Viollier est venu le dimanche... du folklore, de ce peuple maraîchin dont les visages L’association organisatrice, Patrimoine et rudes restent anxieux entre l’invasion touristique tradition du canton de Beauvoir, avec son président bétonnière et les vagues de la mer toujours aux Claude Mercier et son vice président Théo Rousseau, aguets. attendait le gros du public le dimanche après-midi. Gilles Perraudeau connaît son marais, il le décrit, D’autant que le temps n’était pas à aller à la plage. il l’accompagne, il le respecte, il l’aime. Mais la météo était si exécrable que ce public ne s’est Tel un grand héron cendré, il s’est posé en son pas déplacé autant qu’espéré. N’empêche, le rendez- milieu, près d’un étier, à la Marchoise, et debout vous est déjà pris pour l’année prochaine. dans le vent d’ouest, il le regarde avec tendresse. Philippe Gilbert Claude Mercier 4 Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013
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    Prix Charette éditions du CVRH, le livre de Christiane Astoul répond pleinement aux critères du Prix Charette. Celui-ci veut saluer «le panache, l’esprit de liberté et d’indépendance, l’intelligence» que l’on reconnaît à Charette. Louis Chaigne avait assurément cette liberté d’esprit, cette intelligence vive, cette indépendance que l’on retrouve dans tous ses livres. C’était un humaniste. Christiane Astoul a souligné «un huma- nisme de Vendée» pour marquer l’attachement de Louis Chaigne à sa province, tout ce qu’il lui doit, tout ce qu’il lui a rendu. «Passeur de lumière, il était porteur d’une espérance», écrit Yves Viollier qui se souvient de sa première rencontre avec l’écrivain, dans sa maison de Venansault. Un humanisme vendéen La présentation pénétrante de Christiane Astoul décrit Louis Chaigne comme un homme de son temps. N’aurait-il pas d’ailleurs voulu être journa- liste? Il fut écrivain, essayiste, critique littéraire, di- recteur de collections chez de grands éditeurs. Il fut aussi le directeur de la Revue du Bas-Poitou dont il orienta l’esprit vers le présent et l’avenir, sans rien renier du passé. Dans la lignée de Paul Claudel, Gabriel Marcel, Marc Sangnier, il sera, entre 1930 et 1950, l’un des Christiane Astoul, grands témoins d’un christianisme qui devait selon lui «être un rayonnement, non un rétrécissement». Prix Charette 2012 A l’heure des repliements identaires, son message est pour son hommage aujourd’hui d’une précieuse actualité. à Louis Chaigne Après avoir retracé l’itinéraire de Louis Chaigne, Christiane Astoul a choisi de présenter une petite anthologie chronologique de ses oeuvres. La Vendée d’abord, puis ses témoignages de reconnaissance Le Salon du livre vendéen de Grasla se dérou- à ses maîtres et à ceux qui ont guidé son itinéraire lera désormais tous les deux ans. Rendez-vous les littéraire et spirituel. Des poèmes et des textes plus 13 et 14 juillet 2013 sous les ombrages de la fo- personnels complètent l’ouvrage. Louis Chaigne y rêt mythique qui a inspiré le dernier roman d’Yves évoque encore et toujours l’âme vendéenne: «On Viollier, Même les pierres ont résisté. Le Prix Cha- est plus assuré de prendre contact avec cette âme rette continuera, lui, d’être attribué chaque année. loin des routes nationales... là où les choses voient, Il consacre cette fois le livre de Christiane Astoul, là où les choses parlent, où les choses et les hommes «Louis Chaigne, un humanisme de Vendée». Un sont étroitement associés, dans un présent résolu- hommage à un grand écrivain, trop méconnu, fi- ment tourné vers l’avenir». gure éminente du catholicisme social, incarnation de l’âme vendéenne. Le Prix Charette a été remis à Christiane Astoul, le 12 juillet, à l’Hôtel du Département, par Bruno La sélection du Prix Charette était de très grande Retailleau, président du Conseil général, et Yves qualité et il a fallu deux tours de scrutin pour dé- Viollier, président du jury, en présence de la famille partager les cinq ouvrages en présence. Publié aux de Louis Chaigne. Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013 5
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    Quatre livres àrecommander Les quatre autres livres en lice pour le Prix Cha- rette ont tous obtenu au moins une voix au premier La conspiration tour. Gage de l’intérêt qu’ils ont suscité auprès des du général Malet membres du jury et de l’indépendance d’esprit de Thierry Lentz celui-ci. «Lire en Vendée» vous en dit l’essentiel et Perrin vous les recommande. Ils ne vous décevront pas. Grand spécialiste du Premier Empire, Thierry Lentz décortique Le gendarme de Napoléon la tentative de Coup d’Etat du gé- qui arrêta le Pape néral Malet qui, annonçant la mort Dominique Rézeau de Napoléon devant Moscou, vou- SPE Barhélémy lut prendre le pouvoir et obliger le Sénat à désigner un gouvernement provisoire. C’était le 23 octobre Aumônier de la Gendarmerie, 1812. La tentative échoua et Malet fut fusillé. Elle chancelier de l’Evêché de Luçon, n’en contribua pas moins a ébranler le pouvoir déjà Dominique Rézeau avait toutes les chancelant de l’Empereur qui dut abdiquer deux ans raisons de s’intéresser au singulier plus tard. Extrêmement documenté, dans une belle destin du général Radet, l’homme écriture classique, ce livre retrace la carière tumul- qui, sur ordre de Napoléon Ier, arrêta en juillet 1809, tueuse de ce conspirateur-né. Il intéressera surtout le pape Pie VII. L’auteur lui laisse la parole tout les amoureux de l’Histoire. au long de cette biographie à peine romancée. En contre-point, les lettres de son épouse humanisent le parcours militaire heurté du général baron, au gré des changements de régimes. C’est ainsi que, capi- Don Juan de Tolède, taine de la garde nationale à Varennes, il tenta de Mousquetaire du Roi porter secours à Louis XVI et à sa famille, en fuite Benoît Abtey vers l’étranger. Plus tard, il joua un rôle important Flammarion dans l’organisation de la Gendarmerie. Une page d’histoire méconnue, très agréable à lire. On suivra avec intérêt le ma- rathon littéraire que le Vendéen Benoît Abtey débute avec ce roman de cape et d’épée de 700 pages qui Le bar des menteurs sera suivi de deux autres ouvrages Ingrid Naour dans une série intitulée Les secrets de D’Artagnan. Cherche-Midi D’Artagnan n’est pourtant pas le héros du livre. Il narre plutôt les aventures d’un autre mousquetaire, Beaucoup de verve et d’intel- le mystérieux Don Juan de Tolède qui tire toutes ligence dans ce court roman qui les ficelles des intrigues et des cabales d’une époque a pour cadre l’île de Noirmou- très tourmentée, la Fronde. On peut déjà saluer tier. Tout spécialement, le Bar des l’ambition du projet et le travail de documentation Menteurs où se rejoignent reli- qu’il exige. L’écriture est jaillissante et foisonnante, gieusement d’éternels assoiffés, grandes gueules aux un peu trop sans doute, mais c’est aussi la loi de ce grands coeurs. Ingrid Naour les regarde, les écoute, roman historique. Un peu moins de pages, un peu partage leurs souvenirs et leurs histoires sans cesse plus de rigueur, c’est ce qu’on est légitimement en recommencées. On s’attache à ces personnages tru- droit d’espérer du prochain volume. Benoît Abtey a culents qui s’appellent Remets-moi ça, la Bernique tout le talent voulu pour ça. ou Pêcheur de lune. On a aimé le style vif et coloré du récit, un peu moins la répétition des situations. Gilles Bély 6 Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013
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    Prix Ouest àMontaigu gnito à Paris... À partir de là, Jean-François Parrot trousse une histoire à rebondissements, foisonnante comme il se doit d’assassinats, d’intrigues compli- quées et de rebondissements inattendus. Le souci du détail et des descriptions – jusqu’aux recettes de cui- sine de l’époque – n’enlève rien, bien au contraire, au suspense savamment entretenu... Yves Viollier a souligné la qualité de ce roman, mené de main de maître, comme la vivacité du style et des situations. Diplomate – il a occupé neuf postes à l’étranger – spécialiste du XVIIIème siècle, Jean-François Parrot veut avant tout, à travers les enquêtes du héros qu’il a créé, restituer notre his- toire, à la veille du « tremblement de peuple » que fut la Révolution française. Il exalte aussi « une langue admirable, qui ne nous appartient plus et qui doit s’ouvrir au monde. » Cette langue qui porte les valeurs de la France, celles des paysans, des chas- seurs, des soldats et des marins. Gageons que nous retrouverons dans les pro- chaines aventures de Nicolas Le Floch, toute la sa- veur et le brio de « L’enquête russe »... G. B. Autour du magnifique Théâtre de Thalie, le « nouveau » Printemps du Livre de Montaigu a bien Ils étaient dans la sélection... pris ses marques. De bon augure pour le 25ème anni- versaire de ce Salon qui aura lieu l’an prochain, du 19 au 21 avril. Présidée par Mireille Calmel, cette 24ème édition a été marquée par la remise du Prix Le Dos crawlé Ouest à Jean-François Parrot pour son roman «L’en- Eric Fottorino quête russe». Gallimard, 208 p., 16, 90 € On ne tue pas les gens Michel Ragon n’avait pu être présent pour re- Alain Defossé mettre le Prix Ouest au lauréat 2012. C’est donc Flammarion, 140 p., 15 € Yves Viollier qui s’en est acquitté, en transmettant au public son message d’amitié. Le jury avait distin- Les Auto-tamponneuses gué très nettement le roman de Jean-François Par- Stéphane Hoffmann rot, «L’enquête russe». Le lauréat était déjà en lice Albin Michel, 233 p., 17 € l’année précédente pour une autre enquête de son héros, Nicolas Le Floch, «L’honneur de Sartine». Les téléspectateurs connaissent bien cette série à succès qui les emmène au cœur de Paris, sous les règnes de Louis XV et Louis XVI. Cette fois, nous sommes en 1782, alors que la royauté souhaite ren- forcer ses liens avec l’empire russe. L’héritier du trône, le tsarévitch Paul, séjourne justement inco- Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013 7
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    Septembre 2012, entréelittéraire d’automne réussie à Saint Gilles Croix de Vie autour de Jean- Quatrième édition de la journée des écrivains de la Pierre Majzer. Bravo à Catherine Girard-Augry pour mer à Jard Sur Mer le 1er mai. sa conférence sur la littérature française ! La pluie du matin n’avait pas arrêté le pélerin, ni l’écrivain, encore moins le lecteur, le froid non plus. Conférence sur Bravo aux organisateurs stoïques devant une tente les femmes le 3 qui s’envolait sur la plage et saluons le soleil de re- mars à la Salle tour comme toujours en début d’après-midi. Clemenceau de Saint Vincent sur Jard, organisée par Annie Gallet, Musée des Arts et Traditions Popu- laires. La date judicieu- sement choisie est celle de la semaine de la fête des Grand-mères et de la journée de la femme. Un public chaleureux et enthousiaste assistait à la causerie d’Eveline Thomer, et pas que des femmes, beaucoup d’hommes aussi ! Deuxième salon du livre ancien, le seul en Vendée. Mélange des genres, la cuisine et les voyages avec Lionel Guilbaud, cuisinier vendéen, auteur de livres Émouvante re- de recettes, le skippeur VDH, Jean Luc Van Den mise des prix Heede qui nous a parlé cuisine à bord d’un bateau, du concours J. Chauvet, G. Séjourné et E. Thomer. de nouvelles Les amateurs matinaux ont pu voir un post-incu- de Treize Sep- nable (année 1506) qui s’est vendu dans la première tiers organisé demi-heure du salon... Un bon prix... Ambiance par Laurent feutrée, presque religieuse, très conviviale. Sourisseau et Coupure du ruban par Jean Yves Burnaud maire soutenu par le du Chateau d’Olonne le 14 avril en compagnie de maire Isabelle Gérard Faugeron, Ghislain Caput, responsable des Rivière et un jury de 25 membres le 1er avril avec festivités et les membres de l’association LivrEbook. Eveline Thomer, past-présidente, Christophe Prat président 2012. Enfants émerveillés, anciens aux yeux brillants Christophe Prat nous annonce la naissance de d’émotion et de larmes contenues. Les écoles par- ELLA éditions, dont il est le gérant et qui publiera ticipent à ce concours en travail de classe mais aussi essentiellement des ouvrages en Eure-et-Loir : Je les maisons de retraites et même la ville jumelée de continuerai à faire publier mes propres ouvrages chez Cabana de Bergantinos de la Province de Galice Grrr….art éditions afin de ne pas mélanger les métiers en Espagne. Un grand concours mené avec brio en du livre. toute simplicité. Belles initiative ! 8 Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013
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    Les sorties d’Éveline,Lydie et les autres Présidé cette année par Pierre Bordage, le salon des Arts et des Lettres de L’Épine à Noirmoutier, les 3 et 4 août 2012. 70 écrivains, peintres, sculpteurs, photographes dans une ambiance orchestrée par la présidente Jacqueline Bouyer, Frédéric Bonnin et tous les membres de l’association, aussi efficaces qu’accueillants. Rare mélange des arts. Les Plumes Vendéennes, tous les mois de juin, par Corinne Bouhier de la Maison de la presse aux Sables d’Olonne. Rencontres et dédicaces. Une libraire met la Vendée et ses auteurs à l’honneur ! 27 octobre à Barbâtre, 60 écrivains, 5 peintres, 5 photographes, 5 éditeurs et 2 sculpteurs tenaient salon. Les nombreux élus, dont Yannick Moreau Député-Maire d'Olonne s/ Mer, Nicole Guérin, Conseillère Régionale (Challans) NoëL Faucher Président de la Communauté de Communes de Noirmoutier, Gérard Guillet, Maire de Barbâtre, Mme Léculée Maire de la Guérinière et la marraine Eveline Thomer, rendaient hommage à Michel Fourage pour ses actions culturelles. Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013 9
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    AU NOM DUFILS T2 Scénario : Serge Perrotin Dessin et couleurs : Clément Belin Editions : Futuropolis Janvier 2012, sortie du deuxième tome de « Au nom Pour Michel cette aventure le met face à sa vie, il du fils », fin du récit. Nous retrouvons Michel Garan- se remet en question, découvre petit à petit qui était deau, métallo de St Nazaire, parti à la recherche de son fils, ses espoirs, sa philosophie… Michel se rend son fils Etienne kidnappé par l’ELP, concurrent des compte qu’il est lui-même peut-être passé à côté de FARC en Colombie. la vraie vie. Le bilan est dur, il aurait dû se secouer, Comme en écho à ce récit, le 28 avril les FARC être plus actif, mais il s’est encroûté, a mal vieilli, font parler d’elles en kidnappant le français Roméo que des mauvais choix ! En cherchant Etienne, il se Langlois, qu’ils libèrent en mai, après 33 jours de trouve aussi à travers une véritable crise existentielle, captivité... La fiction rejoint la réalité ! il nous touche par son entêtement, parfois sa naïveté et par son amour indéfectible pour son fils. On le croyait d’un bloc, solide, volontaire, mais sa fragilité Michel continue à remonter la piste de son fils apparaît au fur et à mesure des difficultés. en suivant le gringo trail, ce chemin que suivent les occidentaux et qui va du Mexique aux pays andains en passant par tous les grands sites archéologiques. Le dessin de Clément Belin semi-réaliste, plutôt Au fil des rencontres de routards qui ont connu son du style reportage ou carnet de voyage, rend bien fils, il se laisse porter vers des lieux mythiques. Petit l’ambiance et l’atmosphère de ces pays, des ren- à petit, il arrive enfin à Ciudad Perdida, en pleine contres étranges, de la dureté de la vie, de la jungle, jungle, là où son fils a disparu. Il rencontre les ko- la sensation d’étouffement. Quand on ferme le deu- gis, ces tribus qui vivent en osmose avec la terre, puis xième et dernier tome de ce récit on ne peut imagi- l’armée régulière, et tout se bloque. Michel s’installe ner un autre style de dessin qui serait plus classique, dans l’attente et l’espoir. plus standard. René Nicolas 10 Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013
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    La bande dessinée LESGARNIMOS T3 Scénario & dessin : Dav Couleurs : Kness Cinq ans après la parution du tome 2, Dav re- Editions : Soleil vient en grand forme avec ce nouvel épisode de sa « jungle en folie ». Le trait est toujours aussi expressif et les gags s’enchaînent sans temps mort. L’ancien étudiant montacutain est bien le digne héritier de Sam, Blandine, Bob et toute la fine équipe des Goscinny, le papa d’Astérix. Comme lui, il réussit à Garnimos décident de partir skier à la montagne. dérouler son récit sur plusieurs niveaux de lecture. Il Mais l’expédition est perturbée lorsqu’ils découvrent arrive ainsi à captiver les plus jeunes tout en faisant que la neige a disparu et que la vie des habitants de sourire les parents. Une véritable gageure. la montagne est menacée. Serge Perrotin L’APPEL DES ORIGINES T2 Scénario : Joël Callède Dessin : Gaël Séjourné Couleurs : Jean Verney Editions : Vents d’Ouest Anna, la jeune métisse New New- yorkaise, est partie à la recherche de son père. Un père fils d’une riche fa- mille blanche des états du sud qu’elle n’a jamais connu et qui a disparu au Kenya. La petite serveuse de Harlem est maintenant comédienne. Pour fi- nancer l’expédition, un producteur de cinéma a investi dans le tournage d’un film autour d’Anna et de son histoire. Car ce n’est pas la seule re- cherche du père qui guide la jeune femme et ses compagnons d’aven- ture, c’est aussi la recherche des traces des premiers hommes de l’humanité. Ce deuxième tome fleure bon l’aventure afri- caine. Nostalgie… On pense aux « Mines du roi Le Kenya, Mombassa, Nairobi... Salomon » et à « Out of Africa ». Le dessin et la cou- Toujours le même rejet des métisses leur sont des castelolonnais, Gaël Séjourné et Jean par les blancs et les noirs, tout comme Verney. Ce tandem nous offre de superbes images. aux USA. Mais Anna croise aussi des Les villes, les paysages, les animaux et les couleurs personnes généreuses telles que Ka- sont magnifiques. Nous attendons avec impatience ren Blixen et Denys Finch-Hatton la suite et fin de ce triptyq qui ont connu son père. Puis, c’est le départ à travers la brousse… RN Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013 11
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    ANGOR T4 LES ARCANES DE MIDI- Scénario : Jean-Charles Gaudin MINUIT T9 Dessin & couleurs : Dimitri Armand Scénario : Jean-Charles Gaudin Editions : Soleil Dessin : Cyril Trichet Evrane, Lorky et Talinn, trois adolescents de la Couleurs : Yoann Guillo ville d’Angor, ont mis la main sur un mystérieux Editions : Soleil médaillon qui leur permet de se transférer instanta- Trois attentats terroristes simultanés sè- nément dans leur corps d’adulte. Un pouvoir extra- ment la mort et la désolation dans York Town. ordinaire lorsque, comme notre trio, on rêve impa- Le Bureau Royal de Jim et Jenna est sommé tiemment d’aventures et d’exploits guerriers. de retrouver au plus vite les commanditaires de ces actes barbares. Dans ce tome 4, les auteurs délaissent un peu les Le scénariste Jean-Charles Gaudin creuse péripéties propres à tout récit d’Héroïc Fantasy pour un peu plus la veine « réaliste » amorcée au se recentrer sur les personnages et leurs doutes. Le mé- tome précédent. Les forces et les enjeux qui daillon se révèle un puissant accélérateur d’émotions régissent son monde imaginaire ne sont pas qui entraîne les protagonistes dans un maelström de aussi manichéens qu’un survol rapide de la sentiments exacerbé par les allers et retours incessants série pourrait le laisser croire. La gestion du entre adolescence et âge adulte. Jean-Charles Gaudin pouvoir, les tensions qu’elle implique – et ses scrute ainsi au plus prêt les tensions, les rancœurs, les dérives - ne sont pas sans rappeler celles, bien tourments des cœurs et des corps et apporte ainsi une réelles, qui agitent notre propre monde. profondeur bienvenue à son récit. Le dessin du yonnais Cyril Trichet est Le nantais Dimitri Armand confirme, avec cet toujours d’une grande constance ; sa mise en album, les promesses graphiques aperçues dans scène et son trait d’une lisibilité remarquable. les tomes précédents. Son imagination n’est pas en Après neuf albums, le duo vendéen vieillit reste ; livre après livre, il se hisse ainsi au niveau des bien et prouve avec cette « Affaire mentaliste » meilleurs bâtisseurs de mondes imaginaires. qu’il en a encore sous le pied… Serge Perrotin SP 12 Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013
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    La bande dessinée LECHEVALIER MECANIQUE T1 OGRES T2 Scénario : Cédric Mainil Scénario : Audrey Alwet & Iggy Dessin : Mor Dessin : Ludwig Alizon Couleurs : Silvio Speca Couleurs : Cyril Vincent Editions : Sandawe Editions : Soleil En 1661, lorsque le jeune Louis XIV accède au trône de Il fut un temps où les Ogres régnaient France, il est loin de se douter que, dans les coulisses, une san- en maître sur les humains. Jusqu’au jour glante conspiration menace son pouvoir. Son salut viendra où Magrite, l’un d’eux, commis l’impar- peut-être du jeune Ulysse, condamné par le roi mais sauvé par donnable et provoqua leur fin. Maxillien, le génie de son père qui en fera le premier être mi-homme, le dernier des Ogres, accompagné d’une mi-automate. humaine aux ascendants mystérieux, es- saie de comprendre la faute ancestrale de Cédric Mainil signe là son premier scénario de bande dessi- Magrite pour, peut-être, inverser le cours née. Un scénario où il reprend avec bonheur tous les ingrédients de l’Histoire. des récits populaires de capes et d’épées qui ont fait les beaux jours de la bande dessinée historique des années quatre-vingt. Les scénaristes Alwet et Iggy continuent Mais le Chevalier mécanique n’est pas qu’un récit ancré dans de dérouler une histoire originale, avec le passé. L’auteur yonnais a en effet astucieusement saupoudré humour, sans temps morts, en prenant le son histoire d’ingrédients fantastiques. Ulysse, lointain cousin contre-pied jubilatoire de certains poncifs des Superman et autres Iron Man, pourrait bien être le premier de la Fantasy. Ce second tome de la trilo- des supers héros français. Pour donner vie à son petit théâtre gie confirme également tout le bien que Mainil a fait appel à MOR, un dessinateur qui s’est illustré dans l’on pensait du dessin de Ludwig Alizon : de nombreux récits historiques régionaux. Son dessin acadé- une mise en scène cinématographique, un mique, quoique un peu daté, est totalement au service de l’his- trait séduisant et des personnages incar- toire. La palette flamboyante de l’italien Silvio Speca apporte nés. Le cycle Ogres possède tous les ingré- punch et esthétisme à ce récit haut en couleur. dients d’une bonne série populaire. SP SP Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013 13
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    CLARA Scénario : Christophe Lemoine Dessin & couleurs : Cécile Editions : Le Lombard Clara, sept ans, est une petite fille formidable Le travail de la dessinatrice Cé- pleine de joie et de malice. Ses jours s’égrènent cile est au diapason. Son style ren- joyeusement entre une Maman adorée, avec laquelle force formidablement le propos du elle partage des moments complices, et un Papa scénariste. Elle a opté pour un trait qui travaille tard mais est le plus gentil des Papa. au crayon (non encrée) qui apporte Jusqu’au jour où Maman ne vient pas chercher Cla- une douceur et une délicatesse à un ra à la sortie de l’école… sujet qui pourrait faire fuir le plus optimiste des jeunes lecteurs. Si la Avec cette histoire en un seul volume, Chris- palette automnale renforce le pro- tophe Lemoine et Cécile abordent les thèmes de pos de l’album, le point fort reste, la mort et du deuil. Leur travail est un exercice de sans conteste, le personnage cen- haute voltige, un exemple parfait de traitement sen- tral de Clara. Sa bouille expressive, sible d’un sujet oh combien délicat à expliquer aux ses grands yeux bleus et sa tignasse enfants. Le résultat est d’une grande sobriété gra- emmêlée éclipsent tous les autres phique et scénaristique. Jamais les auteurs ne se lais- personnages. On est conquis par sent aller à la surenchère, à la complaisance ou à la son dynamisme, sa bouille atta- facilité larmoyante (même si le lecteur, au détour de chante et dès la première page nous certaines pages ne peut – étonné qu’une bande des- savons qu’elle pourra surmonter sinée puisse avoir un tel effet - retenir les siennes). toutes les épreuves. Le scénariste aborde un sujet difficile en s’appuyant sur la puissance de l’imaginaire des enfants. L’utili- Christophe Lemoine et Cécile, sation de la poupée transmise par la Maman et des touchés par la grâce, ont réalisé là épreuves métaphoriques qui en découlent est, à ce un petit chef d’œuvre qui, parions- sujet, remarquable. le, traversera les ans. SP 14 Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013
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    La bande dessinée LAGUERRE DES BOUTONS LES DEMONS D’ARMOISE T1 Dessin : Cécile Scénario : Gaudin et Clerjeaud Scénario : Lemoine Dessin : Collignon Couleurs : Kaori Couleurs : Stambeco Éditer : Vents d’Ouest Editeur : Soleil À la fin du XIXe siècle, deux bandes d’enfants de Le 30 Mai 1431, Jeanne d’Arc est brûlée vive à deux villages rivaux (Langeverne et Velrans) se livrent Rouen. Du moins, selon nos livres d’Histoire. Cinq ans une guerre sans merci. Le butin de la lutte est constitué plus tard, deux de ses plus fidèles compagnons d’arme des boutons pris aux vaincus. font route vers Tiffauges. Jehan de Metz et Bertrand Po- longy sont envoyés par le roi afin d’enquêter sur les ter- ribles agissements de Gilles de Retz, le seigneur des lieux Le chef d’œuvre de Louis Pergaud est tombé dans et autre compagnon de l’infortunée Jeanne. Une Jeanne le domaine public depuis peu. Les adaptations du ro- qui hante les souvenirs de ses compagnons et semble être man publié en 1912 se multiplient. Après le cinéma, la la clé d’un formidable mystère… bande dessinée n’est pas en reste. L’adaptation proposée par les éditions Vents d’Ouest est la cinquième depuis Avec ce récit historique teinté de fantastique, les Septembre 2011. Mais force nous est de constater que vendéens Gaudin et Clerjeaud (qui cosigne ici son pre- cette dernière livraison est peut-être la meilleure. Cécile mier album) n’hésitent pas à tordre le cou à la grande trouve en effet dans ce texte un terrain de jeu idéal pour Histoire afin de lui faire un bel enfant. Ils apportent ain- mettre en scène une galerie d’enfants tous plus vivants si une touche originale au destin tragique de la pucelle les uns que les autres. Depuis sa série Cédille (trois tomes d’Orléans. A noter la qualité d’écriture des dialogues qui aux éditions Le Lombard) les lecteurs savent qu’elle n’a agissent comme la plus efficace des machines à remonter pas son pareil pour rendre d’un trait mignon et expressif le temps. les joies et drames du monde de l’enfance. Le scénario de La réussite de cette astucieuse relecture du mythe Lemoine, son complice d’Arthur et les Minimoys (trois de Jeanne d’Arc est également due à l’excellent travail tomes aux éditions Glénat), n’est pas en reste. Il met du dessinateur Stéphane Collignon. Celui-ci insuffle en scène un récit rythmé qui retranscrit avec bonheur le précision et esthétisme à des planches où souffle le vent des grandes tragédies. A noter les très belles ambiances charme et la gouaille du roman homonyme. A noter la du coloriste Stambéco qui alterne intérieurs sombres, très belle palette de la coloriste Kaori qui s’accorde par- oppressants, et extérieurs aux couleurs flamboyantes, faitement avec le graphisme de la dessinatrice olonnaise. irréelles. SP SP Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013 15
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    Joseph Rouillé Joseph Rouillénous a quittés « Mauvais été 2012 pour les figures littéraires du dé- partement », écrit Philippe Gilbert dans le journal Ouest-France du 12 août. Après Gilbert Prouteau, Joseph Rouil- lé, 92 ans, nous a quittés la semaine der- nière.» Décédé le 8 août, ses obsèques ont eu lieu le samedi 11 août à Saint-Gilles- Croix-de-Vie. Né à Legé, horloger-bijou- tier à Saint-Gilles, il s’est fait connaître par une œuvre littéraire abondante et de qualité à une époque où la Vendée produisait beaucoup moins d’ouvrages qu’elle ne le fait aujourd’hui. Ses sujets ont été exclusivement historiques et maraîchins. Ses œuvres les plus connues sont « La mieux aimée de Charette » « Gilles de Rays, l’homme de la démesure » et son dernier ouvrage « Le sau- vage blanc » ou l’authentique histoire de Narcisse Pelletier, ce marin ven- déen qui fut recueilli par une tribu canni- bale d’Australie pen- dant 15 ans. Mais la Société des Écrivains de Ven- dée doit beaucoup à Joseph Rouillé. C’est lui qui, avec Jean Huguet, l’a créée en 1977. Il en a été le président de 1977 à 2002. La réunion constitutive de l’as- sociation a eu lieu au printemps 1977 à la bibliothèque mu- nicipale flambant neuve de La Roche- sur-Yon, en présence de son conservateur, M. Devantoy. Une dizaine d’écrivains vendéens étaient présents. Parmi eux, Valentin Roussière, Valentin Saint-Vic, Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013 17
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    Joseph Rouillé Alain Pérocheau…Jean Huguet était à l’origine de Challans… Les échanges avec les lecteurs étaient la réunion. Et l’association a d’abord pris le nom hauts en couleur. Les voix de Joseph, de Jean, de de « Comité vendéen des Ecrivains de l’Ouest ». Valentin, d’Octave, de Nathalie, interpellaient les Mais Joseph Rouillé a tout de suite compris l’intérêt promeneurs. La signature était suivie d’un apéritif et d’une telle initiative. Jean Huguet lui en a laissé la parfois d’un déjeuner où le boire et le manger relan- présidence, sans doute parce qu’il venait de créer sa çaient des feux des mêmes éternels et passionnants maison d’édition « Le Cercle d’or » et qu’il ne vou- débats. lait pas mélanger les intérêts. Joseph Rouillé a été avant tout un homme de En 1982, le « Comité vendéen » a fait scission communication remarquable. Il fut journaliste de et l’association a pris le nom de « Société des Écri- radio à Radio Rennes Bretagne (1945-1950) et a vains de Vendée ». Joseph Rouillé l’a pilotée de main animé ensuite l’émission culturelle « Vent de ga- de maître avec une autorité qui supportait mal la lerne  » sur la radio Rock Sound à Saint-Gilles. Il contradiction. a donné à l’association une reconnaissance dépar- tementale en institutionnalisant la remise du Prix à l’Hôtel du département. Il a fait appel aux auteurs En 1985, il a créé le premier de l’association pour la publication d’un recueil de nouvelles « Mille et un visages de la Vendée » en « Prix des Écrivains de Vendée » 1981, et un second « Hauts lieux de Vendée » en 87 pour célébrer le dixième anniversaire de la So- qui a été remis à Henri Martin pour son livre ciété. Chaque été, pendant ses vacances à Menton, « L’Extraordinaire passage du Gois ». À partir de là, il il organisait avec succès des conférences où il faisait a fait imprimer une feuille qui donnait des nouvelles connaître l’histoire et la culture vendéennes. de la Société et des publications de ses membres. Il Il a passé le relais à Michel Dillange en 2000. Il l’a intitulée « Lire en Vendée ». Le journal des écri- est resté très présent, en particulier aux réunions du vains de Vendée était inventé. Prix, jusqu’en 2007. Il s’est éloigné ensuite. Il a été Avec Jean Huguet, ils ont organisé alors pen- un fougueux et talentueux promoteur de la culture dant l’été de grands débats historiques aux Sables vendéenne. d’Olonne, à Saint-Gille, Saint-Jean-de-Monts. La Yves Viollier discussion était précédée d’une projection de film (par exemple « La mieux aimée » adapté du livre de J. Rouillé). La salle était pleine. Le débat était sou- vent houleux. Les orateurs allaient vite à s’enflam- mer, pour le plaisir parfois, par goût de la provoca- tion aussi, et leurs lectures de l’histoire n’était pas toujours la même. Ces soirées de joutes oratoires restent dans les mémoires. La Société a aussi mis en place, à ce moment- là, des tournées de signatures dans les librairies de Vendée. Une dizaine d’écrivains se retrouvaient chez Jim Dandurand, à Fontenay, la Librairie Centrale Salé aux Sables, la Maison de la Presse Despret à Le jeune Rouillé sur le tournage des Vieux de la Vieille L’écrivain Joseph Rouillé a gardé des souvenirs précis du tournage des Vieux de la Vieille, dont il as- sura une chronique pour « Presse-Océan » qui s’ap- pelait encore « la Résistance de l’Ouest ». Et dont Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013 19
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    Joseph Rouillé un texte fut publié dans Histoires et nouvelles de Vendée, en 1997, aux éditions Vents et Marais, recueil collectif de la Société des écrivains de Vendée. Rouillé y narre ce tournage, en 1960, à Apremont et La Chaize-le- Vicomte. Tournage qui fit grand bruit car il réunissait un trio de choc. Trois stars : Jean Gabin, Pierre Fresnay et Noël-Noël. Trois stars vieillies pour une farce paysanne un tantinet anar. Un trio infernal de Papys qui font de la résistance, dans une pochade mise en scène par Gilles Grangier, dialoguée par Audiard. Un très bon film, soit dit au passage, qui a fort bien résisté au temps. Durant ce tournage qu’il suivit pendant plu- sieurs semaines, le jeune Joseph Rouillé s’était lié d’amitié avec Noël-Noël. Il promena l’acteur chan- sonnier en plusieurs lieux de Vendée, visitant le châ- teau de Beaumarchais à la Chaize-Giraud et le logis de Fonteclose à la Garnache. Anecdote à Challans, où l’acteur fait le plein de sa voiture, la pompiste le reconnaît. Noël-Noël ne se fit pas prier pour signer un autographe. En re- prenant le volant, il confia au jeune Joseph : « moi, vous savez, j’aime bien être reconnu. Gabin déteste ça mais l’on se doit à son public ». s’explique pas ! » ; « Je veux être incinéré parce que je ne veux pas qu’on vienne m’emmerder sur Plus tard, on présente à la star une jeune fille ma tombe ». vendéenne qui aimerait bien faire du cinéma. Noël- Noël, avec maintes précautions et en prenant son Gabin ne signait évidemment pas d’auto- temps, la décourage de faire un tel métier. Et de graphes. Sur le tournage des Vieux de la vieille, confier en partant au correspondant de la Résistance : il fit cependant une exception pour trois jeunes « Si Gabin avait été à ma place, il serait parti sans filles d’Apremont qui avaient suivi presque dire un mot ». continuellement le tournage. Une délicate at- tention « pour elles et pour elles seules ». Joseph Rouillé le concédait volontiers : « ce bourru avait un cœur gros comme ça ! Un peu de cette race Gabin, ce Vendéen taiseux ! paysanne de Vendéen taiseux ! » Philippe Gilbert Grâce à Noël-Noël, Joseph Rouillé parviendra cependant à rencontrer le patriarche, « poids lourd » du cinéma français, déjà un de ses « monuments » et se retrouver régulièrement chez le restaurateur-hôte- lier d’Apremont Pierre Chaillot, à table entre Gabin et Pierre Fresnay, aristocrate comme dans ses films ; et en face : Gilles Grangier et Noël-Noël, ce dernier volubile pour cinq. Rouillé avoue dans ses souvenirs qu’il n’apprécie guère la nature ours mal lèché de Jean Gabin, mais il a cependant le temps d’apprécier de près le caractère du plus grand acteur français, phrases ponctuées de son célèbre balancement de tête : « J’ai pas mauvais caractère, j’ai du caractère, c’est tout ! » ; « Ça me fatigue d’être aimable » ; « Au cinéma, la présence ne Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013 21
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    Édouard Grimaux René Bazin Un grand savant Vendéen La Terre de Bazin (1835-1900) ne meurt jamais Pharmacien La terre qui meurt est le chimiste de province, roman « vendéen » de l’An- Édouard Grimaux, va gevin René Bazin (1853- accéder aux plus hautes 1832), académicien. Sorti fonctions profession- en 1899, il remporta un nelles et honorifiques gros succès de tirage (200 dans la Capitale. Né à 000 exemplaires) dès sa sor- Rochefort, il devient tie et fut le livre de chevet vendéen par adoption de nombre de Vendéens, en épousant Léontine joué également dans de nombreux théâtres de pa- Boutet de famille pro- roisse, notamment entre les deux guerres. testante herminoise, et Fin septembre, une réédition a été présentée achète une pharmacie par la Maison Siloë du côté de Sallertaine, là où en face de l’ancienne Mairie de Ste Hermine. Pré- se déroule l’intrigue de cette tragédie, qui abordait senté par Grimaux à Louise, sœur de Léontine, Jé- un sujet qui était déjà d’actualité à la fin du XIXe rôme Bujeaud, son ami, devient son beau-frère. Une siècle : l’émigration paysanne. Une table ronde avait grande complicité d’idées les unira toute leur vie. même été organisée à cette occasion dans l’église ro- Grimaux étudie la chimie dans son officine mane de cette bourgade maraîchine (que l’Acadé- avant de partir pour Paris. Il enchaîne travaux de micien sauva de la destruction en la faisant classer laboratoire, publications et conférences, militant monument historique). Table ronde orchestrée par avec passion pour répandre dans son enseignement l’association des Amis de Bazin (président : général et ses recherches les nouvelles théories chimiques. Richou) et animée par l’ancien journaliste à Ouest- Il obtient un poste à la faculté de médecine, puis France Jacques Boislève. à la Sorbonne, devient professeur à l’Institut Agro- Ce dernier, au cours du débat, s’inscrivit en nomique, puis à l’École polytechnique, avant d’être faux sur le malentendu Bazin classé réactionnaire : « élu à l’Académie des sciences. Ami de Clemenceau, Ce témoin de son temps et un militant de la cause dont il sera brièvement l’adjoint à la mairie de Mont- chrétienne, engagé dans le christianisme social, qui martre, républicain patriote ardent, n’obéissant qu’à pouvait avoir des propos durs contre les patrons ». sa conscience, il entraîne d’autres savants autour Le témoignage de Armel-René Bazin de Jouy, l’ar- de Zola en faveur du Capitaine Dreyfus, cet acte rière petit-fils de l’auteur ne manqua pas de brio. de civisme lui vaudra une radiation immédiate et « C’est un journaliste qui utilise les techniques d’écri- douloureusement ressentie de ses fonctions d’ensei- vain naturaliste en allant repérer sur place ». Ce qu’il gnant et de chercheur à l’Ecole polytechnique. Il fait fit à Sallertaine. Tandis que la directrice du service construire le château de l’Auneau près de Chanton- des Archives d’Angers n’hésita pas à affirmer qu’on nay mais n’aura pas le temps d’en jouir, ses cendres a « statufié l’académicien, pétrifié même ! Il faudrait seront transférées dans la sépulture de sa femme au éclairer sa personnalité ». Le fonds d’archives est là, cimetière protestant de Sainte-Hermine. mais ce travail reste à faire. Josette Fournier, auteur de plusieurs ouvrages, En attendant, cette réédition, à la couverture de est professeur retraitée des universités (chimie or- couleur rouge, est intéressante à plus d’un titre, avec ganique), co-fondatrice et ancienne présidente un préambule signé Jacques Boislève et une préface du Groupe d’Histoire de la Chimie de la Société de Bruno Retailleau, président du conseil général de chimique de France. Cet ouvrage s’est construit au- la Vendée. tour d’une conférence qu’elle a donnée le 10 mars 2011 dans le Temple de Sainte-Hermine. Philippe Gilbert Josette Fournier Texte annoté et illustré par Claude Bujeaud Histoire et Patrimoine du Canton de Sainte-Hermine La terre qui meurt, Éditions Siloë. 18 € 52 p. 12 € 22 Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013
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    Gilbert Prouteau Hommage à Gilbert PROUTEAU Il a commencé par l’athlé- tisme avec le triple saut qui l’em- mènera aux Jeux Olympiques de 1948. Mais sa médaille il l’ob- tient non pour ses qualités ath- létiques mais en récompense des pages jugées les meilleures que le sport ait inspirées. C’était au temps où l’épreuve littéraire était une discipline olympique aux Jeux de Londres ! Cette coïncidence de lieux résonne aujourd’hui comme un Prouteau avec Aragon dans son bureau, Aragon dont il connaissait par cœur l’œuvre. dernier clin d’œil facétieux de sa C’est d’abord pour cette raison qu’ils devinrent amis. part. Ce titre olympique a été pour Gilbert la confirmation de sa vo- cation littéraire qu’il a déployée Nesmy, le 6 août 2012 dans toutes ses dimensions, avec cet appétit gargantuesque de la vie que nous lui connaissions. Il D’autres que moi auraient été plus légitimes pour prononcer cet touche avec bonheur et talent à hommage à Gilbert Prouteau. Il m’a été demandé d’être, en quelque toutes les formes d’écriture : la sorte, l’interprète de nombreux amis, de ses voisins, ceux qui l’entou- poésie bien sûr mais encore le ro- rent aujourd’hui et ceux qui sont unis par la pensée ou la prière. man, la biographie, l’essai. Gil- Je voudrais dire à ses proches, ses enfants, ses petits enfants que bert écrivait comme on respire : nous portons un peu de leur peine. Oui, il était important de lui rendre avec la même aisance, la même ce témoignage de reconnaissance, d’affection et de chagrin. évidence, la même nécessité aus- Mais en même temps quelle tâche difficile tant Gilbert était à lui si. seul un univers complexe. Le mot de son maître en poésie Victor Hugo, Pour le cinéma il invente le lui va si bien : « Un poète est un monde enfermé dans un homme ». genre que l’on appellera bien plus tard le docu fiction à partir d’un mélange d’images d’archives et Gilbert était un homme accompli au sens de fiction. Une cinquan- de la Grèce Antique : taine d’ouvrages naîtront sous sa athlète du corps et de l’esprit, serviteur de la cité des hommes et des plume et non des lettres. A la fois homme d’esprit, de cœur et de caractère. Ce caractère moindres : « Le qu’il avait si fort, rarement au point de l’avoir mauvais, jamais au point sexe des anges » de briser les élans de son grand cœur. Si Athènes a inventé l’Homme manqua le Gon- complet, à la fois citoyen et philosophe ; athlète et esthète, Gilbert a court de peu ; et réalisé en lui-même cette exigeante et improbable synthèse. ses recueils de poésie lui valurent Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013 23
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    La Vendée !Nous sommes à Nesmy et l’enfant du pays est de retour pour toujours dans sa terre originelle. Je me souviens de ce jour humide de dé- cembre dans cette même église, où Gilbert accom- pagnait Hélène à sa dernière demeure. Nesmy, son village natal qui lui avait offert, cher Gérard Rivoisy, le nom d’une rue de son vivant, à lui et à son ami Henri Laborit nés du même creuset fondateur. Gilbert aimait passionnément la Vendée, toute la Vendée qu’il a chantée comme personne. Lui-même se définissait comme « Vendéen du fond des âges et des villages ». On ne comprend rien de lui sans saisir cet attachement vital pour « cette terre aussi étroite dans l’espace et aussi peuplée dans le temps ». En 1953, c’est l’appel de la Vendée plus fort que le chant des sirènes de la célébrité qui lui fait quitter Paris, que pourtant Dieu a choisi ! Mais dans la vie, il faut vivre avant de réussir comme le lui avait sug- géré Roger Martin du Gard. Et c’est à Treize-Vents sur un coteau sauvage connu seulement des genettes et des grives musiciennes qu’il trouve sa Thébaïde inspirée. En contrebas la Sèvre rythmera les saisons et les jours « en chevauchant des meulières ». «Unique au monde», telle fut la devise offerte au patriarche par ses petits-enfants en 2003, pour ses 50 ans de mariage avec sa muse Hélène. « La maison d’Amour où je veux dès 1968 de figurer entre Prévert et Queneau, dans mourir, j’y suis né à 30 ans passés » le dictionnaire de la poésie contemporaine. Je dois avouer une préférence pour ses poèmes, écrira-t-il. tout simplement et pour reprendre Couprin « parce qu’ils me touchent ». À leur contact, ils s’emparent de vous involontairement, inoubliablement. C’est Mais pour Gilbert, la Vendée ce ne sont pas seu- je crois, la marque des œuvres majeures. La poésie lement des paysages envoûtants, ce sont des voisi- lui était si indispensable qu’il en a fait l’accomplis- nages, des personnages qui lui ont donné chair. Il sement de son parcours littéraire, avec ce dernier s’en inspirera beaucoup. Et il n’aura de cesse d’ap- recueil paru il y a tout juste quelques mois sous le procher l’âme de cette province métaphysique à tra- titre d’un oxymore, « La nuit des jours » qui annonce vers les grandes figures de l’Histoire qui lui étaient le crépuscule. familières, entre autres : Clemenceau et Hugo mais Son œuvre valut à Gilbert des prix et des titres aussi Rabelais, Richelieu, Gilles de Rais, Grignon comme celui de Commandeur des Arts et des Lettres de Montfort et bien sûr les Vendéens de 1793 aux- mais je suis sûr qu’il aurait été déçu que l’on ne men- quels il dédiera un livre en reconnaissant « qu’il était tionne pas celui qu’il revendiquait de Chevalier du impossible de comprendre l’épopée vendéenne sans Mérite Agricole ! Ne se définissait-il pas comme un remonter à ses racines spirituelles ». éleveur de vers luisants ? L’une de ses grandes fiertés Gilbert n’était pas un historien même si sa mé- n’était-elle pas d’avoir réussi à faire fructifier en pleine moire était prodigieuse. Ce qui le fascinait dans la terre du bocage des orangers et des citronniers ? Car Vendée c’est qu’elle est un pays de héros et de lé- Gilbert était aussi l’ami des arbres. Il aurait pu em- gendes. Avec son maître Victor Hugo il savait qu’il prunter à Cicéron sa devise du bonheur : « Un jardin faut l’Histoire pour le détail et la légende pour et des livres », s’il ne manquait pas quelque chose l’ensemble. Et avec son ami Cocteau il partageait d’essentiel pour lui. Cet essentiel au sens étymolo- la conviction : « que la légende c’est du faux qui gique du mot, c’est la Vendée et l’amitié. s’incarne et l’histoire du vrai qui se déforme » 24 Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013
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    Gilbert Prouteau La Vendée,disait Jean Yole, Avenir, souvenirs, nuances si légères, Au feu de ce qui brûle, brûle ce qui sera. c’est Charette et Clemenceau. Bruno RETAILLEAU Il faudrait y ajouter Prouteau. Président du Conseil Général de la Vendée D’autant que Gilbert possédait le caractère de l’un et de l’autre : rebelle et libre. Deux visages d’une Vendée qui n’en fait qu’un devant l’histoire. Ce double sillage a été le sien, dans le refus de la tiédeur et du prêt-à-penser. « Le roman d’un rebelle  », l’un des romains autobiographiques les plus réussis, donnait la tonalité d’une vie où la polé- mique et les manières de mousquetaire ont souvent été un style. Ce côté potache lui venait peut-être par contraste de son père et de sa mère, hussards de la République qu’il admirait pourtant. Mais la grande affaire de sa vie aura été l’amitié qu’il a cultivée soigneusement, fidèlement comme un Art de vivre, comme un « luxe des relations hu- maines » cher à Max Jacob qu’il a peut-être croisé aux côtés de Picasso ou de Cocteau. Gilbert avait de nombreux amis, célèbres ou non. Il avait pour chacun la même attention. Il pen- sait que « rien ne surpasse d’être un ami pour un ami » selon le mot si juste de Schiller. C’est bien sûr l’amitié qui nous autorise à dire : « je suis parce que Rebelle est bien le terme qui convient pour qualifier Prouteau. tu es ». Proust avait l’habitude de dire que la litté- Rebelle dans le sens réfractaire. rature est une amitié. Dans le cas de Gilbert c’est si vrai. Pour écrire il faut aimer. Les lettres d’amour et d’amitié - mais où est la frontière entre les deux - ont souvent été les fulgurances du génie : Montaigne à La Boétie, Goethe à Schiller, Aragon à Elsa, Gilbert à Hélène. T’en souviens-tu ce soir lointain d’Auteuil Hélène Ces couleurs du futur au seuil de tes vingt ans Une idylle imitée du sanglot des fontaines Qui jaillit d’un murmure et s’écoule en chantant. La Mort n’a pas de prise sur l’amour. L’Amour ne passera pas. Et j’entends encore les voix mêlées de Gilbert et d’Hélène réciter en parfaite harmonie ces vers d’Aragon qu’ils aimaient tant : Ce livre parut en 1998 aux Editions Hérault. Sur la couverture, la maison des Hautes-Roches où l’écrivain vécut près de 50 ans. Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013 25
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    Repères jours avant sa sortie officielle dans un incendie vo- lontaire des laboratoires UGC. On retrouvera mi- Gilbert Prouteau raculeusement une copie 17 ans plus tard, lors du déménagement de la Cinémathèque de Montréal. (1917, Nesmy-2012, Cholet) Maudit, ce film est aussi un miracle. 1972. Prouteau se lance dans le polar et Tout est en 15 dates dans la fin est un succès littéraire. Mais l’adaptation pour la télévision par Jean Delannoy, avec Michel Duchaussoy, est beaucoup moins réussie. 1974. Victor Hugo, homme de l’ouest est réalisé en 1942. Rythmes du stade est son premier livre, un coproduction Antenne 2-BBC. Le metteur en scène recueil de poésies. Le jeune Prouteau vit à l’époque Gilbert Prouteau garde son style particulier (dans le en France libre, à Antibes, où il a suivi le déména- montage ; et dans la poésie des dialogues ou, plus gement de l’École nationale d’Athlètes dont il fait souvent, de la voix off). Le téléfilm ne rencontre pas partie. Et après avoir fini la guerre comme deuxième un gros succès. Il est diffusé le jour de la mort du classe, dans les Alpes. président Pompidou. 1948. Rage ! Prouteau, international d’athlétisme, se 1985. La nuit d l’île d’Aix, paru chez Albin-Michel, claque peu avant les Jeux Olympiques de Londres. Il est un roman historique sur les derniers jours de Na- s’y déplace comme journaliste. Mais inscrit aux Jeux poléon sur le sol français. Une belle réussite. Mais Littéraires (la dernière édition), il se voit attribuer jamais adaptée en images, malgré Michel Charrel, la médaille de bronze, grâce à une traduction de la l’assistant metteur en scène de Prouteau. Celui-ci préface de Rythmes du stade, qui était signée Roger avait obtenu l’accord de Raymond Pellegrin pour le Vercel ! rôle, mais ne trouva jamais les fonds pour le pro- 1953. Son premier long-métrage, La vie passionnée duire. Gilbert Prouteau : « l’histoire du cinéma est de Clemenceau, est bouté du Festival de Cannes (il aussi faite d’une foultitude de projets qui n’ont pas fait dire les mots « Boche » et « Teuton » à Clemen- abouti ». ceau). Mais il remporte le Grand prix d’Edimbourg. 1989. Dans L’ombre d’un juif, le Vendéen natif de La même année, son roman Saison blanche est tra- Nesmy retrouve tous les ressorts et tout le jus origi- duit en japonais, où il fait un tabac. nel de sa verve au réalisme poétique, proche de celle 1955. Je m’appellerai Guillaume Apollinaire est un du Sexe des Anges. Mais le livre marche mal. « Je me métrage de 25 minutes, avec la voix en off de Mou- suis cru fini ! » loudji et des moyens modestes pour ce qui reste la 1992. Le Vendéen rebondit avec Gilles de Rais où plus belle biographie filmée du « maître de la poésie la gueule du loup (le Rocher). Son réquisitoire en de la première moitié du XXe siècle ». Aragon étant, faveur de « Barbe-Bleue » sent le souffre. Les médias toujours selon Prouteau, « maître de la seconde moi- nationaux s’en emparent. Prouteau parvient même tié du XXe siècle ». L’année précédente, il a réalisé à obtenir la réhabilitation du Maréchal devant une Cent ans de sport, avec pour assistant-metteur en Cour internationale. Aux limites du canular ! scène un certain Georges Lautner. 1996. Poète avant tout, Prouteau n’aura cependant 1961. Le Sexe des anges, édité chez Grasset, favori écrit que 10 recueils dans sa foisonnante verve du Goncourt, est recalé à l’arrivée. « Dommage, ça alexandrine, dont Les fleurs de l’âge (Presses du Vil- m’aurait bien arrangé. Mais je n’ai pas toujours réus- lage), qu’il considérait comme son meilleur livre ! si ma carrière », regrettait parfois l’intéressé. Ce livre 2002. Je passe aux aveux est un livre interview, mené est probablement son meilleur. Son plus gros succès par l’éditeur d’Orbestier Xavier Armange. Un té- littéraire aussi. moignage des plus dynamiques, parfois déroutant, à 1965. Le Machin (Table Ronde) est précurseur des l’image du personnage. Jamais inintéressant. romans de politique-fiction. Mais c’est un bide. Prouteau : « on a toujours tort d’avoir raison trop 2012. Au début de l’année, Gilbert Prouteau a sorti tôt ». La nuit des jours, chez son amie Régine Albert. Et 1969. Dieu a choisi Paris, après 4 ans de tournage et le prochain, Les mots de passe, il en avait remis les de montage, sort enfin. Avec Belmondo en tête d’af- ultimes corrections à sa fille Isabelle peu avant de fiche. À l’avant-première, Malraux encense l’œuvre. mourir. Publication espérée pour le prochain Prin- Mais la malédiction veille. Le film brûle quelques temps du livre de Montaigu. 26 Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013
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    Gilbert Prouteau Surdoué et sportif médaillé Suite à des complications pulmonaires, Gilbert Prouteau est parti le 2 août dernier. Durant les Jeux Olympiques de Londres, Jeux auquel il participa en 1948, à Londres justement ! Et d’où cet athlète international (6e Européen du triple-saut en 1947) ramena une médaille de bronze, dans la discipline artistique de la littérature, qui existait encore alors. Un clin d’œil bien à l’image de ce personnage fa- cétieux, qui racontait cette histoire dans le film L’esprit olympique, d’Alexa Schulz, diffusé sur Arte… La plume et le Le jour de sa mort ! Et rediffusé le matin de son en- maillot, c’est Gilbert terrement ! Gilbert a toujours su soigner ses sorties, Prouteau, prix de il n’a pas manqué sa dernière. littérature sportive dès son premier recueil. Parti, Prouteau, rejoindre les anges, ceux qui auraient pu lui donner le Goncourt en 1961 (Le sexe des anges, son meilleur roman…) Les faire rire aussi, L’écrivain-cinéaste et poète certainement. Car la rigolade, la farce et l’amitié sont des trésors qu’il a cultivé toute sa longue vie. Gilbert Prouteau s’est éteint à Également la provocation. Car elle faisait partie de la rigolade. Et du génie de ce Vendéen né en 1917, l’âge de 95 ans, le 2 août dernier. à Nesmy. Un fils d’instituteurs, un Vendéen du fond Sa carrière fut hors-norme. des âges. Prouteau l’inclassable, est probablement passé à « Vieillir est indécent ! Et les souvenirs sont côté d’une carrière plus fulgurante. Mais ce surdoué, tyranniques, comme un bonheur perdu », confiait à la scolarité désastreuse à La Roche-sur-Yon et Fon- Gilbert Prouteau à sa fille Isabelle et sa belle-sœur tenay-le-Comte, qui se définissait volontiers comme Aline, voilà encore quelques semaines, en lâchant « un demi-raté à peu près passionné par tout », fut le livre qu’il tenait, Beaux nuages le soir, de Michel un touche-à-tout. Hanté par la volonté de se renou- Peyramaure. Bien ce livre, demandèrent sa fille et sa veler. Sport, poésie, littérature, cinéma… Oui, tout belle-sœur ? « Vivant, alerte, présent, passionnant. Il le passionnait et le Septième Art lui permit de réa- faudra le dire à ce jeune homme », le Briviste Peyra- liser ce qui est peut-être le chef-d’œuvre qui fera sa maure, qui fête ses 90 printemps cette année. postérité : le long-métrage Dieu a choisi Paris, avec Jean-Paul Belmondo, s’il vous plaît ! Film à l’incom- Gilbert Prouteau, dans son grand âge, avait gardé parable poésie, mélangeant images de fiction et d’ar- beaucoup de lucidité, beaucoup de malice aussi, elle chives, procédé dont il fut novateur dès 1953, avec pétillait dans l’œil. Tandis que sa fille Isabelle, qui La vie passionnée de Clemenceau. était la seule à décoder son écriture en hiéroglyphes, lui tapait ses manuscrits. Car il continuait à écrire. « Que veux-tu que je fasse d’autre ? Il faut bien que je m’occupe en attendant qu’on me rappelle ! » 50 livres, 15 films, provocateur, Il avait encore sorti un recueil de poèmes au mondain, Vendéen début de l’année (La nuit des jours, Écho-Optique Éditions). Ce bateleur du verbe et des phrases sem- Prouteau est parti, et maintenant qu’il nous reste blait y entretenir la flamme vacillante des mots, son œuvre, il ne s’avère pas facile de la déballer, de la « mots d’ordre et de passe, d’espoir et d’amour, di- détailler. Au compteur : 50 livres, 15 films. Dans les lués par le temps dans l’espace », comme il l’écrit en 50 livres, de la poésie, des nouvelles, des romans, des alexandrins. La verve rythmée, les mots ranimés. romans historiques, des essais… Au cinéma, trois Il avait aussi eu le réflexe, trois jours avant son longs métrages, ainsi que des moyens et des courts, « rappel », de donner à sa fille les dernières correc- dont plusieurs biographies, Victor Hugo, Saint-Ex, tions de son prochain livre, Les mots de passe. Les Apollinaire (Je m’appellerais Guillaume Apollinaire, mots, toujours… avec la voix de Mouloudji en off)… Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013 27
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    livre réhabilitant lamémoire de « Barbe-Bleue », dénonçant le « premier procès stalinien de l’his- toire ». Le provocateur avait le sens de la formule. Le provocateur qui était aussi un orateur hors pair. Et un mondain très prisé. « Vous n’imaginez-pas en Vendée comme Gilbert était une vedette des salons parisiens ! », confiait voilà peu Jean-François Probst (l’auteur de Chirac et dépendances). Gilbert Prouteau avait aussi le sens de sa terre, la Vendée, sur laquelle il n’a pas manqué d’écrire. Dans son avant-dernier livre, Le roman de la Vendée (Geste Éditions), tout est déjà dans le titre ! Et même quand il fréquentait assidûment les salons parisiens, Prouteau fonda le prix de l’Art de Vivre. Dans les années 1980, il ne manqua jamais à la Vendée, l’habitant, d’abord il le remit à Bordeaux. Il est entouré de gauche à droite par en pays des Olonnes ; puis, à partir de 1963, dans le Michel Crépeau, Jacques Chaban-Delmas (avec sa femme) et bocage, entre Treize-Vents et Mallièvre. Aux Hautes- Vincent Ansquer. Roches, dans une demeure dominant la Sèvre Nan- taise, parmi des arbres centenaires. Comme le « bonhomme » ne détestait pas la fla- gornerie, quand on lui disait : Gilbert, si tu étais resté à Paris, tu serais parmi les grands !… Il aimait ouvrir sa fenêtre et répondre : « mais je suis parmi les grands ». Ph. G. En 2003, Prouteau remet le prix de l’Art de Vivre à Rambouillet. De gauche à droite, lors de la remise du prix : G.Prouteau, Jean-François Probst, Laurence de Jarnac, Georges de Caunes, Gérard Larcher, qui est aussi le maire de cette commune. Des biographies, il en a aussi écrit, car il avait la passion de ses « dieux littéraires ». Et des « Dieux de son temps », les rencontrant d’abord comme jour- naliste (à l’hebdomadaire Carrefour, après la Libé- ration) puis comme écrivain, mondain aussi, car l’artiste était brillant dans les salons parisiens, ren- contrant Picasso, Dali, Cocteau, Malraux, Aragon, Jacqueline Auriol… S’en faisant des amis, car il vou- lait s’accorder « le luxe des relations humaines ». Et il n’a jamais manqué d’être demandé par les médias, intervenant à plusieurs reprises dans « Lectures pour tous » et « Les dossiers de l’écran » à la Télévision, chez Pivot, Poivre d’Arvor et Philippe Gildas, sur Pour ne pas faire comme tout le monde, Prouteau fit un film Canal +, au moment de la sortie en 1992 de Gilles avant le livre sur Clemenceau (25 ans plus tard). Clemenceau est certainement un des personnages qui l’influença le plus. de Rais ou la gueule du loup (Éditions du Rocher), 28 Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013
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    Gilbert Prouteau Lundi 6août 2012 Nous n’oublierons pas cet après-midi du 6 août où nous avons accompagné « l’éleveur de vers lui- sants » dans le petit cimetière de Nesmy. Je me souviens. Les cloches sonnaient lorsque je suis arrivé sur la place de l’église. Je me répétais ces vers qu’il nous avait dédiés, à Marie-Claire et moi, dans son ultime recueil de poèmes « La nuit des jours ». Ce soir monte de la fontaine La voix que la mort a changé En sanglot rouillé d’âme en peine Et cette corne de berger Qui porte à la tombe d’Hélène Picasso se déguise en clown pour acccueillir son ami Gilbert Ses relents de fleur d’oranger. (photo collection Jean Cocteau). Je les ai ressassés en embrassant Isabelle, Philippe Tout était juste dans cette cérémonie funèbre, et toute la grande famille des amis Gilbert Prouteau sans… cérémonie. Le Gilbert des derniers jours à qui frissonnait dans la chaleur orageuse de cet après- Treize Vent était au milieu de nous, celui de la mai- midi d’été. Le vent soufflait. Les mots du poète son des Hautes Roches qui corrigeait hier encore le avaient toute leur force. Chaque parole était sanglot manuscrit des « Mots de passe » à paraître prochai- rouillé. Les cloches sonnaient, corne de berger. Le nement et qui avait retrouvé soudain l’éclat de son fourgon noir est arrivé. Nous sommes entrés der- regard d’aigle. rière Gilbert pour nous recueillir autour de l’autel. Bruno Retailleau est allé à son tour au micro et L’église n’était pas pleine, la faute à l’été. Des amis il a prononcé l’éloge superbe que nous avons repro- manquaient à l’appel. Mais c’était peut-être mieux duit plus haut. Il a tout dit, le sportif, le touche à ainsi, plus intime, plus vrai. tout de génie, le poète, l’emmerdeur, la folie. Il a dit l’ami aussi. On n’a pas applaudi. Ca ne se fait pas Laurence, la fille aînée, a parlé en son nom et dans une église, dans ces circonstances-là. Mais j’ai celui de ses sœurs. Et j’ai pensé aux mots du poète. pensé que Gilbert aurait aimé qu’on le fasse. Que, là où il était, lui ne se privait pas d’applaudir. Le prêtre a eu aussi les mots justes. Il n’a pas ou- Tendres matin de notre vie blié Hélène. Il a fait brûler son encens pour l’un et Dans les boucles de notre aînée l’autre. Il les a réunis dans la prière, la « reine morte Laurence Isabelle Flavie au bois dormant » et le compagnon de la Marjolaine. On vous attend venez dîner Nous sommes allés saluer Gilbert une dernière fois devant l’autel. Nous avons chanté un dernier chant. Adrien a parlé aussi, le fils de Claude, le frère de J’ai pensé encore à ces vers du poème : Gilbert parti jeune à 85 ans ! Son neveu a employé les mots du cœur, des mots vrais, des mots justes. Dix mille jours dix mille nuits « Il est deux parts dans la vie, a-t-il dit citant Fondus noyés dans la mémoire la recommandation de Gilbert, une pour la gagner, une pour ne pas la perdre, surtout prends garde à ne Les portes de l’église se sont ouvertes. Quand pas la perdre en voulant trop la gagner… S’il est un Gilbert est sorti, il pleuvait. Presque rien, une averse homme qui toute sa vie a respecté ce précepte, c’est au soleil d’été, le ciel pleurait à son tour. Le vent a bien lui. Homme de génie pour certains, controver- soufflé pour sécher les larmes. sé par d’autres, Gilbert avait dans ses mains toutes les cartes pour abattre une grande carrière. C’est On a seulement traversé la place. Le cimetière pourtant toujours auprès des siens qu’il a préféré est de l’autre côté de la route. rester... » Yves Viollier Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013 29
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    Confidence sur Carné au coin du feu C’était l’hiver dernier. En rendant visite un week-end à Gilbert Prouteau, lui emmenant le Rou- mazaf, plat malgache dont il se régalait. Gilbert est resté fine gueule. Durant sa sieste, petit tour dans la bibliothèque des Hautes-Roches, une pièce ronde et tant de livres, Prouteau voulait rencontrer tous les Dieux de son temps. Ici avec à vous donner le tournis… Tiens, un livre de souve- Montherlant. nirs de Marcel Carné, dédicacé à Gilbert Prouteau. M’a jamais parlé de ça le Vieux ?… Je l’apos- trophe à sa sortie de sieste. Gilbert, paix à ses 95 ans qu’il approche, ne se souvient plus. Lui qui aime tant se vanter d’avoir rencontré tous les dieux de son temps ne trouve pas trace de Carné dans sa mémoire qui a été prodigieuse. « C’était quand ? » s’enquiert- il. En 1979, tu n’avais que 62 ans ! « j’étais d’une jeunesse attardée », ironise l’intéressé. « Qu’écrit-t- il ? » Il exprime ses regrets à son ami Gilbert qu’un projet ensemble n’ait pu aboutir. Puis je lui montre la dédicace. Il chausse ses lu- nettes. Et la mémoire revient, tel un tourne-disque. « On se tutoyait ». Oui, ils ont eu un projet cinéma ensemble, portant sur la civilisation se structurant et évoluant autour de la littérature. « C’est Roland Lesaffre qui m’a amené à Carné ». T’as pas couché En 2000, le vice-président du Sénat Gérard Larcher rend avec lui, que je rigole ?.. « Non !.. Mais ça fait par- hommage à l’artiste sur ses terres, à Nesmy. De gauche à droite : tir des occasions perdues ». D’avoir pas couché avec Dominique Caillaud, Louis-Marie Barbarit, Gilbert Prouteau, lui ? « Non, idiot, ce film ». Mais ton contact avec Louis Moinard, Gérard Larcher, Alain Rivoisy et Claude Prou- Carné, ce fut comment ? « Très chouette avec moi, teau, le frère de Gilbert. alors qu’il avait mauvaise réputation ». Le « malin vieillard du bocage » (référence à Vol- taire) semble réfléchir et s’assoupir. Il enchaîne, l’œil malicieux, gourmand : « c’est lui qui est le champion olympique du cinéma avec ses Hôtel du nord, Quai des brumes, Jour se lève, et autres Visiteurs du soir, enfants du paradis, Thérèse Raquin, Tricheurs… Mais Carné était devenu amer… Il ne pouvait plus monter de films dans les années 1970, on lui refusait tout crédit »… Et Arletty, quand on parle d’Hôtel du nord et d’atmosphère, atmosphère… « Je l’ai rencontré dans sa loge quand je faisais du journalisme ». À l’hebdo- madaire Carrefour. Après la Libération. Une histoire Le jeune Gilbert Prouteau rayonne entre ses profs à Fontenay, avec elle ? « Non ! » Un détail lui revient. « Elle était les professeurs Lecoq et Thomassont. A ses côtés, l’avocat Roland maigrichonne ». Belin. Ph. GILBERT 30 Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013
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    Gilbert Prouteau Philippe Écalle,journaliste Que retenez-vous de l’œuvre ? (prix des écrivains de Vendée Difficile de ressortir une de ses œuvres, lui-même n’y arrivait pas ! Il a touché à tout et il ne s’est laissé 2011) : enfermer dans aucun genre. Il ne voulait pas vivre « Gilbert était un magicien comme un oiseau dans sa cage. Il était libre. Et il le revendiquait. Mais son film « Dieu a choisi Paris » qui transcendait le réel » est exceptionnel. Gilbert Prouteau a su capter ce lieu qui a concentré toutes les audaces et les intelligences durant un demi-siècle. Il a su sentir mieux que les autres peut-être, lui le petit vendéen de Nesmy, les bouleversements du monde qui sont nés à Paris. À l’image de ce film, Gilbert était un audacieux, qui ai- mait prendre des risques, danser sur un fil, se mettre en danger… Je me sens un peu orphelin aujourd’hui et je ne suis sans doute pas le seul. Que retenez-vous de cet artiste que vous connais- siez intimement depuis 15 ans ? Quand je l’ai rencontré chez lui aux Hautes- Roches pour la première fois en 1997, il avait 80 balais et moi 33 ans. Mais j’avais l’impression que c’était lui le jeune homme ! J’ai été tout de suite marqué par sa vitalité intellectuelle. L’homme, comme l’écrivain, démontrait une étonnante faculté à tout romancer, à sublimer le réel, à embraser les mots, les faire danser… Je suis souvent revenu le voir pour l’écouter, comme si c’était un griot. Le griot du haut-bocage ! Celui qu’on prend plaisir à écou- ter, comme les enfants, le soir avant de s’endormir, même si c’est pour se faire raconter plus ou moins la même histoire. Sans chercher à démêler le vrai du faux, car il avait d’abord cette capacité à nous embarquer, à transcender le réel. J’aimerai ajouter que ce conteur extraordinaire était aussi un homme généreux, qui avait le sens En 2001, Gilbert Prouteau et Philippe de l’accueil. Et s’il parlait beaucoup, il savait aussi Ecalle (prix Ecrivains de Vendée t’écouter, une façon bien à lui de tendre l’oreille 2011), à la sortie du film «Dieu a pour bien entendre ce que tu avais à lui dire. Oui, choisi paris», diffusé au Concorde, c’était un réel plaisir à chaque fois que je le rencon- rue Gouvion à la Roche-sur-Yon. On trais, à chaque fois que j’allais aux Hautes-roches. reconnait aussi Joël Bonnemaison Gilbert était un magicien qui nous sortait des lapins de son chapeau dans son château ! Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013 31
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    Premier rendez-vous pour Pierre Yberra avec Gilbert Prouteau En 2008 j’ai commis deux livres. Dans le pre- mier, je racontais ma jeunesse dans l’Algérie encore française. Dans le deuxième, mon installation dans la Mère Patrie, à la Roche sur Yon précisément. Et Toujours à la Mainborgère dans le flambant neuf immeuble des Forges, réservé (commune de château-Guibert) en parti aux pieds noirs, nouveaux arrivants, et aux en 1997, Gilbert Prouteau et vendéens, fils de paysans, victimes de l’exode rural, l’illustrateur Claude Delau- qui fuyaient la terre pour l’usine et le confort des nay dont les parents furent meubles en formica… longtemps intituteurs dans ce Mes deux petits trucs… se sont retrouvés entre village. Môme, Gilbert, de les mains de Gilbert Prouteau. Les ayant lus, il m’ap- Nesmy, venait le retrouver le jeudi. «C’était mon plus vieil pela pour me parler de mes œuvres complètes… ami», déclarera-til à la mort de Après un bref échange téléphonique Il me dit : qu’il Claude en 2000. aimerait bien me rencontrer pour en parler... Il me donna son adresse, nous prîmes rendez-vous pour un après-midi. Il me demanda d’arriver tôt : 14h, 14h30… Il tombait bien, je suis du genre plutôt en avance qu’en retard. Je suis arrivé à heure dite, à Treize-vents, dans la « Suisse vendéenne », son Vevey en quelque sorte… Au détour d’un bosquet et d’une longue pente, sa maison bien cachée domine la Sèvres nantaise. Avant de m’avancer vers l’escalier de la terrasse, je suis resté un instant pour goûter la beauté de l’endroit. Sous un parasol, assis, il m’at- Gilbert Prouteau et Jean tendait. Devant lui, il y avait mes Huguet ont beaucoup à se dire. C’était en 1997, lors d’une deux ouvrages garnis de signets. inauguration à la Mainborgère. Après les mots d’usage, il m’entraîna dans son bureau. Il y avait des tableaux partout sur les murs. J’en regarde un particulièrement, qui avait un petit côté Chagall. Je lui pose la question. Il me répond : qu’il est de Consuelo de Saint-Exupéry, l’épouse de Saint Ex et que la toile dans son milieu est rehaussée de sa main d’un dessin du Petit Prince. Il m’apprend que Consuelo était la marraine de son fils. Il m’invite à m’asseoir, il prend place à son bu- reau. Il me dit qu’il ne fume pas mais qu’il prend soin de ne fumer qu’une demi-cigarette de temps à autre, quand il peut sortir de la couverture radar des deux cerbères qui le chaperonnent… En 1948, le jeune Prouteau Je ne risquais pas d’être embarrassé, c’est lui qui rencontre le Maréchal de Lattre. menait la conversation. Il se racontait tout en me 32 Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013
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    un dernier textesur Gilbert Prouteau ! posant des questions sur ma vie en Algérie, sur ma son Temps des cerises. Et que seulement pour cette vie en France. Sur mes goûts... Il m’avoua qu’il avait chanson, il était plus reconnu de nos jours qu’Albert été cinéaste aux armées en 1956 à la demande de Samain ou François Coppée... Il me réitère sa ques- Robert Lacoste, alors ministre-résident et gouver- tion. Je lui réponds : Aragon, Prévert, Apollinaire, neur général de l’Algérie. On ne s’est pas trop dé- pour le vingtième siècle. « Vous aimez Aragon, vrai- voilé sur cette période. ment ? » Ses yeux se mirent à briller, et il me balance Il se mit à feuilleter mon premier livre et il me les yeux d’Elsa dans sa totalité. « Ah ! Aragon, je l’ai m’assène : « Vous avez l’air d’aimer le cinéma, Vous bien connu, c’était un ami. Il était un bourgeois de avez une écriture pour le cinéma. Ça vous aurait inté- la pire espèce, déguisé en stalinien, un mystificateur, ressé les femmes du cinéma et les petites culottes... » capable dans son stalinisme exacerbé, de s’amoura- Et le voilà parti sur les instants de sa vie de cinéaste, cher de Nancy Cunard qui lui en fit voir pis que du temps où, il côtoyait les stars de son époque. Il pendre. Mais malgré tout, un poète de génie. J’au- me parle de Danielle Darrieux qu’il a connue par rais aimé avoir eu ses trouvailles poétiques. Écrire l’entremise de son ami Jean Delannoy. De Gabin Aurélien, les cloches de Bâle ». aussi, qu’il trouvait un peu ours. Je crois que cette rencontre c’est faite durant le tournage de La vérité sur Bébé Donge. C’est un peu à cause de Danielle Il continue de me raconter Ara- Darrieux que j’ai intitulé mon papier en m’inspirant du titre d’un de ses films et de sa chanson : Premier gon en me déclamant ses poèmes. rendez-vous, un clin d’œil en hommage. Je me mis à en dire. Il digresse sur Simenon qu’il admire. « Vous savez qu’il a vécu pendant la guerre, aux Sables, à Ça tombait bien, j’en connais moi aussi Fontenay le Comte, dans notre chère Vendée, à La quelques-uns. Il est étonné. Je lui en sers un ou deux Rochelle aussi, chez mon ami Michel Crépeau ». Il qu’il avait oubliés. On finit par L’affiche rouge. Et ces me demande si j’ai connu Michel Crépeau. Oui, je mots magnifiques : n’ai pas connu grand monde, mais j’ai connu Mi- chel Crépeau, lui aussi vendéen. Homme libre et du même bois que Gilbert Prouteau. Adieu la peine et le plaisir adieu les roses Adieu la vie adieu la lumière et le vent Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent Il me raconte qu’avec Michel, Toi qui va demeurer dans la beauté des choses pour emmerder certains, ils ont Pour faire bonne mesure, il embraye sur Elsa refait le procès de Gilles de Rais Triolet, dont il me dit que son seul livre lisible, est : afin de le réhabiliter. Le Cheval blanc. Que tout le reste est à oublier. Je le trouve un peu sévère. On parle de Lili Pik, la sœur d’Elsa, de Maïakovski. De la jalousie d’Esla envers « Avez-vous lu mon livre : Gilles de Rais ou la Lili... de la fin pitoyable d’Aragon. De son « chan- gueule du loup ? » Je lui avoue que non. gement de sexualité » à la mort de sa femme, de ses Il est intarissable sur sa vie, sur ses rencontres, amours dans son grand âge pour les minets, de sa sur sa jeunesse sportive. Il m’offre Cocteau comme coiffure à la Buffalo Bill… un cadeau. Me disant, que quand il était amoureux Il était presque 19h. Ça faisait 5 heures que nous d’un bel homme, rien ne le retenait. En dehors de parlions. Il me demanda, si je voulais boire quelque son addiction à l’opium, il était l’esprit à l’état pur. chose : du vin par exemple. Je lui ai dit que je n’avais J’eus droit à Dali, Picasso, Bardot… pas soif. Que j’avais tout l’après-midi, bu ses paroles. J’étais un peu confus de m’incruster. Je lui en fis Il a souri. Il a fumé une énième demi-cigarette. Nous part. « Allons vous n’êtes pas pressé, on est tous les en sommes restés là. Nous nous sommes promis de deux en bonne compagnie ». nous revoir. Nous nous sommes revus. Sur la route Tout à trac, il me demande : « quel est votre en rentrant, ma tête était dans les nuages. Je n’ai poète préféré ? » Je lui réponds que je n’aime pas le qu’un seul regret, c’est de l’avoir connu sur le tard… verbe préférer. En lui précisant que certains poètes Pierre Yborra, n’ont laissé qu’un seul poème, qui a fait leur gloire, auteur de Au 4 de la rue Rapide comme Jean-Baptiste Clément, par exemple, et (lire dans ce magazine page 58) Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013 33
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    À Challans, lalibrairie Despret a ouvert une épicerie Mathieu et Nicole Biteau, 4e et 3e générations « C’est comme si nous on se met- très bon ménage. La rue Carnot, artère principale de la deuxième ville de Vendée, n’a rien perdu de son tait à vendre des petits pois », tonus, en gagnant même. s’amusaient Nicole Biteau et son fils Mathieu lorsque les grandes surfaces accélèrèrent leurs in- L’avenir du support papier vestissements en librairie voilà Les Biteau sont les troisième et quatrième gé- nérations de commerçants challandais. Alphonse quelques années. et Rose Despret ont créé leur commerce de vente de journaux en 1927, avec une charrette à bras ! Ils effectuaient leur tournée pour vendre les titres à la criée... Ils ouvriront un espace rue Carnot en 1936. Aujourd’hui, la réalité économique a rejoint Les enfants Maurice et Christiane Despret déména- cette boutade. gent le magasin à l’emplacement actuel dans cette rue en 1954. Dépositaires, libraires, Maurice (88 Pourtant, la Maison de la Presse, aussi appelé ans cette année) et Christianne auront longtemps Espace Despret, est une institution à Challans. Et si tenu les rênes, du lundi au dimanche, Maurice dis- crise du papier il y a, la Maison de la presse s’en sort tribuant les journaux dans les boites à lettre à partir plutôt bien. Mais cet été, une partie de la librairie de 4 h du matin. située rue Carnot est devenue une épicerie, précisé- ment une supérette sous l’enseigne Carrefour-city. En 1990, Nicole prend la succession de ses parents. « Malgré les perturbations du métier avec « Ce qui nous a remis en question, affirment l’arrivée des nouvelles technologies, nous sommes Nicole Biteau, entouré de ses enfants Mathieu et de ceux qui estiment qu’il y a encore un avenir pour sophie, co-gérants de cette affaire qui compte 19 sa- le support papier, notamment dans la proximité, lariés, ce sont des clients qui nous disaient qu’ils ne avec un spécialiste dans chaque rayon ». Mais l’ali- pouvaient plus acheter à manger dans le centre ». mentaire aura désormais son rôle. « Notre chance Car comme d’autres, le Lidl est parti à la périphérie. est d’avoir 950m2 d’espace. 300m2 sont consacrés à « Nous assistions à une évasion de la clientèle vers la l’alimentaire, en y détachant 6 de nos salariés. Et périphérie, et pour l’alimentaire, et pour le reste ». nous gardons le même professionnalisme pour ces deux entités ». Avec deux portes d’entrée voisines. Et depuis l’ouverture de Carrefour-City, le suc- cès est au rendez-vous. Alimentation et papier font Ph. G. 34 Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013
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    Échos-Musées Les amis del’Historial de la Vendée Belles expositions, visites, rallye, colloques, l’Historial et ses amis toujours sur la brèche... Milcendeau, le «barbouillou» aux mille tableaux Portrait Il était né en 1872, à Soullans. Sur la place principale de cette cité du pays Maraîchin, ses parents tenaient un débit de boissons. Ils étaient d’une relative aisance, avec des idées républi- caines et anticléricales dans un milieu conservateur et légitimiste. 35
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    Charles s’inscrira viteen marge de cette société maraîchine, qui le lui rend bien en le surnommant « le barbouillou » (le barbouilleur) et en se moquant de ses façons vestimentaires, plus proches de celles de son contemporain Pierre Loti que du chapeau rond et du gilet des Maraîchins. Cependant, ses idées (grand admirateur de Cle- menceau) lui permettent de pénétrer facilement les sphères parisiennes. Mais tout comme Henri Matisse, le maître du fauvisme, Charles Milcendeau échoue pour l’entrée de l’école nationale des Beaux- Arts. L’un et l’autre sont cependant reçus en candi- dats libres. Par la petite porte ! Charles est aux côtés de Georges Rouault (qui viendra plus tard en vacances à Soullans). Milcen- deau, Rouault, Matisse… tous ont pour Maître Gustave Moreau. Une rencontre déterminante. 36 36 Échos-Musées - novembre 20122012 - mars 2013 Échos-Musées - novembre - mars 2013
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    Quand il revientdans sa contrée natale, le « bar- bouillou » s’intéresse aux paysans maraîchins. Dans les scènes intérieures qui témoignent de la vie de l’époque, ce gaucher va dégager avec son pinceau une réalité abrupte, d’un réalisme perçant. On y sent l’influence de l’école flamande par ses couleurs sombres, ses visages expressifs et sans complaisance. On le comparera (à tort) à Le Nain. Mais comme ses Touché plus belles réussites viennent du regard, on lui don- nera l’appellation (plus juste) de « maître du regard ». par l’Espagne Progressivement, en voyageant, l’artiste va deve- nir un vrai coloriste. Il est touché par la Bretagne, la Corse et surtout l’Espagne (1901), particulière- ment la ville de Ledesma (jumelée à Soullans depuis 1999), pas loin de Salamanque, qui lui rappelle en âpreté sa région d’origine. Et il a le coup de foudre quand il se rend compte que les paysans espagnols, comme en Vendée, jouent aux cartes à l’aluette. Ce pays va lui donner la force de s’essayer aux couleurs vives et aux paysages, thème qu’il n’avait quasiment pas traité auparavant mais qui va l’occuper jusqu’à la fin de sa vie. Autoportrait au béret rouge, 1917 Marché aux porcs de Ledesma, pastel, 1909,Collection Musée Milcendeau - Jean Yole, Soullans Cliché Serge Bauchet– Conservation départementale des musées atelier : Musée Micendeau – Jean Yole, Soullans ; Crédit photo : Cliché Serge Bauchet La Couturière de Soullans, 1908 Les deux buveurs, 1913 Une famille autour du berceau vide, 1919 Collection Historial de la Vendée ©Conseil général de la Vendée – Conservation départementale des musées Échos-Musées - novembre 2011 2012 - 2013 2013 Échos-Musées - novembre - mars mars 37
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    Une fin devie qu’il passe dans sa borderie au Bois-Durand, dans les marais de Soullans. Mais il est fragile de constitution. Charles se refait une santé à Cambo-les-Bains, en pays basque. Mais fragilisé par la grippe espagnole, cardiaque, il meurt le 1er avril 1919, à l’âge de 47 ans. Sûrement trot tôt pour arri- ver à sa maturité artistique. Mais son œuvre (1000 tableaux), tout en restant dans le classicisme, n’en est pas moins personnelle, à la forte puissance esthé- tique. Ce « petit-maître » serait sûrement devenu un grand s’il avait pu ajouter des années à sa vie. La postérité ne l’a pas oublié avec un livre publié en 1932, La bourrine, du Nantais Marc Elder (prix Goncourt), qui met le « barbouillou » en scène. Le conservateur du musée de la Roche-sur-Yon Alain- James d’Ayzac, qui l’avait connu et beaucoup fré- quenté à la fin de sa vie, lui consacra un témoignage particulièrement vif en 1946 (Le Maraîchin). Et sa maison au Bois-Durand est devenue musée. Associé au nom de Jean Yole, le Dr Léopold Robert, autre enfant soullandais. Ce dernier veilla à son che- vet la nuit de la mort de Charles. Enfin, des rues et des établissements scolaires portent son nom. Ph. G. 38 38 Échos-Musées - novembre 20122012 - mars 2013 Échos-Musées - novembre - mars 2013
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    Visite à Luçon Luçon, la ville évêché, célèbre pour avoir eu Le jeudi 27 septembre 2012, comme évêque Richelieu, de 1606 à1623, 25ème évêque de Luçon. Aujourd’hui, Monseigneur Alain sur la place de la cathédrale Castet est le 46ème évêque de la lignée. à Luçon, C’est sous la conduite de Claude Loisy et du docteur Wuilliaume, éminents historiens passionnés une cinquantaine de leur cité, que Luçon prit des couleurs inédites. Construit sur l’une des petites rivières qui ja- d’Amis de l’Historial de la Vendée, lonnent le rivage nord de l’ancien golfe des Pictons, pour découvrir-redécouvrir le village de Luçon s’est développé grâce à l’implan- tation d’un monastère bénédictin au VIIe siècle et la ville évêché au réseau hydrographique du marais au XIIIe siècle qui conférèrent une prépondérance au ruisseau de Luçon. Durant la Guerre de Cent ans, puis les guerres de religion, Luçon subit des massacres et des pillages. Le monastère devint évêché au XIVesiècle, pendant que le ruisseau se transformait en canal et en port maritime. En 1317, le pape Jean XXII décida de diviser le diocèse de Poitiers en 3 parties : Échos-Musées - novembre 2011 2012 - 2013 2013 Échos-Musées - novembre - mars mars 39
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    Au VIIe siècle,saint Philbert, abbé de Noir- moutier, fonda le monastère de sainte Marie, Notre Dame, par la suite. L’influence de ce monastère s’étendit dans toute la région. Totalement disparu, ce monastère fut reconstruit, puis incendié en 1068. A la fin du XIe siècle, les moines bénédictins ont édi- fié une abbatiale dont il ne reste que le transept nord de style roman. Cette troisième église fut consacrée le 19 avril 1121, après 30 ans de travaux. A la fin du XIIIe siècle, les moines de l’abbaye sainte Marie édifièrent, à la place de la précédente, une nouvelle église abbatiale, avec une nef et ses bas-côtés. Le vaisseau gothique classique surprend par sa simplicité, par sa luminosité due à la réflexion de la lumière sur la pierre calcaire de Luçon : « Dieu est Poitiers, Maillezais et Luçon. Pierre de La Veyrie, lumière ». La flèche de style néo-gothique culmine abbé du monastère, fut le premier évêque de Luçon. à 85 mètres, la longueur totale à l’intérieur est de Mais c’est l’épiscopat de Richelieu qui contribua à 67,50 mètres, celle de la nef de 34,50 mètres, la la célébrité du diocèse. Le Concordat de 1801 réunit voûte se situe à 22 mètres du sol. L’élévation se fait le diocèse de Luçon à celui de La Rochelle. L’évêché sur 3 niveaux : les arcades, le triforium (galerie dé- de Luçon fut rétabli en 1817, mais ce Concordat corative) et les fenêtres hautes, disposition classique n’ayant pas été ratifié par les Chambres, le nouvel de la cathédrale gothique. évêque, René-François Soyer, ne prit possession de son siège qu’en 1821. L’arrivée du chemin de fer en Après ce préambule nécessaire, Claude Loisy in- 1869 donna un coup d’arrêt à l’activité portuaire. La vite le groupe à découvrir les trésors du bâtiment. ville dut se réorienter ; c’est l’installation de l’armée, Ainsi, dans le bas-côté nord du chœur, se dresse une favorisée par Clemenceau, qui entraîna un renou- chaire du XVIIe siècle que Richelieu a pu utiliser veau de l’urbanisme. Actuellement, Luçon a repris pour ses prédications. La décoration est italianisante, sa progression et voit son développement, ainsi que avec des fruits et des guirlandes de fleurs. Sur trois son rayonnement, s’affirmer. La cathédrale est clas- faces, on distingue le blason de Mgr Pierre Nivelle sée depuis 1906 et le cloître depuis 1915. à qui la tradition attribue le décor de la chaire, ainsi que les deux toiles placées en hauteur, « La pêche miraculeuse » et « La vision de saint Hubert », de En pénétrant dans la cathé- style classique du XVIIe siècle. drale, Les siècles se suivent et apportent leur note de spiritualité. Ainsi, le XXe siècle vit arriver Goudji, un artiste sculpteur-orfèvre né en Géorgie en 1941, Un rappel historique des lieux s’impose, présen- qui reçut la commande de Mgr Garnier, en 1995, té par Claude Loisy. pour un nouvel autel majeur, la croix reliquaire, le siège épiscopal, l’ambon, le calice épiscopal et la patène. Inspiré par l’Écriture et l’esprit liturgique de l’Eglise, lien entre Évangile et art, Gougji utilise des matières rares et des pierres précieuses pour un mobilier qui s’harmonise avec la noblesse du lieu : cristal et gemmes enchâssées. L’autel de forme car- rée, comme celui des premiers martyrs, avec des re- liques de saint Philbert, saint Louis-Marie Grignon de Montfort et un martyr de Dijon ; l’évangéliaire orné d’un aigle, symbole de saint Jean ; la cathèdre qui symbolise que l’évêque est roi-serviteur, comme le Christ lui-même le fut, qui lava les pieds de ses frères : autant d’objets dignes d’admiration. 40 40 Échos-Musées - novembre 20122012 - mars 2013 Échos-Musées - novembre - mars 2013
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    Visite à Luçon À quelques pas du chœur, dans la chapelle du datent du XVIe transept sud, restaurée à l’identique dans l’esprit des siècle. A la fin bases romanes, se sont révélés, à l’occasion du chan- du XIXe siècle, la tier de restauration, des sarcophages encore garnis de galerie orientale squelettes et d’objets dédiés, notamment des perles, a été rehaussée perles de chapelets, peut-être. Quel était le rôle de d’un étage aux ces sarcophages ? les chercheurs s’interrogent. Tou- belles fenêtres jours est-il que, après étude et relevés, il convient de évoquant celles laisser en place ces grosses pierres qui contribuent des châteaux de à étayer les énormes piliers de la cathédrale. Dans la Loire, destiné cette chapelle où le confessionnal aussi a été remis en à servir de bi- l’état de l’époque, on peut voir le tableau de Lubin bliothèque dio- Baugin (1610-1663), une belle descente de Croix césaine. aux personnages si expressifs, les femmes empreintes de grâce, Joseph et Nicodème alliant leur force pour descendre le Christ de la Croix, Marie portant son Grâce à l’obligeance de Monseigneur et de la regard vers le Ciel. médiation de Claude Loisy, il fut permis d’entrer dans l’évêché et de découvrir cette bibliothèque, riche de près de 40 000 volumes. Ensuite, le salon s’est ouvert aux Amis de l’Historial pour admirer, outre le magnifique tapis au sol d’une taille impres- sionnante, le tableau de la Cène, copie de l’atelier du Titien, où le bleu du vêtement du Christ est, d’après les expertises, en lapis-lazuli. De forme hexagonale, peut-être pour lui permettre de s’accro- cher dans un retable ou bien dans une salle voûtée, il étonne par l’expressivité des personnages, chacun plongé dans ses réflexions. Face à cette œuvre, la re- production du tableau de Philippe de Champaigne représente le prestigieux hôte de ce lieu dans sa splendeur : Richelieu. On peut aussi voir une belle statuette d’un Christ en ivoire de tradition jansé- niste. Suit, dans la succession des pièces, la salle à manger devenue salle de travail où sont présentés Tous les siècles ont laissé leur empreinte depuis les évêques successifs par des toiles peintes ou des la construction de l’église consacrée en 1121. Notre- photos pour les plus récents, comme Mgr Santier Dame de l’Assomption invite à un voyage dans le ; parmi les plus connus, figurent, à côté du frère temps à la lumière de ses vitraux et au chant de son de Colbert, Paty, Cazaux, Garnier. Dans l’escalier orgue de la manufacture Aristide Cavaillé Coll, qui redescend, un tableau riche en interprétations, inauguré le 23 décembre 1857 et classé Monument interpelle le visiteur ; il illustre la parabole du Bon historique en 1999. Roger Roiland accepta de le Samaritain : un bédouin cambré peine à porter le jouer et il fut, ainsi, possible de distinguer les dif- voyageur dépouillé et roué de coups par les bri- férents sons de cet instrument si complexe, basse de gands, alors que le prêtre et le lévite se détournent, bourdon, dessus de flûte, dessus de hautbois, trom- tandis que le cheval regarde le spectateur d’un œil pette ou voix céleste. Pachelbel et Bach animèrent interrogateur. La descente aboutit à la salle capi- un moment l’ampleur du lieu et la méditation des tulaire aux voûtes romanes, magnifiques par leur spectateurs. Merci Roger ! sobriété. Est exposée une copie de la fameuse lettre de Richelieu évoquant son évêché comme « le plus Le cloître est attenant à la cathédrale, dans sa crotté de France »… partie sud. On peut y accéder directement par une Après un rapide et sympathique déjeuner à l’El- porte de style classique. Situé entre la cathédrale et dorado (pas d’or à y découvrir, mais une délicieuse l’évêché, il est le témoin de l’ancienne abbaye bé- crème brûlée !), la visite du jardin Dumaine permit nédictine dont l’origine remonte au VIIe siècle. Ses de faire une agréable pause digestive sous un soleil galeries Renaissance, en parfait état de conservation, radieux. Échos-Musées - novembre 2011 2012 - 2013 2013 Échos-Musées - novembre - mars mars 41
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    Le jardin Dumaine Le docteur Wuilliaume prit en main le commen- taire descriptif du lieu et apporta nombre d’idées inédites sur la constitution de ce jardin d’une super- ficie de plus de 4 hectares. Légué aux Luçonnais par Pierre-Hyacinthe Dumaine, le domaine s’est trans- formé, grâce aux soins d’une quinzaine de jardiniers municipaux, en un vaste jardin. Grottes, bassins, topiaires, parterres fleuris, kiosque… accueillent les promeneurs. Qui était ce M. Dumaine ? Né le 2 juin en 1790, il fit ses études de médecine à Paris. Plus que médecin, il s’occupa d’améliorer les conditions de vie dans toute la région et à Luçon. Ses publica- tions ont longtemps fait autorité. De ses plantations de la Chapelle Sainte Ursule... dans le jardin subsiste une superbe allée d’ifs plan- tée en 1830. En 1872, Dumaine meurt à Nice où il s’était retiré. Célibataire, sans enfant, il légua sa vaste du XVIIe siècle est unique en Vendée et se lit comme propriété qui renfermait jardin d’agrément et terres une véritable bande dessinée. Restauré en 1975, il agricoles à la ville de Luçon, aux termes d’un testa- offre un décor symétrique qui se lit de la terre au ment bien précis, soumis à trois conditions : que la ciel. Ainsi, sur la terre, les instruments de musique maison devienne mairie, que le jardin soit toujours les plus variés sont représentés à la manière italienne : ouvert, même aux nécessiteux, et qu’une messe soit orgue, harpe, serpent, guitare… Avant de gagner célébrée pour la famille Dumaine lors de la fête de le Ciel, le passage par la mort s’impose. Pilate et la sainte Cécile. Depuis, la maison est devenue Hôtel coupe, l’aiguière, le linge ; le Golgotha avec un crâne ; de Ville. Chaque année, un thème de décoration flo- le coq qui chante ; les Instruments de la Passion ; rale est choisi et illustré ; en 2012, ce sont les fables le visage du Christ sur le linge de Véronique (vraie de La Fontaine qui ont été mises en valeur dans les icône) ; surgit la colombe de l’Esprit dans un ciel parterres, les massifs, les bordures. C’est alors un lumineux. Pour évoquer le Ciel, l’iconographie est, petit jeu plaisant que de deviner quelles fables ont peut-être, moins riche, car l’univers céleste demeure pu être, ainsi, au moyen de verdures et de fleurs, mystère… Tous les symboles une fois déchiffrés in- mises en scène : Perrette et le pot au lait, Le Cor- vitent à voyager dans le temps. Le retable baroque, beau et le Renard… Mais le Docteur Wuilliaume, entouré de colonnes de marbre, met à l’honneur en par-delà cette lecture anecdotique du jardin, a tenu son centre la sœur fondatrice de l’ordre. à proposer une interprétation différente : le jardin est conçu, d’après lui, selon une inspiration maçon- nique. En effet, entre le « limaçon », montagnette bâtie par Dumaine au-dessus d’une allée couverte, évocation druidique dont l’orifice est muré (quel genre de cérémonie pouvait-il s’y dérouler ?), mais ... au Kamok dont le sommet demeure accessible, la cascade, der- rière laquelle le promeneur peut se dissimuler, et le pavillon chinois (disparu au XIXe siècle), visibles sur Pour clore cette passionnante journée animée les plans de 1848, il est permis de voir une struc- par tant d’enthousiasme, il fallait terminer en dou- ture triangulaire. Le docteur Wuilliaume parle d’un ceur. C’est ainsi que le groupe s’est dit au revoir après « rêve disparu » à propos de ce magnifique jardin au une sympathique dégustation de spécialités dans cœur de la ville, qui aurait pu accueillir des opéras, l’établissement Vrignaud, maison fondée en 1812 des idylles... par Henri-Aimé Vrignaud, célèbre grâce au Kamok. De là, gagner à pied la chapelle sainte Ursule fut La fabrique de liqueurs est, à l’époque, principale- bref. Elle est la chapelle d’un établissement scolaire, ment axée sur la production et la vente en gros des autrefois dirigé par les Ursulines. Son plafond peint spiritueux les plus courants et les plus appréciés du 42 42 Échos-Musées - novembre 20122012 - mars 2013 Échos-Musées - novembre - mars 2013
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    Visite à Luçon marché.En 1860, le petit-fils du fondateur, Paul- Emile, donne un nouvel essor à l’entreprise fami- liale. Mettant à profit ses connaissances techniques et son esprit créatif, mariant de nouvelles saveurs, cet artiste imagine des recettes inédites à l’origine de liqueurs au goût unique. Très rapidement, ses in- ventions sont couronnées de succès et obtiennent de nombreuses récompenses dont plusieurs Médailles d’Or aux Expositions Universelles de Paris en 1889 et 1900 et le Grand Prix d’Etat à l’Exposition Inter- nationale de Vienne en 1904. Sur les cahiers d’essais et de recettes légués par ce créateur figurent, ainsi, de nombreux élixirs originaux toujours commercia- lisés aujourd’hui, dont la fameuse liqueur au café Kamok. Chacune des recettes reste un secret jalou- sement gardé par l’entreprise bicentenaire. Spécialité exclusive des établissements Vrignaud, S’ajoutent à cette spécialité emblématique des créa- issu des meilleures variétés de cafés arabicas, impor- tions plus récentes, comme le Délice au caramel, le tés verts et torréfiés sur place séparément, le Kamok Pastis, la Chouannette. A consommer, bien sûr, avec puise sa force et sa différence du mariage de ces modération ! ingrédients de qualité selon des procédés de fabri- cation relevant du « secret de famille » dans le res- Toujours est-il que chacun est reparti, qui avec pect des traditions. Cet alcool vieillit lentement en une bouteille, qui avec des photos, qui avec des sou- fûts de chêne, laissant aux divers ingrédients mariés venirs d’une belle et riche journée ; avec l’impres- savamment le temps de s’harmoniser en une saveur sion, cependant, que même quand on est Vendéen, unique et authentique : 3 ans plus tard, le Kamok on a encore et toujours des découvertes à faire dans est né. Base à la fois classique et originale d’élabo- ce département privilégié ! ration de nombreux cocktails, la liqueur au café Kamok se prête aisément à tout élan de créativité. Laurence Vacher Échos-Musées - novembre 2011 2012 - 2013 2013 Échos-Musées - novembre - mars mars 43
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    Les dernières informations des Musées de la Vendée Publications Charles Milcendeau, 1872-1919 , sa vie son œuvre exposition, Les Lucs-sur-Boulogne, Historial de la Vendée, 7 avril - 8 juillet 2012 Christophe Vital (commissaire général) textes de Christophe Vital, Yvonne M.L. et Gabriel P. Weisberg Milan : Silvana, 2012 - 1 vol. (303 p.) 35 € Charles Milcendeau, élève de Gustave Moreau, et natif de Vendée, a connu de son vivant le succès. Cet artiste maintenant oublié mérite sa place dans l’histoire de l’art de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Son style très personnel, son indépendance, ses talents exceptionnels de dessinateur et de pastelliste sont mis en lumière dans cet ouvrage très illustré, Il s’attache à rendre hommage à ce maître « du réalisme social » qui, de la Vendée à l’Espagne en passant par la Belgique, la Bretagne ou la Corse, s’est fait le témoin d’une société rurale dont il pressentait les mutations. Loin des clichés, Charles Milcendeau, qui dispose d’un musée à Soullans , sa ville natale, apparaît comme un grand artiste. L’enceinte néolithique de Champ-Durand à Nieul-sur-l’Autise (Vendée) sous la direction de Roger Joussaume. Chauvigny : Association des publications chauvinoises, 2012 1 vol. (685 p.) 35.00 € Au nord du Marais poitevin, la triple enceinte à fossés interrompus de Champ- Durand à Nieul-sur-l’Autise (Vendée) fut découverte en 1971 par Maurice Marsac au cours d’une prospection aérienne. Elle fut fouillée par Roger Joussaume et son équipe entre 1975 et 1988. L’abondance des objets découverts dans ses fossés ont donné lieu à de nombreux travaux de recherche. Ils sont réunis dans cet ouvrage qui contient également l’historique des fouilles et des découvertes ainsi qu’une bibliographie commentée. Dans le cadre de cette publication, l’Historial organisait fin septembre avec le Groupe vendéen d’Etudes préhistoriques (GVEP) un colloque de trois jours sur les enceintes néolithiques du Centre-Ouest de la France (Ve et IVe millénaires avant J.C.) (cf. article ci-après). Échos-Musées - novembre 2011 - mars 2013 45
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    Regards naturalistes sur le Marais breton vendéen sous la direction de la communauté de communes Océan-Marais de Monts photographies, Louis-Marie Préau Mèze : Biotope éd., 2012 1 vol. (104 p.), 19,90 € Dune, forêt, vasière, marais doux ou salé, le Marais breton vendéen regroupe à lui seul tous ces milieux et autant d’espèces animales et végétales. Les zones humides réunissent des conditions bio- logiques exceptionnelles qui font de ces espaces une réserve de biodiversité unique. Lieu de rencontre entre l’océan et l’espace terrestre, le Marais breton vendéen abrite une vie en perpétuelle évolution que les professionnels tentent de comprendre, préserver et valoriser. Edmond Bertreux (1911-1991) : Ce livre est l’occasion de découvrir un milieu de itinérences d’un peintre entre Loire, vie d’une richesse et d’une diversité indéniables. Il Marais et Castille invite à partir à la rencontre de cet environnement exposition, Soulans, Musée Charles Milcendeau, 3 remarquable et paisible. mai - 30 septembre 201 Edith Caignon, commissaire général, La Crèche, Geste éd., 2012 1 vol. (87 p.) 19.90 € Originaire de Rezé et des bords de Loire, Ed- mond Bertreux est un peintre attaché à sa région. Il arpente ainsi son pays pour dessiner et peindre les paysages de la Basse-Loire et du marais, sources d’inspiration principale de son œuvre. Témoin d’une époque, il nous propose un regard mélanco- lique sur ce siècle en mutation qu’il traverse jusqu’à sa mort en 1991. 46 46 Échos-Musées - novembre 20122012 - mars 2013 Échos-Musées - novembre - mars 2013
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    Colloque Archéologique Le colloque inter régional sur les Enceintes néo- lithiques entre Seine et Gironde s’est déroulé à l’His- torial de la Vendée, du 19 au 21 septembre 2012. Ce colloque a été organisé par le Conseil général de la Vendée, le Service Régional de l’Archéologie des Pays-de-la-Loire et le Groupe Vendéen d’Études Préhistoriques, à l’occasion de la sortie de l’ouvrage sur les fouilles de Champ-Durand (Nieul-sur-l’Au- tise, Vendée). Interprétation théorique de l’en- insisté sur les données issues des découvertes et ana- lyses récentes ainsi que sur l’organisation des activi- trée 80 du site Champ-Durand tés dans ces espaces enclos. par R. Joussaume La première journée a été consacrée à la visite des Depuis les années 1970, les prospections aé- sites départementaux de Champ-Durand (Nieul- riennes et les fouilles archéologiques ont mis en sur-l’Autise), des Châteliers du Vieil-Auzay (Auzay) évidence un phénomène architectural important et l’Abbaye Saint-Pierre de Maillezais, dans laquelle qui a marqué profondément le paysage de la Seine des vestiges préhistoriques ont été découverts fin des à la Gironde, au Néolithique, entre le 5ème et le 4ème années 1980 à l’emplacement du réfectoire. millénaire avant J.-C. : les enceintes fossoyées et/ou Durant les deux autres journées, ont eu lieu des palissadées en bois ou en pierres. présentations et des séances de discussions traitant Le sens général de ces enceintes n’est pas encore de l’architecture, de l’environnement, des pratiques complètement clarifié. S’agit-il d’espaces défensifs, funéraires et des complexes techno-culturels. d’habitats, de marchés, de centres politico-religieux Plus d’une centaine de chercheurs er passionnés ou de tout cela à la fois ? de préhistoire et archéologie ont débattu, durant ces La présence récurrente de squelettes humains trois journées, autour des découvertes récentes et des pose également d’autres questions sur la finalité de perspectives scientifiques. ces structures. Les présentations et les discussions de ce col- Ainsi, à la lumière de nouvelles fouilles qui ont loque donneront lieu à un ouvrage dont la sortie est eu lieu depuis la fin des années 1990, le colloque a prévue dans le courant de l’année 2013. Échos-Musées - novembre 2011 2012 - 2013 2013 Échos-Musées - novembre - mars mars 47
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    Expositions Vue du centre de la voie lactée (notre galaxie) © Nasa ; ©Photo ART’M Balcon sous les étoiles : Novembre : Exposition temporaire présentée Mercredi 7 : Atelier 7/12 ans : « Construis ton à l’Historial de la Vendée système solaire » Samedi 10 à 20h30 : Veillée aux étoiles* aux Lucs-sur-Boulogne Dimanche 11 novembre : Planétarium (à partir de 14h) et conférence de F. SPIERO « La vie en du 28 septembre orbite ». au 30 décembre 2012 Décembre Dimanche 2 à 15h : Conférence de R. TAN- GUY « y-a-t-il une vie dans l’univers ? ». Dimanche 23 à partir de 14h : Planétarium Le Conseil Général de la Vendée vous invite à explorer les mystères de l’univers à l’Historial de la Mercredi 26 décembre : Vendée. En vous laissant porter par la beauté épous- Atelier 7/12 ans : « Construis ton système solaire » touflante du cosmos, découvrez les grandes lois qui Dimanche 30 décembre à 15h : « La petite cui- le gouvernent. Le système solaire, la voie lactée, le sine des étoiles », spectacle – Cie Tombés du ciel. monde des galaxies, les mystères des trous noirs, le * Activité en extérieur, annulée en cas de ciel Big bang sont autant de thématiques à découvrir. nuageux. Un film intitulé Vibrato réalisé à partir de l’ob- Les conférences, ateliers, planétarium et veillée servatoire du désert de l’Atacamam au Chili, vous aux étoiles se font sur inscription préalable au 02 51 emporte pour un voyage extraordinaire, à travers un 47 61 61 trou noir. (35 mn). Chaque jour, des médiatrices proposent aux visi- Historial de la Vendée : Ouvert de 10h à 18h teurs des expériences simples et concrètes pour com- du 1er octobre au 31 mars – tous les jours sauf les prendre les mystères offerts par l’univers. lundis, le 25 décembre et le 1er janvier. Pour plus Quelques activités animeront également cette d’informations, contact : 02.51.47.61.61 exposition. 48 48 Échos-Musées - novembre 20122012 - mars 2013 Échos-Musées - novembre - mars 2013
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    Rallye du Patrimoine VIIème Rallye du Patrimoine Juste quelques images de notre rallye qui a réuni 108 personnes en 25 voitures dans le canton de Mareuil. Ce rallye est organisé tous les ans le 8 mai par les Amis de l’Historial et la Fondation du Patrimoine. Échos-Musées - novembre 2011 2012 - 2013 2013 Échos-Musées - novembre - mars mars 49
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    Expositions 2013 Les Amis de L’Historial Félicie de Fauveau (1801-1886), de la Vendée L’amazone de la sculpture : Historial de la Vendée, Allée Paul Bazin 85170 Les Lucs-sur-Boulogne Exposition temporaire présentée 02 51 47 61 77 - www.ami-historial-vendee.com- e-mail : à l’Historial de la Vendée [email protected] aux Lucs-sur-Boulogne du 15 février au 19 mars 2013 et au Musée d’Orsay à Paris ADHÉSION 2013 : du 11 juin au 15 septembre 2013 12 € Le personnage de Félicie de Fauveau (1801- 1886) est aussi emblématique qu’il est unique. Bulletin d’adhésion Nostalgique d’une époque qu’elle n’a pas vécue, année 2013, 12 € royaliste, catholique, célibataire et féministe, cette femme sculpteur a engagé sa vie et son art pour dé- à adresser aux amis de l’Historial aux Lucs, fendre une utopie politique s’exprimant avant tout par l’image mise au service de l’Histoire. Ralliée à M. Mme Mlle la duchesse de Berry, organisatrice des soulèvements NOM : vendéens avec la comtesse de La Rochejaquelein, elle accepta l’exil et se fixe à Florence. Elle déclina une Prénom : iconographie catholique militante et exaltée, nour- rie de la symbolique de l’héraldique, et lui donna Adresse : les formes d’un néo-gothique et d’un néo-renaissant Code postal inspirés. Ses sculptures sont dispersées et peu visibles, Ville pour la plupart hors de France. L’exposition qu’orga- nisent l’Historial de Vendée et le musée d’Orsay sera Tél : la toute première rétrospective à lui être consacrée. E-mail : (IMPORTANT POUR VOUS JOINDRE, merci) La Lampe dite de saint Michel, par Félicie de Fauveau, 1832, collection particulière © Cliché musée d’Orsay, Patrice Schmidt Échos-Musées - novembre 2011 2012 - 2013 2013 Échos-Musées - novembre - mars mars 51
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    La Rencontre dedeux Mondes donne naissance à un superbe ouvrage ! Quand un skipper du Vendée-Globe rencontre un chef de cuisine vendéen, de quoi peuvent-ils parler ? Présentation de produits de Vendée Interview-croisé entre skipper et chef cuisinier Un beau livre de 200 pages, superbement illustré 20 recettes originales de nombreuses photographies originales, alliant gastronomie et course en mer. Fruit de précieuses rencontres, le livre recèle 20 recettes diverses allant de plats classiques jusqu’aux envolées créatives les plus étonnantes. Portraits des skippers, présentation des sponsors, des restaurateurs et Portrait des skippers et de son sponsor de leurs établissements, rien ne manque dans ce livre écrit par Céline Joussemet et illustré des photos de Jacques Auvinet. Portrait des chefs et présentation des restaurants Achat en ligne sur www.vendee-tourisme.com à partir du 1er décembre 2012 Commande du livre par mail [email protected] Prix public : 29.90 € ttc (frais de port en sus) 52
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    Nos sélections, poésie Très beau recueil à nouveau que celui édité par Remontants Jean-Claude Touzeil et très joliment illustré par Va- et ricochets lentine Manceau. Ici parfois se cachent en filigrane Jean-Claude Touzeil des interrogations existentielles, parmi les eux et jon- Soc et Foc gleries avec les mots, leurs sens parfois inattendus, qui confine à l’humour ou plus sûrement à la malice Où allez-vous et ne sont jamais exempts de surprise et de fraîcheur. Petits vers pour séduire l’enfant qui est (encore) en les bras ballants nous avec son badinage de rythmes et vocables qui la tête pleine parfois sonnent comme des grelots, avertissent ou d’incertitudes ?» séduisent simplement de leurs sons plus que de leurs lettres, ricochets jusqu’au fond d’un univers capti- vant. . Alain Perrocheau Les encres colorées avec beaucoup de délicatesse Au creux des îles par Evelyne Bouvier accompagnent l’espace onirique Chantal Couliou de Chantal Couliou qui glisse d’île en île jusqu’à Soc et Foc mesurer des lieux inexplorés. Poésie très sensuelle, épanouie au plein envol de la nature, au vent et à la L’île se délite mer, qui suscitent et accompagnent un battement dans une suite infinie de vie unique, profond, intemporel. Les éléments ordonnent et sculptent, le poète écoute et transmets de bleus par la magie du verbe, tandis que sur l’autre page, les de galets griffures de couleurs changent la perspective. et d’insomnie A. P. La terre est rouge Belle production que «La terre est rouge», joli- Phillipe Latger ment illustrée par des peintures de Robert Sanyas qui font part belle à la matière. L’auteur, catalan qui Soc et Foc fut chroniqueur et journaliste au Québec, nous en- traîne dans le mouvement d’un récitatif qui s’appa- Les gestes tendres. rente à une quête, quelque chose comme la «Prose Les Sourires entendus. du transsibérien» de Blaises Cendrars, bien rythmée Les âmes qui se reconnaissent. et riche en images qui marquent, gorgées de soleil et Les mains qui se retiennent. de sens. Tout un vécu mûri dans le silence, qui tout à coup s’épanouit et livre son parfum. A. P. Poèmes à toutes rimes On lui doit deux autres ouvrages, dont Ses Aventures Armand Pacteau au fil des guerres, paru en 2007. 10 € Tonique, alerte, surtout pas «plan-plan», la verve d’Armand Pacteau s’inspire de souvenirs mais aussi de réflexion. Et de compassion, comme «Noël et les À 92 ans, le Challandais Armand gueux». Sans oublier l’humour, dont il semble bien Pacteau vient de sortir, à compte doté à la lecture du «pet». C’est même parfois une d’auteur, un recueil de poèmes aux alexandrins qui mordante ironie qui prendrait le dessus, car Armand roulent allègrement. Celui qui est aussi le papa du ne se gêne pas de griffer en douze pieds ce monde peintre Hubert Pacteau, livre 19 poèmes toniques. «qui se déspiritualise». Mais le nonagénaire n’en est pas à son coup d’essai. Ph. G.
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    Humanité 3 d’un dictionnaire. Le thème central les relie toutes Jean-Marc Baillieul à la nature et la vraie humanité n’est évoquée qu’à Hapax, 15 € travers ce qui l’entoure. C’est une exploration, ou plutôt comme un tamisage au travers d’un esprit Avec un peu le même jeu original, du vocabulaire minéral, végétal ou animal, que ces tableaux modernes d’art le tout se déroulant en variations concertantes sa- abstraits faits de grands aplats de vamment composées. L’écriture comme une épura- couleurs et de lignes qui les tra- tion ou comme un empilement qui plongent dans le verse, «Humanité» est traversé pouvoir des mots et interrogent sur les liens profond de constitué de longues listes qui existent entre une chose et le mot qui la désigne. de mots parfois sans plus de détails que celles A. P Feuillages nirs d’enfance, créer une ambiance de paix et de Bernard Grasset sérénité, un monde simple. Dans les deuxième et Jacques André, 55 p., 11 € quatrième parties on trouve le désert et les lieux où se déroulèrent les évènements des temps bibliques, Dans la première et la troisième soleil et feu sont présents. La simplicité s’allie au parties de l’ouvrage, quelques mots mystère, comme le vent incline les feuillages. La suffisent pour évoquer des souve- profondeur de la pensée est à la portée de tout le monde. Lydie Gaborit Un exil de trente-sept À la conquête de son propre monde, sur un iti- heures deux minutes néraire d’onirisme qui n’appartient qu’à lui, Jovan et vingt-huit secondes nous emmène à sa suite, et de ses mots nous guide, Jovan, Robin, 9 € dans un long périple qu’il dit ne commencer qu’avec ce recueil. Est-ce un exil ? Est-ce le sommeil em- Sûrement preint de facéties ? Est-ce le combat contre l’illusion qu’il existe du divin ? Une telle quête permet-elle de renaître ou pire dans ce monde de triompher de ses peurs ? que ta peine A. P. immobile Viens je t’emmène en Poésie teur, Les papillons de l’enfance tome II. De jolis mots pour des poèmes qui sont des ins- Françoise Bidois tants de vie. Des mots qui résonnent en nous parce The book Edition, 40 p., 14 € qu’ils content une histoire que l’on reconnaîtra pour l’avoir vécue, même si on a seulement huit ans. L’au- Pour nos chères têtes blondes teur qui a plusieurs cordes à son arc a également réa- (8/14 ans) avec un titre promet- lisé les illustrations. Eveline Thomer Comptines et Poésies de couverture, on pourrait rajouter : joliment illus- Monique Guibert-Bécot tré par Pierre Lataste. The book Edition, 60 p., 18 € De courtes histoires pour les enfants, de la vie de tous les jours, contées avec élégance et légèreté. Des mots sucrés et colorés. Des Réellement abordables aux toux petits ; chacun s’y images qui font rêver. Un livre doux retrouve même les grands : un livre pour les enfants comme un baiser, c’est la quatrième à lire avec les grands. E. T. 54 Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013
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    poésies Éclats d’Orient busquer le rythme secret et nous les faire goûter, puis s’en aller vers d’autres horizons après les avoir couchés Charles d’Estève sur une page immaculée... Et tous ces mots de lui, en Maysan, 80 p., 30 € offrande. peintures : Charles nous explique que ce livre est un écho Malika Pontdevie du colloque « L’Andalousie des trois cultures » initié par Malika Pontdevie en 2005 aux Sables d’Olonne. La préface de Malika est aussi un poème sur maîtres dans l’art des caravanes l’Orient, qui nous prépare au mieux à revevoir en éclats, les fragrances, les fulgurances, les errances. nous savons dessiner des cités soyeuses Un poète ébloui à chaque aube nouvelle, jusque nous avons conquis, dans le soir qui rougoie... et qui s’interroge, rêve, mais c’était pour offrir écoute, observe, gronde,... un poète entiché d’invi- sible qui approche l’infini par habitude de l’éphémère. Laissons la parole à Malika : L’Orient a aussi, Éclats, éclairs, éclisses, éclos... Jouer à la marelle semble-t-il apprivoisé le poète si l’on en juge par sa avec les mots... façon de polir et repolir les mots comme pour en dé- J. R. romans Mêmes les pierres Tout le déchirement des vendéens en quelques ont résisté personnages, de vrais personnages, de vraies ques- Yves Viollier tions, de vrais sentiments... Robert Laffont, 250 p., 19 € Et de vraies réponses ! Je suis un teigneux, je m’y suis Je n’ai pas encore tout lu d’Yves Viollier, mais ce pris à deux fois, c’était trop dur, récit est un véritable achèvement, un accomplisse- c’était trop fort, c’était trop. ment pour l’auteur, une sorte de Rédemption pour Qu’allaient devenir Marie- tous les vendéens, et une petite merveille pour le Pierre et Barthélémy qui s’étaient lecteur avec comme toujours une intrigue montée retrouvés dans la tourmente, et Petit James, qui comme chez les maîtres du suspense... n’avait pas vu les Bleus préparer l’embuscade ? Ce n’est pas de la musique d’ascenseur, cela se Tout le drame de la guerre de Vendée remis en cherche, s’écoute, se médite religieusement. scène dans le refuge de Grasla, pris en étau entre la Pas mal non plus la dernière scène, hors étau. fameuse lettre annonciatrice de Turreau au comité ils ont tout perdu mais sortent grandis de l’épreuve, de salut public et le rapport du général Ferrand ceux qui ont un cœur. après son expédition à Grasla dans un camp désert. J. R. Les rivières souterraines fait ! Ce recueil de souvenirs et de notes accumu- Pierre Barouh lées est un tiroir qu’il ouvre comme le « désordonné À vos pages, 306 p., 24 € viscéral » qu’il est. On découvre alors que le petit enfant juif qui se cacha dans un ferme vendéenne Homme de plume, Pierre Ba- à Montournais durant l’Occupation fut un sportif rouh reste à jamais l’auteur-compo- accompli, un metteur en scène et un découvreur de siteur-interprète « d’A bicyclette », talents (avec sa société Saravah, implantée à Nantes), « des ronds dans l’eau » et bien un poête bohème qui a parcouru le monde, dont le sûr du « chabadabada » du film de Japon et le Brésil où il est plus connu qu’en France. Lelouch, « un homme et une Son écriture filtrée par sa mémoire est aussi fine que femme ». Mais il n’avait jamais écrit de livres. C’est ses chansons et la Vendée y est omniprésente. Ph. G. Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013 55
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    L’amour assassiné et 80. On suit pas à pas l’auteur qui navigue avec Eloïse Chantal Vlammiros sensibilité entre ses voyages spirituels et terrestres et Edilivre, 285 p., 20 € ses idoles : Claude François, Barbara, Michel Berger, sans oublier ses acteurs préférés, jusqu’à mêler étroi- Ce premier roman autobiogra- tement l’ensemble. Quelques poèmes de l’auteur, phique est une mosaïque de souve- quelques unes aussi de ses chansons préférés, des nirs où l’on retrouve les années 70 photos illustrent l’ouvrage. E. T. Au Pays de la fée sanglants. Dans cette épopée formidable qui se lit et du dragon comme un roman, il nous relate, avec simplicité et Dan Cordier une certaine distance, la vie de tous les jours. Sans Publibook, 136 p., 42 € politique ni idéologie ce livre, véritable carnet de bord, fourmille d’ anecdotes et de détails sur le quo- Comme le titre ne l’indique tidien du militaire. L’auteur a sillonné le pays sous pas, ce premier roman nous les bombardements, a été fait prisonnier en Chine entraîne en pleine guerre d’In- populaire, puis à Saigon par les services de la Pré- dochine. L’auteur est alors un sidence. Aujourd’hui il vit une retraite paisible aux jeune soldat, dans les années cin- Sables d’Olonne. quante, quand éclate les conflits E. T. La demoiselle aux pieds Emma sculpteur professionnel croise la route de nus la jeune et belle Lura, un été. Aussitôt, elle l’em- Pierre Deberdt bauche comme modèle mais ignore tout de la jeune Les Chantuseries, 238 p., 18 € fille qui recherche désespérément sa mère disparue il y a dix ans. Ce deuxième roman a pour L’artiste sculpteur au verbe haut va se trouver cadre un milieu que l’auteur mêlée malgré elle à un imbroglio familial... pour connait bien : la sculpture. une fin attendue. E. T. Dérives littorales même temps sobre, élégante, nous entraîne vers des François Bossis questionnements intimes où chacun peut se retrou- Petit Pavé, 195 p., 20 € ver. L’idée originale de François Bossis d’inclure un vrai-faux journal dans le roman donne de la profon- À quelques heures d’inter- deur et beaucoup d’émotion au récit : on y apprend valles, Blaise et Nolwenn se pré- les difficultés d’un écrivain à faire naître, évoluer, cipitent vers Nantes et le Littoral vivre ses personnages. Au fil des pages, on s’attache Atlantique. aux personnages denses en suivant pas à pas leur C’est pour chacun d’eux une parcours chaotique. Et s’ il nous promène allègre- nécessité surgie des obscurités de ment de Belle-île-en Mer à Biarritz en passant par l’enfance, une histoire à reconstruire par-delà les les Sables d’Olonne, ce roman est avant tout une blessures et les manques... L’histoire magnifique subtile balade intérieure à la recherche de ce qui soutenue par une écriture maîtrisée, sensuelle et en construit une identité. E. T. Dans les bras bonheur. L’histoire d’amour en pointillé sur fond de d’un printemps bulgare coutumes bulgares nous entraîne dans une ronde de Élisabeth Bénéteau-Boinot sentiments, jusqu’en Tunisie pour un dénouement Écrituriales, 270 p., 18 € fort et inattendu. Un roman foisonnant de pages culturelles, de paysages typiques et une belle écri- Élisabeth pour ce premier ture, poétique, colorée pour nous raconter un beau roman très réussi, nous offre une et difficile pays, la Bulgarie. palette de couleurs, de senteurs, de E. T. 56 Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013
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    Romans Amours impossibles... très inspiré avec l’amour possible quand il devient... Un possible amour impossible ! Il garde son style gourmand, une « patte » Jean-Yves Revault dans ces nouvelles à travers les cinq continents, fai- 84 p., 10 € sant même de l’amour un voyage. Ces nouvelles sont nourries au lait de la tendresse, respectueuses des Bien inspiré Revault avec ses croyances, des coutumes, des couleurs... On aimera amours travers le monde, même si tout particulièrement la nouvelle intitulée « Nabib on lui préfère son précédent livre, la solitaire », qui est le « jingle » des serpents mais La petite fille et la tordue, un de ses qui doit taire son amour ; et « le grand froid d’Ingrid » chefs-d’oeuvre il est vrai ! Revault, qui s’est essayé à ou l’amour d’une suédoise pour Bambara. tous les genres littéraires depuis deux décennies, reste Ph. G. Massa très belle, mais loin d’être une solution c’est un Stephan Loiseau mystère de plus. Les évènements se renouvellent, se Editions Durand Peyroles, 211 p., généralisent, de plus en plus inquiétants et le roman 15 € prend une allure de fin du monde ; un monde où le désir de vitesse et de changement ne cesse de croître, En vacances dans un paisible un monde qui réclame de plus en plus de «télécom- village, Julien est le seul témoin munications, dépendant d’une technologie poussée d’étranges phénomènes lumineux à son extrême limite. Reste-t-il un espoir pour Ju- ; au même moment, sans raison lien? Saura-t-il comprendre autrement qu’avec son apparente, une voiture tombe en intellect? panne. Déstabilisé, cet informaticien dont l’esprit Stéphane Loiseau fait passer ses idées dans une n’admet pas l’irrationnel, se met à la recherche d’une histoire agréable à lire, riche en évènements. explication plausible. Il découvre une jeune femme, L. G. Que ton nom ne soit plus d’écriture rendant vivant les matières mortes. On Yannick Chauvin savait moins ses connaissances des arcanes de la jus- Pascal Galodé, 308 p., 21.90 € tice, qu’il éclaire à la lumière de ses mots, bousculant dans son intrigue les idées reçues, apportant même Là où d’autres auraient fait un une contribution inédite au débat qui entoure la essai ou une dissertation, le Noir- sanction pénale. Les personnages, notamment ceux moutrin Yannick Chauvin a pro- du juge et du jeune condamné (à ne plus porter son duit un roman sortant des sentiers nom !) sont parfaitement campés. Et les 300 pages battus. On savait ce spécialiste de se lisent à la vitesse d’un excellent polar. De la belle la Gaule et de Guillaume de Nor- ouvrage. mandie (prix Crédit Mutuel Océan des écrivains de Ph. G. Vendée 2011) capable de vous captiver avec ce don L’Oiseau rouge tagne mais il connaît aussi notre monde moderne Jigmé Thrinlé Gyatso avec sa vie! saculture musicale et littéraire. Il sait être L’Astronome, 238 p., 16 € léger, jouer avec les mots. Son humour est plein de sensibilité et d’harmonie. Jigmé Thrinlé Gyatso est ven- Les poètes et artistes occidentaux qu’il cite sont déen. Avant de devenir moine gens de grande spiritualité. Avant tout, L’Oiseau bouddhiste, il s’appelait Yves Bou- rouge, ce sont les méditations d’un moine boudd- déro et vivait à La Roche-sur-Yon. histe, des prières psalmodiées de manière répétitive, On trouve, dans L’oiseau rouge, les des enseignements et des conseils qu’il s’adresse à traces de ses deux cultures. Il est inspiré par la nature lui-même ainsi qu’aux lecteurs et qui sont fidèles avec laquelle il communie, par les nombreux pays où aux préceptes, à l’éthique du Bouddha. il a vécu. Il parle de lui, de sa vie d’ermite en mon- Lydie Gaborit Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013 57
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    Une pluie deneige Vendée, dans le golfe du Morbihan. Apparemment Eveline Thomer ce sont des vacances agréables, sans évènements no- Geste, 295 p., 22 € tables. L’aventure estintérieure ; ils apprennent à se Neige et verglas paralysent la connaître avec leurs caractères, leurs problèmes, circulation à une heure de pointe. leur passé qui refait surface ; le mystère de chacun Un homme et trois femmes font s’éclaircit plus ou moins vite, plus ou moins com- connaissance au bord de la route plètement. Malgré l’atmosphère légère dès vacances, et s’abritent pour la nuit dans un on est perpétuellement dans l’attente de quelque centre commercial. chose qui va arriver. La longue et belle description Faut-il croire à l’intuition de Bérénice -un tanti- des paysages et des ambiances nous amène à parta- net voyante- persuadée qu’ils ont un secret commun ger l’état d’esprit des personnages. et que, s’ils se sont rencontrés ce n’est pas pour rien? La réponse aux questions n’arrive qu’à la fin du Toujours est-il qu’ils ont envie de se revoir. Ils pas- roman. Et c’est une réponse scientifique! sent ensemble de longs week-ends à l’île de Ré, en L. G. Le Cœur d’Anubis Une expédition française en quête d’une fabu- Andrène Carluccio leuse relique de l’antiquité, un périple semé d’em- Elzévir, 379 p., 21 € bûches ; les passions amoureuses compliquent tout ! Nos amis parviendront-ils à récupérer le fameux Cœur L’histoire bien menée nous d’Anubis ? entraîne en Égypte dans les années Il y a un ton, une écriture. Saluons un jeune au- 30. teur de 21 ans qui vient de rejoindre la Société des Écrivains de Vendée. E. T. Au 4 de la rue Rapide dance en 1962, narre dans son quatrième roman sa Pierre Yborra découverte de la Vendée, la Roche-sur-Yon mais aus- Edilivres, 170 p., 10 € si les Sables d’Olonne, en raison d’une belle sablaise brune à peau blanche autour de laquelle tourne Quand le roman est gouaille l’ado Yborra, un peu raide dans sa timidité, comme dans notre Poitou, on pense dé- tant d’ados... Le fil conducteur est parfois mince et sormais à Pierre Yborra, natif de on préférera « le banc », précédent livre d’Yborra. Guyotville en Algérie (Française), Mais si on avait pu lui reprocher son exubérance enfant littéraire naturel du grand côté style, il est cette fois-ci sobre, presque trop... Alphonse Boudard. L’adolescent N’empêche, l’ennui est prohibé chez cet auteur qui pied noir, arrivé à la Roche-sur-Yon à l’indépen- se lit d’une traite. Ph. G. Promenade en luttes, luttes de 68 et d’après, idéaux d’une époque deve- version intime, avec nue âge d’or !... Ses textes ne manquent pas d’origi- classes nalité dans l’angle choisi, pointent les injustices de Pascal Pratz notre démocratie prise en flagrant délit, notamment Petit Pavé, 234 p., 20 € le deuxième roman (« il n’y a rien de pire que de savoir de quoi se plaindre »). L’auteur y fait parler Ce Nantais qui traîne souvent une avocate lesbienne à la première personne du sin- ses guêtres en Vendée et est publié gulier, roman sur cette justice qui peut être abjecte par les Angevins du Petit Pavé, en France mais si discrètement, qu’on peut croire vient de sortir trois romans en un seul volume. Et que Pratz exagère. C’est nerveux, les phrases s’en- quel(s) livre(s) ! Entre autobiographie et fiction, ces chaînent. Un livre précieux. textes enfoncent le clou des vieux combats, de ses Ph. G. 58 Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013
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    Romans La Vie partagée tacles qui se dressent sur son chemin ? Comment Paul Toutblanc transcender des existences et vieillir ensemble. Être L’Harmattant, 267 p., 25 € heureux et malheureux à la fois, est-ce nécessaire à la transcendance en amour ? Je laisse à l’auteur et à Entrer dans un roman accom- vous-même les réponses. pagné d’une telle bibliographie, Permettez-moi de vous citer une seule citation c’est plutôt rare. Imaginez-vous de ce livre : « Les ronces couvrent le chemin de l’écrivain puisant la force de son l’amitié quand on n’y passe pas souvent » voilà de récit chez cent-vingt-sept auteurs quoi méditer ! et non des moindres. On connaît bien Paul Tout- Dans ce monde où les habitudes et les relations blanc comme moraliste, compagnon de Chamfort, amoureuses ont été fortement bouleversées, l’auteur on le connaît moins comme romancier. La Vie par- nous permet d’accéder à la meilleure connaissance tagée devient, à notre époque, le complément de du couple d’aujourd’hui. Lire Paul Toutblanc c’est l’Art d’aimer d’Ovide et De l’amour de Stendhal. aller à la découverte des tréfonds d’une Vie partagée ! Peut-on assumer sa passion malgré tous les obs- RMB Au nom de la vérité viewer le grand écrivain, normalement inabordable, Marlène Manuel et de se faire par la même occasion une place dans la Past’elles, 306 p., 18 € profession. L’écrivain va se livrer à elle sans se méfier et elle... trahira sa confiance. Mais quand l’amour Le roman «De sang et d’ombre» s’en mêle, sur fond enchanteur d’île de Noirmou- de Serge Mathusier vient d’être tier, on se retrouve avec une histoire à la Marlène couronné par le jury du Grand Prix Manuel, habilement contée à rebondissements, et Littéraire. Marie Tesserat, jour- pleine de charme. Une réussite. naliste en herbe, a décidé d’inter- Y. V. Montsouris Ainsi commence ce beau roman de quête à l’écriture Ingo Grünewald vibrante de nostalgie. On pense à quelque Meaulnes sur les traces d’Yvonne de Galais. Mais on n’est pas dans la Sologne des châteaux et des étangs. On est à Un homme jeune quitte Tou- Paris et le parc Montsouris est tout un monde. Une louse et revient à Paris pour es- vieille dame est assise sur un banc. Elle pourrait dé- sayer d’y retrouver Véronique, la tenir la clé du mystère. L’aventure avance lentement. jeune fille qu’il a tencontrée là-bas, L’écriture de ce premier roman est d’une maturité dix ans plus tôt, quand il était étu- exceptionnelle. « Véronique, écrit le narrateur, une diant. Il ne sait rien d’elle, si ce espérance laissée en friche. Mais qu’est-ce qui restait n’est qu’elle s’appelle Bernard et faisait des études non seulement de moi-même, mais encore de Véro- de botanique à Jussieu comme lui. Il prend une nique, après toutes ces années ? » chambre dans un hôtel, face au parc Montsouris, Yves Viollier car c’est là qu’il a passé beaucoup de temps avec elle. Tu délires mon Minou des statues de chats qui parlent. A partir du contenu Jean Chabaud de leurs paroles, elle va lancer sur les routes d’Italie, Editions Books on Demand du sud de la France puis du nord de l’Espagne, un couple de Vendéens qui se prennent pour des détec- Jean Chabaud revient avec ce tives et baladent le lecteur à leur suite, avec une en- roman d’aventures, un brin mys- vie bon enfant, une charge d’humour et un certain térieux, dans lesquels s’entremêlent sens de la dérision. Le tout est facile à lire, agréable les fils qu’il a adroitement tissés sans dans sa fantaisie et dans son rythme attachant. Un autre but que de distraire. Avec en bon divertissement pour les temps qui viennent. toile de fond l’annonce de la fin du monde pour le 21 décembre 2012, cette quête commence avec A. P. Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013 59
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    Chants d’Aurore Elle espère ainsi le comprendre, expliquer leur Isabelle Kreidi échec alors que, elle, elle était prête à tout donner. Jets d’encre, 158 p., 15.50 € Hélène souffre, revit chaque instant de leur folle essai d’équipée. c’est juste un amour manqué. Chants d’aurore ? ou requiem C’est dommage ! la vie va ainsi son chemin, mais automnal ? cela nous fait de bien belles pages, épurées, sensibles, Hélène, écrivain, femme, à amères, mélancoliques mais justes. succès, s’interroge sur sa relation Analyse, introspection, Isabelle Kreidi «souhaite éphémère avec un homme beau- explorer les nuances des sentiments humains». Elle coup plus âgé. Elle fait un véritable transfert sur réussit ici pleinement à nous entraîner, nous, dans le cet homme et écrit à sa place le journal intime ima- tourbillon de ses feuilles automnales. ginaire de leur histoire, histoire dont il s’est finale- Jamais, nous, nous ne l’aurions abandonnée ! ment, lâchement ?, échappé. J. R. Le Nazir, homme céleste la nuit de l’iceberg », donnant une intéressante ver- Grard-Robert Cormy sion romancée de la tragédie du Titanic. Et pour « le Plancher, 192 p., 29 € Nazir, homme céleste », il s’est attaqué à un roman inspiré par la vie du Christ. Archidocumenté, rèvé- On connaît de Cormy le peintre lant des aspects inattendus de Jésus et ses proches, installé à La Barre-de-Monts, an- l’entreprise était audacieuse. Mais que l’on s’appelle cien décorateur de cinéma, prix John Huston, Pasolini ou Cormy, il n’est jamais Carravagio l’année dernière, ré- aisé de mettre en scène la vie passionnée de Jésus. compensant son style académique. Cormy est un écrivain sérieux mais son érudition Mais on connaît moins Cormy plombe par moments son dernier roman. l’écrivain. Il nous avait agréablement surpris avec « Ph. G. les fermes et dans les villes. Les Trois Pupilles En plus d’être très émouvant, ou drôle, il dé- de la Nation nonce gentiment un système inhumain et des fa- Michel Hervoche milles d’accueil plus âpres au gain, qu’à l’amour des Opéra, 295 p., 18 € enfants. On suit pas à pas, en toute simplicité sans haine, sans rancune le parcours de cette fratrie abî- Premier roman et un beau té- mée et séparée par la vie. moignage des années 50/60 dans E. T L’épée de légende quête de ses origines, accompagné de ses deux amis de William Thoral d’enfance, Vahn et Nadia. leur périple va boulever- Cristar ser leur vie. Lharmattan, 380 p., 20 € Le jeune fermier du royaume de nation devra af- fronter les affres de la guerre et maints dangers pour Abandonné à sa naissance avec accomplir sa destinée : celle du porteur de l’Épée une arme mythique pour seul ba- de légende. Un premier roman fantastique promet- gage, Dive, jeune fermier, part en teur... E. T. La cabane du pêcheur au fil des ans vers le monde des adultes ; les incom- Mathilde Weber préhensions et les peines sont nombreuses. La dis- Dorval, 285 p., 20 € parition de Siroco, un cheval qu’elle connaît bien, la perturbe. Dans un petit coin de son être, il existe Chaque année en vacances le traumatisme de la cabane du pêcheur. Comment sur l’île de Noirmoutier, Léa re- Léa va-t-elle se reconstruire ? trouve un monde idyllique où le Avec l’île de Noirmoutier et l’espoir de connaître cheval est omniprésent. Les pas- le véritable amour, sûrement. sions de l’adolescente convergent Une femme, un cheval, Léa est là ! RMB 60 Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013
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    Romans Sans Tarcisius famille ont enfin une vie. Françoise Dubost-Luciani On retrouve un peu tout de Amalthée, 272 p. 20 € même ces dames au chapeau vert, leurs intrigues et même parfois Changement de génération, leur bassesse. on s’imagine ainsi l’univers de nos Le monde était plus tranquille, parents, à vrai dire plutôt de nos mais est-ce bien sûr ? grands-parents, une sorte de jour- Étonnant et réussi, ce décalage nal secret caché dans un grenier, de génération, cette remontée dans et que l’on lit à même les lattes du le temps. Nous grimperons encore plancher. les marches du grenier, un autre tome est paru, et y il Il semble que les sentiments etaient alors plus y en aurait encore d’autres à venir ! Chouette ! justes, plus forts, plus accomplis, et nos portraits de J. R. Nouvelles Chute libre Son ami Gilbert Prouteau, lit-on en quatrième Philippe Gilbert de couverture, en aime le souffle et le ton, où l’argot Petit Pavé, 204 p., 20 € étaye le classique, où la langue parlée côtoie le jeune roman américain. Attention, cà va bouillir ! Bravo ! Philippe, tu te donnes sans retenue, sans Ce n’est pas un livre que vous fard, sans a priori. On ne risque pas de s’ennuyer allez lire, mais un homme qui se avec toi ! « C’est pour ça qu’on l’aime », dirait Pierre livre. un vrai, un de 68, qui a roulé Perret, qui est un peu du style. sa bosse et son monde (non, là c’est Je n’ai pas eu le temps de lire gratuit) à loisir. l’autre, la chûte de reins, mais Yves Phillipe, une bombe ! Des idées sur tout, tout Violler m’assure qu’il est de la fait, enfin tout essayé. Un routard de classe, un même veine, je vais donc me préci- tombeur à la chute facile, au style démoniaque. Ses piter dessus, me vautrer moi aussi, oreilles sont des jacinthes de corail et sa bouche une rose dès que j’en aurai fini avec cette sa- des sables. Là, je triche, c’est du Philippe soi-même tanée revue à sortir pour le Vendée sur une page prise au hasard pour parler d’une Globe ! femme aux lèvres gourmandes. J. R. Les caprices de Satan nom soit rarement cité, est assurément Satan. On Stefan Verellen le reconnaît à sa cruauté mais le Malin aime aussi Les deux encres, 289 p., 21€ se cacher derrière les apparences de la vertu et de la pureté, au plus profond des êtres. il impose sa loi Dans ces nouvelles qui ne universelle. cessent de nous étonner par l’ima- Est-ce encore un de ses tours si le lecteur est gination qu’elles révèlent, le per- charmé ? sonnage principal, bien que son Ou peut-être le talent de l’écrivain. L. G. Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013 61
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    Nouvelles Les contes d’Efinga chacune des personnes présentes raconte une his- Christoph Chabirand toire, vécue ou pas. Orphie, 180 p., 16.50 € Au petit jour, le cyclone s’éloigne, laissant une empreinte destructrice et, dans l’esprit de chacun, Sur l’île de la Réunion, l’am- les contes d’Efinga. biance qui précède l’arrivée d’un Comme dans un traditionnel recueil de nou- cyclone est toujours particulière. velles, le lecteur appréciera plus certains récits que Dans un hôtel, cinq musiciens d’autres. L’auteur, Christoph Chabirand est né en s’apprêtent à donner un concert 1958, à Luçon. Depuis 1986, il vit à La Réunion de jazz. L’alerte rouge les bloque sur place jusqu’au où il s’adonne à ses passions : l’écriture pour laquelle lendemain. Pour dominer le stress engendré par le il possède un talent certain, le jazz et la musique cyclone baptisé Efinga et occuper la longue nuit, créole. Jacques Bernard La Mogette n° 23 ; il avait écrit ces nouvelles il y a déjà long- à l’huile d’olive temps, il les réédite pour mon plus grand bonheur, Dominique Landucci j’étais passé à côté. Le Losange, 184 p., 15€ Découvrir un personnage haut en couleur que l’on revoit de temps en temps en Vendée, le temps Dominique Landucci est plu- d’une exposition, ou d’une formation dans les tôt peintre, les toiles et aussi les écoles... Nouvelles de caves, nouvelles de soif, gou- usines, voir la couverture de notre leyantes et fraîches, à plein pichet ! J. R. Pour la beauté réinventer du sens à ce qui l’environne» ou «J’étais au désespoir. La déliquescence de l’humanité s’ache- du genre Humain vait.» L’auteur se pose l’éternelle question : Dieu est Bertrand Lesaux présent parmi nous, pour le meilleur ou pour le pire ? Thélès, 71 p., 25€ L’humanité peut-elle compter sur lui ? Peut-être trouverez-vous la réponse dans la beauté du Genre Un recueil de nouvelles inti- Humain. mistes. Extraits : «Pour être libre E.T. d’être heureux, l’Homme doit La chaîne des temps meurtres à résoudre qui l’emmènent à Challans et Edbe au Fenouiller. Société des Écrivains, 240 p., 20 € Derrière le pseudo de l’auteur, se cache probable- ment une femme, cadre administratif d’un groupe Chaîne du temps promise en vendéen leader mondial. Probablement vendéenne plusieurs volets démarre, au pre- aussi. Car cette Vendée, à l’époque Bas-Poitou, est mier, en début d’année 1789. À ici mise en scène avec amour et gourmandise, quitte l’aube de la Révolution. Sur cette parfois à constater quelques anachronismes, malgré trame historique, plusieurs per- une documentation fournie. Edbe a envie de (trop) sonnages sont en place, dont un bien faire. Par le style, on sent les bonnes intentions certain Dugommier, chef de police du Roy, avec des mais elle peut et doit mieux faire avec l’ouvrage sui- vant. Ph. G. 62 Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013
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    Voyages, Jeunesse L’incroyable voyage talentueuse, Estelle Gendreau conjugue son savoir de Campos faire avec Chrisolène, une maison d’édition ven- Estelle Gendreau déenne, ça donne un beau livre pour les petits ! Chrisolène, 40 p., 9.50 € Dès deux ans, l’enfant peut suivre les aventures du petit hippocampe et de son amie la tortue grâce Quand une jeune graphiste aux dessins explicites et aux couleurs très attrayantes. E. T. Les mules mières aventures. Une petite histoire toute simple, de Guadalajara qui permet tout de même le démantèlement d’un Serge Perrotin gang... Durand-Peyrolles, 112 p., 19 € Il y a donc des bandits, des bons et des méchants, une ouverture sur le monde, où l’on apprend qu’il Charmant petit conte pour la ne faut pas toujours se fier aux apparences, que jeunesse ; cela se passe à l’école, tout n’est pas dû au hasard et qu’il faut aussi faire lieu des premières découvertes, confiance aux grandes personnes pour arrêter les des premières rencontres, des pre- voleurs. Un conte sage, moral, amusant et juste ! J. R. La Vendée sont arrivés par le biais d’un congé sabbatique et de racontée aux enfants voyages en compagnie de leur petite fille. Ainsi est S. et H. Bioret née cette collection de petits albums conçus autour Bonhomme de Chemin, 60 p., du jeu. Celui-ci s’adresse aux enfants à partir de 9,90 € 7 ans et les emmène à la découverte des paysages et des grands sites vendéens. La mer y occupe une Apprendre la Vendée, la faire bonne place, mais aussi les villes, le Puy du Fou, aimer aux enfants n’est pas si fa- les abbayes, les traditions, la gastronomie, Mélusine, cile. Stéphanie et Hugues Bioret y Clémenceau et le patois de chez nous. Une très bonne idée. G. B. Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013 63
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    Jeunesse L’aviation Française l’on retrouve des exploits oubliés et quelques photos de 14/18 de la collection personnelle de l’auteur. Georges Page Ouvrage bien documenté qui a une valeur de Grancher, 351 p., 20 € témoignage et relate des anecdotes drôles, émou- vantes... ou incroyables. Préface de Patrick Baudry. Tout ! tout... Tout, vous saurez E. T. tout sur l’aviation Française 14/18 avec ce livre porté par la passion où Voyages en famille inspiré d’une philosophie toute simple, celle de l’art Antoine Sigogneau du voyage au quotidien, qui vous fait respirer la vie Les Ateliers de Porthos, 268 p., vraie, vous ramène au domicile plus serein. 12,90 € Antoine Sigogneau, désormais installé en Bour- gogne, est un bourlingueur, désormais avec femme Encore un très bon livre de puis enfants. Une bourlingue qu’il raconte en huit voyage que nous livre cet enfant carnets, présentés par ordre chronologique, nous en- de Saint-Hermine (Simon-la- traînant vers de nouveaux horizons au fur et à me- Vineuse). Son troisième, avec sure que le famille grandit. Sigogneau confirme un l’Afrique et ses déserts pour destination, mais aussi talent d’écrivain-voyageur, basée sur la relation de l’Europe, notamment l’Espagne et la Hollande. Son simplicité pour trouver son chemin et vaut bien les Voyages en famille prend même des allures de guide, écrits de Sylvain Tesson ou autre Alexandre Poussin. Ph. G. l’ara de Buffon cées de la planète par la déforestation. En plus de Sandrine Silhol voir son habitat se réduire un peu plus chaque jour, Orbestier, 36 p., 13 € l’ara attire les convoitises et son commerce illégal est de plus en plus important... La collection des Animaux Sandrine Silhol, après avoir enseigné et fait de méconnus en danger accueille la recherche, devient responsable scientifique du zoo un nouveau venu : l’ara de Buf- des Sables d’Olonne. Sandrine est aussi coordina- fon. L’ara de Buffon est l’un des plus grands, mais trice européenne de plusieurs espèces menacées, ce surtout l’un des plus beaux perroquets du monde. qui lui permet de voyager à travers le monde pour Avec son plumage d’émeraude aux chatoyants reflets étudier et venir en aide aux animaux en danger. Elle dorés, son énorme bec ébène surplombé d’un pa- a déjà publié, aux éditions D’Orbestier, 8 albums nache rouge profond, et ses larges mensurations, il dans la collection Animaux méconnus en danger : fait concurrence aux plus éblouissants oiseaux. Il vit - Le Panda roux - La Girafe blanche du Niger -Le tout particulièrement en Équateur, dans une forêt Loup à crinière - Le Tapir terrestre - La Tortue tropicale sèche, l’une des plus riches en espèces ani- d’Hermann - Le Lion de l’Atlas - L’Ours à lunettes - males et végétales, mais également des plus mena- L’Ara de Buffon. Rêves bleus jets inconnus. Une rencontre extraordinaire et un Xavier Armange fabuleux cadeau pourraient transformer leur vie et Illustrateur : celle de la planète. C’est compter sans les robotflics à Mathieu Redelsperger pinces dures, carapaces inoxydables, complètement Orbestier, 32 p., 15 € barzoufs. Une histoire d’écologie-fiction pleine d’espoir, En l’an bientôt, Cyla et Cely, sans complaisance pour un passé révolu ni conces- dans leurs bellurettes, survolent sion pour un présent robotisé, écrite avec beaucoup les usines molles de crachtrouf d’humour dans une langue du futur que les enfants expansé, les jardins de plastok et les montagnes de comprennent. béton. Ils vont visiter le Musée du passé plein d’ob- 64 Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013
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    Essais Bible, qui sont celles de la Bible, des Grecs: des Pères de Sagesse & Philosophie l’Église, du Moyen-Âge, de Pascal, de Louis Lavelle Bernard Grasset et de Gabriel Marcel. L’importance accordée à la Ovadia, 289 p., 22 € raison ne cesse de croître alors que diminue celle accordée au mystère, au cœur, à l’expérience, à la Docteur en philosophie, Ber- spiritualité tandis que le style des écrits, qui était nard Grasset montre de quelle poésie, aphorisme, proverbes, se rapproche du traité façon notre culture a hérité de la scientifique. Bernard Grasset rêve d’une sagesse de Grèce et de la Bible. Il distingue l’Amour, d’une nouvelle philosophie qui laisserait sa la philosophie, œuvre intellec- place au mystère, où ces notions, traditionnellement tuelle, de la sagesse qui fait surtout appel au cœur, à opposées, seraient, au contraire, inséparables et où l’intériorité. Il compare la philosophie et la sagesse les philosophes seraient des poètes. L. G. Les Insurgés de Dieu d’Angers, à l’Université Catholique de l’Ouest, à Cardinal Paul Poupard l’École Pratique des Hautes Études en Sorbonne, Hérault, 160 p., 25 € une collaboration au CNRS et deux doctorats en histoire et en théologie, Paul Poupard a apporté Cet ouvrage réunit les articles son concours à la Secrétairerie d’État de Jean XXIII de presse, homélies, préfaces d’ou- et de Paul VI, pendant et après le Concile Vatican vrages et conférences que notre II. Recteur de l’Institut Catholique de Paris de 1971 éminent natif des Mauges, fidèle à 1981, Président du Conseil Pontifical pour le dia- à ses racines, a multiplié pour dé- logue avec les non-croyants et du Conseil Pontifi- fendre et illustrer l’épopée ven- cal de la Culture près de Jean-Paul II, et du Conseil déenne. Pontifical pour la Dialogue inter religieux près de Natif de Bouzillé, en Anjou, après ses études au Benoît XVI, il est l’auteur d’une quarantaine d’ou- Petit Séminaire de Beaupréau, au Grand Séminaire vrages de culture et d’histoire. AHH Le stylographe le mécanisme de l’écriture de ce que l’on appelle Jean Billaud l’inspiration (ou la non inspiration).» Entrerez-vous Durand-Peyrolles, 79 p., 10 € dans ce livre ? Comme toujours, la lecture des pre- mières pages sera déterminante. Cet ouvrage ne manque pas d’originalité. Il s’agit de «l’histoire J. B. de la génèse d’un roman centré sur l’édition avec conseils sur l’auto-édition, les librai- Voyage au cœur du livre ries et même le livre électronique, en passant par collectif quelques témoignages de passionnés de poésies ou Écrituriales, 230 p., 20 € d’écriture. Un bel outil pour celui qui veut se lancer dans l’aventure. Un ouvrage bien fait autour E. T. du livre. De l’historique du livre à Il trouve naturellement sa source, comme tant d’autres, dans l’élan fécond de la Jeunesse agricole Paysan et mutualiste catholique. Né dans une famille paysanne de huit Eugène Guibert enfants, à Saint-Georges-de-Montaigu, Eugène Harmonies Mutuelles, 180 p., 10 € Guibert a assumé de nombreuses responsabilités dans le monde agricole et dans le mutualisme. Ce Syndicalisme, solidarité, pro- livre d’entretiens retrace le parcours d’un militant grès: tout l’engagement profes- qui lègue à ses petites-filles cette dédicace: «La vie sionnel d’Eugène Guibert s’inscrit mérite d’être vécue, à condition d’y faire sa place en dans ce triptyque indissociable, respectant l’autre et en restant soi-même.» Le mes- si caractéristique de la Vendée de sage même de la transmission des valeurs essentielles la deuxième moitié du XXe siècle. et des raisons de vivre. G. B. Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013 65
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    Sud Vendée chers de Mouilleron-en-Pareds, ils donnent très en- Carnet de voyage vie de les accompagner. Emilie Giraudet et Emma Terre plurielle, 144 p., Chanelles signent les textes de ce très joli carnet à 29,50 € l’italienne, Alexandre Lamoureux la photo, David Herbreteau l’illustration. Tous des professionnels de Un carnet de l’édition et de la communication. «Le Sud Vendée, voyage est toujours disent-ils avec talent, est une de ces destinations qui un enchantement, il ne révèlent leurs secrets qu’aux marcheurs errants». enchaîne les images, les dessins, les impressions, les Un bémol tout de même, ce carnet est aussi un – rencontres, les coups de coeur de celui qui le rédige. très bel - outil de promotion pour des acteurs du Quand ils s’y mettent à quatre et qu’ils sillonnent tourisme en Sud-Vendée. le sud Vendéen, de la Pointe de l’Aiguillon aux ro- Pourquoi pas? Mais c’est mieux de le savoir. G .B. Histoire de la Vendée Le past-président des Écrivains de Vendée s’est at- monumentale taqué avec ce même style à ce riche patrimoine (mal- Michel Dillange gré les destructions des guerres), dont il nous donne Geste, 225 p., 22 € une mine d’informations, expliquant souvent les lé- gendes qu’ont provoquées ces fondations, ainsi que On connaît la finesse de style les écrits et documents existants. Issu d’une famille et d’écriture du « père » Dillange, aux attaches luçonnaises, architecte aux bâtiments finesse déjà observée dans son re- de France, Michel Dillange propose en fait « sa » cueil de nouvelles paru l’an dernier ballade monumentale en s’attardant tout autant sur (le pêcheur et le poisson bleu, Les Chantuseries). le petit objet que sur le grand bâtiment. Ph. G. Autrefois... la Vendée Châtelaillon, la station charentaise à la mode. Très dans l’objectif d’Armand Robin attaché à sa région, auteur de plusieurs ouvrages, Gérard Baud grand amateur de cartes postales anciennes, Gérard Geste, 289 p., 39 € Baud en a sélectionné plus de 700, réunies dans ce bel ouvrage à l’italienne. La Vendée d’entre 1900 et Armand Robin, décédé en 1914, illustrée et déclinée avec talent et un goût très 1931, tenait la librairie du Pont-Neuf, à Fonte- sûr au travers de judicieuses thématiques: Fontenay nay-le-Comte. Il publie les eaux-fortes d’Octave de bien entendu, la forêt de Mervent, le marais poite- Rochebrune, puis ses premiers clichés personnels, vin, les châteaux, les églises et les abbayes, la vie éco- comme la célèbre fontaine des Quatre-Tias ou la nomique, les loisirs et les événements de l’époque, caserne de cavalerie. Armand Robin ne s’est pas en- les coiffes et les costumes. J’ai beaucoup aimé la fermé dans sa ville. Il sillonne toute la Vendée, une richesse et la précision des légendes. partie des Deux-Sèvres et se prend de passion pour G. B. Agenda 2913 Michel Lis prête ses conseils à cet agenda solide et de la Vendée pratique, joliment illustré, qui s’ouvre sur une pré- Michel Lis sentation de la Vendée en 1896, tirée de La France Geste, 152 p., 13,90 € pittoresque de l’Ouest. Chaque semaine est naturel- lement accompagnée de conseils, de trucs utiles et Le très médiatique jardinier de dictons. G. B. Le grand almanach rades et devinettes, anecdotes et bonnes histoires, de la Vendée il apporte d’intéressants éclairages sur l’histoire et Marie Guénaut la géographie de la Vendée. Il s’enrichit cette année Geste, 144 p., 9,90 € d’éléments plus consistants. Comme des fables en patois de Gène Charrè, un conte philosophique de Avec les codes immuables du Georges Clemenceau, plusieurs quizz sur le départe- genre : dictons, conseils de jar- ment et de nombreuses pages consacrées aux miné- dinage, recettes anciennes, cha- raux, au diamant en particulier. G. B. 66 Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013
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    Régionalisme La Vendée séduisant. C’est de l’inédit, tant dans le texte que Grands Voyageurs dans les photos et les angles sous lesquels on nous Frédérique Mory -Anne Cluzel propose de découvrir les îles, les marais, le bocage, Photos Jacques Denardaud la côte et son arrière-pays. Chêne éditions, 160 p., 39 € La qualité de cet ouvrage est telle qu’il s’insert avec bonheur dans une collection où figurent l’An- À vous tous, amis de notre dalousie, la Birmanie, Cuba, les îles grecques, la belle Vendée, je fais un aveu : Polynésie, les Antilles françaises, la Réunion et bien je viens de ressentir un coup de d’autres destinations de rêve ! 160 pages magni- coeur, une émotion esthétique, en découvrant le fiques qui se terminent en guide de voyage. nouveau et magnifique livre signé Frédérique Mory Mes mots sont impuissants à traduire ce qui et Anne Cluzel. Que dis-je, un livre ? Un album, est un véritable hommage à cette Vendée que nous une œuvre d’art avec de sublimes photos de Jacques aimons. Découvrez par vous-même. Faites-vous ce Denardaud. plaisir ou offrez-le à vos amis. La Vendée, grands voyageurs, c’est notre départe- Vraiment, quel beau livre ! ment en tout ce qu’il possède de vrai, de beau, de Jacques Bernard Peintres toujours consacré aux peintres vendéens. Célèbres, de la Vendée comme Paul Baudry (le portrait de sa mère fait la François Wiehn couverture du livre), André Astoul, Launois, Mil- Geste, 94 p., 25 € cendeau ou Henry Simon, plus confidentiels pour la plupart. Tous ont illustré la Vendée, le Bocage et François Whien a dirigé la Plaine, l’inépuisable Marais de Monts, les villes l’imposant «Dictionnaire des et les lieux plus ou moins connus. Une très belle peintres de Vendée», paru série de portraits enrichit cette touchante galerie, té- aussi chez Geste. Il propose cette fois un ouvrage moignage sensible et juste de la Vendée du XIXe et moins ambitieux certes, mais tout aussi séduisant, surtout du XXe siècle. G. B. Peintres tions singulières. À côté de peintres reconnus, voilà des côtes de la Vendée que nous entrons en contact avec des noms oubliés, François Wiehn voire inconnus, de la plupart des Vendéens. Et c’est Geste, 94 p., 25 € un vrai plaisir de voir défiler sous nos yeux ces re- productions de tableaux fort bien restituées. Le livre Une jolie manière de regarder les côtes de Ven- se compose de trois parties : la mer et les plages, les dée à travers l’œil des artistes. Plaisir de découvrir ports et la pêche, paysages et visages. Au total, plus ce qu’il advient de la mer et de son arrière-pays sur de 90 artistes-peintres séduits par la lumière et les les toiles ou les papiers à dessin. Aquarelles légères, paysages du littoral nous donnent à voir les œuvres gouaches subtiles, huiles aux teintes affirmées, les ta- émouvantes nées de leur talent. bleaux font redécouvrir des paysages familiers, cha- Un format carré et pratique (17cm5/17cm5) cun arborant la « patte » de l’artiste qui les a observés permet une maniabilité de l’ouvrage appréciable. et retranscrits avec sa propre personnalité, ses émo- Régine Albert Vendée 100 lieux Chaillé-sous-les-Ormeaux) aux coquillages de l’île pour les curieux Penote (aux Sables d’Olonne) en passant par Notre- Christine Chamard Dame-des-briques (à la Rabatelière). Plus de cent Christine Bonneton, 94 p., 25 € curiosités sont à découvrir à travers ce guide original joliment illustré, accompagnées à chaque fois d’un On n’imaginait pas la Vendée commentaire truffé d’anecdotes. On se promène aussi riche… Christine Chamard déjà rien qu’à tourner les pages. On apprend beau- est allée dénicher tous ces trésors coup. On se régale. La couverture en dit déjà long de lieux insolites hors des sentiers avec ses citrouilles géantes au pays des cornichons battus dont on ne parle pas ou si atomiques… peu. Cela va des marmites de Gargantua (à Piquet, Y. V. Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013 67
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    Petit dictionnaire vrant le Bois de la Chaize en 1886, et s’achève avec sentimental et fantaisiste ce qui est sans doute un néologisme, la «zénitude», de l’île de Noirmoutier ce sentiment d’illumination intérieure que l’auteure Lydie Mahé-Marguerite éprouve à Noirmoutier et qu’elle sait nous partager. Beaupré, 271 p., 14,90 € Chemin faisant, le lecteur aura tout appris de l’île, de son histoire, de ses saveurs et des célébrités qui Cheville ouvrière du Salon du ont succombé à son charme. Quelques entrées pour Livre de Mer de Noirmoutier, Ly- vous en convaincre: l’Abbaye de la Blanche, la cé- die Mahé-Marguerite s’est prise de lèbre bonnotte et la cotriade, Saint Philibert, l’île du passion pour l’île où elle vit depuis dix ans. Elle la Pilier, le naufrage du «Lancastria», Agnès Varda et connaît si bien qu’elle la met en dictionnaire. Cela Harry Baur, la Venelle des Trois Ivrognes. C’est bien commence avec le Aaah...! de Claude Monet, décou- écrit, pétillant, drôle... et très instructif. G. B. Jules Robuchon Une étude passionnante sur les Robuchon, de- et les îles vendéennes puis Pierre, le père imprimeur, Jules le photographe, Patrick de VILLEPIN et Léonidas son frère de l’Île d’Yeu, jusqu’aux L’Armentier, 325 p., 45 € deux fils de Jules, Eugène l’explorateur et Gabriel l’homme des cathédrales aux destins tragiques. On Patrick de Villepin nous avait y découvre des vies bourrées de détails souvent iné- déjà gâtés avec Le Bois de la Chaise dits, la naissance et la réalisation de ce grand projet et la Tour Plantier, ceci n’est pas un Paysages et monuments du Poitou, le tout baignant phare. Il nous rappelle ici que les dans cette atmosphère de la fin du XIXe siècle où les dernières livraisons de Paysages et pionniers de la vie intellectuelle de notre province se monuments du Poitou de Jules Robuchon, en 1895, nomment Octave de Rochebrune, Benjamin Fillon, étaient consacrées à Noirmoutier et à l’Île d’Yeu ; Marcel Baudouin ou René Vallette. il rapporte les héliogravures de cette œuvre monu- Un travail remarquable, extrêmement docu- mentale avec les clichés inédits et les cartes postales menté, abondamment illustré. Un ouvrage de réfé- conservés à l’Historial de la Vendée. rence et de passion. C. M. Environnement littoral fiques peuvent rebuter. Les amoureux de Noirmou- Île de Noirmoutier tier y trouveront pourtant de précieuses explications Paul Bernier, Yves Gruet sur ce qu’ils observent sur ses plages, le sable, la vase, Les Documents, Université Claude les animaux qui les peuplent, les huîtres, les moules, Bernard, Lyon 1 les oiseaux et ces curieux amas de vers marins, les 163 p., 24 € hermelles. On prend aussi conscience de la fragilité de cette île basse, dont les deux tiers se situent en- L’ouvrage de ces deux universi- dessous du niveau de la mer, et qui demeure tou- taires – Paul Bernier est sédimen- jours sensible aux assauts des tempêtes. Les auteurs tologue, Yves Gruet, océanographe biologiste - pa- soulignent in fine la nécessité de la protéger et font raîtra à première vue bien technique et bien aride appel à la volonté et au génie inventif de l’Homme aux non-spécialistes des mouvements marins. Beau- pour sauvegarder sa population et son patrimoine. coup de cartes, de graphiques et de termes scienti- G. B. Île d’Yeu long des routes maritimes commerciales, met en Maurice Esseul relief ses atouts et ses inconvénients. Tout en sobrié- Geste éditions, 147 p., 9,90 € té, le récit de cette histoire mouvementée souligne les incursions étrangères, celles des Anglais notam- Nul ne connaît l’île d’Yeu ment. Les Islais ont appris à vivre dans l’isolement et mieux que Maurice Esseul. Il y est l’insécurité. L’île d’Yeu a préservé son fort caractère. né et lui a consacré de nombreux L’agriculture a disparu, la pêche et le tourisme repré- ouvrages. Historien et conseiller sentent désormais l’avenir de l’Insula Oya, ainsi que en patrimoine de la commune, il l’avaient appelée, aux premiers siècles de notre ère, multiplie les actions de sauvegarde les navigateurs scandinaves. de son riche passé. Sa « petite histoire » de l’île, le G. B. 68 Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013
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    Régionalisme La Ferrière On y apprend beaucoup sur le patrimoine de cette Vivre ensemble commune de schiste, de granit et de fer. On va de Commune de La Ferrière,168 p., village en village. Les coups d’œil dans le rétroviseur sont nombreux. Mais on n’ignore par pour autant le Un beau titre pour cette mo- présent et l’avenir qui se forgent dans la diversité et nographie originale de La Ferrière, l’union. Ce livre devrait sûrement devenir un mo- une commune « entre ville et cam- dèle du genre par la richesse de ses informations et pagne ». Il faut dire que l’ouvrage profite de l’exper- de l’iconographie. Il fera la fierté des Ferriérois. A tise et de l’écriture de Gilles Bély, grand reporter à noter ses pages et sous-titres en allemand, La Fer- Ouestfrance, il y a peu encore, et enfant du pays. rière étant jumelée avec Wandlitz. Y. V. Soullans, ment illustrée tout en couleurs, c’est tout un milieu des origines à nos jours complexe qui se découvre, mi bocage mi marais, Sylvie Moniotte ses paysages et son histoire, son évolution à travers Maury Imprimeur, 170 p. le temps et son patrimoine, mais aussi les person- nages qui ont compté et laissé des traces. Il concourt Très joli livre d’histoire locale à permettre aux habitants de la ville de mieux la sur la commune de Soullans, que connaître ou de retrouver leurs racines, et à tous de vient de publier Sylvie Moniotte. mieux appréhender la terre de naissance de Jean Yole Au gré des 170 pages abondam- et de Charles Milcendeau. A. P. Le Marais Nord Vendéen peau, une vérité profonde. Ami de Gaston Dolbeau, Gilles Perraudeau – Emmanuel le créateur du Bouquet d’Ajoncs, et des frères Mar- Vrignaud tel, petit-neveu du Commandant Guilbaud, il offre Alan Sutton, 160 p., 19,90 € aux générations futures un véritable trésor. Gilles Perraudeau présente l’ouvrage et souligne C’est un opus exceptionnel justement le rôle essentiel des artistes et des auteurs dans la collection bien connue des dans la «geste marâichine». Le Dr Beaudoin bien éditions Sutton sur les cantons sûr, mais surtout René Bazin et sa «Terre qui meurt» et terroirs vendéens. Il déploie le dont toutes les paroisses du marais ont donné la ver- vaste panorama des photos noir et sion théâtrale entre les deux guerres. blanc prises entre 1952 et 1965 par Jean Challet. Goûtez sans modération cette émouvante pro- Ce qu’il a alors photographié, les gens du marais, menade dans ce pays de terre et d’eau, dont le destin les bourrines, les charrauds ont quasiment disparu. demeure depuis toujours en équilibre fragile. Jean Challet a fixé ces visages, ces moments et ces G. B. lieux avec un infini respect, une tendresse à fleur de Se souvenir seulement un très beau livre, couleur pastel et nos- du Marais Poitevin talgie bucolique, c’est surtout une formidable source Guy Brangier d’informations sur ce qu’ont vécu ici plusieurs géné- Geste, 507 p., 49,90€ rations de maraîchins. Les extraits des journaux de l’époque (Le Vendéen, la Vendée, Le Courrier des Une incroyable collection de Sables, Le Petit Vendéen), ceux des bulletins parois- centaines de cartes postales an- siaux, les trésors des Archives départementales évo- ciennes, un voyage dans les cent communes, et quent les menus faits de la vie quotidienne. Ils ra- même un peu plus, qui constituent le Marais Poite- content aussi les débuts de la coopération laitière et vin, de Niort à Charron et de la Baie de l’Aiguillon à du beurre Charentes-Poitou, la chamoiserie à Niort, Benet. Professeur d’Histoire et de Géographie, Guy le nettoyage des canaux du marais ou encore les ban- Brangier invite à la découverte de ce singulier pays, quets démocratiques du 14 juillet... de la fin du XIXe siècle au mitan du XXe. Ce n’est pas G. B. Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013 69
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    Tout dire enparlanjhe ses textes dans l’ouvrage commun sorti chez Geste. Geste éditions, 214 p., 20 € Car, outre des Saintongeais et des Charentais, on y retrouve aussi des auteurs vendéens, comme notre Le parlanjhe est une langue, « star » native d’Aubigny Yannick Jaulin, le créateur celle du Poitou ! Et l’UPCP, l’union de William Poire Jean-Claude Lumet, le curé de pour la culture populaire en Poitou Doix et Champagné au XVIIIe siècle François Gus- et Charente, s’est toujours battue teau, le professeur de musique Ernest Guyonnet pour l’identité de cette langue ré- (1872-1935).... Cet ouvrage collectif, coordonné gionale aux limites des frontières par Liliane Jagueneau, nous permet de mieux com- oil et oc. En Vendée, Michel Gautier en est son plus prendre nos patois et toutes ses variantes. ardent défenseur et on retrouve quelques uns de Ph. G. Vaches de nos régions et la Charolaise, la préférée des éleveurs du cru, est Daniel Brugès bien sûr aux premières loges, animal robuste croisé de Borée, 112 p., 16 € en 1733 en Saône-et-Loire. Evidemment, la Nor- mande aux trois couleurs de robe, fait partie de l’ef- La Vendée est une de ces terres fectif, tout comme la très travailleuse Nantaise qui où la vache est sacrée, l’élevage bo- faillit disparaître, la Parthenaise, la Blonde d’Aqui- vin une tradition. Mais cette terre n’est pas la seule, taine et la rustique Maraîchine, qui revient au XXIe la France entière est d’ailleurs concernée, comme le siècle brouter dans les prairies humides. Un très bon rappelle un charmant petit livre, écrit et abondam- livre sur notre amie la vache, même si on n’est pas ment illustré par Daniel Brugès (originaire du Can- agriculteur. tal, prix Arverne 2010). Chaque race est expliquée Ph. G. Les secrets commanderie située sur le territoire de la commune de la Commanderie de Challans. Ils y travaillent depuis que la ville de de Coudrie Challans a racheté cette ruine devenue grange, voilà Michel Gruet et Yann Masson- deux décennies. Et dès leurs premières investiga- neau tions, la passion a prit le duo Gruet-Massonneau. 325 p., 52 € Et la découverte du cartulaire (reproduite dans ce livre) a été l’élément déclencheur pour évoquer cette Michel Gruet et Yann Masson- commanderie parmi les plus anciennes de l’Ordre neau, respcectivement président du Temple, fondée par le premier grand maître en et secrétaire de la Société d’histoire du Nord-Ouest personne, Hugues de Payns. Un tome 2 est prévu Vendée, ont livré les fruits d’années de recherche dans quelques mois. et de travail méticuleux sur l’histoire de Coudrie, Ph. G. Et L’Autize coule vie en sera irrémédiablement marquée. C’est cette encore... vie, démarquée sans doute, mais si peu, que raconte Marie-Claude You-Clairand Marie-Claude You-Clairand. La prof de lettres 165 p., 20 € trousse là un joli premier roman qui évite les pièges éculés de la chronique rurale, tout en retenant le meilleur de la moelle. Saint-Hilaire souffre avec les Un jour de janvier 1900, un familles des morts de 14-18, accueille les réfugiés de «beurtin», un morceau de bois 1940, découvre le progrès, voit la ville et le monde enflammé, transperce l’oeil de bousculer son univers éternel. Guste traverse ce Guste, le fils unique, l’héritier du siècle, droit comme le peuplier d’Italie qu’il a planté domaine de Calais, à Saint-Hilaire-sur-l’Autize. Sa comme un totem dans le plus beau de ses prés. G. B. 70 Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013
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    Régionalisme Étonnants Vendéens Voilà qu’il veut nous mettre en tête 32 destins de Claude Mercier Vendéens exceptionnels. Ils s’appellent Jean Blan- L’Étrave, 2012, 327 p., 21,50 € villain, Léontine Girard, Jacques-Laurent Paliau. Vous les connaissez ? Bien sûr à côté d’eux on trouve Qui ne connaît pas Claude Paul Baudry, Gaby Morlay, Narcisse Pelletier, Jean- Mercier, ce grand amoureux de la Jacques Audubon… Mais le mérite de ce livre est de Vendée et de sa langue ? Il vient nous dénicher des grands hommes et femmes trop de nous donner « Comment se oubliés et de les ramener dans la lumière. Merci, mettre en goule le patois vendéen ». Claude Mercier. Y. V. Dictionnaire des toujours une grande finesse d’écriture, un diction- célébrités vendéennes naire des célébrités vendéennes, de plus illustrées. Alain Pérocheau 680 personnalités recensées (mais toutes disparues), Geste Éditions, 234 p., 30 €. 300 clichés. Pas forcément de longues biographies mais des textes précis, incisifs. De A comme Ans- Ce n’est pas d’hier qu’Alain quer à Y comme Yole, en passant par D comme Perrocheau s’intéresse à la Vendée. Daroux, L comme Lescure, M comme Morlay et S Tant dans ses romans que dans ses comme Sexé, personne n’est oublié, politique, his- guides. On se souvient qu’il avait torique, artiste, missionnaire… Un fort beau et fort en effet sorti un guide touristique à la fin des années utile ouvrage dans sa bibliothèque. 1980, certainement le guide le plus passionnant fait Ph. G. sur notre département. Cette fois-ci, il propose, avec J’attends tout de même une suite ! J. R. Ce qu’il advint Ces ingrédients ont servi de base au passion- du sauvage blanc nant roman de François Garde. Administrateur des François Garde TAAF, il découvre l’histoire de Pelletier et, s’il prend Gallimard, 327 p., 21,50 quelques libertés avec la vérité, on ne lui en tient pas rigueur… Bien écrit, ce livre se dévore d’une traite. Narcisse Pelletier a bien existé. Comme Narcisse dont l’histoire est celle d’aller- Né en 1844 à Saint-Gilles, il est retour tragiques entre deux mondes aux antipodes, recruté comme mousse. Abandon- à double titre, Garde nous convie, au rythme des né à la suite d’un naufrage sur les chapitres, à des aller-retour entre la vie au sein de la côtes australiennes, il est adopté par les indigènes et, tribu, et les lettres de Vallombrun, idéaliste, explo- pendant 17 ans, vit au milieu de la tribu, s’adaptant rateur raté mais de bonne foi, rendant compte à son à sa nouvelle vie. Remarqué par des marins anglais, correspondant de ses réflexions sur l’énigmatique blanc parmi des noirs, il est ramené à Saint-Gilles, Pelletier. devient gardien de phare. Aussi étonnant que cela Ce premier roman qui est une réussite. Gon- puisse paraître, tout ça, c’est vrai ! court du premier roman. Catherine Blanloeil Le chant de plein air Dans d’autres régions, on dit brioler, arauder, bau- des laboureurs ler... Dans La Mare au Diable, George Sand évoque Actes du colloque sur le dario- «ce chant solennel et mélancolique» des laboureurs lage du Berry. Il figurera peut-être bientôt au patrimoine L’Harmattan, 399 p., 44 € culturel immatériel de l’Unesco. En octobre 2010, un colloque avait réuni darioleurs et chercheurs à «Savez-vous ce que c’est que Mouilleron-en-Pareds, autour de Pierre Rézeau et darioler?» aurait pu écrire Mme de de Jean-Pierre Bertrand. Cet ouvrage rassemble les Sévigné si elle était venue au pays actes du colloque. Il est accompagné d’un magni- de La Châtaigneraie. Les anciens fique DVD présentant les darioleurs de Vendée et toucheurs de boeufs du secteur savent encore le faire. d’ailleurs «touchant» leurs boeufs dans les guérets. Darioler, c’est chanter aux boeufs en labourant. G. B. Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013 71
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    Régionalisme Le cimetière éditée en 1913 et rééditée en 1980, ainsi que dif- des Martyrs d’Yzernay férents textes publiés jusqu’à ce jour sur le Cime- (1794-2012), Georges Michel tière des Martyrs d’Yzernay. On y trouve également Hérault, 144 p., 20 € des témoignages inédits qui apportent un éclairage nouveau sur les massacres de mars 1794 en forêt de Cet livre collectif publié sous la Maulévrier (aujourd’hui commune d’Yzernay). direction de Georges Michel réu- Préface de Jehan de Dreuzy, président du Souve- nit le texte intégral de la brochure nir Vendéen. AHH Les campagnes nantaises d’observations et d’analyses. Le titre – qui s’explique Jean Renard surtout par les rapports fonciers que la capitale ré- Presses universitaires de Rennes, gionale entretient avec son environnement rural – 192 p., 16 € paraîtra forcément réducteur aux Vendéens, acteurs majeurs des évolutions techniques, économiques Pendant trente-cinq ans, avec et sociales de ce demi-siècle. Un ouvrage passion- ses étudiants de l’Institut de géo- nant qui explique clairement les changements des graphie de l’Université de Nantes, paysages, la montée en puissance de l’agriculture Jean Renard a observé les révolu- d’entreprise et de l’agro-alimentaire, l’apparition de tions sociales et paysagères des bocages de l’Ouest, modèles agricoles alternatifs, la recomposition des ceux de Vendée particulièrement, entre 1960 et territoires ruraux avec ce que Jean Renard appelle 2010. Il rassemble et synthétise ici cinquante ans justement «l’exode urbain»... G.B La cuisine tradition- Marie-Aymée Bridonneau revisite les carnets de nelle de Vendée recttes de ses deux grands-mères et les assaisonne de Marie-Aymée Bridonneau conseils, d’anecdotes et de souvenirs. La cuisine de Geste, 109 p., 19,90 € terre s’organise naturellement autour du cochon, la cuisine de mer fleure bon la sardine grillée et la sa- Dans une jolie présentation licorne. Les amateurs de desserts sauront comment à l’ancienne, ce recueil assemble réussir les caillebottes, les flluns et les tourtisseaux. 70 recettes anciennes de la cui- La troussepinette et le vin de pissenlits referment ce sine traditionnelle vendéenne. délicieux recueil aux saveurs anciennes, mais tou- Celles qui étaient à l’honneur pour jours appréciées chez nous... et par ceux qui vien- les grandes tablées des noces et des communions. nent nous voir. G. B. Baie de l’Aiguillon avec lui dans le golfe du Poitou naissant, avec les Roger Éraud Barbares, avec Patrick Walton, «l’inventeur» de la Geste, 575 p., 15.90 € mytiliculture, avec le peuple des marins jusqu’à la naissance de La Faute, cette presqu’île surgie des Née de la mer, soumise à elle eaux, si douloureusement meurtrie par le passage de en dépit des efforts des hommes et la tempête Xynthia. parfois de leurs inconséquences, la La Baie de l’AIguillon est toujours en gésine. Baie de l’Aiguillon demeure un es- Roger Éraud souligne qu’elle sera colmatée par les pace singulier, mystérieux même, vases marines avant que la pointe n’atteigne le cours de la Vendée et du littoral atlantique. Trois fois, de la Sèvre niortaise. L’histoire est donc très loin déjà, nous dit Roger Éraud, ce village né au XIIIe d’être finie. Un regret technique: le format restreint siècle, a été envahi par les flots. Passionné d’histoire de cette prometteuse collection dessert forcément locale, il s’est lancé dans une recherche minutieuse un ouvrage de 575 pages. G. B. de l’origine et de l’histoire de la baie. On avance 72 Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013
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    Policiers L’enfant trouvé aussi de Cugand, en Vendée. Le Net va lui apporter dans un panier bien plus que la documentation voulue. Au déroulé Bruno Picquet de l’arbre généalogique, des portes s’ouvrent, des Kirographaires, 2 x 400 p., 14,45 € informations se croisent, des histoires étonnantes chaque émergent : le phénomène rural d’agglutination fa- miliale, l’activité souterraine des faux-sauniers et des Natif de Nantes, le commissaire Chouans et même la raison qui poussa Joséphine Picquet y a terminé sa carrière pro- de Beauharnais à glousser dans les salons telle une fessionnelle. S’il a écrit la retraite poule. Cerise sur le gâteau, Picquet parvient à nous venue, ce n’est pas pour narrer ses souvenirs de flic, expliquer la source (sulfureuse) des couleurs jaune et ni de faire un polard. Quoique… Bruno Picquet verte du FC Nantes ! Étonnant et curieux livre, écrit ne savait pas que, sans décoller de son ordinateur, il d’une plume maîtrisée, sur un travail d’investigation partait à l’aventure. Au départ, la passion de la gé- digne d’un journaliste. Et dont de très nombreuses néalogie, les racines de ses parents, de Nantes mais pages s’intéressent à la Vendée. Ph. G. Le Labyrinthe d’Agathe qui « contrepète » : vous mélangez le tout avec une Christophe Prat dose d’érotisme et d’ésotérisme et vous voilà sur les Orphie, 180 p., 16.50 € traces, peut-être, d’un tueur en série. Le commis- saire Lasco confie l’enquête à un « bleu » talentueux, Vous prenez un des mystères de le lieutenant, on ne dit plus l’inspecteur, Zélouz ... la cathédrale de Chartres, le laby- Mais pourquoi les romans policiers ont-ils au- rinthe ; un cadavre décapité ; des tant de succès de nos jours ? personnages gouailleurs qui parlent Christophe Prat en possède le secret. un vocabulaire des plus curieux et RMB Destin en torche C’est très bon, facile à lire, facile à suivre, mais journal intime d’une criminelle très prenant et très achevé au niveau psychologique. Maryse Maligne Original, très, bien amené, bien construit... Airvey, 240 p., 19 € Pas de doute, vous aimerez comme moi ! Changement de décor garanti, Méfiez-vous tout Cela secoue d’entrée, vous ne de même un peu de ne pas trop écouter les voix qui vous étiez pas encore rendu compte vous poursuivront dans les jours qui suivront votre que vous étiez une criminelle, et lecture. Mais c’est vraiment très bon... une dangereuse, vous allez le découvrir. J. R. Croix de bois, personnage et pour son troisième policier, vous êtes croix de fer si tu mens déjà complètement « addict ». Jean-Luc Loiret Original aussi, fouillé, avec toutes sorte de per- legeste noir, 446 p., 13.90 € sonnages énigmatiques... Si vous aimez les policiers, si vous n’aimez pas, C’est aussi très bon, en beau- lisez ces deux auteurs, des valeurs sûres qui vous pas- coup plus classique. sionneront autant que les best-sellers du genre. Jean-Luc a trouvé un style, un J. R. Le Tombeau des Anges entraîne des États-Unis au désert Irakien en passant Ludovic Brochard par le Canada et nous emporte dans des considéra- Durand Peyrolles, 140 p., 12, 50 € tions folles : Quel est le destin de notre humanité et qui est celui où celle qui en détient la clé ? Un roman mené tambour bat- Mais oui, parce que la fin du monde en cette an- tant par des flics de choc, un duo née 2012 prend le chemin tant redouté d’une apo- de charme : Delphine et May. Truf- calypse longuement annoncée ! fée de dialogues, l’histoire nous E. T Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013 73
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    Dictionnaire Quelques entrées intéressent directement la de la Contre-Révolution Vendée: la duchesse de Berry, Félicie de Fauveau, la Chouannerie, la Petite Église, le Puy du Fou. Ville- Direction: Jean-Clément Martin bois-Mareuil notamment. Perrin, 512 p., 27 € Deux pages sont spécifiquement consacrées à la guerre de Vendée, présentée comme le mouvement Spécialiste reconnu de la Ré- contre-révulotionnaire le plus important entre 1789 volution et des guerres de Vendée, et 1799, avec des conséquences encore visibles. La professeur émérite à l’Université cause des échecs des républicains est imputée aux de Paris I, Jean-Clément Martin rivalités entre Girondins, Montagnards et sans- dirige la rédaction de cet imposant culottes. Rivalités qui expliqueraient aussi « l’excep- dictionnaire qui recense les événements, les orga- tionnelle violence que les Conventionnels ont laissé nisations et les figures marquantes de la Contre- s’accomplir jusqu’au printemps 1794.» Révolution. Il cible d’abord la France et l’Europe, G. B. mais concerne aussi l’Amérique latine, la Russie et la Chine. Alain Poher aujourd’hui bien oublié. Comme l’ont été son passé de résistant, d’Européen convaincu – il en présida le L’autre force tranquille Parlement – de défenseur des collectivités locales – il David Ouvrard présida l’Assocation des Maires de France, à la suite L’Harmattan, 209 p., 22 € du Vendéen Lionel de Tinguy. Je lis cette biographie, fruit d’une thèse de Disparu en 1996, Alain Poher doctorat en pleine campagne pour la présidentelle fut deux fois Président de la Répu- 2012. Elle propose un regard décalé et plus novateur blique par intérim, présida le Sénat qu’on le croit sur un système bipolaire qui n’offre pendant 24 ans, se présenta sans pas d’autre solution que la continuité ou l’alternance succès à l’élection présidentielle de brutale. Peut-être alors Alain Poher fait-il partie de 1969. Originaire de Fontenay-le-Comte, collabora- ceux qui, dans l’histoire longue, «ont quand même teur d’élus, David Ouvrard retrace le parcours de gagné en perdant», comme Mendès-France, Rocard, cet homme discret, père tranquille de la politique, Chaban-Delmas ou Delors ? G. B. Un acte manqué mande ? Delage se fait aider dans ses recherches par Philippe Mestre un spécialiste de l’histoire contemporaine, membre France-Empire, de l’institut, et on se trouve embarqué dans une aventure passionnante où réel et fiction se mêlent. On appelle ça une uchronie… Le plus intéressant étant peut-être tout ce qu’on Philippe Mestre, sous les traits du apprend finalement de la grande Histoire à travers journaliste Jérôme Delage, ima- cette fiction. On sait le rôle joué par Philippe Mestre gine ce qui se serait passé si… le dans la résistance. Lui seul pouvait se permettre un 11 novembre 1942 le Maréchal livre aussi iconoclaste (car il l’est). On devine qu’il y Pétain avait accepté de rallier Al- a pris du plaisir, car ce plaisir est communicatif. On ger après le débarquement américain. Bien sûr, la retrouve la plume aiguisée de l’auteur de « Quand face de l’Histoire aurait été changée. Quid de la ré- flambait le bocage ». sistance, du général de Gaulle, de la réaction alle- Y. V. Jean de Lattre, de sa pensée apportaient alors leur vision du Maré- chal. Parmi eux, des généraux comme Weygand, Sa- Maréchal de France lan, Béthouart, des politiques, Claudius-Petit, René L'esprit du Livre, 382 p., 26 € Capitant, Paul Ramadier, P.-H. Teitgen, Jules Moch, des hommes de lettres, tels Joseph Kessel, Pierre La Vendée a commémoré au Benoît, des académiciens, des ambassadeurs, des di- début de cette année le soixan- plomates. Leurs témoignages évoquent l'homme, le tième anniversaire de la mort du soldat et le politique. Très complet, cet hommage maréchal de Lattre. La Fondation retrace les heures glorieuses et douloureuses de la Maréchal de Lattre, initiée par son carrière du maréchal: le débarquement en Provence, épouse, réédite l'ouvrage collectif, le franchissement du Rhin, la capitulation du Reich paru en chez Plon en 1953, quelques mois après sa nazi à Berlin et l'Indochine. Et rappellent sa devise, disparition. De nombreux témoins de son action et "Ne pas subir". G. B. 74 Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013
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    Histoire La Guerre d’Algérie dire la beauté. L’émouvant récit de ce pélerinage est Roger Albert le dernier chapitre de ce nouveau livre où s’entre- Geste, 240 p., 11,90€ mêlent le roman et le témoignage. Le héros du ro- man, un jeune médecin vendéen, militant commu- Soldat appelé en Algérie en niste et anti-militariste, partisan de l’indépendance 1957-58, Roger Albert avait algérienne doit, un jour, abattre le fellagha qui va conservé ses carnets de route de égorger un de ses hommes, originaire de son propre l’époque. Carnets publiés chez village de La Tardière. Un dilemme cornélien qui va Geste en 2006. Cinquante ans déterminer toute la vie du médecin, retourné soi- après, il est retourné en pélerinage, gner en Algérie. Roger Albert exprime ici ce que la sur les lieux mêmes de son service, dans ce pays plupart des appelés n’ont pas dit et rêve de nouvelles qui l’a profondément marqué et dont il ne cesse de passerelles entre les deux rives de la Méditerranée. G. B. Vive l’Algérie française ! qui peuplent l’université et les media français. Ceux Robert Ménard qui ignorent les exactions du FLN pour ne retenir et Thierry Rolando que celles des Européens. Ceux qui tiennent pour Collection « Coups de colère », éd- quantité négligeable les 100 000 harkis massacrés, Mordicus, 30 p., 4,95 € les 2 410 pieds-noirs et militaires français enlevés et assassinés, les 220 000 tombes de Français d’Algérie laissées à l’abandon ou profanées depuis 1962, les Les Vendéens connaissent 10 000 pieds-noirs tués au combat au sein de l’Ar- bien Thierry Rolando en tant mée d’Afrique de Juin et De Lattre, les 30 000 es- que conseiller pour l’économie au claves chrétiens détenus à Alger par les Barbaresques Conseil général et qu’élu local à Mouilleron le cap- au XVIIe siècle… tif. Ils savent moins qu’il est aussi président national Rolando et Ménard rappellent au passage l’œuvre du Cercle algérianiste, association mémorielle de la civilisatrice de la France en Algérie, durant 130 ans, culture « pied-noir ». Algérois, il s’est associé à un avec 700 000 enfants musulmans scolarisés dans 16 autre rapatrié, l’Oranais Robert Ménard, fondateur 660 classes en 1960, 18% d’étudiants musulmans de « Reporters sans frontières » et éditorialiste dans à l’université d’Alger pour la même période. Sans l’audiovisuel, pour mettre les pieds dans le plat du oublier les dizaines de milliers de logements, les 14 politiquement correct avec un essai au titre sans barrages et 27 centrales hydrauliques, les 23 ports équivoque. aménagés, les 32 aérodromes, les 4 500 kilomètres Faisant fi des clichés sur les colons faisant « suer de voies ferrées, les 80 000 kilomètres de routes et le burnous » ou sur les « petits blancs » humiliant pistes laissés par les « colonialistes » au jour de l’in- les indigènes, ils font feu sur les « négationnistes » dépendance. Michel Chamard Occupation Occupée sévèrement par l’armée nazie, encadrée et Résistance en Vendée par un clergé conservateur et omniprésent, la Ven- Michel Gautier dée ne pouvait pas être un bastion de la Résistance. Geste, 368 p., 25 € Elle eut pourtant ses héros. Odette Roux, Gaston Marcheteau, Armand Giraud, Louis Buton, Henri Infatigable quêteur de mé- Pigeanne, et combien d’autres. Michel Gautier fait moire, Michel Gautier rassemble revivre les parachutages d’armes, le maquis des Gâts ici les témoignages des Résistants à Dompierre, les martyrs de La Chapelle-Thémer, vendéens de 39-45. Il nous les les poches de Marans et de Pornic où les résistants se restitue dans leur vérité brute et ils n’en sont que battirent jusqu’à la reddition nazie. Dans ces années plus poignants. «Les Vendéens de ce temps-là, pré- noires, la vie, malgré tout, malgré les pires exactions, vient-il, n’ont été ni meilleurs, ni pire que d’autres». a elle aussi résisté, avec ses amours, ses bals clandes- Ces «Quarante millions de pétainistes» dont parlait tins et l’accueil des réfugiés ardennais. C’était l’Oc- Henri Amouroux, à propos des Français de 1940. cupation. Et la Résistance. G. B. Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013 75
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    Revues La France niable. Grâce aux moyens modernes de transport des Outre-Mers et de communication, grâce à la présence des re- Revue Administration, n° 232 présentants de l’État sur place, l’unité de la Répu- 109 p., 19,90 € blique est une réalité, malgré les diversités réelles de ces territoires. L’action des administrations est Pour l’Année des Outre-mers active sur tout le territoire français. Illustration su- la revue de l’administration terri- perbe, colorée, abondante, en renfort des textes de toriale de l’Etat consacre un nu- différents acteurs de la vie administrative, politique, méro à ces territoires, si loin géo- économique, culturelle. Expériences pittoresques, graphiquement, mais si proches « par le sang versé », comme le parcours d’un Sous-préfet antillais à tra- qui totalisent 2,7 millions d’habitants, disséminés vers le Corps préfectoral ou la narration d’une mis- dans l’Atlantique Nord, en Mer des Caraïbes, dans sion en pirogue sur les fleuves guyanais, apportent les Océans Pacifique et Indien. Si l’éloignement de une variété et un intérêt vif à la lecture de cette revue la métropole paraît évident, la proximité est indé- dirigée par notre Vendéen, Jean-Claude Vacher Sports d’audourd’hui Ce numéro, paru en mars 2012, renferme un et de demain précis technique sur la préparation de l’élection pré- Revue Administration, n° 233 sidentielle et un compte rendu de « L’Observatoire 176 p., 12.50 € euro-méditerranéen de l’action territoriale de l’État », tenu en octobre à Marrakech. Échanges sur le dé- Les sports nouveaux dans notre veloppement urbain durable, dans la perspective du société, les enjeux qu’ils représen- récent « printemps arabe ». En France, comme en tent, les infrastructures qu’ils im- Europe et dans les pays du pourtour méditerranéen, pliquent. Pour les J.O. de Londres, les représentants territoriaux de l’Etat assurent la nombre de sportifs ont peaufiné continuité de la mise en œuvre de la politique de leur préparation sur la côte d’Opale. Teddy Riner, développement urbain durable, le développement champion olympique de judo, Céline Gerny, jeune économique et la cohésion sociale ; rôle éminent, cavalière membre de l’équipe de France handisport, irremplaçable pour affronter les problèmes d’avenir évoquent leurs ambitions... de la planète. Les grandes infrastruc- On lira, d’ailleurs, avec intérêt, le dossier consa- tures de transports cré au « grand hamster » d’Alsace, pour lequel des Revue Administration, n° 234 mesures spécifiques ont dû être prises pour sa pré- 112 p., 12.50 € servation, tout en réalisant l’axe nord-Sud alsacien… Transport routier, ferroviaire, aérien, maritime : tous Sujet sensible que celui des les secteurs d’activité sont évoqués, avec leurs enjeux grandes infrastructures de trans- économiques, mais aussi humains. Dans ce numéro, port ! En effet, le débat a souvent il est aussi rendu compte des XIXèmes Journées de été conflictuel entre aménagement Paris, occasion d’échanges entre représentants ter- du territoire, compétitivité et préservation de la na- ritoriaux de l’Etat en Europe, consacrées au « fait ture, économies d’énergie. métropolitain » dans la gouvernance territoriale. Aviation civile : Nombreux, en fait, sont les aspects concernés : Quels enjeux sécurité, aménagement du territoire, développement Revue Administration, n° 235 durable… qui relèvent de l’Etat ou des collectivi- 160 p., 12.50 € tés territoriales. Il faut lire le témoignage du maire de Roissy-en-France, lui qui a vu littéralement « le Quelle place peut être au- ciel lui tomber sur la tête », pour s’en convaincre. jourd’hui celle de « l’Administra- La qualité des signataires, tel le Directeur Général tion territoriale de l’État » dans le de l’Aviation Civile, démontre amplement l’intérêt domaine « mondialisé » du trans- partagé que l’Aviation Civile continue de secréter au port des passagers et du fret ? pays de Blériot, de Saint-Exupéry et d’André Turcat. 76 Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013
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    Revues Lettre aux amis Cette histoire a été rédigée à partir d’interviews de Noimoutier de Noirmoutrins représentatifs, paysans, marins, n° 166, 40 p., 8 € mais aussi « marins-paysans », sauniers, commer- çants, instituteurs, notables, etc. Ils nous ont livré leurs souvenirs qui permettent de mieux com- Le numéro d’été est un nu- prendre le caractère noirmoutrin. méro spécial consacré au « Pont de Illustrations provenant essentiellement de nos Noirmoutier » qui a fêté l’an der- fonds d’archives. nier son quarantième anniversaire. Le pont de Noirmoutier était aussi le thème de Le dossier « Entre passé et avenir, une histoire… » l’exposition que l’association Les raconte la vie sur l’île de Noirmoutier avant et après Amis de l’Ile de Noirmoutier a le pont. Qu’a apporté le pont aux Noirmoutrins ? organisé à Barbâtre, salle Océane, Qu’est-ce qui a changé dans leur vie depuis qu’ils du 21 août au 2 septembre, avec peuvent se rendre à tout moment sur le continent ? une conférence « Noirmoutier, Quelles étaient leurs craintes ? Sont-elles justifiées ? l’ex-île ? » , salle des Oyats, le mer- L’histoire du pont est aussi celle des manifestations credi 22 août avec les interventions à propos du péage, la seule fois où les CRS se sont de Nicole Brunet, Lydia Gaborit et opposés à la population insulaire… Louis Gibier. Le Fenouiller (n° 1 et 2) nuller», le petit foin. Ces deux albums, très variés, Association Histoire et Patrimoine évoquent entre autres le pont et la cale d’embarque- ment du Pas-Opton sur la Vie, le «trésor» de la pa- roisse à la Révolution, la pierre bleue du Fenouiller, Sous l’impulsion de Paul Ga- les traditions paroissiales, l’entre-deux guerres et la teau, fondateur de la chorale Ro- première équipe de foot, les «Crocodiles». Éclec- land de Lassus, l’Association His- tiques, très documentés, servis par une riche icono- toire et Patrimoine du Fenouiller graphie, ces deux premiers cahiers laissent augurer a publié deux intéressants cahiers d’une belle postérité. sur le passé de cette commune du Association «Histoire et Patrimoine», 25, rue du marais breton qui tire logiquement son nom de «fa- Petit-Puits, 85800 Le Fenouiller. G. B. tant d’autres, à maintenir une revue de qualité dans Le Souvenir Vendéen laquelle il y a toujours quelque chose à puiser, hors 74 p., 8 € des lieux communs. n° 259 Il faut dire qu’il y a de la matière et que les adhé- rents, du moins ceux qui prennent la plume, sont de Je n’ai pas le numéro 260, mais haute volée, qu’ils maintiennent le débat sur maints il doit déjà être paru... sujet, se répondant dans le même numéro ou d’un Que dire d’une association et numéro à l’autre. d’une revue qui fait preuve d’une Tout cela est de ma meilleure tenue, avec des ar- telle longévité, avec près de 1000 ticles de fond, la chronique, les échos, les questions adhérents et un nouveau président, réponses pour chercheurs et curieux, et la recension Michel Chatry, que vous connais- des derniers livres parus, avec une iconographie sez tous, qui participe à tous les fouillée, recherchée et de qualité. salons et se passionne pour toutes On ne s’étonnera pas que l’on y revienne sur le les autres sociétés savantes, histo- terme de génocide, et que l’on nous annonce un riques ou littéraires. grand colloque pour 2013... Il faudrait aussi saluer les douze Une revue de passionnés, dont vous faites peut- ans de la présidence précédente de être déjà partie. J. R. Jehan de Dreuzy, qui a réussi, après Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013 77
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    Autres parutions Victor et Valentin Les aventures de deux Yokshires en région pa- Marcelle Martina Griffon risienne, aux Sables d’Olonne ; et les vacances en 50 p., 8 € Italie. Vivre à l’heure canine et câline sur le Remblai des Sables d’Olonne avec enthousiasme, humour et Ni guerre, ni crime, ni catas- tendresse. trophe, ni maladie… une paren- Suivi de Victor et Valentin présentent Mannix et thèse agréable et reposante… Hugo, 80 p., 10 € Thérèse Davesne Nantes Insolite statues, le restaurant flottant, le pont transbordeur Stéphane Pajot et les Transbordés, ce que cache le sommet de la fon- Orbestier, 192 p., 14,50 € taine de la place Royale, les miracles du cimetière Miséricorde, les vikings qui débarquent, etc. À Nantes, la surprise est au coin Rencontrez Nantes grâce à des rubriques théma- de la rue pour qui sait regarder. tiques qui vous dévoileront tout sur l’insolite nan- Ce livre de balades pour dé- tais. Stéphane Pajot, journaliste des pages culture de couvrir l’histoire de Nantes sur la Presse-Océan, est l’auteur de nombreux livres sur fresque de Royal de Luxe, le pas- Nantes et sa région et de plusieurs essais et romans. sage d’Orléans oublié, le « P » des Dénicheur d’archives, à la recherche d’anecdotes plaques de Bouffay, l’incroyable écho de Trente- inédites et de témoignages insolites, il se passionne moult, Nantes qui tangue, les plantes carnivores depuis toujours pour sa ville et en découvre avec le et le labyrinthe du Jardin des plantes, l’histoire des temps tous les secrets. L’ascenceur du diable Jean-Paul Gayot Les cahiers Kometa, 19 € de la santé naturelle Marie-Thérèse, Henriette et Monique Rencontré à Saint-Gervais, Charrier Jean-Paul fait part de son dernier Geste, 240 p., 20 € livre sur une aventure extra conju- gale. Ses cinq livres précédents se Autre trouvaille de salon, ce laissaient bien lire... J. R. précis de médecine naturelle. Vous sauriez déjà tout cela si vous vous étiez un peu occupé de votre Je me souviens de Rose santé, mais vous feriez peut-être bien de le lire en Régine Albert entier ; cela vous aiderait peut-être à comprendre Les Chantuseries, 17 € pourquoi vous avez parfois mal aux cheveux, ou ailleurs, et vous éviterait de manger n’importe quoi, Ados en détresse n’importe comment... J. R. Laurence Pain Les Chantuseries, 16 € Dans le port tout est bon Deux couvertures seulement Michel Moinier sont actuellement disponibles pour Petit Pavé, 144 p., 16 € les prochaines parutions, toujours aussi choisies, des Chantuseries de Il faut faire les salons pour y Bertrand Illeghems, Vous n’êtes rencontrer des auteurs improbables pas obligés d’attendre la sortie du et y faire des trouvailles comme à la prochain Lire en Vendée pour les brocante... acquérir et les lire, la maison est Déjà, la couverture et le titre bonne et les auteurs connus. vous ont attiré, comme la verve de Peut-être nous ferez-vous par- l’auteur. Pas toujours facile à suivre, ce vocabulaire venir une petite recension qui éclai- pour initiés que l’auteur appelle de la gouaille et rera utilement nos plumes ! dont l’humour n’est pas si féroce que cela. À lire au comptoir du bar. J. R. 78 Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013
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    Un demi-siècle d’autres pour entendre sonner les trompes, d’autres en fanfares pour la fierté de porter des habits traditionnels et Diégo de Bodard de la Jacopière enfin, beaucoup de veneurs suivent un équipage Hérault 328 p., 33 € pour le plaisir d’y retrouver des amis, parfois peut- être même pour rencontrer une jolie cavalière. On peut être veneur de beau- Mais l’histoire de l’équipage “Rallye Araize” coup de façons. Certains le sont constitue l’essentiel de cet ouvrage abondamment par amour de la nature, d’autres illustré, puisé dans les trois mille pages relatant par amour du cheval et des chiens, soixante années de vénerie. AHH Le Pays de Fontenay-le-Comte Robert Aujard raconté dessins, Henri Bourgouin 200 pages, 39 € en 100 dessins à paraître en novembre Le rock Nantais tique et personnel, découvrez les 100 chroniques en 100 vinyls et CDS des 100 disques qui ont forgé l’histoire du rock de Laurent Charliot, 29 € notre région. Une sélection audacieuse, du rap au metal en passant par la chanson et le reggae, sur plus Ce Vendéen multiplie les ta- de 3000 œuvres sorties en près de 6 décennies. Lau- lents : la musique et l’écriture ; à rent Charliot récidive après son ouvrage sur le Rock travers son regard érudit, initia- «Grand prix du livre Bretagne 2011». E. T. La Triode quatre musiciens. On y trouve des histoires comme In’ ballade à trouês vouês on en raconte (peu) chez nous. Le grand-père Fabien Mornet « l’peupéi » parle à son petit-fils Janicou. Et de sa Miqueu Montanaro bouche sortent les aventures de Firmon, Caribou, Christophe Soulard Raboulot et mon bia Jouc... Fid’vesse, il s’en passe Luni Lunon de drôles dans ce village de la Bacotère! Le livret est C’est une petite révélation... accompagné d’un CD plein de bruits, d’improvisa- Quatorze contes ou chansons tions, de guitare et de flûte. Le conteur conte. On ne écrits en parlanjhe par Dominique devrait pas avoir fini d’entendre parler des exploits Mornet et accompagnés par le trio «La Triode» qui, de la Triode. comme son nom ne l’indique pas est composé de Y. V. Les mystères de Camille une bonne analyse des sentiments pourtant très Karine Lebert contenus. de Borée, 320 p., 21 € Les thèmes récurrents de l’amour, la jalousie, la réussite sociale, l’adoption, la découverte de ses Encore un bon roman, d’une origines, la guerre et la résistance permettent à l’hé- autre époque encore, mais avec roïne, de se construire au fil des pages et au rêve de une trame, une peinture des se réaliser. elle réussira donc, dans un monde dur, mœurs, des caractères et des gens, hostile et plutôt noir. J. R. Les Fiancés terroir et à l’ancienne ; c’était il y a près d’un siècle. de Saint-Laurent Là encore, l’auteur donne l’impression qu’il a dé- Pierre Sabourin couvert l’histoire de ses grands-parents au travers de de Borée, 340 p., 20 € courriers, d’un journal, de vieilles photographies et qu’il veut la comprendre, l’intégrer comme un héri- J’allais oublier l’autre livre en- tage sacré. voyé par de Borée, une autre his- C’est bien fait, vous allez vous attachez vous toire de familles, d’amour et de aussi à cette famille Sabourin ! J. R. Lire en Vendée - novembre 2012 - mars 2013 79
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    Le coin duCVRH Centre vendéen de recherches historiques Le mot d’actualité À la rencontre de… Au fil des ans, le nombre des auteurs ayant Bernard Pineau contribué aux publications du CVRH est devenu particulièrement important, et notre catalogue Il a avec la commune porte sur les thèmes les plus divers : grandes figures où il vit et qui fait l’objet de la guerre de Vendée ou de la Première Guerre de son premier livre « des mondiale, missionnaires, explorateurs, marais poi- attaches immémoriales ». tevin, agriculteurs, souvenirs et mémoire autour de Ses recherches personnelles sites ou de communes du département… lui ont fait découvrir qu’en Nombre de nos auteurs sont tout disposés à 1828 André Pineau a quitté donner des conférences à la demande d’associations Notre-Dame de monts pour culturelles, ou à participer à des dédicaces organisées Saint-Michel en l’Herm. Du par des libraires ou des bibliothèques. Il suffit de les côté maternel, on remonte inviter par l’entremise du Centre. au XVIIIe siècle, lorsqu’un Ardouin venu de Dom- Par ailleurs, pour être tenus au courant de l’ac- pierre-sur-Yon s’y installe. tualité du Centre, responsables associatifs, bibliothé- caires et libraires peuvent passer par le même canal Né dans une famille nombreuse, son père tra- pour demander à recevoir notre catalogue annuel et/ vaillant dans le secteur para-agricole, Bernard Pi- ou notre lettre d’information électronique. neau a fait ses études secondaires à Sainte-Ursule, à Luçon, avant de devenir professeur de maths dans l’enseignement catholique au Poiré-sur-Vie, puis à Michel Chamard, Saint-Jean-de-Monts. Directeur éditorial Il consacre sa retraite à la généalogie, au hasard d’une réunion de famille qui lui donne l’idée de ras- sembler les descendants d’André Pineau : en 2008, Salon du Livre de La Rochelle il rassemble 180 cousins, dont il dresse pour chacun (7-9 décembre 2012) l’arbre généalogique. Du coup, il cherche à com- Le Centre vendéen de recherches historiques prendre comment s’est réalisée cette implantation sera présent. michelaise, épluche les registres d’état-civil, met en fiche 978 mariés et mariées, en conclut qu’entre la Restauration et la Seconde Guerre mondiale, ce sont L’histoire de la Vendée, de votre région, vous entre 200 et 300 personnes apparentées à sa famille passionne ? Venez découvrir le CVRH à l’Espace qui ont émigré. ENCAN au 7e salon du livre de La Rochelle (7, 8 et 9 décembre 2012). Cette compilation lui donne l’envie d’écrire un L’essentiel de notre catalogue, riche d’ouvrages livre sur sa commune, mais il ne sait pas trop com- consacrés à l’histoire de la Vendée et à ses territoires ment procéder. Il va voir Alain Gérard au CVRH, environnants sera présenté. Ainsi des cartes et mé- qui lui donne une méthodologie à partir d’entre- moires de Claude Masse dans La Côte et les marais tiens et de dépouillement d’archives. Le résultat est du Bas-Poitou vers 1700 (Suire). Vous trouverez en- là : « Quand la mer voudra… » constitue un ouvrage core Le marais poitevin. Une écohistoire du XVIe à de référence sur ce second « Saint-Michel au péril de l’aube du XXe siècle (Suire), qui fait référence. Quant la mer ». à la vie quotidienne sur le marais, vous en lirez un Du coup, Pineau fourmille de projets, toujours aperçu savoureux dans le manuscrit inédit de l’abbé axés sur sa paroisse de prédilection. Il songe à une Pérocheau du Gué-de-Velluire (Rousseau), ou dans étude sur les maçons creusois, qui furent nom- Quand la mer voudra… sur St-Michel-en-l’Herm breux dans la commune pour réparer l’abbaye ou (Pineau). Signalons aussi l’édition critique de La construire des ouvrages d’art (on leur doit notam- Guerre de la Vendée et des Chouans de Lequinio (Ar- ment la « digue des Limousins »), à une autre sur tarit), Lequinio qui fut en poste à La Rochelle sous les employés de l’abbaye, dont les effectifs furent à la Révolution. Et de nombreux autres titres. la hauteur de l’importance de celle-ci à ses grandes Espace ENCAN. Ouverture : vendredi, 14 h-19 h ; heures… Le plus dur va être de choisir. Là aussi, il samedi et dimanche, 10 h-19 h. compte sur le CVRH pour le conseiller. M. C. 80 Le coin du CVRH - novembre 2012 - mars 2013
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    87, rue Chanzy,85000 La Roche sur Yon www.histoire-vendee.com - [email protected] 02 51 47 74 49 Guerre de la Vendée Quand la mer voudra... et des Chouans Bernard Pineau Joseph Lequinio CVRH., 228 p., 20 € Edition critique par Jean Artarit CVRH, 255 p. 23 € Le titre de ce premier livre de Bernard Pineau, né à Saint-Mi- Joseph Lequinio n’est certes chel-en-L’Herm d’une famille de pas le plus connu des terroristes migrants venue de l’autre marais qui mirent en œuvre le projet d’ex- vendée, celui du nord, fait explici- termination de la population vendéenne en 1794. tement référence à la tragédie de la tempête Xyn- Turreau et Carrier ont davantage figuré l’horreur thia qui a endeuillé les communes voisines de L’Ai- du moment. Lequinio, député du Morbihan, repré- guillon et de La Faute. Ici aussi, au commencement, sentant en mission dans l’Ouest, à La Rochelle et était la mer. Et Saint-Michel-en-l’Herm émergera à Rochefort notamment, ports dont il faut fermer plus tard, comme les autres villages voisins plantés l’accès aux Anglais, s’invitera à Fontenay-le-Peuple. sur les buttes calcaires, de ce qui était alors considéré Il y met en place une Commission militaire qui en- comme un désert, puisque c’est le sens même du verra 198 personnes à l’échafaud et y tuera de sa mot «herm». main un prisonnier. Voilà le parfait terroriste ré- Bernard Pineau évoque la longue histoire de volutionnaire qui va pourtant dénoncer la Terreur, Saint-Michel, toujours au péril de la mer, mais aussi sans cesser pour autant de la trouver nécessaire ! de toutes les convoitises, celles des pirates, des Nor- Il développe ses convictions dans un livre, Guerre mands, des Anglais, des Huguenots, et des révolu- de la Vendée et des Chouans, paru en octobre 1794, tionnaires. L’abbaye royale occupe évidemment une dont il prétend qu’il donne une connaissance com- large place dans l’histoire de la communauté miche- plète, ainsi que de ses causes et des mesures propres laise. Envoyés par saint Philbert, les moines d’Hé- à la terminer. «Un des écrits les plus étranges et les rio – Noirmoutier aujourd’hui – débarquent en 682 plus énigmatiques de la période révolutionnaire», sur l’île de la Dive, puis très vite sur l’île voisine, souligne Jean Artarit. plus étendue, du Vieux Condet, le Saint-Michel Ce livre commence quasiment par le Mémoire d’aujourd’hui. La présence monastique durera onze de 31 pages que Lequinio a lu, le 1er avril 1794, au siècles, jusqu’à la Révolution. Vendue comme bien pavillon de Flore des Tuileries, devant le grand Co- national, elle servira alors de carrière de pierres... mité de Salut public. Il y a là, Robespierre, Carnot, L’autre axe central du livre s’articule autour de la Saint-Just, Barère... Accompagné de quatre dépu- conquête de l’espace, au fil des prises, permises par la tés Montagnards vendéens, Lequinio dénonce, en construction de digues successives. Les moines sont termes incroyables, les horreurs des armées de la Ré- les premiers à s’atteler à cette tâche colossale qui se publique dans la Vendée. Il stigmatise les généraux poursuivra jusqu’en 1965. Elles portent des noms qui poussent au pillage, au viol, à la barbarie. Et il qui racontent leur histoire : les digues des Limou- assure, protestations des patriotes des régions sacca- sins (1766), de Malakoff (1855), du Maroc (1912) gées à l’appui, que ce carnage renforce la rébellion, et le moderne polder. Alain Gérard, qui préface le poussant chez les insurgés ceux qui étaient jusque- livre de Bernard Pineau, souligne précisément cet là, fidèles à La Révolution. Prenant les devants, il se esprit de conquête qui a permis de mobiliser l’extra- cisèle aussi une image de modéré, sans écarter pour ordinaire force collective d’où naquit Saint-Michel- autant «l’extermination de 400 000 personnes, mais en-L’Herm. sans cruauté, avec compassion même»... De cette histoire ressort aussi une culture du Ce rapport, prudemment mis sous le boisseau, risque, une solidarité naturelle qui s’incarnera, reparaîtra après Thermidor. Fontenay ne reprochera entre autres, dans la coopération laitière, la «laite- rien à son auteur. Arrêté en août 1795, amnistié peu rie», créée en 1892. Bernard Pineau ne se limite pas après, il servira le Consulat et l’Empire, notamment aux grandes étapes historiques de sa commune: il comme agent diplomatique au Rhode-Island. fait aussi partager la vie quotidienne des Michelais, Jean Artarit dresse un portrait saisissant de cet à différentes époques. Et les pages qu’il consacre à être double, tantôt Mister Hyde, tantôt Docteur l’île de la Dive dont saint Hilaire de Poitiers chassait Jekyll, narcissiste passionné à la recherche du socia- les serpents en 368, ou à l’énigme – résolue – des lisme utopique, prêt à tout, y compris au pire, pour fameuses buttes coquillières des Chaux, sont un ré- forger l’homme nouveau d’un monde meilleur. gal... G. B. G. B. Le coin du CVRH - novembre 2012 - mars 2013 81
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    Les pages desécrivains de la Mer Vendée-Globe, Il lui manquait une chose cap Horn et littérature à accomplir avant d’embarquer pour l’éternité du grand large des marins : Dans quelques semaines, voir et passer le cap Horn ! les candidats au trophée du Vendée-Globe passeront le cap Horn, le fameux cap des tempêtes Quasiment, un demi-siècle après son premier embarquement, il prit la décision d’effectuer une croisière de Valparaiso à Buesnos Aires en passant par Puerto Montt, Punta Arenas, Ushuaïa, le Cap Combien d’écrivains l’ont décrit ? Combien Horn, Punta del Este, Montevidéo, sur un paquebot d’auteurs nous ont entrainés vers le grand Cap ? À de croisière construit à Saint Nazaire. Évidemment l’occasion du rapprochement sportif de notre course le passage du cap à la voile aurait eu une certaine et du point extrême du continent américain, per- allure, mais l’âge préfère le confort de ces immeubles mettez-moi de vous présenter l’histoire d’Antoine, flottants, pourtant ce voyage est l’un des plus mari- un adolescent qui a rêvé de passer le Horn. time qui existe sur le marché. « Nous irons tous à Un jour pendant les vacances d’été, Antoine vit Valparaiso » nous dit la chanson, ce grand port des la mer pour la première fois à Saint-Gilles-Croix- trois-mâts barques du XIXe et début XXe siècle, que de-Vie. Si vous aviez vu ce garçon qui courait vers d’histoires, de romans à ce sujet. Lui, l’ancien ma- l’aventure quand soudain ELLE était là ! rin, que d’émotions et de souvenirs sont remontés Après être passé par les quais qui sentaient fort à la surface de son âme aux premiers tours d’hélice, le poisson, enfin il l’a dominait du haut de ses douze certains pourraient dire : « coup de blues », vrai ! ans. Quelques jours après, à La Rochelle, Antoine C’était le quinze janvier 2012. regardait un cargo sortir du port de La Pallice, cinq Valparaiso était déjà derrière nous, une escale à ans plus tard il embarquait à Calais sur un navire Puerto Montt, la porte de la Patagonie chilienne, de la regrettée Compagnie des Bateaux à Vapeur du Antoine eu une pensée pour Francisco Coloanne, Nord. Dur de commencer sa navigation comme no- l’écrivain du cap Horn, né non loin de là sur l’île vice pont et surtout de ne pas être breton ou vendéen de Chiloé. Après une navigation à travers les fjords comme tout l’équipage. Combien d’apostrophes a- chiliens et nous voici à l’entrée ouest du détroit de t-il entendues comme « parisien » - pas vraiment un Magellan, exactement à quelques milles du phare compliment dans la marine - et surtout le célèbre des Evangélistes, nous avons fait route sur Punta leitmotiv : « Dans la marine, il y a ceux qui navi- Arenas. Escale très agréable, il y a environ cent ans, guent parce qu’il n’y a rien d’autre à faire dans leur c’était le port ravitailleur de charbon pour les ba- pays et ceux qui naviguent victime de leur lecture ! teaux qui transitaient entre les deux océans avant » Le temps passa, il devint matelot, et il appartenait l’ouverture du canal de Panama. Au centre de la ville, maintenant aux Peuples de la mer, cher à notre écri- sur une très belle place, se trouve la statue colossale vain Marc Elder dont on fêtera l’année prochaine de Magellan. La tradition veut que ceux qui traver- à Noirmoutier le centenaire de son prix Goncourt. sent pour la première fois le Détroit embrassent ou Quarante ans après, Antoine termine son der- touchent le pied gauche du Patagonien statufié sous nier embarquement comme capitaine. celle de Magellan, ce qui veut dire qu’ils reviendront Pourtant, jamais le Horn ne fut doublé par un un jour à Punta Arenas. des navires où il était embarqué. Le paquebot fit une escale à Ushuaia, un « aven- Le cap de Bonne-Espérance, il connaissait, celui turier », médiatisé par les télévisions françaises, vous de Tasmanie aussi, mais le grand troisième : jamais en a déjà entretenu longuement en oubliant l’aspect vu ! maritime de ce lieu. 82 Les écrivains de la mer - novembre 2012 - mars 2013
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    02 51 9855 04 [email protected] http://evrivains-mer.fr Face au cap ! Une heure plus tard, un éclat blanc toutes les cinq secondes perçait la bruine. Nous approchions de cette falaise qui semblait, dans la grisaille, une Cap sur le Horn ! C’était le but ultime du sorte de dragon à moitié immergé prêt à happer le voyage, ensuite ce sera la remontée au nord dans moindre navire passant au large de son gite. Dans l’Atlantique. le jour naissant, nous commencions à voir la tour Nous avons appareillé dans la soirée, déposé blanche à bandes rouges située à 127 mètres de hau- le pilote à Puerto Williams, côté Chilien du canal teur. Le paquebot vira au sud du cap pour prendre de Beagle si cher à Darwin. Au cours de la nuit, ensuite une position de dérive sous le vent à l’abri Antoine vérifia sur la carte diffusée par la télévision des rochers. du bord qu’après Isla Nueva, le navire prenait bien Une certaine appréhension gagnait notre passa- la route du cap Horn. Une diffusion générale nous ger, il avait peur de détruire son rêve. Et si le grand avait prévenus, la veille, qu’en cas de mauvais temps cap n’était qu’une réplique de la Pointe du Raz ou le capitaine pourrait éviter cette « escale ». Quelle autre lieu dangereux pour la navigation. Pourtant déception cela serait ! Ouf ! À deux heures du matin, la puissance mythique du lieu le submergea. Aucun nous étions sur la bonne route. Le temps était maus- marin ne peut oublier les navires et les anciens qui sade, le vent soufflait force 6 à 7 nord-nord-ouest. ont disparu là. Soixante bâtiments de tous genres se Le 22 janvier 2012, vers quatre du matin nous sont abîmés dans les eaux du Horn, pas étonnant avons doublé la minuscule île de Barnevelt, prati- que certains navigateurs lui donnent aussi le nom quement l’entrée de l’archipel des îles Hermitte. de « cap Dur ». Les écrivains de la mer - novembre 2012 - mars 2013 83
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    Les pages desécrivains de la Mer Il se trouvait face à ce fameux Cap si craint des La saute des bourrasques empêchait la mer de marins. Oh! Combien de marins, combien de capi- se former. taines… (Inutile d’aller plus loin, vous connaissez On découvre sur la crête de la falaise le phare !), sont arrivés ici et sont restés de nombreuses se- pas très impressionnant avec sa petite chapelle, mais maines, « vent d’bout », sans pouvoir doubler le pro- il est impossible d’aborder l’île avec les moyens du montoire et souvent ont fait demi-tour pour passer bord par ce temps. au large du cap de Bonne-Espérance et au sud de la Antoine pensait aux écrivains de sa jeunesse : Tasmanie pour rejoindre un port du Pacifique. Au Louis Lacroix, Armand Hayet, Georges Aubin, Ber- nord-ouest, à environ 30 milles se trouve le Faux nard Frank, Francisco Coloane, Jack London, qui, Cap Horn, aussi dangereux que le vrai. Il a été sou- dans son inoubliable roman « Les Mutinés de l’El- vent confondu par les capitaines venant de l’ouest, seneur » nomme le Cap Horn : le Bout du doigt du les coques des navires naufragés écrasées sur la côte monde ; sans oublier Slocum, Vito Dumas, Bernard reste là comme ultime avertissement pour prévenir Moitessier, les premiers plaisanciers à avoir osé le nos navigateurs du Vendée-Globe. cap. Et puis, il existe tous les auteurs qui n’ont pu Le grand moment de sa vie était arrivé, il était à s’y rendre comme Jules Verne. quelques encablures des rochers. Le vent soufflait. En souvenir des valeureux cap-horniers, notre ca- Nous sommes entre les cinquantièmes hurlants et pitaine retraité avait confectionné avec des fleurs en les soixantièmes mugissants, par 56° de latitude Sud, papier un petit bouquet tricolore, il le lança sous le pourtant c’est l’été austral. Il était impossible de se vent. En quelques instants ce symbole avait rejoint tenir debout sur le pont 4 sans se protéger derrière les abymes maritimes ! des apparaux du bord. La pluie tombait par inter- mittence. René Moniot Beaumont 84 Les écrivains de la mer - novembre 2012 - mars 2013
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    02 51 9855 04 [email protected] http://evrivains-mer.fr qoVop Je les ai oubliés, puis retrouvé à Montaigu. For- Baptiste Berthelo, Manuel Lizé, midable aventure, de la jeunesse, du rêve accompli, William Bonnamy extraordinaire. Un tour du monde à la voile Vendée/ La Découvrance 2011, 307 p. Vendée, sur un vieux bateau de plaisance, avec des moyens financiers plus que modestes, sans forma- Ils étaient déjà au départ du tion, sans connaissance nautique, l’aventure au sens dernier Vendée Globe ; comme propre du terme. Discrètement, ils découvrent les Ulysse, ils voulaient affronter Poséi- océans, avec ses joies et ses frayeurs, et les peuples de don, et cela me les rendait fort sym- la mer lors de leurs nombreuses escales. pathiques. Nous, marins du commerce, restons tou- Aller au-devant des autres, sans esprit de compé- jours un peu perplexes devant de telles ambitions. tition, une des clefs de l’humanisme. Ils ont osé, j’en Mais ce sont mes rêves d’autrefois, suivre les routes ai pris ma part de bonheur : des vrais marins. des Slocum, Gerbault et autres Bardiaux. RMB Il était une fois J’aime me replonger dans les témoignages de des marins tous ces pêcheurs vendéens dont certains ont appa- Jean-Paul Léger reillé vers le grand large de l’éternité. Ils ont vécu en Maurice Gindreau hommes, avec les moyens créés par des civilisations La Découvrance 2011 – 186 p. millénaires, sans radio, sans sondeur, sans moteur... Le modernisme facilite le travail et la sécurité des Le monde change, une frac- marins, mais ces pêcheurs avaient développé et gar- tion de seconde et le monde est dé l’intuition maritime nécessaire sur mer. sur votre ordinateur. La marine de Cet ouvrage écrit par des gens de mer, un curé pêche subit de plein fouet cette marche essoufflante navigateur Maurice Gindreau et un collectionneur de vers un avenir incertain. La mer, elle, ne change pas. mémoire Jean-Paul Léger, dit Roland Mornet dans Deux certains paquebots, au début du siècle dernier sa préface, remet le Grand-Métier, comme l’appelle et aussi de ce siècle, en ont fait les frais : la vanité Jean Recher, dans notre patrimoine.. humaine ne passe pas sur l’océan. RMB Épines coffres pleins de pièces d’or qui, eux, demeurent Bruno Coulon introuvables. Le douanier qui a découvert le com- Les productions du 24 décembre, mandant est accusé de vol. Depuis lors, à l’Épine, 135p., 15 € les habitants n’ont jamais cessé de raconter, toujours Ce roman noirmoutrin est à la en secret, comment les événements se sont déroulés, fois un documentaire et une fic- quelle famille a profité de l’aventure, laquelle a été tion. En 1368 un navire anglais victime. Tout le monde sait mais la vérité est tabou. fait naufrage au large de Noirmou- Anna et Louis cherchent à comprendre pourquoi ils tier, près de l’Epine. n’ont pas le droit de s’aimer. On retrouve le corps du commandant qui s’était Une histoire de marins. Une énigme. Intéressant embarqué sur une péniche de sauvetage avec deux malgré de nombreuses coquilles. L. G. Tempête vaincre les Vénètes, marins accomplis et maîtres du sur l’Atlantique Golfe du Morbihan. S’il y parvient, la voie est libre Yannik Chauvin pour atteindre l’objectif ultime, la Bretagne, qu’on Pascal Galodé, 359 p., 21,90 € ne dit pas encore Grande. La démarche d’Yannik Chauvin, c’est de rendre l’Histoire vivante, de l’in- Après un détour par l’épo- carner dans des personnages bien sentis, dans des pée normande de Guillaume le lieux bien décrits, dans des actions tourmentées. Il Conquérant, Yannik Chauvin reste fidèle à une rigoureuse chronologie qui juxta- poursuit son roman de la guerre pose les événements, les complots et les batailles. des Gaules avec un quatrième Le renvoi en fin d’ouvrage des notes historiques Livre. César, qui s’est rendu maître d’une grande rend plus limpide la lecture de ce passionnant ro- partie de la Gaule, veut en parachever la maîtrise man de toge et de glaive. avec la conquête de l’Ouest. Il lui faut pour cela G. B. Les écrivains de la mer - novembre 2012 - mars 2013 85
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    Les pages desécrivains de la Mer Écrivains travail. Pline disait : Il n’y a pas de si mauvais livre où des Sables-d’Olonne l’on ne puisse apprendre quelque chose, et Cocteau : un Voyage au cœur beau livre, c’est celui qui sème à foison les points d’in- terrogation. de leur bibliothèque Quelqu’un n’a-t-il pas comparé les livres à un Claude Goumoëns jardin ? ici, ce n’est pas un jardin, mais un parc tout Éditions de Beaupré , 357p. entier, les livres en sont la végétation et leurs cou- vertures évoquent les couleurs des essences rares ; Les Sablais la connaissent bien, au milieu de ces massifs livresques aucune statue, l’ancien conservateur de leur bi- mais un homme ou une femme de lettres qui livre bliothèque. Claude Goumoëns, telle une ethnolo- quelques secrets de ses recherches, pas totalement gue, fait un périple bibliographique dans le monde bien entendu ! de l’écrit du Pays-des-Olonnes. De bibliothèque en Pour Julien Green, un livre est une fenêtre par bibliothèque, le jardin secret de nos auteurs. laquelle on s’évade, Lisez l’ouvrage de notre biblio- Heureux comme un poisson dans l’eau, dit un pro- thécaire et vous saurez comment nos écrivains s’ins- verbe, nos auteurs éprouvent une joie intense à vous pirent pour écrire, et à coup sûr avec eux, vous vous montrer où ils passent une grande partie de leur vie. évaderez du moment présent ! Ces rangées de livres sont aussi des instruments de RMB Ma vie de marin Jean Bonnin se présente afin de prendre la mer pour Jean Bonnin la première fois. Il a 12 ans, il vient juste d’obtenir Les Amis de l’Île de Noirmoutier, son certificat d’études ! 208 p., 15 € Une aventure qui va durer plus de soixante an- nées, sur les mers et les océans du monde entier. Une Jean Bonnin était de la race de vie palpitante entièrement vouée à la navigation et ces grands marins qui n’ont vécu au commerce maritime, une découverte émerveillée que pour la mer et par la mer et de tous les continents. Il est un des derniers à avoir ont écrit les plus belles pages de franchi le cap Horn sur les fiers navires à voile de la l’Histoire de notre marine. Cet intrépide capitaine marine marchande. À 73 ans, il effectue son dernier originaire de l’Épine sur l’île de Noirmoutier avait voyage, quatorze mois le long des côtes africaines. prévu une dédicace : ...à ma famille et à mes amis. Il Un témoignage rare de la vie sur les océans au contient tous mes souvenirs de marin, depuis mon état de début du siècle dernier, notamment sur les tech- mousse jusqu’à celui de commandant du dernier navire niques et la terminologie de la navigation à voile à sur lequel j’ai navigué… cette époque. Pour tous les passionnés de naviga- L’histoire commence le 4 septembre 1912, au tion, les marins et le grand public, se lit comme un bureau de l’inscription maritime de Noirmoutier, roman d’aventure. Garde-Marine venir Garde-Marine. On ne le dit pas assez souvent, Éric Gautier mais l’âge d’or de la Marine a eu lieu sous le règne Pen-Gan, 555 p., 21,50 € de Louis XVI. L’amiral d’Estaing, La Pérouse, etc. tous ces grands marins sont du XVIIIe siècle. Même Les Gardes-marine sont les an- Chateaubriand devait passer l’examen de garde-ma- cêtres des élèves de l’École Navale. rine, son allergie à la discipline l’a détourné de cette Peu de gens savent que Richelieu carrière. est le créateur en 1627 de cette Ce roman historique aux multiples péripéties va formation et Colbert les organise vous donner une profusion d’informations sur l’his- en compagnies d’élèves officiers en 1670. toire de notre Marine. Éric Gautier nous plonge dans la Marine de Descendant de marin, Éric Gautier ne serait-il Louis XVI à la suite des aventures du jeune Laforest- pas garde-marine dans l’âme ? Dombourg, promu par son rang de naissance à de- RMB 86 Les écrivains de la mer - novembre 2012 - mars 2013
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    02 51 9855 04 [email protected] http://evrivains-mer.fr Atoll’ personnes vont plonger sur l’épave: Martin et Sté- Andréa Carluccio fani, amis d’enfance qui se sont retrouvés sur l’atoll, Elzévir, 289 p.,19 € plongent en sportifs, pour le plaisir; le professeur Pendant la guerre, un cargo a Kaplan et son assistante, la belle Ellina,recherchent été coulé par les Japonais, non loin la statue dans l’intérêt de la science; mais le redou- du petit atoll Uvéa Il avait à bord table Petzer et son homme de main sont prêts au une statuette en or massif qui n’a pire pour s’approprier cet objet de grande valeur. pu être récupérée. Trois groupes de L’imminence du danger n’empêche pas les jeux de l’amour. L. G. Les Mémoires de Long Yang vier Merbau est-il un émule de Marco-Polo ? Vous Olivier Merbau entrez dans l’intimité du fils du ciel, c’est-à-dire Durand-Peyrolles,140 p., 14 € l’empereur de Chine ; un jeune paysan, Long Yang, Mention spéciale du prix Écume le fils de la terre, devient l’ami du puissant jeune de Mer 2010 seigneur. Vous découvrez les philosophies chinoises, une véritable voie vers la sérénité. En passant par les Un authentique homme de délices de la Chine, ses guerres, ses intrigues… et mer, convoyeur de nombreux les pirates qui vivent dans un fief qui était « cet en- yachts un peu partout dans le trelacs indescriptible de bras de mer, cet imbroglio monde. d’îles et de rochers, ce fouillis de cailloux calcaires, Parler de la Chine, s’inspirer d’un conte, décrire ce labyrinthe aquatique de la baie d’ha Long, à la un temps proche de la fin de l’Empire romain, Oli- limite du Guangxi. » RMB Titanic, l’épopée écrite Qui mieux que notre ami (et mon compatriote) René Moniot Beaumont René Moniot Beaumont, ancien officier de marine La Découvrance, 118 p., 15 € marchande et président fondateur de la Maison des écrivains de la mer, à Saint-Gilles Croix de Vie, pou- Voici tout juste un siècle, le 14 vait rassembler une anthologie de cette catastrophe, avril 1912, le « Titanic », géant des qui hante aujourd’hui encore la mémoire des foules mers lancé deux semaines aupara- et l’imagination des écrivains et des artistes ? vant, sombrait après collision avec Les textes réunis dans cet ouvrage constituent un iceberg géant, engloutissant une véritable croisière au fil des pages de livres et de 1 500 de ses passagers. Ce drame, le plus grand nau- journaux, sous des plumes souvent illustres, comme frage de l’histoire maritime, allait défrayer la chro- celle de Josef Conrad, Edouard Peisson ou John nique pour un siècle par l’ampleur du nombre de Dickson Carr. victimes, la taille du navire et la brièveté de son existence. M. C. La perte du Titanic, Dans l’avant-propos, Lawrence Beesley suggère… le témoignage d’un rescapé pense… et il lui semble que… » Je ne suis pas d’accord Lawrence Beesley avec ses analyses, mais lors des catastrophes, les non- Durand-Peyrolles, 172 p., 1a € spécialistes se font plus entendre que les hommes du métier. L’auteur a vécu ce naufrage, mais peut Pour une fois, la revue aborde difficilement analyser toutes les facettes du drame un auteur anglais qui vécut aux comme les marins. Le 14 avril 1912, la malchance U.S.A. Le traducteur est notre surtout était sur la route du Titanic. ami Patrick Durand-Peyroles, lui- L’importance de son témoignage réside dans ses même Américano-Vendéen, éditeur à Bourneau. réactions face au drame, Beesley nous fait part de Le Titanic a généré de nombreux ouvrages tra- ses sentiments, de son ressenti, de ses pensées lors duits pour la plupart en français. The Loss of SS. de cette effroyable nuit. Les commissions d’enquête Titanic, publié six semaines après la catastrophe par demandent des faits, mais les émotions devraient un rescapé de seconde classe récupéré par le navire être prises en compte pour sentir la tragédie, l’au- à passagers Carpathia, était introuvable en français. teur et son traducteur l’ont fait. Patrick Durand-Peyroles l’avait, il l’a traduit ! RMB Les écrivains de la mer - novembre 2012 - mars 2013 87
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    « Entre unefiguration allusive et une abstraction matiériste, j’explore différentes techniques, j’emploie celles qui révèlent le plus subtilement, avec le plus de puissance, l’intensité des couleurs et les effets de matières. Je pars de ce que je vois, perçois, juste le temps de mémoriser des images pour ensuite les transformer, leur donner une autre dimension, entre transparence, matité et brillance. Le ressenti et la libre interprétation de l’œuvre restent une fenêtre ouverte sur l’imaginaire. » Œuvre présentée : Requiem pour une danse HAN – Peintre-Plasticienne LES ÉCRIVAINS Lire en Vendée DE VENDÉE a pour mission de faire connaître LES AMIS les œuvres littéraires vendéennes. 1210864 DE L’HISTORIAL DE LA VENDÉE Merci de communiquer vos ouvrages à : Société des écrivains de Vendée, Bibliothèque pour tous Imprimerie Offset Cinq Édition • 02 51 94 79 14 85280 La Ferrière Lire en Vendée est une publication de la Société des Écrivains de Vendée Mise en pages : J. R. Impression : Imprimerie Offset 5 Édition, La Mothe-Achard Ce numéro est tiré à 6 000 exemplaires. Site Internet : www.ecrivains-vendee.fr