1
Société
des
Écrivains
de
Vendée
amis
de
l’Historial
de
la
Vendée
n° 36
décembre 2022
décembre 2023
LireenVendée
ÉchosMusées
Des auteurs
Des Tas de livres
Des éditeurs, des pages
et des pages pour quelques €
et...
découvrez les activités
des Amis et du Musée
de l’HISTORIAL de la Vendée
2
Émile Gabory
Archiviste
et historien,
il aurait eu 150 ans...
Émile Gabory est né et mort à Val-
let, en 1954, à 82 ans ; et donc né en
1872, un 17 décembre. Il y a 150 ans.
D’où ce clin d’œil dans nos co-
lonnes ! Écrivain, historien, archiviste, poète, Émile Gabory fut aussi
viticulteur. Il ne pouvait échapper au destin de son terroir natal, d’autant
que ses parents étaient vignerons. Dans ce domaine, Émile fut même un
expert.
Le jeune Gabory viendra faire son service militaire, deux ans durant,
à la Roche-sur-Yon, au 93e Régiment d’Infanterie. En 1899, il a 27 ans,
il est grièvement blessé dans un accident ferroviaire, accident qui fera de
nombreux morts près de la gare de Juvisy. L’indemnité due à cet accident
lui permettra de visiter la Grèce, l’Égypte et la Palestine. Tandis que ses
études menées à l’école nationale de Chartres lui permettront de décro-
cher le titre d’archiviste-paléontologue.
Archiviste, il le devient en 1905, pour le département de la Ven-
dée ; puis, en 1911, pour le département de la Loire-Inférieure, jusqu’en
1937. Mais c’est durant ces six années dans les archives vendéennes qu’il
prendra la mesure de ce que fut la guerre civile de 1793. Au point qu’il
s’en fera l’historien.
En raison de ses blessures ferroviaires, il sera réformé pour le conflit
14-18. A sa retraite, en 1937, il deviendra premier adjoint au maire de
Vallet ; puis conseiller général en 1938, réélu à ce poste en 1945…
Impartial entre Blancs et Bleus
L’écrivain ? C’est en 1913 qu’il fait parler de lui, avec son « Napo-
léon et la Vendée », ouvrage qui sera récompensé du Prix Thérouanne
de l’Académie française, en 1914… Après la Première Guerre Mon-
diale, en 1922, Gabory publie « Les Bourbons et la Vendée » ; puis
« La Révolution et la Vendée », en 3 volumes (entre 1925 et 1928), une
somme qui fait parler !
Si des critiques cataloguent l’auteur de contre-révolutionnaire, favo-
rable aux Blancs, il n’est pourtant ni militant ni hagiographe. Il est sur-
tout scrupuleux dans ses recherches, beaucoup plus que Crétineau-Joly
ou Michelet, par exemple ! Il est suspecté dans les deux camps ! C’est
dire son impartialité.
Mieux : pour éclairer plus encore sur cette horrible guerre fratricide,
il s’en va poursuivre ses recherches en Angleterre, enquête qui débouche-
ra sur la sortie (en 2 volumes) de « L’Angleterre et la Vendée » (1930-31).
Et qui établit que les Anglais ne furent pas de faux alliés comme souvent
prétendus, tant à Granville qu’à Quiberon et l’île d’Yeu.
On lui devra aussi « Vie et mort de Gilles de Raiz, dit à tort Barbe-
Bleue » (1926) ; et une œuvre posthume sortie en 1963 : « Les grandes
heures de La Vendée, les convulsions de l’Ouest ».
À Nantes, une rue porte son nom.
					 Philippe Gilbert
Salons du livre en Vendée
année 2023
Printemps du livre à Montaigu :
24, 25 et 26 mars
Saint-Gervais :
22 et 23 avril
Angles : en juin
Moutiers les Mauxfaits :
août
Chaligny (Ste Pexine) :
23 et 24 septembre
Le Poiré s/ Vie au Beignon Basset :
1er
octobre
Le Langon :
19 novembre
Le salon de Jard a lieu tous les 2 ans
dorénavant ; le prochain en 2024.
Salon de Grasla (Les Brouzils) : idem,
le prochain en 2024.
Agenda 2023
3
C’était un matin de juin dernier. Nous étions là, avec
un tout petit nombre de parents et d’amis, dans l’ancien
cimetière de La Tranche-sur-Mer, pour accompagner
Michel Dillange dans son dernier voyage. Jacques, Alain,
Pierre et moi, pour lui dire, en silence, avec beaucoup
de respect et d’admiration, l’au-revoir et l’hommage des
Écrivains de Vendée. Jacques Bernard, qui était son ami,
rappelle dans ces pages ce que fut l’homme, l’architecte
en chef de l’État, le Conservateur du Palais Royal et de
la Sainte Chapelle, l’érudit, l’écrivain. Et notre président
pendant huit ans, de 2000 à 2008.
Jean de Raigniac lui succéda, jusqu’en 2015. Nous
savons tous son engagement pour le rayonnement de
notre société et son investissement dans la réalisation de
« Lire en Vendée ». Lorsqu’il a souhaité passer le flam-
beau de la présidence, les membres du conseil d’adminis-
tration ont pensé que c’était à moi de prendre la relève.
Ont-ils bien fait ? À vrai dire, je n’en suis pas sûr…
Ce dont, par contre, je suis sûr, c’est d’avoir eu du
plaisir, et même du bonheur, à avoir été pendant près de
sept ans, votre président. J’ai eu la grande satisfaction de
voir nos rangs s’étoffer, d’accueillir les jeunes auteurs qui
nous ont rejoints, et de vous retrouver souvent, lors de
nos assemblées, de nos déjeuners d’été, des salons ven-
déens et des rencontres littéraires. J’ai aimé ce compa-
gnonnage animé, cette convivialité, ce climat de liberté
et de partage et je vous remercie sincèrement de votre
appui et de votre confiance.
Nous sommes allés ensemble
sur les « lieux » des grands au-
teurs vendéens pour leur rendre
hommage et nous ressourcer au
contact de leur vie et de leurs
œuvres. Louis Chaigne, Rabelais
et Agrippa d’Aubigné, Clemen-
ceau, Jean Yole, Jean Huguet et
Joseph Rouillé, nos deux pères
fondateurs, et Jean Rivière. Nous
aurons prochainement l’occasion
de nous souvenir, à Péault, du
poète Pierre Menanteau.
Chaque année, à l’Hôtel du
Département, nous avons cou-
ronné, avec le Prix des Écrivains
de Vendée et celui des Écrivains de
Vendée – Crédit Mutuel Océan,
deux auteurs vendéens ou qui
été inspirés par notre Départe-
ment. Ce furent, à chaque fois,
des beaux moments, parfois char-
gés d’émotion, avec en particulier
Pierre Mauger et Michel Adrien.
La sélection pour les Prix 2022 se
révèle de haute volée.
Surtout, nous avons avec
notre revue « Lire en Vendée –
Échos Musées » présenté et com-
menté chaque année plus de cent
ouvrages, dans tous les domaines.
L’Histoire – avec le CVRH – et
la mer, toutes les deux si impor-
tantes pour la Vendée, y occupent
une place légitime. L’actualité lit-
téraire, le cinéma, les souvenirs
font aussi la diversité et l’intérêt
de cette revue, séduisante et gra-
tuite, que tant d’autres départe-
ments nous envient.
C’est à Alain Perrocheau, qui
est, avec Yves Viollier, l’un des
créateurs de la Société des Écri-
vains de Vendée, qu’il revient
maintenant de conduire sa des-
tinée. Il saura le faire, et le faire
bien, avec d’abord le soutien des
membres du Conseil d’adminis-
tration, et celui de tous nos adhé-
rents.
Alors, bon vent et bon cou-
rage, Alain. Belle année littéraire à
tous les auteurs vendéens, longue
et belle vie à notre Société.
				
		 Gilles Bély
La Société des Écrivains de Vendée
nouveau président :
Alain Perrocheau
L’amitié, le soutien et le partage
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Hommage
Michel Dillange
Le 10 juin de cette année, Michel Dillange nous a
quittés. Il a été inhumé le 23 juin au cimetière ancien
de La Tranche sur Mer où un hommage civil lui a été
rendu, en présence d'une délégation de la Société des
Écrivains de Vendée dont il fut le Président apprécié
de 2000 à 2007, succédant à Joseph Rouillé, président
fondateur de la Société.
Originaire de Luçon, il a mis, sa vie durant, sa pas-
sion et son talent au service de la Vendée qu'il chéris-
sait. Architecte libéral de profession, Michel Dillange
fut nommé architecte des Bâtiments de France en
1987, puis architecte en chef urbaniste de l’État. Il a eu
en charge la conservation d'édifices prestigieux comme
la Sainte Chapelle et le Palais Royal. Docteur en His-
toire de l'Art, ses qualités d'historien et d'écrivain lui
ont valu nombre de titres de reconnaissance : Chevalier
de l'Ordre du Mérite, Chevalier de l'Ordre des Arts et
des Lettres et lauréat de l'Académie Française.
Homme de grande modestie, il ne faisait jamais
état de ses titres et récompenses, si ce n'est de la plus
chère à son coeur, le Prix des Écrivains de Vendée, dé-
cerné pour son exceptionnel ouvrage sur l'Art Roman
en Vendée.
Michel Dillange était aussi membre du Souvenir
Vendéen de Clemenceau et de la Société Française
d'Archéologie. Il repose aujourd'hui en cette terre de
Vendée qu'il a tant aimée.
			 Jacques Bernard
Repas d’été des Écrivains de Vendée. J. Bernard, M. Brossard ,
Y. Viollier, Michel Dillange, août 2012 , Photo Ch. David
Bibliographie :
Art roman en Vendée (1984), La Conciergerie (30 pages),
La Sainte Chapelle (32 p.), Histoire de la Vendée monumentale
(2012), L'Arc de Triomphe (32 p., 1983), Comtes de Poitou,
ducs d'Aquitaine (1995), Se souvenir de la Vendée (2007), avec
Michel Gautier, Guillaume LX d'Aquitaine, le duc troubadour
(2003), Vendée Romane (1976) Prix de l'Académie Française,
Prix René Pétiet, La vie comme un poème, Le pêcheur et le poisson
bleu et autres nouvelles (99 p., 2010), À propos du jeu de clés
au Moyen-âge (1993) voir Bulletin LMonumental, tome 151,
année1993
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Le téléphone a sonné
le matin de l'Ascension,
le 26 mai. C'était son fils,
Jean-Marc : « Papa est
mort. » Il était fatigué, il
lui avait dit, la veille au
soir : « Tu passeras voir
demain matin, si je me
réveille. » Jean-Marc l'a
trouvé dans son lit les lu-
nettes sur le nez, le livre
qu'il lisait à côté de lui.
Il n'était plus là. Il était
parti. Il avait pris soin, la
veille encore, de Berna-
dette son épouse. Il allait avoir 84 ans. Il ne bougeait plus beaucoup de sa maison de
Marcillac. La tribu Michelet regagnait régulièrement le nid familial pour les vacances.
Il m'avait téléphoné quelques jours avant, il m'avait dit qu'il était fatigué mais je n'ai
pas été alerté. Notre conversation s'est terminée par l'habituel : « Salut, vieux frère ! »
Le frère s'en est allé, l'auteur puissant des « Grives aux loups » et des « Palombes ne
passeront plus ». Soudain, quand un ami s'en va, tous les jours de partage, les soirées
de fête, les voyages qui vous ont soudé vous reviennent à la figure et vous mettent les
larmes aux yeux.
Nous avons perdu le chef de file
de notre « École de Brive », celui qui
présidait à sa manière à nos rassem-
blements. Il était le fils du résistant
et ministre du général de Gaulle,
Edmond Michelet. Il avait choisi la
terre, contrairement aux souhaits de
sa famille. Et il a fait de son enga-
gement une œuvre littéraire d'une
formidable popularité. Il est le grand
écrivain du monde paysan de la première moitié du XXe
siècle. Tout sonne juste dans
ses livres. Son langage dru et vrai parle à la France profonde et les lecteurs ne se sont
pas trompés. La première fois que je l'ai vu en Vendée, je devais avoir vingt ans, je ne
le connaissais pas, il était venu rencontrer les élèves du lycée agricole des Établières,
il a dédicacé ses livres à la librairie Chagneau. J'ai appris après qu'il était parti à 19
heures en 2cv avec Bernadette et qu'ils sont rentrés dans la nuit à Brive. Leurs vaches
les attendaient dans l'étable.
Il est revenu souvent en Vendée quand nous sommes devenus amis et compagnons
de l'Ecole de Brive. Il a répondu présent avec toute la joyeuse bande quand nous avons
lancé Le Printemps du Livre. Il en a été l'un des pionniers. Il en a été ensuite le prési-
dent. Il y était encore lors d'une des dernières manifestations avant le confinement. Il
est venu au Livre au village du Puy du Fou. Et les lecteurs l'ont retrouvé deux fois au
Refuge du Livre dans la forêt de Grasla. Il m'a dit qu'il se sentait bien en Vendée, que
les Vendéens sont des gens qui savent vivre et recevoir. Il n'écrivait plus. Il disait qu'il
ne faut pas écrire le livre de trop. Sa connaissance de la nature était encyclopédique.
Il connaissait tous les oiseaux et les reconnaissait à leur chant. Nous avons passé des
veillées d'été sous le ciel de Brive à nous orienter sur les chemins d'étoiles.
Claude nous a quittés, mais nous avons ses livres. Quand j'ouvre l'un ou l'autre,
c'est sa voix qui me parle, celle d'un homme de caractère et de conviction à la foi
franiscaine, d'un écrivain dont l'oeuvre demeurera parce qu'elle dit la France d'avant
mieux que n'importe qui, celle d'un ami qui me manque, qui va nous manquer à tous.
Adieu, vieux frère.
			 				 Yves Viollier
L'ami
Claude Michelet
s'en est allé
6
Début octobre de l'année 2022 : l'association installée en
Pays de Monts, Histoire-Arexpo, sous l'impulsion de son pré-
sident Alain Jouanneau, a gâté la ville de Challans (capi-
tale du pays Maraîchin) en produisant une belle animation,
par la grâce de deux femmes natives d'ici, des plus admirables,
deux femmes hors-normes : l'aviatrice Jacqueline Auriol et
l'alpiniste Colette Le Bret.
Titre annonce de cette manifestation culturelle : « Deux femmes au som-
met ». Avec une pièce de théâtre représentant nos deux héroïnes nées au pays
(jouée par la troupe du Quatuor Légendaire) ; et avec un film, « Voyage sans
retour sur l’ascension du Cho-Oyo ». Deux représentations qui avaient lieu au
Ciné-Triskell. Oui, Challans a été gâtée.
L'occasion s'est faite belle pour revenir dans les colonnes de «Lire En Ven-
dée» sur Jacqueline Auriol (1917-2000), qui fut également une écrivaine de
talent (« Vivre et voler »).
Une gloire internationale de l'aéronautique
L'aviatrice Jacqueline Auriol était
née dans le centre-ville de Challans,
dans la menuiserie paternelle, désormais
local d'une banque (C.M.O.), place
Aristide-Briand : la menuiserie Douet,
nom de jeune fille de la future bru du
président de la république, de la future
première pilote d'essai au monde, qui
battit son premier record du monde
en 1951, qui franchit le mur du son en
1953, qui s'écrasa deux fois.
Jacqueline Douet y était née le 5 novembre 1917. La petite Jacqueline
restera à Challans le temps de son école primaire, à l'école libre, recevra une
éducation religieuse. C'est une fillette qui aime grimper tout en haut des arbres
et faire voler des cerfs-volants sur la plage de Saint-Gilles.
Puis elle continuera sa scolarité à Nantes, dans une pension de sœurs.
Mariage d'amour en 1938
Edmond Douet, son père meurt en 1931, à l'âge de 44 ans. Sa mère,
Suzanne Chevy, a alors 34 ans, Jacqueline 14 ans. Elle « monte » à Paris pour-
suivre ses études à l'école du Louvre, car elle se destine à l'art, qui l'a toujours
passionnée, notamment la peinture et la déco. Paris où elle se mariera, en
1938. Un mariage d'amour. Elle a 21 ans. Son mari, un élève de l'école des
Sciences Politiques, est un dénommé Paul Auriol. Il est le fils de Vincent Au-
riol, le militant socialiste qui est une figure emblématique du Front Populaire,
qui n'est alors pas président de la république.
Il le deviendra après la Deuxième Guerre Mondiale, de 1947 à 1954. Jac-
queline, devenue la bru du président de la république, pourrait alors se conten-
Jacqueline Auriol
La Challandaise aimait« vivre et voler »
ter de ce titre de gloire, vie égayée
de mondanités, d'autant qu'elle a
beaucoup d'élégance et de charme,
faite comme un mannequin, est
très remarquée à l’Élysée... Le
« french charming », évoque la
presse des potins mondains. « La
femme la plus resplendissante du
Tout-Paris », dit-on et écrit-on
aussi, ce qui n'est pas sans attirer
des jalousies, des calomnies aussi.
Volonté hors du commun
de Madame Moune
Mais ce mode de vie n'était
point le style de la Maraîchine.
Elle va surtout révéler une volonté
hors du commun. Elle l'a déjà dé-
montrée dans la France occupée,
pourchassée par les autorités de
Vichy et la Gestapo, elle, son mari,
ses deux enfants, errants comme
des proscrits (Jacqueline sous le
nom de « Madame Moune ») de
planque en planque, à Arcachon,
au Puy, Carmaux, Albi, Chama-
lières ; alors que son beau-père
était une des personnalités les plus
recherchées par les occupants et
leurs collaborateurs (il était un
des 80 parlementaires à avoir dit
« non » aux pleins pouvoirs à Pé-
tain), avant de devenir un des pré-
sidents les plus populaires de l'his-
toire de France.
Cette volonté hors du com-
mun : voler.
La native de Challans représente
le « french-charming » à l’Elysée
7
On croit à un caprice de la bru. En 1948, elle passe son brevet de pilote d'avion. Elle découvre la voltige et effectue
sa première démonstration en meeting en 1949, participe au raid Alger-Dakar.
Puis c'est le drame, l'hydravion dans lequel elle a pris place comme passagère se crashe sur la Seine, près des Mu-
reaux. Elle est défigurée. Dans cette France après-guerre qui vient juste de donner le droit de vote aux femmes, « que
n'aurait-on pas dit si elle avait été aux manettes », dit la voix off du remarquable documentaire TV, Jacqueline Auriol,
une femme à réaction(s), réalisé par Jean-Luc Dubonnet en 2016.
« Miraculée », titre la presse, à propos de Jacqueline sauvée in extremis, avec plusieurs fractures du crâne, défigurée.
Vingt-deux opérations chirurgicales seront nécessaires pour lui permettre de retrouver son sourire. Un long temps dans
les hôpitaux français mais aussi américains où elle va démontrer son stoïcisme.
La plus rapide du monde
Ce coup du sort aurait dû abattre la Challandaise dans ses motivations de voler, il semble la motiver, la doper
même. « Je m'étais juré que je transformerais ma passion en métier. L'aviation me devait bien cela », déclarait-elle dans
une interview à Ouest-France en 1985.
Elle potasse des traités d'aviation et de mathématiques, passe son brevet de pilote de transports publics en 1950,
son brevet de pilote d'hélicoptère l'année suivante. L'aviation n'est désormais plus un loisir, d'autant qu'elle passe aussi
ses brevets militaires. Et, en 1951, le 11 mai, elle devient la femme la plus rapide du monde, atteignant 818 km/h aux
commandes d'un Vampire sur une boucle de 100 km. Elle bat son propre record en 1952, à bord d'un Mistral. En
1953, elle est, avec son éternelle rivale américaine Jackie Cochran (qui deviendra surtout son amie !), une des deux
premières femmes au monde à franchir le mur du son (le premier homme en 1947). En 1954, elle reprend à son amie
rivale le record du monde, le portant à 1151 km/h sur Mystère IVN.
Cette même année 1954, elle est brevetée pilote d'essai. Elle est la première femme au monde à y parvenir. Elle
intègre le Centre de Brétigny-sur-Orge, multiplie les records du monde, frôlera la mort à nouveau, teste les prestigieux
Mistral 2, Mystère IV et Mystère 20 ? sera la première femme à voler sur le Concorde...
Vivre et voler
Celle qui vivait pour voler écrira ses mémoires («Vivre et voler»), une autobiographie à la
plume alerte, au ton léger, distancié aussi, avec beaucoup d'humour, se souvenant d'ailleurs qu'elle
prit son baptême de l'air à 16 ans « sans grand plaisir ». Ce livre lui valut le prix Agrippa-d'Aubi-
gné, que lui remit son créateur Gilbert Prouteau dans les années soixante-dix. Elle ne reviendra
jamais officiellement à Challans, passant incognito y voir des amis de temps à autre. Ironie du
destin, alors qu'elle vivait en région nantaise, à Saint-Herblain, près d'un de ses fils propriétaire du
manoir de la Paclais, elle disparut, en début d’année 2000, des séquelles d'un accident de voiture,
à l'âge de 82 ans. Ses obsèques eurent lieu aux Invalides.
									 Philippe Gilbert
Elle démontrera une volonté hors du commun pour voler
8
L’Association Histoire-Arexcpo en Vendée, sous la
présidence de Alain Jouanneau, en association avec la
troupe théâtrale « Quatuor légendaire », vient de rendre
hommage à deux célèbres femmes originaires de Chal-
lans, l’alpiniste Colette Le Bret et l’aviatrice Jacqueline
Auriol.
Un spectacle écrit par Gilles Perraudeau, intitulé
« Deux femmes au sommet » a été présenté récemment en
avant-première au cinéma le Triskell, suivi d’une retrans-
mission du film de 1959 réalisé par Micheline Rambaud
« Voyage sans retour »,
un documentaire sur
le drame vécu lors de
l’ascension du Cho
Oyou, dans l’Hima-
laya.
L’occasion de re-
venir sur le numéro
spécial hors-série de
décembre 2020 réa-
lisé par ladite Arex-
cpo et de retracer
le souvenir de cette
femme exception-
nelle que fut Colette
Le Bret, qui aurait
aujourd’hui 101 ans.
Une femme
bien dans son corps et son esprit
Médecin, sportive et alpiniste accomplie
Colette Le Bret était une femme de passions. Née à
Challans le 5 avril 1920, dans une famille d’industriels,
ce petit bout de femme très dynamique et sportive ob-
tint son doctorat de médecine à l’université de Nantes.
Elle excellait parallèlement
dans les disciplines sportives
telles que le tennis, l’équi-
tation, l’alpinisme et le ski.
C’est lors de ses débuts de
carrière comme médecin
attitré de l’école normale
supérieure d’éducation phy-
sique à Chatenay-Malabry
qu’elle a accompagné tous
les stages féminins de mon-
tagne à Chamonix. Elle y
rencontrera Claude Kogan,
une alpiniste de renom, qui
envisageait de constituer
une équipe exclusivement
féminine pour vaincre l’un
des plus hauts sommets de
l’Himalaya, à une époque
où les hommes alpinistes préféraient voir les femmes en
second de cordée. Elle n’imaginait certainement pas l’in-
croyable et tragique aventure humaine qu’elle allait vivre.
Des femmes sur le chemin su Népal
L’équipe est constituée en 1957 de 12 femmes de na-
tionalités différentes recrutées parmi les meilleures alpi-
nistes, dont Colette Le Bret qui a la charge de médecin,
« une fille épatante, fair-play et active » - je cite l’article
de la revue. L’expédition est partie de Paris le 12 août
1959, accompagnée de 150 porteurs et 10 sherpas. Mi-
cheline Rambaud est la cinéaste qui filmera toute l’équi-
pée jusqu’au sommet de l’Himalaya, le mont Cho Oyu,
à une altitude de 8153 mètres.
Une première phase d’ascension de 24 jours est réa-
lisée en pleine période de mousson et un camp de base
établi le 15 septembre à une altitude de 5600 mètres.
Une deuxième phase d’ascension tragique
À ce stade, plusieurs femmes du groupe sont obli-
gées de mettre fin à l’ascension pour des raisons de santé.
Les autres continuent jusqu’à plus de 7000 mètres. Elles
seront arrêtées par une avalanche qui viendra décimer
les femmes en tête de l’équipe, entraînant notamment
Claude Kogan et la belge Claudine van der Straten-
Ponthoz. La challandaise Colette Le Bret fera preuve
Colette Le Bret
une femme
sur les sommets
de l’Himalaya
en 1959
9
d’héroïsme et d’une grande résistance en grimpant à leur
recherche, sans succès hélas. C’est elle qui assurera la
descente du reste de l’équipée jusqu’au camp de base. Cet
incident tragique fera d’elle, à cette époque, la femme
ayant monté le plus haut dans l’Himalaya.
Une vie de médecin et des honneurs
Suite à cette épopée terminée de façon dramatique,
Colette Le Bret retournera à Challans, dans sa ville na-
tale où elle reprendra ses activités de médecin, notam-
ment auprès des enfants et particulièrement de la crèche
municipale.
Colette Le Bret, source Ouest-France du 26 novembre 2017
article de Philippe Gilbert
Le 19 mai 1965, le Général de Gaulle, alors prési-
dent de la République fut reçu à Challans par le maire et
conseiller général de l’époque, le docteur Jean Léveillé et
demanda à rencontrer Colette Le Bret.
Le 1er
mars 1975, Colette Le Bret et Jacqueline Au-
riol seront invitées à la première journée de la femme
au Palais des Congrès à Paris en présence du Chef de
l’État, Valéry Giscard d’Estaing, qui souhaitait honorer
ces deux femmes d’exception.
Une femme de caractère indépendante
pour son époque
Colette Le Bret était dotée d’un fort caractère et
d’un esprit libre. Outre le fait qu’elle privilégia toujours
sa carrière professionnelle et la transmission de ses pas-
sions aux plus jeunes, elle ne pouvait s’enfermer dans
une vie maritale traditionnelle.
Désirant malgré tout un enfant,
elle donnera naissance à sa fille,
Caroline, en 1952, à savoir sept
ans avant son expédition sur
l’Himalaya. La petite, prise en
charge par ses grands-parents et
ses parrain et marraine, suivra
l’équipée au travers des articles
de la revue Paris-Match. Lorsque
sa mère rentrera, elle constatera
à quel point cette ascension tra-
gique l’a affectée. Colette Le Bret
n’est plus la même. Sa fille, qui
lui donnait auparavant des petits
noms affectueux, ne l’appellera
plus que « ma mère ».
Une fin tragique
qui a marqué les Challandais
La vie de Colette Le Bret finira tout aussi tragi-
quement que l’ascension de 1959. Un de ses patients,
un ancien bourrelier challandais qui vivait seul sur la
commune de La Garnache et à qui elle rendait visite
comme à son accoutumée pour lui apporter les soins
nécessaires, tira sur elle plusieurs coups de fusil, pris d’un
accès de folie alors qu’elle rédigeait son ordonnance.
C’était le 19 juin 1984.
Sa chapelle funéraire est visible au cimetière du
caillou blanc à Challans. Le dispensaire de la commune
porte son nom.
Pour terminer…
À noter que Micheline Rambaud, dernière survi-
vante de cette cordée féminine qui avait donc filmé l’as-
cension de l’Himalaya, a participé au cahier spécial de
l’Arexcpo, après avoir été sollicitée par Alain Jouanneau.
Le témoignage 60 ans plus tard de cette vieille dame si
aventureuse est particulièrement émouvant.
Je vous conseille vivement ce précieux numéro hors-
série de l’Arexcpo. Vous pouvez le commander auprès de
la maison de la presse de Challans ou directement auprès
de l’association. On y trouve de fabuleux documents et
témoignages confiés par Micheline Rambaud et Caroline
Le Bret. Pour terminer sur une petite note d’humour, je
vous décris cette illustration de Jean Brian parue dans
les journaux de Grenoble pour annoncer la première
expédition féminine de 1959 au Népal. On y voit le
mari, pépère en chaussons dans son fauteuil qui lit le
«Dauphiné libéré» pendant que son épouse, dans son
dos, en tenue d’alpiniste, pantalon ¾, sac à dos et piolet
à la main, lui crie : « Chéri, je vais faire une course ».
			 Marie-France Bertaud
10
L’École de Rochefort est un mouvement poétique
connu dans l'histoire de la littérature française du XXe
siècle.
Le groupe cherche une voie poétique nouvelle en des
temps difficiles, une sorte de troisième voie entre l'exu-
bérance surréaliste et les tentatives de la poésie nationale
marquée politiquement par la collaboration, jouant aussi
un rôle dans la "résistance" culturelle. .
Jean Bouhier est en effet né à La Roche-sur-Yon
en 1912, il y a cent dix ans. Après ses études dans cette
ville, il part pour Nantes pour étudier la pharmacie, mais
échoue dans sa tentative. Il aura pourtant le temps d'y
rencontrer Michel Manoll et René-Guy Cadou et d'être
le rédacteur en chef de la revue officielle des étudiants
" La Bohème ". Il y publie ses premiers textes au début
des années 30. Après un détour par la Sorbonne et la
publication d'un premier recueil de poèmes intitulé "
Hallucinations ", qui lui permet de croiser Jean Follain et
Maurice Fombeure, il se marie avec une pharmacienne.
Le couple reviendra installer une officine à Rochefort-
sur-Loire.
La guerre bouleverse tout
Jean Bouhier est mobilisé dans le service santé à Bar-
le-Duc, malade, puis réformé. Revenu dans le Maine-et-
Loire, il accueille chez lui des anciennes connaissances
des milieux littéraires ou artistiques ou leurs amis qui
fuient Paris. C'est avec ce noyau qu'il lance
le mouvement qui deviendra " L’École de
Rochefort ", autour de René Guy Cadou,
Michel Manoll déjà cités, mais aussi de Luc
Bérimont, Gabriel Audisio, Marcel Béalu,
Jean Follain et Jean Rousselot. Il n'hésite
pas à rédiger une sorte de manifeste qui est
publié en octobre 1941 " Position poétique
de l'Ecole de Rochefort ". Il est aussi l'artisan
de la publication des " Cahiers de l’École de
Rochefort ", réceptionnant les manuscrits et
corrigeant les épreuves des divers partici-
pants.
L’engagement politique
En 1947, les Bouhier rentrent à Paris.
C'est l'heure de l'engagement politique
pour le poète, déjà auteur de plusieurs re-
cueils. L'aura des communistes est telle
à cette époque que Jean Bouhier s'inscrit
au parti et travaille même auprès de Louis
Aragon. Puis, le couple s'établit à Fay-aux-
Loges dans le Loiret. Il est d'abord élu
conseiller municipal de cette ville, puis en
devient le maire en 1965, ce qui va réduire
son activité d'auteur, d'animateur et de
théoricien de la poésie, même si les années
50 et 60 ont vu la parution de cinq nou-
veaux recueils, jusqu'à sa mort en 1999.
En 1973, ayant cessé ses fonctions mu-
nicipales à la suite de problèmes de santé,
Jean Bouhier part pour la Côte d’Azur et
s’installe à Six Fours les Plages. Il se consacre
à l’écriture et à de nombreuses animations
autour de la poésie, la sienne et celle des
autres.
Treize nouveaux recueils enrichissent
son œuvre et donnent de l'ampleur à sa
voix, tandis qu'une " Anthologie des Poètes
de l’École de Rochefort " publiée en 1982
rappelle l'importance et la singularité de ce
mouvement.
Jean Bouhier meurt en 1999, laissant
à sa ville natale la fierté d'avoir vu un de
ses enfants prendre une part très active dans
l'essor des mouvements poétiques du XXe
siècle. Ses extraordinaires archives person-
nelles et celles de l’École de Rochefort sont
conservées à la Bibliothèque Universitaire
d'Angers.
Le livre que lui a consacré Chris-
tine Chemali l'année même de son décès,
" Jean Bouhier ou Croire à la vie ", affirme la
qualité et la force de ce poète.
Jean Bouhier
et
l’École de Rochefort
On ignore le plus souvent qu’un Vendéen est
aux origines du mouvement et en deviendra
la cheville ouvrière
11
Bouhier avait commencé son œuvre par une voix lyrique toute de sincérité, marquée
par l'amour et la jeunesse, avec des tonalités impressionnistes. L'humanisme social, dont
il entendit avec douceur les sirènes au temps du Front Populaire, le menèrent, aux années
troublées de la guerre, vers un retour à la vie et à l'humain. Il cherche alors à résoudre
l'énigme du monde, à dire le quotidien et comprendre la réalité, mais aussi à énoncer le
dessein de l'égalité, dans un humanisme qui, finalement, préfère le cœur à l'intelligence,
toutes préoccupations qu'intègre l’École de Rochefort. Comme il le dit lui-même, "le poète
est un homme qui cherche à se résoudre, la vie est un problème, le vers en est l'équation, le
mot l'inconnue : le poète conclut ou tente de le faire, le poème à vrai dire ne conclut rien".
Sa bonne vingtaine de recueils publiés le prouvent, il aime avant tout les mots, les
tourner et les retourner pour mesurer leur polysémie, jouer avec eux de la cohérence et de la
pureté du langage. C'est avec eux qu'il forge ses rythmes. Transcrivant la parole, ses sons et
ses intonations, Bouhier aime la profusion des accumulations autant que la fluidité d'une
expression maîtrisée, moulée dans une formulation personnelle qui demeure toujours sou-
mise et chantournée comme un fer forgé.
La lèvre palpe le mot
Avant son départ à l'oreille
La phrase s'invente
Quand s'unissent les griffures
Sur la page
Des signes perdent leur transparence
Et débusquent le regard
Au moment de la rencontre.
La voix de Jean Bouhier fut une belle voix, qui se tut malheureusement juste à l'orée du
XXIe
siècle, en point d'orgue d'un mouvement qu'elle a toujours joliment interprété de sa
tessiture si chaleureuse et si humaniste. Les excellents entretiens de Jean Bouhier avec Jean-
Luc Pouliquen furent publié par Dé bleu de Louis Dubost en 2000, peu après sa mort.
							 Alain Perrocheau
Bouhier, Manoll et Cadu
Un retour à la vie et à l’humain
12
Poète, historien, mémorialiste, mais aussi polémiste de premier plan. Son
œuvre fut riche et pleine et a gardé quelque rapport avec la Vendée puisque son
livre principal "Les Tragiques" fut imprimé dans les caves de son logis à Fort
Doignon, commune de Maillé.
Orphelin de mère, il fut élevé par son père dans les idées réformistes et
l'intransigeance. Il atteignit une belle érudition, apprenant les langues latine,
grecque et hébraïque dès l’âge de six ans, puis perfectionna ses études à Paris, tra-
vaillant notamment les mathématiques, l'histoire et la théologie, avant de partir
à treize ans à Genève auprès du grand théologien protestant Théodore de Bèze.
Ayant promis à son père, qui mourut peu après le début des Guerres de Religion,
de venger l’honneur de ces amis calvinistes, il entra en guerre, participant aux
batailles de Jarnac et de Moncontour, échappa de peu au massacre de la Saint-
Barthélémy.
Il servit avec zèle son ami Henri de Navarre
dont il fut l'écuyer et l'ami, avec lequel il combattit en Gascogne, dans le
Midi, l'ouest et le nord de la France. À la mort du roi Henri III, le roi de Navarre
devenu Henri IV, les guerres redoublèrent d'intensité contre la Ligue qui voulait
à tout pris un roi catholique. Agrippa d'Aubigné participa aux combats en Nor-
mandie puis au siège de Paris. Mais, indigné du projet du roi de se convertir à la
religion catholique, il s'éloigna de son ancien ami et se retira à Maillezais, dont il
avait été nommé gouverneur en 1589, habitant plus précisément Fort Doignon,
sur la commune de Maillé.
Il s'y recentra sur ses activités littéraires
la poésie avait toujours trouvé une place dans les errances de ses campagnes
militaires, tout en restant attentif à la politique du roi Henri IV. Celui-ci mort en
1610, d'Aubigné lutta pour défendre la religion réformée et les acquis de l’Édit
de Nantes mais, menacé, il dut se retirer à Saint-Jean d'Angély, à une époque
où le nouveau roi Louis XIII et son ministre Richelieu étaient prêts à tout pour
assujettir définitivement les Protestants de France. En 1620, Agrippa d'Aubigné
se réfugiait à Genève, où, ne possédant plus rien, il était hébergé par la ville. Il y
mourut en 1630.
Théodore
Agrippa d’Aubigné
Poète et historien
Il y a trois cent-soixante-dix ans naissait à Pons
Agrippa d’Aubigné.
L’écrivain a laissé trace dans la littérature nationale
après une vie d’action et de réflexion
13
Son œuvre, abondante et de grande ampleur dans
tous les domaines ou presque, fut ensuite oubliée à
l'époque classique, et il fallut attendre les romantiques,
Sainte-Beuve et Victor Hugo pour qu'elle fût remise à
l'honneur.
Ses livres en prose ont vocation de témoignage et vé-
hiculent les idées d'Agrippa d'Aubigné autant que celles
des Réformés aux époques difficiles. La plus importante
est sans conteste son "Histoire universelle", publiée en
plusieurs parties en 1616. Elle
suit les événements qui secouent
le royaume de 1553 à la mort
d'Henri IV et offre le vécu des
Huguenots et leur point de vue
sur les conflits. "Les aventures du
baron de Fæneste" et la "Confes-
sion catholique du Sieur Sancy"
sont des récits satiriques et par-
fois picaresques sur les mœurs de
l'époque, particulièrement celles
des petits seigneurs catholiques
qui n'hésitent pas à changer de
religion selon les courants du
temps. La dimension religieuse
est aussi bien représentée avec les
"Méditations sur les psaumes",
"Le caducée ou l'ange de paix" et
"l'Hercule chrétien".
Mais c'est surtout par la poésie que l'on
connaît Agrippa d'Aubigné
Pas sa poésie religieuse inspirée par la Bible, dans
laquelle il n'hésite jamais à donner en exemple son sen-
timent religieux, comme pour guider les fidèles de la Ré-
forme. Pas sa poésie lyrique qui épanche mille frissons,
de ferveur et de frustration emmêlées, dans les poèmes
d'amour du recueil intitulé "Le printemps".
Mais bien dans sa grande œuvre intitulée :
" Les Tragiques ".
Œuvre protée de près de onze mille vers, multi tons
et multi ambitions, qui assemble mille tableaux plus
tranchants les uns que les autres, qui ont pour toile de
fond les Guerres de Religion.
C'est un livre de colère et de hargne, aux lignes par-
courues par de grandes flambées d'invectives qui se gon-
flent en amples hyperboles.
d'Aubigné y déploie la fougue de son ca-
ractère impétueux et son énergie grandiose de
visionnaire. Il montre du doigt et il pourfend,
dans une satire d'une âpreté sans mesure où les
rages partisanes se déroulent en imprécations
qui maudissent. La thématique du corps blessé,
torturé, réduit à la putréfaction, allant jusqu'au
macabre, revient fréquemment dans ces vers de
désolation et d'emportement.
Et couchés dans le feu, ou de graisses flambantes
Les corps nus tenaillés, ou les plaintes pressantes
De leurs enfants pendus par les pieds, arrachés
Du sein qu’ils empoignaient, des tétins asséchés
Le poète multiplie invocations lyriques ou
élégiaques, allégories assorties d'une satire ru-
gueuse, explications théologiques, et récits anec-
dotiques qui nourrissent une épopée à multiples
facettes, une sorte de "légende du siècle". Avec
d'Aubigné, nous sommes entrés dans le Baroque. Le Ba-
roque de la couleur et de la démesure, de la puissance et
de l'emphase, dont le courant artistique a déjà inondé
l'Europe et commence à déferler sur la France. Sa per-
sonnalité intransigeante et son œuvre flamboyante sont
à redécouvrir.
				 Alain Perrocheau
14
Louis Ferdinand Céline
Inédit !
Cela arrive fréquemment. « Un peu trop peut-être »
affirment certains critiques ou comploteurs :
...Le fait de retrouver régulièrement des enregistrements de
chanteurs, des tableaux de maîtres, ou des manuscrits d'auteurs, que
l'on croyait disparus ou que l'on découvre « post-mortem ».
Ne jouons pas les « rabat-joies » et soyons heureux que l'on ait
retrouvé des manuscrits de Céline, auteur honni ou adoré, selon les
uns ou les autres.
Sous le titre de « Guerre » l'éditeur Gallimard, qui a du réflexe, a
mis en forme une liasse de deux cent cinquante feuillets, pour offrir
au lecteur un roman inédit et inconnu de l'auteur du « Voyage au
bout de la nuit »
L'action se passe durant la « Grande Guerre » dans l'abattoir
international » comme l'appelle Céline. Le roman d'un soldat blessé
au Front, hospitalisé, avant d'être transféré à Londres en Angleterre.
Le soldat ressemble comme deux gouttes d'eau à l'auteur, qui
aura l'occasion, tout hospitalisé qu'il est, de bénéficier des attentions
d'une infirmière.
Ce livre tient à la fois du récit ou du roman
comme souvent avec l'auteur de « Mort à crédit »
ou de « Guignol's Band »,
Bras explosé par les balles, crâne défoncé, le
soldat « héros » du livre Guerre (celle de 14-18)
souffrira atrocement, avant d'être secouru par un
officier anglais qui le transportera d'urgence à
l’hôpital du côté de Hazebrouck.
Entre actualité et imagination, cet ouvrage
à suscité on s'en serait douté, des observations.
Des esprits avisés pensent que ce roman, est en
-quelque sorte- un additif ou un complément du
« Voyage au bout de la nuit ».
Une chose est sûre cependant : Le manuscrit
retrouvé de « Guerre » a été écrit (daté par l'au-
teur) après « le Voyage ». Il s'agit donc bien d'un
autre livre de Céline. Un livre inédit, où l'auteur
insiste sur l'horreur de la guerre et de la mort. Avec
son style qui fait, comme il l'affirme et le recom-
mande, à la manière d'une ordonnance (il était
médecin)... « ...travailler l'imagination... »
Selon lui, tout le monde peut en faire autant…
« il suffit de fermer les yeux… c'est de l'autre côté
de la vie... »
			 Joël Bonnemaison
Louis Ferdinand Céline
Guerre
Gallimard, 185 p., 19 €
15
Antoine Blondin
Antoine a cent ans !!!
Bon anniversaire Antoine ! Cent ans, ça
compte dans une vie !
Antoine Blondin est né en 1922 ! 22 « Voilà les flics »
avait-il l'habitude de lancer… (Comme le lançaient les
célèbres « Pieds Nickelés ») au sortir des bistrots de St
Germain des prés.
Au demeurant, sur ses vieux jours, Antoine ressem-
blait à Ribouldingue, l'un des trois « Pieds Nickelés »
justement. Avec sa barbe, sa casquette. Reporter, chroni-
queur, au journal L’Équipe pour suivre le Tour de France
cycliste. Ses « papiers » font encore référence. On citera
l'article sur Louison Bobet. Un portrait de légende.
Cent ans ! Monsieur Jadis est de retour ! Mais la
bienséance, la « Boboserie » à la mode, n'en n'a cure.
Blondin n'est pas leur tasse de thé.
Normal, il avait du talent… peu compatible avec la
tendance du moment. Comme l'on s'efforce d'être à peu
près bien élevé, on ne citera personne …
Écrivain à « l'humeur vagabonde », il avait l'amitié
chevillée au corps. Ami sincère et véritable, on sait qu'il
avait consacré un livre « Monsieur Jadis » à la mémoire
de son ami Nimier.
Avec ses copains, « Les Enfants du Bon Dieu » il a réé-
crit le passé de la Nation, à sa façon… pas triste, comme
il se doit.
Disparu en 1991, alors que les copains le suppliaient
d'attendre son centenaire (2022) de manière à arroser
dignement l'événement de façon solennelle, il a préféré
« mourir de son vivant » pour reprendre une de ses cita-
tions -maison- favorites.
Saint Germain des Prés se souvient de l’écrivain qui
avait toujours soif, et qui commandait deux consomma-
tions- en général deux Ricards- en même temps, (et non
pas l'un après l'autre) avant de renouveler la commande
au serveur d'un tonitruant : »Remettez-nous çà ! »
Malgré ses cent ans,Antoine est toujours là, présent
dans la tête de quelques amis encore vivants, et surtout
présent dans le cœur de ses fidèles lecteurs.
Mais nous savons bien qu'il « n'y a pas plus présent
que le passé »… Monsieur « Jadis est de retour » ! C'est le
titre du bouquin d'Yvan Audouard (à ne pas confondre
avec Michel Audiard) toujours un peu aigri celui là, mais
qui aimait bien Antoine.
Pour ses cent ans, on aurait pu lui donner le Gon-
court à Antoine, qu'il avait raté de peu. Il obtint tout de
même un lot de consolation : le prix Interallié, pour « Un
Singe en hiver » . Son ouvrage « L'Humeur vagabonde »,
candidat au Goncourt, n'avait pas convaincu les Biens
Pensants, ni les « propriétaires » de la Culture de l’intelli-
gentsia parisienne . Çà n'aura pas empêché , quoiqu'il en
soit, Antoine de « remettre çà » !
Cent ans ! Et toujours là. Et pourquoi les morts ne
vivraient-ils pas ? »
« Les vivants meurent bien « C'est du Blondin pur.
Ses confrères en littérature -en tout cas les bons- ap-
préciaient sa finesse et encore plus sa culture. Sa modes-
tie aussi, en privé… où il parlait de tout, et de tous les
sujets, sauf …. de littérature..
Il avait vingt six ans, quand son père s'était suicidé
… Il disait « Au ciel il ne manque plus que moi » Main-
tenant qu'il y vit on espère qu'il a épanché sa soif !
Lui qui clamait dans tous les zincs de Montparnasse,
avoir une soif « de toute éternité »…
				
				 J. Bonnemaison
(deux livres d'Antoine Blondin sont réédités à ce jour :
« Ma vie entre des lignes »
« Un Singe en hiver »
aux Éditions de la Table Ronde
16
Les Oiseaux Voyageurs
Librairie à Saint-Gilles-Croix-de-Vie
Marie Brelet et Matthieu Guilloton, les deux Oiseaux Voyageurs
associés, ont osé poser leurs rayonnages à deux pas du pont de Saint-
Gilles en décembre 2019.
Ils en avaient envie, estimaient qu'une librairie indépendante
manquait à la commune, alors ils se sont lancés. Un local bien pla-
cé qui se libère, un peu de financement participatif, un prêt d'une
« CIGALE » pour soutenir le projet, une banque qui fait confiance,
beaucoup de courage et d'huile de coude, et les voilà disponibles
pour les clients.
On imagine sans peine les bâtons dans les roues liés au Covid
quelques mois après l'ouverture. Pourtant, trois ans après, ils sont
toujours là et bien présents.
La librairie se veut généraliste : romans, BD, mangas, voyages,
littérature liée à la mer. (De la porte, on voit l'estuaire de la Vie).
Les deux compères mettent aussi en avant des thèmes d'actualité :
féminisme, avortement, Ukraine, écologie... Les amateurs pourront
feuilleter des Vinyles ou des cartes postales
originales. Ce que vous ne trouvez pas, ils
vous le commanderont, ce n'est pas plus dif-
ficile que ça.
N'hésitez pas à franchir le seuil et à flâ-
ner parmi les présentoirs. L'ambiance est
chaleureuse, accueillante. Les conseils sont
avisés, pertinents. Peut-être croiserez-vous
un auteur en dédicace qui vous attend,
derrière sa petite table, le stylo à la main,
installé devant la boutique quand le temps
le permet. Au préalable, vous pouvez vous
rendre sur Instagram ou sur Facebook pour
élargir votre information et, pourquoi pas,
contacter directement la librairie.
			 Pierre Deberdt
07 67 20 28 30
librairielesoiseauxvoyageurs@gmail.com
2 rue Gautté, 85800 Saint-Gilles-Croix-de-Vie
			
Les libraires sont un acteur indispensable de la chaîne
du livre et on ne peut que se réjouir de l’éclosion ces der-
nières années de nombreuses boutiques indépendantes.
Une preuve, parmi tant d’autres, que les lecteurs sont de-
mandeurs de conseils personnalisés.
On pousse la porte du libraire de la même manière
que l’on pénètre dans une épicerie fine ou chez un ca-
viste. L’odeur des livres y est aussi exaltante que les ef-
fluves d’une épice rare ou d’un grand cru. Et justement,
ce que l’on attend du libraire c’est qu’il nous vante avec
enthousiasme cette petite pépite, ce grand cru littéraire
connu ou méconnu qu’il a déjà lu et qu’il sait corres-
pondre à nos goûts.
Zoom sur l’ALIP
Association
des Librairies
Indépendantes
en Pays de la Loire
17
Qu’est-ce que l’ALIP ?
C’est en avril 2012 que l’ALIP a vu le jour, aboutisse-
ment d’un projet développé par et pour les libraires de la
région. Elle est née de la volonté d’un certain nombre de
libraires d’échanger sur leurs pratiques professionnelles,
d’organiser des actions communes et de mener une
réflexion collective sur leur métier. A ce jour, environ 70
librairies indépendantes, généralistes ou spécialisées, sont
regroupées dans les cinq départements de la région Pays
de la Loire.
Un accueil de qualité
avec des conseils personnalisés
et un soutien à la création éditoriale
Aidée par la DRAC et la Région des Pays de la Loire,
l’ALIP soutient et promeut l’action des librairies indé-
pendantes dans le souci d’un maillage territorial et avec
une éthique commune : un accueil de qualité avec des
conseils personnalisés et un soutien à la création édito-
riale.
Des acteurs locaux
Un site de proximité pour les lecteurs
Depuis novembre 2016, un portail régional, site
internet de géolocalisation et de réservation, est mis à
disposition du lecteur. Un outil formidable, pour les lec-
teurs mais aussi pour les auteurs régionaux qui ont ainsi
une plus grande visibilité.
Le principe : chaque lecteur peut réserver ou
commander le livre de son choix dans la librairie la plus
proche.
De plus, L’ALIP met à disposition du grand public
des supports de communication (marque-pages, sacs tis-
sus, etc) pour faire connaître les engagements de la librai-
rie indépendante. L’ALIP est aussi un relais représentatif
auprès des instances régionales, nationales et syndicales.
Elle contribue ainsi au renforcement de la lisibilité de
la librairie indépendante. L’ALIP participe également à
la dynamique interprofessionnelle du territoire en colla-
borant étroitement avec Mobilis, la structure régionale
pour le livre et avec le Coll.LIBRIS, collectif d’éditeurs
en Pays de la Loire.
Du raisin
et des bouquins
Cette opération est née il y a quatre ans, à l’initiative
de l’ALIP. Cette année, elle s’est déroulée du 13 au 27 oc-
tobre. Le principe est d’associer la dégustation des grands
crus de la rentrée littéraire avec les vins. Un programme
réjouissant. C’est donc en partenariat avec des cavistes ou
restaurants que chaque libraire organise sa propre mani-
festation, en invitant éventuellement des auteurs.
Je suis allée à la soirée organisée par Clémentine Bar-
ranger, gérante de la librairie « Au chat lent » à Chal-
lans, également vice-présidente de l’ALIP. Cela se passait
chez son voisin, le restaurant Caillebotte tenu par le chef
Sylvain Bourmaud. Une vingtaine de personnes s’étaient
inscrites. La soirée fut gouleyante, les mots et les vins ont
été savourés avec le même plaisir autour d’une sélection
de quatre ouvrages, faite par Clémentine et sa stagiaire
Leslie, et des accords mets et vins concoctés par le chef
et son sommelier en adéquation avec la thématique de
chaque livre.
Je plébiscite ce genre d’initiatives qui montre tout
le dynamisme de nos libraires et de l’ALIP et vous
invite à consulter le site internet de l’association :
www.librairies-alip.fr afin de découvrir ses actualités et la
liste des libraires vendéens adhérents.
			 Marie-France Bertaud
Soirée « du raisin et des bouquins » à la librairie Au Chat Lent.
Clémentine Barranger et Leslie présentent leurs quatre ouvrages
sélectionnés.
18
Arnaud Guichard
couverture Théo Leconte
L’Île des oubliées
Les Chantuseries, 304p. 22 €
- Bonjour, Jean, regarde,
c’est mon tout dernier ; il sort de
l’imprimerie, L’imprimerie
Jauffrit, au Poiré.
Ici, tout est fait maison, cou-
su main : à vrai dire vendéen et
cahiers cousus. Les connaisseurs apprécient.
La couverture ? Un jeune, Théo Leconte. Il veut me
présenter un livre pour enfants ; ce n’est pas ma ligne édi-
toriale mais je le reçois, j’adore rencontrer les gens, c’est
toujours enrichissant. Son livre est joliment illustré :
- Superbes, ces dessins !
- C’est moi qui les fait...
Théo Leconte fera dorénavant mes couvertures, cette
belle île, la mer, le phare, c’est lui !
- Et l’auteur ?
- Un employé de l’imprimerie ! Je le connaissais bien.
Il me montre son manuscrit, je décide de l’éditer : tu me
diras ce que tu en penses.
- J’ai le rythme, en ce moment, avec la revue et le
Prix, un par jour ! Je le rajoute à la pile ! Mais, toi, écrire,
éditer, le ver était dans le fruit, les journalistes ont cela
dans le sang !
Un livre de poésies, en 72, chez Geste
- Je ne sais pas, j’avais déjà publié un livre de poé-
sies, en 72, chez Geste. À Presse-Océan j’avais l’actualité
littéraire, département que ne me disputaient nullement
mes confrères ; mais c’est peut-être comme cela qu’a
commencé mon intérêt pour les auteurs !
En 2009, je suis invité à la
bibliothèque du Poiré. On me
demande d’y créer un atelier
d’écriture. Je refuse, ce n’est
pas mon truc ! Mais six mois
plus tard, je l’anime cet atelier
!
Trois années passent, 14
de mes « élèves » ont écrit un
roman policier : « Pourquoi rue des Écus ? »
Je suis devenu éditeur ! J’apprends, je fais la tournée
des libraires. Très important, les libraires ! Aux Sables,
un libraire fait un concours de nouvelles avec le livre de
Christian Berjon : « le 11 à 11 heures, rue droite» : ses
ventes explosent !
Je rencontre Pierre Deberdt, « Code Stéphane » sera
ma deuxième publication...
- C’est parti !
- Oui ! Cinq livres par an ! Je me suis calmé, mainte-
nant, c’est trois, mais il faut garder le rythme !
- Tu as le flair pour dénicher les bons auteurs : Les
Chantueries décrochent de nombreux Prix littéraires, en
Vendée et le Club littéraire national du Lyon’s Club !
- Je recevais 300 manuscrits par an, j’ai publié 49
livres pour vingt-sept auteurs.
Mes auteurs, tu les connais ! Je les emmène avec
moi dans les salons. Tu as même acheté leurs livres !
- Je n’ai jamais regretté ! À chaque fois, je recherche
ce qui t’a plu chez ce nouvel auteur. On le dit, chacun a
sa ligne, son style, sa marque.
Être curieux, innover
- En fait, ce que j’apprécie le plus, c’est ma liberté,
j’aime, je choisis, je publie. Au journal, on s’interdisait
certains sujets : « Il ne faut pas ! Tu comprends ! ».
Non ! je ne comprenais pas, Il faut être curieux,
innover ; j’avais une rubrique : « L’été des écrivains » ; J’y
ai invité de nombreux auteurs, dont Yves Viollier. Être
curieux, voir du monde.
- Et là, éditeur, tu n’arrêtes pas !
- Voir, lire, corriger, éditer, voir la presse, courir les
libraires. Je suis tout seul avec ma
femme, pas de comité de lecture,
pas de correcteur...
- Quelle pression, mais cela
fonctionne.
- C’est mon univers ; pourtant
j’ai bien d’autres lubies : j’aime
l’Art, j’aurais aimé peindre, faire de
la musique, j’avais aussi pensé deve-
nir Conservateur de Musée...
Toi, tu traques les auteurs et les lecteurs
- C’est ton côté collectionneur. Je vois toutes tes
petites voitures...
- J’en avais près de 4 000 !
- Tu collectionnes aussi les Ducrot !
- Roger ? Une autre rencontre ! Regarde, il a peint ma
petite famille, et même le petit chat !
- Et sinon, d’autres passions ?
- La voile ! J’ai eu trois bateaux, un croiseur côtier,
« Le dernier
des Mohicans »
19
Bertrand Illegems
éditeur au Poiré sur Vie
« Les Chantuseries »
un dériveur...
- Et ta Facel Véga !
- Ma première voiture, il y a cinquante ans, je l’ai
toujours...
- Finalement, tu es un Conservateur de musée, à
ta manière, et avec ta Facel Vega, tu me fais penser au
Commissaire Laurence dans « Les petits meurtres d’Agatha
Christie », à la télévision le dimanche soir.
Toi, tu traques les auteurs et les lecteurs, un succès à
chaque épisode !
Finalement, c’est un style éditeur. André Hubert
Hérault a une « Pagode », Joël Bonnemaison une Jaguar,
Bonne ambiance aux Chantuseries !
Accueil décontracté, vue sur rue
Souvenirs, souvenirs
Roger Ducrot n’a pas oublié le petit chat !
j’aime bien les belles voitures...
Il y encore de bons journalistes...
- Peut-être, mais ce que j’aime surtout, c’est la curio-
sité, la rencontre avec de nouveaux horizons. J’ai publié
un auteur de Narbonne sur un sujet qui n’avait rien de
« Vendéen ». l’auteur, Ingo Grünewald, m’a sélectionné
les bons libraires, dans toute la France. J’ai fais ma tour-
née. À Sète, j’ai réussi à voir la rédactrice du « Midi Libre » !
Le lendemain, j’avais un grand article pleine page. Le
culot, cela peut payer, il y encore de bons journalistes...
- Et de bons auteurs qui ont des bons éditeurs...
- Et aussi des lecteurs !
La Facel Véga au salon de Maulévrier avec André Hubert Hérault!
20
Laurence Pain
couverture Théo Leconte
Seulement deux mots de français
« Tour Eiffel » , Renaissance d’un en-
fant du Bangladesh en Vendée
Les Chantuseries, 384 p. 18 €
Inspirée de faits réels, l’auteure
se met dans les pas d’un adolescent
du Bangladesh, dont les parents ont
été assassinés dans des mafias. Son périple le conduit
jusqu’aux Moutiers-les-Mauxfaits (Vendée), grâce à
l’action de l’OFPRA à Paris. Laurence Pain, alors ensei-
gnante de français au collège des Moutiers-les-Mauxfaits,
a vu arriver ce jeune dans sa classe. Elle a été le témoin
de l’élan de solidarité qui s’est formé autour de lui, avec
élèves et enseignants. Rien n’aurait été possible sans la
volonté de ce jeune, sa soif d’apprendre. On suit toutes
les étapes de son intégration. Un récit chaleureux, hu-
main, qui fait du bien dans le contexte actuel.
					 B.I.
Liste des 27 auteurs des éditions Les Chantuseries
dans l’ordre de l’édition des livres
Pierre Deberdt
Jacky Sabiron
Philippe Ecalle
Ingo Grünewald
Adrien Babarit
Nicolas Richard
Peter Robert Scott
Philippe Roirand
Joseph Briand
Michel Dillange
Frédérique Jaumouillé
Régine Albert
Laurence Pain
Christian Berjon
Alain-Pierre Daguin
Louis Gouraud
Ambroise Gasnet
Jean-Marcel Boudard
Jean-René Guicheteau
Hélène Nouzille
Emmanuel Nicoleau
Valentin Recoquillon
Jean-François Dietrich
Jean Defaye
Marie Moreau
Arnaud Guichard
Bertrand Illegems
- Oui, mais là, j’ai peur que cela faiblisse un peu.
On s’adaptera. De toutes façons je ne gagne pas
d’argent...
- Tu es riche de tes rencontres et de tout ce pe-
tit monde qui gravite avec bonheur autour des
« Chantuseries » !
- Ah ! J’oublais ! Un auteur rencontré dans un salon
a réalisé un petit film sur moi : il l’a intitulé « Le dernier
des Mohicans » !
- J’oubliais aussi tes salons littéraires, aux
Chantuseries. J’y ai retrouvé de nombreux auteurs
vendéens et l’ambiance des « Gueux » au salon de
Montaigu !
- Oui ! Tout un petit monde où je suis heureux de
trouver ma place, un « maillon » dans la vie vendéenne !
Deux jours plus tard
J’ai lu ton livre, « L’île des oubliées ». Au début, je me
suis demandé si j’allais supporter longtemps toutes ces
chipies et leurs disputes de pensionnat. Mais je me suis
très vite laissé entraîner, probablement comme toi, par
une intrigue et une atmosphère captivante.
J’espère que ce nouvel auteur aura du succès et que sa
veine ne se tarira pas.
J’ai aussi reçu la liste de tes auteurs, de bonnes
plumes. évidemment triées sur le volet !
Dédicaces à la librairie Agora, Jacques Auxiette est là !
Michel Dillange et le préfet Jacques Brot, à Montaigu, stand des
Chantuseries
21
Bertrand Illegems
couverture Théo Leconte
La Commère - Nouvelles et théâtre
Les Chantuseries, 164 p. 18 €
La couverture suggère l’idée de
voyage au long-cours. C’est le cas.
Tout d’abord au fil de sept nou-
velles, plus originales les unes que les
autres. La première nouvelle donne
son nom au titre du livre. Une nouvelle où le lecteur
largue les amarres pour un voyage, entre poésie et pure
fantaisie. Un fil rouge conduit le lecteur d’un regard à
un autre. Il faut se laisser embarquer par cette foison
d’images.
Puis suivent trois nouvelles sur le thème de l’amour,
et trois nouvelles sur le thème de la spiritualité. Là aussi,
le voyage littéraire est passionnant. Le livre se termine
par un long dialogue de théâtre, à deux personnages, A
et B, dans l’esprit des Diablogues de Roland Dubillard.
Pétillant de drôlerie, d’humour, d’invention avec par une
belle émotion musicale à la fin.
					 B.I.
Peter Robert Scott
Dessin de couverture de l’auteur
Le quatrième mariage
de Madame Couvrefeu
Les Chantuseries, 244 p. 20 €
Les lecteurs qui connaissent
bien l’écriture de Peter Robert
Scott vont se régaler, avec ce nou-
veau roman de l’auteur anglo-
français-vendéen. Peter possède
l’art d’associer humour et regard plein de tendresse et
d’acuité sur ses personnages et l’humanité. Ce mélange
divertissant immerge le lecteur dans un petit coin de la
Venise Verte, où vivent des veufs. Tandis qu’un peu plus
loin vivent exclusivement des veuves. On devine que les
rencontres ne manqueront pas de sel. D’autant plus que
l’ombre de François Rabelais veille ! François Rabelais
qui a été moine en l’abbaye voisine de Maillezais. Tous
les ingrédients sont réunis pour vivre des aventures drôles
et émouvantes.
				 Bertrand Illegems
Bertrand Illegems
Le voyage d’Alice
Les Chantuseries, 82 p. 15 €
J’ai lu aussi ton « testament », «
Le Voyage d’Alice ». entre rêve et réa-
lité, toujours cette faculté d’imaginer
sans limite, de croire, de s’ouvrir sur
un monde plus vaste, plus ouvert,
même si c’est un peu illusoire. Sou-
venirs d’enfance, joie des rencontres.
Décidément, Alice a toujours ses adeptes !
						 JR
Et ton château-fort ! Celui de ton enfance, toujours dans tes vi-
trines !
Roger Dubost aux Chantuseries, Madame Illegems aux fourneaux
et en représentation avec les auteurs
A Chantonnay, le 8 octobre, avec Peter Robert Scott
22
- Belleville ! Que c’est à Mé-
nilmontant...
- Bravo ! Parigot ! Belleville,
c’est aussi en Vendée...
- Non, maintenant c’est Bel-
levigny.
- C’est vrai ! On a rayé de la
carte le nom d’une des familles
les plus puissantes du Bas Poitou,
celui de notre première femme
corsaire...
- Femme corsaire ? Pirate,
c’est quoi cette histoire ?
- C’était au XIVe
siècle...
- Cela date un peu !
- Oui, une belle histoire
quand même ; elle a inspiré
bien des romans. Surtout depuis
quelques années. La mode est au
roman historique et même la té-
lévision avec « Des Racines et des
Ailes » consacre de nombreuses
émissions à l’Histoire...
- Oui, comme avec Richard
Coeur de lion...
- Ou Jeanne de Belleville, qui
descend aussi des ducs d’Aqui-
taine.
Stéphane Bern est venu à l’Île
d’Yeu y signer un « Secrets d’His-
toire ».
- Dommage ! Je ne l’ai pas vu
et la vidéo n’est pas disponible...
- Ce n’est pas par hasard, cette émission ! Tu l’as dit :
Jeanne de Belleville est devenue une star nationale.
- Elle l’était déjà en Angleterre !
- Normal, c’est avec Édouard III d’Angleterre qu’elle
s’est le plus illustrée.
En fait, Jeanne s’est trouvée de plein fouet au
coeur de la Guerre de succession de Bretagne avec
son second mari Olivier de Clisson : Le duc Ar-
thur est mort sans héritier mâle. Son demi-frère
Jean de Montfort et son gendre Charles de Blois se
disputent le duché.
Plus haut, c’est la même histoire avec la
succession de Philippe le Bel en France, Son petit-fils
Édouard III d’Angleterre prétend au trône échu à Phi-
lippe VI de Valois.
Les deux conflits ne sont pas étanches, la
Bretagne et le Poitou sont à la fois la convoitise et le
théâtre d’opérations entre la France et l’Angleterre en
pleine Guerre de Cent Ans.
Philippe III le Hardi,
roi de France , épouse en 1262
Isabelle d’ARAGON
dont Phillipe le Bel
et Charles de VALOIS
Philippe VI
de VALOIS
roi de France
épouse en 1313
Bonne
de BOURGOGNE
dont Jean Le Bon
Charles,
cte
de VALOIS
épouse en 1290
Marguerite de
SICILE
dont Philippe VI
Louis IX
roi de France, épouse en 1243
Marguerite
de PROVENCE
Jean
cte
de Richmond ,
duc de Bretagne
épouse en 1260
Béatrice
d’ANGLETERRE
Arthur, cte
de Richmond
duc de Bretagne, épouse
1) en 1275 Marie de LIMOGES
vtesse
de Limoges, , dont Guy
2) en 1290 Yolande de DREUX, ,
ctesse
de Montfort,
reine d’écosse, dont Jean
Henri III
PLANTAGENET
roi d’Angleterre
épouse en 1236
Eleonore
de PROVENCE
Edouard III
PLANTAGENET
roi d’Angleterre,
épouse en 1328
Phillipa
de HAINAUT
Edouard II
PLANTAGENET
roi d’Angleterre épouse
Isabelle
de FRANCE
Jean III
duc de BRETAGNE
Richmond
épouse en 1329
Jeanne
de DAMPIERRE
dite de FLANDRE
Raymond Bérangercte
cte
de PROVENCE
épouse en 1220
Béatrice de SAVOIE, dont El&onore et Marguerite
Philippe IV le Bel
roi de France , épouse
en 1284
Jeanne
de CHAMPAGNE
Navarre, dont isabelle
Edouard Ier
PLANTAGENET
roi d’Angleterre
épouse en 1254
Eléonore
de CASTILLE
Jean
de CHÂTILLON
Bretagne
épouse en 1388
Margaud
de CLISSON
Jean
HARPEDANNE
épouse
Jeanne
de CLISSON
dame de Belleville
Olivier V de CLISSON
épouse en 1361
Béatrix de LAVAL
Guy de BRETAGNE
cte
d’Etampes, épouse en 1318
Jeanne d’AVAUGOUR, dont Jeanne
2° vers 1328 ? Jeanne de BELLEVILLE,
veuve de Geoffroy de CHATEAUBRIANT
(veuf d’Alix de THOUARS) sans postérité
qui épouse 2° en 1330 Olivier IV de CLISSON,
veuf de Jeanne (Blanche) de BOUVILLE
3) vers 1349 Gauthier de BENTLEY
Charles
de CHÂTILLON
Blois
épouse en 1337
Jeanne
de PENTHIEVRE
23
Jeanne de Belleville
Première femme pirate ?
En fait, les ducs de Bretagne sont cousins des
rois d’Angleterre, cousins des rois de France ; les
ducs de Bretagne sont aussi cousins des rois de
France comme descendants de Raymond Béranger
de Provence : un imbroglio qui n’est pas étranger à
toutes ces guerres.
Jeanne de Belleville aurait épousé Guy de
Penthièvre avant Olivier de Clisson.
Guy est un autre fils du duc Arthur : sa fille (avec
Jeanne d’Avaugour) a épousé Charles de Blois...
- Voilà comment tout s’imbrique !
- Les Clisson, comme tous les Bretons, doivent
ménager les deux camps ; c’est une lutte d’influence
où tous les coups sont permis mais un jeu dange-
reux. Olivier de Clisson l’apprendra à ses dépends :
le roi de France Phillipe VI l’accuse de félonie et le
fait exécuter sans jugement.
L’histoire nous est contée dans de nombreux ro-
mans. Ils sont tous assez cohérents mais on en ap-
prend de plus en plus à mesure que s’ajoutent de
nouveaux auteurs.
Légende ou réalité ?
...Et là, démarrent l’histoire et la légende : Jeanne
se rebelle, pille un château, prend la mer, occis quelques
marchands et rejoint Édouard III d’Angleterre.
Décapitation d’Olivier de Clisson
HISTOIRE...		
et ROMANS
La surenchère se déploie et
cette année ; deux nouveaux
livres viennent de paraître :
« D’écume et de sang» de Mi-
reille Calmel et « Jeanne de Belle-
ville, la Véritable Histoire » d’As-
trid de Belleville.
- La Véritable Histoire, avec
un grand V et un grand H, on va
donc enfin savoir qui croire...
- Peut-être ! Je te parle d’abord
de la « furie » de Mireille Calmel.
Jeanne y crève les pages.
Elle multiplie les aventures, les
exploits, tue des loups : elle est
vraiment « déchaînée ».
Mireille sait écrire et nous
faire aimer son héroïne...
- Elle rajoute à la légende !
- Oui ; on en redemande ; on
la comprend, cette Jeanne. On
l’aime, on la suit, on la venge...
- Attention ! Ce n’est qu’un
roman ; parle moi plutôt de la
Véritable Histoire.
24
Une quête documentaire
Astrid de Belleville n’est pas romancière
mais étudiante en Histoire, Civilisation
médiévale, sous la direction de Martin
Aurell à l’Université de Poitiers.
Tous deux accompagnaient Stéphane
Bern à l’Île d’Yeu.
Astrid ne dispose pas d’archives fami-
liales mais part à la recherche de sources
fiables, la chronique Adae Murimuth de Ro-
bert de Avesbury et la Chronique normande
du XIVe
siècle et Les Grandes Chroniques de
France.
On y voit qu’Olivier de Clisson avait
fini par rejoindre son frère Amaury dans le
camp d’Edouard III d’Angleterre et prendre
parti pour Jean de Monfort, aussi soutenu
par les Anglais contre Charles de Blois.
Les romanciers font d’Olivier un inno-
cent, lâchement assassiné par Philippe VI,
victime d’un complot monté par Édouard
III et Geoffroy d’Harcourt qui convoitaient
les biens d’Olivier de Clisson et de Jeanne de
Belleville.
Astrid de Belleville veut aussi relativi-
ser la cruauté et l’esprit de vengeance de
Jeanne, pourtant affirmés dans la chronique
normande. Elle souligne l’erreur du chroni-
queur à propos de la mort du châtelain de
Brest, Gallois de la Heuse, qui s’était en fait
échappé (On le retrouvera plus tard dans
d’autres aventures) non pas de Brest mais
d’un autre château breton non identifié.
Relativiser aussi la « piraterie » ; une
seule phrase de la chronique dit qu’elle prit
la mer et fit en celle saison plusieurs marchands
occire.
Cette phrase est la seule référence sur
cette « piraterie ». Astrid de Belleville ima-
gine plutôt que son aïeule a fui la France
où elle était poursuivie pour avoir tenté de
faire échapper son mari et qu’elle a occis des
« marchands », probablement de sel, parce
qu’elle avait besoin de se refaire financière-
ment et que ce sel provenait peut-être de ses
propres marais de la baie de Bourgneuf.
- Ce n’est guère plus valorisant. Je com-
prends que les romanciers aient choisi une
interprétation plus chevaleresque.
- Tout de même avec des morts à la clé !
- À cette époque, on éliminait les
obstacles sans hésitation. Olivier de Clisson
en est un bel exemple.
- Astrid indique que les historiens ont
été les premiers à créer le mythe de la cor-
saire qui voulait venger son mari ; elle cite
Dom Morice, Dom Lobineau...
- Pitre-Chevalier reprend cette équipée
dans les mêmes termes dans son « Bretagne
et Vendée » paru en 1844.
- La voie était ouverte : une invitation à
la romance et à l’aventure.
- Et cela finit comment ?
- Dans le meilleur des mondes ! Jeanne
obtient le soutien d’Édouard qui lui fait
petit à petit restituer les terres bretonnes et
poitevines sous sa coupe. Jeanne épouse son
représentant Gaultier de Bentley qui l’aide
également.
Son fils Olivier, comme Geoffroy
d’Harcourt, rejoindra le camp Français et
Olivier, après une belle carrière aux côtés
de « du Guesclin », lui succédera comme
Connétable de France ; il récupérera tous les
biens de ses parents.
- Qui seront à nouveaux perdus par sa
fille Margot !
- Oui ! L’Histoire se répète souvent !
Margot épousera Jean de Blois-Chatillon, le
fils de Charles !
- Et alors ?
- Margot reprend la lutte, s’empare en
1420 du duc de Bretagne Jean V à Champ-
toceau (petit-fils de Jean de Montfort) et le
maintient prisonnier à Clisson, Vendrennes,
aux Essarts et même à Bournezeau.
Marguerite s’est attaqué à un trop gros
gibier, Jean V est le mari de Jeanne de France
(Valois), fille de Charles VI, roi de France.
Une histoire à rebondissements
Vengeance ?
Jeanne de Belleville, vitrail de BobVenables
25
Jeanne s’empare de Champtoceau
et le ruine, contraignant Marguerite à
libérer son prisonnier. C’est la fin de
la lignée des Clisson et des Penthièvre
dont les biens sont confisqués au profit
du duc d’Étampes, Richard, frère de
Jean V.
- Tout ça pour ça !
- Mais encore un autre roman de
Patrick Denis qui avait aussi signé un
livre sur la femme corsaire : Une cor-
saire Bretonne, Jeanne de Clisson.
- Patrick est de la même étoffe que
son frère Christian, auteur d’un thriller
sur Gilles de Rais et cité dans ces pages
pour « Leçon à Luçon », il n’a pas
peur de faire revenir le père de Jeanne
des croisades. Ce n’est pas connu
mais pas impossible et nous vaut 100
premières pages très instructives.
Patrick raconte l’histoire de Jeanne
traversant des épisodes et faits connus
et nous entraîne dans la vie quoti-
dienne de cette époque à Paris et en
Poitou.
Ah mais ! Il se trompe de blason
pour les Belleville. Comme déjà, il
me semble, Laure Buisson (Pour ce
qu’il me plaît, Jeanne de Belleville, la
première femme Pirate, Grasset) il y a
quelques années. Dommage ! Mais ce
n’est qu’un détail !
Son livre sur Margot témoigne de
sa grande connaissance des dernières
péripéties de la guerre de succession de
Jeanne de Belleville,
publicité joaillerie Boucheron, 2006
Grandes Chroniques de France
Marguerite de Clisson,
assaillie à Champtoceau
Bretagne.
- Et sinon ? Les autres ?
- Des romanciers, Emile Péhant (en 1868),
Elie Durel (Jeanne de Belleville, corsaire par
amour, Geste), Isabelle Pelé (Le Coeur flibustier,
Ex Æquo).
Des « historiens» : Armand de la Fontenelle,
Histoire d’Olivier de Clisson, connétable de
France, Paris 1826 ; Mme
de Clisson, Histoire
d’Olivier IV de Clisson, connétable de France,
Debécourt 1843.
- Les Cahiers de l’Histoire du Pays Maraîchin
ont consacré une grande part de leur numéro 6
en 2020 à Jeanne de Belleville.
- Et en Angleterre ?
- De nombreuses publications aussi... Mais
ce n’est pas tout, je lis : Sous la plume du scénariste
Roger Seiter, elle va devenir une héroïne de bande
dessinée, révèle ce « Secrets d’histoire » à la saveur
particulière qui décrypte en filigrane quelques as-
pects du célèbre film « Pirate des Caraïbes ».
- Un court métrage a été réalisé en 2022 :
Jeanne de Belleville, fiction produite par l’asso-
ciation K.M production et réalisée par Maxime
Pinchaud. Le projet a été présenté au Nikon film
festival 2022.
- Oui, ce n’est pas fini, la légende l’emporte
toujours !
				 JR
26
Suzanne Gachenot
Les Sœurs Loubersac
Presses de la Cité, 524 p. 21 €
Dans les années vingt, trois sœurs grandissent ensemble dans le domaine de Cazelles,
près d’Albi. Unies, mais de caractères affirmés et différents. L’avenir du domaine familial
contrarie les projets et les amours.
Léonie, l’aînée, va accepter par devoir l’injonction paternelle. Espérie, la cadette, fa-
rouche et indépendante, s’enferme dans ses rêves inaccessibles. Rosalie, la benjamine, dé-
couvrira à Bordeaux les nouveautés et les plaisirs de la grande ville. Suzanne Gachenot
écrit avec bonheur et talent les destinées d’une fratrie attachante et complexe. Avec sensi-
bilité, elle propose ici un beau roman qui témoigne aussi des contraintes, des espoirs et des contradictions
d’une époque charnière ou chacun - chacune surtout- a du mal à se situer entre le passé qui pèse et le futur
qui inquiète.											 G. B.
Françoise Rochais
Jongler à la vie à la mort
Max Milo , 16 p. 19,90 €
Jongler à la vie à la mort. Avec ce titre très fort et si évocateur une fois que l’on a tourné les
dernières pages de son livre, Françoise Rochais nous offre une formidable leçon de résilience. Ce
mot est beaucoup galvaudé en littérature contemporaine, mais ici il trouve ici tout son sens. Le
récit des premiers souvenirs de l’autrice en tant que majorette ont fait écho à mon propre vécu
d’enfance challandaise. Là s’arrêtent les similitudes, car ensuite le chemin de vie de Françoise dévie.
Avec beaucoup de pudeur, elle jongle avec les mots pour nous dévoiler les outrages subis de la part
de proches familiaux. C’est un choc, pour la petite fille qu’elle était, pour nous qui découvrons ces
faits horribles qu’elle cachera de longues années. Françoise va traîner derrière elle ses démons intérieurs et son mal-être
en se donnant à corps perdu dans l’art du jonglage où elle excelle puisqu’elle deviendra championne du monde à Las
Vegas. Au bout du chemin, il y aura – après des aveux à sa famille, une fois à l’âge adulte, cette fameuse résilience dont
je vous parlais plus haut pour qu’enfin les cicatrices se referment sur tant d’années de non-dits douleureux.
Ce livre exutoire m’a profondément émue. C’est un énorme coup de cœur. Et Françoise Rochais est une femme
formidable qui mérite le respect.
												 MFB
Deux lauréates !
Prix des Écrivains de Vendée
Prix des Écrivains de Vendée - Crédit Mutuel Océan
Le comité de sélection avait hésité à représenter Suzanne Gachenot, candidate
malheureuse au Prix Charette à Grasla. La lutte homérique pour le Prix la prédisposait
pourtant à courir sa chance à nouveau et, cette fois, le jury ne l’a pas laissée passer.
Quant à Françoise Rochais, la « Jongleuse », le jury a voulu saluer le parcours de vie
exemplaire de cette artiste qui a su relever tous les défis.
27
Prix des Écrivains de Vendée
Alain R.P.Bach
Stigmates
L'Atlantide, 364 p. 20 €
Avant de revenir aux Sables-
d'Olonne, Pierre Delaunay a vécu
des aventures mouvementées :
une vie dangereuse pleine d'inat-
tendus, quand il s'agit d'enquêter
pour retrouver la trace de tableaux
spoliés durant la deuxième guerre
mondiale par l'armée allemande,
des amours compliquées parce que le personnage d'An-
nelore est passionné autant que mystérieux, trouble et
inquiétant. Se greffent de surcroît dans la trame du récit
des questions non résolues de paternité qui taraudent le
héros.
Bref, des ingrédients qui forment un roman bien fi-
celé, imaginé à partir de faits avérés. L'auteur connaît
son sujet et mêle avec habileté, l'espionnage, les passions
contrariées et la narration des horreurs des conflits.
Jamais le lecteur ne perd le fil de cette histoire malgré
sa complexité. Un beau roman qui tient en haleine.
				 Pierre Deberdt
Florent Gautier
L'Écrivain et le Prince
Librinova, 245 p.15, 90 €
Un premier roman étonnant.
Dense, foisonnant.
Un jeune poète est confronté à
un tyran. L'histoire est prenante et
les joutes verbales, justes, tournent
autour de réflexion sur les démocra-
ties occidentales.
Les libres penseurs ont toujours dérangé. Et notre
poète est en bien mauvaise posture face à l'oppresseur
avec pour seule arme, son esprit et des mots bien aiguisés.
Des fables de Charles Perrault et d'Ivan Krylov, émaillent
à point et à merveille le roman.
Les premiers chapitres semblent évoquer un temps
et un lieu mal définis, il en va tout autrement quand au
fil du récit, quelques cruelles vérités sur notre temps sont
révélées.
Qui se cache derrière "L'Écrivain ", qui est véritable-
ment "Le Prince" ?
				 ET
Michelle Mazoué
La femme du maître tailleur
Terres d’Histoires, 315 p. 18,90 €
Vous l’avez certainement re-
marqué : plusieurs romancières
vendéennes ont acquis, en peu
d’années, une notoriété et un pu-
blic de lecteurs qui leur ont ou-
vert les portes de grandes maisons
d’édition nationales. Parmi elles,
Michelle Mazoué, qui vit à La
Tranche-sur-Mer, et dont le livre précédent, Le secret des
Jeanne, avait déjà suscité beaucoup d’intérêt.
A la fin du XVIII e
siècle, Mathilde, son héroïne, une
jeune lavandière parisienne, vit très pauvrement. Em-
bauchée chez un grand tailleur, elle est mariée contre son
gré au fils de la maison, un homme cynique et brutal
qui la maltraite. Mathilde trouve un réconfort auprès de
Nicolas, le jeune apprenti de l’atelier, doux et prévenant.
Après bien des péripéties, celui-ci, ignominieusement ac-
cusé, sera arrêté et envoyé au bagne à Toulon. Mathilde
s’est jurée de le rejoindre et de le délivrer...
Voilà un beau roman historique, bien construit, servi
par une écriture élégante, qui allie la justesse des lieux et
des situations, le romanesque et le suspense. La suite, Le
mauvais œil, qui vient tout juste de paraître, est attendue
avec gourmandise.
					 G. B.
Daniel Tranchant
La Vendée au bout du chemin
Vdl, 234 p. 20 €
Le titre l'indique, il y est
question de destinées bousculées
par la guerre, celles de Martha et
de Gus. D'une écriture limpide,
l'histoire de cette petite fille, exi-
lée flamande pendant la Première
Guerre mondiale.
Pour son salut, sa famille, jetée hors de leur maison
par les Allemands, a dû fuir la ville occupée. Martha ra-
conte avec ses yeux d'enfant, la Grand-mère oubliée à
l'étage dans la précipitation, le Grand-père héroïque qui
retourne la chercher dans la maison occupée par l'en-
nemi redoutable et la ramène dans la brouette. Elle dit
l'horreur, la peur au ventre, la fuite, la faim, la soif, les
longs convois sur les routes, tout ce qu'on laisse sur ces
routes de misère, l'errance vers la mer... Loin vers l'in-
connu. Quelque part en Vendée il y a Gus et ses parents,
la ferme, et... la guerre. Le chemin des deux héros est
chaotique, long, terrifiant, et va se croiser... L'auteur re-
visite cette époque avec brio en s'appuyant sur des témoi-
gnages et met en lumière un pan mal connu de l'histoire.
				 Eveline Thomer
28
2 juillet, le Salon d’Angles,
une première intéressante
C'est à l'initiative de
la mairie d'Angles (de
son maire Joël Mauvoi-
sin) et de JB Produc-
tion que s'est tenu le
premier Salon du Livre
d'Histoire d’Angles du-
rant le premier samedi
du mois de juillet. Un
salon où l'originalité
résidait dans le nombre
réduit du nombre d'écrivains, pas plus d'une
douzaine (Viollier, Louboutin, Yborra, Hé-
raut, Raigniac, mais aussi Jacques Bernard,
Dominique Sécher, Catherine Girard-Augry,
Philippe Meyre...). Un concept de salon dont
le créateur Joël Bonnemaison (JB Production)
avait l'idée depuis pas mal de temps, idée enfin
concrétisée.
Certes, il n'aura manqué que la foule, pro-
bablement partie sur les plages durant cette
journée de début de vacances estivales, de plus
extrêmement ensoleillée. Mais, surprise, le pu-
blic venu était acheteur ! « J'ai vendu plus de
livres qu'à Montaigu au printemps dernier »,
ont affirmé plusieurs d'entre eux. Etonnant,
non ? Mais probablement que ce concept laisse
plus de place aux vrais lecteurs, plus de temps
aussi aux écrivains pour échanger avec son pu-
blic. Une nouvelle édition est prévue en 2023.
Reconnais-
sance !?
Chaque humain a
besoin de reconnais-
sance c’est entendu. Et
les écrivains beaucoup
plus, les artistes en gé-
néral…
J’avais déjà dû
écrire dans ces colonnes
voilà quelques années
que le jour où je trouve-
rai un de mes livres dans
les bacs du Boul’Mich
à Paris à 0,20 euros
(j’y avais trouvé un
Ragon, « La louve de
Mervent »), je serais un
grand écrivain !
Bon, je ne suis pas un grand écrivain, j’écris en
vain, sur le vin aussi ! Mais j’écris, je ne peux m’en
passer. Comme lire ! Aussi, je me contentais de
l'idée de retrouver, un jour prochain, un de mes
livres dans un vide-grenier ou une bibliothèque
rurale pour flatter ma vanité.
Eh bien ça y est !
Elle est enfin flattée ma
vanité ! Car j'ai vu un
de mes recueils de nou-
velles (« Chute libre »,
Petit Pavé) chez Em-
maüs, aux Essarts l’au-
tomne dernier ! Parfai-
tement. Et il y en avait
des livres dans ce lieu,
par milliers ! Mais je n'y
ai vu que « mon » livre !
Que j'ai acheté 1 euro !
Je l'ai même relu ! Ce que je n'avais jamais pris
le temps de faire depuis sa publication. C'est fou,
non ! Je m’aime !
J’adore fouiller dans ces lieux, Emmaüs ou
bibliothèques de rues. Ces derniers temps, j'y
avais trouvé du Viollier (« La chasse aux loups »,
chez Flammarion !), du Prouteau (« Les fleurs
de l'âge », des poèmes, ses meilleurs), du Alain
Perrocheau (Le naufragé picton »), du Christoph
Chabirand (« Halloween ») et même du Régine
Albert (« Les pierres de sucre », son premier recueil
de nouvelles !) et du Pierre Yborra (« Le coureur
d'infortune »).... Mais pas « moa » jusqu'à ce jour
de fin septembre aux Essarts !
Depuis, comment dire, je me sens bien ! Très
bien même ! C'est ballot, non !? Mais si je dis des
bêtises, vous m’arrêtez !…
			 Philippe Gilbert
29
SORTIES...
Louboutin et Meyre
Prix Gilbert-Prouteau 2022
C’est durant ce salon qu’a été remis le prix Gilbert-Prou-
teau. Un Prix sérieux qui ne se prend pas au sérieux, qui de-
mande d’avoir connu et lu du Prouteau, le natif de Nesmy
(1917-2012), écrivain qui fut aussi cinéaste.
Cerise sur ce gâteau : le ou les « osca-
risés » ne sont pas prévenus. Ainsi Hervé
Louboutin, journaliste, notamment en
Vendée, à la direction départementale
de Presse-Océan dans les années 1980.
Années où il se lia à Gilbert Prouteau,
jusqu’à co-écrire un ouvrage ensemble
(Les Enfants du pays, 1983). « Gilbert
était mon ami », s’est ému Hervé Lou-
boutin, qui a rappelé quelques mer-
veilleux moments qu’il a passé avec lui, en écrivant cet ou-
vrage, mais aussi au Puy du Fou, ou encore lors de « l’affaire
Gilles de Rais »… « Prouteau était le roi du canular ! Avec lui
et son épouse Hélène, j’ai passé de merveilleux moments de
rigolade, de déconnade »…
Oui, touché l’ami Hervé… Bien
plus que l’autre récipiendaire, Philippe
Meyre, surprenant Prix Gilbert-Prou-
teau, « alors que je ne l’ai jamais rencon-
tré ! »
Mais l’avocat nantais, dans son der-
nier ouvrage intitulé « L’iconoclaste »,
une biographie du journaliste Joël Bon-
nemaison, rappelle longuement une
anecdote sur Gilbert Prouteau, notam-
ment une farce qui avait mal tourné en 1999, et avait valu
quelques ennuis, plutôt injustifiés, à Bonnemaison.
Hervé Louboutin et Philippe Meyre succèdent au palma-
rès à Yves Viollier et Claude Boisumeau (à Cerisay en 2021),
et à Régine Albert (à Grasla en 2020).
						 PhilG
Pour une troisième session –les deux premières
avaient eu lieu en 2013 et 2015– l'ICES de La
Roche-sur-Yon a réuni étudiants et auditeurs ex-
térieurs pour un colloque sur la Vendée littéraire.
Durant cinq demi-journées, une vingtaine de
conférenciers rassemblés par Jean-Marc Joubert,
directeur de la Faculté Lettres et Langues, sont in-
tervenus sur les thématiques suivantes : Territoires
vendéens, Vision de la "Grande guerre" (celle de
93), Figures de Vendéens, La Vendée littéraire an-
ciens et nouveaux styles, La Vendée terre de "po-
lars".
Cinq d'entre eux étaient des membres de la
Société des Écrivains de Vendée. René Moniot-
Beaumont a présenté Elder à Noirmoutier, Michel
Chamard a focalisé l'attention sur Julien Grac
géographe de la Vendée, Hervé Louboutin a évo-
qué Châteaubriand et la Vendée, Yves Viollier a
expliqué son cheminement du roman au roman
graphique, et Alain Perrocheau a développé Fon-
tenay-le-Compte, la fontaine des Beaux-Esprits de
Rabelais à Rapin.
Leurs communications et toutes les autres de
ces trois jours de découvertes studieuses trouveront
leur prolongement dans une publication intitulée
"La Vendée littéraire III" d'ici quelques mois.
			 Alain Perrocheau
Colloque à l’ICES,
La Vendée littéraire III
Les 25, 25 et 26 octobre
30
Jard sur Mer, Escale littéraire, le 18 septembre
Une escale littéraire qui portait bien son nom. À deux encablures du port,
le centre ville de Jard sur mer était parsemé de tivolis sous lesquels les discus-
sions allaient bon train.
Chaleureuses retrouvailles entre auteurs et lecteurs après une absence de
trois ans !
Assurément une belle journée grâce à l'organisation sans faille des respon-
sables médiathèques et des bénévoles ! https://escalelitteraire-vendeegrandlittoral.fr
							 Eveline Thomer
L’Épine, 5 et 6 août
Après deux années d’interruption en raison de la pandémie, le salon du
livre de l’Épine sur l’île de Noirmoutier a repris ses marques les 5 et 6 août
derniers pour le plus grand plaisir des lecteurs et des auteurs, grâce à l’énergie
débordante de Fanny Mainguet, présidente de l’Association du Livre et des
Arts, et de sa chaleureuse équipe de bénévoles.
Karine Lebert, autrice normande éditée aux Presses de la Cité, était la
marraine de cette 14e
édition qui réunissait une cinquantaine d’auteurs.
L’association, en collaboration avec les éditions Past’elles, a présenté à cette
occasion le recueil de nouvelles édité suite au concours organisé en amont, sur
le thème « Disparition à Noirmoutier » et les prix ont été remis aux lauréats.
Conférences, spectacles, concours de dictée et de parlanjhe ont animé ce
salon estivalbienimplantédanslepaysagelittérairevendéen,ausuccèsquinese
dément pas.					 MFB
Saint-Gervais, 1er
et 2 mai
Pour cette 27e
édition, l'association Patrimoine et Tradition, emmenée par
son Président Gilles Perraudeau, a mis la barre haute en invitant des parrains
d’honneur exceptionnels, le chanteur et auteur Yves Duteil ainsi que Stépha-
nie Bataille, humoriste, comédienne et également autrice. Une cinquantaine
d’auteurs ont répondu présents durant les deux journées de ce week-end du
1er
mai qui fut très chaleureux et marqué par un « bœuf » exceptionnel offert
durant le déjeuner par Yves Duteil et la chanteuse vendéenne Thérèe, sans
compter les conférences et apéros littéraires.
Cette année, le Prix Claude Mercier a été attribué conjointement à
• André Barreteau pour son récit autobiographique « Dans le silence de mon père » (La Geste - Les moissons),
• aux éditions Histoire-Arexcpo Vendée, sous la direction et la plume d’Alain Jouanneau, le président, en collaboration
avec Micheline Rambaud, cinéaste de l’ascension du Cho Oyu en 1959, pour la revue hors-série intitulée « Colette le
Bret, médecin de la première expédition féminine dans l’Himalaya en 1959 ».
											 Marie-France Bertaud
Le Langon, 20 novembre 2022
Une des dernières manifestations de l'année, le Salon du livre d'auteurs
régionaux au Langon. Un rituel bien rôdé, la salle prend un air de fête. Les
habitués passent plusieurs heures voire la journée avec les auteurs autour des
nouveautés de l'année : romans de terroir, recettes de cuisine, polars et autres.
Un bar est ouvert en permanence avec des gâteaux maison. Convivialité,
partage et bonne humeur autour des organisateurs disponibles et aux petits
soins. madyflore@wanadoo.fr
			 			 Eveline Thomer
31
Le 18 septembre 2022, Dominique Bonnin, maire de
Luçon a remis le prix du 1er roman de la ville de Luçon à
Denis Gout. Ce concours, soutenu par une master class, avait
quelques conditions initiales : ne jamais avoir été publié, gar-
der un lien avec Luçon et rédiger ce premier livre en neuf
mois.
Les sept candidats retenus ont suivi cette master class
dirigée par Jean-Philippe Charrier, conseiller municipal dé-
légué à la communication, accompagnée de Corinne Gi-
rard, romancière, et aidée d’intervenants de qualité tels que
Christophe Prat d’Ella Éditions et Eloïse Averty d’Astralabe,
pour des échanges sur l’écriture et la découverte du territoire
luçonnais riche en histoire. En cours d’année, un comité de
lecture a donné aux candidats des premiers avis pertinents sur
leurs textes. Tous les ingrédients étaient là pour que de bons
romans voient le jour et le jury s’est montré d’ailleurs très
satisfait du résultat.
Ces livres ont une belle diversité de genres littéraires.
Anne Beunier évoque la transmission historique et intergéné-
rationnelle. Claudine Maubrun maîtrise son épopée familiale
avec ses drames et ses rebondissements. Virginie Mosneron
Dupin raconte avec humour la quête de sens et de valeurs
lorsque le management en entreprise devient toxique et sans
éthique. Sophie Vandenbussche imagine un crime qui se dé-
roule dans les dédales de Luçon. Le plus jeune des candidats,
Jason Gourdin-Servenière relate avec bonheur l’histoire de
son grand-père. Enfin, beaucoup de poésie sur un fond de
terroir a été proposé par Patrice Hérisset. Gageons qu’ils trou-
veront rapidement des éditeurs pour leur publication.
Décidemment, les amateurs d’écriture ont un bel avenir
en Vendée !
Alain Perrocheau
Luçon,
Prix du premier roman
18 septembre, une édition très prometteuse !
De gauche à droite : Patrice Hérisset, Anne Beunier, Sophie Van-
denbussche, Jason Gourdin-Servenière, Jean-Philippe Charrier, Vir-
ginie Mosneron Dupin, Denis Gout (lauréat du Prix), Dominique
Bonnin, Claudine Maubrun
Concours de nouvelles
2021-2022
de la Société
des Écrivains de Vendée
Cette première expérience fut un succès. Nous
avions convié les écrivains de tous horizons à com-
poser un texte original. Les contraintes étaient
simples : 3000 mots, une phrase imposée et, si
possible, une chute surprenante. 44 auteurs ont
envoyé leur pensum. Des jeunes, 12 ans, des plus
âgés bien entendu, des auteurs de toute la France
attaché ou non à la Vendée et un Québécois, eh
oui ! nous ont offert des textes variés. Certains
ont fait rire le jury, d'autres ont évoqué des sujets
plus graves, d'autres encore ont habilement réussi
à glisser la phrase imposée. Le jury a dû trancher.
Il a extrait de ces textes anonymes les lauréats sui-
vants :
1/Madame Sophie Muller Renaudeau pour
« Panier piano ».
2/ Madame Pierrette Gobin Vaillant pour « La
petite mélodie du silence ».
3/ Monsieur Yann Bertaud pour « Une poi-
gnée de fayots ».
Vous pouvez découvrir les textes des dix pre-
miers sur notre site internet. Vous trouverez aussi
une vidéo de la remise des prix qui a eu lieu lors de
notre repas d'été en juillet 2022.
Fort de cette première expérience, le jury a dé-
cidé de relancer l'aventure. À vos plumes !
		 Pierre Deberdt
Nouveau concours en 2023, du 15 décembre
au 15 mars, renseignements et inscriptions sur
notre sit
https://ecrivainsvendee.wordpress.com
32
Aandré Barreteau
préface Yves Viollier
Dans le silence
de mon père
La Geste,
96 p. 18 €
Cette autobio-
graphie d’un fils de
boulanger de Saller-
taine est celle d’un
patron vendéen, autodidacte qui « s’est
fait ». Le livre de toute une vie aussi, qui
ne manque pas de surprendre par son hu-
manisme, vie retracée avec simplicité, ab-
négation, là où d’autres auraient peut-être
roulé les mécaniques. Mais la modestie
est aussi une forme de panache.
Chapeau « Dédé » Barreteau !
				 PhilG
Astrid de Belleville
Jeanne de Belleville
La Véritable
Histoire
Geste, 206 p. 19 €
Livre évoqué en
début de nos sélec-
tions avec d’autres
auteurs sur ce
même sujet.		
				 JR
Refuge de Grasla
Prix Charette 2022
Le jury a tranché pour le boulanger
Beaumatch,bellecourse,pourparlersport! Mais restons en littérature,
même si celle-ci peut se livrer à des compétitions. Et le Prix Charette
décerné à Grasla est un des plus prestigieux prix du département, avec
le prix Ouest et le prix des Écrivains de Vendée.
À Grasla, outre que l’auteur ou son thème doivent être Vendéens,
il faut aussi allier le panache, tel le fameux général vendéen. Panache
dans le style, dans l’histoire... Et c’est une préselection de 5 livres
qui, un jour de fin de juillet au Refuge de Grasla, ont confronté leur
panache lors d’un vaste débat autour de 9 jurés (*).
Cette année, la compétition était ouverte. Et à l’issue d’un pre-
mier tour de table où chaque juré a pris la parole, sortaient des votes
(à bulletins secrets) un match nul 4-4. En ballotage : « Le silence de
mon père » d’André Barreteau et « Les sœurs Loubersac » de Suzanne
Gachenot (nièce de l’emblématique footballeur yonnais).
Étaient éliminés : « L’ombre du Parc » de Richard Lueil (un polar
qui avait ses détracteurs et ses admirateurs) ; « Jehanne de Belleville, la
véritable histoire », d’Astrid de Belleville (plutôt une étude historique
mais cependant très intéressante) et « On y sera un jour, mon grand »,
de Jean-Maurice Bonneau (peu-être trop destiné aux vrais amateurs
de sport hippique, notamment des concours de sauts d’obstacle)…
Sous la direction du président du jury Wilfried Montassier, la
discussion faisait long feu et un nouveau vote donnait cette fois-ci
un léger avantage (5-4) à Barreteau, le boulanger de Saint-Jean-de-
Monts, créateur de la Mie Câline. Ce, malgré la verve et les émotions
de lecture des trois sœurs Loubersac au destin si contrarié dans la
première moitié du XXe
siècle, intrigue que place Gachenot dans le
Bordelais.
							 PhilG
(*) par ordre alphabétique : Gilles Bély, Marie-France Bertaud, Michel
Chamard, Joël Cossais, Philippe Gilbert, Wilfried Montassier, Alain Perro-
cheau, Jean de Raigniac, Yves Viollier.
Suzanne Gachenot
Les Sœurs
Loubersac
Presses de la Cité,
524 p. 21 €
Livre évoqué
pour le Prix de
Écrivains de Ven-
dée.			
		 G. B.
33
Richard Lueil
L’ombre du parc
Le Lys et le lin
Dans ce polar, on sent
d’abord un réel attache-
ment à la Vendée, notam-
ment celle du bocage. Et
l’intrigue développée au-
tour d’un château isolé et
habité par un énigmatique
propriétaire est bien fice-
lée, passionnante, subtile même… Et totalement
crédible même si des fantômes hantent les allées
de ce château. Richard Lueil, dont c’est le qua-
trième ouvrage, est un auteur à suivre.
SALONS...
Jean-Maurice Bonneau
« On y sera un jour, mon
grand ! »
Acte Sud, 385 p. 23 €
Dans les années 70, ne
sachant quel métier adop-
ter, Jean-Maurice Bonneau,
né près de Ste
Hermine en
Vendée, passe un CAP de
peintre en bâtiment ; mais
des parents agriculteurs et
des frères cavaliers professionnels ont eu finale-
ment raison de son choix équestre qui débutera
en Vendée dans les petits concours ruraux …
Puis de stages en stages hors du département,
il acquiert le haut niveau qui lui permettra de
gagner de nombreuses épreuves internationales
avec, entre autres, un excellent cheval vendéen
né près de chez lui !...
Un peu plus tard, le poste d’entraîneur de
l’équipe de France de saut d’obstacles s’offre à lui
! Une vraie vocation. Dans ce livre, moult détails
des grandes épreuves de compétitions équestres,
des choix de cavaliers et de chevaux, des parcours
de chaque cavalier, des victoires, des défaites, des
déceptions, des doutes, des accidents, du stress,
mais aussi et surtout, plein de bonheurs, de joies,
de satisfactions.
Il donne les conditions essentielles pour for-
mer une super équipe : travailler le physique, la
technique, le mental. Ce furent les clés des suc-
cès pour remporter médailles d’or ou d’argent
par équipe ou en individuel en championnat
du monde ou d’Europe de 2002 à 2016 avec la
consécration en or aux Jeux olympiques de Rio.
Grâce à ce livre, vivez avec Jean-Maurice
Bonneau son parcours d’entraîneur de compéti-
tions équestres à travers le monde…
					 AMR
Rencontre dans les allées de Grasla
Au hasard de mes déambulations dans les allées
du dernier Refuge du Livre de Grasla, mon attention
a été attirée par une maison d'édition au nom curieux.
Aid'itions, Le Chat Virgule. Quel est donc ce félin et que
prétend-il griffer ?
Marie-Annie et Marie, derrière leur étal, ont répon-
du avec enthousiasme à mes questions.
Ces personnes animent une association forte d'une
vingtaine d'adhérents, depuis 2017. On pourrait, de
prime abord, imaginer qu'il y a dans le travail de ces
bénévoles un petit côté « écrivain public ». Là n'est pas
leur but. Les membres se proposent d'aider, encourager,
décomplexer, stimuler aussi, les personnes qui désirent
écrire. Elles accompagnent les auteurs par le biais d'ate-
liers d'écriture, accouchent parfois la parole, donnent des
conseils pour structurer les témoignages et les récits de
vie.
Ensuite, vient le travail de relecture, de mise en page,
d'impression. On découvre des ouvrages dont la reliure
cousue est très originale, d'autres qui comportent une
phrase qui court tel un furet en bas de chaque page.
J'ai feuilleté entre autres, des livres très variés : des
romans, des parcours familiaux, des souvenirs de mé-
tiers agricoles, un récit de voyage d'une jeune ayant eu
un parcours en IME. Certains opuscules se présentent
comme des carnets presque vides. Une simple introduc-
tion, un court texte initié en atelier d’écriture puis des
pages blanches.
À vos plumes, à vous de jouer !
				 Pierre Deberdt
Pour aller plus loin dans la connaissance de cette
association, n'hésitez pas à contac-
ter :
marie.fonteneau85@gmail.com
06 28 50 73 66
Aid'itions Le chat Virgule
La Canquetière, Les Brouzils
34
Mo n t a i g u
Printemps du Livre
de Montaigu
32e
édition
Tout le monde l'attendait
Après deux ans de privations...
les auteurs, les lecteurs,
tous les mordus du livre
se sont retrouvés les 1er
, 2 et 3 avril 2022
pour un festival particulièrement réussi
35000 visiteurs sur les 3 jours, plus de 200 auteurs,
Clara Dupond-Monod, récente lauréate du Prix Femina
et du Goncourt des Lycéens pour son dernier roman
« S'adapter », était à la baguette comme présidente de la
manifestation.
La fête avait cette fois investi la totalité de la ville.
Le chapiteau des auteurs avait rejoint le pôle des ses ori-
gines : la place de l'Hôtel de ville. Des rencontres, des
performances, des spectacles, étaient donnés au théâtre
Thalie, à la médiathèque Calliopé et dans le parc Henri
Joyau. Le Prix Ouest a été donné à Jeanne Benameur
pour son roman « La patience des traces ».
La fête a été superbe
« J'aime beaucoup la Vendée, a déclaré Clara Du-
pond-Monod. Si on aime l'histoire, comme moi, on est
servi dans ce département. C'est une terre de combat,
une terre d'histoire, une terre de colère. »
Le joyeux combat continue.
La 33e
édition du Printemps du Livre est
programmée les 24, 25 et 26 mars pro-
chains.
Qu'on se le dise ! Rendez-vous est pris.
					 Yves Viollier
Prix Ouest Jeanne Benamur
35
Le Boulevard, le Classique, le
Moderne, l’Imaginaire, chacun pou-
vait faire son marché en se rendant
sur les planches de ce théâtre …
tranchais, désormais incontournable
pour les amateurs, de cet art, dont la
fidélité ne relâche pas, au fil des ans
et des spectacles proposés … tou-
jours novateurs.
Sait-on bien que depuis sa
naissance, le festival -volon-
tairement- n’a pas diffusé
deux fois la même pièce !...
Qu’importe si la même troupe
de théâtre amateur est venue plu-
sieurs fois, ou plusieurs années, mar-
teler les planches, des « Floralies »,
jamais une même pièce a été jouée
deux fois. Un petit record dont n’est
pas peu fier, l’organisateur et créateur
des « Tréteaux de l’Automne » Joël
Bonnemaison qui veille à cette tradi-
tion, très scrupuleusement.
Imaginez qu’un
spectateur soit venu
dès la naissance du
festival (2008) et
que pendant toutes
ces années, il ait as-
sisté à toutes les
pièces jouées sur les
planches des « Flora-
lies ». Cela ferait 180
pièces en tout. Et sur
ce nombre il n’aurait
jamais applaudi une
seule fois la même pièce.
Un petit exploit quand même,
qui augmente au passage, la difficulté
de trouver de nouvelles comédies ou
de nouveaux comédiens.
Et de Quinze !...
C’était en effet, en cet automne 2022 la quinzième édition de ce festival
de t
Trois fois complet, dans la semaine, au point de refuser des spectateurs,
règlement oblige ; salle comble ou presque les autres fois pour applaudir les
quinze pièces de cette manifestation qu’on ne présente plus au demeurant.
Quel chemin parcouru depuis sa création en 2008 !
En ce temps-là, la très belle salle des Floralies qui abrite les troupes
de comédiens aujourd’hui n’existait pas. La vieille salle de L’Aunis faisait
l’affaire, vétuste, mais accueillante… l’amitié entre troupes de théâtre et
services municipaux était de mise. De part et d’autre, personne ne se pre-
nait au sérieux, même si les prestations des comédiens étaient -elles-sérieu-
sement interprétées pour le plus
grand plaisir du public.
Cette année, aura été la quin-
zième saison du festival amateur de
la Tranche sur mer. Les spectateurs
ont été particulièrement présent en
ce moi de novembre, à la superbe
salle des Floralies, peut-être pour
saluer l’anniversaire de Molière,
né en 1622 ! Quatre siècles, déjà !
Comme le temps passe…
La sélection de ce cru 2022
avait de quoi combler tous les
goûts, tant sa diversité, proposait
de variétés théâtrales à ce public fidèle et attentif, s’il en est.
Tous les genres du théâtre se retrouvaient sur la scène. Comédie sur-
tout, pièces à thème, théâtre moderne au sein du public, comme il sied à
la « tendance », textes d’auteurs connus ou célèbres textes inédits d’auteurs
amateurs comme les comédiens ou les metteurs en scène.
THÉÂTRE
Les Tréteaux de l’Automne
La Tranche sur mer 2022
36
THÉÂTRE
Gagnants du festival de théâtre
de La Tranche s/mer 2022
avec nominés
La Tulipe d’or meilleur spectacle : La Nuit
de Valognes par la Cie 1R2 Jeu de Ste Pazanne
(Loire Atlantique)
Meilleur Comédien : Hervé Guittet , dans Sous
Contrôle par la Compagnie C’est-à-dire de Rezé
(Loire Atlantique)
Meilleure Comédienne : Marie- Laure Lenoir
dans le Beau Voyage par la Compagnie Les Bal-
timbanques de Clisson (Loire Atlantique)
Meilleur Mise en scène : Pierre Jean Calmel dans
L’affaire Lavaux par la troupe du petit théâtre des
Alouettes de Benet (Vendée)
Meilleur costume : Petit déjeuner compris par la
Compagnie Mi-Sèvre Mi-Raisin de Rezé (Loire
Atlantique)
CINÉMA
Le sang vendéen coule en elle !
38 ans, 2 enfants (Samuel, 3 ans, et Joaquim,
né cette année 2022), Constance Meyer est la pe-
tite-fille de l'écrivain-cinéaste Gilbert Prouteau
(1917-2012), fille de Laurence Prouteau et de
Vincent Meyer le banquier.
En 2011, Constance Meyer avait réa-
lisé son premier court-métrage avec
Gérard Depardieu...
...S'il vous plaît !
Titre : « Franck-Etienne vers la béatitude » (sé-
lectionné à la Mostra de Venise)... Et elle a réalisé,
en 2021 « Robuste », son premier long-métrage
avec le même Depardieu.
Il y a longtemps que vous connaissez
Gérard Depardieu ?
J’ai commencé dans le théâtre voilà 18 ans
(en 2004). J'étais stagiaire dans l’adaptation
d’une pièce de théâtre de Marguerite Duras avec
Gérard Depardieu. Je m'y suis retrouvée « souf-
fleuse ». Le metteur en scène m’a désignée pour
répéter le texte de Gérard qui avait demandé une
oreillette. Pendant près de quatre mois, j’ai eu
ainsi un lien unique avec lui, avec cet acteur à
l’immense présence. C’est aussi à cette époque
que je commençais à découvrir le milieu du ci-
néma, j’ai alors décroché des petits boulots d’as-
sistante sur des tournages. Je faisais encore mes
études... J’ai d’ailleurs poursuivi à New-York
dans la Tisch School des Arts... Puis j’ai écrit des
courts métrages. Gérard Depardieu a accepté de
tourner dans mon premier puis dans les deux
autres que j’ai réalisé avant de ce premier long-
métrage…
Constance Meyer
Bon sang ne saurait mentir !
Heureusement, le théâtre est fécond et les
nouvelles pièces ne manquent pas. « Les Tré-
teaux de l’Automne » attirent chaque année de
nouveaux participants à la Tranche sur mer. Des
compagnies qui se joignent aux anciennes pour
la satisfaction d’un public nombreux.
Ce cru 2022, n’aura pas déçu avec sa sélec-
tion de comédies en tous genres : policières, tra-
ditionnelles, de boulevard ou carrément déjan-
tée.
On aura retenu quelques pépites : « Folies
Dansantes » inédite proposée par Delanoë la pa-
tronne de la troupe Sable et sel de Pornic, « La
Perruche » comédie mordante par la troupe du
Théâtre des cinq, nouveaux arrivés de cette an-
née. « Persiflages entre amis » par la fidèle com-
pagnie des Triboulogues, sans oublier « Sous
contrôle » et « Salle des profs »
Côté public, c’est la plus connue d’Eric Em-
manuel Schmidt : « La Nuit de Valognes » qui a
recueilli le plus de suffrages. Une pépite plébis-
citée par les spectateurs dont la mise en scène si-
gnée Jean Marc Dubranna fut épatante en tous
points.
À la traditionnelle cérémonie de la remisse
des Prix, le président d’honneur Alain Perro-
cheau, prof, écrivain, poète et accessoirement
ancien maire de Martinet, remettait le Prix de la
« Tulipe d’or » .
Sous les applaudissements, comme il va sans
dire des Tranchais, ravis de leur théâtre, Les Tré-
teaux de l’Automne et- désormais- de la Tranche
sur mer.
					 MH
37
Robuste, un film d'1h35 ;
histoire entre un acteur désabusé
et une jeune agente de sécurité.
Comment est Depardieu
sur un tournage ? Adorable ?
Adorable n’est pas le mot, mais je l’aime
énormément. Il est complexe, contradictoire,
d’une grande générosité. Il peut être exigeant,
impatient, mais c’est un acteur extraordi-
naire… Il a d’autant mieux accepté le scénario
que je l’ai écris pour lui, comme un double de
lui-même, un rôle sur mesure. Être acteur c’est
accepter de se noyer, prétendit-il un jour, au
détour d’une conversation à bâtons rompus…
Ce qui est une métaphore pour dire qu’il ac-
cepte de ne plus rien contrôler. Sa vision du
cinéma est de pas trop préparer, ne pas trop
chorégraphier à l’avance…
Robuste a reçu de bonnes critiques
mais n'a pas été un grand succès
commercial ?
Il a fait une carrière dans les festivals et il a
ouvert la Semaine de la Critique à Cannes… Mais
il y a eu la crise du Covid, des retards dans la sortie
à un moment où trop de films sortaient en même
temps durant cette crise…
Et puis, c’est un film d’auteur !
Des projets ?
J’émerge de mon accouchement. Je me remets
à l’écriture d’une pièce de théâtre, avec Sébastien
Pouderoux, sociétaire de la Comédie Française,
qui est aussi le père de mes enfants. Et je com-
mence juste à m’atteler à l’écriture d’un autre long
métrage. Il est trop tôt pour en parler.
Votre grand-père Gilbert Prouteau a
eu de l'influence sur vous ?
Oui, énormément d’influence. « Bibert » –Les
petits-enfants, nous l'appelions ainsi– est un per-
sonnage important de mon enfance. Il m'a donné
goût de la lecture. Il avait de la punch-line, des
formules percutantes, des éclairs de génie, le goût
des blagues, une mémoire extraordinaire…
« Bibert » m’a aussi donné le goût de la
réplique. Un sacré grand-père !
Revenez-vous souvent en Vendée ?
Tout le temps ! J’y étais encore cet été, aux
Hautes-Roches, près de Mallièvre et Treize-Vents.
Durant le confinement aussi... La maison de mes
grands-parents reste un refuge hors du temps.
Propos recueillis par Philippe Gilbert
38
CONFÉRENCE
Non, nous n’étions pas à la Malmaison mais dans
une petite salle de l’Historial ; pourtant, on s’y croyait !
Élizabeth Caude, conservatrice générale du patri-
moine et spécialiste de la période napoléonienne, direc-
trice des musées nationaux des châteaux de Malmaison
et de Bois-Préau, de l’île d’Aix et de la maison Bonaparte
à Ajaccio, et vendéenne, nous invitait à la Malmaison.
Assistance des grands jours dans cette petite salle ;
nous aurions dû mettre l’écran un peu plus en hauteur
mais nous n’avions pas prévu de ne pas être à l’auditorium
où nous sommes habituellement si bien installés. Pas de
micro non plus mais tout de suite, la voix, la passion
et le savoir d’Élizabeth Caude ont conquis les Amis de
l’Historial, et les ont transportés dans l’intimité du
prince Eugène et de Marie-Louise.
Nous avons donc déambulé dans les magnifiques
salons de la Malmaison et admiré les chefs-d’oeuvre
réunis pour cette exposition.
Nombre d’entre nous ont lancé l’idée d’affréter un
car pour une visite sur place, avec le même guide !
Présentée principalement au château de Bois-Préau qui
rouvre au public après plus de 25 ans de fermeture et un
an de travaux, cette exposition regroupe plus de 150 œuvres
une vie d’honneur et de droiture, au service des êtres que le
destin a confiés à Eugène de Beauharnais, et des fonctions
qu’il lui a assignées. Toutes sont là pour rappeler sa fortune
posthume comme aïeul de la plupart des familles princières
et régnantes d’Europe du Nord.
L’exposition est aussi développée au château de Mal-
maison dans lequel le visiteur pourra découvrir les séquences
sur les sciences naturelles et la musique, les œuvres phares
concernant Eugène de Beauharnais dans le parcours des col-
lections permanentes ainsi que la chambre même d’Eugène à
Malmaison. L’exposition est par ailleurs en partenariat avec
le Palazzo Reale de Milan.
Musée national du château de Malmaison
©-Aurore-Markowski
Et si nous allions à l’exposition
« Eugène de Beauharnais,
un prince européen »
du 9 octobre 2022 au 9 janvier 2023 ?
28 octobre 2022
39
Adhésion à l’association, 15 €
Vendée Historial
allée Paul Bazin
85170 Les Lucs sur Boulogne
amisvendee-historial.com
contact@amisvendee-historial.com
ÉchosMusées
amis de l’Historial de la Vendée
Les Amis essayent d’accompa-
gner l’Historial de la Vendée et la
Conservation des Musées de Ven-
dée dans leur mission culturelle
sur la Vendée et son patrimoine.
Conférences, visites du patri-
moine, rallyes, aides ponctuelles
à diverses actions des musées,
visites des expositions, achats ou
restaurations d’oeuvres, Les Amis
se mobilisent.
Ils forment un ensemble, heu-
reux de se retrouver pour chacune
de ses activités. Ils accueilleront
volontiers de nouvelles bonnes
volontés et toutes initiatives sont
les bienvenues à l’Historial !
Photographies prises lors de la conférence
par Irène Bernard
40
À l’occasion de la célébration du 200ème anniver-
saire du déchiffrement des hiéroglyphes, le Département
de la Vendée a proposé aux visiteurs de l’Historial une
véritable plongée au cœur de l’Egypte antique. Cette
grande exposition inédite a été conçue grâce à la contri-
bution de Marine Agamennone, spécialiste d’Amélineau
et professeure d’Histoire-Géographie. Cet événement
s’est tenu du 6 mai au 4 septembre 2022 et a reçu un ac-
cueil très positif de la part du public, avec plus de 32 000
visiteurs dont 3 500 élèves vendéens qui ont participé à
des visites organisées par l’Ecole Départementale des Arts
et du Patrimoine.
Des collections d’antiquités égyptiennes
exceptionnelles
Consacrée aux découvertes spectaculaires de l’égyp-
tologue Émile Amélineau, né à La Chaize-Giraud en
1850, le parcours réalisé par la Conservation des Musées
de Vendée présentait les recherches et les collections pro-
venant des plus anciennes tombes royales d’Égypte mises
au jour par l’égyptologue sur le site d’Abydos, à la fin
du 19e siècle. Plus de 200 objets antiques, notamment
issus des prêts du Musée du Louvre, des Musées royaux
de Belgique ou du Musée des Beaux-Arts et d’Histoire
naturelle de Châteaudun, ont été exposés. Des pièces
archéologiques exceptionnelles, comme l’ensemble funé-
raire de Séramon datant de 1 000 ans avant notre ère, des
objets de parure et de jeux, avec des inscriptions hiéro-
glyphiques datant de près de 5 000 ans, ont ainsi révélé le
savoir-faire extraordinaire des Égyptiens de l’Antiquité.
Un fabuleux voyage au pays des pharaons
et du dieu Osiris
Le parcours de visite retraçait en quatre étapes les re-
cherches menées par Émile Amélineau, et nous invite sur
la piste des découvertes qu’il fit à Abydos, l’un des plus
importants sites archéologiques d’Égypte.
Le public part dans un premier espace sur la piste des
premiers égyptologues puis à la rencontre des premiers
pharaons, dont Amélineau mit au jour les sépultures ain-
si que la stèle du roi Serpent datant de 3 000 ans avant
J.-C. C’est aussi un voyage au pays d’Osiris, dont Améli-
neau recherchait la tombe à Abydos, son principal lieu de
culte en Égypte, auquel le visiteur a été convié. Abydos
étant également le berceau de l’écriture hiéroglyphique,
l’exposition se clôturait par une séquence dédiée à l’écri-
ture et au déchiffrement qui a permis aux égyptologues
de comprendre la civilisation égyptienne.
Retour sur l’exposition
Sur la piste d’Osiris,
Emile Amélineau,
un égyptologue vendéen
(6 mai-4 septembre 2022)
Portrait
d’Emile Amélineau
(1850-1915),
Châteaudun,
Musée des Beaux-Arts et
d’Histoire naturelle ©
Anna Rodriguez
41
L’ÉGYPTE ANTIQUE
à l’honneur à l’Historial de la Vendée
Qui était Émile Amélineau ?
Émile Amélineau naît et grandit à La Chaize-
Giraud en Vendée. Alors qu’une vocation religieuse
précoce le pousse vers des études ecclésiastiques, sa
passion dévorante pour l’étude des langues orien-
tales, et notamment pour la langue copte, le conduit
à se consacrer exclusivement à la recherche scienti-
fique.
En 1877, il entre à l’École Pratique des Hautes
Études où il étudie pendant 7 ans des documents
coptes. Riche de sa double éducation de théologien
et d’orientaliste, il est nommé en 1883 membre de la
mission archéologique française au Caire ce qui lui
permet de se rendre une première fois en Égypte. Il
revient ensuite enseigner l’histoire du christianisme
et du monachisme égyptien à l’École Pratique des
Hautes Études mais décide de retourner en Égypte
Les sarcophages de Séramon, Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’archéologie © Patrick Durandet
afin de se consacrer entièrement à des recherches
sur le site d’Abydos.
De 1895 à 1898, il fouille sans relâche le site
et après bien des péripéties, il parvient à mettre
au jour une série de tombeaux et d’objets portant
le nom des pharaons des premières dynasties. Il
découvre notamment le tombeau de Narmer, le
premier souverain de l’Égypte unifiée, la stèle du
roi Serpent, une pièce exceptionnelle datant de
3 000 ans avant notre ère exposée au musée du
Louvre, ou encore une importante statue en ba-
salte d’Osiris exposée au Caire.
À son retour en France, il s’installe avec son
épouse à Châteaudun, ville où est conservée
aujourd’hui la grande majorité des collections
issues de ses fouilles. A La Chaize-Giraud, une
place portant son nom immortalise la vie et le
parcours exceptionnel d’Émile Amélineau.
42
Une visite immersive et interactive
Tout au long d’une scénographie immersive et interactive, les visi-
teurs ont pu vivre une expérience de visite spectaculaire grâce à de nom-
breux dispositifs audiovisuels et numériques
Le mur interactif des hiéroglyphes en est certainement l’un des élé-
ments les plus spectaculaires. Sur la thématique des animaux d’Égypte
et des dieux zoomorphes, cette animation ludique avait pour objectif de
redonner vie à l’écriture sacrée égyptienne. La scénographie offrait éga-
lement de nombreux autres outils comme une vidéo 3D du tombeau
d’Osiris, un mapping vidéo de la stèle du roi Serpent, des films et aussi un
espace contemplatif reproduisant des images des temples qu’Amélineau a
découvert lors de ses expéditions en Égypte avec un commentaire audio
restituant des citations de l’égyptologue décrivant ce qu’il a ressenti lors
de ces découvertes.
Des dispositifs multi sensoriels (tactiles, sonores et même olfactifs)
sont venus enrichir la visite en favorisant une expérience sensible de l’ex-
position.
Des échantillons de marbre permettaient ainsi de distinguer au tou-
cher la pierre brute et la pierre polie, des instruments de musique exposés
étaient accompagnés de dispositifs sonores permettant d’entendre le son
qu’ils produisaient. Il était possible également de sentir l’encens contenu
dans des jarres.
La scénographie intégrait en outre de nombreuses illustrations de l’ar-
tiste Thomas Duranteau permettant de contextualiser les objets présentés
et les lieux évoqués. A noter qu’une attention spécifique a été apportée à
l’adaptation du parcours aux publics en situation de handicap (lisibilité et
hauteur des cartels, mobilier évidé sous les vitrines pour le passage d’un
fauteuil, cartels en braille, fac-similé de stèles à toucher...).
Emile Amélineau lors d’une expédition en Egypte à la fin du XIXe
siècle, Châteaudun, Musée des Beaux-Arts et d’Histoire naturelle
© Anna Rodriguez
Sur la piste
d’Osiris
Émile Clément Amélineau (1850-1915),
un égyptologue vendéen
Sur
la
piste
d’Osiris
Émile
Clément
Amélineau
(1850-1915),
un
égyptologue
vendéen
9
782376
800798
24€
D
ans le cadre du bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes, le
Département de la Vendée revient sur le destin extraordinaire d’Émile
Clément Amélineau (La Chaize-Giraud, 1850 – Châteaudun, 1915).
Lesspectaculairesfouillesquecetégyptologuevendéenentreprendraà
Abydos entre 1895 et 1898 révèleront aux yeux du monde l’importance
majeure de cette cité dans l’histoire de l’Égypte antique, comme berceau de la monarchie
égyptienne et centre principal du culte à Osiris. La stèle du roi Serpent, le tombeau d’Osiris…
autant de pièces exceptionnelles issues des plus grandes collections égyptologiques de
France et de Belgique témoignent ici de l’intérêt majeur de ces fouilles et révèlent en filigrane
ce moment fascinant où naît l’égyptologie moderne.
Première de couverture : Deux ye
Quimper, Musée départemental breton (c
© Musée départemental breton / Bernard
Quatrième de couverture : Améli
lors d’un séjour en Égypte
Châteaudun, Musée des Beaux-Arts et d’H
© Anna Rodriguez
Vue d’Oumm el-Qa’ab lors des fo
Photographie d’Achille Lemoine
© Achille Lemoine, Archives Effland
En vente dans certaines librairies (Inveni,
24 €), cet ouvrage de 272 pages bénéficie
de la contribution de nombreux chercheurs
et égyptologues, parmi lesquels
Laurent Coulon, directeur de l’Institut fran-
çais d’archéologie orientale,
Christine Lorre, conservatrice au Musée
d’Archéologie nationale de Saint-Germain-
en-Laye,
Raphaël Angevin, Luc Delvaux,
Julien Siesse, Eric Gady,
Ute et Andreas Effland, Gwenola Graff
et Arnaud Quertinmont
43
EXPOSITION
GEORGES
MATHIEU
Exposition présentée
à l’Historial de la Vendée
du 18 novembre 2022 au 21 mai 2023
L’exposition « Georges Mathieu, un héros de l’art abs-
trait en Vendée », présentée par le Département de la Ven-
dée du 18 novembre 2022 au 21 mai 2023 à l’Historial
de la Vendée, met en lumière l’audacieux artiste qui ima-
gina dans les années 1960 l’Usine Étoile de Fontenay-
le-Comte. Cet édifice, étoile de béton sans aucun angle
droit, est la plus monumentale des œuvres par lesquelles
Georges Mathieu chercha à faire entrer dans la vie son
style, l’abstraction lyrique.
Un catalogue d’exposition exhaustif
Pour compléter l’exposition Sur la piste
d’Osiris, le Département de la Vendée publie un
catalogue richement illustré qui présente la tota-
lité des œuvres exposées.
Résumé : Les spectaculaires fouilles qu’Émile
Clément Amélineau a menées à Abydos entre
1895 et 1898 sont l’occasion de revenir en dé-
tail sur les recherches qui ont révélé aux yeux du
monde l’importance majeure de cette cité dans
l’histoire de l’Égypte antique, berceau de la mo-
narchie égyptienne et centre principal du culte
à Osiris.
La stèle du roi Serpent, le tombeau d’Osi-
ris… autant de pièces exceptionnelles issues
des plus grandes collections égyptologiques de
France et de Belgique témoignent ici de l’inté-
rêt majeur de ces fouilles et révèlent en filigrane
ce moment fascinant où naît l’égyptologie mo-
derne.
		 Karine VIEILLE
Chef de projets d’expositions
Action Culturelle
Secteur Programmation,
Conception des Expositions
44
Georges
Mathieu,
un héros
de l’art abstrait
en Vendée
Invitation à découvrir tout à la fois l’art de Mathieu
en général, et son chef d’œuvre fontenaisien en parti-
culier, l’exposition offre à la délectation du public des
œuvres issues d’institutions
parisiennes (Centre Pom-
pidou, Monnaie de Paris,
Manufacture des Gobelins,
Musée de la Poste, Musée Air
France…), tout en mettant à
l’honneur la création archi-
tecturale unique de Mathieu
sur le territoire vendéen, à
travers des objets inédits et
un film spécialement créé
pour l’occasion, présenté
dans le cadre d’un dispositif
original comprenant trois
écrans et une zone de projec-
tion au sol.
(Re)découvrir Mathieu et son abstraction
lyrique
Prenant place dans une scénographie inspirée par les
lignes dynamiques de l’artiste et les étonnantes façades de
l’Usine Étoile, l’exposition s’organise en trois séquences
suivant un parcours chrono-thématique.
La première partie du parcours, qui conduit le visi-
teur depuis les débuts de Mathieu en 1942 jusqu’à ses
grands voyages à l’international au tournant des années
1960, présente comment cet artiste autodidacte est de-
venu le chef de file d’un mouvement nommé l’abstrac-
tion lyrique, et comment il s’est taillé une réputation de
« peintre le plus rapide du monde », en créant des œuvres
monumentales comme La Bataille de Bouvines, lors de
performances aussi étonnantes que novatrices.
La deuxième partie de l’exposition, consacrée au
projet architectural unique de
Mathieu en Vendée, relate com-
ment l’artiste, désirant investir
tous les champs de création, a
relevé dans les années 1960 le
défi d’imaginer les jardins d’une
usine, et s’est proposé d’imaginer
le bâtiment lui-même. Parmi les
objets les plus marquants présen-
tés ici, la maquette créée en 1966
par l’artiste pour présenter son
projet à l’industriel vendéen Guy
Biraud est à ne pas manquer.
La troisième séquence, ayant
pour thème les multiples créa-
tions de Mathieu dans le champ
des arts appliqués au cours des
années 1960, 1970 et 1980, invite à découvrir les autres
œuvres par lesquelles Georges Mathieu, comme il l’a fait
avec son Usine Étoile, a tenté de faire « intervenir l’art
dans tous les aspects de la vie ». Emblématique de cette
volonté d’ériger l’abstraction lyrique au rang de style
du XXe siècle, la tapisserie de 5 x 5 mètres Hommage à
Nicolas Fouquet est une œuvre phare de cette partie de
l’exposition.
Une approche didactique de l’art et du
patrimoine industriel du XXe
siècle
Afin que le public puisse comprendre au mieux les
créations de Georges Mathieu, des audiovisuels origi-
naux ponctuent le parcours de l’exposition : ils montrent
45
le peintre en action lors de ses surprenantes performances
aussi bien en France qu’à l’étranger, chez lui dans son
« musée de l’âme », ou encore à la Manufacture des Go-
belins et à la Monnaie de Paris, s’exprimant au sujet de
ses réalisations. Des manipulations invitant à se familia-
riser avec les avant-gardes artistiques du XXe
siècle, avec
le goût de Mathieu pour les titres d’inspiration histo-
rique, ou encore avec les différentes fonctions des espaces
de l’Usine Étoile sont également proposées au public.
Un catalogue synthétisant les connaissances les
plus récentes sur Georges Mathieu et l’Usine
Étoile
Un catalogue de 128 pages, publié par le Départe-
ment de la Vendée, complète l’exposition. Réunissant
des textes écrits par des spécialistes de l’œuvre picturale
de Mathieu (Juliette Évezard, Édouard Lombard), ainsi
que par de fins connaisseurs de l’architecture industrielle
et des conservateurs de plusieurs grandes institutions
avec lesquelles a œuvré Mathieu, ce catalogue est une
somme des connaissances les plus récentes sur l’artiste et
sa fameuse Usine Étoile, richement illustrée et au conte-
nu accessible.
En vente à la boutique de l’Historial et en librairie.
Invenit - ISBN : 978-2376800859 - 23 €
		 Maxime Potier
Direction de l’Action Culturelle /
Conservation des musées et des expositions
Chargé de projets culturels
46
17e
Rallye-auto
du Patrimoine
2 juillet 2022
À la découverte
du patrimoine de la Vendée
Notre première halte est à
Bournezeau sur le site inattendu de
l’ancien château de Bournezeau, rue
de l’Abbaye, cité depuis Etienne de
Blois en 1092, où Madame le maire
de Bournezeau nous attend pour une
visite du site et de quelques maisons
du bourg ; voir le parc inscrit ISMH
et rue de la Miletière.
Ce château aurait servi de geôle
au duc Jean IV de Bretagne enlevé
par Marguerite de Clisson, épouse
de Jean de Châtillon (voir histoire de
Jeanne de Belleville dans les romans).
La Grange recèle une magnifique
charpente et Bournezeau compte de
nombreux charmants petits logis.
Visite du Bois-Nerbert puis de la
Barre-Tranchant.
Pique-nique au Couvent des
Cerisiers et de Pierre Brune.
La Grève des Chabot et des Cha-
tillon vient de changer de proprié-
taire. Elle fait l’objet actuellement de
fouilles archéologiques ; puis passage
au Moulin-Baron et dernière étape
à l’Aublonnière avant le dîner à la
Chevillonnière.
Le Bois Nerbert à Thorigny
La Barre Tranchant à Thorigny
Le Couvent des Cerisiers à Fougeré
Château de Pierre Brune
La Grève à St Martin des Noyers
L’Aublonnière à Ste
Cécile
Grange du vieux château de Bournezeau
La Milletière de Bournezeau
Logis à Bournezeau
La Chevillonnière à St-Hilaire le Vouhis
47
Sponsoring de l’association :
Un grand week-end consacré
à la bande dessinée historique
22-23 octobre 2022
Une dizaine d’auteurs de bande dessinée histo-
rique étaient exceptionnellement réunis au cours
du week-end pour proposer au public des dessins
en live, des séances de dédicaces, des ateliers et des
moments d’échanges privilégiés.
Des auteurs et dessinateurs de renoms comme
Sylvain Savoia (Les esclaves oubliés de Trome-
lin), Facundo Percio (Star Wars), Christophe Si-
mon (Alix), Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat
(Ira dei)…
Spectacle, animations et une soirée étoilée le
samedi 22 octobre à 19h...
Seconde édition très animée de ce salon. Ne
pas maquer le prochain ! Prévoir une invitation
spécifique pour les Ecrivains de Vendée et les amis
de l’Historial !
48
Amphithéâtre
Abbaye aux dames
Arc de triomphe
Eglise St Pierre
Église St Eutrope
Blason de Françoise de La Rochefoucauld, abbesse,
Abbaye aux Dames
49
3 septembre,
SAINTES
Visite guidée (et quelle guide !) à Saintes, terri-
toire des « Santons » et capitale de la Saintonge.
Sous les Romains, Médiolanum était la capitale
de l’Aquitania.
L’amphithéâtre romain, l’église Saint-Eutrope
et sa crypte puis l’Arc de Triomphe, l’Abbaye aux
Dames, l’église Saint-Pierre, la vieille ville et ses
vieux hôtels.
L’Abbaye aux dames, première expression de la
sculpture romane sur les piliers de l’église et sur le
porche, modèle suivi dans toute la région.
Saintes est devenue, grâce à un important ensemble
patrimonial gallo-romain, médiéval et classique, une
ville touristique fréquentée, affiliée au réseau national
des villes et pays d’art et d’histoire depuis 1990.
La culture n’est pas en reste, Saintes étant dotée de
plusieurs musées, d’un théâtre, de cinémas, de nom-
breux festivals et d’un centre européen de recherche et
de pratiques musicales implanté au cœur de l’abbaye
aux Dames.
50
Jean Chevolleau a publié
en 1989 un livre catalogue
avec la participation de nom-
breuses personnalités amies.
Il a beaucoup peint et ex-
posé en Vendée.
Jean Chevolleau part toujours du réel. Puis l’abstractise. C’est-à-dire
qu’il cherche à en donner la quintessence. Ce processus se remarque dans
son approche de la peinture.
Pour toutes ses toiles, il fait de patients travaux préliminaires, des des-
sins sur le motif, qu’il appelle ses notes. Notes en effet, notes comme celles
de l’écrivain qui prépare son livre, comme celles du musicien qui recherche
un air, cette préparation fait que ses toiles sont toujours très composées.
Mais le lyrisme, dont il se méfie, affleure, une poétique transparaît qui
est celle de la métamorphose de la nature.
La lumière, piégée, irradie les couleurs. Cette douce et merveilleuse
lumière de la Vendée méridionale, de la Saintonge et de l’Aunis. »
Michel RAGON
Écrivain, historien d’art
Un univers d’architecte de la lumière où
les sciences et les patiences d’un riche dessin
aux lignes flexibles et pures, le rythme et l’or-
donnance des zones colorées, communiquent à
chaque toile une plénitude à base d’harmonie.
Gilbert PROUTEAU
Poète Romancier
Avec un émotion rentrée, Jean Chevolleau
compose des toiles aux formes pures et expres-
sives à mi-chemin du cubisme et de l’abstrait.
Sa grande originalité réside en l’acuité de
sa vision qui va toujours à l’essentiel. Les gestes
et les formes sont pour lui l’occasion de restitu-
tions poétiques et ses découvertes personnelles
sur la couleur comme véhicule de lumière lui
permettent de transcender le réel avec un rare
bonheur.
Dans la mouvance post cubiste, il poursuit
l’exaltante recherche de la modernité.
Hervé LOUBOUTIN
Journaliste
Le contact avec Villon est
décisif dans l’itinéraire de Che-
volleau, les rencontres qu’il ef-
fectue dans l’atelier de Puteaux
: Lhote (1885-1962), Pignon
(1905-1993) ou Manessier
(1911-1993), ses aînés, vont
également jouer un rôle impor-
tant et l’imprégner.
Christophe VITAL
Conservateur en chef
des Musées de Vendée
Avec Jacqueline Auriol rt ...
- Il ressemble à Dali, mais cela n’aurait pas échap-
pé au journaliste !
- On le reconnait à non noeud papillon, c’est Ca-
mille Renault
Avec Michel Ragon
Battage
d’Elbée
Fontenay le Comte
Sulkys
Flottille maraîchine
51
- C’est mardi prochain
à Nantes. Voilà le catalogue
que j’ai pris sur le site de
l’étude, 32 numéros.
- Il y en a plus que sur
le dernier envoi de Parick
Bouju, le fils de Luce.
- «Les cabanes », elles
« giclent » sur l’eau.
- Et « la mer, à l’Île
d’Yeu », quel tumulte !
- Il y a toujours la pe-
tite toile, dite « scène d’in-
térieur ».
- En fait, Jean et Luce,
à Fontenay.
- Il n’y a ni Bonchamps
ni d’Elbée...
- Ils ont été réservés
pour le musée...
- Jean, On l’a vu à l’exposition de Fontenay le
Comte en 86. Gilbert Prouteau s’était lancé dans
un discours « fleuve » époustouflant...
- On l’a surtout ren-
contré en 1994, au Conseil
général. Ensuite, il a exposé
à Bonnefonds, on l’a vu
dans sa maison à Fontenay.
- Il devait nous faire un
tableau...
- Il n’a pas eu le temps !
Luce nous a donné un petit
tableau du port de La Ro-
chelle.
- Il n’avait pas pris le
temps de signer non plus !
- On va voir si on peut en acheter un à Nantes.
Jean CHEVOLLEAU
Dispersion chez Couton Veyrac à Nantes
de la collection personnelle de l’artiste
disparu en 1996
- Les enchères, ça monte vite, la mer à Yeu, elle va trop
haut !
- les Conches, déjà emportées dans les rouleaux...
- Les bouchots de Charron, pas du tout à marée basse !
- Les cabanes, inaccessibles !
- À ce rythme là, on aura rien !
- Là, San Juan de los Reyes, on
change un peu de couleurs, c’est plus
chaud, on y va !
- Ce n’est plus pour vous en salle,
c’est sur Interenchères !
Anne-Marie lève le bras
- Merci pour votre enchère, Ma-
dame, mais Interenchères monte encore...
- Ce n’est plus à vous, Madame (elle lève encore la main)
Interenchères monte toujours...
- Ce n’est plus à vous, Madame, on y va encore ? Ne le
laissez pas échapper !
-Je la pousse du coude : on continue.
- C’est à Madame dans la salle !
J’adjuge ?
Adjugé ! L’espagne s’invite dans notre salon.
Éprouvant, ces ventes aux enchères. mais Jean Chevolleau
nous rejoint ainsi à la Chevillonnière. Le peintre de la lumière
pose ses cubes contre nos murs.
- Je suis très heureux. Ce tableau ira très bien chez vous !
Luce aussi sera contente, nous susurre Patrick Bouju !
						 JR
...15 novembre, à Nantes
10 novembre, en Vendée...
52
POÉSIES
Philippe Yves Bataille
Les blanches falaises de Rügen
Le Jarosset, 96 p. 12 €
Passés les doutes et le constat de
temps pessimistes où tout s'ébranle
et parfois s'effondre, Philippe Yves
Bataille invite à une conjuration de
toutes les peurs, celles de la ruine et
de la disparition, de la claustration et
de l'écrasement, de l'isolement et de l'incertitude, pour
à nouveau croire à l'équilibre, à la blancheur, à la beauté
des falaises de Rügen. Voilà un livre de questionnements,
de lucidité et de sincérité, qui veut croire à l'espérance,
c'est-à-dire tout simplement un futur pour l'homme.
Une réflexion intime qui atteint vite aux horizons im-
menses de l'universel. L'ensemble du recueil révèle une
écriture capable d'une profusion parfois baroque, sans
cependant aucun maniérisme, demeurant simplement
au service de la vie, suggérant un exercice d'introspection
collective. " Dans quel temps sommes-nous ? / Où vivons-
nous ? / Que sommes-nous devenus ? / Que reste-t-il de nos
visages et de nos cœurs ? "
				 Alain Perrocheau
Jean-Marie Ferré
Du peu que je me souvienne
suivi de
Même si tu ne reviens pas
Le Jarosset, Émergences, 96 p. 12 €
Dans ce livre, on perçoit une dé-
licate mélopée / suintant à travers les
pages d’écriture. Mélopée que j’assi-
milerais à une rythmique davantage
“ jazzy blues ” dans la mesure où elle
s’appuie, comme les complaintes des afro-américains, sur
une sorte de mémoire universellement partagée. Ce sont
en effet des morceaux de (notre) vie / ramassés çà et là
à travers des poèmes. Lesquels commencent par un sou-
viens-toi (écho à Georges Pérec ?) qui marque l’instant
présent, et déroulent des verbes à l’imparfait pour insister
sur la durée, ce que seul le langage permet. Le souvenir
s’inscrit dans « le présent du passé » (Saint-Augustin),
c’est un présent “ écrit ” que nous vivons, et qui exclut
par les mots tout pathos nostalgique et affligeant, tout
est là / absence / présence / dont nous sommes instruits.
Et construits. La même sérénité vivante se décline égale-
ment en poèmes courts : l’épi de blé / croît avec peine /
par peur de ne pas y arriver. Comme une métaphore du
travail du poète.
				 Louis Dubost
Henri-Claude
Cousseau
Gaston Chaissac
Flammarion, 320 p.70 €
Uu nouveau Chais-
sac !
			
Improvisateur de
génie, Gaston Chaissac
(1910-1964) a créé une des œuvres les plus sin-
gulières de son époque. Fils de cordonnier, il est
initié à la peinture par Otto Freundlich et Jeanne
Kosnick-Kloss, rencontrés par hasard à Paris, en
1937. Encouragé dans cette voie, il invente très
rapidement un alphabet pictural qu’il va faire
évoluer tout au long de sa vie. Au cours de ces
années cruciales, dans un Paris en pleine mu-
tation, Chaissac assimile l’essentiel du contexte
artistique d’alors et se forge une vaste culture.
Prolifique, ludique, et polymorphe, sa produc-
tion visuelle aborde tous les genres. L’étourdissant
dessinateur qu’il est dès ses débuts exerce sa verve
aussi bien dans le domaine de la peinture et du
collage, que celui des objets récupérés, métamor-
phosés avec autant de faconde que de délicatesse,
composant un monde paradoxal, à la fois théâ-
tral et confidentiel.
Au plasticien se superpose en même temps
l’écrivain, dans une activité en miroir, qui révèle
un prodigieux épistolier et un poète hors norme.
Des milliers de lettres envoyées pendant plus de
vingt ans tous azimuts, vont lui permettre aus-
si de tisser des liens avec grand nombre de ses
contemporains (Albert Gleizes, André Bloc, Ray-
mond Queneau, Jean Paulhan, Anatole Jakovs-
ky, André Lhote, Jean Dubuffet, …) tout en res-
tant volontairement en marge depuis le bocage
vendéen qu’il ne quittera jamais. Ce monument
épistolaire unique en son genre fascine par l’ai-
sance des jugements, la pertinence des points de
vue et la lucidité avec laquelle celui qui se disait
« peintre rustique moderne », joue de son besoin
paradoxal de distance et de proximité.
Cette première monographie, en forme de
portrait, met volontairement à égalité le peintre
et l’écrivain, et dessine l’aventure de Gaston
Chaissac comme l’une des mutations les plus re-
présentatives que la modernité a connue au siècle
dernier.
		 communicatio éditeur
BEAUX-ARTS
53
NOS
SÉLECTIONS
Jean-Louis Cousseau
Le fil des souffles
Le Jarosset, 96 p. 12 €
Une poésie de la liberté.
Jean-Louis Cousseau est co-
médien : il a l’air de dialo-
guer avec un autre lui-même.
Mais sa poésie est d’abord
une richesse à partager, la
sienne, qu’il dispense avec
art au lecteur. Un art de la parole, du bien parler
qui se transforme en bien dire, un sens du rythme
fait pour la diction, et derrière les mots qui fuient
comme un sillage, nous entendons sa voix. Sa thé-
matique du vent nous emporte et nous réjouit. Sa
poésie de liberté devient une poésie de jeu, car il
aime les sonorités, le plaisir des rythmes. Il use
abondamment de la répétition et de l’anaphore,
coulant dans l’uniformité d’authentiques sur-
prises. Une fausse légèreté qui masque la réalité
de la vie pourtant bien présente, qui scintille au
soleil et tremble au vent. Le fil des souffles, c’est la
vie. La vie comme elle va. Mais le poète jamais ne
dédaigne la pirouette : « comme / souvent / revoilà
/ l’écrivant / Gros-vent / comme / devant ».
				 AP
Claude Texier
Notes sur la portée du
jour
VdL, 210 p. 20 €
C’est une jolie mu-
sique que ces «Notes sur
la portée du jour», écrites
chaque matin après le pe-
tit- déjeuner, selon l’aveu
de l’auteur. Comme l’exer-
cice quotidien d’un com-
positeur, que nous avons grand plaisir à lire et
entendre.
Les textes sont classés alphabétiquement se-
lon le titre. Ils sont de longueurs inégales, flirtent
parfois avec le poème en prose et se rapprochent
alors de Francis Ponge, se complaisant à donner
un aperçu souvent singulier des objets qui entou-
rent l’auteur. D’autres fois, ils brossent un souve-
nir de son enfance à touches fines, dont l’émo-
tion semble être celle qui fut la nôtre au même
âge. Enfin, ils sont parfois une réflexion sur notre
monde dont l’écho parvient jusqu’à nous. Au dé-
tour de ces mini-récits, pointe souvent un peu
d’humour, quelque philosophie fondamentale
exprimée avec la légèreté de ceux qui aiment la
vie pour ce qu’elle est. Un livre de petits bonheurs
partagés à consommer sans modérations.
					 AP
Nathalie B. Plon
Faire le mort et aboyer
Isabelle Sauvage, 82 p. 14 €
Le lecteur ne sort pas indemne
de ce livre. Invité (en apparence) à
une partie du jeu des sept familles
mais avec trois cartes seulement
— la mère, la fille (narratrice) et
le(s) père(s) —, il se trouve em-
bringué dans une sarabande infernale de sept calamités à
la mesure des « dix plaies » d’Égypte !
Un poème-récit sans fard et sans concession tente de
s’extirper dans une grammaire crue, brutale, bousculée
qui invente véritablement une langue novatrice pour
“ dire ” un sens vital et produire (peut-être) de la rési-
lience…
Nathalie B. Plon s’apparente au philosophe-danseur
de Nietzsche qui écrivait : « il faut porter en soi un chaos
pour pouvoir mettre au monde une étoile qui danse ». Le
chaos familial de l’enfance se métamorphose alors en
un poème-étoile qui danse et fait danser le poète et le
lecteur, en « un désordre du dictionnaire » (J. Cocteau)
qui constitue tout œuvre littéraire. Et rappelle avec perti-
nence que ce n’est pas avec des sentiments (bons ou mau-
vais) que l’on fait de la littérature, mais avec des mots.
Et ici, c’est une réussite remarquable.
				 Louis Dubost
54
Jean Ciphan (Jean-Yvon Chapin)
Des sentiers incertains aux chemins
d'ailleurs. Poésie en mots vagabonds
Sydney Laurent
Ce bel octogénaire taquine
la muse depuis l'enfance. Il nous
livre des poèmes limpides, cultive
l'Alexandrin et le sonnet sans jamais
perdre son lecteur. Son savoir-faire
de jeunesse est admirable. Son style ne se dément pas
quand les années passent. Le verbe est précis, les mots
choisis avec subtilité. La rime sonne juste et le cœur sin-
cère se livre sans fausse pudeur.
Pourquoi l'auteur a-t-il attendu si longtemps avant
d'être édité ? Le travail, la famille, la confiance en soi, le
pas à franchir ? Un peu de tout cela, jusqu'à la rencontre
avec les éditions « Sydney Laurent ».
Que l'amateur de poésie lise l'ouvrage en travers ou
d'un bout à l'autre, son plaisir restera le même : complet.
				 Pierre Deberdt
Jean-Pierre Rousseau
Danse avec les mots
Lesartelierz, 110 p. 18 €
Le quatrième recueil du poète
nantais incline à l’amour et le conju-
gue à tous les temps, à tous les âges,
qu’il soit passion, fou ou perdu.
Les poèmes égrènent justement ce
temps qui passe :
« Le temps qui passe lentement
Comme la pierre ricoche
Également sur l’étang
D’une vie qui nous raccroche. »
Parfois, le poète se tourne vers l’aujourd’hui quand il
évoque « ces groupes entassés sur ce rafiot, fuyant leur pays
comme la misère. »
					 G. B.
Jean-Luc Grasset, Préface Bernard
Grasset. Flore Angèle, Couverture
Le dit des jours
Des sources et des Livres
La poésie n'est jamais aussi belle
que lorsqu'elle est directement ac-
cessible comme dans ce recueil. On
y plonge, on la récite à haute voix
dans sa tête, on se laisse balancer par
le rythme, et, immédiatement, on baigne dans l'univers
simple et reposant que l'auteur propose.
Voici qui séduira les amateurs d'instantanés. Le lec-
teur appréciera les subtils moments de vie. Il sourira, se
laissera émouvoir et surprendre. Quoi qu'il en soit, il gar-
dera un souvenir étonnant de sa lecture.
J'en suis même venu à imaginer que certains poèmes
pourraient être traduit en musique !			
				 Pierre Deberdt
Francis Lempérière
De l’image à l’envol des mots
Le Petit Véhicule, 40 p. 8 €
Poète, fais sauter le carafon des
idées convenues, proclame Francis
Lempérière. Tout un “art poétique”,
comme on disait jadis, ou encore un
programme “politic-éthique” pour
aujourd’hui.
Mais le carafon est tenace et
têtu, bien formaté par le marketing de la bêtise… C’est
peut-être pour ça que le poète s’incarne dans la figure du
clown (une occasion de réécouter sur youtube l’émou-
vant “ Clown ” de Gianni Esposito) : puiser dans la vie /
rires, cris et chants fervents / nez rouge en bagage. Sous
la grimace, de la mélancolie, un peu de rage et la vie qui
aura tantôt goût de strass ou tantôt goût de limaille. Ba-
ladin d’aujourd’hui, Francis Lempérière invite pour un
partage convivial ceux qui aiment (voire, écrivent de) la
poésie à des retrouvailles hebdomadaires le jeudi de 15
h. à 17 h. au resto « Chacun sa part » chez Alexia, Es-
planade Jeannie Mazurelle à La Roche sur Yon (contact :
fralemp@gmail.com).
Non, non, pas de mode d’emploi / pour chanter et
se sentir vivant.
				 Louis Dubost
Thierry Radière
Entre midi et minuit
La Table Ronde, 336 p. 17 €
Foin des plaquettes ano-
rexiques ! Un gros livre (336 p.)
sous l’égide d’un “ grand ” éditeur,
et qui plus est ! un livre de poésie.
T. Radière, guère connu chez
lui en Vendée, est déjà reconnu
comme l’une des voix nouvelles de
la poésie française contemporaine.
Voilà une opportunité de faire connaissance avec son
écriture. Une partie importante (1/3) du livre rassemble
des poèmes dédiés à des auteurs qu’il a lus et admirés, se
rappelant sans doute ce que disait Julien Gracq : « tout
livre pousse sur d’autres livres » et ne peut espérer faire
du neuf sans « l’énorme matière littéraire qui préexiste
à lui ». Notre auteur l’a fort bien entendu et mis en
œuvre. Homme ordinaire qui dit la vie ordinaire, « la vie
simple » un peu comme naguère à leur façon Jean Rivière
et Georges L. Godeau. De l’empathie pour les êtres et les
choses, un lexique accessible à tous, comme si à l’instar
de Tozan (un moine zen) le poème « radicalisait chaque
jour l’expérience de la banalité ».
C’est beau. Et (quasi) addictif. Essayez !
				 Louis Dubost
POÉSIES
55
ROMANS
Michel Gay
Deux Mondes, Deux Vies, T1
Pour éviter que tout commence
Librinova, 315 p. 17,90 €
Tin-Hael, princesse d’un
monde perdu, morte il y a 11 700
ans. Michaël, aujourd’hui, a du
mal à comprendre ce qui lui arrive,
ce petit homme d'aujourd'hui,
journaliste sans envergure et pour-
tant connecté, malgré lui, à cette
héroïne d'un autre temps.
Malgré les siècles qui les séparent, ils sont irrémédia-
blement liés l'un à l'autre ; ensemble, ils relevent le plus
fou des défis, essayer d'éviter le pire. Ils sont une pous-
sière dans une tempête de sable face à l'organisation ten-
taculaire et toute puissante. La lutte est cruelle et inégale,
mais rien n'est écrit... "Ses yeux se ferment dans un bruit
gigantesque, une lumière aveuglante, une vague immense,
l'eau frappe de plein fouet, tout s'obscurcit... Plus rien".
Premier tome d'une aventure fantastique... et mythique.
				 Eveline Thomer
Daniel Brochard
Je voulais voir le monde
Le Jarosset, Émergences, 98 p. 12 €
Daniel Brochard a le corps che-
villée à la vie. Un corps qui le fait
souffrir depuis son enfance et qui
détermine, comme jadis pour Joë
Bousquet, “ l’Inconditionné fon-
dateur ” qui conditionne l’énergie
vitale déployée dans sa poésie. Si le
livre offre en exergue une citation d’André Breton, ce
n’est donc pas par hasard : l’écriture le « porte à croire
qu’il existe un certain point de l’esprit » qui dans l’absolu
le libérerait de cette désintégration complète de la faculté
mentale de s’étonner devant le merveilleux, l’illusoire, le
temporaire et qui vous fait passer de la béatitude à l’obs-
curité la plus complète. Sa recherche permanente est une
lutte incessante avec l’ange / langage, les mots non sans
mal se conglomèrent malgré tout et le plus souvent en
proses quasi “ narratives ”, entre fiction sauvage et auto-
fiction résiliente, entre sombre repli sur soi et frémissant
dépli vers l’autre. Certaines pages font parfois songer à
Antonin Artaud, d’une sincérité tragique. Et non moins
désespérément sublime.
				 Louis Dubost
Luce Guilbaud
Mourir enfin d’amour
Al Manar, 80 p. 18 €
L’émotion est fondatrice dans
la poésie de Luce Guilbaud. Dans
ce très beau livre (chez un éditeur
prestigieux), l’émotion fournit
de l’énergie à une écriture qui
avance en équilibre sur une ligne
d’horizon / tendue entre naissance
et mort.
L’évocation, poème après poème, de la figure de la
grand-mère qui marche d’un bon pas sans regarder der-
rière / sur les chemins du marais vers la mer, convoque un
univers fondateur de cette poésie, réalise une symbiose
de la mer et du marais, de l’absence de celui qui rit au
long cours (pêcheur, marin ou corsaire) et de la présence
de la peur aux ongles bleus chez celle qui en permanence
est au large d’elle-même. La figure de la grand-mère fait
“bouger” l’écriture de la petite-fille qui s’en approprie
l’énergie mot à mot et sans regarder derrière.
La mémoire est désir de langage qui rend présents,
ici et maintenant, ce qui et ceux qui se sont absentés. En
ce sens, la “mémoire désirante” fait bouger ce qui paraît
fossilisé, elle s’active dans les mots et s’incarne dans le
poème.
De sorte que mourir d’amour, par le poème, c’est
laisser tomber le verbe aimer / sans qu’il se brise.
				 Louis Dubost
Pierre Yborra
Le dernier des triplés
Ella, 302 p ; 20 €
Il est drôle, l’écrivain Ybor-
ra, ce depuis son premier livre.
Il est comme ça dans le style :
marrant ! Et stylé (!). Façon Alphonse
Boudard. Pas rien !
Car il y a un ton Yborra, une
lecture où on se marre franchement. Et il fait plaisir à
son lectorat, car il a ses supporters, ses fidèles. D’ailleurs,
ses derniers romans ont fait l’objet d’une réédition, c’est
dire. Et avec les triplés de son petit dernier, il reste à ja-
mais dans cette veine. Dans un récit à trois étages, essen-
tiellement à La Rochelle et Saintes mais avec des incur-
sions en Vendée, notamment dans le sud du département
85. Trois étages avec le grand-père, le père et l’un des
triplés.
D’ailleurs, on aimera sa plume sensible sur le regard
de l’enfant. On aimera aussi sa façon d’évoluer dans
l’Occupation allemande (son occupation préférée !) et
dans l’après-guerre, années 1945 à 1955 ; et on aimera
aussi son aspect documenté sur cette période mais aussi
dans les arcanes de la justice (alors qu’il n’a jamais ouvert
un livre de droit !).
Il est étonnant, Pierre Yborra qui va encore carton-
ner avec ses triplés.
					 PhilG.
56
Yves Viollier
Un jeune homme si tranquille
Presses de la Cité, 274 p., 20 €
Une si terrible histoire, si
émouvante aussi, et en même
temps si révoltante,celle, d’Yves
Viollier dans son dernier roman.
Histoire également vraie, qu'a
récemment vécue l'auteur. Car à
la disparition du dénommé Roger
Martin, parti de sa belle mort, tous
ses amis sont atterrés. Touchés. Roger va leur manquer,
Roger si serviable, si humble, prêt à rendre service, et
toujours le mot pour rire, ou rassurer.
Mais à la mort du bon Roger, le narrateur, maire
d'une commune de Vendée, va en savoir plus sur le passé
de son ami, notamment sur sa jeunesse. Et ce qu'il ap-
prend est stupéfiant, terrifiant, glaçant même. Non seule-
ment, Roger a « collaboré », notamment avec la Gestapo,
mais il a aussi envoyé à la mort de nombreux patriotes,
traître se montrant même dénué de scrupules. Qui sera
condamné à mort après la Libération, en 1945, sauvera
sa tête de justesse, fera plusieurs années de prison...
Un coup de massue devant ces monstruosités pour
son ami le maire. Comment réagir ?
« Écrivain de l'épure », comme l'ont écrit les cri-
tiques de l’hexagone sur ses derniers livres, Yves Viollier
poursuit un cheminement où se dessine la plus grande
humanité pour faire sienne la devise de Simenon :
« comprendre et ne pas juger ».
Avec son 39e
livre, le Vendéen de Château-Fromage
poursuit de bien belle manière sa « Comédie humaine ».
Régine Albert
De Nantes à Montaigu
Chez Maupassant, 15 €
Tout le monde connaît peu ou
prou la chanson. Régine Albert se
régale, et nous régale, à nous don-
ner des « nouvelles de la Digue ».
Elle aurait rencontré (c’est vrai) au
salon littéraire de Montaigu, un
certain Michel Houellebecq. L’écri-
vain était alors complètement inconnu et il aurait alors
souhaité faire plus ample connaissance avec sa voisine qui
signait de concert avec lui.
Régine s’amuse à nous raconter les péripéties de la
rencontre de son héroïne qui lui ressemble, et qu’elle ap-
pelle Rose, avec le futur illustre écrivain. Et, comme on
est proche de la digue, les péripéties ne manquent pas de
sel...
Une douzaine d’autres courtes nouvelles où domine
le rouge, couleur de fièvre, complètent le recueil. On y
retrouve la manière de Régine qui, depuis son premier
succès « Les pierres de sucre », écrit juste, s’amuse et réus-
sit une succession de tableaux de la vraie vie. 		
		 		 Yves Viollier
Tout en restant fidèle à l’idée du sens littéraire dit « po-
pulaire » de la fameuse « École de Brive » dont il est un
des piliers (et en Vendée plus que jamais « le » pilier).
Viollier va encore réjouir ses fidèles lecteurs, toujours
nombreux. Témoin les séances de dédicaces qu’il a effec-
tué dans les quatre coins du département et au-delà à la
sortie du livre en septembre 2022.
					 PhilG
Jean-Pierre Dallemand
Le sourire confisqué
Vdl
Voici l'histoire singulière d'un
enfant des années 50. Il est étran-
gement seul : des parents séparés
pour lesquels il est un fardeau,
peu de copains, une grand-mère
revêche et autoritaire. Pourtant, il
va réussir à se construire grâce à sa
faculté d'admiration des beautés
qui l'entourent. Des funambules magique, une rivière et
ses grenouilles (le Caudeau) qui lui parlent à l'oreille, une
ville de Bordeaux pleine de rencontres et d'imprévus, les
cartes suspendues aux murs de la classe, des spectacles
merveilleux entrevus, faute d'argent de poche, et plein
d'autres souvenirs finement observés. Et puis, à qui ap-
partenait cette casquette d'officier allemand dénichée
dans le piano ?
L'auteur nous livre le contenu de sa mémoire, parfois
un peu en vrac, mais toujours dans une langue ciselée,
précise, agréable.
					 PhilG
Marcel Godreau
Paysannes
Vdl, 234 p. 20 €
Elles s’appellent Louise, Ju-
liette, Marie-Claire et Florence.
Quatre paysannes dont le roman
de Marcel Godreau raconte la vie,
tout au long du XXe
siècle. Elles
témoignent chacune à leur tour,
de leur vie à la ferme et, à travers leurs parcours, de
l’évolution de l’agriculture vendéenne. Elles tracent
ainsi le chemin de progrès et d’émancipation des
femmes de la terre. Marcel Godreau qui a lui-même
rassemblé ses souvenirs dans ses récits d’une vie, « 80
ans… et plus qu’une corde à ma guitare », rend hom-
mage à quatre générations de femmes qui ont été,
en même temps, épouses et mères. Elles ont aussi
façonné – et on ne le dit pas assez – l’agriculture
que nous connaissons aussi. Avec ses réussites et ses
échecs, ses aspirations et ses désillusions, ses hésita-
tions et ses épreuves. Toutes les quatre, elles se sont
réalisés dans leur amour enraciné à la terre.
					 G. B.
57
ROMANS
Athanhorus
Spiritus Mundi !
Jean-Marc Savary, 262 p. 23 €
Étrange livre, écrit de manière
ordinaire sur une situation extraor-
dinaire, des hommes en quête dans
un monde « spatio-temporel ». Ce,
grâce à une pierre mystérieuse, philo-
sophale, au grand pouvoir de voyage
dans le temps de l'histoire humaine ;
avec peut-être la recette de l'immortalité dont la planète
Terre n'est qu'une étape du repos éternel qui n'existerait
pas...
Oui, étrange (vous avez dit étrange ?), d'autant qu'on
peut se demander qui est Athanhorus, l'auteur ? Un Ven-
déen du fond des âges ?... Un extra-terrestre littéraire ?...
N'empêche, ce singulier ouvrage peut se lire comme un
roman, d'ailleurs c'en est un dans sa construction. Avec
parfois ses égarements et quelques inévitables longueurs.
Mais les initiés ou simplement curieux de l'alchimie, des
traditions égyptiennes, des chevaliers du Graal et des ar-
canes de l'hermétisme devraient y trouver leur compte.
Ce livre, Spiritus Mundi ! (Un Monde Spirituel) est aus-
si une suite de Pax Mundi ! (Paix dans le Monde) Du
même auteur, qui offre « un sursaut spirituel mondial ».
					 PhilG
Bernard Thibaud
Libre comme l’ère
Ella, 318 p. 20 €
Les Brumes de Loocardic, son
premier roman, a trouvé ses ad-
dicts qui se précipiteront sur ce se-
cond exutoire dans un monde où
tout est beau, possible, improbable,
inattendu...
Inattendu ? Pas vraiment, On
sait que le miracle se produira et que nos héros finiront
bien par se retrouver.
Jules Verne, dans « Le billet de loterie », monte toute
une histoire autour d’un billet que les héros savent à
l’avance devoir « gagner «.
Le numéro gagne ! Jules de conclure : mais non ce
n’est pas invraisemblable, il y a toujours un gagnant !
On le sait, tous les « gagnants » ont joué. Alors lisez !
Une seule ombre au tableau : la fille miracle de nos
beaux héros est emportée dans un torrent de boue et
perdue alors que sa mère venait juste d’apprendre son
existence et la retrouver.
Gens de peu de foi ! Je suis sûr que vous la
retrouverez dans le prochain tome.
					 JR
André Hubert Héraut
la Bachelette,
la vie dans le Haut bocage vendéen
au coeur du XIIIe
siècle
Feuillage, Saint-léger productions, 232 p. 18
€
De la Pentecôte à la Trinité de
cette année 1738, la petite ville de
Maulévrier va vivre intensément
les fêtes de la Bachelette qui consti-
tuent à l’époque un des temps forts
de l’année. Pierre, le gars de la Fromentinière, va profi-
ter de son élection au titre de “roi des bacheliers” pour
dévoiler la passion qu’il voue à Catherine Duverdeau, la
fille du garde principal du comté. Mais la tradition fa-
miliale veut qu’un fils de paysan prenne femme dans son
milieu. Là commencent les diffi- cultés pour ce garçon
plein de franchise et de droiture qui n’aurait jamais pensé
un instant entrer en conflit avec son père, chef incontesté
de la famille. Ce roman nous fait entrer de plainpied
dans la vie du Bocage vendéen au XVIIIe
siècle : rude,
mais pas tant que ça ; calme, mais jalonnée tout de même
d’événements imprévus.
André Hubert Hérault, né à Maulévrier, dans la
vendée Angevine, est écrivain et éditeur. il voue une
fidélité passionnée à l’âme de sa terre natale. Auteur d’une
vingtaine d’ouvrages, il a édité plus de cinq cents titres
(histoire, biographies, ethnographiques et littérature
générale).
					 AHH
Philippe de Villiers
La valse de l’adieu
Plon, 590 p. 22,90 €
Les Villiers ne sont pas
vendéens. Philippe, lui, l’est. Il y a
fait sa guerre des boutons avec les
garnements de Boulogne, ses voisins
de la Bralière, logis des Montsorbier
depuis le XVIe
siècle.
La vie campagnarde, tailler des
sifflets en sureau, il connaît ; vous apprendrez ici plus
d’un de ses tours.
Vous en apprendrez aussi sur ses autres ancêtres
vendéens et russes au travers des aventures d’un luthier
qui a croisé Napoléon aux « Quatre Chemins de l’Oie »,
qui l’a traité de « Jean Foutre ».
Une jolie façon de traverser l’histoire des ancêtres
de Philippe dans les Guerres de Vendée, l’épopée de la
Duchesse de Berry, la Petite Église, la campagne de
Russie et finir avec... Frédéric Chopin dans la « Valse de
l’Adieu ».
Les fans vont se délecter.				
					 JR
58
Véronique Renaudeau
La nuit, l'océan rêve aussi
Libre 2 lire, 164 p. 16 €
Voilà un premier roman
réussi. Thala, une femme
proche de la cinquantaine las-
sée par le vide de sa vie, ne se
sent plus aimée et se lance un
défi pour sortir de sa torpeur
: apprendre à dompter les vagues par le surf. Elle
y parvient après beaucoup d'efforts et d'abnéga-
tion et y trouve le plaisir d'un accomplissement
de sa personnalité, comme une régénérescence
de sa vie. L'autrice file avec talent la métaphore
d'une vague bonne à prendre. Dans ce récit à la
première personne, Thala se livre à une véritable
introspection au travers de la conquête d'une
réussite sportive, appuyant sur les sensations et
les émotions, dans un parcours où le corps joue
un rôle aussi grand que le cœur. Les rendez-vous
avec son amant lui permettent en parallèle de sur-
fer sur des vagues de sensualité qui nous appri-
voisent de leur écriture dense mais fluide, riche
mais toujours précise. Aucun doute que l'une de
ces vagues happera le lecteur, la surfeuse lui tend
si bien sa planche pour l'attirer dans son appren-
tissage.
				 AP
Pauline de Vençay
Rue de la Moïka
Pierre Téqui, 201 p. 13,50 €
Un polar historique
à deux ! Olga et Ni-
colaï sont séparés, à
Moscou et au Turkmé-
nistan mais se retrou-
veront enfin à la fin de
l’histoire dont ils sont tous
deux les héros.
Un petit bijou, ce roman. On est familier
de la cour de Russie, on se perd dans les rues
de Moscou et dans les steppes de Merv... On se
cache dans des tonneaux, on se déguise, on es-
quive, et on sauve le tsar !
Dumas et Tolstoï ont captivé mes premières
lectures, Pauline de Vençay prend le relais. Je ne
supporte plus les épopées multipliées des Guerres
de Vendée mais je sens que ce tout jeune nouvel
auteur va me convertir avec son précédent et pre-
mier roman : « Royalement vôtre » !
				 JR
Martine Basso, Jean-Jacques
Lujan
La vengeance de l’Arche
d’alliance
Vdl, 364 p. 20 €
Monte Cassino, Italie,
1944. Les bombardiers
alliés détruisent le célèbre
monastère, occupé par
l’armée allemande. Sous ces voûtes sacrées,
sont cachés les symboles précieux du temple
de Salomon, l’Arche d’Alliance et d’autres
trésors. Le Père abbé décide de les confier aux
Franciscains de l’abbaye de Cimiez, à Nice.
Un professeur d’histoire et un jeune moine
sont chargés de les mettre à l’abri des convoi-
tises dans différents endroits de l’Ouest de
la France. Leur périple les conduira ainsi
en Pays de Retz, à Noirmoutier, à Bouin,
jusqu’au Portail des Initiés de la cathédrale
de Chartres...
Rebondissements et ésotérisme mys-
tique tiennent constamment le lecteur
en haleine jusqu’au dénouement. L’éru-
dition des auteurs et leur sens du sus-
pense ajoutent à l’intérêt de ce roman
parfaitement maîtrisé.
				 G. B.
Jean Kozole
Les Glorieuses
L’arTbitraire, 148 p. 12 €
Un premier roman,
des sujets existentiels très
contemporains.
Les héros ne se connais-
sent pas, viennent de milieux
différents. ont une vie sans
relief, tissée de déboires. Un événement inattendu
télescope leurs trajectoires. L'auteur traite de la
capacité à pouvoir dire non. Non à un destin dé-
cevant, non à l’autre, mais aussi non à soi-même.
Dans ce roman subversif, politiquement
incorrect, les personnages tentent d’analyser le
monde par des raisonnements aboutis et finis-
sent par conclure que l’adaptation se fait souvent
par-delà les règles morales. S’abstraire un temps
de la question des valeurs, bonnes ou mauvaises.
dénoncer le déséquilibre permanent entre les in-
teractions humaines.
« Comment se sauver soi-même ?
Rien ni personne ne le fera pour nous ». En
filigrane dans toute cette histoire !
			 Eveline Thomer
59
Yannick David
Les balançoires roses
Librinova
Traverser le Rio Bra-
vo qui sert de frontière
entre le Mexique vers les
États-Unis à l'aide d'un
ULM constitue un pro-
jet fou en même temps
qu'une belle idée de ro-
mancier. Cette barrière
artificielle, voulue par un ex président amé-
ricain, est sévèrement gardée. Cependant, les
jeunes protagonistes n'ont peur de rien. Ils
sont courageux, astucieux, inconscients ou
naïfs parfois, et toujours résolus à mener à
bien leur entreprise périlleuse.
Cette fiction bien construite est un pré-
texte pour découvrir des personnages atta-
chants, mais aussi une ville où la violence est
reine et le danger permanent. Un univers qui
contraste avec la quiétude du fin fond de la
campagne lozérienne.
			 Pierre Deberdt
Mireille Calmel
MorgandesBrumes,L'Epéedu
pouvoir
XO, 330 p. 19,90 €
Aux larges des côtes bre-
tonnes, sur l'île d'Aval, vit pai-
siblement une communauté
de prêtresses. Morgan, jeune
fille belle et fougueuse dont le
caractère et les origines cachées
font redouter le pire à la grande prêtresse Vivian,
commet l'irréparable.
Pas loin de là, Ké et Arthur ne croient pas en
la magie. Ils observent les Ténèbres recouvrir le ciel
d'Armorique et, devant eux, franchissant la mer,
apparaissent des navires à tête de dragon. Précipi-
tés dans le chaos, les héros devront affronter leur
peurs et leurs croyances les plus tenaces, avec l'es-
poir de découvrir, enfin, leur vérité. Premier volet
des aventures de Morgan, des personnages hauts
en couleurs, le savoir faire de Mireille Calmel, une
pincée de magie pour un incroyable voyage dans
l'imaginaire fascinant du monde Arthurien nourri
des légendes les plus anciennes mais aussi des toutes
dernières découvertes. Premiers temps des célèbres
chevaliers de la table ronde autour du futur roi Ar-
thur.
				 Eveline Thomer
Mireille Calmel
La louve Cathare
XO, 426 p. en « Poche », 7,95 €
Comme toujours, tout y est
: les personnages historiques, le
contexte, les événements. Vous
y ajoutez l’intrigue, la botte se-
crète de Mireille, à un rythme à
vous essouffler bien vite...
Pourtant, vous le retrou-
verez aussitôt, avec ces héros si
haut en couleurs mais imprévisibles. Je les connais
tous mais je ne connaîtrai le coupable qu’à la fin du
second tome...
Le coupable ? En fait, il n’y a pas vraiment de
coupables mais les héros d’une histoire qui les
dépassent tous et les entraînent à leurs dépens pour
notre plus grande joie.
On connaît aussi le talent de Mireille pour
l’ambiance, les sentiments de ses héros. Je me pré-
cipite sur le second tome dès que j’en ai fini avec
l’édition de cette revue !					
				 JR
Delphine Giraud
Les couleurs du silence
Fleuve, 304 p. 18,90 €
Dans « Les couleurs
du silence », son troisième
roman, Delphine Giraud
exploite les thèmes du
secret de famille et de la
gémellité. Deux thèmes
universels qu’elle déploie
avec une plume alerte et
moderne, en nous entraînant derrière Lila, son
héroïne, dans une demeure du saumurois où se
sont déroulés des drames familiaux dont elle va
essayer de démêler les fils. On suit avec plaisir
la quête de Lila pour découvrir ce que lui cache
le beau Karl, son compagnon. Mais le connaît-
elle vraiment ?
Une très agréable lecture avec un final inat-
tendu.
			 MFB
ROMANS
60
ROMANS
Paul de Rugy
L’espoir est un risque à courir
Vdl, 225 p. 18 €
Paul est très engagé. C’est aus-
si, comme beaucoup, un homme
heureux, un privilégié ; cela lui fait
mal.
Cela en ferait sourire cer-
tains mais pas lui. Tout ce
qui ce passe actuellement le dérange. Il veut com-
prendre, sinon apprendre et continuer à s’impliquer
dans ces événements qui nous dépassent et créent des
situations extrêmes où les plus démunis n’ont plus au-
cune chance.
Un chevalier de Malte ne peut que souffrir avec les
déshérités et s’interroger sur une certaine vacuité de ses
Michel Pelé
Causeries
et pépiements gourmands
autour d’Amuses Bouches
Vdl, 150 p. 22 €
La couverture fait déjà saliver.
Un régal, délicieux mélange de nourriture terrestre,
spirituelle et céleste. Une avalanche de recettes : «
Le Ceviche de céteaux sur amandines », ici qualifié
de perle d’algue. La citation de Dany Laferrière :
« Écrire c’est cuisiner avec des mots » prend tout son
sens. Déposez une petite poignée de criste-marine, (fe-
nouil de mer) dans une coupelle, enjolivez votre pré-
GASTRONOMIE
efforts et de ceux de ces pairs. Sur une charité de façade,
de passage, à temps compté. Alors, il l’écrit, il invente
une histoire où les héros, les victimes, vivent un enfer
dont ils vont se sortir en s’appuyant l’un sur l’autre. Ils
ont des histoires différentes : l’une se relève quand l’autre
s’abîme.
Cela en fera encore sourire certains, ce sont aussi les
valeurs les plus profondes, avec ici l’humanité, la charité
et l’amour, qui permettent ce double sauvetage.
De quoi persévérer dans l’humanitaire... et l’écriture,
car tout cela est fort bien fait, sensible, juste, sincère.
Cela se termine au Liban, si éprouvé lui aussi, où
les français ont tenu un rôle, un des épicentres des
problèmes politiques du Moyen Orient.
Paul s’y implique aussi...
L’espoir ? Le pari ? L’enjeu est de taille !
				 JR
Alain R.P. Bach
L’or des Vendéens
L’atlantide, 322 p. 20 €
L’épopée d’un jeune Vendéen
au service de la République
1793. Louis-Marie Guérin,
Officier républicain originaire des
Sables-d’Olonne, est chargé d’en-
quêter sur une attaque meurtrière
de la malle-poste aux abords de la
forêt de Brocéliande, en Bretagne.
Il ne se doute pas que cette enquête sera le point de
départ d’une saga échevelée où, piégé par naïveté, il sera
entraîné comme par le courant puissant d’un torrent, au
cœur d’une guerre civile sans merci.
Blancs et Bleus s’affrontent au cœur d’une Révolu-
tion souvent ambiguë où courage et corruption se cô-
toient. Le héros découvre dans les deux camps la cruauté,
les compromissions, les reniements, les incompétences,
mais aussi la hauteur de vue, la générosité, l’esprit de sa-
crifice et la défense de l’intérêt général.
				 Xavier Armange
sentation avec une petite grappe de tomates cerises et
quelques pétales de pois de senteur et pavots cornus.
Paul Gauguin met aussi son grain de sel : Porter
des fleurs à l’oreille pour entendre leur parfum.
Tout est bien expliqué, clair, facile à réaliser. La
poésie virevolte dans un joyeux badinage. Le me-
lon courtise le jambon, les gambas chatouillent les
encornets, la racine de bardane fait des avances à la
crème de haricots verts.
Michel Pelé, artiste né, mélange savamment les
ingrédients : les fruits de la terre et de la mer, les
couleurs, les fleurs, les parfums et les mots... pour
notre plaisir.
				 Eveline Thomer
61
Karine Carville
Coup de bluff
Mots et cris, 216 p. 17 €
J’ai une photo, un marque page,
une carte de visite, un livre. Un
achat impulsif, je ne m’attendais pas
à trouver un auteur au marché Hal-
loween à St-Hilaire le Vouhis !
Intrigué, je l’interroge. Oui,
elle multiplie les marchés, les petits
salons, les livres. Elle fait cela depuis plus de 12 ans et
cela cartonne.
Il faut dire que c’est une « pro
» des jeux de l’amour, tout-à-fait
dans la mouvance actuelle. Une
romance pas trop longue, bien en-
levée. Ma curiosité a été satisfaite,
ce n’est pas Françoise Sagan mais
vraiment une « pro » ; elle glisse en-
suite une petite fiche sur ses autres
romans et un « bonus » sur les
coulisses de la rédaction de son
livre.
L’amour, l’amour ! Cela marche toujours !
Elle m’a bluffé !
						 JR
ESSAIS
Roger Lescop
Bucherons en pays Limousin
Autoédition, 288 p. 17 €
Roger Lescop est né aux
Sables d'Olonne, dans une famille
d'exploitant forestier scieur, juste
avant le début de la seconde guerre
mondiale. Après des études fores-
tières, il a consacré sa vie aux bois
et forêts, devenant même proviseur du lycée forestier
de Crogny. Le présent ouvrage s'inscrit dans le souvenir
des vingt années passées en Limousin, en charge de la
formation d'ouvriers-forestiers-bûcherons.
« Des jeunes, attirés par la nature forestière et une vie
différente, se lançaient dans des activités sylvicoles, après un
stage de six mois à l’Ecole forestière de Meymac en Corrèze.
Les exploitants forestiers, donneurs d'ouvrages, n'ont pas su
laisser à ces jeunes la place qu'ils attendaient. Les échecs ont
été nombreux. Je tenais à apporter témoignage de ce temps
et dire qu'il était aisé de faire mieux ",
Passionnant, ouvert sur un avenir positif et qui
mérite d'être lu. À noter que l'auteur fut le créateur et
l'animateur de l'association des Amis de Jean Huguet.
					 J. Bernard
Pierre de Villiers
Paroles d’honneur
Fayard, 270 p. 21,90 €
Il vient de sortir et je ne l’ai pas
encore lu mais nul doute que ce livre
aura le même succès que les trois
premiers. Nous vous livrons ici la
présentation de l’ éditeur : Il y a deux
façons de voir la situation actuelle :
soit se complaire dans le constat, il est
vrai cruel et inquiétant ; soit surmonter ce dernier et cher-
cher des solutions, faire confiance aux trésors de notre génie
français. Vous, les jeunes, êtes l’avenir de la France. Vous êtes
aujourd’hui en demande d’humanité et de fermeté, d’auto-
rité et d’amour, d’exigence et de bienveillance. Vous cherchez
votre équilibre, dans une société où les facteurs de déséqui-
libre se multiplient. Il reste à canaliser vers de justes causes
cette attente et cette soif d’idéal. Les plaintes soulagent, mais
ne construisent rien de durable.
Tout au long de son parcours militaire, le général Pierre
de Villiers a eu à cœur de transmettre ; cinq années dans
la vie civile n’ont fait qu’affermir son engagement pour la
jeunesse, à laquelle il dédie ces lettres. Elles constituent une
véritable profession de foi intellectuelle et morale. Une leçon
qui résonne profondément en nous.
Ces Paroles d'honneur ouvrent un chemin pour
réapprendre à aimer la France et retrouver l’espérance.
Bernard Grasset
Lisez et élaborez votre propre
pensée.
Chemins de Pensée, Ovadia, 22 €
Si je me retourne vers de loin-
tains souvenirs, en mon année de
philo puis celle de propédeutique,
Friedrich Nietzsche, philosophe
allemand, évoque essentiellement
pour moi La naissance de la Tragédie
(1872) et Ainsi parlait Zarathoustra (1885). Ce grand
penseur athée annonçait le surhomme et proclamait la
mort de Dieu.
À l'opposé, Blaise Pascal, savant, philosophe et écri-
vain, pensait que seules la foi en Dieu et l'espérance du
salut offrent à l'homme un sens à son existence.
A priori, tout oppose ces deux personnages. Pour-
tant, Bernard Grasset effectue un rapprochement entre
eux, " comme si un lien énigmatique les reliait, alors qu'ils
sont à bien des égards aux antipodes l'un de l'autre, à l'inté-
rieur de l'histoire de la pensée humaine. "
Sa conclusion : " Nietzsche et Pascal. L'incroyant par
excellence, le croyant par excellence.
Et si dans le débat sans fin entre ces deux penseurs décisifs
se jouait le destin de l'Occident ?"
					 J. Bernard
62
Frédéric Bodin
Sherlock Holmes et les mystères de
Vendée
La Geste, 224 p. 25 €
Élémentaire, mon cher Watson !
Nous sommes à l’été 1911 et Sher-
lock Holmes débarque en Vendée,
accompagné bien sûr de son fidèle
second. Ils doivent élucider quatre
mystères, ce qui va les conduire sur des lieux emblé-
matiques de notre département. À Mouilleron-en-Pa-
reds d’abord, où Georges Clemenceau est diversement
estimé de la population, puis aux Sables-d’Olonne, à la
recherche du fantôme de la villa Margot, à Maillezais,
sur les traces du tueur de l’abbaye, et à La Roche-sur-
Yon pour résoudre une sombre affaire d’enlèvement au
musée.
Journaliste de presse régionale, Frédéric Robin a
déjà emmené ses lecteurs dans des affaires de meurtres
à Niort, à La Rochelle, à La Chaume et à Nantes. Ils se
régaleront ici en compagnie de Sherlock et Watson. L’hu-
mour british, la connaissance des lieux et de l’histoire, le
suspense les réjouiront à coup sûr..
				 G. B.
POLARS Christoph Chabirand
Le chat et la souris,
Orphie, 198 p. 11€
Origines,
Orphie, 212 p. 15 €.
Le Luçonno-réunionais Chris-
toph Chabirand, 64 ans, est de-
venu prolifique. Son petit dernier
est à nouveau un polar qui permet
de retrouver des flics de choc, le
duo Picard-Cazambo. Un duo à
la complicité indestructible face à
une série d'horribles crimes, c'est
l'un des deux récits du « chat et la
souris », menés tambour battant.
Avec cependant une touche, une
patte, un peu celle de Simenon, ex-
cusez du peu ! Simenon qui a aussi
écrit beaucoup de nouvelles...
Mais si Picard et Cazambo oc-
cupent le haut de la distribution,
la véritable héroïne de son dernier
polar créole reste la Réunion, cette
île de l'océan Indien que le sud-
Vendéen habite depuis... 35 ans. Cette île où il s’immisce
sans fard dans sa vie d’aujourd’hui.
Chaque année en métropole en été, Chabirand
effectue des séances de dédicaces où son succès est
avéré (livres de plus d'un prix modique). D'autant qu'en
2021, il avait sorti « Origines », son ouvrage embléma-
tique, avec également en longues nouvelles. Une d’elles
fait écho au tragique destin des « enfants de la Creuse »,
ces petits Réunionnais exilés en métropole à la recherche
de leurs racines.
					 PhilG
Fred Nerrière
Le Nid
Alter Real, 340 p. 20,90 €
Le Nid est le premier roman pu-
blié par Fred Nerrière qui, en tant
que professeur de lettres, s’est long-
temps nourri de littérature. Ce nid,
c’est la structure en branchages qui
recouvre le corps d’un garçon de neuf
ans retrouvé à Saint-Sigismond, tout près de l’ancienne
abbaye de Sainte-Colombe dans le Marais Poitevin. Un
cadre mystérieux où s’emmêlent la sombre forêt et le
marais aux odeurs entêtantes, un crime énigmatique qui
ressemble à celui commis vingt ans plus tôt et jamais élu-
cidé, un couple d’enquêteurs gendarme et policier dont
chaque rencontre provoque des étincelles, une intrigue
particulièrement bien ficelée avec de nombreux rebon-
dissements, voilà les ingrédients d’un roman au suspense
pénétrant. Les personnages sont d’une belle épaisseur
psychologique, cachent de nombreux secrets qui se dé-
voilent peu à peu. L’enquête augmente la tension page
après page, au fur et à mesure qu’elle avance, jusqu’à un
dénouement qui fleurit en surprises et en inattendus. Au
total un premier roman réussi qui fera le bonheur des
amateurs du genre. 					
				 AP
Christian Denis
Leçon à Luçon
ECD, 240 p, 12 €
Christian innove, c’est toujours
lui, mais en plus soft, ce qui ne de-
vrait pas déplaire à tout le monde.
On ne » trhrille « pas vraiment
comme annoncé mais on suit avec
entrain les aventures d’un professeur
sous l’Occupation.
Prof ? Rien n’est gratuit chez Christian qui est un
ancien « prof » et qui sait ce dont il parle. Un donneur de
leçons ! Nous sommes suspendus à ses cours.
Sur la vie, sur l’Histoire, sur la Vendée, réflexions
d’un prof qui sait prendre la distance suffisante pour ne
pas tout prendre pour argent comptant.
Cela remet les idées et la vérité en place. Si vous êtes
un bon élève, vous ne regretterez pas votre lecture et la «
leçon » ne sera pas perdue pour tout le monde !
					 JR
63
HISTOIRE
Philippe Audureau
Algérie, tu te souviens...
Petit Pavé, 227 pages. 20 €
L’auteur déploie dans
ce roman toute la veine du
conteur. Son écriture donne
du plaisir au lecteur qui em-
boîte le pas à Valentin, jeune
français d’Algérie. On suit le
jeune garçon dans une pre-
mière partie relatant avec talent et souvent une
pointe d’humour sa jeunesse dans ce pays de
l’autre côté de la Méditerranée. La petite histoire
se mêle à la grande, à travers le quotidien d’une
famille et le langage fleuri d’une mère pour son
fils. Mine de rien, c’est l’histoire d’un pays que
l’on découvre à travers Nicole et Valentin.
Puis, en deuxième partie, c’est l’Indo-
chine, le retour au pays en pleine guerre
d’Algérie. Un récit dense, où l’on se laisse
embarquer dans l’histoire à la suite de
Philippe Audureau et de son talent d’écrivain.
			 Régine Albert
Michel Perraudeau
Histoire de l'Anjou
La Geste, 204 p. 35 €
Michel Perraudeau est né en
Vendée. Il a reçu le prix Charette en
2020 pour « La Geste poitevine ».
Il vit à Angers et il est certainement
l'un des mieux placés pour nous faire
parcourir dans un album richement
illustré l'Histoire de sa terre d'élection.
« Douceur angevine ou douleurs angevines » écrit-il.
Rien n'échappe à son regard exercé qui nous fait par-
tager la douceur du pays illustrée par le « Heureux qui
comme Ulysse » de Joachim du Bellay, et les souffrances
des guerres, celles des grandes invasions, des guerres de
religion et des guerres de Vendée.
L'album court de la préhistoire à nos jours. Les
hommes illustres, artistes, écrivains, y ont leur place. On
apprend beaucoup. On voyage. Le livre s'achève sur un
texte de Julien Gracq qui chante sa rivière l'Evre, rivière
des Mauges, affluent de La Loire.
Yves Viollier
Charlotte de Villiers
La Vendée,
carrefour de l’Histoire de France
La Geste, 184 p. 29,90 €
La Vendée est une histoire
à elle seule et elle occupe dans
l’Histoire de France une place
singulière, et pas seulement de-
puis les guerres de Vendée. Ce beau livre d’images
et de textes maîtrisés la situe en effet dans la grande
Histoire. Il met en évidence les grandes figures qui
ont marqué notre pays : Aliénor, Rabelais, Agrippa
d’Aubigné, Richelieu, Louis-Marie Grignion de
Montfort, Clemenceau, Jean Yole, De Lattre de Tas-
signy. Il souligne le rôle d’autres célébrités comme
le Roi saint Louis et Napoléon ou, dans un registre
plus légendaire, la fée Mélusine.
Le Puy du Fou et le Vendée Globe illustrent la
Vendée contemporaine et préfigurent celle de de-
main. On regrettera le manque d’intérêt pour les
guerres de 14-18 et de 39-45. Focalisé sur les grands
personnages, cet ouvrage oublie trop ceux et celles
qui n’ont pas leurs noms dans l’Histoire et qui ont
avant tout construit la Vendée d’aujourd’hui.
					 G.B.
Jean Artarit
Les Allix,
une famille vendéenne
d'intellectuels et d'artistes
révolutionnaires
La Geste, 266 p. 29 €
L'auteur, psychiatre et
psychanalyste, originaire
de Fontenay-le-Comte, au-
jourd'hui à Maison-Alfort,
a bénéficié des archives de la
famille Allix.
" Les parents des enfants Allix se marièrent à
Fontenay-le-Comte, le 29 octobre 1811. Ils avaient
tous les deux vingt ans. Pierre François Allix, né à
Vengeons en Normandie, dans le département de la
Manche actuel, était marchand quincaillier comme
son père et demeurait chez ses parents venus s'instal-
ler en Vendée au début ses années 1800. La mariée,
Gabrielle Thérèse Vexiau, était une Fontenaysienne,
fille de Simon Vexiau - dit dans l'acte "marchand
poêlier" et non "quincailler" comme les Allix - et de
Thérèse Garnereau."
La suite de cette histoire ? Dans le livre pu-
blié en ce début d'année 2022, vous y verrez
défiler, tout au long du XIXe
siècle, en Vendée,
à Guernesey, Jersey, Paris et ailleurs, les événe-
ments qui ont marqué cette période.
			 J. Bernard
64
NOUVELLES...
Collectif
Frères et sœurs
Her de Fêtes et Vdl, 216 p. 15 €
Frères et sœurs, thème 2022
du concours de nouvelles de
l’association Her de Fêtes de
Noirmoutier.
De nombreux auteurs ont
participé et les résultats ont été
rendus lors du salon du mois de l'été. Voici édités
les textes de quatorze d'entre eux, parmi lesquels on
trouve plusieurs noms connus des lecteurs vendéens,
qui laissent libre cours à leur plume pour un récit de
dix à quinze pages. Un joli patchwork de styles, de
situations et de sentiments, chacun s'épanouissant
dans l'exercice. Les nouvelles sont aussi variées que
les personnalités de ceux qui les ont écrites, entre la
gravité et le sourire, la joie et la tension qui nourris-
sent la vie. L'’intérêt de la lecture en est sans cesse
relancé.
				 Alain Perrocheau
Françoise Bidois
La vieille conteuse de Vendée
Vdl, 274 p. 18 €
Il est impossible de ne pas
lier ce troisième ouvrage avec
les deux précédents : Promenade
d’un enfant (tome 1) ; Raconte-
le à mon cheval, il le répétera
(tome 2) et le dernier en date :
La vieille conteuse de Vendée (tome 3). La trilogie de
Françoise Bidois nous prépare à passer nos soirées à
la bougie (plus d’électricité nous dit-on) au coin de
la cheminée à se délecter de ses Contes et Nouvelles
d’entre mer et marais.
Une suite d’histoires qui nous plonge dans les
légendes, les récits, d’ici et d’ailleurs. L’auteur n’a
pas de limites géographiques, vous parcourez les
terres vendéennes pour vous retrouver quelques
pages plus loin au milieu du peuple de la mer qu’elle
connaît bien.
Il m’arrive d’emporter lors de mes voyages un
de ses livres, et aussi pour attendre mon tour dans
une salle d’attente… J’en apprécie la lecture en tous
lieux, puisque je n’ai pas de … machinphone pour
passer mon temps.
			 René Moniot Beaumont
Etranges nouvelles de Patrick
Allen, - Vent des Lettres – 201 pages,
14 euros
Ce livre contient huit nouvelles
de différentes longueurs. L’auteur,
dans un langage imagé et agréable,
nous convie à lire ces récits où
l’étrangeté se mêle à la fiction. Des
récits qui ne manque ni de charme
ni de mystère. On reste parfois sur
sa faim mais l’ambiance insolite
nous convie à progresser dabs ces nouvelles de longueurs
différentes. La plupart se déroulent en Amérique. Sauf
la dernière qui se situe le jour où les Américains sautent
en parachute sur la terre de Normandie pour libérer la
France de l’occupation allemande. Un bel hommage à
ces jeunes qui ont laissé leur vie pour nous sauver de l’op-
presseur. Il est bon de se rappeler cette période de notre
histoire. Quoi qu’il en soit, ces huit nouvelles se lisent
avec plaisir. Ne boudons pas cette lecture qui plaira à
tous même si vous n’êtes pas – habituellement – lectrices
et lecteurs de nouvelles.
				 Régine Albert
La Reine et les oiseaux de Daniel
Meynard, Editions de l’Atlantide,
124 pages – prix non indiqué sur le
livre.
Un livre étrange qui ne manque
pas de charme. Entre conte et ro-
man, l’auteur nous fait voyager, à la
suite de ses héros, dans une époque
où se croisent seigneurs et manants,
sous la gouvernance d’un roi et d’une
reine. Hors de la Cour, celle-ci se
met sous la protection de Gaël qui l’adore et veillera sur
la petite Colombe... Les aventures s’enchaînent entre les
loups, la neige, les monts d’Aubrac porteurs de mystères.
Aucune crainte de s’ennuyer dans ces pages où l’action
et l’amour se mêlent intimement, d’aventures en rebon-
dissements. On se laisse porter par le souffle romanesque
qui habite ce récit de bout en bout. Un bon moment de
lecture à ne pas manquer.
				 Régine Albert
...et CONTES
65
Cyriaque Griffon
Les contes de la gitane
Fauves, 380 p. 23 €
Lauréat du Prix des Écrivains
de Vendée 2010 pour Afrikaners,
les secrets de Vryland, Cyriaque
Griffon revient sur son pays na-
tal, du côté de La Guyonnière.
Plus précisément autour de l’ab-
baye de Meslay et de ses secrets.
Le plus fameux, le trésor caché de l’amiral du Chaf-
fault, est sans doute quelque part par là, protégé par
un terrible maléfice. Nous sommes dans les années
50 et c’est une petite fille, bientôt une adolescente,
qui se souvient des contes et des sortilèges de son
enfance. Le maléfice explique-t-il les drames qui
ont marqué la région : la catastrophe ferroviaire de
Chantonnay, la collision tragique de deux avions
autour de La Planche, la mort accidentelle de cinq
maçons au château d’eau de La Bruffière ?
Cyriaque Griffon excelle dans la description
de cette époque qui s’éloigne, celle des premières
grandes usines de chaussures, des mobylettes, du
juke-box, mais aussi de la guerre d’Algérie. Ses lec-
teurs ne s’ennuieront jamais et le conte finira bien.
					 G. B.
Collectif
Contes des Pierres de Coudrie
Parler les lieux, 16 €
Comment parler en quelques
lignes d’un livre si dense et si riche
d’histoires. Quinze conteurs ont
décidé de faire parler les mégalithes
de nos régions et de nous inviter à
aller les voir. Vous ne serez pas dé-
çus du voyage, car les contes nous
invitent à découvrir par exemple le Menhir de Pierre-
Levée à Soullans ou le Dolmen des Pierres Folles à Com-
mequiers. Ils nous racontent merveilleusement ce qu’ils
ont à nous dire. Mais ils nous invitent aussi, plan à l’ap-
pui, circuit, à faire le voyage à pied, à vélo, en canoé ou
en voiture. C’est magnifique, à la fois sérieusement do-
cumenté et richement illustré. C’est à un autre rapport
avec ces lieux que nous croyons connaître et que nous ne
voyons pas, ou mal, que nous convient avec un brin de
philosophie et beaucoup d’humour, ces auteurs du Col-
lège d’édition de Parler les Lieux dans le pays de Saint-
Jean-de-Monts. Il faudra que nous revenions sur le beau
travail de cette équipe de passionnés qui ont déjà publié
dix ouvrages de culture et de poésie pour la sauvegarde
du patrimoine archéologique. Le livre est accompagné
d’un CD de textes enregistré par des comédiens.
				 Yves Viollier
Philippe Meyre
L’Iconoclaste
Hérault, 230 p. 20 €
Le dernier ouvrage de l’avocat
Philippe Meyre est une biographie
plutôt bien vue sur un personnage
qui ne l’est pas toujours !… Et
qui ne manque pas de détracteurs.
Écrivain, journaliste, homme de
théâtre (le festival de théâtre de la
Tranche-sur-Mer, c’est lui !), historien (passionné du
XVIIe
siècle), pilote automobile aussi, Joël Bonnemaison
a également été syndiqué F.O., ayant longtemps porté
la bannière de l'anarcho-syndicaliste et personnage hors-
normes Alexandre Hébert (son père spirituel).
Ses détracteurs lui reprochent, entre autres (sur-
tout ?), son improbable amitié avec un certain Jean-Ma-
rie Le Pen. Mais tous deux ont une passion pour l'his-
toire de l'anarchie. Étonnant, non ? L'ex-leader du Front
national en avait d'ailleurs fait sa thèse, jeune étudiant...
Et puis, Joël Bonnemaison est aussi un polémiste, à
l'image de Bussy-Rabutin qui le passionne, ce redoutable
pamphlétaire du XVIIe
siècle qui avait le don de se faire
des ennemis, même de ses amis !
Le livre de Maître Meyre a certes ses faiblesses, mais
bien avouables. Cette biographie n’est pas comme les
autres. Bonnemaison aussi.
À signaler que la préface est signée Yves Viollier.
					 PhilG.
BIOGRAPHIES
Jigme Thrinlé Gyatso
Un Trésor de bénédictions
L’Astronome, 238 p. 25 €
Depuis Landevieille,
Thrinle continue de nous
initier au message du boudd-
hisme tibétain.
Il présente ici la biographie du maître Shri Seng-
drak Rinpoche (1947-2005). C’est un album à la
fois déroutant et fascinant qui illustre la vie de ce
moine ermite, reconnu pour son énergie dans la re-
cherche des enseignements anciens, ses longues et
nombreuses retraites et son souci de transmission
aux jeunes générations. On y trouve des textes en
français et en anglais, mais aussi en caractères tibé-
tains. Les images nous font pénétrer dans l’atmos-
phère des monastères et des temples du Népal, « en
ces lieux rafraîchis par la lumière de la lune et le
santal. »
					 G. B.
66
RÉGIONALISME
Régine Albert
Les Herbiers
de ma
mémoire (2)
Echo Optique, 50 p. 15 €
Régine Albert nous revient
avec un énième livret "de sa mé-
moire", le second touchant les Herbiers, toujours
illustré des aquarelles de Jean-Marc Bodet. Elle y
continue de se raconter en même temps que son
pays natal, comme si elle suivait un chemin de ran-
donnée. La mémoire est un paradoxe, elle est par
essence intime et en même temps source de partage.
Elle fait des " Herbiers de ma mémoire 2 " à la fois une
réminiscence du vécu et une source cognitive. Ses
petits textes sur chaque lieu égrènent aussi bien de
touchants souvenirs que des informations factuelles
instructives rapportés avec simplicité et sincérité.
Dans le gris du souvenir, ce petit livre est un phare
de plus pour éclairer les Herbretais (et les autres) sur
le passé de leur ville.
				 Alain Perrocheau
Jean-Paul Boisneau
Belligné, 3 églises, 250 ans
d’histoire
Hérault, 250 p. 20 €
Vous partez à la découverte
des trois églises de Belligné, de
sa vie de tous les jours depuis
plusieurs siècles, mais aussi de la
Révolution à nos jours. Belligné
autrefois entouré de landes et de
bois, a su évoluer.
Belligné a subi de profonds bouleversements
avec les différentes guerres : 1793-1870-1914-1939,
mais s’est toujours relevé. Cet ouvrage est le fruit
d’une riche histoire laissée par ceux qui nous ont
précédé ; nos ancêtres, nos parents, la vie de la com-
mune, riche en événements. Il faut en être fier, ce
qui peut permettre d’éclairer d’un jour nouveau la
vie d’hier.
Après l’édification de l’église d’aujourd’hui au
début du XXe
siècle, des travaux d’embellissement
réguliers depuis plus de cent ans maintenant ont été
réalisés ; cette église majestueuse, il faut savoir la dé-
couvrir. Après bien des hésitations quant à sa place,
quant à son clocher, elle est belle où elle se trouve.
Elle laisse un espace ouvert indispensable à la vie du
village. Les différentes personnes qui s’étaient pen-
chées sur son berceau, avaient vu juste.
					 AHH
Yves Renou
Un orgueil de cheval
Chez Maupassant, 280 p. 30 €
Yves Renou évoque bien sûr les
deux décennies qu'il a passées à la tête
de la Cavac, cette entreprise pas comme
les autres, avec l’apport du témoignage
de Roger Albert, son président.
Mais pas que.
Renou se livre sans fard, révèle une
diversité de lectures dans ses sensibilités, son ouverture d’es-
prit et son éclectisme qu'on ne lui connaissait pas forcément
durant ses années Cavac chez les professionnels de l'agricul-
ture. Car mener cette coopérative, la pousser de l’avant et la
moderniser, des années soixante-dix à celles de quatre-vingt-
dix (il prendra sa retraite en 1993), ne fut pas une sinécure. La
grande œuvre de sa vie professionnelle.
Ce fils et petit-fils de forgeron fouille aussi ses racines, son
enfance, à Saint-Agil, dans le Loir-et-Cher (département 41),
un Saint-Agil qui aurait pu être celui des « disparus », le fa-
meux film avant-guerre de Christian-Jacque. Un Saint-Agil où
le marteau sur l’enclume qui rythme les journées de l’enfant
n’a jamais cessé de résonner dans sa tête. Son leitmotiv. Celui
qui révèle son chemin, sa diversité, son amour de l’écriture
aussi, avec également des courriers, des poésies, même une
nouvelle… sans oublier son goût du dessin, de la caricature…
Il offre, finement martelés, ses écrits et ses illustrations
d'une vie, dans la diversité, avec ses « accrochages » et ses « décro-
chages »... Un livre mûri par des dizaines d'années. Un livre
témoignage. Le livre d'une génération, celle née juste avant
la Deuxième Guerre Mondiale (né en janvier 1936), qui a
connu, soldat appelé, une autre guerre, celle d'Algérie (qu’il
évoque peu), puis les « glorieuses » années soixante... Tout
en ayant mené de belles études, le lycée Ronsard à Vendôme,
son bac en 1953, le prestigieux lycée Louis le Grand à Paris
(Quartier Latin), l’Institut National Agronomique, l’École
d’Application du Génie à Angers, dans le cadre de son appel
militaire…
Puis l’Algérie, le djebel Amour en 1960, le retour en
France, cinq ans à Paris chez Merck (chimie pharmaceutique),
puis la Cavac, où il est arrivé en 1969, le temps de découvrir
les rouages de cette coopérative, en devenant le directeur après
une grève qui avait paralysé la Cavac trois semaines durant
en 1971… Sans oublier la politique, avec une candidature
au poste de conseiller général en 1979, puis adjoint au maire
de la Roche-sur-Yon Jacques Auxiette plus tard, en 1989...
Jacques Auxiette à qui il rend hommage.
Sur cette vie pleinement remplie, il se déboutonne, si vous
me permettez l'expression. Dans le livre de sa vie, il y va l'âme
nue, témoigne… Sans oublier qu’il a commis des tas d’articles
sur divers supports, pas toujours pour des raisons profession-
nelles, sur les phénomènes de société aussi. Il aurait pu être
journaliste ! C’eut été bien dommage !
					 PhilG
BIOGRAPHIES
67
Eric Rousseaux
Michel Paradinas
Marais poitevin remarquable
La Geste, 268 p. 20 €
Toux deux amoureux
et grands connaisseurs du
Marais Poitevin, Eric Rous-
seaux et Michel Paradinas
proposent un ouvrage re-
marquable sur un territoire
qui l’est assurément : le Marais poitevin.
Le premier, ingénieur agricole, est l’auteur
de nombreux ouvrages sur les races domestiques
menacées et la sauvegarde des milieux naturels et
espèces sauvages.
Le second, photographe, a récemment contri-
bué avec Yannis Suire, directeur du CVRH, à un
magnifique album sur le Marais poitevin. Ses
200 photographies explorent, avec beaucoup de
justesse et de sensibilité, ces paysages singuliers,
nés conjointement de la nature et du travail des
hommes. Eric Rousseaux apporte un commen-
taire précieux aux images et s’intéresse particu-
lièrement à la faune et à la flore du Marais. Re-
marquable en effet.
					 G. B.
Agathe Aoustin, Stéphane Nau-
let
Villas de la Côte de Jade
La Geste, 300 p. 39,90 €
Agathe Aoustin, chargée
de mission sur le département
de la Vendée à l’Inventaire du Patrimoine cultu-
rel des Pays de la Loire, a beaucoup travaillé sur
la villégiature balnéaire du littoral de Loire-At-
lantique et de Vendée.
Ce beau livre, illustré par les photographies
de Stéphane Naulet, se focalise sur la Côte de
Jade, de Saint-Brévin-les-Pins à La Bernerie-en-
Retz. Leurs regards conjoints sur une centaine
de villas témoignent d’une histoire qui com-
mence dès les premières années du XIXe
siècle.
Les premières ont une silhouette classique et
cossue. Vers la fin du siècle, elles sont plus pitto-
resques, plus colorées. Apparaissent ensuite des
chalets plus modestes, puis avec les congés payés
et l’époque des temps libres, les « pied-à-terre »
envahissent le littoral. Un jolie voyage à travers
terrasses, balcons, vérandas, belvédères et jardins
à deux pas de chez nous.
					 G. B.
Didier Babarit
L’or blanc
Les marais salants de l’île de
Noirmoutier
La Geste, 294 p. 29,90 €
Il y a l’enchantement et la
poésie des images. Et aussi la pro-
fusion des explications, des sensations. Toute la pas-
sion de ces sauniers de l’île de Noirmoutier pour leur
« or blanc », leur attachement à leur environnement
de soleil, de vent et d’eau.
On doit à Didier Babarit, photographe autodi-
dacte, enraciné dans l’île, ce qui est aussi le livre d’or
du sel à Noirmoutier. Et c’est une bonne idée d’avoir
commencé avec les quatre saisons du travail du sau-
nier. L’hiver, loin des estivants, pour le curage et l’en-
tretien. Le printemps pour vider les salines et confor-
ter les digues d’argile. L’été pour récolter la fleur et le
gros sel. L’automne où, une fois le sel mis à l’abri, le
rythme ralentit.
Le lecteur vagabonde parmi les étiers, les ponts et
les charrauds. Il apprend les noms des outils, l’univers
des calorges et des salorges, visite de nombreux ma-
rais qui s’appellent parfois la Bonne Pogne, la Pornu-
chette ou le Cul-de-Truie ! Un petit dico des sauniers,
en français et en langage noirmoutin vous apprendra
ce que veut dire mirounère et sabotère…
					 G. B.
Philippe Gaury
L’abbaye de la Grainetière en
Vendée
Association de la Grainetière, 48 p.
L’abbaye de la Grainetière,
aux Herbiers, fut sauvée de la
ruine en 1963 par un groupe
d’amis, animé par Pierre Chatry,
ancien maire de la Ville. Son fils,
Jean, préside aujourd’hui la société immobilière qui
entreprend un travail colossal, prévu pour aboutir à
l’horizon 2030 : la reconstruction des trois galeries
disparues, du réfectoire et de l’église abbatiale.
Philippe Gaury présente ici l’histoire de la Grai-
netière, fille de l’abbaye de Fontdouce, en Saintonge.
fondée en Ardelay, aux alentours de 1140. Vendue
comme bien national en 1790, elle fut, par la suite,
grandement démolie. L’abbé Prévost, l’auteur de Ma-
non Lescaut, y obtint bien une place de moine, mais
il ne fait aucun doute qu’il n’y mit jamais les pieds.
Une description architecturale très précise, accompa-
gnée de photos, et d’un glossaire bienvenu, facilite la
découverte de l’abbaye. Un guide précieux avant la
visite de la Grainetière qui accueille depuis 1978 des
moines bénédictins.
					 G. B.
68
Collectif Arts Métiss’
Paroles ouvrières
des usines à la campagne
La Geste, 293 p. 30 €
Dès les années 1980,
douze collecteurs du Haut-
Bocage vendéen ont récolté
les paroles ouvrières de ce pays, si longtemps
oubliées. Principalement, celles des travailleurs
et travailleuses de six secteurs industriels: les
carrières de La Meilleraie, la carrosserie Heu-
liez, Fleury-Michon, les chaussures Patrick, la
confection textile et les meubles, avec notam-
ment l’entreprise Gautier.
Ce livre rassemble 80 témoignages enregis-
trés de plus d’une heure chacun. Ils disent en
détail la fierté des savoir-faire, la souffrance du
travail et les engagements. Ce livre, parfois bou-
leversant, raconte aussi l’histoire des entreprises,
le passage du monde paysan à celui de l’usine, le
syndicalisme et les grèves, les transports journa-
liers, l’arrivée des travailleurs étrangers.
«Voilà un livre qui va vous permettre de
faire un beau voyage dans l’âme et dans la chair
d’un pays que vous pensiez connaître. Il est
important, écrit Yannick Jaulin, qui le préface,
parce qu’il fait entendre un monde qui, d’habi-
tude, se tait. »
					 G. B.
La Geste
Le Grand Almanach de la
Vendée 2023
La Geste, 9,90 €
Yannick Jaulin est en cou-
verture de l’Almanach 2023 de
La Geste. Et il en signe l’édito.
Celui-ci retient l’attention
dans cet almanach forcément
conforme aux rubriques habi-
tuelles : histoire, patrimoine, proverbes, anecdotes,
jeux et remèdes anciens. Quelques personnalités lo-
cales évoquent les sites vendéens qui les inspirent.
Fidèle à lui-même, Yannick Jaulin y revendique
les thèmes qu’il défend à longueur de spectacles :
l’amour du parlange, l’histoire bas-poitevine de
notre département et la culture paysanne. Et il s’in-
surge : « Tout ce qui sent la côte et le calcaire ne serait
pas digne si l’on considérait que seul(e)s sont vendéens
les descendants de cette grande jacquerie de 1793. » Il
rend aussi hommage à la cave « où se transmet une
partie de cette culture qui date de bien avant la Ven-
dée. »
					 G. B.
Charlotte de Villiers
Petite Histoire de La Roche-
sur-Yon
La Geste, 180 p., 9,90 €
Après La Vendée, car-
refour de l’Histoire de
France, (à découvrir aussi
dans ce numéro), Char-
lotte de Villiers propose
cette Petite Histoire de La
Roche-sur-Yon. En 180
pages, ce petit livre de facture vintage
présente en une quarantaine de
chapitres le chef-lieu de la Vendée.
Plusieurs sont consacrés à la construction
de la ville nouvelle de Napoléon. D’autres ex-
plorent les temps plus éloignés de saint-Yon, de
l’abbaye des Fontenelles ou de Du Guesclin et
Olivier de Clisson. Plus près de nous, d’autres
pages racontent, par exemple, l’arrivée du
chemin de fer, les visites de Georges Clemenceau
et du général de Gaulle, et le développement
économique de la ville et de l’agglomération
yonnaise.					
			 G. B.
Jean Michenaud
Saint-Sauveur de Roche-
servière
Legrandjardin, 96 p. 17 €
Grand défenseur
du Patrimoine et fin
connaisseur de la mé-
moire de Rocheservière, Jean Miche-
naud retrace l’histoire de son église Saint-
Sauveur,édifiéeàlafinduXIIe
siècle.Pendant
prèsdehuitsiècles,Rocheservièreauraeuquatre
paroisses et quatre églises…
En parcourant ce très bel album, on
découvre les évolutions de l’édifice qui
avait échappé aux saccages de la Révo-
lution. Devenue chapelle, elle connut
ensuitediversusages,abritantpendantquelque
temps le foyer des jeunes de la commune.
Aujourd’hui restauré, Saint-Sauveur est
devenu un centre culturel qui conjugue
harmonieusement l’art baroque du XVIIe
siècle et l’art contemporain. C’est aussi
l’écrin de la broderie de Nicole Renard.
Longue de 140 mètres, elle raconte l’Évan-
gile et l’Apocalypse de saint Jean. Le lecteur
aimera aussi l’évocation très sensible de la vie
quotidienne des paroisses d’autrefois.
				 G. B.
69
Maurice Bedon
Le Canton de Chantonnay, T2
La Chouette de Vendée, 180 p. 20 €
La suite de l’inventaire, tou-
jours aussi détaillé et illustré,
indispensable pour la connais-
sance de sa région.
Ah ! Encore une erreur
de blason ! Maurice donne le
Béranger angevin et non le nôtre.
Il m’expliquera cela à notre
prochaine rencontre !
Le Château de l’Ebaupinay
La Chouette de Vendée, 118 p. 20 €
« Devenez seigneur pour 50 € ».
118 pages consacrées à ce seul
château des Deux-Sèvres. Une
aubaine pour les chercheurs, les généalogistes et les
historiens.
J’y ai retrouvé la pierre sculptée du blason de la
famille Wendel, dont un représentant a épousé une
fille Fonbernier de la Chevillonnière, fille de Jacques
et de Jeanne Chaudrier, la future mère de Pierre de
Ronsard.
La Guerre de Vendée n’est pas oubliée et l’on est
heureux d’apprendre que la propriété du château est
divisée en parts de donateurs pour en permettre la
restauration ! T’as pas 50 € ?
					 JR
Hélène de Saint-Do
Thomas Brosset
Les oiseaux de la Vendée
La Geste, 175 p. 13,90 €
L’auteur a été journa-
liste dans la presse régio-
nale ; Hélène de Saint-Do,
l’illustratrice, a travaillé
dans le domaine de l’art
auprès des handicapés
mentaux. Ils nous présen-
tent – joliment et savamment – 230 oiseaux
de Vendée, classés par ordre ou famille. De
l’accenteur mouchet au verdier d’Europe.
Chaque fiche décrit l’oiseau, sa nourriture,
son nid, son comportement, sa voix et les en-
droits où il est possible de le voir. On peut
toujours apprendre à propos du moineau do-
mestique et du pigeon biset, davantage sans
doute sur le labbe pomarin, l’hypolaïs poly-
glotte et l’érismature rousse.
Sympa et indispensable aux amis des oi-
seaux.
				 G. B.
Manuel Guicheteau
Rando Bocage Vendéen 16 balades
La Geste, 6,90 €
Écrit par un passionné de na-
ture, ce joli petit guide se distingue
par une belle présentation des sites
visités. Les photos incitent à la dé-
couverte. Le livre se glisse facilement
dans le sac de randonnée. Chaque
site est précédé d’une carte qui faci-
lite l’accès. Certaines balades se font
à pied, d’autres à vélo et même en canoë.
Pour les accros de la rando et aussi pour ceux qui
rêvent de découvrir le bocage sur les pas de Manuel, ma-
nifestement amoureux de son pays vendéen.
				 Régine Albert
RÉGIONALISME
Pauline Retailleau
Châteaux, manoirs
et logis de Vendée
La Geste, 322 p. 39,90 €
Il existe en Vendée
près de 1000 châteaux,
manoirs, maisons fortes et
logis, édifiés du XIe
siècle
jusqu’au début du XXe
.
Certains se voient de loin
et se visitent, comme celui de la Guignardière, à
Avrillé, en couverture de ce beau livre.
Pauline Retailleau, historienne de l’architec-
ture, explore plus de 300 châteaux et maisons
fortifiées. Beaucoup se cachent derrière des bos-
quets, de hauts murs, au bout d’une allée pro-
fonde et restent invisibles et inaccessibles. Les
photos et les textes nous les font découvrir, en
expliquent l’histoire et les beautés. Ce livre ré-
pond aussi à quelques questions : pourquoi, par
exemple, la Vendée se couvre-t-elle de belles de-
meures au XIXe
siècle, quelques décennies après
les guerres qui l’ont dévastée ? Classés par régions,
ces châteaux et logis sont pour la plupart privés.
Voici une belle occasion de les découvrir par les
images et les mots.				
G. B.
70
Louis Renaud,
Madeleine Renaud-Bourasseau
Les Vendéens à l’heure
allemande 1939-1945
La Geste, 352 p. 30 €
Émile Bourasseau, prisonnier en
Allemagne, et son épouse, qui tenait
une petite épicerie à Saint-Pierre-du-
Chemin, ont échangé plus de 800
lettres pendant ses années de captivité. Ce trésor familial,
recueilli par leur fille et son mari, dit avec une émou-
vante authenticité ce que furent pour les Vendéens ces
longues années d’occupation. Complétés par beaucoup
d’autres témoignages, il nous ouvre aujourd’hui une vi-
sion exacte, intacte et sensible de cette sombre période.
Après la « drôle de guerre », l’invasion, nous entrons
dans les camps de prisonniers, nous assistons à leur re-
tour chaotique. Le STO, les rigueurs de l’occupation, les
restrictions et les réquisitions, les réfugiés sur les routes,
les Ardennais chez nous, tous ces événements que l’im-
mense majorité d’entre nous n’a pas vécus nous interpel-
lent profondément. Viendront le temps de la Résistance,
la Libération, et le reflux de l’occupant. Mais les traces de
la guerre s’effaceront lentement.
C’est l’histoire de milliers de Vendéens et de
Vendéennes, dans l’intimité de leurs familles et de la vie
des villages et des villes, qui nous est ici restituée et qui,
forcément, nous questionne encore.			
					 G. B.
Roger Albert, Daniel Rabiller
SilacoopérativeCAVACm’étaitcontée
La Geste, 210 p. 35 €
10 000 agriculteurs socié-
taires, 1 650 salariés, un milliard
d’euros de chiffre d’affaires. La
Cavac, coopérative vendéenne,
née en 1965 de la fusion de deux
coopératives, l’une pour les approvisionnements des
agriculteurs, l’autre pour la commercialisation de
leurs céréales, est devenue une importante PME ré-
gionale jouant un rôle majeur pour l’agriculture de
plusieurs départements.
Deux de ses anciens présidents, Roger Albert
(1971 - 1985) et Daniel Rabiller (1986 - 2000) ont
entrepris d’en raconter l’histoire mouvementée. Ils
le font dans le détail, sans masquer les conflits de
pouvoir et de conceptions. La grande grève de 1971
qui mit en péril la coopérative est ainsi largement
évoquée. Plus fondamentalement c’est un large pan
de l’histoire agricole de la Vendée qu’ils mettent
en perspective: la politique agricole européenne, la
mondialisation, la loi sur l’eau, les quotas laitiers, la
vache folle, sans oublier les doutes et les exigences.
					 G. B.
RÉGIONALISME
Marlène Wiart
365jours-SaintGillesCroixdeVie
La Geste, 370 p. 25 €
365 jours et 365 cartes pos-
tales anciennes pour redécou-
vrir les multiples facettes de Saint-Gilles-Croix-de-Vie.
Chaque photo s'accompagne d'une citation ou d'un pro-
verbe. Au long de 365 jours, Marlène Wiart spécialiste
de cette belle ville, mènera le lecteur à la découverte de
lieux attachants dans tout l'espace de la ville. On y trou-
vera des incontournables bien sûr, des endroits familiers
au plus grand nombre.
Bien d'autres sites sont à découvrir au fil des pages,
en lien avec l'Histoire, l'art et le patrimoine. Toute cette
richesse, l'auteure se fait un plaisir de la partager avec
vous au fil de ces pages joliment illustrées.
Jean-Luc Alias
Les Templiers en Vendée
Quint’feuille, 160 p. 24 €
Le cartulaire de Coudrie, prin-
cipale préceptorie des Templiers
en Vendée, est retranscrit en lan-
gue française, montrant ainsi l'en-
semble des acquisitions de l'ordre du Temple en Vendée.
À la suite de l’effondrement de l’Empire romain, la
Vendée – qui fut le Bas Poitou avant 1789 – des châ-
teaux forts construits en lourds moellons sont édifiées car
les populations de cette contrée ressentaient le besoin de
protection à cause des invasions maritimes (viking...) et
des attaques bretonnes et angevines. Aussi, la féodalité
commence à s’organiser et coordonne la société autour
du château et de l’église.
L’activité religieuse s’amplifie par le nombre des
abbayes qui augmente, et une économie en plein essor
s’installe. Vers 1130, Hugues de Payns, maître de l’ordre,
durant son séjour en Bas Poitou, reçoit les premières au-
mônes. Ensuite, d’autres Templiers, avec la générosité
des seigneurs locaux, vont se fixer dans cette province
en créant des établissements. Mais une période de guerre
s’installe entre les rois de France et les Plantagenêt, dont
souffre beaucoup le Bas Poitou par rapport à sa situation
entre le Massif armoricain et Bassin aquitain.
La paix revenue, l’économie poursuit son ascension.
Les Templiers ne sont pas absents de ces places de mar-
chés. Ils jouent un rôle de plus en plus actif tant dans
les échanges que dans le prêt d’argent.. Les photos sont
proposées par M. Alain Grégoire, guide de la chapelle
de Coudrie et président de l’association « Ordines Terra
Sanctum. «
71
Yves Viollier
dessins de François Ruiz
Le Marié de la Saint-Jean
Le Signe, 94 p. 22,90 €
À la suite du roman – tiré
d’une histoire vraie – d’Yves Viol-
lier, une bande dessinée par Fran-
çois Ruiz nous est proposée. C’est
la première fois qu’un récit de
l’écrivain est mis en images, ce qui
est une découverte pour ses nom-
breux lecteurs. Le rapprochement entre le Cambodge et
la France séduit d’emblée, d’autant plus qu’il relate un
événement heureux, le mariage de Zhida et de Gabrielle,
Zhida vient du bout du monde, poussé par les événe-
ments qui ravagent son pays, et se réfugie en Vendée avec
sa famille.
Minia, Paillou, Moreau
Richard Coeur de Lion
Orep, 72 p. 15.50 €
« De Talmont à Fontevraud,
une fabuleuse épopée », un sous-
titre prometteur.
Richard a déjà fait l’objet
d’une exposition à l’Historial de
la Vendée et de nombreuses pu-
BD
Daniel Durandet
Les vitraux racontent
la Guerre de Vendée
La Geste, 264 p. 39,90 €
C’est à un Vendéen, Daniel
Durandet (il vit à Sainte-Foy),
grand reporter à France Télévision
pendant 40 ans, que l’on doit cette
magnifique galerie des vitraux qui
racontent la Guerre de Vendée.
En parallèle aux images, il en présente 220, répartis sur
tout le territoire de la Vendée militaire et créés pour la
Entre les préparatifs du mariage vendéen et le retour
tragique se tisse une histoire émouvante. D’un côté les
ravages de la guerre et de l’exode, de l’autre l’histoire
d’un amour qui va ancrer Zhida en Vendée. Traditions
vendéennes et rappel d’un douloureux déracinement
font de cette histoire un récit attachant et sensible. Riche
de textes issus du roman et de dessins expressifs, ce livre
séduit tous ceux qui en feuillettent les pages. Plusieurs
lectures permettent de bien toucher du doigt le déracine-
ment douloureux et l’adaptation à une nouvelle vie dans
un pays lointain qui est la Vendée. Une belle approche
de l’Asie et une redécouverte historique des traditions
vendéennes.
En résumé, je cite une phrase de l’ouvrage : « Un
couple, c’est comme une montre. Pour que ça marche, il doit
tourner comme deux roues dentées... » Suivons Zhida et
Gabrielle dans cet « engrenage » de l’amour sous le ciel
de Vendée.
			 Régine Albert
blications dont le catalogue de l’exposition et récemment
le livre de Mathieu Cosson en 2019.
Il y également un beau spectacle « son et lumière »
l’été au coeur du château qui est ouvert à la visite et offre
de nombreuses animations.
Et maintenant cette bande dessinée, très réussie, très
bien dessinée, évocation fidèle de la vie de Richard.
Bien documentée, elle reprend bien tout ce qui a fait
l’épopée de notre héros et la met ainsi à la portée de tous
en quelques pages.
				 JR
plupart entre 1885 et 1960. « Cette imagerie guerrière
a une double identité, à la fois religieuse et historique »
écrit-il. Ces vitraux se déclinent selon six thèmes bien
affirmés : l’omniprésence de la religion, la galerie des sept
généraux vendéens, la croisade des combattants, le mé-
morial des lieux d’affrontements, le temps des massacres
et les prêtres martyrs de leur foi.
Pour Mgr Jacolin, évêque de Luçon, qui préface l’ou-
vrage, les vitraux les plus émouvants se trouvent dans la
petite chapelle de la Tulévrière, construite par les seuls
survivants du passage des colonnes infernales dans ce sec-
teur du Bocage.
				 G. B.
72
Xavier Armange
Le voyage à Lhassa
un Vendéen au Tibet
L’atlantide, 184 p. 20 €
Quelques années après la réou-
verture du Tibet aux visiteurs, l’au-
teur s’est rendu à Lhassa par la route
depuis Katmandou. 1000 km en
bus chinois dans des conditions pré-
caires, assortis de multiples pannes,
Xavier Armange
La traversée de l’Amérique à dos de
lévrier
un Vendéen aux U.S.A.
L’atlantide, 186 p. 14 €
« Ce matin de juillet 1982, les
mouettes piaillaient sur le port des
Sables-d’Olonne quand je suis sorti de
mon agence de voyages avec le billet
d’avion qui me ferait traverser l’At-
lantique pour la première fois. Sentiment de liberté. J’allais
découvrir bientôt les grands espaces, les routes sans limites, le
Manhattan de Woody Allen, Harlem Quartet, les Demoi-
VOYAGES
Xavier Armange est un écrivain voyageur, il nous
communique ses derniers récits de voyage.
HISTOIRE
Louis-Christian Gautier
Capitaine en France 1
Le temps des écoles
Dualpha – 489 p. 48 €
Louis-Christian Gautier est
historien médiéviste —il a publié
deux ouvrages sur les templiers—
et s’est aussi intéressé aux Nazis et
à la Seconde guerre mondiale.
Ancien Saint-Cyrien et professeur d’Histoire dans
l’Enseignement militaire supérieur scientifique et tech-
nique, il délaisse aujourd’hui la grande Histoire pour
raconter la sienne et témoigner d’une génération de mi-
litaires qui n’a pas connu les guerres. Basé sur les lettres
envoyées à sa famille et précieusement conservées, l’ou-
vrage est extrêmement détaillé, retraçant une carrière très
fournie dans une chronologie presque pointilleuse. Ce
tome 1 couvre les années de jeunesse de 1960 à 1966. Un
second tome est annoncé.
					 AP
sur une piste impressionnante entre les plus hauts som-
mets du monde, jusqu’au Potala mythique dans une
capitale décon­
certante. Il raconte au jour le jour ses
découvertes dans les monastères, ses rencontres, ses ques-
tionnements face à la transformation du pays du toit du
monde et constate les effets - et méfaits - de l’invasion
chinoise.
Ce livre de route fait la part belle aux écrits d’auteurs
et aventuriers qui l’ont précédé, principalement Alexan-
dra-David Néel. Il témoigne d’un pays encore méconnu
aussi attachant que mystérieux, porteur d’un des princi-
paux courants mystiques de l’humanité.
selles d’Avignon, rouler en Mustang sur Fortunate Son à
fond la caisse, fendre les déserts en chopper avec les Byrds et
Peter Fonda…»
L’auteur raconte heure par heure son périple coast
to coast en bus Greyhound aller retour depuis New York
en passant par Grand Canyon, Las Vegas, Los Angeles,
San Francisco, Salt Lake City, Chicago… Plus de 6000
miles, près de 10000 km, boucle bouclée. Un road mo-
vie de découverte des gens, des paysages et des modes de
vie. Une Amérique différente, celle du rêve américain des
maîtres du monde dont on peut, aujourd’hui, douter de
la postérité.
73
REVUES
Christian Robin, Christian Massé
Délits d'encre (n°33)
Nul n'est censé ignorer la Loire
Décors de fête
Petit Pavé, 118 p.. 10 €
Les délits du Petit Pavé sont
quasiment des délits d'initiés !
Ce, toujours en trois rubriques :
Gavroche (pensée, essai), Gribouille
(découverte, florilège), Grognard
(archives)... Et ce numéro 33 de Délits d'encre succède à
« religion et pouvoir et autres fanatismes » (numéro 32)
et « le conte y est » (31).
Nul n'est censé ignorer la Loire, chérie par Honoré
de Balzac en personne, une Loire romantique dans une
étude signée Christian Robin. Balzac le Tourangeau,
nous permet de ne pas ignorer cette ville, ni celle de
Blois, Vendôme, Saché, Nantes !... autant de villes où
son génie s'est stationné pour relater sa Comédie hu-
maine (« Le curé de Tours », dédié à David d'Angers,
« Le lys dans la vallée », « Un drame au bord de la mer »)...
Comment ne pas narrer dans ces Délits d'encre l’École
de Rochefort et tous ces poètes de la Loire, de René-Guy
Cadou à Émile Joulain... sans oublier de relater ce fleuve
« solaire et sauvage » dans tous ses ébats, notamment du-
rant ses périodes de crues, grâce au rédacteur Christian
Massé... Et puis la Loire a fait réagir d'autres poètes que
l'on retrouve ici, Ronsard, la Fontaine, Péguy, Gaston
Couté aussi...
Implantée sur ces bords de Loire (Saint-Jean-de-
Mauvrets, Brissac-Quincé), l'équipe de Petit Pavé reste
résolument littéraire (dans le meilleur sens du terme)
avec ce trimestriel auquel il est possible de s'abonner
(editions@petitpave.fr ; tél. 02 41 54 60 21).
De nombreux Vendéens sont édités là.
					 PhilG
303, Décors de fête
96 p. 15 €
Il y a mille et mille façons de
faire la fête. En Vendée, les noces
et les préveils ont, dans un passé
proche, symbolisé cette nécessité
impérieuse de se retrouver, de s’ex-
primer ensemble, de vivre un jour
différent des autres. 303 explore ce
monde protéiforme de la fête. Qu’y a-t-il de commun, à
première vue, entre le Grand Sacre d’Angers, le Carnaval
de Nantes, le Puy du Fou, la fête du sel de Guérande, la
célébration du muguet nantais, le Hellfest de Clisson ou
les manèges de la fête foraine ?Peut-être, comme le dit le
sociologue David Le Breton, la recherche de l’intensité
d’être. « Les fêtes sont un exutoire, explique-t-il, un temps
de repos pour se défaire des tensions accumulées. »
					 G. B.
303, Refaire le mur
96 p. 15 €
Refaire le mur, c’est explorer
l’univers immense des peintures
murales dans l’espace public, du
trompe-l’œil au graffiti, en pas-
sant par les fresques, commandées
ou sauvages. Les murs peints sont
présents dans toutes nos villes et
dans les zones commerciales. Et même dans nos villages.
Publicitaires, comme autrefois « Dubonnet » ou « Cin-
zano », artistiques ou contestataires. Éphémère par défi-
nition, l’art mural fait partie de notre quotidien. Il nous
séduit, nous provoque, nous amuse ou nous hérisse. Il dit
quelque chose de notre société. J’ai bien aimé le trompe-
l’œil du peintre Manfred Landreau, place Sainte-Anne,
aux Sables-d’Olonne. Un gamin en culottes courtes et
une buvette, rue T’as-Qu’à-Croire.
					 G. B.
Revue 303 Pays de la Loire
Masques
96 p. 15 €
Des masques, nous en avons
tous eu ras la casquette depuis
bientôt trois ans. Et nous en por-
tons encore, par précaution et dans
certains lieux publics. Ce n’est pas
de ceux-là que nous entretient
d’abord la revue 303.
Des masques, il en est de toutes sortes et pour tous
les usages. Le musée d’Art moderne de Fontevraud pré-
sente ceux de la collection de Martine et Léon Cligman.
On pense facilement à ceux que les fêtards arborent au
carnaval ou à la mi-carême. Les musées régionaux conser-
vent de nombreux masques funéraires, comme celui de
Charette, à Angers, ou celui d’Aristide Briand, à Nantes.
Les ouvriers des fonderies portent aussi un masque
pour se protéger. Ils servent aussi dans les manifestations
plus ou moins violentes pour se dissimuler, ou encore
railler l’adversaire. Très intéressant est le chapitre consa-
cré aux mascarons, ces têtes sculptées qui ont trouvé leur
place à Nantes, au XVIIIe
siècle. In fine, beaucoup de
masques à démasquer dans ce numéro…
				 G. B.
74
JEUNESSE
Lætitia Landois,
Isabelle Soulard
Les P’tits secrets des Sables
d’Olonne
La Geste, 32 p. 5,50 €
Loulou,lamouetterieuse,
fait découvrir aux enfants la
ville des Sables-d’Olonne, son histoire, les plages,
les premiers bains de mer, la Tour d’Arundel, la
Chaume, le Vendée Globe, le port et la pêche, l’île
Penotte et les blockhaus, le phare des Barges et
la folie de Pierre-Levée. Clin d’oeil probable,
on retrouve, page 23, Loulou, alias Louis Gué-
don, le maire emblématique de la cité pendant
34 ans… Lauréate du Prix des Écrivains de Ven-
dée en 1997, pour Femmes du Poitou, Isabelle
Soulard a écrit les textes de ce sympathique et ins-
tructif album.					
				 G. B.
Isabelle Legendre d’Hartoy
Les aventures d’un petit
goéland vendéen
96 p. 12 €
Ah ! Mais ! Je ne suis pas
une mouette!Moi!Jesuisun
goéland !
« Le Petit Prince Ven-
déen », me glisse un ami. Je
pense aussi à Babar !
On vole donc très haut, pas aux Sables
mais à Yeu, Noirmoutier, St-Jean de
Mont... De la Géographie, mais pas d’His-
toire ! Si ! Une histoire merveilleuse, pour
Charmant le Goéland (c’est le nom que lui donne
un pécheur de l’Île d’Yeu) et pour tous lecteurs.
Une jeune fille se retrouve transformée en oiseau
pour partager ses aventures ! En ferez-vous autant ?
Très tentant !				
					 JR
REVUES
Les Vendéens de Paris
n° 3, septembre à dé-
cembre 2022
12 p. 5€
C’est le n° 3, mais
de la nouvelle formule,
l’association est vieille de
130 ans.
« Contempler et proté-
ger notre Vendée », affiche-
t-elle en couverture car elle entend mettre en
valeur le patrimoine naturel et culturel au tra-
vers de ses sorties et différentes actions. La revue
se fait l’écho de ces manifestations et comporte
également une sélection littéraire, ici totalement
consacrée aux nouveautés du Centre Vendéen de
Recherches Historiques et que vous trouverez
donc dans nos pages CVRH.
Virginie Mosneron Dupin a également par-
ticipé à la « master class » du Prix du premier
roman à Luçon et nous décrit elle aussi cette
expérience enrichissante.
				 JR
Savoir, Vendée Militaire,
n° 139, 140, 96 p. 20 €
Revue toujours
aussi belle, documen-
tée et illustrée. Édito
consacré au nouveau
livre de Charlotte de
Villiers sur la Ven-
dée, Carrefour de
l’Histoire de France.
Un mot à la mémoire de Sulpicio Motilla
Olmo, carliste, une évocation critique du film
documentaire diffusé le 13 juillet 2021, Révolu-
tion, qui n’a pas eu l’heur de convaincre Maurice
Bedon. Même remarque pour le livre de Jean
Clément Martin, L’Exécution du roi - 21 janvier
1793, avec Jacques Villemain. La descendance
de Bonchamps, restauration de la chapelle de
Casson, Louis de Frotté, général chouan en
Normandie. Enfin Henri Forestier et la famille
Cesbron.
				 JR
75
Joël Couteau
Grisgris
la souris
Vdl, 36 p. 10 €
Après La princesse Bléblouya et L'em-
pereur et le dragon, un nouveau pas en
direction de la jeunesse, cette fois-ci avec
un livre d'éveil à la lecture pour les jeunes
enfants à partir de trois ans.
Grisgris la souris va-t-elle réussir à
monter dans le grenier manger quelques
grains de blé ? Moustache le chat est un
gros danger. Les jolis dessins de Gaby
Guicheteau complètent magnifiquement
cette petite histoire, tout comme les
quelques conseils pour dessiner Grisgris et
les dictons ou proverbes connus à partir
du mot souris. 				
				 AP
Christophe Tembarde
Léon le Hérisson
Le casse de la basse-cour
Vdl
Mettez-vous en scène, les enfants ! Choi-
sissez un rôle et montez sur les planches !
Vous pourrez devenir un hérisson enquêteur,
une chatte rusée, un lézard agent de rensei-
gnement ou une poule à qui un malfaisant
dérobe les œufs. Admirez au passage le cou-
rage et l'agilité du faucon. Mais surtout, gardez-vous du chien bru-
tal et des rats baratineurs.
Vous prendrez plaisir à la découverte de ce texte bien construit.
Vous vivrez la panique, les émotions, les rebondissements et vous
tiendrez en haleine les spectateurs jusqu'à la dernière réplique.
					 Pierre Deberdt
Yannick Messager
Tous au Zoo !
Freddy Mut, 20 p. 10 €
Pour les tout petits et dédicacé
à " Tous les animaux du monde » .
Attrayante, la dominante de jaune et
grandes lettres noires. C’est au zoo,
là où il y a des animaux qui ressemblent à s'y méprendre à des
peluches.
" P'tit frère " est prêt. Rencontre avec des girafes, des hippo-
potames, des singes, des lions et autres... et, dans le car, sur les
sièges devant, il y a Léa et... Camille, son amoureuse ; le hasard
fait bien les choses. Une jolie histoire d'amour même à la mater-
nelle. P'tit frère pourra même offrir une peluche à son amoureuse
qui n'a pas l'argent pour se l'offrir ! Gentleman en culotte courte,
trop mignon !
Qui n'a pas le souvenir d'un amour de maternelle ?
					 Eveline Thomer
Elise Brunet
À la conquête
d’un nouveau monde
Vdl, 40 p. 38 €
Dédié à Mimi et
Maxence et à tous les enfants malades
du monde, les étapes de la maladie,
vers la mort, représentées sous forme
de montagnes à franchir. Chaque
montagne à franchir à une couleur
et de grandes douleurs. Cinq mon-
tagnes, cinq étapes nécessaires afin
de rejoindre le nouveau monde mer-
veilleux qui attend ces petits malades.
Un monde sans peur, sans pleurs, sans
douleurs. Les illustrations, comme
l’ours médecin et les petites licornes
malades ou celles des montagnes tou-
jours plus hautes avec chacune sa cou-
leur, sont naïves et touchantes. Des
mots justes et rares ; l’émotion se niche
dans chaque phrase.
		 Eveline Thomer
Le fabuleux secret de Lysie et Miya de Va-
lérie Brondeau – VDL 91 pages,12 12 euros.
Illustrations : Yuffie Yuliana
Voici un livre pour enfants joliment illus-
tré. Un conte qui commence naturellement
par : il était une fois un roi et une reine... res-
pectant la tradition des contes d’autrefois. On
se laisse entrainer dans ce monde de la cour
où vivent deux jumelles très jolies. Par quel sortilège parviennent-
elles dans une autre dimension où le château est la réplique de celui
où elles vivaient jusque là , Que cache ce nouveau monde et com-
ment espérer en sortir ? Et cette petite Clarice est-elle vraiment leur
sœur ? Heureusement, Demarcellus va leur être d’un grand secours.
Un bien joli conte qui tiendra en haleine jusqu’au bout les enfants
avides d’histoires rocambolesques !
					 Régine Albert
76
Yannis Suire
Du Marais Poitevin à l’Aunis
La Rochelle et L’Île de Ré vers 1 700
CVRH, 576 p. 42 €
Attention, monument ! C’est
le quatrième volume des travaux
de Claude Masse, cartographe
et ingénieur du roi, chargé par
Louis XIV et Vauban de dresser les cartes des côtes
atlantiques afin d’en organiser la défense. Yannis
Suire, Conservateur du Patrimoine, a travaillé pen-
dant quatre ans sur les cartes somptueuses, mais aus-
si sur les plans et les mémoires laissés par l’homme
de sciences.
Claude Masse a vécu quarante ans à La Ro-
chelle et s’est intéressé non seulement aux rivages,
mais aussi à l’arrière-pays. Ses notes racontent par
le menu la vie singulière des habitants du Marais
poitevin, des plaines de l’Aunis et de l’île de Ré. Il
fait vivre les bourgeois des villes, les seigneurs des
campagnes et le peuple opprimé et misérable. Les
cartes en couleur sont de véritables oeuvres d’art,
notamment celles qui concernent La Rochelle. Elles
montrent en détail, les bâtiments, les ports et les
fortifications, mais aussi des scènes de la vie quoti-
dienne. Comme cette procession des femmes du 16
août 1711 pour la clôture de la Mission prêchée par
Louis-Marie Grignion de Montfort.
Rappelons les ouvrages précédents, édités par
le CVRH et également présentés par Yannis Suire :
« Le Bas-Poitou vers 1700 » (2017) et « La Côte et les
Marais du Bas-Poitou » (2011).
				 G. B.
Paul Briffaud
Un académicien du XVIIIe
siècle
CVRH, 240 p. 24 €
Il ne reste aujourd’hui que peu
des choses du logis vendéen que Re-
né-Antoine Ferchault de Réaumur
(1683-1757) a connu et fréquenté
assidûment tout au long de sa vie.
Aujourd’hui, le Manoir des Sciences,
gérée par la Communauté de com-
munes du Pays de Pouzauges, présente l’œuvre immense
de ce savant, inventeur et précurseur dans beaucoup de
domaines : biologie, entomologie, métallurgie ou phy-
sique. Son nom est bien sûr associé avant tout à l’inven-
tion du thermomètre à alcool.
Les recherches de Paul Briffaud, médiateur culturel,
concernent un aspect particulier de la vie du grand sa-
vant: ses relations avec ses confrères, en Bas-Poitou, en
France, en Europe et dans le monde entier. Au cœur
même du XVIIIe
siècle, il était alors à la tête d’un ré-
Les nouveautés
du Centre Vendéen
de Recherches Historiques
Société d’Emulation de la Vendée
Recherches vendéennes n° 26
Dans les hôpitaux psychiatriques
sous l’Occupation
CVRH, 272 p. 26 €
Deux grands dossiers dans
cette nouvelle livraison : la
Vendée avant et après 14 – 18,
les hôpitaux psychiatriques sous
l’Occupation. Pour celui-ci,
Jean Artarit décrit scrupuleuse-
Jean-Marc Large
Sur les rives du Marais Poitevin
avant la conquête romaine
CVRH, 208 p. 18 €
L’archéologue Jean-Marc
Large nous ramène plus de
5 000 ans en arrière, sur les rives
de ce qui est devenu le Marais
Poitevin, après que la mer se
soit retirée et que le golfe des
Pictons soit comblé. C’est le début du néolithique,
le temps des dolmens.
Sur les rives de ce golfe marin, sur ces franges
calcaires, les agriculteurs-éleveurs remplacent les
chasseurs-cueilleurs. Des communautés villageoises
s’installent, avec leurs fermes et leurs sépultures,
bien avant la conquête romaine. Les fouilles archéo-
logiques et les progrès techniques permettent au-
jourd’hui de mieux connaître cette époque lointaine
et ses migrations humaines. Comme l’archéologue
le montre en particulier sur le site des Châtelliers du
Vieil-Auzay, à Auchay-sur-Vendée.
					 G. B.
seau de 170 correspondants. En dépit des obstacles ren-
contrés, comme les difficultés postales de l’époque et les
conflits européens.
L’ornithologie occupe une part importante de ses
échanges avec ses confrères. En 1747, il présentait un
mémoire « sur la manière de faire éclore des poulets et
des oiseaux de toutes espèces en telle quantité qu’on vou-
dra et en toutes saisons par le moyen des couches de fu-
mier ». Les fours à poulets furent en effet expérimentés et
utilisés avec un certain succès aux Indes et au Canada…
					 G. B.
77
Collectif
Chansons maritimes en Vendée
- Oeuvres du XVIe
au début du
XIXe
siècle
CVRH, 336 p. 24 €
La culture des gens de mer,
si singulière, expression de leurs
liens étroits avec l’univers marin,
prend la forme, entre autres, de
chansons transmises parfois du
fond des siècles. Tel est le cas sur
le littoral vendéen.
L’association Arexcpo en livre ici une somme qui n’a
pas d’équivalent à ce jour ailleurs sur les côtes françaises.
Les 121 chansons rassemblées ici sont toutes antérieures
au XIXe siècle. On va de surprise en surprise en lisant ces
« poésies populaires chantées » tel ce couplet affirmant
avec panache que « Avant de mourir mes amis / Il faut
écrire une phrase / Dessus la tête du rocher / Avec la pointe de
nos sabres / Ici vient de naufrager / Le plus bel équipage » ! Grâce
au travail des enquêteurs, sous la houlette de Jean-Pierre
Bertrand, et aux souvenirs des enquêtés, on redécouvre
cette mémoire maritime, textes et partitions, et même,
grâce aux QR codes, les voix des chanteurs.
87, rue Chanzy, 85000 La Roche sur Yon
www.histoire-vendee.com - cvrh@wanadoo.fr
02 51 47 74 49
ment l’hôpital de la Grimaudière, à La Roche-sur-
Yon pendant toute la durée de la Guerre. Il accueille
autour de 800 à 1 000 malades. Tous ont souffert de
la sous-alimentation, du froid et d’autres privations.
Mais 400 sans doute sont morts de faim ou de dé-
nutrition, liée au rationnement.
Odile Berthomeau a retrouvé le destin de sa
tante, décédée en 1942, dans son récit romancé Le
Chagrin de Marie, nominé pour le Prix des Écri-
vains de Vendée 2020. Elle explique notamment
comment l’intolérance envers les malades mentaux
mène à les enfermer, puis à oublier leur existence.
Gil de Guerry, président de la Société d’Émula-
tion, rappelle que la Grande guerre suscite toujours
beaucoup d’ouvrages en Vendée, plus de cinquante
depuis 1996. Ici, sont étudiés l’affaire du sous-ma-
rin allemand Hyacinthe-Yvonne, échappé alors que
l’on le croyait coulé en 1917, les prisonniers alle-
mands au travail dans le Marais poitevin, la vie quo-
tidienne à Treize-Vents, les monuments aux morts
des frères Martel après la guerre et le devoir de mé-
moire de l’Amicale des quatre régiments d’infante-
rie fontenaisiens, dont le célèbre 137e
RI. À signaler
encore un article de Maÿlis Gaillard sur le sinistre
Francastel, représentant en mission en Vendée,
moins connu mais tout aussi sanguinaire que
Carrier.
					 G. B.
Présenté par Claude Fouret
De la Vendée à la Neva
CVRH, 332 p. 22 €
Ce voyage initiatique d’une
Française en Russie, entre 1913 et
1919, est celui d ‘Olga Dingeon,
la fille adoptive d’un couple qui,
à la retraite, était venu s’installer
aux Sables-d’Olonne. En 1913,
elle a dix-neuf ans et se prépare à
devenir institutrice. La station bal-
néaire commence alors à attirer les
riches touristes étrangers. Jusqu’en 1914, une dizaine de
familles russes y passent les vacances d’été, logées dans les
meilleurs hôtels.
Olga va faire la connaissance de Lyuba Davidenkov,
d’une famille de la moyenne aristocratie, qui désire em-
ployer une institutrice pour ses enfants. Le voyage, par
Lausanne et Berlin, conduit Olga à Saint-Pétersbourg,
ville de 2 500 000 habitants, à la fois ouvrière, culturelle
et aristocratique. Elle donne de leçons de français, mais
semble plutôt jouer un rôle de gouvernante et de dame
de compagnie, au sein d’une société d’insouciance, avide
de mondanités.
Son petit-fils publie aujourd’hui les lettres envoyées à
sa famille sablaise et les courriers de ses amis russes. Cette
importante correspondance décrit surtout son voyage
initiatique dans une Russie aisée, très en avance sur la
vie en France. Olga séjourne dans différntes régions, no-
tamment en Crimée. La guerre de 14-18 et la révolution
bolchevique de mars 1917 vont marquer profondément
son séjour. Olga reviendra en France en février 1919, s’y
mariera et donnera naissance à une fille. Elle obtint alors
un poste de professeur de lettres et, après un passage à La
Roche-sur-Yon, termina sa carrière au lycée de Courbe-
voie. Sans jamais avoir pu enseigner la langue et la litté-
rature russes…
					 G. B.
Philippe Candé
La Guerre de Vendée en Pays
angevin
CVRH, 432 p. 25 €
Mozé, un village de 1 600
habitants en 1791, entre Loire
et Layon, à la frontière de la
Vendée insurgée. Des paysans, des
vignerons, des artisans, quelques
notables, un curé et deux vicaires.
Il ne restait rien de cette histoire,
les recensements officiels assuraient que la population du
village n’avait pratiquement pas bougé entre le début et
la fin de la Guerre de Vendée.
78
87, rue Chanzy, 85000 La Roche sur Yon
www.histoire-vendee.com - cvrh@wanadoo.fr
02 51 47 74 49
Roland Mornet
Pauvres Mousses ! La condition
humaine à bord des navires
Geste, 328 p. 25 €
On serait tenté de titrer : ‘’Un
homme se penche sur son passé’’.
Roland Mornet a été mousse avant
de devenir capitaine de navires océa-
nographiques mais il n’en est rien. Il
écrit ne pas avoir souffert outre me-
sure de ce statut, mais il est clair qu’il
veut mettre en exergue les souffrances de ces enfants et
des équipages souvent ‘’accablés de mauvais traitements’’
dont font foi les témoignages recueillis. L’observation
porte sur trois siècles et il va de soi que l’auteur souhaite
que l’on se souvienne de ces périodes violentes. C’est
pour lui un devoir de faire en sorte que ces maltraitances
du monde marin ne tombent pas dans l’oubli. Il s’y
emploie, exemples à l’appui, tout au long de cet ouvrage.
Le style truculent et malicieux
Au fil de votre lecture, vous serez vite en contact
avec le style truculent et malicieux du l’écrivain-marin.
Les pages consacrées à la définition du terme ‘’ mousse ’’
selon tel ou tel dictionnaire, telle note administrative
définissant le poste, ne manquent ni de piquant ni de
précisions. Il y aura tout au long de cette lecture une
appétence à employer un vocabulaire riche de termes
précis et adéquats qui semblent pour certains impropres
aujourd’hui. Notre champs lexical s’enrichit à la lecture
de Roland Mornet.
Ce travail est abondé par ‘’ l’écume ’’ des jours pas-
sés dans les différents Services Historiques de la Défense
(SHD) pour la rédaction d’au moins une dizaine d’ou-
vrages dont ‘’ La tragédie du paquebot Afrique ’’ qui valut
récemment à cette tragédie révélée par l’auteur susnom-
mé, la publication de cinq épisodes pleine page dans le
journal ‘’ Le Monde ’’. Excusez du peu.
Les archives parlent
Dans la première partie de l’ouvrage qui nous inté-
resse, on est étonné que les différents régimes aient pu
instruire tant d’affaires face aux nombreuses brimades,
aux disparitions de mousses dont on faisait pourtant peu
de cas à l’époque. Les minutes des procès qui nous sont
parvenues accusent les comportements des capitaines ou
des armateurs pressés d’étouffer les scandales. On parle
défections, également de désertions de mousses mais
ce n’est pas le cas de ceux qui étaient sur le ‘’ banc ’’.
Une fois à Saint Pierre et Miquelon par exemple, où
seraient-ils allés ? Le pain était là-bas. En revanche il y
a des mousses renonciataires. Ces enfants renoncent à
leur statut d’inscrit maritime et quittent le métier. Ce
sont les archives qui parlent, c’est là tout le savoir-faire
de notre grand écumeur que d’exhumer ces précieux do-
cuments présentés avec un style narratif très alerte, où
Philippe Candé, originaire de Mozé, a enquêté sur
les traces de ses ancêtres. Pendant cinq ans, il a dépouillé
plusieurs centaines de milliers d’actes d’état civil. Et
révélé ainsi que plus de 300 morts étaient imputables à
la guerre, dont plus d’une centaine en décembre 1793,
à l’issue tragique de la Virée de Galerne. De toutes ces
morts tragiques, la mémoire communale n’a rien su, ni
rien retenu.
En fait, la Constitution civile du clergé et, surtout, la
levée de 300 000 hommes pour aller aux frontières, ont
fait basculer la population dans les rangs des Vendéens.
Les « patriotes » de Mozé qui ont accaparé les biens de
l’Église et qui tiennent la municipalité vont jeter un voile
sur le retournement de leurs concitoyens. Commencent
alors les dénonciations, la répression, les fusillades de
masse des rebelles. Des disparitions inexpliquées sont
relevées aussi dans quarante communes des alentours.
Des colons, venus souvent de loin, arriveront pour culti-
ver les terres abandonnées par ceux qui sont morts. Ils
feront souche, sans connaître semble-t-il le ressentiment
de ceux qui sont restés.
Alain Gérard, qui préface l’ouvrage, souligne qu’il
ne s’agit pas là d’une mémoire oubliée, mais bien d’une
mémoire interdite par les dénonciateurs et les bour-
reaux. « La quête existentielle de Philippe Candé résonne
singulièrement en ces temps de crimes de masse devenus
impensables aussitôt commis. »
					 G. B.
Un Vendéen y était,
et pas n’importe lequel :
notre bon René !
79
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Les pages des Écrivains de la Mer
l’humour fait place à la sévérité quand il s’agit de décrire
la réputation des capitaines des Sables d’Olonne. Il y a
des titres de chapitre qui tonnent comme des caronades :
Les Sables d’Olonne grand port morutier…et de grande
maltraitance.
L’auteur convoque ses alliés, des écrivains bretons
du début XXe
qui s’indignent du sort fait aux mousses.
Nouvelle salve : Exaction, mutinerie, ladrerie, inhuma-
nité, les qualificatifs ne manquent pas pour ‘’ encen-
ser ’’ armateurs et commandements, car les mousses
‘’ ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés. ’’
Histoires de naufrage
Comme il le dit lui-même dans ses conférences :
‘’ Avec Mornet on n’est jamais loin d’une histoire de
naufrage ’’
Confirmant l’adage, au cœur de cet ouvrage, le pré-
sident des Amis de Narcisse Pelletier, focalise sur un
mousse au destin très particulier : Narcisse Pelletier. Il
y a dans cette histoire la perte d’un trois mât dans le
Pacifique, aux îles Louisiades. Ajoutez un capitaine in-
délicat qui tente d’abandonner son mousse et qui finit
par y parvenir et enfin des passagers chinois, des coo-
lies, abandonnés sur un îlot qui disparaîtront victimes
vraisemblablement d’une tribu cannibale. Ne pas oublier
que dans cette tragédie Narcisse Pelletier est recueilli par
un clan Aborigène du Cap York et qu’il y restera 17 ans
avant d’être enlevé par un bateau anglais et reconduit en
France.
Résumons, Roland Mornet s’applique à vérifier
toutes les étapes maritimes et administratives de cette
histoire, soulignant à nouveau le peu de considération
pour la vie d’un mousse tant pour certains capitaines que
pour une administration tatillonne voire laxiste. C’est se-
lon. Pour exemple, deux collectes avaient été faites pour
ce mousse démuni lors de son retour vers Sydney. Les
archives diplomatiques confirment en toutes lettres qu’il
n’en a jamais touché le premier sou. Doit-on ici rappeler
qu'un mousse ne vaut rien ?
Les mousses se sont-ils jamais soulevés !
Enfin, dernière découverte du ‘’ navigateur en ar-
chive ’’ l’affaire de L’Albert un trois-mâts de Dieppe. Cet
épisode vient clore le triptyque de cet ouvrage. Nous
sommes certains qu’au cours de votre lecture vous vous
poserez la question : ‘’ Les mousses ou les équipages ne
se sont jamais soulevés ? ’’ Eh bien ! si, il y a un exemple
de mutinerie sanguinaire, mais elle ne vient pas de l’équi-
page, mais des passagers, du moins dans l’exemple ex-
humé très récemment par notre érudit.
Les minutes et les différentes dépositions découvertes
attestent d’une vengeance. Les passagers, des coolies
chinois, se mutinent, exaspérés qu’ils sont des mauvais
traitements infligés par le Capitaine Pain et son second.
Ils prennent le navire et exécutent le capitaine, le second
et le coq. Vous vous délecterez de la suite donnée, tant les
administrations et la justice se sont révélées dans l’impos-
sibilité de faire valoir le droit. Le style et le ton du nar-
rateur contribuent grandement à ornementer les lignes
en pleins et en déliés des différentes décisions de justice.
Si ses ouvrages traitent principalement d’histoire
maritime, Roland Mornet parle des hommes de mer, de
leur courage, de leurs errements et il met tout en œuvre
pour que la population à terre et ses lecteurs compren-
nent bien les sacrifices concédés par les marins, quelques
furent leurs fonctions, leurs engagements. Cela a donné
lieu, par exemple, à la constitution d’un répertoire de
tous les péris en mer de Saint-Gilles-Croix-de-Vie.
Proche des livres et des matelots, ce sont dans ses
œuvres de fiction, ses nouvelles, sa collecte des mots de la
mer où se révèlent la truculence et la richesse de la langue
de Roland Mornet.
Comment acquière-t-on toutes ces tournures, ces
termes parfois surannés qui surprennent tout en donnant
à son style une élégante patine? Disons, pour nous faire
sourire, qu’il fait souvent sien le style parfois fleuri des
rapports de mer, des notes ou des actes administratifs.
Ah ! que de richesses cachées quand l’administration ma-
ritime s’exprimait au temps de la plume d’oie… Écrit-il
un Furetière sur un genoux et le Littré sur l’autre ? Je ne
le pense pas.
Ne manquez-pas de lui poser la question lors d’un
prochain salon. Je connais la réponse : ‘’ Cette demande
ne fera l’objet d’aucune suite .’’ On en devine la source.
À moins que ce soit de l’humour chaumois.
Serge Aillery
Maison des Écrivains de la Mer, Exposition 2023
À LA VOILE
AUTOUR
DU MONDE
Récits de navigateurs
Mettre à la voile, franchir un océan puis un second,
faire route par le Horn ou le cap de Bonne Espérance,
croiser ou non le cap Leewin et naviguer sans être
attendu, sans ligne d’arrivée, continuer, seul jusqu’à
revenir au point de départ ou toucher brutalement en
face un nouveau continent. Fin de l'aventure.
Le temps n’est-il pas la première chose qui tombe à
l’eau quand on prend la mer ?
80
C’est avant la création des grandes courses dont les
tablettes accumulent les records et les exploits, voire
quelques fortunes de mer, hélas.
À un an du prochain Vendée-Globe, c’est la pro-
position de la Maison des Écrivains de la Mer pour la
saison 2023, donner à lire prioritairement les journaux
et les récits des premiers navigateurs qui pratiquaient une
navigation de loisir, une navigation ‘’ plaisante ’’ aventu-
reuse et dont le chronomètre et les exploits techniques
n’étaient pas l’enjeu.
Ils avaient des envies de haute mer, d’espace, de so-
litude, de confrontation avec soi-même et le vent. Un
désir viscéral d’éprouver un bateau, une ‘’ monture’
’, une coque, un profil, une ligne qu’ils avaient bien
souvent construite de leurs mains sur des plans qui au
cours de l’expérience allaient appeler de nombreuses
modifications. Mais qu’importe.
Ils souffrent de l’attirance magnétique du large. Elle
est aussi forte dans leurs récits que dans les lignes de leurs
successeurs. Aussi forte que l’attraction terrestre qui nous
fait tenir debout sur la jetée ou au large, au pied du mât
quelque part posé sur la rotondité de notre planète, en
filant sur les quatre mers insatiablement, écrivant face
aux éléments les épopées les plus folles. Ils ont pour
nom Le Toumelin, Slocum, Gerbault, Vito Dumas, Ann
Davidson avant que leurs successeurs Bernard
Moitessier, Nicole Van de Kerchove, Éric Tabarly …
deviennent compétiteurs et inscrivent leurs exploits
techniques et humains ligne après ligne sur les
vertigineuses tablettes des records.
La Maison des Écrivains de la Mer
Joël Couteau
La nuit du 8 au 9 janvier
Vdl, 141 p. 15 €
Seulement deux dates ! Joël
Couteau nous plonge dans une ca-
tastrophe qui a provoqué la mort et
des dégâts considérables sur les côtes
de la Basse-Normandie, la Bretagne
Nord et toute la façade atlantique,
de l’île d’Ouessant jusqu’au Pays basque. Imaginez-vous
des vagues énormes qui détruisent les demeures, qui font
reculer les rivages de plusieurs centaines de mètres et les
dunes qui disparaissent sous la violence des vents. Un
cataclysme hors du commun, l’auteur nous raconte la
vie des gens de mer et de leur famille dans des endroits
particulièrement exposés aux tempêtes. Puis la tempête
débute, gonfle, elle n’est pas sans rappeler celle vécue par
le marin Gilliat dans Les Travailleurs de la mer de Victor
Hugo. Les navires sombrent même au port, des marins
sont emportés dans les abysses, les digues qui se brisent,
les plages qui disparaissent. Le calme revient après ces
heures affreuses. Mais que s’est-il passé ce 8 et 9 janvier
1924 ?
La préface de Roland Mornet, ancien capitaine des
navires d’Ifremer, nous apporte les connaissances mari-
times qui expliquent cette nuit de terreur.
Puis l’auteur a réuni de la documentation et des cou-
pures de journaux de l’époque au sujet des lieux qu’il
avait choisis pour décrire cette tempête. Nous retournons
ensuite chez les personnages du livre pour découvrir leur
malheur et aussi l’espoir qu’ils ont dans cette eau salée
nourricière, pratiquement leur seule ressource.
Ce livre rentre dans la grande escadre des véritables
livres de mer.
Avant de vouloir s’établir sur la côte, il serait bon
de lire l’ouvrage de Joël Coteau. Dans le dernier cha-
pitre, l’auteur nous montre que la tempête de Xynthia
qui souffla dans la nuit du 27 au 28 février 2010 relève
du même phénomène.
Alors, aujourd’hui, construire sa maison avec les fon-
dations pratiquement dans le sable de la plage, et vue sur
la mer, est-ce bien raisonnable ?
			 René Moniot Beaumont
Hervé Retureau
Gens de mer sablais
XVIIIe
– XIXe
siècles
La Geste, 354 p. 35 €
Il est des thèses ennuyeuses, il
est en est aussi de passionnantes.
Le travail d’Hervé Retureau,
consacré aux gens de mer sablais,
aux XVIIIe
et XIXe
siècles, est in-
contestablement de celles-ci. Infa-
tigable chercheur depuis son plus jeune âge, président et
animateur de la société d’histoire d’Olona pendant près
de vingt ans, chargé de mission Patrimoine à la Ville des
Sables, il nous fait entrer dans la vie de ce peuple en mu-
tations. Premier port morutier de France sous Louis XIV,
avec la pêche lointaine sur les bancs de Terre-Neuve, Les
Sables-d’Olonne réussiront leur mutation au milieu du
XIXe
siècle, grâce à la pêche côtière à la sardine, avec ses
conserveries et ses chantiers.
Au-delà de ce panorama historique, Hervé Retureau
nous fait pénétrer dans l’intimité de la société et des fa-
milles. Il décrit le destin des mousses, celui des capitaines
de navire et des maîtres de cabotage. Il nous montre les
marins dans la vie de la société sablaise et fait partager
celle des femmes dans la société portuaire. Et quand il
faut larguer les amarres, c’est à cette mort en mer, « à
la fois insaisissable et singulière » qui donne toute sa
dimension humaine à son travail.
					 G. B.
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Les pages des écrivains de la Mer
Jacqueline Maillat
Les plus belles pages des écrivains
de Noirmoutier
Geste, 150 p. 25 €
J’ai toujours eu un faible pour ce
type d’ouvrage, j’en ai un tas dans
ma bibliothèque, ce sont un peu mes
« guides du routard » en littérature.
Parcourir l’île de Noirmoutier et
se diriger vers des endroits qui ont
inspiré des auteurs comme la marquise de La Rocheja-
quelein qui écrivit ses Mémoires à partir de l’année 1799.
Jacqueline Maillat a choisi dans les Mémoires, 21 pages
concernant Noirmoutier. Neuf auteurs ont été sélection-
nés dont la Marquise de La Rochejaquelein, qui « résume
le personnage qu’elle est devenue, et qui n’a plus grand-chose
à voir avec la jeune fille élevée naguère à la cour de Ver-
sailles », précisera son éditeur.
Michel Ulrich
Le sauvetage en mer de Noirmou-
tier 150 ans de bravoure et d’enga-
gement
CVRH, 301 p. 25 €
L’auteur est le vice-président de
la station de la SNSM de l’Herbau-
dière. Pendant deux ans il reconsti-
tue l’histoire du sauvetage à Noir-
moutier et sur une période de 150
ans.
Ancien marin, je mesure et j’apprécie le courage, des
hommes qui affrontent les éléments pour aller sauver
leur prochain. Je pense à la tragédie du Saint-Philbert qui
a endeuillé toute la région en 1931. Plus proche de nous,
la disparition de trois sauveteurs des Sables-d’Olonne
le 7 juin 2019. Je n’ose compter la longue, trop longue
liste des interventions de sauvetage opérées entre 1868 et
2021. Grâce à leurs interventions, un nombre de drames
ont connu des fins heureuses, combien de marins, de plai-
sanciers leur sont redevables d’être encore de ce monde ?
Je vous invite à découvrir la réalité du sauvetage en mer,
en accompagnant par votre lecture l’une des 214 stations
métropolitaines et des territoires ultra-marins épars dans
le monde. De pénétrer dans la vie des 9000 sauveteurs
en mer et plus particulièrement ceux de l’Herbaudière.
L’ouvrage est très illustré de dessins, plans, photo-
graphies et accompagné d’extraits de cartes marines des
abords de l’île.
L’auteur est aussi un chroniqueur régulier du Figaro
Nautisme.
					 RMB
Michel Adrien
couverture Carmen Adrien
Les Marins Pêcheurs
face aux Éoliennes en mer
L’Étrave, 126 p. 15 €
Après « L’appel du large » et
« Toujours plus loin » couronnés
par le Prix des Ecrivains de Ven-
dée en 2019, suivi de « la Victoire
Climatique », Michel Adrien réci-
dive avec un quatrième ouvrage tout aussi passion-
nant et tellement d’actualité.
« Mieux que le gaz russe, la révolution du soleil et
du vent » aurait pu être le titre de cet ouvrage bien
documenté qui se lit comme un roman.
L’auteur fort de son expérience de plusieurs dé-
cennies à naviguer et à observer les mers, nous parle
de la prolifération et de l’intensification de ces nou-
velles activités maritimes. Pour mieux comprendre
les enjeux de la situation, il lui a paru essentiel de
faire le point sur sur cette réalité qui soulève de
nombreuses questions, en particulier dans le monde
professionnel de la pêche. Une planification de l’es-
pace maritime va être mise en place prochainement
et inévitablemen https://www.msn.com/fr-fr/feed t,
au niveau national puis européen. En peu de mots,
il faudra partager la mer et que chacun y trouve sa
place, tout en respectant l’environnement, et c’est
possible. Premiers concernés les marins pêcheurs
qui devront participer aux négociations préalables
afin d’obtenir de solides garanties, et ce, sur le long
terme, pour l’exercice de leur profession. Un espoir
et une solution écologique face aux énergies pol-
luantes et coûteuses.
Un livre optimiste et réaliste sur les énergies
vertes et la lutte contre le réchauffement climatique.
				 Eveline Thomer
Les marins pêcheurs
aux éoLiennes en mer
Partager la mer
L’Étrave
face
Michel Adrien
Ensuite nous découvrons Prosper Mérimée, Am-
broise Viaud-Grand-Marais, Octave Mirbeau, Alcanter
de Brahm. Permettez-moi de m’attarder un peu au su-
jet de Marc Elder, l’incomparable auteur de la mer avec
son roman Le Peuple de la mer, Prix Goncourt 2013,
qui échafaudera un roman où l’âme des gens de mer est
omniprésente, tout cela à l’Herbaudière. Ensuite nous
retrouvons Aladar Kuncz, Boileau & Narcejac, Jean-
Marie Rouart… Ce voyage en littérature noirmoutrine
est émouvant et l’auteure apporte des commentaires qui
participent à une meilleure connaissance de l’histoire de
notre île vendéenne.
Le texte est accompagné de photographies d’une
beauté et qualité incomparable : un véritable carnet de
voyage littéraire.
					 RMB
82
Site du patrimoine
littéraire marin
en Vendée :
la Villa Charlotte !
Un jour, un de mes amis sablais, l’écrivain Michel
Brossard, me parla d’un projet qui aurait pour voca-
tion de contribuer à la sauvegarde, à la restauration, à la
valorisation d’une demeure remarquable située face au
chenal du port des Sables-d’Olonne côté La Chaume,
ancien village de pêcheurs devenu un des quartiers
appréciés de la ville.
À la suite de cette rencontre, une idée m’est venue :
donner ma bibliothèque marine à la Ville des Sables
d’Olonne, propriétaire de la Villa Charlotte, et en confier
la gestion à l’Association des Amis de la Villa Charlotte.
(amisvillacharlotte@gmail.com). Une manière de partici-
per à l’enrichissement des collections et à la programma-
tion culturelle de cette future Villa Médicis de la Mer.
La Villa Charlotte, un peu d’histoire :
Cette demeure balnéaire, dite Tertrais-Chailley et
aujourd’hui Villa Charlotte, s’élève au cœur d’un jar-
din dominant la baie des Sables-d’Olonne. Édifiée vers
1866 pour un industriel de la conserverie de poissons,
elle échut ensuite à son gendre, Charles de Hillerin, puis
à la famille Carraud-Amieux. Fin 1906, elle fut acquise
par Joseph Chailley, député de la Vendée. Son épouse
Charlotte, violoniste de renom, réinterprétera et
agrandira la villa selon ses goûts. Charlotte, née Vormèse,
sera la muse de cette demeure et de ses jardins.
À la belle saison, elle y recevra musiciens, écrivains
et artistes. Malheureusement en 1938, cette demeure
d’artistes perdra son égérie. La propriété devint alors la
résidence d’un industriel, puis d’un notaire et enfin celle
du sous-préfet.
En 2013, le parc est menacé par un projet immobi-
lier. Il faut sauver la villa Tertrais- Chailley ! Un collectif
d’associations (les futurs amis de la Villa Charlotte) se
mobilise et obtient le classement du parc en zone natu-
relle. Trois ans après, la Ville des Sables acquiert le site.
Puis elle lance en 2019 un projet de réhabilitation du
site et vote l’année suivante la nouvelle dénomination
de la villa : Le 5 octobre 2020, le conseil municipal des
Sables-d’Olonne a décidé de rendre hommage à la violoniste
Charlotte Chailley, née Vormèse, en donnant officiellement
son prénom à cette demeure appelée jusqu’alors Villa Ter-
trais-Chailley.
Les travaux de réhabilitation des jardins ont débu-
té le 27 octobre 2022 et la restauration de la villa est
programmée pour 2023-2024. Le deuxième étage de la
demeure sera attribué aux connaissances livresques. Il
regroupera dans les rayonnages de ses bibliothèques
quatre thématiques : la Littérature marine, l’Architecture
et la Villégiature balnéaires, la Musique, et les Jardins.
La bibliothèque de la littérature marine :
La ville des Sables d’Olonne est placée au milieu de
l’arc atlantique formé par les rivages entre l’île d’Oues-
sant et le Pays basque. Grâce à ses multiples activités
maritimes et sportives comme le Vendée Globe, cette ag-
glomération est célèbre dans le monde et sa riche histoire
maritime en fait un haut lieu où souffle l’esprit marin.
C’est cette conscience que cette bibliothèque voudrait
maintenir.
Vous trouverez une
grande pièce située au deu-
xième étage avec vue sur
mer, que nous avons dé-
nommée entre amis de la
Villa, le trésor littéraire.
Nous aimerions que le futur
visiteur soit tel Jim Hawkins
découvrant des richesses ca-
chées comme dans la grande
île mythique. Ce trésor est
composé des chefs-d’œuvre
de la littérature marine de la
planète. La plupart des ouvrages sont d’une grande va-
leur bibliophilique, certains sont très rares, finement re-
liés, d’une police de lecture soignée, avec des illustrations
de grands artistes tels Gustave Doré, Léon Haffner, etc.
Impossible de les citer tous et le tout sur grand papier.
Cette croisière littéraire débutera par les ouvrages
inspirés par la mer dans l’Antiquité avec par exemple,
pour L’Odyssée, accompagnée de nombreux documents
d’études écrits par Victor Bérard, grand spécialiste de
l’œuvre d’Homère. Vous pourrez suivre Pantagruel lors
de ses navigations écrites par François Rabelais. Cer-
vantes ne sera pas non plus oublié.
Documents, mémoires relatant les premiers récits
maritimes de nos grands voyageurs et aventuriers seront
sur les rayons de cette pièce exceptionnelle.
83
Pour les passionnés du long cours, vous trouverez
tous les ouvrages — dans différentes éditions de biblio-
philes ou autres — des capitaines Louis Lacroix, Armand
Hayet, du Chilien Francisco Coloane : tous des hommes
du cap Horn.
Et puis, nous avons nos écrivains du peuple de la
mer comme le premier d’entre eux : Marc Elder, le Prix
Goncourt 1912 avec le Peuple de la mer, dont le manus-
crit nous a été confié par ses héritiers, accompagné du
dossier des péripéties littéraires liées à ce Prix. La Dame
de mer, Anita Conti, sera présente avec son amie Nadine
Lefébure. Ernest Hemingway, avec Le vieil homme et la
mer pourra être découvert dans une édition de toute
beauté. Georges Simenon et Henri Queffelec sont aussi
les obligés de ce chapitre.
Je termine cette page de présentation par les écri-
vains plaisanciers tels Joshua Slocum, Alain Gerbault,
Jean Merrien, Virginie Hériot, l’Argentin Vito Dumas
et notre éternel Bernard Moitessier, avec nos écrivains
contemporains que je ne tiens pas à citer de peur d’en
oublier. Vous les retrouverez tous dans cette demeure ins-
pirée par le large.
Le catalogue des
ouvrages consultables
est en cours de réalisa-
tion et devrait présen-
ter plus de deux mille
livres et documents de
toute sorte. J’avoue ne
les avoir jamais comptés.
Comme dans le château
de Chantilly, tous les ou-
vrages et documents se-
ront manipulés avec précaution et ils ne pourront sortir
de la Villa, selon le règlement établi par le donateur, la
Ville des Sables-d’Olonne et l’association Les amis de la
Villa Charlotte. Une façon de prolonger jusqu’à la nuit
des temps ce patrimoine, pour le plus grand bien de la
culture française et des futures générations.
Dernièrement la bibliothèque marine de la Villa
Charlotte a été inscrite dans le deuxième collège de
la Fédération Nationale des Maisons d’Ecrivains & des
Patrimoines Littéraires au titre du Cercle d’Études de la
Littérature Marine (C.E.L.M.).
René Moniot Beaumont
Littérateur de la mer
amisvillacharlotte@gmail.com
Après avoir découvert le XVIIIe
siècle avec Paul et
Virginie dans une très belle édition de bibliophilie,
vous pourrez aborder le grand siècle du roman mari-
time avec François-René de Chateaubriand, Eugène
Sue, Alexandre Dumas, Victor Hugo, et cela pour la
France. La littérature marine anglo-saxonne vous pré-
sentera James Fenimore Cooper, Edward John
Trelawney, Frederick Marryat, Edgar Allan
Poe, et le formidable Hermann Melville avec
Moby Dick. Robert-Louis Stevenson participe
à cet équipage d’écrivains de la mer. Je ne peux
les citer tous, mais je n’oublie pas Rudyard
Kipling et Jack London.
Le XXe
siècle, c’est la mer à hauteur
d’homme. Nous avons le cycle breton avec
Pierre Loti, Anatole Le Braz et les Toudouze,
et l’écrivain des contes et légendes de Bretagne,
Charles Le Goffic. Les vingt lustres voient la
littérature marine craquer dans ses structures
traditionnelles, maintenant les marins parlent,
témoignent et écrivent : Claude Farrère, John
Masefield, Henry de Monfreid, Édouard
Peisson, pour les plus connus. Sur le rivage,
d’autres écrivains rêvent l’humanité maritime
et ses activités : Pierre Mac Orlan l’aventurier
immobile, Jacques Perret, Jean Giono, Pierre
Béarn avec son inoubliable et détesté Océan
sans espoir, et Joseph Conrad, incontournable !
ce mot suffit à le résumer.
Paul Chack, Cecil Scott Forester, Patrick O’Brien,
Nicholas Monsarrat, Alistair Mac Lean, Herman Wouk,
(le célèbre Ouragan sur le Caine), Georges Blond sont de
l’équipage comme auteurs de romans historiques marins.
Les pages de la Villa Charlotte
amisvillacharlotte@gmail.com
Publication mise gracieu-
sement à la disposition
des lecteurs grâce à
l’action des collectivités,
associations
et entreprises citées ici
Merci de communiquer
vos ouvrages à :
Société des Écrivains de Vendée
Alain Perroccheau
29 route de la Fontaine
85150 Martinet
www.ecrivains-vendee.fr
amisvendee-historial.com
contact@amisvendee-
historial.com

lire en vendée n° 36.pdf

  • 1.
    1 Société des Écrivains de Vendée amis de l’Historial de la Vendée n° 36 décembre 2022 décembre2023 LireenVendée ÉchosMusées Des auteurs Des Tas de livres Des éditeurs, des pages et des pages pour quelques € et... découvrez les activités des Amis et du Musée de l’HISTORIAL de la Vendée
  • 2.
    2 Émile Gabory Archiviste et historien, ilaurait eu 150 ans... Émile Gabory est né et mort à Val- let, en 1954, à 82 ans ; et donc né en 1872, un 17 décembre. Il y a 150 ans. D’où ce clin d’œil dans nos co- lonnes ! Écrivain, historien, archiviste, poète, Émile Gabory fut aussi viticulteur. Il ne pouvait échapper au destin de son terroir natal, d’autant que ses parents étaient vignerons. Dans ce domaine, Émile fut même un expert. Le jeune Gabory viendra faire son service militaire, deux ans durant, à la Roche-sur-Yon, au 93e Régiment d’Infanterie. En 1899, il a 27 ans, il est grièvement blessé dans un accident ferroviaire, accident qui fera de nombreux morts près de la gare de Juvisy. L’indemnité due à cet accident lui permettra de visiter la Grèce, l’Égypte et la Palestine. Tandis que ses études menées à l’école nationale de Chartres lui permettront de décro- cher le titre d’archiviste-paléontologue. Archiviste, il le devient en 1905, pour le département de la Ven- dée ; puis, en 1911, pour le département de la Loire-Inférieure, jusqu’en 1937. Mais c’est durant ces six années dans les archives vendéennes qu’il prendra la mesure de ce que fut la guerre civile de 1793. Au point qu’il s’en fera l’historien. En raison de ses blessures ferroviaires, il sera réformé pour le conflit 14-18. A sa retraite, en 1937, il deviendra premier adjoint au maire de Vallet ; puis conseiller général en 1938, réélu à ce poste en 1945… Impartial entre Blancs et Bleus L’écrivain ? C’est en 1913 qu’il fait parler de lui, avec son « Napo- léon et la Vendée », ouvrage qui sera récompensé du Prix Thérouanne de l’Académie française, en 1914… Après la Première Guerre Mon- diale, en 1922, Gabory publie « Les Bourbons et la Vendée » ; puis « La Révolution et la Vendée », en 3 volumes (entre 1925 et 1928), une somme qui fait parler ! Si des critiques cataloguent l’auteur de contre-révolutionnaire, favo- rable aux Blancs, il n’est pourtant ni militant ni hagiographe. Il est sur- tout scrupuleux dans ses recherches, beaucoup plus que Crétineau-Joly ou Michelet, par exemple ! Il est suspecté dans les deux camps ! C’est dire son impartialité. Mieux : pour éclairer plus encore sur cette horrible guerre fratricide, il s’en va poursuivre ses recherches en Angleterre, enquête qui débouche- ra sur la sortie (en 2 volumes) de « L’Angleterre et la Vendée » (1930-31). Et qui établit que les Anglais ne furent pas de faux alliés comme souvent prétendus, tant à Granville qu’à Quiberon et l’île d’Yeu. On lui devra aussi « Vie et mort de Gilles de Raiz, dit à tort Barbe- Bleue » (1926) ; et une œuvre posthume sortie en 1963 : « Les grandes heures de La Vendée, les convulsions de l’Ouest ». À Nantes, une rue porte son nom. Philippe Gilbert Salons du livre en Vendée année 2023 Printemps du livre à Montaigu : 24, 25 et 26 mars Saint-Gervais : 22 et 23 avril Angles : en juin Moutiers les Mauxfaits : août Chaligny (Ste Pexine) : 23 et 24 septembre Le Poiré s/ Vie au Beignon Basset : 1er octobre Le Langon : 19 novembre Le salon de Jard a lieu tous les 2 ans dorénavant ; le prochain en 2024. Salon de Grasla (Les Brouzils) : idem, le prochain en 2024. Agenda 2023
  • 3.
    3 C’était un matinde juin dernier. Nous étions là, avec un tout petit nombre de parents et d’amis, dans l’ancien cimetière de La Tranche-sur-Mer, pour accompagner Michel Dillange dans son dernier voyage. Jacques, Alain, Pierre et moi, pour lui dire, en silence, avec beaucoup de respect et d’admiration, l’au-revoir et l’hommage des Écrivains de Vendée. Jacques Bernard, qui était son ami, rappelle dans ces pages ce que fut l’homme, l’architecte en chef de l’État, le Conservateur du Palais Royal et de la Sainte Chapelle, l’érudit, l’écrivain. Et notre président pendant huit ans, de 2000 à 2008. Jean de Raigniac lui succéda, jusqu’en 2015. Nous savons tous son engagement pour le rayonnement de notre société et son investissement dans la réalisation de « Lire en Vendée ». Lorsqu’il a souhaité passer le flam- beau de la présidence, les membres du conseil d’adminis- tration ont pensé que c’était à moi de prendre la relève. Ont-ils bien fait ? À vrai dire, je n’en suis pas sûr… Ce dont, par contre, je suis sûr, c’est d’avoir eu du plaisir, et même du bonheur, à avoir été pendant près de sept ans, votre président. J’ai eu la grande satisfaction de voir nos rangs s’étoffer, d’accueillir les jeunes auteurs qui nous ont rejoints, et de vous retrouver souvent, lors de nos assemblées, de nos déjeuners d’été, des salons ven- déens et des rencontres littéraires. J’ai aimé ce compa- gnonnage animé, cette convivialité, ce climat de liberté et de partage et je vous remercie sincèrement de votre appui et de votre confiance. Nous sommes allés ensemble sur les « lieux » des grands au- teurs vendéens pour leur rendre hommage et nous ressourcer au contact de leur vie et de leurs œuvres. Louis Chaigne, Rabelais et Agrippa d’Aubigné, Clemen- ceau, Jean Yole, Jean Huguet et Joseph Rouillé, nos deux pères fondateurs, et Jean Rivière. Nous aurons prochainement l’occasion de nous souvenir, à Péault, du poète Pierre Menanteau. Chaque année, à l’Hôtel du Département, nous avons cou- ronné, avec le Prix des Écrivains de Vendée et celui des Écrivains de Vendée – Crédit Mutuel Océan, deux auteurs vendéens ou qui été inspirés par notre Départe- ment. Ce furent, à chaque fois, des beaux moments, parfois char- gés d’émotion, avec en particulier Pierre Mauger et Michel Adrien. La sélection pour les Prix 2022 se révèle de haute volée. Surtout, nous avons avec notre revue « Lire en Vendée – Échos Musées » présenté et com- menté chaque année plus de cent ouvrages, dans tous les domaines. L’Histoire – avec le CVRH – et la mer, toutes les deux si impor- tantes pour la Vendée, y occupent une place légitime. L’actualité lit- téraire, le cinéma, les souvenirs font aussi la diversité et l’intérêt de cette revue, séduisante et gra- tuite, que tant d’autres départe- ments nous envient. C’est à Alain Perrocheau, qui est, avec Yves Viollier, l’un des créateurs de la Société des Écri- vains de Vendée, qu’il revient maintenant de conduire sa des- tinée. Il saura le faire, et le faire bien, avec d’abord le soutien des membres du Conseil d’adminis- tration, et celui de tous nos adhé- rents. Alors, bon vent et bon cou- rage, Alain. Belle année littéraire à tous les auteurs vendéens, longue et belle vie à notre Société. Gilles Bély La Société des Écrivains de Vendée nouveau président : Alain Perrocheau L’amitié, le soutien et le partage
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    4 Hommage Michel Dillange Le 10juin de cette année, Michel Dillange nous a quittés. Il a été inhumé le 23 juin au cimetière ancien de La Tranche sur Mer où un hommage civil lui a été rendu, en présence d'une délégation de la Société des Écrivains de Vendée dont il fut le Président apprécié de 2000 à 2007, succédant à Joseph Rouillé, président fondateur de la Société. Originaire de Luçon, il a mis, sa vie durant, sa pas- sion et son talent au service de la Vendée qu'il chéris- sait. Architecte libéral de profession, Michel Dillange fut nommé architecte des Bâtiments de France en 1987, puis architecte en chef urbaniste de l’État. Il a eu en charge la conservation d'édifices prestigieux comme la Sainte Chapelle et le Palais Royal. Docteur en His- toire de l'Art, ses qualités d'historien et d'écrivain lui ont valu nombre de titres de reconnaissance : Chevalier de l'Ordre du Mérite, Chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres et lauréat de l'Académie Française. Homme de grande modestie, il ne faisait jamais état de ses titres et récompenses, si ce n'est de la plus chère à son coeur, le Prix des Écrivains de Vendée, dé- cerné pour son exceptionnel ouvrage sur l'Art Roman en Vendée. Michel Dillange était aussi membre du Souvenir Vendéen de Clemenceau et de la Société Française d'Archéologie. Il repose aujourd'hui en cette terre de Vendée qu'il a tant aimée. Jacques Bernard Repas d’été des Écrivains de Vendée. J. Bernard, M. Brossard , Y. Viollier, Michel Dillange, août 2012 , Photo Ch. David Bibliographie : Art roman en Vendée (1984), La Conciergerie (30 pages), La Sainte Chapelle (32 p.), Histoire de la Vendée monumentale (2012), L'Arc de Triomphe (32 p., 1983), Comtes de Poitou, ducs d'Aquitaine (1995), Se souvenir de la Vendée (2007), avec Michel Gautier, Guillaume LX d'Aquitaine, le duc troubadour (2003), Vendée Romane (1976) Prix de l'Académie Française, Prix René Pétiet, La vie comme un poème, Le pêcheur et le poisson bleu et autres nouvelles (99 p., 2010), À propos du jeu de clés au Moyen-âge (1993) voir Bulletin LMonumental, tome 151, année1993
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    5 Le téléphone asonné le matin de l'Ascension, le 26 mai. C'était son fils, Jean-Marc : « Papa est mort. » Il était fatigué, il lui avait dit, la veille au soir : « Tu passeras voir demain matin, si je me réveille. » Jean-Marc l'a trouvé dans son lit les lu- nettes sur le nez, le livre qu'il lisait à côté de lui. Il n'était plus là. Il était parti. Il avait pris soin, la veille encore, de Berna- dette son épouse. Il allait avoir 84 ans. Il ne bougeait plus beaucoup de sa maison de Marcillac. La tribu Michelet regagnait régulièrement le nid familial pour les vacances. Il m'avait téléphoné quelques jours avant, il m'avait dit qu'il était fatigué mais je n'ai pas été alerté. Notre conversation s'est terminée par l'habituel : « Salut, vieux frère ! » Le frère s'en est allé, l'auteur puissant des « Grives aux loups » et des « Palombes ne passeront plus ». Soudain, quand un ami s'en va, tous les jours de partage, les soirées de fête, les voyages qui vous ont soudé vous reviennent à la figure et vous mettent les larmes aux yeux. Nous avons perdu le chef de file de notre « École de Brive », celui qui présidait à sa manière à nos rassem- blements. Il était le fils du résistant et ministre du général de Gaulle, Edmond Michelet. Il avait choisi la terre, contrairement aux souhaits de sa famille. Et il a fait de son enga- gement une œuvre littéraire d'une formidable popularité. Il est le grand écrivain du monde paysan de la première moitié du XXe siècle. Tout sonne juste dans ses livres. Son langage dru et vrai parle à la France profonde et les lecteurs ne se sont pas trompés. La première fois que je l'ai vu en Vendée, je devais avoir vingt ans, je ne le connaissais pas, il était venu rencontrer les élèves du lycée agricole des Établières, il a dédicacé ses livres à la librairie Chagneau. J'ai appris après qu'il était parti à 19 heures en 2cv avec Bernadette et qu'ils sont rentrés dans la nuit à Brive. Leurs vaches les attendaient dans l'étable. Il est revenu souvent en Vendée quand nous sommes devenus amis et compagnons de l'Ecole de Brive. Il a répondu présent avec toute la joyeuse bande quand nous avons lancé Le Printemps du Livre. Il en a été l'un des pionniers. Il en a été ensuite le prési- dent. Il y était encore lors d'une des dernières manifestations avant le confinement. Il est venu au Livre au village du Puy du Fou. Et les lecteurs l'ont retrouvé deux fois au Refuge du Livre dans la forêt de Grasla. Il m'a dit qu'il se sentait bien en Vendée, que les Vendéens sont des gens qui savent vivre et recevoir. Il n'écrivait plus. Il disait qu'il ne faut pas écrire le livre de trop. Sa connaissance de la nature était encyclopédique. Il connaissait tous les oiseaux et les reconnaissait à leur chant. Nous avons passé des veillées d'été sous le ciel de Brive à nous orienter sur les chemins d'étoiles. Claude nous a quittés, mais nous avons ses livres. Quand j'ouvre l'un ou l'autre, c'est sa voix qui me parle, celle d'un homme de caractère et de conviction à la foi franiscaine, d'un écrivain dont l'oeuvre demeurera parce qu'elle dit la France d'avant mieux que n'importe qui, celle d'un ami qui me manque, qui va nous manquer à tous. Adieu, vieux frère. Yves Viollier L'ami Claude Michelet s'en est allé
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    6 Début octobre del'année 2022 : l'association installée en Pays de Monts, Histoire-Arexpo, sous l'impulsion de son pré- sident Alain Jouanneau, a gâté la ville de Challans (capi- tale du pays Maraîchin) en produisant une belle animation, par la grâce de deux femmes natives d'ici, des plus admirables, deux femmes hors-normes : l'aviatrice Jacqueline Auriol et l'alpiniste Colette Le Bret. Titre annonce de cette manifestation culturelle : « Deux femmes au som- met ». Avec une pièce de théâtre représentant nos deux héroïnes nées au pays (jouée par la troupe du Quatuor Légendaire) ; et avec un film, « Voyage sans retour sur l’ascension du Cho-Oyo ». Deux représentations qui avaient lieu au Ciné-Triskell. Oui, Challans a été gâtée. L'occasion s'est faite belle pour revenir dans les colonnes de «Lire En Ven- dée» sur Jacqueline Auriol (1917-2000), qui fut également une écrivaine de talent (« Vivre et voler »). Une gloire internationale de l'aéronautique L'aviatrice Jacqueline Auriol était née dans le centre-ville de Challans, dans la menuiserie paternelle, désormais local d'une banque (C.M.O.), place Aristide-Briand : la menuiserie Douet, nom de jeune fille de la future bru du président de la république, de la future première pilote d'essai au monde, qui battit son premier record du monde en 1951, qui franchit le mur du son en 1953, qui s'écrasa deux fois. Jacqueline Douet y était née le 5 novembre 1917. La petite Jacqueline restera à Challans le temps de son école primaire, à l'école libre, recevra une éducation religieuse. C'est une fillette qui aime grimper tout en haut des arbres et faire voler des cerfs-volants sur la plage de Saint-Gilles. Puis elle continuera sa scolarité à Nantes, dans une pension de sœurs. Mariage d'amour en 1938 Edmond Douet, son père meurt en 1931, à l'âge de 44 ans. Sa mère, Suzanne Chevy, a alors 34 ans, Jacqueline 14 ans. Elle « monte » à Paris pour- suivre ses études à l'école du Louvre, car elle se destine à l'art, qui l'a toujours passionnée, notamment la peinture et la déco. Paris où elle se mariera, en 1938. Un mariage d'amour. Elle a 21 ans. Son mari, un élève de l'école des Sciences Politiques, est un dénommé Paul Auriol. Il est le fils de Vincent Au- riol, le militant socialiste qui est une figure emblématique du Front Populaire, qui n'est alors pas président de la république. Il le deviendra après la Deuxième Guerre Mondiale, de 1947 à 1954. Jac- queline, devenue la bru du président de la république, pourrait alors se conten- Jacqueline Auriol La Challandaise aimait« vivre et voler » ter de ce titre de gloire, vie égayée de mondanités, d'autant qu'elle a beaucoup d'élégance et de charme, faite comme un mannequin, est très remarquée à l’Élysée... Le « french charming », évoque la presse des potins mondains. « La femme la plus resplendissante du Tout-Paris », dit-on et écrit-on aussi, ce qui n'est pas sans attirer des jalousies, des calomnies aussi. Volonté hors du commun de Madame Moune Mais ce mode de vie n'était point le style de la Maraîchine. Elle va surtout révéler une volonté hors du commun. Elle l'a déjà dé- montrée dans la France occupée, pourchassée par les autorités de Vichy et la Gestapo, elle, son mari, ses deux enfants, errants comme des proscrits (Jacqueline sous le nom de « Madame Moune ») de planque en planque, à Arcachon, au Puy, Carmaux, Albi, Chama- lières ; alors que son beau-père était une des personnalités les plus recherchées par les occupants et leurs collaborateurs (il était un des 80 parlementaires à avoir dit « non » aux pleins pouvoirs à Pé- tain), avant de devenir un des pré- sidents les plus populaires de l'his- toire de France. Cette volonté hors du com- mun : voler. La native de Challans représente le « french-charming » à l’Elysée
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    7 On croit àun caprice de la bru. En 1948, elle passe son brevet de pilote d'avion. Elle découvre la voltige et effectue sa première démonstration en meeting en 1949, participe au raid Alger-Dakar. Puis c'est le drame, l'hydravion dans lequel elle a pris place comme passagère se crashe sur la Seine, près des Mu- reaux. Elle est défigurée. Dans cette France après-guerre qui vient juste de donner le droit de vote aux femmes, « que n'aurait-on pas dit si elle avait été aux manettes », dit la voix off du remarquable documentaire TV, Jacqueline Auriol, une femme à réaction(s), réalisé par Jean-Luc Dubonnet en 2016. « Miraculée », titre la presse, à propos de Jacqueline sauvée in extremis, avec plusieurs fractures du crâne, défigurée. Vingt-deux opérations chirurgicales seront nécessaires pour lui permettre de retrouver son sourire. Un long temps dans les hôpitaux français mais aussi américains où elle va démontrer son stoïcisme. La plus rapide du monde Ce coup du sort aurait dû abattre la Challandaise dans ses motivations de voler, il semble la motiver, la doper même. « Je m'étais juré que je transformerais ma passion en métier. L'aviation me devait bien cela », déclarait-elle dans une interview à Ouest-France en 1985. Elle potasse des traités d'aviation et de mathématiques, passe son brevet de pilote de transports publics en 1950, son brevet de pilote d'hélicoptère l'année suivante. L'aviation n'est désormais plus un loisir, d'autant qu'elle passe aussi ses brevets militaires. Et, en 1951, le 11 mai, elle devient la femme la plus rapide du monde, atteignant 818 km/h aux commandes d'un Vampire sur une boucle de 100 km. Elle bat son propre record en 1952, à bord d'un Mistral. En 1953, elle est, avec son éternelle rivale américaine Jackie Cochran (qui deviendra surtout son amie !), une des deux premières femmes au monde à franchir le mur du son (le premier homme en 1947). En 1954, elle reprend à son amie rivale le record du monde, le portant à 1151 km/h sur Mystère IVN. Cette même année 1954, elle est brevetée pilote d'essai. Elle est la première femme au monde à y parvenir. Elle intègre le Centre de Brétigny-sur-Orge, multiplie les records du monde, frôlera la mort à nouveau, teste les prestigieux Mistral 2, Mystère IV et Mystère 20 ? sera la première femme à voler sur le Concorde... Vivre et voler Celle qui vivait pour voler écrira ses mémoires («Vivre et voler»), une autobiographie à la plume alerte, au ton léger, distancié aussi, avec beaucoup d'humour, se souvenant d'ailleurs qu'elle prit son baptême de l'air à 16 ans « sans grand plaisir ». Ce livre lui valut le prix Agrippa-d'Aubi- gné, que lui remit son créateur Gilbert Prouteau dans les années soixante-dix. Elle ne reviendra jamais officiellement à Challans, passant incognito y voir des amis de temps à autre. Ironie du destin, alors qu'elle vivait en région nantaise, à Saint-Herblain, près d'un de ses fils propriétaire du manoir de la Paclais, elle disparut, en début d’année 2000, des séquelles d'un accident de voiture, à l'âge de 82 ans. Ses obsèques eurent lieu aux Invalides. Philippe Gilbert Elle démontrera une volonté hors du commun pour voler
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    8 L’Association Histoire-Arexcpo enVendée, sous la présidence de Alain Jouanneau, en association avec la troupe théâtrale « Quatuor légendaire », vient de rendre hommage à deux célèbres femmes originaires de Chal- lans, l’alpiniste Colette Le Bret et l’aviatrice Jacqueline Auriol. Un spectacle écrit par Gilles Perraudeau, intitulé « Deux femmes au sommet » a été présenté récemment en avant-première au cinéma le Triskell, suivi d’une retrans- mission du film de 1959 réalisé par Micheline Rambaud « Voyage sans retour », un documentaire sur le drame vécu lors de l’ascension du Cho Oyou, dans l’Hima- laya. L’occasion de re- venir sur le numéro spécial hors-série de décembre 2020 réa- lisé par ladite Arex- cpo et de retracer le souvenir de cette femme exception- nelle que fut Colette Le Bret, qui aurait aujourd’hui 101 ans. Une femme bien dans son corps et son esprit Médecin, sportive et alpiniste accomplie Colette Le Bret était une femme de passions. Née à Challans le 5 avril 1920, dans une famille d’industriels, ce petit bout de femme très dynamique et sportive ob- tint son doctorat de médecine à l’université de Nantes. Elle excellait parallèlement dans les disciplines sportives telles que le tennis, l’équi- tation, l’alpinisme et le ski. C’est lors de ses débuts de carrière comme médecin attitré de l’école normale supérieure d’éducation phy- sique à Chatenay-Malabry qu’elle a accompagné tous les stages féminins de mon- tagne à Chamonix. Elle y rencontrera Claude Kogan, une alpiniste de renom, qui envisageait de constituer une équipe exclusivement féminine pour vaincre l’un des plus hauts sommets de l’Himalaya, à une époque où les hommes alpinistes préféraient voir les femmes en second de cordée. Elle n’imaginait certainement pas l’in- croyable et tragique aventure humaine qu’elle allait vivre. Des femmes sur le chemin su Népal L’équipe est constituée en 1957 de 12 femmes de na- tionalités différentes recrutées parmi les meilleures alpi- nistes, dont Colette Le Bret qui a la charge de médecin, « une fille épatante, fair-play et active » - je cite l’article de la revue. L’expédition est partie de Paris le 12 août 1959, accompagnée de 150 porteurs et 10 sherpas. Mi- cheline Rambaud est la cinéaste qui filmera toute l’équi- pée jusqu’au sommet de l’Himalaya, le mont Cho Oyu, à une altitude de 8153 mètres. Une première phase d’ascension de 24 jours est réa- lisée en pleine période de mousson et un camp de base établi le 15 septembre à une altitude de 5600 mètres. Une deuxième phase d’ascension tragique À ce stade, plusieurs femmes du groupe sont obli- gées de mettre fin à l’ascension pour des raisons de santé. Les autres continuent jusqu’à plus de 7000 mètres. Elles seront arrêtées par une avalanche qui viendra décimer les femmes en tête de l’équipe, entraînant notamment Claude Kogan et la belge Claudine van der Straten- Ponthoz. La challandaise Colette Le Bret fera preuve Colette Le Bret une femme sur les sommets de l’Himalaya en 1959
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    9 d’héroïsme et d’unegrande résistance en grimpant à leur recherche, sans succès hélas. C’est elle qui assurera la descente du reste de l’équipée jusqu’au camp de base. Cet incident tragique fera d’elle, à cette époque, la femme ayant monté le plus haut dans l’Himalaya. Une vie de médecin et des honneurs Suite à cette épopée terminée de façon dramatique, Colette Le Bret retournera à Challans, dans sa ville na- tale où elle reprendra ses activités de médecin, notam- ment auprès des enfants et particulièrement de la crèche municipale. Colette Le Bret, source Ouest-France du 26 novembre 2017 article de Philippe Gilbert Le 19 mai 1965, le Général de Gaulle, alors prési- dent de la République fut reçu à Challans par le maire et conseiller général de l’époque, le docteur Jean Léveillé et demanda à rencontrer Colette Le Bret. Le 1er mars 1975, Colette Le Bret et Jacqueline Au- riol seront invitées à la première journée de la femme au Palais des Congrès à Paris en présence du Chef de l’État, Valéry Giscard d’Estaing, qui souhaitait honorer ces deux femmes d’exception. Une femme de caractère indépendante pour son époque Colette Le Bret était dotée d’un fort caractère et d’un esprit libre. Outre le fait qu’elle privilégia toujours sa carrière professionnelle et la transmission de ses pas- sions aux plus jeunes, elle ne pouvait s’enfermer dans une vie maritale traditionnelle. Désirant malgré tout un enfant, elle donnera naissance à sa fille, Caroline, en 1952, à savoir sept ans avant son expédition sur l’Himalaya. La petite, prise en charge par ses grands-parents et ses parrain et marraine, suivra l’équipée au travers des articles de la revue Paris-Match. Lorsque sa mère rentrera, elle constatera à quel point cette ascension tra- gique l’a affectée. Colette Le Bret n’est plus la même. Sa fille, qui lui donnait auparavant des petits noms affectueux, ne l’appellera plus que « ma mère ». Une fin tragique qui a marqué les Challandais La vie de Colette Le Bret finira tout aussi tragi- quement que l’ascension de 1959. Un de ses patients, un ancien bourrelier challandais qui vivait seul sur la commune de La Garnache et à qui elle rendait visite comme à son accoutumée pour lui apporter les soins nécessaires, tira sur elle plusieurs coups de fusil, pris d’un accès de folie alors qu’elle rédigeait son ordonnance. C’était le 19 juin 1984. Sa chapelle funéraire est visible au cimetière du caillou blanc à Challans. Le dispensaire de la commune porte son nom. Pour terminer… À noter que Micheline Rambaud, dernière survi- vante de cette cordée féminine qui avait donc filmé l’as- cension de l’Himalaya, a participé au cahier spécial de l’Arexcpo, après avoir été sollicitée par Alain Jouanneau. Le témoignage 60 ans plus tard de cette vieille dame si aventureuse est particulièrement émouvant. Je vous conseille vivement ce précieux numéro hors- série de l’Arexcpo. Vous pouvez le commander auprès de la maison de la presse de Challans ou directement auprès de l’association. On y trouve de fabuleux documents et témoignages confiés par Micheline Rambaud et Caroline Le Bret. Pour terminer sur une petite note d’humour, je vous décris cette illustration de Jean Brian parue dans les journaux de Grenoble pour annoncer la première expédition féminine de 1959 au Népal. On y voit le mari, pépère en chaussons dans son fauteuil qui lit le «Dauphiné libéré» pendant que son épouse, dans son dos, en tenue d’alpiniste, pantalon ¾, sac à dos et piolet à la main, lui crie : « Chéri, je vais faire une course ». Marie-France Bertaud
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    10 L’École de Rochefortest un mouvement poétique connu dans l'histoire de la littérature française du XXe siècle. Le groupe cherche une voie poétique nouvelle en des temps difficiles, une sorte de troisième voie entre l'exu- bérance surréaliste et les tentatives de la poésie nationale marquée politiquement par la collaboration, jouant aussi un rôle dans la "résistance" culturelle. . Jean Bouhier est en effet né à La Roche-sur-Yon en 1912, il y a cent dix ans. Après ses études dans cette ville, il part pour Nantes pour étudier la pharmacie, mais échoue dans sa tentative. Il aura pourtant le temps d'y rencontrer Michel Manoll et René-Guy Cadou et d'être le rédacteur en chef de la revue officielle des étudiants " La Bohème ". Il y publie ses premiers textes au début des années 30. Après un détour par la Sorbonne et la publication d'un premier recueil de poèmes intitulé " Hallucinations ", qui lui permet de croiser Jean Follain et Maurice Fombeure, il se marie avec une pharmacienne. Le couple reviendra installer une officine à Rochefort- sur-Loire. La guerre bouleverse tout Jean Bouhier est mobilisé dans le service santé à Bar- le-Duc, malade, puis réformé. Revenu dans le Maine-et- Loire, il accueille chez lui des anciennes connaissances des milieux littéraires ou artistiques ou leurs amis qui fuient Paris. C'est avec ce noyau qu'il lance le mouvement qui deviendra " L’École de Rochefort ", autour de René Guy Cadou, Michel Manoll déjà cités, mais aussi de Luc Bérimont, Gabriel Audisio, Marcel Béalu, Jean Follain et Jean Rousselot. Il n'hésite pas à rédiger une sorte de manifeste qui est publié en octobre 1941 " Position poétique de l'Ecole de Rochefort ". Il est aussi l'artisan de la publication des " Cahiers de l’École de Rochefort ", réceptionnant les manuscrits et corrigeant les épreuves des divers partici- pants. L’engagement politique En 1947, les Bouhier rentrent à Paris. C'est l'heure de l'engagement politique pour le poète, déjà auteur de plusieurs re- cueils. L'aura des communistes est telle à cette époque que Jean Bouhier s'inscrit au parti et travaille même auprès de Louis Aragon. Puis, le couple s'établit à Fay-aux- Loges dans le Loiret. Il est d'abord élu conseiller municipal de cette ville, puis en devient le maire en 1965, ce qui va réduire son activité d'auteur, d'animateur et de théoricien de la poésie, même si les années 50 et 60 ont vu la parution de cinq nou- veaux recueils, jusqu'à sa mort en 1999. En 1973, ayant cessé ses fonctions mu- nicipales à la suite de problèmes de santé, Jean Bouhier part pour la Côte d’Azur et s’installe à Six Fours les Plages. Il se consacre à l’écriture et à de nombreuses animations autour de la poésie, la sienne et celle des autres. Treize nouveaux recueils enrichissent son œuvre et donnent de l'ampleur à sa voix, tandis qu'une " Anthologie des Poètes de l’École de Rochefort " publiée en 1982 rappelle l'importance et la singularité de ce mouvement. Jean Bouhier meurt en 1999, laissant à sa ville natale la fierté d'avoir vu un de ses enfants prendre une part très active dans l'essor des mouvements poétiques du XXe siècle. Ses extraordinaires archives person- nelles et celles de l’École de Rochefort sont conservées à la Bibliothèque Universitaire d'Angers. Le livre que lui a consacré Chris- tine Chemali l'année même de son décès, " Jean Bouhier ou Croire à la vie ", affirme la qualité et la force de ce poète. Jean Bouhier et l’École de Rochefort On ignore le plus souvent qu’un Vendéen est aux origines du mouvement et en deviendra la cheville ouvrière
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    11 Bouhier avait commencéson œuvre par une voix lyrique toute de sincérité, marquée par l'amour et la jeunesse, avec des tonalités impressionnistes. L'humanisme social, dont il entendit avec douceur les sirènes au temps du Front Populaire, le menèrent, aux années troublées de la guerre, vers un retour à la vie et à l'humain. Il cherche alors à résoudre l'énigme du monde, à dire le quotidien et comprendre la réalité, mais aussi à énoncer le dessein de l'égalité, dans un humanisme qui, finalement, préfère le cœur à l'intelligence, toutes préoccupations qu'intègre l’École de Rochefort. Comme il le dit lui-même, "le poète est un homme qui cherche à se résoudre, la vie est un problème, le vers en est l'équation, le mot l'inconnue : le poète conclut ou tente de le faire, le poème à vrai dire ne conclut rien". Sa bonne vingtaine de recueils publiés le prouvent, il aime avant tout les mots, les tourner et les retourner pour mesurer leur polysémie, jouer avec eux de la cohérence et de la pureté du langage. C'est avec eux qu'il forge ses rythmes. Transcrivant la parole, ses sons et ses intonations, Bouhier aime la profusion des accumulations autant que la fluidité d'une expression maîtrisée, moulée dans une formulation personnelle qui demeure toujours sou- mise et chantournée comme un fer forgé. La lèvre palpe le mot Avant son départ à l'oreille La phrase s'invente Quand s'unissent les griffures Sur la page Des signes perdent leur transparence Et débusquent le regard Au moment de la rencontre. La voix de Jean Bouhier fut une belle voix, qui se tut malheureusement juste à l'orée du XXIe siècle, en point d'orgue d'un mouvement qu'elle a toujours joliment interprété de sa tessiture si chaleureuse et si humaniste. Les excellents entretiens de Jean Bouhier avec Jean- Luc Pouliquen furent publié par Dé bleu de Louis Dubost en 2000, peu après sa mort. Alain Perrocheau Bouhier, Manoll et Cadu Un retour à la vie et à l’humain
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    12 Poète, historien, mémorialiste,mais aussi polémiste de premier plan. Son œuvre fut riche et pleine et a gardé quelque rapport avec la Vendée puisque son livre principal "Les Tragiques" fut imprimé dans les caves de son logis à Fort Doignon, commune de Maillé. Orphelin de mère, il fut élevé par son père dans les idées réformistes et l'intransigeance. Il atteignit une belle érudition, apprenant les langues latine, grecque et hébraïque dès l’âge de six ans, puis perfectionna ses études à Paris, tra- vaillant notamment les mathématiques, l'histoire et la théologie, avant de partir à treize ans à Genève auprès du grand théologien protestant Théodore de Bèze. Ayant promis à son père, qui mourut peu après le début des Guerres de Religion, de venger l’honneur de ces amis calvinistes, il entra en guerre, participant aux batailles de Jarnac et de Moncontour, échappa de peu au massacre de la Saint- Barthélémy. Il servit avec zèle son ami Henri de Navarre dont il fut l'écuyer et l'ami, avec lequel il combattit en Gascogne, dans le Midi, l'ouest et le nord de la France. À la mort du roi Henri III, le roi de Navarre devenu Henri IV, les guerres redoublèrent d'intensité contre la Ligue qui voulait à tout pris un roi catholique. Agrippa d'Aubigné participa aux combats en Nor- mandie puis au siège de Paris. Mais, indigné du projet du roi de se convertir à la religion catholique, il s'éloigna de son ancien ami et se retira à Maillezais, dont il avait été nommé gouverneur en 1589, habitant plus précisément Fort Doignon, sur la commune de Maillé. Il s'y recentra sur ses activités littéraires la poésie avait toujours trouvé une place dans les errances de ses campagnes militaires, tout en restant attentif à la politique du roi Henri IV. Celui-ci mort en 1610, d'Aubigné lutta pour défendre la religion réformée et les acquis de l’Édit de Nantes mais, menacé, il dut se retirer à Saint-Jean d'Angély, à une époque où le nouveau roi Louis XIII et son ministre Richelieu étaient prêts à tout pour assujettir définitivement les Protestants de France. En 1620, Agrippa d'Aubigné se réfugiait à Genève, où, ne possédant plus rien, il était hébergé par la ville. Il y mourut en 1630. Théodore Agrippa d’Aubigné Poète et historien Il y a trois cent-soixante-dix ans naissait à Pons Agrippa d’Aubigné. L’écrivain a laissé trace dans la littérature nationale après une vie d’action et de réflexion
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    13 Son œuvre, abondanteet de grande ampleur dans tous les domaines ou presque, fut ensuite oubliée à l'époque classique, et il fallut attendre les romantiques, Sainte-Beuve et Victor Hugo pour qu'elle fût remise à l'honneur. Ses livres en prose ont vocation de témoignage et vé- hiculent les idées d'Agrippa d'Aubigné autant que celles des Réformés aux époques difficiles. La plus importante est sans conteste son "Histoire universelle", publiée en plusieurs parties en 1616. Elle suit les événements qui secouent le royaume de 1553 à la mort d'Henri IV et offre le vécu des Huguenots et leur point de vue sur les conflits. "Les aventures du baron de Fæneste" et la "Confes- sion catholique du Sieur Sancy" sont des récits satiriques et par- fois picaresques sur les mœurs de l'époque, particulièrement celles des petits seigneurs catholiques qui n'hésitent pas à changer de religion selon les courants du temps. La dimension religieuse est aussi bien représentée avec les "Méditations sur les psaumes", "Le caducée ou l'ange de paix" et "l'Hercule chrétien". Mais c'est surtout par la poésie que l'on connaît Agrippa d'Aubigné Pas sa poésie religieuse inspirée par la Bible, dans laquelle il n'hésite jamais à donner en exemple son sen- timent religieux, comme pour guider les fidèles de la Ré- forme. Pas sa poésie lyrique qui épanche mille frissons, de ferveur et de frustration emmêlées, dans les poèmes d'amour du recueil intitulé "Le printemps". Mais bien dans sa grande œuvre intitulée : " Les Tragiques ". Œuvre protée de près de onze mille vers, multi tons et multi ambitions, qui assemble mille tableaux plus tranchants les uns que les autres, qui ont pour toile de fond les Guerres de Religion. C'est un livre de colère et de hargne, aux lignes par- courues par de grandes flambées d'invectives qui se gon- flent en amples hyperboles. d'Aubigné y déploie la fougue de son ca- ractère impétueux et son énergie grandiose de visionnaire. Il montre du doigt et il pourfend, dans une satire d'une âpreté sans mesure où les rages partisanes se déroulent en imprécations qui maudissent. La thématique du corps blessé, torturé, réduit à la putréfaction, allant jusqu'au macabre, revient fréquemment dans ces vers de désolation et d'emportement. Et couchés dans le feu, ou de graisses flambantes Les corps nus tenaillés, ou les plaintes pressantes De leurs enfants pendus par les pieds, arrachés Du sein qu’ils empoignaient, des tétins asséchés Le poète multiplie invocations lyriques ou élégiaques, allégories assorties d'une satire ru- gueuse, explications théologiques, et récits anec- dotiques qui nourrissent une épopée à multiples facettes, une sorte de "légende du siècle". Avec d'Aubigné, nous sommes entrés dans le Baroque. Le Ba- roque de la couleur et de la démesure, de la puissance et de l'emphase, dont le courant artistique a déjà inondé l'Europe et commence à déferler sur la France. Sa per- sonnalité intransigeante et son œuvre flamboyante sont à redécouvrir. Alain Perrocheau
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    14 Louis Ferdinand Céline Inédit! Cela arrive fréquemment. « Un peu trop peut-être » affirment certains critiques ou comploteurs : ...Le fait de retrouver régulièrement des enregistrements de chanteurs, des tableaux de maîtres, ou des manuscrits d'auteurs, que l'on croyait disparus ou que l'on découvre « post-mortem ». Ne jouons pas les « rabat-joies » et soyons heureux que l'on ait retrouvé des manuscrits de Céline, auteur honni ou adoré, selon les uns ou les autres. Sous le titre de « Guerre » l'éditeur Gallimard, qui a du réflexe, a mis en forme une liasse de deux cent cinquante feuillets, pour offrir au lecteur un roman inédit et inconnu de l'auteur du « Voyage au bout de la nuit » L'action se passe durant la « Grande Guerre » dans l'abattoir international » comme l'appelle Céline. Le roman d'un soldat blessé au Front, hospitalisé, avant d'être transféré à Londres en Angleterre. Le soldat ressemble comme deux gouttes d'eau à l'auteur, qui aura l'occasion, tout hospitalisé qu'il est, de bénéficier des attentions d'une infirmière. Ce livre tient à la fois du récit ou du roman comme souvent avec l'auteur de « Mort à crédit » ou de « Guignol's Band », Bras explosé par les balles, crâne défoncé, le soldat « héros » du livre Guerre (celle de 14-18) souffrira atrocement, avant d'être secouru par un officier anglais qui le transportera d'urgence à l’hôpital du côté de Hazebrouck. Entre actualité et imagination, cet ouvrage à suscité on s'en serait douté, des observations. Des esprits avisés pensent que ce roman, est en -quelque sorte- un additif ou un complément du « Voyage au bout de la nuit ». Une chose est sûre cependant : Le manuscrit retrouvé de « Guerre » a été écrit (daté par l'au- teur) après « le Voyage ». Il s'agit donc bien d'un autre livre de Céline. Un livre inédit, où l'auteur insiste sur l'horreur de la guerre et de la mort. Avec son style qui fait, comme il l'affirme et le recom- mande, à la manière d'une ordonnance (il était médecin)... « ...travailler l'imagination... » Selon lui, tout le monde peut en faire autant… « il suffit de fermer les yeux… c'est de l'autre côté de la vie... » Joël Bonnemaison Louis Ferdinand Céline Guerre Gallimard, 185 p., 19 €
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    15 Antoine Blondin Antoine acent ans !!! Bon anniversaire Antoine ! Cent ans, ça compte dans une vie ! Antoine Blondin est né en 1922 ! 22 « Voilà les flics » avait-il l'habitude de lancer… (Comme le lançaient les célèbres « Pieds Nickelés ») au sortir des bistrots de St Germain des prés. Au demeurant, sur ses vieux jours, Antoine ressem- blait à Ribouldingue, l'un des trois « Pieds Nickelés » justement. Avec sa barbe, sa casquette. Reporter, chroni- queur, au journal L’Équipe pour suivre le Tour de France cycliste. Ses « papiers » font encore référence. On citera l'article sur Louison Bobet. Un portrait de légende. Cent ans ! Monsieur Jadis est de retour ! Mais la bienséance, la « Boboserie » à la mode, n'en n'a cure. Blondin n'est pas leur tasse de thé. Normal, il avait du talent… peu compatible avec la tendance du moment. Comme l'on s'efforce d'être à peu près bien élevé, on ne citera personne … Écrivain à « l'humeur vagabonde », il avait l'amitié chevillée au corps. Ami sincère et véritable, on sait qu'il avait consacré un livre « Monsieur Jadis » à la mémoire de son ami Nimier. Avec ses copains, « Les Enfants du Bon Dieu » il a réé- crit le passé de la Nation, à sa façon… pas triste, comme il se doit. Disparu en 1991, alors que les copains le suppliaient d'attendre son centenaire (2022) de manière à arroser dignement l'événement de façon solennelle, il a préféré « mourir de son vivant » pour reprendre une de ses cita- tions -maison- favorites. Saint Germain des Prés se souvient de l’écrivain qui avait toujours soif, et qui commandait deux consomma- tions- en général deux Ricards- en même temps, (et non pas l'un après l'autre) avant de renouveler la commande au serveur d'un tonitruant : »Remettez-nous çà ! » Malgré ses cent ans,Antoine est toujours là, présent dans la tête de quelques amis encore vivants, et surtout présent dans le cœur de ses fidèles lecteurs. Mais nous savons bien qu'il « n'y a pas plus présent que le passé »… Monsieur « Jadis est de retour » ! C'est le titre du bouquin d'Yvan Audouard (à ne pas confondre avec Michel Audiard) toujours un peu aigri celui là, mais qui aimait bien Antoine. Pour ses cent ans, on aurait pu lui donner le Gon- court à Antoine, qu'il avait raté de peu. Il obtint tout de même un lot de consolation : le prix Interallié, pour « Un Singe en hiver » . Son ouvrage « L'Humeur vagabonde », candidat au Goncourt, n'avait pas convaincu les Biens Pensants, ni les « propriétaires » de la Culture de l’intelli- gentsia parisienne . Çà n'aura pas empêché , quoiqu'il en soit, Antoine de « remettre çà » ! Cent ans ! Et toujours là. Et pourquoi les morts ne vivraient-ils pas ? » « Les vivants meurent bien « C'est du Blondin pur. Ses confrères en littérature -en tout cas les bons- ap- préciaient sa finesse et encore plus sa culture. Sa modes- tie aussi, en privé… où il parlait de tout, et de tous les sujets, sauf …. de littérature.. Il avait vingt six ans, quand son père s'était suicidé … Il disait « Au ciel il ne manque plus que moi » Main- tenant qu'il y vit on espère qu'il a épanché sa soif ! Lui qui clamait dans tous les zincs de Montparnasse, avoir une soif « de toute éternité »… J. Bonnemaison (deux livres d'Antoine Blondin sont réédités à ce jour : « Ma vie entre des lignes » « Un Singe en hiver » aux Éditions de la Table Ronde
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    16 Les Oiseaux Voyageurs Librairieà Saint-Gilles-Croix-de-Vie Marie Brelet et Matthieu Guilloton, les deux Oiseaux Voyageurs associés, ont osé poser leurs rayonnages à deux pas du pont de Saint- Gilles en décembre 2019. Ils en avaient envie, estimaient qu'une librairie indépendante manquait à la commune, alors ils se sont lancés. Un local bien pla- cé qui se libère, un peu de financement participatif, un prêt d'une « CIGALE » pour soutenir le projet, une banque qui fait confiance, beaucoup de courage et d'huile de coude, et les voilà disponibles pour les clients. On imagine sans peine les bâtons dans les roues liés au Covid quelques mois après l'ouverture. Pourtant, trois ans après, ils sont toujours là et bien présents. La librairie se veut généraliste : romans, BD, mangas, voyages, littérature liée à la mer. (De la porte, on voit l'estuaire de la Vie). Les deux compères mettent aussi en avant des thèmes d'actualité : féminisme, avortement, Ukraine, écologie... Les amateurs pourront feuilleter des Vinyles ou des cartes postales originales. Ce que vous ne trouvez pas, ils vous le commanderont, ce n'est pas plus dif- ficile que ça. N'hésitez pas à franchir le seuil et à flâ- ner parmi les présentoirs. L'ambiance est chaleureuse, accueillante. Les conseils sont avisés, pertinents. Peut-être croiserez-vous un auteur en dédicace qui vous attend, derrière sa petite table, le stylo à la main, installé devant la boutique quand le temps le permet. Au préalable, vous pouvez vous rendre sur Instagram ou sur Facebook pour élargir votre information et, pourquoi pas, contacter directement la librairie. Pierre Deberdt 07 67 20 28 30 [email protected] 2 rue Gautté, 85800 Saint-Gilles-Croix-de-Vie Les libraires sont un acteur indispensable de la chaîne du livre et on ne peut que se réjouir de l’éclosion ces der- nières années de nombreuses boutiques indépendantes. Une preuve, parmi tant d’autres, que les lecteurs sont de- mandeurs de conseils personnalisés. On pousse la porte du libraire de la même manière que l’on pénètre dans une épicerie fine ou chez un ca- viste. L’odeur des livres y est aussi exaltante que les ef- fluves d’une épice rare ou d’un grand cru. Et justement, ce que l’on attend du libraire c’est qu’il nous vante avec enthousiasme cette petite pépite, ce grand cru littéraire connu ou méconnu qu’il a déjà lu et qu’il sait corres- pondre à nos goûts. Zoom sur l’ALIP Association des Librairies Indépendantes en Pays de la Loire
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    17 Qu’est-ce que l’ALIP? C’est en avril 2012 que l’ALIP a vu le jour, aboutisse- ment d’un projet développé par et pour les libraires de la région. Elle est née de la volonté d’un certain nombre de libraires d’échanger sur leurs pratiques professionnelles, d’organiser des actions communes et de mener une réflexion collective sur leur métier. A ce jour, environ 70 librairies indépendantes, généralistes ou spécialisées, sont regroupées dans les cinq départements de la région Pays de la Loire. Un accueil de qualité avec des conseils personnalisés et un soutien à la création éditoriale Aidée par la DRAC et la Région des Pays de la Loire, l’ALIP soutient et promeut l’action des librairies indé- pendantes dans le souci d’un maillage territorial et avec une éthique commune : un accueil de qualité avec des conseils personnalisés et un soutien à la création édito- riale. Des acteurs locaux Un site de proximité pour les lecteurs Depuis novembre 2016, un portail régional, site internet de géolocalisation et de réservation, est mis à disposition du lecteur. Un outil formidable, pour les lec- teurs mais aussi pour les auteurs régionaux qui ont ainsi une plus grande visibilité. Le principe : chaque lecteur peut réserver ou commander le livre de son choix dans la librairie la plus proche. De plus, L’ALIP met à disposition du grand public des supports de communication (marque-pages, sacs tis- sus, etc) pour faire connaître les engagements de la librai- rie indépendante. L’ALIP est aussi un relais représentatif auprès des instances régionales, nationales et syndicales. Elle contribue ainsi au renforcement de la lisibilité de la librairie indépendante. L’ALIP participe également à la dynamique interprofessionnelle du territoire en colla- borant étroitement avec Mobilis, la structure régionale pour le livre et avec le Coll.LIBRIS, collectif d’éditeurs en Pays de la Loire. Du raisin et des bouquins Cette opération est née il y a quatre ans, à l’initiative de l’ALIP. Cette année, elle s’est déroulée du 13 au 27 oc- tobre. Le principe est d’associer la dégustation des grands crus de la rentrée littéraire avec les vins. Un programme réjouissant. C’est donc en partenariat avec des cavistes ou restaurants que chaque libraire organise sa propre mani- festation, en invitant éventuellement des auteurs. Je suis allée à la soirée organisée par Clémentine Bar- ranger, gérante de la librairie « Au chat lent » à Chal- lans, également vice-présidente de l’ALIP. Cela se passait chez son voisin, le restaurant Caillebotte tenu par le chef Sylvain Bourmaud. Une vingtaine de personnes s’étaient inscrites. La soirée fut gouleyante, les mots et les vins ont été savourés avec le même plaisir autour d’une sélection de quatre ouvrages, faite par Clémentine et sa stagiaire Leslie, et des accords mets et vins concoctés par le chef et son sommelier en adéquation avec la thématique de chaque livre. Je plébiscite ce genre d’initiatives qui montre tout le dynamisme de nos libraires et de l’ALIP et vous invite à consulter le site internet de l’association : www.librairies-alip.fr afin de découvrir ses actualités et la liste des libraires vendéens adhérents. Marie-France Bertaud Soirée « du raisin et des bouquins » à la librairie Au Chat Lent. Clémentine Barranger et Leslie présentent leurs quatre ouvrages sélectionnés.
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    18 Arnaud Guichard couverture ThéoLeconte L’Île des oubliées Les Chantuseries, 304p. 22 € - Bonjour, Jean, regarde, c’est mon tout dernier ; il sort de l’imprimerie, L’imprimerie Jauffrit, au Poiré. Ici, tout est fait maison, cou- su main : à vrai dire vendéen et cahiers cousus. Les connaisseurs apprécient. La couverture ? Un jeune, Théo Leconte. Il veut me présenter un livre pour enfants ; ce n’est pas ma ligne édi- toriale mais je le reçois, j’adore rencontrer les gens, c’est toujours enrichissant. Son livre est joliment illustré : - Superbes, ces dessins ! - C’est moi qui les fait... Théo Leconte fera dorénavant mes couvertures, cette belle île, la mer, le phare, c’est lui ! - Et l’auteur ? - Un employé de l’imprimerie ! Je le connaissais bien. Il me montre son manuscrit, je décide de l’éditer : tu me diras ce que tu en penses. - J’ai le rythme, en ce moment, avec la revue et le Prix, un par jour ! Je le rajoute à la pile ! Mais, toi, écrire, éditer, le ver était dans le fruit, les journalistes ont cela dans le sang ! Un livre de poésies, en 72, chez Geste - Je ne sais pas, j’avais déjà publié un livre de poé- sies, en 72, chez Geste. À Presse-Océan j’avais l’actualité littéraire, département que ne me disputaient nullement mes confrères ; mais c’est peut-être comme cela qu’a commencé mon intérêt pour les auteurs ! En 2009, je suis invité à la bibliothèque du Poiré. On me demande d’y créer un atelier d’écriture. Je refuse, ce n’est pas mon truc ! Mais six mois plus tard, je l’anime cet atelier ! Trois années passent, 14 de mes « élèves » ont écrit un roman policier : « Pourquoi rue des Écus ? » Je suis devenu éditeur ! J’apprends, je fais la tournée des libraires. Très important, les libraires ! Aux Sables, un libraire fait un concours de nouvelles avec le livre de Christian Berjon : « le 11 à 11 heures, rue droite» : ses ventes explosent ! Je rencontre Pierre Deberdt, « Code Stéphane » sera ma deuxième publication... - C’est parti ! - Oui ! Cinq livres par an ! Je me suis calmé, mainte- nant, c’est trois, mais il faut garder le rythme ! - Tu as le flair pour dénicher les bons auteurs : Les Chantueries décrochent de nombreux Prix littéraires, en Vendée et le Club littéraire national du Lyon’s Club ! - Je recevais 300 manuscrits par an, j’ai publié 49 livres pour vingt-sept auteurs. Mes auteurs, tu les connais ! Je les emmène avec moi dans les salons. Tu as même acheté leurs livres ! - Je n’ai jamais regretté ! À chaque fois, je recherche ce qui t’a plu chez ce nouvel auteur. On le dit, chacun a sa ligne, son style, sa marque. Être curieux, innover - En fait, ce que j’apprécie le plus, c’est ma liberté, j’aime, je choisis, je publie. Au journal, on s’interdisait certains sujets : « Il ne faut pas ! Tu comprends ! ». Non ! je ne comprenais pas, Il faut être curieux, innover ; j’avais une rubrique : « L’été des écrivains » ; J’y ai invité de nombreux auteurs, dont Yves Viollier. Être curieux, voir du monde. - Et là, éditeur, tu n’arrêtes pas ! - Voir, lire, corriger, éditer, voir la presse, courir les libraires. Je suis tout seul avec ma femme, pas de comité de lecture, pas de correcteur... - Quelle pression, mais cela fonctionne. - C’est mon univers ; pourtant j’ai bien d’autres lubies : j’aime l’Art, j’aurais aimé peindre, faire de la musique, j’avais aussi pensé deve- nir Conservateur de Musée... Toi, tu traques les auteurs et les lecteurs - C’est ton côté collectionneur. Je vois toutes tes petites voitures... - J’en avais près de 4 000 ! - Tu collectionnes aussi les Ducrot ! - Roger ? Une autre rencontre ! Regarde, il a peint ma petite famille, et même le petit chat ! - Et sinon, d’autres passions ? - La voile ! J’ai eu trois bateaux, un croiseur côtier, « Le dernier des Mohicans »
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    19 Bertrand Illegems éditeur auPoiré sur Vie « Les Chantuseries » un dériveur... - Et ta Facel Véga ! - Ma première voiture, il y a cinquante ans, je l’ai toujours... - Finalement, tu es un Conservateur de musée, à ta manière, et avec ta Facel Vega, tu me fais penser au Commissaire Laurence dans « Les petits meurtres d’Agatha Christie », à la télévision le dimanche soir. Toi, tu traques les auteurs et les lecteurs, un succès à chaque épisode ! Finalement, c’est un style éditeur. André Hubert Hérault a une « Pagode », Joël Bonnemaison une Jaguar, Bonne ambiance aux Chantuseries ! Accueil décontracté, vue sur rue Souvenirs, souvenirs Roger Ducrot n’a pas oublié le petit chat ! j’aime bien les belles voitures... Il y encore de bons journalistes... - Peut-être, mais ce que j’aime surtout, c’est la curio- sité, la rencontre avec de nouveaux horizons. J’ai publié un auteur de Narbonne sur un sujet qui n’avait rien de « Vendéen ». l’auteur, Ingo Grünewald, m’a sélectionné les bons libraires, dans toute la France. J’ai fais ma tour- née. À Sète, j’ai réussi à voir la rédactrice du « Midi Libre » ! Le lendemain, j’avais un grand article pleine page. Le culot, cela peut payer, il y encore de bons journalistes... - Et de bons auteurs qui ont des bons éditeurs... - Et aussi des lecteurs ! La Facel Véga au salon de Maulévrier avec André Hubert Hérault!
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    20 Laurence Pain couverture ThéoLeconte Seulement deux mots de français « Tour Eiffel » , Renaissance d’un en- fant du Bangladesh en Vendée Les Chantuseries, 384 p. 18 € Inspirée de faits réels, l’auteure se met dans les pas d’un adolescent du Bangladesh, dont les parents ont été assassinés dans des mafias. Son périple le conduit jusqu’aux Moutiers-les-Mauxfaits (Vendée), grâce à l’action de l’OFPRA à Paris. Laurence Pain, alors ensei- gnante de français au collège des Moutiers-les-Mauxfaits, a vu arriver ce jeune dans sa classe. Elle a été le témoin de l’élan de solidarité qui s’est formé autour de lui, avec élèves et enseignants. Rien n’aurait été possible sans la volonté de ce jeune, sa soif d’apprendre. On suit toutes les étapes de son intégration. Un récit chaleureux, hu- main, qui fait du bien dans le contexte actuel. B.I. Liste des 27 auteurs des éditions Les Chantuseries dans l’ordre de l’édition des livres Pierre Deberdt Jacky Sabiron Philippe Ecalle Ingo Grünewald Adrien Babarit Nicolas Richard Peter Robert Scott Philippe Roirand Joseph Briand Michel Dillange Frédérique Jaumouillé Régine Albert Laurence Pain Christian Berjon Alain-Pierre Daguin Louis Gouraud Ambroise Gasnet Jean-Marcel Boudard Jean-René Guicheteau Hélène Nouzille Emmanuel Nicoleau Valentin Recoquillon Jean-François Dietrich Jean Defaye Marie Moreau Arnaud Guichard Bertrand Illegems - Oui, mais là, j’ai peur que cela faiblisse un peu. On s’adaptera. De toutes façons je ne gagne pas d’argent... - Tu es riche de tes rencontres et de tout ce pe- tit monde qui gravite avec bonheur autour des « Chantuseries » ! - Ah ! J’oublais ! Un auteur rencontré dans un salon a réalisé un petit film sur moi : il l’a intitulé « Le dernier des Mohicans » ! - J’oubliais aussi tes salons littéraires, aux Chantuseries. J’y ai retrouvé de nombreux auteurs vendéens et l’ambiance des « Gueux » au salon de Montaigu ! - Oui ! Tout un petit monde où je suis heureux de trouver ma place, un « maillon » dans la vie vendéenne ! Deux jours plus tard J’ai lu ton livre, « L’île des oubliées ». Au début, je me suis demandé si j’allais supporter longtemps toutes ces chipies et leurs disputes de pensionnat. Mais je me suis très vite laissé entraîner, probablement comme toi, par une intrigue et une atmosphère captivante. J’espère que ce nouvel auteur aura du succès et que sa veine ne se tarira pas. J’ai aussi reçu la liste de tes auteurs, de bonnes plumes. évidemment triées sur le volet ! Dédicaces à la librairie Agora, Jacques Auxiette est là ! Michel Dillange et le préfet Jacques Brot, à Montaigu, stand des Chantuseries
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    21 Bertrand Illegems couverture ThéoLeconte La Commère - Nouvelles et théâtre Les Chantuseries, 164 p. 18 € La couverture suggère l’idée de voyage au long-cours. C’est le cas. Tout d’abord au fil de sept nou- velles, plus originales les unes que les autres. La première nouvelle donne son nom au titre du livre. Une nouvelle où le lecteur largue les amarres pour un voyage, entre poésie et pure fantaisie. Un fil rouge conduit le lecteur d’un regard à un autre. Il faut se laisser embarquer par cette foison d’images. Puis suivent trois nouvelles sur le thème de l’amour, et trois nouvelles sur le thème de la spiritualité. Là aussi, le voyage littéraire est passionnant. Le livre se termine par un long dialogue de théâtre, à deux personnages, A et B, dans l’esprit des Diablogues de Roland Dubillard. Pétillant de drôlerie, d’humour, d’invention avec par une belle émotion musicale à la fin. B.I. Peter Robert Scott Dessin de couverture de l’auteur Le quatrième mariage de Madame Couvrefeu Les Chantuseries, 244 p. 20 € Les lecteurs qui connaissent bien l’écriture de Peter Robert Scott vont se régaler, avec ce nou- veau roman de l’auteur anglo- français-vendéen. Peter possède l’art d’associer humour et regard plein de tendresse et d’acuité sur ses personnages et l’humanité. Ce mélange divertissant immerge le lecteur dans un petit coin de la Venise Verte, où vivent des veufs. Tandis qu’un peu plus loin vivent exclusivement des veuves. On devine que les rencontres ne manqueront pas de sel. D’autant plus que l’ombre de François Rabelais veille ! François Rabelais qui a été moine en l’abbaye voisine de Maillezais. Tous les ingrédients sont réunis pour vivre des aventures drôles et émouvantes. Bertrand Illegems Bertrand Illegems Le voyage d’Alice Les Chantuseries, 82 p. 15 € J’ai lu aussi ton « testament », « Le Voyage d’Alice ». entre rêve et réa- lité, toujours cette faculté d’imaginer sans limite, de croire, de s’ouvrir sur un monde plus vaste, plus ouvert, même si c’est un peu illusoire. Sou- venirs d’enfance, joie des rencontres. Décidément, Alice a toujours ses adeptes ! JR Et ton château-fort ! Celui de ton enfance, toujours dans tes vi- trines ! Roger Dubost aux Chantuseries, Madame Illegems aux fourneaux et en représentation avec les auteurs A Chantonnay, le 8 octobre, avec Peter Robert Scott
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    22 - Belleville !Que c’est à Mé- nilmontant... - Bravo ! Parigot ! Belleville, c’est aussi en Vendée... - Non, maintenant c’est Bel- levigny. - C’est vrai ! On a rayé de la carte le nom d’une des familles les plus puissantes du Bas Poitou, celui de notre première femme corsaire... - Femme corsaire ? Pirate, c’est quoi cette histoire ? - C’était au XIVe siècle... - Cela date un peu ! - Oui, une belle histoire quand même ; elle a inspiré bien des romans. Surtout depuis quelques années. La mode est au roman historique et même la té- lévision avec « Des Racines et des Ailes » consacre de nombreuses émissions à l’Histoire... - Oui, comme avec Richard Coeur de lion... - Ou Jeanne de Belleville, qui descend aussi des ducs d’Aqui- taine. Stéphane Bern est venu à l’Île d’Yeu y signer un « Secrets d’His- toire ». - Dommage ! Je ne l’ai pas vu et la vidéo n’est pas disponible... - Ce n’est pas par hasard, cette émission ! Tu l’as dit : Jeanne de Belleville est devenue une star nationale. - Elle l’était déjà en Angleterre ! - Normal, c’est avec Édouard III d’Angleterre qu’elle s’est le plus illustrée. En fait, Jeanne s’est trouvée de plein fouet au coeur de la Guerre de succession de Bretagne avec son second mari Olivier de Clisson : Le duc Ar- thur est mort sans héritier mâle. Son demi-frère Jean de Montfort et son gendre Charles de Blois se disputent le duché. Plus haut, c’est la même histoire avec la succession de Philippe le Bel en France, Son petit-fils Édouard III d’Angleterre prétend au trône échu à Phi- lippe VI de Valois. Les deux conflits ne sont pas étanches, la Bretagne et le Poitou sont à la fois la convoitise et le théâtre d’opérations entre la France et l’Angleterre en pleine Guerre de Cent Ans. Philippe III le Hardi, roi de France , épouse en 1262 Isabelle d’ARAGON dont Phillipe le Bel et Charles de VALOIS Philippe VI de VALOIS roi de France épouse en 1313 Bonne de BOURGOGNE dont Jean Le Bon Charles, cte de VALOIS épouse en 1290 Marguerite de SICILE dont Philippe VI Louis IX roi de France, épouse en 1243 Marguerite de PROVENCE Jean cte de Richmond , duc de Bretagne épouse en 1260 Béatrice d’ANGLETERRE Arthur, cte de Richmond duc de Bretagne, épouse 1) en 1275 Marie de LIMOGES vtesse de Limoges, , dont Guy 2) en 1290 Yolande de DREUX, , ctesse de Montfort, reine d’écosse, dont Jean Henri III PLANTAGENET roi d’Angleterre épouse en 1236 Eleonore de PROVENCE Edouard III PLANTAGENET roi d’Angleterre, épouse en 1328 Phillipa de HAINAUT Edouard II PLANTAGENET roi d’Angleterre épouse Isabelle de FRANCE Jean III duc de BRETAGNE Richmond épouse en 1329 Jeanne de DAMPIERRE dite de FLANDRE Raymond Bérangercte cte de PROVENCE épouse en 1220 Béatrice de SAVOIE, dont El&onore et Marguerite Philippe IV le Bel roi de France , épouse en 1284 Jeanne de CHAMPAGNE Navarre, dont isabelle Edouard Ier PLANTAGENET roi d’Angleterre épouse en 1254 Eléonore de CASTILLE Jean de CHÂTILLON Bretagne épouse en 1388 Margaud de CLISSON Jean HARPEDANNE épouse Jeanne de CLISSON dame de Belleville Olivier V de CLISSON épouse en 1361 Béatrix de LAVAL Guy de BRETAGNE cte d’Etampes, épouse en 1318 Jeanne d’AVAUGOUR, dont Jeanne 2° vers 1328 ? Jeanne de BELLEVILLE, veuve de Geoffroy de CHATEAUBRIANT (veuf d’Alix de THOUARS) sans postérité qui épouse 2° en 1330 Olivier IV de CLISSON, veuf de Jeanne (Blanche) de BOUVILLE 3) vers 1349 Gauthier de BENTLEY Charles de CHÂTILLON Blois épouse en 1337 Jeanne de PENTHIEVRE
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    23 Jeanne de Belleville Premièrefemme pirate ? En fait, les ducs de Bretagne sont cousins des rois d’Angleterre, cousins des rois de France ; les ducs de Bretagne sont aussi cousins des rois de France comme descendants de Raymond Béranger de Provence : un imbroglio qui n’est pas étranger à toutes ces guerres. Jeanne de Belleville aurait épousé Guy de Penthièvre avant Olivier de Clisson. Guy est un autre fils du duc Arthur : sa fille (avec Jeanne d’Avaugour) a épousé Charles de Blois... - Voilà comment tout s’imbrique ! - Les Clisson, comme tous les Bretons, doivent ménager les deux camps ; c’est une lutte d’influence où tous les coups sont permis mais un jeu dange- reux. Olivier de Clisson l’apprendra à ses dépends : le roi de France Phillipe VI l’accuse de félonie et le fait exécuter sans jugement. L’histoire nous est contée dans de nombreux ro- mans. Ils sont tous assez cohérents mais on en ap- prend de plus en plus à mesure que s’ajoutent de nouveaux auteurs. Légende ou réalité ? ...Et là, démarrent l’histoire et la légende : Jeanne se rebelle, pille un château, prend la mer, occis quelques marchands et rejoint Édouard III d’Angleterre. Décapitation d’Olivier de Clisson HISTOIRE... et ROMANS La surenchère se déploie et cette année ; deux nouveaux livres viennent de paraître : « D’écume et de sang» de Mi- reille Calmel et « Jeanne de Belle- ville, la Véritable Histoire » d’As- trid de Belleville. - La Véritable Histoire, avec un grand V et un grand H, on va donc enfin savoir qui croire... - Peut-être ! Je te parle d’abord de la « furie » de Mireille Calmel. Jeanne y crève les pages. Elle multiplie les aventures, les exploits, tue des loups : elle est vraiment « déchaînée ». Mireille sait écrire et nous faire aimer son héroïne... - Elle rajoute à la légende ! - Oui ; on en redemande ; on la comprend, cette Jeanne. On l’aime, on la suit, on la venge... - Attention ! Ce n’est qu’un roman ; parle moi plutôt de la Véritable Histoire.
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    24 Une quête documentaire Astridde Belleville n’est pas romancière mais étudiante en Histoire, Civilisation médiévale, sous la direction de Martin Aurell à l’Université de Poitiers. Tous deux accompagnaient Stéphane Bern à l’Île d’Yeu. Astrid ne dispose pas d’archives fami- liales mais part à la recherche de sources fiables, la chronique Adae Murimuth de Ro- bert de Avesbury et la Chronique normande du XIVe siècle et Les Grandes Chroniques de France. On y voit qu’Olivier de Clisson avait fini par rejoindre son frère Amaury dans le camp d’Edouard III d’Angleterre et prendre parti pour Jean de Monfort, aussi soutenu par les Anglais contre Charles de Blois. Les romanciers font d’Olivier un inno- cent, lâchement assassiné par Philippe VI, victime d’un complot monté par Édouard III et Geoffroy d’Harcourt qui convoitaient les biens d’Olivier de Clisson et de Jeanne de Belleville. Astrid de Belleville veut aussi relativi- ser la cruauté et l’esprit de vengeance de Jeanne, pourtant affirmés dans la chronique normande. Elle souligne l’erreur du chroni- queur à propos de la mort du châtelain de Brest, Gallois de la Heuse, qui s’était en fait échappé (On le retrouvera plus tard dans d’autres aventures) non pas de Brest mais d’un autre château breton non identifié. Relativiser aussi la « piraterie » ; une seule phrase de la chronique dit qu’elle prit la mer et fit en celle saison plusieurs marchands occire. Cette phrase est la seule référence sur cette « piraterie ». Astrid de Belleville ima- gine plutôt que son aïeule a fui la France où elle était poursuivie pour avoir tenté de faire échapper son mari et qu’elle a occis des « marchands », probablement de sel, parce qu’elle avait besoin de se refaire financière- ment et que ce sel provenait peut-être de ses propres marais de la baie de Bourgneuf. - Ce n’est guère plus valorisant. Je com- prends que les romanciers aient choisi une interprétation plus chevaleresque. - Tout de même avec des morts à la clé ! - À cette époque, on éliminait les obstacles sans hésitation. Olivier de Clisson en est un bel exemple. - Astrid indique que les historiens ont été les premiers à créer le mythe de la cor- saire qui voulait venger son mari ; elle cite Dom Morice, Dom Lobineau... - Pitre-Chevalier reprend cette équipée dans les mêmes termes dans son « Bretagne et Vendée » paru en 1844. - La voie était ouverte : une invitation à la romance et à l’aventure. - Et cela finit comment ? - Dans le meilleur des mondes ! Jeanne obtient le soutien d’Édouard qui lui fait petit à petit restituer les terres bretonnes et poitevines sous sa coupe. Jeanne épouse son représentant Gaultier de Bentley qui l’aide également. Son fils Olivier, comme Geoffroy d’Harcourt, rejoindra le camp Français et Olivier, après une belle carrière aux côtés de « du Guesclin », lui succédera comme Connétable de France ; il récupérera tous les biens de ses parents. - Qui seront à nouveaux perdus par sa fille Margot ! - Oui ! L’Histoire se répète souvent ! Margot épousera Jean de Blois-Chatillon, le fils de Charles ! - Et alors ? - Margot reprend la lutte, s’empare en 1420 du duc de Bretagne Jean V à Champ- toceau (petit-fils de Jean de Montfort) et le maintient prisonnier à Clisson, Vendrennes, aux Essarts et même à Bournezeau. Marguerite s’est attaqué à un trop gros gibier, Jean V est le mari de Jeanne de France (Valois), fille de Charles VI, roi de France. Une histoire à rebondissements Vengeance ? Jeanne de Belleville, vitrail de BobVenables
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    25 Jeanne s’empare deChamptoceau et le ruine, contraignant Marguerite à libérer son prisonnier. C’est la fin de la lignée des Clisson et des Penthièvre dont les biens sont confisqués au profit du duc d’Étampes, Richard, frère de Jean V. - Tout ça pour ça ! - Mais encore un autre roman de Patrick Denis qui avait aussi signé un livre sur la femme corsaire : Une cor- saire Bretonne, Jeanne de Clisson. - Patrick est de la même étoffe que son frère Christian, auteur d’un thriller sur Gilles de Rais et cité dans ces pages pour « Leçon à Luçon », il n’a pas peur de faire revenir le père de Jeanne des croisades. Ce n’est pas connu mais pas impossible et nous vaut 100 premières pages très instructives. Patrick raconte l’histoire de Jeanne traversant des épisodes et faits connus et nous entraîne dans la vie quoti- dienne de cette époque à Paris et en Poitou. Ah mais ! Il se trompe de blason pour les Belleville. Comme déjà, il me semble, Laure Buisson (Pour ce qu’il me plaît, Jeanne de Belleville, la première femme Pirate, Grasset) il y a quelques années. Dommage ! Mais ce n’est qu’un détail ! Son livre sur Margot témoigne de sa grande connaissance des dernières péripéties de la guerre de succession de Jeanne de Belleville, publicité joaillerie Boucheron, 2006 Grandes Chroniques de France Marguerite de Clisson, assaillie à Champtoceau Bretagne. - Et sinon ? Les autres ? - Des romanciers, Emile Péhant (en 1868), Elie Durel (Jeanne de Belleville, corsaire par amour, Geste), Isabelle Pelé (Le Coeur flibustier, Ex Æquo). Des « historiens» : Armand de la Fontenelle, Histoire d’Olivier de Clisson, connétable de France, Paris 1826 ; Mme de Clisson, Histoire d’Olivier IV de Clisson, connétable de France, Debécourt 1843. - Les Cahiers de l’Histoire du Pays Maraîchin ont consacré une grande part de leur numéro 6 en 2020 à Jeanne de Belleville. - Et en Angleterre ? - De nombreuses publications aussi... Mais ce n’est pas tout, je lis : Sous la plume du scénariste Roger Seiter, elle va devenir une héroïne de bande dessinée, révèle ce « Secrets d’histoire » à la saveur particulière qui décrypte en filigrane quelques as- pects du célèbre film « Pirate des Caraïbes ». - Un court métrage a été réalisé en 2022 : Jeanne de Belleville, fiction produite par l’asso- ciation K.M production et réalisée par Maxime Pinchaud. Le projet a été présenté au Nikon film festival 2022. - Oui, ce n’est pas fini, la légende l’emporte toujours ! JR
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    26 Suzanne Gachenot Les SœursLoubersac Presses de la Cité, 524 p. 21 € Dans les années vingt, trois sœurs grandissent ensemble dans le domaine de Cazelles, près d’Albi. Unies, mais de caractères affirmés et différents. L’avenir du domaine familial contrarie les projets et les amours. Léonie, l’aînée, va accepter par devoir l’injonction paternelle. Espérie, la cadette, fa- rouche et indépendante, s’enferme dans ses rêves inaccessibles. Rosalie, la benjamine, dé- couvrira à Bordeaux les nouveautés et les plaisirs de la grande ville. Suzanne Gachenot écrit avec bonheur et talent les destinées d’une fratrie attachante et complexe. Avec sensi- bilité, elle propose ici un beau roman qui témoigne aussi des contraintes, des espoirs et des contradictions d’une époque charnière ou chacun - chacune surtout- a du mal à se situer entre le passé qui pèse et le futur qui inquiète. G. B. Françoise Rochais Jongler à la vie à la mort Max Milo , 16 p. 19,90 € Jongler à la vie à la mort. Avec ce titre très fort et si évocateur une fois que l’on a tourné les dernières pages de son livre, Françoise Rochais nous offre une formidable leçon de résilience. Ce mot est beaucoup galvaudé en littérature contemporaine, mais ici il trouve ici tout son sens. Le récit des premiers souvenirs de l’autrice en tant que majorette ont fait écho à mon propre vécu d’enfance challandaise. Là s’arrêtent les similitudes, car ensuite le chemin de vie de Françoise dévie. Avec beaucoup de pudeur, elle jongle avec les mots pour nous dévoiler les outrages subis de la part de proches familiaux. C’est un choc, pour la petite fille qu’elle était, pour nous qui découvrons ces faits horribles qu’elle cachera de longues années. Françoise va traîner derrière elle ses démons intérieurs et son mal-être en se donnant à corps perdu dans l’art du jonglage où elle excelle puisqu’elle deviendra championne du monde à Las Vegas. Au bout du chemin, il y aura – après des aveux à sa famille, une fois à l’âge adulte, cette fameuse résilience dont je vous parlais plus haut pour qu’enfin les cicatrices se referment sur tant d’années de non-dits douleureux. Ce livre exutoire m’a profondément émue. C’est un énorme coup de cœur. Et Françoise Rochais est une femme formidable qui mérite le respect. MFB Deux lauréates ! Prix des Écrivains de Vendée Prix des Écrivains de Vendée - Crédit Mutuel Océan Le comité de sélection avait hésité à représenter Suzanne Gachenot, candidate malheureuse au Prix Charette à Grasla. La lutte homérique pour le Prix la prédisposait pourtant à courir sa chance à nouveau et, cette fois, le jury ne l’a pas laissée passer. Quant à Françoise Rochais, la « Jongleuse », le jury a voulu saluer le parcours de vie exemplaire de cette artiste qui a su relever tous les défis.
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    27 Prix des Écrivainsde Vendée Alain R.P.Bach Stigmates L'Atlantide, 364 p. 20 € Avant de revenir aux Sables- d'Olonne, Pierre Delaunay a vécu des aventures mouvementées : une vie dangereuse pleine d'inat- tendus, quand il s'agit d'enquêter pour retrouver la trace de tableaux spoliés durant la deuxième guerre mondiale par l'armée allemande, des amours compliquées parce que le personnage d'An- nelore est passionné autant que mystérieux, trouble et inquiétant. Se greffent de surcroît dans la trame du récit des questions non résolues de paternité qui taraudent le héros. Bref, des ingrédients qui forment un roman bien fi- celé, imaginé à partir de faits avérés. L'auteur connaît son sujet et mêle avec habileté, l'espionnage, les passions contrariées et la narration des horreurs des conflits. Jamais le lecteur ne perd le fil de cette histoire malgré sa complexité. Un beau roman qui tient en haleine. Pierre Deberdt Florent Gautier L'Écrivain et le Prince Librinova, 245 p.15, 90 € Un premier roman étonnant. Dense, foisonnant. Un jeune poète est confronté à un tyran. L'histoire est prenante et les joutes verbales, justes, tournent autour de réflexion sur les démocra- ties occidentales. Les libres penseurs ont toujours dérangé. Et notre poète est en bien mauvaise posture face à l'oppresseur avec pour seule arme, son esprit et des mots bien aiguisés. Des fables de Charles Perrault et d'Ivan Krylov, émaillent à point et à merveille le roman. Les premiers chapitres semblent évoquer un temps et un lieu mal définis, il en va tout autrement quand au fil du récit, quelques cruelles vérités sur notre temps sont révélées. Qui se cache derrière "L'Écrivain ", qui est véritable- ment "Le Prince" ? ET Michelle Mazoué La femme du maître tailleur Terres d’Histoires, 315 p. 18,90 € Vous l’avez certainement re- marqué : plusieurs romancières vendéennes ont acquis, en peu d’années, une notoriété et un pu- blic de lecteurs qui leur ont ou- vert les portes de grandes maisons d’édition nationales. Parmi elles, Michelle Mazoué, qui vit à La Tranche-sur-Mer, et dont le livre précédent, Le secret des Jeanne, avait déjà suscité beaucoup d’intérêt. A la fin du XVIII e siècle, Mathilde, son héroïne, une jeune lavandière parisienne, vit très pauvrement. Em- bauchée chez un grand tailleur, elle est mariée contre son gré au fils de la maison, un homme cynique et brutal qui la maltraite. Mathilde trouve un réconfort auprès de Nicolas, le jeune apprenti de l’atelier, doux et prévenant. Après bien des péripéties, celui-ci, ignominieusement ac- cusé, sera arrêté et envoyé au bagne à Toulon. Mathilde s’est jurée de le rejoindre et de le délivrer... Voilà un beau roman historique, bien construit, servi par une écriture élégante, qui allie la justesse des lieux et des situations, le romanesque et le suspense. La suite, Le mauvais œil, qui vient tout juste de paraître, est attendue avec gourmandise. G. B. Daniel Tranchant La Vendée au bout du chemin Vdl, 234 p. 20 € Le titre l'indique, il y est question de destinées bousculées par la guerre, celles de Martha et de Gus. D'une écriture limpide, l'histoire de cette petite fille, exi- lée flamande pendant la Première Guerre mondiale. Pour son salut, sa famille, jetée hors de leur maison par les Allemands, a dû fuir la ville occupée. Martha ra- conte avec ses yeux d'enfant, la Grand-mère oubliée à l'étage dans la précipitation, le Grand-père héroïque qui retourne la chercher dans la maison occupée par l'en- nemi redoutable et la ramène dans la brouette. Elle dit l'horreur, la peur au ventre, la fuite, la faim, la soif, les longs convois sur les routes, tout ce qu'on laisse sur ces routes de misère, l'errance vers la mer... Loin vers l'in- connu. Quelque part en Vendée il y a Gus et ses parents, la ferme, et... la guerre. Le chemin des deux héros est chaotique, long, terrifiant, et va se croiser... L'auteur re- visite cette époque avec brio en s'appuyant sur des témoi- gnages et met en lumière un pan mal connu de l'histoire. Eveline Thomer
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    28 2 juillet, leSalon d’Angles, une première intéressante C'est à l'initiative de la mairie d'Angles (de son maire Joël Mauvoi- sin) et de JB Produc- tion que s'est tenu le premier Salon du Livre d'Histoire d’Angles du- rant le premier samedi du mois de juillet. Un salon où l'originalité résidait dans le nombre réduit du nombre d'écrivains, pas plus d'une douzaine (Viollier, Louboutin, Yborra, Hé- raut, Raigniac, mais aussi Jacques Bernard, Dominique Sécher, Catherine Girard-Augry, Philippe Meyre...). Un concept de salon dont le créateur Joël Bonnemaison (JB Production) avait l'idée depuis pas mal de temps, idée enfin concrétisée. Certes, il n'aura manqué que la foule, pro- bablement partie sur les plages durant cette journée de début de vacances estivales, de plus extrêmement ensoleillée. Mais, surprise, le pu- blic venu était acheteur ! « J'ai vendu plus de livres qu'à Montaigu au printemps dernier », ont affirmé plusieurs d'entre eux. Etonnant, non ? Mais probablement que ce concept laisse plus de place aux vrais lecteurs, plus de temps aussi aux écrivains pour échanger avec son pu- blic. Une nouvelle édition est prévue en 2023. Reconnais- sance !? Chaque humain a besoin de reconnais- sance c’est entendu. Et les écrivains beaucoup plus, les artistes en gé- néral… J’avais déjà dû écrire dans ces colonnes voilà quelques années que le jour où je trouve- rai un de mes livres dans les bacs du Boul’Mich à Paris à 0,20 euros (j’y avais trouvé un Ragon, « La louve de Mervent »), je serais un grand écrivain ! Bon, je ne suis pas un grand écrivain, j’écris en vain, sur le vin aussi ! Mais j’écris, je ne peux m’en passer. Comme lire ! Aussi, je me contentais de l'idée de retrouver, un jour prochain, un de mes livres dans un vide-grenier ou une bibliothèque rurale pour flatter ma vanité. Eh bien ça y est ! Elle est enfin flattée ma vanité ! Car j'ai vu un de mes recueils de nou- velles (« Chute libre », Petit Pavé) chez Em- maüs, aux Essarts l’au- tomne dernier ! Parfai- tement. Et il y en avait des livres dans ce lieu, par milliers ! Mais je n'y ai vu que « mon » livre ! Que j'ai acheté 1 euro ! Je l'ai même relu ! Ce que je n'avais jamais pris le temps de faire depuis sa publication. C'est fou, non ! Je m’aime ! J’adore fouiller dans ces lieux, Emmaüs ou bibliothèques de rues. Ces derniers temps, j'y avais trouvé du Viollier (« La chasse aux loups », chez Flammarion !), du Prouteau (« Les fleurs de l'âge », des poèmes, ses meilleurs), du Alain Perrocheau (Le naufragé picton »), du Christoph Chabirand (« Halloween ») et même du Régine Albert (« Les pierres de sucre », son premier recueil de nouvelles !) et du Pierre Yborra (« Le coureur d'infortune »).... Mais pas « moa » jusqu'à ce jour de fin septembre aux Essarts ! Depuis, comment dire, je me sens bien ! Très bien même ! C'est ballot, non !? Mais si je dis des bêtises, vous m’arrêtez !… Philippe Gilbert
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    29 SORTIES... Louboutin et Meyre PrixGilbert-Prouteau 2022 C’est durant ce salon qu’a été remis le prix Gilbert-Prou- teau. Un Prix sérieux qui ne se prend pas au sérieux, qui de- mande d’avoir connu et lu du Prouteau, le natif de Nesmy (1917-2012), écrivain qui fut aussi cinéaste. Cerise sur ce gâteau : le ou les « osca- risés » ne sont pas prévenus. Ainsi Hervé Louboutin, journaliste, notamment en Vendée, à la direction départementale de Presse-Océan dans les années 1980. Années où il se lia à Gilbert Prouteau, jusqu’à co-écrire un ouvrage ensemble (Les Enfants du pays, 1983). « Gilbert était mon ami », s’est ému Hervé Lou- boutin, qui a rappelé quelques mer- veilleux moments qu’il a passé avec lui, en écrivant cet ou- vrage, mais aussi au Puy du Fou, ou encore lors de « l’affaire Gilles de Rais »… « Prouteau était le roi du canular ! Avec lui et son épouse Hélène, j’ai passé de merveilleux moments de rigolade, de déconnade »… Oui, touché l’ami Hervé… Bien plus que l’autre récipiendaire, Philippe Meyre, surprenant Prix Gilbert-Prou- teau, « alors que je ne l’ai jamais rencon- tré ! » Mais l’avocat nantais, dans son der- nier ouvrage intitulé « L’iconoclaste », une biographie du journaliste Joël Bon- nemaison, rappelle longuement une anecdote sur Gilbert Prouteau, notam- ment une farce qui avait mal tourné en 1999, et avait valu quelques ennuis, plutôt injustifiés, à Bonnemaison. Hervé Louboutin et Philippe Meyre succèdent au palma- rès à Yves Viollier et Claude Boisumeau (à Cerisay en 2021), et à Régine Albert (à Grasla en 2020). PhilG Pour une troisième session –les deux premières avaient eu lieu en 2013 et 2015– l'ICES de La Roche-sur-Yon a réuni étudiants et auditeurs ex- térieurs pour un colloque sur la Vendée littéraire. Durant cinq demi-journées, une vingtaine de conférenciers rassemblés par Jean-Marc Joubert, directeur de la Faculté Lettres et Langues, sont in- tervenus sur les thématiques suivantes : Territoires vendéens, Vision de la "Grande guerre" (celle de 93), Figures de Vendéens, La Vendée littéraire an- ciens et nouveaux styles, La Vendée terre de "po- lars". Cinq d'entre eux étaient des membres de la Société des Écrivains de Vendée. René Moniot- Beaumont a présenté Elder à Noirmoutier, Michel Chamard a focalisé l'attention sur Julien Grac géographe de la Vendée, Hervé Louboutin a évo- qué Châteaubriand et la Vendée, Yves Viollier a expliqué son cheminement du roman au roman graphique, et Alain Perrocheau a développé Fon- tenay-le-Compte, la fontaine des Beaux-Esprits de Rabelais à Rapin. Leurs communications et toutes les autres de ces trois jours de découvertes studieuses trouveront leur prolongement dans une publication intitulée "La Vendée littéraire III" d'ici quelques mois. Alain Perrocheau Colloque à l’ICES, La Vendée littéraire III Les 25, 25 et 26 octobre
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    30 Jard sur Mer,Escale littéraire, le 18 septembre Une escale littéraire qui portait bien son nom. À deux encablures du port, le centre ville de Jard sur mer était parsemé de tivolis sous lesquels les discus- sions allaient bon train. Chaleureuses retrouvailles entre auteurs et lecteurs après une absence de trois ans ! Assurément une belle journée grâce à l'organisation sans faille des respon- sables médiathèques et des bénévoles ! https://escalelitteraire-vendeegrandlittoral.fr Eveline Thomer L’Épine, 5 et 6 août Après deux années d’interruption en raison de la pandémie, le salon du livre de l’Épine sur l’île de Noirmoutier a repris ses marques les 5 et 6 août derniers pour le plus grand plaisir des lecteurs et des auteurs, grâce à l’énergie débordante de Fanny Mainguet, présidente de l’Association du Livre et des Arts, et de sa chaleureuse équipe de bénévoles. Karine Lebert, autrice normande éditée aux Presses de la Cité, était la marraine de cette 14e édition qui réunissait une cinquantaine d’auteurs. L’association, en collaboration avec les éditions Past’elles, a présenté à cette occasion le recueil de nouvelles édité suite au concours organisé en amont, sur le thème « Disparition à Noirmoutier » et les prix ont été remis aux lauréats. Conférences, spectacles, concours de dictée et de parlanjhe ont animé ce salon estivalbienimplantédanslepaysagelittérairevendéen,ausuccèsquinese dément pas. MFB Saint-Gervais, 1er et 2 mai Pour cette 27e édition, l'association Patrimoine et Tradition, emmenée par son Président Gilles Perraudeau, a mis la barre haute en invitant des parrains d’honneur exceptionnels, le chanteur et auteur Yves Duteil ainsi que Stépha- nie Bataille, humoriste, comédienne et également autrice. Une cinquantaine d’auteurs ont répondu présents durant les deux journées de ce week-end du 1er mai qui fut très chaleureux et marqué par un « bœuf » exceptionnel offert durant le déjeuner par Yves Duteil et la chanteuse vendéenne Thérèe, sans compter les conférences et apéros littéraires. Cette année, le Prix Claude Mercier a été attribué conjointement à • André Barreteau pour son récit autobiographique « Dans le silence de mon père » (La Geste - Les moissons), • aux éditions Histoire-Arexcpo Vendée, sous la direction et la plume d’Alain Jouanneau, le président, en collaboration avec Micheline Rambaud, cinéaste de l’ascension du Cho Oyu en 1959, pour la revue hors-série intitulée « Colette le Bret, médecin de la première expédition féminine dans l’Himalaya en 1959 ». Marie-France Bertaud Le Langon, 20 novembre 2022 Une des dernières manifestations de l'année, le Salon du livre d'auteurs régionaux au Langon. Un rituel bien rôdé, la salle prend un air de fête. Les habitués passent plusieurs heures voire la journée avec les auteurs autour des nouveautés de l'année : romans de terroir, recettes de cuisine, polars et autres. Un bar est ouvert en permanence avec des gâteaux maison. Convivialité, partage et bonne humeur autour des organisateurs disponibles et aux petits soins. [email protected] Eveline Thomer
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    31 Le 18 septembre2022, Dominique Bonnin, maire de Luçon a remis le prix du 1er roman de la ville de Luçon à Denis Gout. Ce concours, soutenu par une master class, avait quelques conditions initiales : ne jamais avoir été publié, gar- der un lien avec Luçon et rédiger ce premier livre en neuf mois. Les sept candidats retenus ont suivi cette master class dirigée par Jean-Philippe Charrier, conseiller municipal dé- légué à la communication, accompagnée de Corinne Gi- rard, romancière, et aidée d’intervenants de qualité tels que Christophe Prat d’Ella Éditions et Eloïse Averty d’Astralabe, pour des échanges sur l’écriture et la découverte du territoire luçonnais riche en histoire. En cours d’année, un comité de lecture a donné aux candidats des premiers avis pertinents sur leurs textes. Tous les ingrédients étaient là pour que de bons romans voient le jour et le jury s’est montré d’ailleurs très satisfait du résultat. Ces livres ont une belle diversité de genres littéraires. Anne Beunier évoque la transmission historique et intergéné- rationnelle. Claudine Maubrun maîtrise son épopée familiale avec ses drames et ses rebondissements. Virginie Mosneron Dupin raconte avec humour la quête de sens et de valeurs lorsque le management en entreprise devient toxique et sans éthique. Sophie Vandenbussche imagine un crime qui se dé- roule dans les dédales de Luçon. Le plus jeune des candidats, Jason Gourdin-Servenière relate avec bonheur l’histoire de son grand-père. Enfin, beaucoup de poésie sur un fond de terroir a été proposé par Patrice Hérisset. Gageons qu’ils trou- veront rapidement des éditeurs pour leur publication. Décidemment, les amateurs d’écriture ont un bel avenir en Vendée ! Alain Perrocheau Luçon, Prix du premier roman 18 septembre, une édition très prometteuse ! De gauche à droite : Patrice Hérisset, Anne Beunier, Sophie Van- denbussche, Jason Gourdin-Servenière, Jean-Philippe Charrier, Vir- ginie Mosneron Dupin, Denis Gout (lauréat du Prix), Dominique Bonnin, Claudine Maubrun Concours de nouvelles 2021-2022 de la Société des Écrivains de Vendée Cette première expérience fut un succès. Nous avions convié les écrivains de tous horizons à com- poser un texte original. Les contraintes étaient simples : 3000 mots, une phrase imposée et, si possible, une chute surprenante. 44 auteurs ont envoyé leur pensum. Des jeunes, 12 ans, des plus âgés bien entendu, des auteurs de toute la France attaché ou non à la Vendée et un Québécois, eh oui ! nous ont offert des textes variés. Certains ont fait rire le jury, d'autres ont évoqué des sujets plus graves, d'autres encore ont habilement réussi à glisser la phrase imposée. Le jury a dû trancher. Il a extrait de ces textes anonymes les lauréats sui- vants : 1/Madame Sophie Muller Renaudeau pour « Panier piano ». 2/ Madame Pierrette Gobin Vaillant pour « La petite mélodie du silence ». 3/ Monsieur Yann Bertaud pour « Une poi- gnée de fayots ». Vous pouvez découvrir les textes des dix pre- miers sur notre site internet. Vous trouverez aussi une vidéo de la remise des prix qui a eu lieu lors de notre repas d'été en juillet 2022. Fort de cette première expérience, le jury a dé- cidé de relancer l'aventure. À vos plumes ! Pierre Deberdt Nouveau concours en 2023, du 15 décembre au 15 mars, renseignements et inscriptions sur notre sit https://ecrivainsvendee.wordpress.com
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    32 Aandré Barreteau préface YvesViollier Dans le silence de mon père La Geste, 96 p. 18 € Cette autobio- graphie d’un fils de boulanger de Saller- taine est celle d’un patron vendéen, autodidacte qui « s’est fait ». Le livre de toute une vie aussi, qui ne manque pas de surprendre par son hu- manisme, vie retracée avec simplicité, ab- négation, là où d’autres auraient peut-être roulé les mécaniques. Mais la modestie est aussi une forme de panache. Chapeau « Dédé » Barreteau ! PhilG Astrid de Belleville Jeanne de Belleville La Véritable Histoire Geste, 206 p. 19 € Livre évoqué en début de nos sélec- tions avec d’autres auteurs sur ce même sujet. JR Refuge de Grasla Prix Charette 2022 Le jury a tranché pour le boulanger Beaumatch,bellecourse,pourparlersport! Mais restons en littérature, même si celle-ci peut se livrer à des compétitions. Et le Prix Charette décerné à Grasla est un des plus prestigieux prix du département, avec le prix Ouest et le prix des Écrivains de Vendée. À Grasla, outre que l’auteur ou son thème doivent être Vendéens, il faut aussi allier le panache, tel le fameux général vendéen. Panache dans le style, dans l’histoire... Et c’est une préselection de 5 livres qui, un jour de fin de juillet au Refuge de Grasla, ont confronté leur panache lors d’un vaste débat autour de 9 jurés (*). Cette année, la compétition était ouverte. Et à l’issue d’un pre- mier tour de table où chaque juré a pris la parole, sortaient des votes (à bulletins secrets) un match nul 4-4. En ballotage : « Le silence de mon père » d’André Barreteau et « Les sœurs Loubersac » de Suzanne Gachenot (nièce de l’emblématique footballeur yonnais). Étaient éliminés : « L’ombre du Parc » de Richard Lueil (un polar qui avait ses détracteurs et ses admirateurs) ; « Jehanne de Belleville, la véritable histoire », d’Astrid de Belleville (plutôt une étude historique mais cependant très intéressante) et « On y sera un jour, mon grand », de Jean-Maurice Bonneau (peu-être trop destiné aux vrais amateurs de sport hippique, notamment des concours de sauts d’obstacle)… Sous la direction du président du jury Wilfried Montassier, la discussion faisait long feu et un nouveau vote donnait cette fois-ci un léger avantage (5-4) à Barreteau, le boulanger de Saint-Jean-de- Monts, créateur de la Mie Câline. Ce, malgré la verve et les émotions de lecture des trois sœurs Loubersac au destin si contrarié dans la première moitié du XXe siècle, intrigue que place Gachenot dans le Bordelais. PhilG (*) par ordre alphabétique : Gilles Bély, Marie-France Bertaud, Michel Chamard, Joël Cossais, Philippe Gilbert, Wilfried Montassier, Alain Perro- cheau, Jean de Raigniac, Yves Viollier. Suzanne Gachenot Les Sœurs Loubersac Presses de la Cité, 524 p. 21 € Livre évoqué pour le Prix de Écrivains de Ven- dée. G. B.
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    33 Richard Lueil L’ombre duparc Le Lys et le lin Dans ce polar, on sent d’abord un réel attache- ment à la Vendée, notam- ment celle du bocage. Et l’intrigue développée au- tour d’un château isolé et habité par un énigmatique propriétaire est bien fice- lée, passionnante, subtile même… Et totalement crédible même si des fantômes hantent les allées de ce château. Richard Lueil, dont c’est le qua- trième ouvrage, est un auteur à suivre. SALONS... Jean-Maurice Bonneau « On y sera un jour, mon grand ! » Acte Sud, 385 p. 23 € Dans les années 70, ne sachant quel métier adop- ter, Jean-Maurice Bonneau, né près de Ste Hermine en Vendée, passe un CAP de peintre en bâtiment ; mais des parents agriculteurs et des frères cavaliers professionnels ont eu finale- ment raison de son choix équestre qui débutera en Vendée dans les petits concours ruraux … Puis de stages en stages hors du département, il acquiert le haut niveau qui lui permettra de gagner de nombreuses épreuves internationales avec, entre autres, un excellent cheval vendéen né près de chez lui !... Un peu plus tard, le poste d’entraîneur de l’équipe de France de saut d’obstacles s’offre à lui ! Une vraie vocation. Dans ce livre, moult détails des grandes épreuves de compétitions équestres, des choix de cavaliers et de chevaux, des parcours de chaque cavalier, des victoires, des défaites, des déceptions, des doutes, des accidents, du stress, mais aussi et surtout, plein de bonheurs, de joies, de satisfactions. Il donne les conditions essentielles pour for- mer une super équipe : travailler le physique, la technique, le mental. Ce furent les clés des suc- cès pour remporter médailles d’or ou d’argent par équipe ou en individuel en championnat du monde ou d’Europe de 2002 à 2016 avec la consécration en or aux Jeux olympiques de Rio. Grâce à ce livre, vivez avec Jean-Maurice Bonneau son parcours d’entraîneur de compéti- tions équestres à travers le monde… AMR Rencontre dans les allées de Grasla Au hasard de mes déambulations dans les allées du dernier Refuge du Livre de Grasla, mon attention a été attirée par une maison d'édition au nom curieux. Aid'itions, Le Chat Virgule. Quel est donc ce félin et que prétend-il griffer ? Marie-Annie et Marie, derrière leur étal, ont répon- du avec enthousiasme à mes questions. Ces personnes animent une association forte d'une vingtaine d'adhérents, depuis 2017. On pourrait, de prime abord, imaginer qu'il y a dans le travail de ces bénévoles un petit côté « écrivain public ». Là n'est pas leur but. Les membres se proposent d'aider, encourager, décomplexer, stimuler aussi, les personnes qui désirent écrire. Elles accompagnent les auteurs par le biais d'ate- liers d'écriture, accouchent parfois la parole, donnent des conseils pour structurer les témoignages et les récits de vie. Ensuite, vient le travail de relecture, de mise en page, d'impression. On découvre des ouvrages dont la reliure cousue est très originale, d'autres qui comportent une phrase qui court tel un furet en bas de chaque page. J'ai feuilleté entre autres, des livres très variés : des romans, des parcours familiaux, des souvenirs de mé- tiers agricoles, un récit de voyage d'une jeune ayant eu un parcours en IME. Certains opuscules se présentent comme des carnets presque vides. Une simple introduc- tion, un court texte initié en atelier d’écriture puis des pages blanches. À vos plumes, à vous de jouer ! Pierre Deberdt Pour aller plus loin dans la connaissance de cette association, n'hésitez pas à contac- ter : [email protected] 06 28 50 73 66 Aid'itions Le chat Virgule La Canquetière, Les Brouzils
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    34 Mo n ta i g u Printemps du Livre de Montaigu 32e édition Tout le monde l'attendait Après deux ans de privations... les auteurs, les lecteurs, tous les mordus du livre se sont retrouvés les 1er , 2 et 3 avril 2022 pour un festival particulièrement réussi 35000 visiteurs sur les 3 jours, plus de 200 auteurs, Clara Dupond-Monod, récente lauréate du Prix Femina et du Goncourt des Lycéens pour son dernier roman « S'adapter », était à la baguette comme présidente de la manifestation. La fête avait cette fois investi la totalité de la ville. Le chapiteau des auteurs avait rejoint le pôle des ses ori- gines : la place de l'Hôtel de ville. Des rencontres, des performances, des spectacles, étaient donnés au théâtre Thalie, à la médiathèque Calliopé et dans le parc Henri Joyau. Le Prix Ouest a été donné à Jeanne Benameur pour son roman « La patience des traces ». La fête a été superbe « J'aime beaucoup la Vendée, a déclaré Clara Du- pond-Monod. Si on aime l'histoire, comme moi, on est servi dans ce département. C'est une terre de combat, une terre d'histoire, une terre de colère. » Le joyeux combat continue. La 33e édition du Printemps du Livre est programmée les 24, 25 et 26 mars pro- chains. Qu'on se le dise ! Rendez-vous est pris. Yves Viollier Prix Ouest Jeanne Benamur
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    35 Le Boulevard, leClassique, le Moderne, l’Imaginaire, chacun pou- vait faire son marché en se rendant sur les planches de ce théâtre … tranchais, désormais incontournable pour les amateurs, de cet art, dont la fidélité ne relâche pas, au fil des ans et des spectacles proposés … tou- jours novateurs. Sait-on bien que depuis sa naissance, le festival -volon- tairement- n’a pas diffusé deux fois la même pièce !... Qu’importe si la même troupe de théâtre amateur est venue plu- sieurs fois, ou plusieurs années, mar- teler les planches, des « Floralies », jamais une même pièce a été jouée deux fois. Un petit record dont n’est pas peu fier, l’organisateur et créateur des « Tréteaux de l’Automne » Joël Bonnemaison qui veille à cette tradi- tion, très scrupuleusement. Imaginez qu’un spectateur soit venu dès la naissance du festival (2008) et que pendant toutes ces années, il ait as- sisté à toutes les pièces jouées sur les planches des « Flora- lies ». Cela ferait 180 pièces en tout. Et sur ce nombre il n’aurait jamais applaudi une seule fois la même pièce. Un petit exploit quand même, qui augmente au passage, la difficulté de trouver de nouvelles comédies ou de nouveaux comédiens. Et de Quinze !... C’était en effet, en cet automne 2022 la quinzième édition de ce festival de t Trois fois complet, dans la semaine, au point de refuser des spectateurs, règlement oblige ; salle comble ou presque les autres fois pour applaudir les quinze pièces de cette manifestation qu’on ne présente plus au demeurant. Quel chemin parcouru depuis sa création en 2008 ! En ce temps-là, la très belle salle des Floralies qui abrite les troupes de comédiens aujourd’hui n’existait pas. La vieille salle de L’Aunis faisait l’affaire, vétuste, mais accueillante… l’amitié entre troupes de théâtre et services municipaux était de mise. De part et d’autre, personne ne se pre- nait au sérieux, même si les prestations des comédiens étaient -elles-sérieu- sement interprétées pour le plus grand plaisir du public. Cette année, aura été la quin- zième saison du festival amateur de la Tranche sur mer. Les spectateurs ont été particulièrement présent en ce moi de novembre, à la superbe salle des Floralies, peut-être pour saluer l’anniversaire de Molière, né en 1622 ! Quatre siècles, déjà ! Comme le temps passe… La sélection de ce cru 2022 avait de quoi combler tous les goûts, tant sa diversité, proposait de variétés théâtrales à ce public fidèle et attentif, s’il en est. Tous les genres du théâtre se retrouvaient sur la scène. Comédie sur- tout, pièces à thème, théâtre moderne au sein du public, comme il sied à la « tendance », textes d’auteurs connus ou célèbres textes inédits d’auteurs amateurs comme les comédiens ou les metteurs en scène. THÉÂTRE Les Tréteaux de l’Automne La Tranche sur mer 2022
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    36 THÉÂTRE Gagnants du festivalde théâtre de La Tranche s/mer 2022 avec nominés La Tulipe d’or meilleur spectacle : La Nuit de Valognes par la Cie 1R2 Jeu de Ste Pazanne (Loire Atlantique) Meilleur Comédien : Hervé Guittet , dans Sous Contrôle par la Compagnie C’est-à-dire de Rezé (Loire Atlantique) Meilleure Comédienne : Marie- Laure Lenoir dans le Beau Voyage par la Compagnie Les Bal- timbanques de Clisson (Loire Atlantique) Meilleur Mise en scène : Pierre Jean Calmel dans L’affaire Lavaux par la troupe du petit théâtre des Alouettes de Benet (Vendée) Meilleur costume : Petit déjeuner compris par la Compagnie Mi-Sèvre Mi-Raisin de Rezé (Loire Atlantique) CINÉMA Le sang vendéen coule en elle ! 38 ans, 2 enfants (Samuel, 3 ans, et Joaquim, né cette année 2022), Constance Meyer est la pe- tite-fille de l'écrivain-cinéaste Gilbert Prouteau (1917-2012), fille de Laurence Prouteau et de Vincent Meyer le banquier. En 2011, Constance Meyer avait réa- lisé son premier court-métrage avec Gérard Depardieu... ...S'il vous plaît ! Titre : « Franck-Etienne vers la béatitude » (sé- lectionné à la Mostra de Venise)... Et elle a réalisé, en 2021 « Robuste », son premier long-métrage avec le même Depardieu. Il y a longtemps que vous connaissez Gérard Depardieu ? J’ai commencé dans le théâtre voilà 18 ans (en 2004). J'étais stagiaire dans l’adaptation d’une pièce de théâtre de Marguerite Duras avec Gérard Depardieu. Je m'y suis retrouvée « souf- fleuse ». Le metteur en scène m’a désignée pour répéter le texte de Gérard qui avait demandé une oreillette. Pendant près de quatre mois, j’ai eu ainsi un lien unique avec lui, avec cet acteur à l’immense présence. C’est aussi à cette époque que je commençais à découvrir le milieu du ci- néma, j’ai alors décroché des petits boulots d’as- sistante sur des tournages. Je faisais encore mes études... J’ai d’ailleurs poursuivi à New-York dans la Tisch School des Arts... Puis j’ai écrit des courts métrages. Gérard Depardieu a accepté de tourner dans mon premier puis dans les deux autres que j’ai réalisé avant de ce premier long- métrage… Constance Meyer Bon sang ne saurait mentir ! Heureusement, le théâtre est fécond et les nouvelles pièces ne manquent pas. « Les Tré- teaux de l’Automne » attirent chaque année de nouveaux participants à la Tranche sur mer. Des compagnies qui se joignent aux anciennes pour la satisfaction d’un public nombreux. Ce cru 2022, n’aura pas déçu avec sa sélec- tion de comédies en tous genres : policières, tra- ditionnelles, de boulevard ou carrément déjan- tée. On aura retenu quelques pépites : « Folies Dansantes » inédite proposée par Delanoë la pa- tronne de la troupe Sable et sel de Pornic, « La Perruche » comédie mordante par la troupe du Théâtre des cinq, nouveaux arrivés de cette an- née. « Persiflages entre amis » par la fidèle com- pagnie des Triboulogues, sans oublier « Sous contrôle » et « Salle des profs » Côté public, c’est la plus connue d’Eric Em- manuel Schmidt : « La Nuit de Valognes » qui a recueilli le plus de suffrages. Une pépite plébis- citée par les spectateurs dont la mise en scène si- gnée Jean Marc Dubranna fut épatante en tous points. À la traditionnelle cérémonie de la remisse des Prix, le président d’honneur Alain Perro- cheau, prof, écrivain, poète et accessoirement ancien maire de Martinet, remettait le Prix de la « Tulipe d’or » . Sous les applaudissements, comme il va sans dire des Tranchais, ravis de leur théâtre, Les Tré- teaux de l’Automne et- désormais- de la Tranche sur mer. MH
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    37 Robuste, un filmd'1h35 ; histoire entre un acteur désabusé et une jeune agente de sécurité. Comment est Depardieu sur un tournage ? Adorable ? Adorable n’est pas le mot, mais je l’aime énormément. Il est complexe, contradictoire, d’une grande générosité. Il peut être exigeant, impatient, mais c’est un acteur extraordi- naire… Il a d’autant mieux accepté le scénario que je l’ai écris pour lui, comme un double de lui-même, un rôle sur mesure. Être acteur c’est accepter de se noyer, prétendit-il un jour, au détour d’une conversation à bâtons rompus… Ce qui est une métaphore pour dire qu’il ac- cepte de ne plus rien contrôler. Sa vision du cinéma est de pas trop préparer, ne pas trop chorégraphier à l’avance… Robuste a reçu de bonnes critiques mais n'a pas été un grand succès commercial ? Il a fait une carrière dans les festivals et il a ouvert la Semaine de la Critique à Cannes… Mais il y a eu la crise du Covid, des retards dans la sortie à un moment où trop de films sortaient en même temps durant cette crise… Et puis, c’est un film d’auteur ! Des projets ? J’émerge de mon accouchement. Je me remets à l’écriture d’une pièce de théâtre, avec Sébastien Pouderoux, sociétaire de la Comédie Française, qui est aussi le père de mes enfants. Et je com- mence juste à m’atteler à l’écriture d’un autre long métrage. Il est trop tôt pour en parler. Votre grand-père Gilbert Prouteau a eu de l'influence sur vous ? Oui, énormément d’influence. « Bibert » –Les petits-enfants, nous l'appelions ainsi– est un per- sonnage important de mon enfance. Il m'a donné goût de la lecture. Il avait de la punch-line, des formules percutantes, des éclairs de génie, le goût des blagues, une mémoire extraordinaire… « Bibert » m’a aussi donné le goût de la réplique. Un sacré grand-père ! Revenez-vous souvent en Vendée ? Tout le temps ! J’y étais encore cet été, aux Hautes-Roches, près de Mallièvre et Treize-Vents. Durant le confinement aussi... La maison de mes grands-parents reste un refuge hors du temps. Propos recueillis par Philippe Gilbert
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    38 CONFÉRENCE Non, nous n’étionspas à la Malmaison mais dans une petite salle de l’Historial ; pourtant, on s’y croyait ! Élizabeth Caude, conservatrice générale du patri- moine et spécialiste de la période napoléonienne, direc- trice des musées nationaux des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau, de l’île d’Aix et de la maison Bonaparte à Ajaccio, et vendéenne, nous invitait à la Malmaison. Assistance des grands jours dans cette petite salle ; nous aurions dû mettre l’écran un peu plus en hauteur mais nous n’avions pas prévu de ne pas être à l’auditorium où nous sommes habituellement si bien installés. Pas de micro non plus mais tout de suite, la voix, la passion et le savoir d’Élizabeth Caude ont conquis les Amis de l’Historial, et les ont transportés dans l’intimité du prince Eugène et de Marie-Louise. Nous avons donc déambulé dans les magnifiques salons de la Malmaison et admiré les chefs-d’oeuvre réunis pour cette exposition. Nombre d’entre nous ont lancé l’idée d’affréter un car pour une visite sur place, avec le même guide ! Présentée principalement au château de Bois-Préau qui rouvre au public après plus de 25 ans de fermeture et un an de travaux, cette exposition regroupe plus de 150 œuvres une vie d’honneur et de droiture, au service des êtres que le destin a confiés à Eugène de Beauharnais, et des fonctions qu’il lui a assignées. Toutes sont là pour rappeler sa fortune posthume comme aïeul de la plupart des familles princières et régnantes d’Europe du Nord. L’exposition est aussi développée au château de Mal- maison dans lequel le visiteur pourra découvrir les séquences sur les sciences naturelles et la musique, les œuvres phares concernant Eugène de Beauharnais dans le parcours des col- lections permanentes ainsi que la chambre même d’Eugène à Malmaison. L’exposition est par ailleurs en partenariat avec le Palazzo Reale de Milan. Musée national du château de Malmaison ©-Aurore-Markowski Et si nous allions à l’exposition « Eugène de Beauharnais, un prince européen » du 9 octobre 2022 au 9 janvier 2023 ? 28 octobre 2022
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    39 Adhésion à l’association,15 € Vendée Historial allée Paul Bazin 85170 Les Lucs sur Boulogne amisvendee-historial.com [email protected] ÉchosMusées amis de l’Historial de la Vendée Les Amis essayent d’accompa- gner l’Historial de la Vendée et la Conservation des Musées de Ven- dée dans leur mission culturelle sur la Vendée et son patrimoine. Conférences, visites du patri- moine, rallyes, aides ponctuelles à diverses actions des musées, visites des expositions, achats ou restaurations d’oeuvres, Les Amis se mobilisent. Ils forment un ensemble, heu- reux de se retrouver pour chacune de ses activités. Ils accueilleront volontiers de nouvelles bonnes volontés et toutes initiatives sont les bienvenues à l’Historial ! Photographies prises lors de la conférence par Irène Bernard
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    40 À l’occasion dela célébration du 200ème anniver- saire du déchiffrement des hiéroglyphes, le Département de la Vendée a proposé aux visiteurs de l’Historial une véritable plongée au cœur de l’Egypte antique. Cette grande exposition inédite a été conçue grâce à la contri- bution de Marine Agamennone, spécialiste d’Amélineau et professeure d’Histoire-Géographie. Cet événement s’est tenu du 6 mai au 4 septembre 2022 et a reçu un ac- cueil très positif de la part du public, avec plus de 32 000 visiteurs dont 3 500 élèves vendéens qui ont participé à des visites organisées par l’Ecole Départementale des Arts et du Patrimoine. Des collections d’antiquités égyptiennes exceptionnelles Consacrée aux découvertes spectaculaires de l’égyp- tologue Émile Amélineau, né à La Chaize-Giraud en 1850, le parcours réalisé par la Conservation des Musées de Vendée présentait les recherches et les collections pro- venant des plus anciennes tombes royales d’Égypte mises au jour par l’égyptologue sur le site d’Abydos, à la fin du 19e siècle. Plus de 200 objets antiques, notamment issus des prêts du Musée du Louvre, des Musées royaux de Belgique ou du Musée des Beaux-Arts et d’Histoire naturelle de Châteaudun, ont été exposés. Des pièces archéologiques exceptionnelles, comme l’ensemble funé- raire de Séramon datant de 1 000 ans avant notre ère, des objets de parure et de jeux, avec des inscriptions hiéro- glyphiques datant de près de 5 000 ans, ont ainsi révélé le savoir-faire extraordinaire des Égyptiens de l’Antiquité. Un fabuleux voyage au pays des pharaons et du dieu Osiris Le parcours de visite retraçait en quatre étapes les re- cherches menées par Émile Amélineau, et nous invite sur la piste des découvertes qu’il fit à Abydos, l’un des plus importants sites archéologiques d’Égypte. Le public part dans un premier espace sur la piste des premiers égyptologues puis à la rencontre des premiers pharaons, dont Amélineau mit au jour les sépultures ain- si que la stèle du roi Serpent datant de 3 000 ans avant J.-C. C’est aussi un voyage au pays d’Osiris, dont Améli- neau recherchait la tombe à Abydos, son principal lieu de culte en Égypte, auquel le visiteur a été convié. Abydos étant également le berceau de l’écriture hiéroglyphique, l’exposition se clôturait par une séquence dédiée à l’écri- ture et au déchiffrement qui a permis aux égyptologues de comprendre la civilisation égyptienne. Retour sur l’exposition Sur la piste d’Osiris, Emile Amélineau, un égyptologue vendéen (6 mai-4 septembre 2022) Portrait d’Emile Amélineau (1850-1915), Châteaudun, Musée des Beaux-Arts et d’Histoire naturelle © Anna Rodriguez
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    41 L’ÉGYPTE ANTIQUE à l’honneurà l’Historial de la Vendée Qui était Émile Amélineau ? Émile Amélineau naît et grandit à La Chaize- Giraud en Vendée. Alors qu’une vocation religieuse précoce le pousse vers des études ecclésiastiques, sa passion dévorante pour l’étude des langues orien- tales, et notamment pour la langue copte, le conduit à se consacrer exclusivement à la recherche scienti- fique. En 1877, il entre à l’École Pratique des Hautes Études où il étudie pendant 7 ans des documents coptes. Riche de sa double éducation de théologien et d’orientaliste, il est nommé en 1883 membre de la mission archéologique française au Caire ce qui lui permet de se rendre une première fois en Égypte. Il revient ensuite enseigner l’histoire du christianisme et du monachisme égyptien à l’École Pratique des Hautes Études mais décide de retourner en Égypte Les sarcophages de Séramon, Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’archéologie © Patrick Durandet afin de se consacrer entièrement à des recherches sur le site d’Abydos. De 1895 à 1898, il fouille sans relâche le site et après bien des péripéties, il parvient à mettre au jour une série de tombeaux et d’objets portant le nom des pharaons des premières dynasties. Il découvre notamment le tombeau de Narmer, le premier souverain de l’Égypte unifiée, la stèle du roi Serpent, une pièce exceptionnelle datant de 3 000 ans avant notre ère exposée au musée du Louvre, ou encore une importante statue en ba- salte d’Osiris exposée au Caire. À son retour en France, il s’installe avec son épouse à Châteaudun, ville où est conservée aujourd’hui la grande majorité des collections issues de ses fouilles. A La Chaize-Giraud, une place portant son nom immortalise la vie et le parcours exceptionnel d’Émile Amélineau.
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    42 Une visite immersiveet interactive Tout au long d’une scénographie immersive et interactive, les visi- teurs ont pu vivre une expérience de visite spectaculaire grâce à de nom- breux dispositifs audiovisuels et numériques Le mur interactif des hiéroglyphes en est certainement l’un des élé- ments les plus spectaculaires. Sur la thématique des animaux d’Égypte et des dieux zoomorphes, cette animation ludique avait pour objectif de redonner vie à l’écriture sacrée égyptienne. La scénographie offrait éga- lement de nombreux autres outils comme une vidéo 3D du tombeau d’Osiris, un mapping vidéo de la stèle du roi Serpent, des films et aussi un espace contemplatif reproduisant des images des temples qu’Amélineau a découvert lors de ses expéditions en Égypte avec un commentaire audio restituant des citations de l’égyptologue décrivant ce qu’il a ressenti lors de ces découvertes. Des dispositifs multi sensoriels (tactiles, sonores et même olfactifs) sont venus enrichir la visite en favorisant une expérience sensible de l’ex- position. Des échantillons de marbre permettaient ainsi de distinguer au tou- cher la pierre brute et la pierre polie, des instruments de musique exposés étaient accompagnés de dispositifs sonores permettant d’entendre le son qu’ils produisaient. Il était possible également de sentir l’encens contenu dans des jarres. La scénographie intégrait en outre de nombreuses illustrations de l’ar- tiste Thomas Duranteau permettant de contextualiser les objets présentés et les lieux évoqués. A noter qu’une attention spécifique a été apportée à l’adaptation du parcours aux publics en situation de handicap (lisibilité et hauteur des cartels, mobilier évidé sous les vitrines pour le passage d’un fauteuil, cartels en braille, fac-similé de stèles à toucher...). Emile Amélineau lors d’une expédition en Egypte à la fin du XIXe siècle, Châteaudun, Musée des Beaux-Arts et d’Histoire naturelle © Anna Rodriguez Sur la piste d’Osiris Émile Clément Amélineau (1850-1915), un égyptologue vendéen Sur la piste d’Osiris Émile Clément Amélineau (1850-1915), un égyptologue vendéen 9 782376 800798 24€ D ans le cadre du bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes, le Département de la Vendée revient sur le destin extraordinaire d’Émile Clément Amélineau (La Chaize-Giraud, 1850 – Châteaudun, 1915). Lesspectaculairesfouillesquecetégyptologuevendéenentreprendraà Abydos entre 1895 et 1898 révèleront aux yeux du monde l’importance majeure de cette cité dans l’histoire de l’Égypte antique, comme berceau de la monarchie égyptienne et centre principal du culte à Osiris. La stèle du roi Serpent, le tombeau d’Osiris… autant de pièces exceptionnelles issues des plus grandes collections égyptologiques de France et de Belgique témoignent ici de l’intérêt majeur de ces fouilles et révèlent en filigrane ce moment fascinant où naît l’égyptologie moderne. Première de couverture : Deux ye Quimper, Musée départemental breton (c © Musée départemental breton / Bernard Quatrième de couverture : Améli lors d’un séjour en Égypte Châteaudun, Musée des Beaux-Arts et d’H © Anna Rodriguez Vue d’Oumm el-Qa’ab lors des fo Photographie d’Achille Lemoine © Achille Lemoine, Archives Effland En vente dans certaines librairies (Inveni, 24 €), cet ouvrage de 272 pages bénéficie de la contribution de nombreux chercheurs et égyptologues, parmi lesquels Laurent Coulon, directeur de l’Institut fran- çais d’archéologie orientale, Christine Lorre, conservatrice au Musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain- en-Laye, Raphaël Angevin, Luc Delvaux, Julien Siesse, Eric Gady, Ute et Andreas Effland, Gwenola Graff et Arnaud Quertinmont
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    43 EXPOSITION GEORGES MATHIEU Exposition présentée à l’Historialde la Vendée du 18 novembre 2022 au 21 mai 2023 L’exposition « Georges Mathieu, un héros de l’art abs- trait en Vendée », présentée par le Département de la Ven- dée du 18 novembre 2022 au 21 mai 2023 à l’Historial de la Vendée, met en lumière l’audacieux artiste qui ima- gina dans les années 1960 l’Usine Étoile de Fontenay- le-Comte. Cet édifice, étoile de béton sans aucun angle droit, est la plus monumentale des œuvres par lesquelles Georges Mathieu chercha à faire entrer dans la vie son style, l’abstraction lyrique. Un catalogue d’exposition exhaustif Pour compléter l’exposition Sur la piste d’Osiris, le Département de la Vendée publie un catalogue richement illustré qui présente la tota- lité des œuvres exposées. Résumé : Les spectaculaires fouilles qu’Émile Clément Amélineau a menées à Abydos entre 1895 et 1898 sont l’occasion de revenir en dé- tail sur les recherches qui ont révélé aux yeux du monde l’importance majeure de cette cité dans l’histoire de l’Égypte antique, berceau de la mo- narchie égyptienne et centre principal du culte à Osiris. La stèle du roi Serpent, le tombeau d’Osi- ris… autant de pièces exceptionnelles issues des plus grandes collections égyptologiques de France et de Belgique témoignent ici de l’inté- rêt majeur de ces fouilles et révèlent en filigrane ce moment fascinant où naît l’égyptologie mo- derne. Karine VIEILLE Chef de projets d’expositions Action Culturelle Secteur Programmation, Conception des Expositions
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    44 Georges Mathieu, un héros de l’artabstrait en Vendée Invitation à découvrir tout à la fois l’art de Mathieu en général, et son chef d’œuvre fontenaisien en parti- culier, l’exposition offre à la délectation du public des œuvres issues d’institutions parisiennes (Centre Pom- pidou, Monnaie de Paris, Manufacture des Gobelins, Musée de la Poste, Musée Air France…), tout en mettant à l’honneur la création archi- tecturale unique de Mathieu sur le territoire vendéen, à travers des objets inédits et un film spécialement créé pour l’occasion, présenté dans le cadre d’un dispositif original comprenant trois écrans et une zone de projec- tion au sol. (Re)découvrir Mathieu et son abstraction lyrique Prenant place dans une scénographie inspirée par les lignes dynamiques de l’artiste et les étonnantes façades de l’Usine Étoile, l’exposition s’organise en trois séquences suivant un parcours chrono-thématique. La première partie du parcours, qui conduit le visi- teur depuis les débuts de Mathieu en 1942 jusqu’à ses grands voyages à l’international au tournant des années 1960, présente comment cet artiste autodidacte est de- venu le chef de file d’un mouvement nommé l’abstrac- tion lyrique, et comment il s’est taillé une réputation de « peintre le plus rapide du monde », en créant des œuvres monumentales comme La Bataille de Bouvines, lors de performances aussi étonnantes que novatrices. La deuxième partie de l’exposition, consacrée au projet architectural unique de Mathieu en Vendée, relate com- ment l’artiste, désirant investir tous les champs de création, a relevé dans les années 1960 le défi d’imaginer les jardins d’une usine, et s’est proposé d’imaginer le bâtiment lui-même. Parmi les objets les plus marquants présen- tés ici, la maquette créée en 1966 par l’artiste pour présenter son projet à l’industriel vendéen Guy Biraud est à ne pas manquer. La troisième séquence, ayant pour thème les multiples créa- tions de Mathieu dans le champ des arts appliqués au cours des années 1960, 1970 et 1980, invite à découvrir les autres œuvres par lesquelles Georges Mathieu, comme il l’a fait avec son Usine Étoile, a tenté de faire « intervenir l’art dans tous les aspects de la vie ». Emblématique de cette volonté d’ériger l’abstraction lyrique au rang de style du XXe siècle, la tapisserie de 5 x 5 mètres Hommage à Nicolas Fouquet est une œuvre phare de cette partie de l’exposition. Une approche didactique de l’art et du patrimoine industriel du XXe siècle Afin que le public puisse comprendre au mieux les créations de Georges Mathieu, des audiovisuels origi- naux ponctuent le parcours de l’exposition : ils montrent
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    45 le peintre enaction lors de ses surprenantes performances aussi bien en France qu’à l’étranger, chez lui dans son « musée de l’âme », ou encore à la Manufacture des Go- belins et à la Monnaie de Paris, s’exprimant au sujet de ses réalisations. Des manipulations invitant à se familia- riser avec les avant-gardes artistiques du XXe siècle, avec le goût de Mathieu pour les titres d’inspiration histo- rique, ou encore avec les différentes fonctions des espaces de l’Usine Étoile sont également proposées au public. Un catalogue synthétisant les connaissances les plus récentes sur Georges Mathieu et l’Usine Étoile Un catalogue de 128 pages, publié par le Départe- ment de la Vendée, complète l’exposition. Réunissant des textes écrits par des spécialistes de l’œuvre picturale de Mathieu (Juliette Évezard, Édouard Lombard), ainsi que par de fins connaisseurs de l’architecture industrielle et des conservateurs de plusieurs grandes institutions avec lesquelles a œuvré Mathieu, ce catalogue est une somme des connaissances les plus récentes sur l’artiste et sa fameuse Usine Étoile, richement illustrée et au conte- nu accessible. En vente à la boutique de l’Historial et en librairie. Invenit - ISBN : 978-2376800859 - 23 € Maxime Potier Direction de l’Action Culturelle / Conservation des musées et des expositions Chargé de projets culturels
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    46 17e Rallye-auto du Patrimoine 2 juillet2022 À la découverte du patrimoine de la Vendée Notre première halte est à Bournezeau sur le site inattendu de l’ancien château de Bournezeau, rue de l’Abbaye, cité depuis Etienne de Blois en 1092, où Madame le maire de Bournezeau nous attend pour une visite du site et de quelques maisons du bourg ; voir le parc inscrit ISMH et rue de la Miletière. Ce château aurait servi de geôle au duc Jean IV de Bretagne enlevé par Marguerite de Clisson, épouse de Jean de Châtillon (voir histoire de Jeanne de Belleville dans les romans). La Grange recèle une magnifique charpente et Bournezeau compte de nombreux charmants petits logis. Visite du Bois-Nerbert puis de la Barre-Tranchant. Pique-nique au Couvent des Cerisiers et de Pierre Brune. La Grève des Chabot et des Cha- tillon vient de changer de proprié- taire. Elle fait l’objet actuellement de fouilles archéologiques ; puis passage au Moulin-Baron et dernière étape à l’Aublonnière avant le dîner à la Chevillonnière. Le Bois Nerbert à Thorigny La Barre Tranchant à Thorigny Le Couvent des Cerisiers à Fougeré Château de Pierre Brune La Grève à St Martin des Noyers L’Aublonnière à Ste Cécile Grange du vieux château de Bournezeau La Milletière de Bournezeau Logis à Bournezeau La Chevillonnière à St-Hilaire le Vouhis
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    47 Sponsoring de l’association: Un grand week-end consacré à la bande dessinée historique 22-23 octobre 2022 Une dizaine d’auteurs de bande dessinée histo- rique étaient exceptionnellement réunis au cours du week-end pour proposer au public des dessins en live, des séances de dédicaces, des ateliers et des moments d’échanges privilégiés. Des auteurs et dessinateurs de renoms comme Sylvain Savoia (Les esclaves oubliés de Trome- lin), Facundo Percio (Star Wars), Christophe Si- mon (Alix), Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat (Ira dei)… Spectacle, animations et une soirée étoilée le samedi 22 octobre à 19h... Seconde édition très animée de ce salon. Ne pas maquer le prochain ! Prévoir une invitation spécifique pour les Ecrivains de Vendée et les amis de l’Historial !
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    48 Amphithéâtre Abbaye aux dames Arcde triomphe Eglise St Pierre Église St Eutrope Blason de Françoise de La Rochefoucauld, abbesse, Abbaye aux Dames
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    49 3 septembre, SAINTES Visite guidée(et quelle guide !) à Saintes, terri- toire des « Santons » et capitale de la Saintonge. Sous les Romains, Médiolanum était la capitale de l’Aquitania. L’amphithéâtre romain, l’église Saint-Eutrope et sa crypte puis l’Arc de Triomphe, l’Abbaye aux Dames, l’église Saint-Pierre, la vieille ville et ses vieux hôtels. L’Abbaye aux dames, première expression de la sculpture romane sur les piliers de l’église et sur le porche, modèle suivi dans toute la région. Saintes est devenue, grâce à un important ensemble patrimonial gallo-romain, médiéval et classique, une ville touristique fréquentée, affiliée au réseau national des villes et pays d’art et d’histoire depuis 1990. La culture n’est pas en reste, Saintes étant dotée de plusieurs musées, d’un théâtre, de cinémas, de nom- breux festivals et d’un centre européen de recherche et de pratiques musicales implanté au cœur de l’abbaye aux Dames.
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    50 Jean Chevolleau apublié en 1989 un livre catalogue avec la participation de nom- breuses personnalités amies. Il a beaucoup peint et ex- posé en Vendée. Jean Chevolleau part toujours du réel. Puis l’abstractise. C’est-à-dire qu’il cherche à en donner la quintessence. Ce processus se remarque dans son approche de la peinture. Pour toutes ses toiles, il fait de patients travaux préliminaires, des des- sins sur le motif, qu’il appelle ses notes. Notes en effet, notes comme celles de l’écrivain qui prépare son livre, comme celles du musicien qui recherche un air, cette préparation fait que ses toiles sont toujours très composées. Mais le lyrisme, dont il se méfie, affleure, une poétique transparaît qui est celle de la métamorphose de la nature. La lumière, piégée, irradie les couleurs. Cette douce et merveilleuse lumière de la Vendée méridionale, de la Saintonge et de l’Aunis. » Michel RAGON Écrivain, historien d’art Un univers d’architecte de la lumière où les sciences et les patiences d’un riche dessin aux lignes flexibles et pures, le rythme et l’or- donnance des zones colorées, communiquent à chaque toile une plénitude à base d’harmonie. Gilbert PROUTEAU Poète Romancier Avec un émotion rentrée, Jean Chevolleau compose des toiles aux formes pures et expres- sives à mi-chemin du cubisme et de l’abstrait. Sa grande originalité réside en l’acuité de sa vision qui va toujours à l’essentiel. Les gestes et les formes sont pour lui l’occasion de restitu- tions poétiques et ses découvertes personnelles sur la couleur comme véhicule de lumière lui permettent de transcender le réel avec un rare bonheur. Dans la mouvance post cubiste, il poursuit l’exaltante recherche de la modernité. Hervé LOUBOUTIN Journaliste Le contact avec Villon est décisif dans l’itinéraire de Che- volleau, les rencontres qu’il ef- fectue dans l’atelier de Puteaux : Lhote (1885-1962), Pignon (1905-1993) ou Manessier (1911-1993), ses aînés, vont également jouer un rôle impor- tant et l’imprégner. Christophe VITAL Conservateur en chef des Musées de Vendée Avec Jacqueline Auriol rt ... - Il ressemble à Dali, mais cela n’aurait pas échap- pé au journaliste ! - On le reconnait à non noeud papillon, c’est Ca- mille Renault Avec Michel Ragon Battage d’Elbée Fontenay le Comte Sulkys Flottille maraîchine
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    51 - C’est mardiprochain à Nantes. Voilà le catalogue que j’ai pris sur le site de l’étude, 32 numéros. - Il y en a plus que sur le dernier envoi de Parick Bouju, le fils de Luce. - «Les cabanes », elles « giclent » sur l’eau. - Et « la mer, à l’Île d’Yeu », quel tumulte ! - Il y a toujours la pe- tite toile, dite « scène d’in- térieur ». - En fait, Jean et Luce, à Fontenay. - Il n’y a ni Bonchamps ni d’Elbée... - Ils ont été réservés pour le musée... - Jean, On l’a vu à l’exposition de Fontenay le Comte en 86. Gilbert Prouteau s’était lancé dans un discours « fleuve » époustouflant... - On l’a surtout ren- contré en 1994, au Conseil général. Ensuite, il a exposé à Bonnefonds, on l’a vu dans sa maison à Fontenay. - Il devait nous faire un tableau... - Il n’a pas eu le temps ! Luce nous a donné un petit tableau du port de La Ro- chelle. - Il n’avait pas pris le temps de signer non plus ! - On va voir si on peut en acheter un à Nantes. Jean CHEVOLLEAU Dispersion chez Couton Veyrac à Nantes de la collection personnelle de l’artiste disparu en 1996 - Les enchères, ça monte vite, la mer à Yeu, elle va trop haut ! - les Conches, déjà emportées dans les rouleaux... - Les bouchots de Charron, pas du tout à marée basse ! - Les cabanes, inaccessibles ! - À ce rythme là, on aura rien ! - Là, San Juan de los Reyes, on change un peu de couleurs, c’est plus chaud, on y va ! - Ce n’est plus pour vous en salle, c’est sur Interenchères ! Anne-Marie lève le bras - Merci pour votre enchère, Ma- dame, mais Interenchères monte encore... - Ce n’est plus à vous, Madame (elle lève encore la main) Interenchères monte toujours... - Ce n’est plus à vous, Madame, on y va encore ? Ne le laissez pas échapper ! -Je la pousse du coude : on continue. - C’est à Madame dans la salle ! J’adjuge ? Adjugé ! L’espagne s’invite dans notre salon. Éprouvant, ces ventes aux enchères. mais Jean Chevolleau nous rejoint ainsi à la Chevillonnière. Le peintre de la lumière pose ses cubes contre nos murs. - Je suis très heureux. Ce tableau ira très bien chez vous ! Luce aussi sera contente, nous susurre Patrick Bouju ! JR ...15 novembre, à Nantes 10 novembre, en Vendée...
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    52 POÉSIES Philippe Yves Bataille Lesblanches falaises de Rügen Le Jarosset, 96 p. 12 € Passés les doutes et le constat de temps pessimistes où tout s'ébranle et parfois s'effondre, Philippe Yves Bataille invite à une conjuration de toutes les peurs, celles de la ruine et de la disparition, de la claustration et de l'écrasement, de l'isolement et de l'incertitude, pour à nouveau croire à l'équilibre, à la blancheur, à la beauté des falaises de Rügen. Voilà un livre de questionnements, de lucidité et de sincérité, qui veut croire à l'espérance, c'est-à-dire tout simplement un futur pour l'homme. Une réflexion intime qui atteint vite aux horizons im- menses de l'universel. L'ensemble du recueil révèle une écriture capable d'une profusion parfois baroque, sans cependant aucun maniérisme, demeurant simplement au service de la vie, suggérant un exercice d'introspection collective. " Dans quel temps sommes-nous ? / Où vivons- nous ? / Que sommes-nous devenus ? / Que reste-t-il de nos visages et de nos cœurs ? " Alain Perrocheau Jean-Marie Ferré Du peu que je me souvienne suivi de Même si tu ne reviens pas Le Jarosset, Émergences, 96 p. 12 € Dans ce livre, on perçoit une dé- licate mélopée / suintant à travers les pages d’écriture. Mélopée que j’assi- milerais à une rythmique davantage “ jazzy blues ” dans la mesure où elle s’appuie, comme les complaintes des afro-américains, sur une sorte de mémoire universellement partagée. Ce sont en effet des morceaux de (notre) vie / ramassés çà et là à travers des poèmes. Lesquels commencent par un sou- viens-toi (écho à Georges Pérec ?) qui marque l’instant présent, et déroulent des verbes à l’imparfait pour insister sur la durée, ce que seul le langage permet. Le souvenir s’inscrit dans « le présent du passé » (Saint-Augustin), c’est un présent “ écrit ” que nous vivons, et qui exclut par les mots tout pathos nostalgique et affligeant, tout est là / absence / présence / dont nous sommes instruits. Et construits. La même sérénité vivante se décline égale- ment en poèmes courts : l’épi de blé / croît avec peine / par peur de ne pas y arriver. Comme une métaphore du travail du poète. Louis Dubost Henri-Claude Cousseau Gaston Chaissac Flammarion, 320 p.70 € Uu nouveau Chais- sac ! Improvisateur de génie, Gaston Chaissac (1910-1964) a créé une des œuvres les plus sin- gulières de son époque. Fils de cordonnier, il est initié à la peinture par Otto Freundlich et Jeanne Kosnick-Kloss, rencontrés par hasard à Paris, en 1937. Encouragé dans cette voie, il invente très rapidement un alphabet pictural qu’il va faire évoluer tout au long de sa vie. Au cours de ces années cruciales, dans un Paris en pleine mu- tation, Chaissac assimile l’essentiel du contexte artistique d’alors et se forge une vaste culture. Prolifique, ludique, et polymorphe, sa produc- tion visuelle aborde tous les genres. L’étourdissant dessinateur qu’il est dès ses débuts exerce sa verve aussi bien dans le domaine de la peinture et du collage, que celui des objets récupérés, métamor- phosés avec autant de faconde que de délicatesse, composant un monde paradoxal, à la fois théâ- tral et confidentiel. Au plasticien se superpose en même temps l’écrivain, dans une activité en miroir, qui révèle un prodigieux épistolier et un poète hors norme. Des milliers de lettres envoyées pendant plus de vingt ans tous azimuts, vont lui permettre aus- si de tisser des liens avec grand nombre de ses contemporains (Albert Gleizes, André Bloc, Ray- mond Queneau, Jean Paulhan, Anatole Jakovs- ky, André Lhote, Jean Dubuffet, …) tout en res- tant volontairement en marge depuis le bocage vendéen qu’il ne quittera jamais. Ce monument épistolaire unique en son genre fascine par l’ai- sance des jugements, la pertinence des points de vue et la lucidité avec laquelle celui qui se disait « peintre rustique moderne », joue de son besoin paradoxal de distance et de proximité. Cette première monographie, en forme de portrait, met volontairement à égalité le peintre et l’écrivain, et dessine l’aventure de Gaston Chaissac comme l’une des mutations les plus re- présentatives que la modernité a connue au siècle dernier. communicatio éditeur BEAUX-ARTS
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    53 NOS SÉLECTIONS Jean-Louis Cousseau Le fildes souffles Le Jarosset, 96 p. 12 € Une poésie de la liberté. Jean-Louis Cousseau est co- médien : il a l’air de dialo- guer avec un autre lui-même. Mais sa poésie est d’abord une richesse à partager, la sienne, qu’il dispense avec art au lecteur. Un art de la parole, du bien parler qui se transforme en bien dire, un sens du rythme fait pour la diction, et derrière les mots qui fuient comme un sillage, nous entendons sa voix. Sa thé- matique du vent nous emporte et nous réjouit. Sa poésie de liberté devient une poésie de jeu, car il aime les sonorités, le plaisir des rythmes. Il use abondamment de la répétition et de l’anaphore, coulant dans l’uniformité d’authentiques sur- prises. Une fausse légèreté qui masque la réalité de la vie pourtant bien présente, qui scintille au soleil et tremble au vent. Le fil des souffles, c’est la vie. La vie comme elle va. Mais le poète jamais ne dédaigne la pirouette : « comme / souvent / revoilà / l’écrivant / Gros-vent / comme / devant ». AP Claude Texier Notes sur la portée du jour VdL, 210 p. 20 € C’est une jolie mu- sique que ces «Notes sur la portée du jour», écrites chaque matin après le pe- tit- déjeuner, selon l’aveu de l’auteur. Comme l’exer- cice quotidien d’un com- positeur, que nous avons grand plaisir à lire et entendre. Les textes sont classés alphabétiquement se- lon le titre. Ils sont de longueurs inégales, flirtent parfois avec le poème en prose et se rapprochent alors de Francis Ponge, se complaisant à donner un aperçu souvent singulier des objets qui entou- rent l’auteur. D’autres fois, ils brossent un souve- nir de son enfance à touches fines, dont l’émo- tion semble être celle qui fut la nôtre au même âge. Enfin, ils sont parfois une réflexion sur notre monde dont l’écho parvient jusqu’à nous. Au dé- tour de ces mini-récits, pointe souvent un peu d’humour, quelque philosophie fondamentale exprimée avec la légèreté de ceux qui aiment la vie pour ce qu’elle est. Un livre de petits bonheurs partagés à consommer sans modérations. AP Nathalie B. Plon Faire le mort et aboyer Isabelle Sauvage, 82 p. 14 € Le lecteur ne sort pas indemne de ce livre. Invité (en apparence) à une partie du jeu des sept familles mais avec trois cartes seulement — la mère, la fille (narratrice) et le(s) père(s) —, il se trouve em- bringué dans une sarabande infernale de sept calamités à la mesure des « dix plaies » d’Égypte ! Un poème-récit sans fard et sans concession tente de s’extirper dans une grammaire crue, brutale, bousculée qui invente véritablement une langue novatrice pour “ dire ” un sens vital et produire (peut-être) de la rési- lience… Nathalie B. Plon s’apparente au philosophe-danseur de Nietzsche qui écrivait : « il faut porter en soi un chaos pour pouvoir mettre au monde une étoile qui danse ». Le chaos familial de l’enfance se métamorphose alors en un poème-étoile qui danse et fait danser le poète et le lecteur, en « un désordre du dictionnaire » (J. Cocteau) qui constitue tout œuvre littéraire. Et rappelle avec perti- nence que ce n’est pas avec des sentiments (bons ou mau- vais) que l’on fait de la littérature, mais avec des mots. Et ici, c’est une réussite remarquable. Louis Dubost
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    54 Jean Ciphan (Jean-YvonChapin) Des sentiers incertains aux chemins d'ailleurs. Poésie en mots vagabonds Sydney Laurent Ce bel octogénaire taquine la muse depuis l'enfance. Il nous livre des poèmes limpides, cultive l'Alexandrin et le sonnet sans jamais perdre son lecteur. Son savoir-faire de jeunesse est admirable. Son style ne se dément pas quand les années passent. Le verbe est précis, les mots choisis avec subtilité. La rime sonne juste et le cœur sin- cère se livre sans fausse pudeur. Pourquoi l'auteur a-t-il attendu si longtemps avant d'être édité ? Le travail, la famille, la confiance en soi, le pas à franchir ? Un peu de tout cela, jusqu'à la rencontre avec les éditions « Sydney Laurent ». Que l'amateur de poésie lise l'ouvrage en travers ou d'un bout à l'autre, son plaisir restera le même : complet. Pierre Deberdt Jean-Pierre Rousseau Danse avec les mots Lesartelierz, 110 p. 18 € Le quatrième recueil du poète nantais incline à l’amour et le conju- gue à tous les temps, à tous les âges, qu’il soit passion, fou ou perdu. Les poèmes égrènent justement ce temps qui passe : « Le temps qui passe lentement Comme la pierre ricoche Également sur l’étang D’une vie qui nous raccroche. » Parfois, le poète se tourne vers l’aujourd’hui quand il évoque « ces groupes entassés sur ce rafiot, fuyant leur pays comme la misère. » G. B. Jean-Luc Grasset, Préface Bernard Grasset. Flore Angèle, Couverture Le dit des jours Des sources et des Livres La poésie n'est jamais aussi belle que lorsqu'elle est directement ac- cessible comme dans ce recueil. On y plonge, on la récite à haute voix dans sa tête, on se laisse balancer par le rythme, et, immédiatement, on baigne dans l'univers simple et reposant que l'auteur propose. Voici qui séduira les amateurs d'instantanés. Le lec- teur appréciera les subtils moments de vie. Il sourira, se laissera émouvoir et surprendre. Quoi qu'il en soit, il gar- dera un souvenir étonnant de sa lecture. J'en suis même venu à imaginer que certains poèmes pourraient être traduit en musique ! Pierre Deberdt Francis Lempérière De l’image à l’envol des mots Le Petit Véhicule, 40 p. 8 € Poète, fais sauter le carafon des idées convenues, proclame Francis Lempérière. Tout un “art poétique”, comme on disait jadis, ou encore un programme “politic-éthique” pour aujourd’hui. Mais le carafon est tenace et têtu, bien formaté par le marketing de la bêtise… C’est peut-être pour ça que le poète s’incarne dans la figure du clown (une occasion de réécouter sur youtube l’émou- vant “ Clown ” de Gianni Esposito) : puiser dans la vie / rires, cris et chants fervents / nez rouge en bagage. Sous la grimace, de la mélancolie, un peu de rage et la vie qui aura tantôt goût de strass ou tantôt goût de limaille. Ba- ladin d’aujourd’hui, Francis Lempérière invite pour un partage convivial ceux qui aiment (voire, écrivent de) la poésie à des retrouvailles hebdomadaires le jeudi de 15 h. à 17 h. au resto « Chacun sa part » chez Alexia, Es- planade Jeannie Mazurelle à La Roche sur Yon (contact : [email protected]). Non, non, pas de mode d’emploi / pour chanter et se sentir vivant. Louis Dubost Thierry Radière Entre midi et minuit La Table Ronde, 336 p. 17 € Foin des plaquettes ano- rexiques ! Un gros livre (336 p.) sous l’égide d’un “ grand ” éditeur, et qui plus est ! un livre de poésie. T. Radière, guère connu chez lui en Vendée, est déjà reconnu comme l’une des voix nouvelles de la poésie française contemporaine. Voilà une opportunité de faire connaissance avec son écriture. Une partie importante (1/3) du livre rassemble des poèmes dédiés à des auteurs qu’il a lus et admirés, se rappelant sans doute ce que disait Julien Gracq : « tout livre pousse sur d’autres livres » et ne peut espérer faire du neuf sans « l’énorme matière littéraire qui préexiste à lui ». Notre auteur l’a fort bien entendu et mis en œuvre. Homme ordinaire qui dit la vie ordinaire, « la vie simple » un peu comme naguère à leur façon Jean Rivière et Georges L. Godeau. De l’empathie pour les êtres et les choses, un lexique accessible à tous, comme si à l’instar de Tozan (un moine zen) le poème « radicalisait chaque jour l’expérience de la banalité ». C’est beau. Et (quasi) addictif. Essayez ! Louis Dubost POÉSIES
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    55 ROMANS Michel Gay Deux Mondes,Deux Vies, T1 Pour éviter que tout commence Librinova, 315 p. 17,90 € Tin-Hael, princesse d’un monde perdu, morte il y a 11 700 ans. Michaël, aujourd’hui, a du mal à comprendre ce qui lui arrive, ce petit homme d'aujourd'hui, journaliste sans envergure et pour- tant connecté, malgré lui, à cette héroïne d'un autre temps. Malgré les siècles qui les séparent, ils sont irrémédia- blement liés l'un à l'autre ; ensemble, ils relevent le plus fou des défis, essayer d'éviter le pire. Ils sont une pous- sière dans une tempête de sable face à l'organisation ten- taculaire et toute puissante. La lutte est cruelle et inégale, mais rien n'est écrit... "Ses yeux se ferment dans un bruit gigantesque, une lumière aveuglante, une vague immense, l'eau frappe de plein fouet, tout s'obscurcit... Plus rien". Premier tome d'une aventure fantastique... et mythique. Eveline Thomer Daniel Brochard Je voulais voir le monde Le Jarosset, Émergences, 98 p. 12 € Daniel Brochard a le corps che- villée à la vie. Un corps qui le fait souffrir depuis son enfance et qui détermine, comme jadis pour Joë Bousquet, “ l’Inconditionné fon- dateur ” qui conditionne l’énergie vitale déployée dans sa poésie. Si le livre offre en exergue une citation d’André Breton, ce n’est donc pas par hasard : l’écriture le « porte à croire qu’il existe un certain point de l’esprit » qui dans l’absolu le libérerait de cette désintégration complète de la faculté mentale de s’étonner devant le merveilleux, l’illusoire, le temporaire et qui vous fait passer de la béatitude à l’obs- curité la plus complète. Sa recherche permanente est une lutte incessante avec l’ange / langage, les mots non sans mal se conglomèrent malgré tout et le plus souvent en proses quasi “ narratives ”, entre fiction sauvage et auto- fiction résiliente, entre sombre repli sur soi et frémissant dépli vers l’autre. Certaines pages font parfois songer à Antonin Artaud, d’une sincérité tragique. Et non moins désespérément sublime. Louis Dubost Luce Guilbaud Mourir enfin d’amour Al Manar, 80 p. 18 € L’émotion est fondatrice dans la poésie de Luce Guilbaud. Dans ce très beau livre (chez un éditeur prestigieux), l’émotion fournit de l’énergie à une écriture qui avance en équilibre sur une ligne d’horizon / tendue entre naissance et mort. L’évocation, poème après poème, de la figure de la grand-mère qui marche d’un bon pas sans regarder der- rière / sur les chemins du marais vers la mer, convoque un univers fondateur de cette poésie, réalise une symbiose de la mer et du marais, de l’absence de celui qui rit au long cours (pêcheur, marin ou corsaire) et de la présence de la peur aux ongles bleus chez celle qui en permanence est au large d’elle-même. La figure de la grand-mère fait “bouger” l’écriture de la petite-fille qui s’en approprie l’énergie mot à mot et sans regarder derrière. La mémoire est désir de langage qui rend présents, ici et maintenant, ce qui et ceux qui se sont absentés. En ce sens, la “mémoire désirante” fait bouger ce qui paraît fossilisé, elle s’active dans les mots et s’incarne dans le poème. De sorte que mourir d’amour, par le poème, c’est laisser tomber le verbe aimer / sans qu’il se brise. Louis Dubost Pierre Yborra Le dernier des triplés Ella, 302 p ; 20 € Il est drôle, l’écrivain Ybor- ra, ce depuis son premier livre. Il est comme ça dans le style : marrant ! Et stylé (!). Façon Alphonse Boudard. Pas rien ! Car il y a un ton Yborra, une lecture où on se marre franchement. Et il fait plaisir à son lectorat, car il a ses supporters, ses fidèles. D’ailleurs, ses derniers romans ont fait l’objet d’une réédition, c’est dire. Et avec les triplés de son petit dernier, il reste à ja- mais dans cette veine. Dans un récit à trois étages, essen- tiellement à La Rochelle et Saintes mais avec des incur- sions en Vendée, notamment dans le sud du département 85. Trois étages avec le grand-père, le père et l’un des triplés. D’ailleurs, on aimera sa plume sensible sur le regard de l’enfant. On aimera aussi sa façon d’évoluer dans l’Occupation allemande (son occupation préférée !) et dans l’après-guerre, années 1945 à 1955 ; et on aimera aussi son aspect documenté sur cette période mais aussi dans les arcanes de la justice (alors qu’il n’a jamais ouvert un livre de droit !). Il est étonnant, Pierre Yborra qui va encore carton- ner avec ses triplés. PhilG.
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    56 Yves Viollier Un jeunehomme si tranquille Presses de la Cité, 274 p., 20 € Une si terrible histoire, si émouvante aussi, et en même temps si révoltante,celle, d’Yves Viollier dans son dernier roman. Histoire également vraie, qu'a récemment vécue l'auteur. Car à la disparition du dénommé Roger Martin, parti de sa belle mort, tous ses amis sont atterrés. Touchés. Roger va leur manquer, Roger si serviable, si humble, prêt à rendre service, et toujours le mot pour rire, ou rassurer. Mais à la mort du bon Roger, le narrateur, maire d'une commune de Vendée, va en savoir plus sur le passé de son ami, notamment sur sa jeunesse. Et ce qu'il ap- prend est stupéfiant, terrifiant, glaçant même. Non seule- ment, Roger a « collaboré », notamment avec la Gestapo, mais il a aussi envoyé à la mort de nombreux patriotes, traître se montrant même dénué de scrupules. Qui sera condamné à mort après la Libération, en 1945, sauvera sa tête de justesse, fera plusieurs années de prison... Un coup de massue devant ces monstruosités pour son ami le maire. Comment réagir ? « Écrivain de l'épure », comme l'ont écrit les cri- tiques de l’hexagone sur ses derniers livres, Yves Viollier poursuit un cheminement où se dessine la plus grande humanité pour faire sienne la devise de Simenon : « comprendre et ne pas juger ». Avec son 39e livre, le Vendéen de Château-Fromage poursuit de bien belle manière sa « Comédie humaine ». Régine Albert De Nantes à Montaigu Chez Maupassant, 15 € Tout le monde connaît peu ou prou la chanson. Régine Albert se régale, et nous régale, à nous don- ner des « nouvelles de la Digue ». Elle aurait rencontré (c’est vrai) au salon littéraire de Montaigu, un certain Michel Houellebecq. L’écri- vain était alors complètement inconnu et il aurait alors souhaité faire plus ample connaissance avec sa voisine qui signait de concert avec lui. Régine s’amuse à nous raconter les péripéties de la rencontre de son héroïne qui lui ressemble, et qu’elle ap- pelle Rose, avec le futur illustre écrivain. Et, comme on est proche de la digue, les péripéties ne manquent pas de sel... Une douzaine d’autres courtes nouvelles où domine le rouge, couleur de fièvre, complètent le recueil. On y retrouve la manière de Régine qui, depuis son premier succès « Les pierres de sucre », écrit juste, s’amuse et réus- sit une succession de tableaux de la vraie vie. Yves Viollier Tout en restant fidèle à l’idée du sens littéraire dit « po- pulaire » de la fameuse « École de Brive » dont il est un des piliers (et en Vendée plus que jamais « le » pilier). Viollier va encore réjouir ses fidèles lecteurs, toujours nombreux. Témoin les séances de dédicaces qu’il a effec- tué dans les quatre coins du département et au-delà à la sortie du livre en septembre 2022. PhilG Jean-Pierre Dallemand Le sourire confisqué Vdl Voici l'histoire singulière d'un enfant des années 50. Il est étran- gement seul : des parents séparés pour lesquels il est un fardeau, peu de copains, une grand-mère revêche et autoritaire. Pourtant, il va réussir à se construire grâce à sa faculté d'admiration des beautés qui l'entourent. Des funambules magique, une rivière et ses grenouilles (le Caudeau) qui lui parlent à l'oreille, une ville de Bordeaux pleine de rencontres et d'imprévus, les cartes suspendues aux murs de la classe, des spectacles merveilleux entrevus, faute d'argent de poche, et plein d'autres souvenirs finement observés. Et puis, à qui ap- partenait cette casquette d'officier allemand dénichée dans le piano ? L'auteur nous livre le contenu de sa mémoire, parfois un peu en vrac, mais toujours dans une langue ciselée, précise, agréable. PhilG Marcel Godreau Paysannes Vdl, 234 p. 20 € Elles s’appellent Louise, Ju- liette, Marie-Claire et Florence. Quatre paysannes dont le roman de Marcel Godreau raconte la vie, tout au long du XXe siècle. Elles témoignent chacune à leur tour, de leur vie à la ferme et, à travers leurs parcours, de l’évolution de l’agriculture vendéenne. Elles tracent ainsi le chemin de progrès et d’émancipation des femmes de la terre. Marcel Godreau qui a lui-même rassemblé ses souvenirs dans ses récits d’une vie, « 80 ans… et plus qu’une corde à ma guitare », rend hom- mage à quatre générations de femmes qui ont été, en même temps, épouses et mères. Elles ont aussi façonné – et on ne le dit pas assez – l’agriculture que nous connaissons aussi. Avec ses réussites et ses échecs, ses aspirations et ses désillusions, ses hésita- tions et ses épreuves. Toutes les quatre, elles se sont réalisés dans leur amour enraciné à la terre. G. B.
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    57 ROMANS Athanhorus Spiritus Mundi ! Jean-MarcSavary, 262 p. 23 € Étrange livre, écrit de manière ordinaire sur une situation extraor- dinaire, des hommes en quête dans un monde « spatio-temporel ». Ce, grâce à une pierre mystérieuse, philo- sophale, au grand pouvoir de voyage dans le temps de l'histoire humaine ; avec peut-être la recette de l'immortalité dont la planète Terre n'est qu'une étape du repos éternel qui n'existerait pas... Oui, étrange (vous avez dit étrange ?), d'autant qu'on peut se demander qui est Athanhorus, l'auteur ? Un Ven- déen du fond des âges ?... Un extra-terrestre littéraire ?... N'empêche, ce singulier ouvrage peut se lire comme un roman, d'ailleurs c'en est un dans sa construction. Avec parfois ses égarements et quelques inévitables longueurs. Mais les initiés ou simplement curieux de l'alchimie, des traditions égyptiennes, des chevaliers du Graal et des ar- canes de l'hermétisme devraient y trouver leur compte. Ce livre, Spiritus Mundi ! (Un Monde Spirituel) est aus- si une suite de Pax Mundi ! (Paix dans le Monde) Du même auteur, qui offre « un sursaut spirituel mondial ». PhilG Bernard Thibaud Libre comme l’ère Ella, 318 p. 20 € Les Brumes de Loocardic, son premier roman, a trouvé ses ad- dicts qui se précipiteront sur ce se- cond exutoire dans un monde où tout est beau, possible, improbable, inattendu... Inattendu ? Pas vraiment, On sait que le miracle se produira et que nos héros finiront bien par se retrouver. Jules Verne, dans « Le billet de loterie », monte toute une histoire autour d’un billet que les héros savent à l’avance devoir « gagner «. Le numéro gagne ! Jules de conclure : mais non ce n’est pas invraisemblable, il y a toujours un gagnant ! On le sait, tous les « gagnants » ont joué. Alors lisez ! Une seule ombre au tableau : la fille miracle de nos beaux héros est emportée dans un torrent de boue et perdue alors que sa mère venait juste d’apprendre son existence et la retrouver. Gens de peu de foi ! Je suis sûr que vous la retrouverez dans le prochain tome. JR André Hubert Héraut la Bachelette, la vie dans le Haut bocage vendéen au coeur du XIIIe siècle Feuillage, Saint-léger productions, 232 p. 18 € De la Pentecôte à la Trinité de cette année 1738, la petite ville de Maulévrier va vivre intensément les fêtes de la Bachelette qui consti- tuent à l’époque un des temps forts de l’année. Pierre, le gars de la Fromentinière, va profi- ter de son élection au titre de “roi des bacheliers” pour dévoiler la passion qu’il voue à Catherine Duverdeau, la fille du garde principal du comté. Mais la tradition fa- miliale veut qu’un fils de paysan prenne femme dans son milieu. Là commencent les diffi- cultés pour ce garçon plein de franchise et de droiture qui n’aurait jamais pensé un instant entrer en conflit avec son père, chef incontesté de la famille. Ce roman nous fait entrer de plainpied dans la vie du Bocage vendéen au XVIIIe siècle : rude, mais pas tant que ça ; calme, mais jalonnée tout de même d’événements imprévus. André Hubert Hérault, né à Maulévrier, dans la vendée Angevine, est écrivain et éditeur. il voue une fidélité passionnée à l’âme de sa terre natale. Auteur d’une vingtaine d’ouvrages, il a édité plus de cinq cents titres (histoire, biographies, ethnographiques et littérature générale). AHH Philippe de Villiers La valse de l’adieu Plon, 590 p. 22,90 € Les Villiers ne sont pas vendéens. Philippe, lui, l’est. Il y a fait sa guerre des boutons avec les garnements de Boulogne, ses voisins de la Bralière, logis des Montsorbier depuis le XVIe siècle. La vie campagnarde, tailler des sifflets en sureau, il connaît ; vous apprendrez ici plus d’un de ses tours. Vous en apprendrez aussi sur ses autres ancêtres vendéens et russes au travers des aventures d’un luthier qui a croisé Napoléon aux « Quatre Chemins de l’Oie », qui l’a traité de « Jean Foutre ». Une jolie façon de traverser l’histoire des ancêtres de Philippe dans les Guerres de Vendée, l’épopée de la Duchesse de Berry, la Petite Église, la campagne de Russie et finir avec... Frédéric Chopin dans la « Valse de l’Adieu ». Les fans vont se délecter. JR
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    58 Véronique Renaudeau La nuit,l'océan rêve aussi Libre 2 lire, 164 p. 16 € Voilà un premier roman réussi. Thala, une femme proche de la cinquantaine las- sée par le vide de sa vie, ne se sent plus aimée et se lance un défi pour sortir de sa torpeur : apprendre à dompter les vagues par le surf. Elle y parvient après beaucoup d'efforts et d'abnéga- tion et y trouve le plaisir d'un accomplissement de sa personnalité, comme une régénérescence de sa vie. L'autrice file avec talent la métaphore d'une vague bonne à prendre. Dans ce récit à la première personne, Thala se livre à une véritable introspection au travers de la conquête d'une réussite sportive, appuyant sur les sensations et les émotions, dans un parcours où le corps joue un rôle aussi grand que le cœur. Les rendez-vous avec son amant lui permettent en parallèle de sur- fer sur des vagues de sensualité qui nous appri- voisent de leur écriture dense mais fluide, riche mais toujours précise. Aucun doute que l'une de ces vagues happera le lecteur, la surfeuse lui tend si bien sa planche pour l'attirer dans son appren- tissage. AP Pauline de Vençay Rue de la Moïka Pierre Téqui, 201 p. 13,50 € Un polar historique à deux ! Olga et Ni- colaï sont séparés, à Moscou et au Turkmé- nistan mais se retrou- veront enfin à la fin de l’histoire dont ils sont tous deux les héros. Un petit bijou, ce roman. On est familier de la cour de Russie, on se perd dans les rues de Moscou et dans les steppes de Merv... On se cache dans des tonneaux, on se déguise, on es- quive, et on sauve le tsar ! Dumas et Tolstoï ont captivé mes premières lectures, Pauline de Vençay prend le relais. Je ne supporte plus les épopées multipliées des Guerres de Vendée mais je sens que ce tout jeune nouvel auteur va me convertir avec son précédent et pre- mier roman : « Royalement vôtre » ! JR Martine Basso, Jean-Jacques Lujan La vengeance de l’Arche d’alliance Vdl, 364 p. 20 € Monte Cassino, Italie, 1944. Les bombardiers alliés détruisent le célèbre monastère, occupé par l’armée allemande. Sous ces voûtes sacrées, sont cachés les symboles précieux du temple de Salomon, l’Arche d’Alliance et d’autres trésors. Le Père abbé décide de les confier aux Franciscains de l’abbaye de Cimiez, à Nice. Un professeur d’histoire et un jeune moine sont chargés de les mettre à l’abri des convoi- tises dans différents endroits de l’Ouest de la France. Leur périple les conduira ainsi en Pays de Retz, à Noirmoutier, à Bouin, jusqu’au Portail des Initiés de la cathédrale de Chartres... Rebondissements et ésotérisme mys- tique tiennent constamment le lecteur en haleine jusqu’au dénouement. L’éru- dition des auteurs et leur sens du sus- pense ajoutent à l’intérêt de ce roman parfaitement maîtrisé. G. B. Jean Kozole Les Glorieuses L’arTbitraire, 148 p. 12 € Un premier roman, des sujets existentiels très contemporains. Les héros ne se connais- sent pas, viennent de milieux différents. ont une vie sans relief, tissée de déboires. Un événement inattendu télescope leurs trajectoires. L'auteur traite de la capacité à pouvoir dire non. Non à un destin dé- cevant, non à l’autre, mais aussi non à soi-même. Dans ce roman subversif, politiquement incorrect, les personnages tentent d’analyser le monde par des raisonnements aboutis et finis- sent par conclure que l’adaptation se fait souvent par-delà les règles morales. S’abstraire un temps de la question des valeurs, bonnes ou mauvaises. dénoncer le déséquilibre permanent entre les in- teractions humaines. « Comment se sauver soi-même ? Rien ni personne ne le fera pour nous ». En filigrane dans toute cette histoire ! Eveline Thomer
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    59 Yannick David Les balançoiresroses Librinova Traverser le Rio Bra- vo qui sert de frontière entre le Mexique vers les États-Unis à l'aide d'un ULM constitue un pro- jet fou en même temps qu'une belle idée de ro- mancier. Cette barrière artificielle, voulue par un ex président amé- ricain, est sévèrement gardée. Cependant, les jeunes protagonistes n'ont peur de rien. Ils sont courageux, astucieux, inconscients ou naïfs parfois, et toujours résolus à mener à bien leur entreprise périlleuse. Cette fiction bien construite est un pré- texte pour découvrir des personnages atta- chants, mais aussi une ville où la violence est reine et le danger permanent. Un univers qui contraste avec la quiétude du fin fond de la campagne lozérienne. Pierre Deberdt Mireille Calmel MorgandesBrumes,L'Epéedu pouvoir XO, 330 p. 19,90 € Aux larges des côtes bre- tonnes, sur l'île d'Aval, vit pai- siblement une communauté de prêtresses. Morgan, jeune fille belle et fougueuse dont le caractère et les origines cachées font redouter le pire à la grande prêtresse Vivian, commet l'irréparable. Pas loin de là, Ké et Arthur ne croient pas en la magie. Ils observent les Ténèbres recouvrir le ciel d'Armorique et, devant eux, franchissant la mer, apparaissent des navires à tête de dragon. Précipi- tés dans le chaos, les héros devront affronter leur peurs et leurs croyances les plus tenaces, avec l'es- poir de découvrir, enfin, leur vérité. Premier volet des aventures de Morgan, des personnages hauts en couleurs, le savoir faire de Mireille Calmel, une pincée de magie pour un incroyable voyage dans l'imaginaire fascinant du monde Arthurien nourri des légendes les plus anciennes mais aussi des toutes dernières découvertes. Premiers temps des célèbres chevaliers de la table ronde autour du futur roi Ar- thur. Eveline Thomer Mireille Calmel La louve Cathare XO, 426 p. en « Poche », 7,95 € Comme toujours, tout y est : les personnages historiques, le contexte, les événements. Vous y ajoutez l’intrigue, la botte se- crète de Mireille, à un rythme à vous essouffler bien vite... Pourtant, vous le retrou- verez aussitôt, avec ces héros si haut en couleurs mais imprévisibles. Je les connais tous mais je ne connaîtrai le coupable qu’à la fin du second tome... Le coupable ? En fait, il n’y a pas vraiment de coupables mais les héros d’une histoire qui les dépassent tous et les entraînent à leurs dépens pour notre plus grande joie. On connaît aussi le talent de Mireille pour l’ambiance, les sentiments de ses héros. Je me pré- cipite sur le second tome dès que j’en ai fini avec l’édition de cette revue ! JR Delphine Giraud Les couleurs du silence Fleuve, 304 p. 18,90 € Dans « Les couleurs du silence », son troisième roman, Delphine Giraud exploite les thèmes du secret de famille et de la gémellité. Deux thèmes universels qu’elle déploie avec une plume alerte et moderne, en nous entraînant derrière Lila, son héroïne, dans une demeure du saumurois où se sont déroulés des drames familiaux dont elle va essayer de démêler les fils. On suit avec plaisir la quête de Lila pour découvrir ce que lui cache le beau Karl, son compagnon. Mais le connaît- elle vraiment ? Une très agréable lecture avec un final inat- tendu. MFB ROMANS
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    60 ROMANS Paul de Rugy L’espoirest un risque à courir Vdl, 225 p. 18 € Paul est très engagé. C’est aus- si, comme beaucoup, un homme heureux, un privilégié ; cela lui fait mal. Cela en ferait sourire cer- tains mais pas lui. Tout ce qui ce passe actuellement le dérange. Il veut com- prendre, sinon apprendre et continuer à s’impliquer dans ces événements qui nous dépassent et créent des situations extrêmes où les plus démunis n’ont plus au- cune chance. Un chevalier de Malte ne peut que souffrir avec les déshérités et s’interroger sur une certaine vacuité de ses Michel Pelé Causeries et pépiements gourmands autour d’Amuses Bouches Vdl, 150 p. 22 € La couverture fait déjà saliver. Un régal, délicieux mélange de nourriture terrestre, spirituelle et céleste. Une avalanche de recettes : « Le Ceviche de céteaux sur amandines », ici qualifié de perle d’algue. La citation de Dany Laferrière : « Écrire c’est cuisiner avec des mots » prend tout son sens. Déposez une petite poignée de criste-marine, (fe- nouil de mer) dans une coupelle, enjolivez votre pré- GASTRONOMIE efforts et de ceux de ces pairs. Sur une charité de façade, de passage, à temps compté. Alors, il l’écrit, il invente une histoire où les héros, les victimes, vivent un enfer dont ils vont se sortir en s’appuyant l’un sur l’autre. Ils ont des histoires différentes : l’une se relève quand l’autre s’abîme. Cela en fera encore sourire certains, ce sont aussi les valeurs les plus profondes, avec ici l’humanité, la charité et l’amour, qui permettent ce double sauvetage. De quoi persévérer dans l’humanitaire... et l’écriture, car tout cela est fort bien fait, sensible, juste, sincère. Cela se termine au Liban, si éprouvé lui aussi, où les français ont tenu un rôle, un des épicentres des problèmes politiques du Moyen Orient. Paul s’y implique aussi... L’espoir ? Le pari ? L’enjeu est de taille ! JR Alain R.P. Bach L’or des Vendéens L’atlantide, 322 p. 20 € L’épopée d’un jeune Vendéen au service de la République 1793. Louis-Marie Guérin, Officier républicain originaire des Sables-d’Olonne, est chargé d’en- quêter sur une attaque meurtrière de la malle-poste aux abords de la forêt de Brocéliande, en Bretagne. Il ne se doute pas que cette enquête sera le point de départ d’une saga échevelée où, piégé par naïveté, il sera entraîné comme par le courant puissant d’un torrent, au cœur d’une guerre civile sans merci. Blancs et Bleus s’affrontent au cœur d’une Révolu- tion souvent ambiguë où courage et corruption se cô- toient. Le héros découvre dans les deux camps la cruauté, les compromissions, les reniements, les incompétences, mais aussi la hauteur de vue, la générosité, l’esprit de sa- crifice et la défense de l’intérêt général. Xavier Armange sentation avec une petite grappe de tomates cerises et quelques pétales de pois de senteur et pavots cornus. Paul Gauguin met aussi son grain de sel : Porter des fleurs à l’oreille pour entendre leur parfum. Tout est bien expliqué, clair, facile à réaliser. La poésie virevolte dans un joyeux badinage. Le me- lon courtise le jambon, les gambas chatouillent les encornets, la racine de bardane fait des avances à la crème de haricots verts. Michel Pelé, artiste né, mélange savamment les ingrédients : les fruits de la terre et de la mer, les couleurs, les fleurs, les parfums et les mots... pour notre plaisir. Eveline Thomer
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    61 Karine Carville Coup debluff Mots et cris, 216 p. 17 € J’ai une photo, un marque page, une carte de visite, un livre. Un achat impulsif, je ne m’attendais pas à trouver un auteur au marché Hal- loween à St-Hilaire le Vouhis ! Intrigué, je l’interroge. Oui, elle multiplie les marchés, les petits salons, les livres. Elle fait cela depuis plus de 12 ans et cela cartonne. Il faut dire que c’est une « pro » des jeux de l’amour, tout-à-fait dans la mouvance actuelle. Une romance pas trop longue, bien en- levée. Ma curiosité a été satisfaite, ce n’est pas Françoise Sagan mais vraiment une « pro » ; elle glisse en- suite une petite fiche sur ses autres romans et un « bonus » sur les coulisses de la rédaction de son livre. L’amour, l’amour ! Cela marche toujours ! Elle m’a bluffé ! JR ESSAIS Roger Lescop Bucherons en pays Limousin Autoédition, 288 p. 17 € Roger Lescop est né aux Sables d'Olonne, dans une famille d'exploitant forestier scieur, juste avant le début de la seconde guerre mondiale. Après des études fores- tières, il a consacré sa vie aux bois et forêts, devenant même proviseur du lycée forestier de Crogny. Le présent ouvrage s'inscrit dans le souvenir des vingt années passées en Limousin, en charge de la formation d'ouvriers-forestiers-bûcherons. « Des jeunes, attirés par la nature forestière et une vie différente, se lançaient dans des activités sylvicoles, après un stage de six mois à l’Ecole forestière de Meymac en Corrèze. Les exploitants forestiers, donneurs d'ouvrages, n'ont pas su laisser à ces jeunes la place qu'ils attendaient. Les échecs ont été nombreux. Je tenais à apporter témoignage de ce temps et dire qu'il était aisé de faire mieux ", Passionnant, ouvert sur un avenir positif et qui mérite d'être lu. À noter que l'auteur fut le créateur et l'animateur de l'association des Amis de Jean Huguet. J. Bernard Pierre de Villiers Paroles d’honneur Fayard, 270 p. 21,90 € Il vient de sortir et je ne l’ai pas encore lu mais nul doute que ce livre aura le même succès que les trois premiers. Nous vous livrons ici la présentation de l’ éditeur : Il y a deux façons de voir la situation actuelle : soit se complaire dans le constat, il est vrai cruel et inquiétant ; soit surmonter ce dernier et cher- cher des solutions, faire confiance aux trésors de notre génie français. Vous, les jeunes, êtes l’avenir de la France. Vous êtes aujourd’hui en demande d’humanité et de fermeté, d’auto- rité et d’amour, d’exigence et de bienveillance. Vous cherchez votre équilibre, dans une société où les facteurs de déséqui- libre se multiplient. Il reste à canaliser vers de justes causes cette attente et cette soif d’idéal. Les plaintes soulagent, mais ne construisent rien de durable. Tout au long de son parcours militaire, le général Pierre de Villiers a eu à cœur de transmettre ; cinq années dans la vie civile n’ont fait qu’affermir son engagement pour la jeunesse, à laquelle il dédie ces lettres. Elles constituent une véritable profession de foi intellectuelle et morale. Une leçon qui résonne profondément en nous. Ces Paroles d'honneur ouvrent un chemin pour réapprendre à aimer la France et retrouver l’espérance. Bernard Grasset Lisez et élaborez votre propre pensée. Chemins de Pensée, Ovadia, 22 € Si je me retourne vers de loin- tains souvenirs, en mon année de philo puis celle de propédeutique, Friedrich Nietzsche, philosophe allemand, évoque essentiellement pour moi La naissance de la Tragédie (1872) et Ainsi parlait Zarathoustra (1885). Ce grand penseur athée annonçait le surhomme et proclamait la mort de Dieu. À l'opposé, Blaise Pascal, savant, philosophe et écri- vain, pensait que seules la foi en Dieu et l'espérance du salut offrent à l'homme un sens à son existence. A priori, tout oppose ces deux personnages. Pour- tant, Bernard Grasset effectue un rapprochement entre eux, " comme si un lien énigmatique les reliait, alors qu'ils sont à bien des égards aux antipodes l'un de l'autre, à l'inté- rieur de l'histoire de la pensée humaine. " Sa conclusion : " Nietzsche et Pascal. L'incroyant par excellence, le croyant par excellence. Et si dans le débat sans fin entre ces deux penseurs décisifs se jouait le destin de l'Occident ?" J. Bernard
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    62 Frédéric Bodin Sherlock Holmeset les mystères de Vendée La Geste, 224 p. 25 € Élémentaire, mon cher Watson ! Nous sommes à l’été 1911 et Sher- lock Holmes débarque en Vendée, accompagné bien sûr de son fidèle second. Ils doivent élucider quatre mystères, ce qui va les conduire sur des lieux emblé- matiques de notre département. À Mouilleron-en-Pa- reds d’abord, où Georges Clemenceau est diversement estimé de la population, puis aux Sables-d’Olonne, à la recherche du fantôme de la villa Margot, à Maillezais, sur les traces du tueur de l’abbaye, et à La Roche-sur- Yon pour résoudre une sombre affaire d’enlèvement au musée. Journaliste de presse régionale, Frédéric Robin a déjà emmené ses lecteurs dans des affaires de meurtres à Niort, à La Rochelle, à La Chaume et à Nantes. Ils se régaleront ici en compagnie de Sherlock et Watson. L’hu- mour british, la connaissance des lieux et de l’histoire, le suspense les réjouiront à coup sûr.. G. B. POLARS Christoph Chabirand Le chat et la souris, Orphie, 198 p. 11€ Origines, Orphie, 212 p. 15 €. Le Luçonno-réunionais Chris- toph Chabirand, 64 ans, est de- venu prolifique. Son petit dernier est à nouveau un polar qui permet de retrouver des flics de choc, le duo Picard-Cazambo. Un duo à la complicité indestructible face à une série d'horribles crimes, c'est l'un des deux récits du « chat et la souris », menés tambour battant. Avec cependant une touche, une patte, un peu celle de Simenon, ex- cusez du peu ! Simenon qui a aussi écrit beaucoup de nouvelles... Mais si Picard et Cazambo oc- cupent le haut de la distribution, la véritable héroïne de son dernier polar créole reste la Réunion, cette île de l'océan Indien que le sud- Vendéen habite depuis... 35 ans. Cette île où il s’immisce sans fard dans sa vie d’aujourd’hui. Chaque année en métropole en été, Chabirand effectue des séances de dédicaces où son succès est avéré (livres de plus d'un prix modique). D'autant qu'en 2021, il avait sorti « Origines », son ouvrage embléma- tique, avec également en longues nouvelles. Une d’elles fait écho au tragique destin des « enfants de la Creuse », ces petits Réunionnais exilés en métropole à la recherche de leurs racines. PhilG Fred Nerrière Le Nid Alter Real, 340 p. 20,90 € Le Nid est le premier roman pu- blié par Fred Nerrière qui, en tant que professeur de lettres, s’est long- temps nourri de littérature. Ce nid, c’est la structure en branchages qui recouvre le corps d’un garçon de neuf ans retrouvé à Saint-Sigismond, tout près de l’ancienne abbaye de Sainte-Colombe dans le Marais Poitevin. Un cadre mystérieux où s’emmêlent la sombre forêt et le marais aux odeurs entêtantes, un crime énigmatique qui ressemble à celui commis vingt ans plus tôt et jamais élu- cidé, un couple d’enquêteurs gendarme et policier dont chaque rencontre provoque des étincelles, une intrigue particulièrement bien ficelée avec de nombreux rebon- dissements, voilà les ingrédients d’un roman au suspense pénétrant. Les personnages sont d’une belle épaisseur psychologique, cachent de nombreux secrets qui se dé- voilent peu à peu. L’enquête augmente la tension page après page, au fur et à mesure qu’elle avance, jusqu’à un dénouement qui fleurit en surprises et en inattendus. Au total un premier roman réussi qui fera le bonheur des amateurs du genre. AP Christian Denis Leçon à Luçon ECD, 240 p, 12 € Christian innove, c’est toujours lui, mais en plus soft, ce qui ne de- vrait pas déplaire à tout le monde. On ne » trhrille « pas vraiment comme annoncé mais on suit avec entrain les aventures d’un professeur sous l’Occupation. Prof ? Rien n’est gratuit chez Christian qui est un ancien « prof » et qui sait ce dont il parle. Un donneur de leçons ! Nous sommes suspendus à ses cours. Sur la vie, sur l’Histoire, sur la Vendée, réflexions d’un prof qui sait prendre la distance suffisante pour ne pas tout prendre pour argent comptant. Cela remet les idées et la vérité en place. Si vous êtes un bon élève, vous ne regretterez pas votre lecture et la « leçon » ne sera pas perdue pour tout le monde ! JR
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    63 HISTOIRE Philippe Audureau Algérie, tute souviens... Petit Pavé, 227 pages. 20 € L’auteur déploie dans ce roman toute la veine du conteur. Son écriture donne du plaisir au lecteur qui em- boîte le pas à Valentin, jeune français d’Algérie. On suit le jeune garçon dans une pre- mière partie relatant avec talent et souvent une pointe d’humour sa jeunesse dans ce pays de l’autre côté de la Méditerranée. La petite histoire se mêle à la grande, à travers le quotidien d’une famille et le langage fleuri d’une mère pour son fils. Mine de rien, c’est l’histoire d’un pays que l’on découvre à travers Nicole et Valentin. Puis, en deuxième partie, c’est l’Indo- chine, le retour au pays en pleine guerre d’Algérie. Un récit dense, où l’on se laisse embarquer dans l’histoire à la suite de Philippe Audureau et de son talent d’écrivain. Régine Albert Michel Perraudeau Histoire de l'Anjou La Geste, 204 p. 35 € Michel Perraudeau est né en Vendée. Il a reçu le prix Charette en 2020 pour « La Geste poitevine ». Il vit à Angers et il est certainement l'un des mieux placés pour nous faire parcourir dans un album richement illustré l'Histoire de sa terre d'élection. « Douceur angevine ou douleurs angevines » écrit-il. Rien n'échappe à son regard exercé qui nous fait par- tager la douceur du pays illustrée par le « Heureux qui comme Ulysse » de Joachim du Bellay, et les souffrances des guerres, celles des grandes invasions, des guerres de religion et des guerres de Vendée. L'album court de la préhistoire à nos jours. Les hommes illustres, artistes, écrivains, y ont leur place. On apprend beaucoup. On voyage. Le livre s'achève sur un texte de Julien Gracq qui chante sa rivière l'Evre, rivière des Mauges, affluent de La Loire. Yves Viollier Charlotte de Villiers La Vendée, carrefour de l’Histoire de France La Geste, 184 p. 29,90 € La Vendée est une histoire à elle seule et elle occupe dans l’Histoire de France une place singulière, et pas seulement de- puis les guerres de Vendée. Ce beau livre d’images et de textes maîtrisés la situe en effet dans la grande Histoire. Il met en évidence les grandes figures qui ont marqué notre pays : Aliénor, Rabelais, Agrippa d’Aubigné, Richelieu, Louis-Marie Grignion de Montfort, Clemenceau, Jean Yole, De Lattre de Tas- signy. Il souligne le rôle d’autres célébrités comme le Roi saint Louis et Napoléon ou, dans un registre plus légendaire, la fée Mélusine. Le Puy du Fou et le Vendée Globe illustrent la Vendée contemporaine et préfigurent celle de de- main. On regrettera le manque d’intérêt pour les guerres de 14-18 et de 39-45. Focalisé sur les grands personnages, cet ouvrage oublie trop ceux et celles qui n’ont pas leurs noms dans l’Histoire et qui ont avant tout construit la Vendée d’aujourd’hui. G.B. Jean Artarit Les Allix, une famille vendéenne d'intellectuels et d'artistes révolutionnaires La Geste, 266 p. 29 € L'auteur, psychiatre et psychanalyste, originaire de Fontenay-le-Comte, au- jourd'hui à Maison-Alfort, a bénéficié des archives de la famille Allix. " Les parents des enfants Allix se marièrent à Fontenay-le-Comte, le 29 octobre 1811. Ils avaient tous les deux vingt ans. Pierre François Allix, né à Vengeons en Normandie, dans le département de la Manche actuel, était marchand quincaillier comme son père et demeurait chez ses parents venus s'instal- ler en Vendée au début ses années 1800. La mariée, Gabrielle Thérèse Vexiau, était une Fontenaysienne, fille de Simon Vexiau - dit dans l'acte "marchand poêlier" et non "quincailler" comme les Allix - et de Thérèse Garnereau." La suite de cette histoire ? Dans le livre pu- blié en ce début d'année 2022, vous y verrez défiler, tout au long du XIXe siècle, en Vendée, à Guernesey, Jersey, Paris et ailleurs, les événe- ments qui ont marqué cette période. J. Bernard
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    64 NOUVELLES... Collectif Frères et sœurs Herde Fêtes et Vdl, 216 p. 15 € Frères et sœurs, thème 2022 du concours de nouvelles de l’association Her de Fêtes de Noirmoutier. De nombreux auteurs ont participé et les résultats ont été rendus lors du salon du mois de l'été. Voici édités les textes de quatorze d'entre eux, parmi lesquels on trouve plusieurs noms connus des lecteurs vendéens, qui laissent libre cours à leur plume pour un récit de dix à quinze pages. Un joli patchwork de styles, de situations et de sentiments, chacun s'épanouissant dans l'exercice. Les nouvelles sont aussi variées que les personnalités de ceux qui les ont écrites, entre la gravité et le sourire, la joie et la tension qui nourris- sent la vie. L'’intérêt de la lecture en est sans cesse relancé. Alain Perrocheau Françoise Bidois La vieille conteuse de Vendée Vdl, 274 p. 18 € Il est impossible de ne pas lier ce troisième ouvrage avec les deux précédents : Promenade d’un enfant (tome 1) ; Raconte- le à mon cheval, il le répétera (tome 2) et le dernier en date : La vieille conteuse de Vendée (tome 3). La trilogie de Françoise Bidois nous prépare à passer nos soirées à la bougie (plus d’électricité nous dit-on) au coin de la cheminée à se délecter de ses Contes et Nouvelles d’entre mer et marais. Une suite d’histoires qui nous plonge dans les légendes, les récits, d’ici et d’ailleurs. L’auteur n’a pas de limites géographiques, vous parcourez les terres vendéennes pour vous retrouver quelques pages plus loin au milieu du peuple de la mer qu’elle connaît bien. Il m’arrive d’emporter lors de mes voyages un de ses livres, et aussi pour attendre mon tour dans une salle d’attente… J’en apprécie la lecture en tous lieux, puisque je n’ai pas de … machinphone pour passer mon temps. René Moniot Beaumont Etranges nouvelles de Patrick Allen, - Vent des Lettres – 201 pages, 14 euros Ce livre contient huit nouvelles de différentes longueurs. L’auteur, dans un langage imagé et agréable, nous convie à lire ces récits où l’étrangeté se mêle à la fiction. Des récits qui ne manque ni de charme ni de mystère. On reste parfois sur sa faim mais l’ambiance insolite nous convie à progresser dabs ces nouvelles de longueurs différentes. La plupart se déroulent en Amérique. Sauf la dernière qui se situe le jour où les Américains sautent en parachute sur la terre de Normandie pour libérer la France de l’occupation allemande. Un bel hommage à ces jeunes qui ont laissé leur vie pour nous sauver de l’op- presseur. Il est bon de se rappeler cette période de notre histoire. Quoi qu’il en soit, ces huit nouvelles se lisent avec plaisir. Ne boudons pas cette lecture qui plaira à tous même si vous n’êtes pas – habituellement – lectrices et lecteurs de nouvelles. Régine Albert La Reine et les oiseaux de Daniel Meynard, Editions de l’Atlantide, 124 pages – prix non indiqué sur le livre. Un livre étrange qui ne manque pas de charme. Entre conte et ro- man, l’auteur nous fait voyager, à la suite de ses héros, dans une époque où se croisent seigneurs et manants, sous la gouvernance d’un roi et d’une reine. Hors de la Cour, celle-ci se met sous la protection de Gaël qui l’adore et veillera sur la petite Colombe... Les aventures s’enchaînent entre les loups, la neige, les monts d’Aubrac porteurs de mystères. Aucune crainte de s’ennuyer dans ces pages où l’action et l’amour se mêlent intimement, d’aventures en rebon- dissements. On se laisse porter par le souffle romanesque qui habite ce récit de bout en bout. Un bon moment de lecture à ne pas manquer. Régine Albert ...et CONTES
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    65 Cyriaque Griffon Les contesde la gitane Fauves, 380 p. 23 € Lauréat du Prix des Écrivains de Vendée 2010 pour Afrikaners, les secrets de Vryland, Cyriaque Griffon revient sur son pays na- tal, du côté de La Guyonnière. Plus précisément autour de l’ab- baye de Meslay et de ses secrets. Le plus fameux, le trésor caché de l’amiral du Chaf- fault, est sans doute quelque part par là, protégé par un terrible maléfice. Nous sommes dans les années 50 et c’est une petite fille, bientôt une adolescente, qui se souvient des contes et des sortilèges de son enfance. Le maléfice explique-t-il les drames qui ont marqué la région : la catastrophe ferroviaire de Chantonnay, la collision tragique de deux avions autour de La Planche, la mort accidentelle de cinq maçons au château d’eau de La Bruffière ? Cyriaque Griffon excelle dans la description de cette époque qui s’éloigne, celle des premières grandes usines de chaussures, des mobylettes, du juke-box, mais aussi de la guerre d’Algérie. Ses lec- teurs ne s’ennuieront jamais et le conte finira bien. G. B. Collectif Contes des Pierres de Coudrie Parler les lieux, 16 € Comment parler en quelques lignes d’un livre si dense et si riche d’histoires. Quinze conteurs ont décidé de faire parler les mégalithes de nos régions et de nous inviter à aller les voir. Vous ne serez pas dé- çus du voyage, car les contes nous invitent à découvrir par exemple le Menhir de Pierre- Levée à Soullans ou le Dolmen des Pierres Folles à Com- mequiers. Ils nous racontent merveilleusement ce qu’ils ont à nous dire. Mais ils nous invitent aussi, plan à l’ap- pui, circuit, à faire le voyage à pied, à vélo, en canoé ou en voiture. C’est magnifique, à la fois sérieusement do- cumenté et richement illustré. C’est à un autre rapport avec ces lieux que nous croyons connaître et que nous ne voyons pas, ou mal, que nous convient avec un brin de philosophie et beaucoup d’humour, ces auteurs du Col- lège d’édition de Parler les Lieux dans le pays de Saint- Jean-de-Monts. Il faudra que nous revenions sur le beau travail de cette équipe de passionnés qui ont déjà publié dix ouvrages de culture et de poésie pour la sauvegarde du patrimoine archéologique. Le livre est accompagné d’un CD de textes enregistré par des comédiens. Yves Viollier Philippe Meyre L’Iconoclaste Hérault, 230 p. 20 € Le dernier ouvrage de l’avocat Philippe Meyre est une biographie plutôt bien vue sur un personnage qui ne l’est pas toujours !… Et qui ne manque pas de détracteurs. Écrivain, journaliste, homme de théâtre (le festival de théâtre de la Tranche-sur-Mer, c’est lui !), historien (passionné du XVIIe siècle), pilote automobile aussi, Joël Bonnemaison a également été syndiqué F.O., ayant longtemps porté la bannière de l'anarcho-syndicaliste et personnage hors- normes Alexandre Hébert (son père spirituel). Ses détracteurs lui reprochent, entre autres (sur- tout ?), son improbable amitié avec un certain Jean-Ma- rie Le Pen. Mais tous deux ont une passion pour l'his- toire de l'anarchie. Étonnant, non ? L'ex-leader du Front national en avait d'ailleurs fait sa thèse, jeune étudiant... Et puis, Joël Bonnemaison est aussi un polémiste, à l'image de Bussy-Rabutin qui le passionne, ce redoutable pamphlétaire du XVIIe siècle qui avait le don de se faire des ennemis, même de ses amis ! Le livre de Maître Meyre a certes ses faiblesses, mais bien avouables. Cette biographie n’est pas comme les autres. Bonnemaison aussi. À signaler que la préface est signée Yves Viollier. PhilG. BIOGRAPHIES Jigme Thrinlé Gyatso Un Trésor de bénédictions L’Astronome, 238 p. 25 € Depuis Landevieille, Thrinle continue de nous initier au message du boudd- hisme tibétain. Il présente ici la biographie du maître Shri Seng- drak Rinpoche (1947-2005). C’est un album à la fois déroutant et fascinant qui illustre la vie de ce moine ermite, reconnu pour son énergie dans la re- cherche des enseignements anciens, ses longues et nombreuses retraites et son souci de transmission aux jeunes générations. On y trouve des textes en français et en anglais, mais aussi en caractères tibé- tains. Les images nous font pénétrer dans l’atmos- phère des monastères et des temples du Népal, « en ces lieux rafraîchis par la lumière de la lune et le santal. » G. B.
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    66 RÉGIONALISME Régine Albert Les Herbiers dema mémoire (2) Echo Optique, 50 p. 15 € Régine Albert nous revient avec un énième livret "de sa mé- moire", le second touchant les Herbiers, toujours illustré des aquarelles de Jean-Marc Bodet. Elle y continue de se raconter en même temps que son pays natal, comme si elle suivait un chemin de ran- donnée. La mémoire est un paradoxe, elle est par essence intime et en même temps source de partage. Elle fait des " Herbiers de ma mémoire 2 " à la fois une réminiscence du vécu et une source cognitive. Ses petits textes sur chaque lieu égrènent aussi bien de touchants souvenirs que des informations factuelles instructives rapportés avec simplicité et sincérité. Dans le gris du souvenir, ce petit livre est un phare de plus pour éclairer les Herbretais (et les autres) sur le passé de leur ville. Alain Perrocheau Jean-Paul Boisneau Belligné, 3 églises, 250 ans d’histoire Hérault, 250 p. 20 € Vous partez à la découverte des trois églises de Belligné, de sa vie de tous les jours depuis plusieurs siècles, mais aussi de la Révolution à nos jours. Belligné autrefois entouré de landes et de bois, a su évoluer. Belligné a subi de profonds bouleversements avec les différentes guerres : 1793-1870-1914-1939, mais s’est toujours relevé. Cet ouvrage est le fruit d’une riche histoire laissée par ceux qui nous ont précédé ; nos ancêtres, nos parents, la vie de la com- mune, riche en événements. Il faut en être fier, ce qui peut permettre d’éclairer d’un jour nouveau la vie d’hier. Après l’édification de l’église d’aujourd’hui au début du XXe siècle, des travaux d’embellissement réguliers depuis plus de cent ans maintenant ont été réalisés ; cette église majestueuse, il faut savoir la dé- couvrir. Après bien des hésitations quant à sa place, quant à son clocher, elle est belle où elle se trouve. Elle laisse un espace ouvert indispensable à la vie du village. Les différentes personnes qui s’étaient pen- chées sur son berceau, avaient vu juste. AHH Yves Renou Un orgueil de cheval Chez Maupassant, 280 p. 30 € Yves Renou évoque bien sûr les deux décennies qu'il a passées à la tête de la Cavac, cette entreprise pas comme les autres, avec l’apport du témoignage de Roger Albert, son président. Mais pas que. Renou se livre sans fard, révèle une diversité de lectures dans ses sensibilités, son ouverture d’es- prit et son éclectisme qu'on ne lui connaissait pas forcément durant ses années Cavac chez les professionnels de l'agricul- ture. Car mener cette coopérative, la pousser de l’avant et la moderniser, des années soixante-dix à celles de quatre-vingt- dix (il prendra sa retraite en 1993), ne fut pas une sinécure. La grande œuvre de sa vie professionnelle. Ce fils et petit-fils de forgeron fouille aussi ses racines, son enfance, à Saint-Agil, dans le Loir-et-Cher (département 41), un Saint-Agil qui aurait pu être celui des « disparus », le fa- meux film avant-guerre de Christian-Jacque. Un Saint-Agil où le marteau sur l’enclume qui rythme les journées de l’enfant n’a jamais cessé de résonner dans sa tête. Son leitmotiv. Celui qui révèle son chemin, sa diversité, son amour de l’écriture aussi, avec également des courriers, des poésies, même une nouvelle… sans oublier son goût du dessin, de la caricature… Il offre, finement martelés, ses écrits et ses illustrations d'une vie, dans la diversité, avec ses « accrochages » et ses « décro- chages »... Un livre mûri par des dizaines d'années. Un livre témoignage. Le livre d'une génération, celle née juste avant la Deuxième Guerre Mondiale (né en janvier 1936), qui a connu, soldat appelé, une autre guerre, celle d'Algérie (qu’il évoque peu), puis les « glorieuses » années soixante... Tout en ayant mené de belles études, le lycée Ronsard à Vendôme, son bac en 1953, le prestigieux lycée Louis le Grand à Paris (Quartier Latin), l’Institut National Agronomique, l’École d’Application du Génie à Angers, dans le cadre de son appel militaire… Puis l’Algérie, le djebel Amour en 1960, le retour en France, cinq ans à Paris chez Merck (chimie pharmaceutique), puis la Cavac, où il est arrivé en 1969, le temps de découvrir les rouages de cette coopérative, en devenant le directeur après une grève qui avait paralysé la Cavac trois semaines durant en 1971… Sans oublier la politique, avec une candidature au poste de conseiller général en 1979, puis adjoint au maire de la Roche-sur-Yon Jacques Auxiette plus tard, en 1989... Jacques Auxiette à qui il rend hommage. Sur cette vie pleinement remplie, il se déboutonne, si vous me permettez l'expression. Dans le livre de sa vie, il y va l'âme nue, témoigne… Sans oublier qu’il a commis des tas d’articles sur divers supports, pas toujours pour des raisons profession- nelles, sur les phénomènes de société aussi. Il aurait pu être journaliste ! C’eut été bien dommage ! PhilG BIOGRAPHIES
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    67 Eric Rousseaux Michel Paradinas Maraispoitevin remarquable La Geste, 268 p. 20 € Toux deux amoureux et grands connaisseurs du Marais Poitevin, Eric Rous- seaux et Michel Paradinas proposent un ouvrage re- marquable sur un territoire qui l’est assurément : le Marais poitevin. Le premier, ingénieur agricole, est l’auteur de nombreux ouvrages sur les races domestiques menacées et la sauvegarde des milieux naturels et espèces sauvages. Le second, photographe, a récemment contri- bué avec Yannis Suire, directeur du CVRH, à un magnifique album sur le Marais poitevin. Ses 200 photographies explorent, avec beaucoup de justesse et de sensibilité, ces paysages singuliers, nés conjointement de la nature et du travail des hommes. Eric Rousseaux apporte un commen- taire précieux aux images et s’intéresse particu- lièrement à la faune et à la flore du Marais. Re- marquable en effet. G. B. Agathe Aoustin, Stéphane Nau- let Villas de la Côte de Jade La Geste, 300 p. 39,90 € Agathe Aoustin, chargée de mission sur le département de la Vendée à l’Inventaire du Patrimoine cultu- rel des Pays de la Loire, a beaucoup travaillé sur la villégiature balnéaire du littoral de Loire-At- lantique et de Vendée. Ce beau livre, illustré par les photographies de Stéphane Naulet, se focalise sur la Côte de Jade, de Saint-Brévin-les-Pins à La Bernerie-en- Retz. Leurs regards conjoints sur une centaine de villas témoignent d’une histoire qui com- mence dès les premières années du XIXe siècle. Les premières ont une silhouette classique et cossue. Vers la fin du siècle, elles sont plus pitto- resques, plus colorées. Apparaissent ensuite des chalets plus modestes, puis avec les congés payés et l’époque des temps libres, les « pied-à-terre » envahissent le littoral. Un jolie voyage à travers terrasses, balcons, vérandas, belvédères et jardins à deux pas de chez nous. G. B. Didier Babarit L’or blanc Les marais salants de l’île de Noirmoutier La Geste, 294 p. 29,90 € Il y a l’enchantement et la poésie des images. Et aussi la pro- fusion des explications, des sensations. Toute la pas- sion de ces sauniers de l’île de Noirmoutier pour leur « or blanc », leur attachement à leur environnement de soleil, de vent et d’eau. On doit à Didier Babarit, photographe autodi- dacte, enraciné dans l’île, ce qui est aussi le livre d’or du sel à Noirmoutier. Et c’est une bonne idée d’avoir commencé avec les quatre saisons du travail du sau- nier. L’hiver, loin des estivants, pour le curage et l’en- tretien. Le printemps pour vider les salines et confor- ter les digues d’argile. L’été pour récolter la fleur et le gros sel. L’automne où, une fois le sel mis à l’abri, le rythme ralentit. Le lecteur vagabonde parmi les étiers, les ponts et les charrauds. Il apprend les noms des outils, l’univers des calorges et des salorges, visite de nombreux ma- rais qui s’appellent parfois la Bonne Pogne, la Pornu- chette ou le Cul-de-Truie ! Un petit dico des sauniers, en français et en langage noirmoutin vous apprendra ce que veut dire mirounère et sabotère… G. B. Philippe Gaury L’abbaye de la Grainetière en Vendée Association de la Grainetière, 48 p. L’abbaye de la Grainetière, aux Herbiers, fut sauvée de la ruine en 1963 par un groupe d’amis, animé par Pierre Chatry, ancien maire de la Ville. Son fils, Jean, préside aujourd’hui la société immobilière qui entreprend un travail colossal, prévu pour aboutir à l’horizon 2030 : la reconstruction des trois galeries disparues, du réfectoire et de l’église abbatiale. Philippe Gaury présente ici l’histoire de la Grai- netière, fille de l’abbaye de Fontdouce, en Saintonge. fondée en Ardelay, aux alentours de 1140. Vendue comme bien national en 1790, elle fut, par la suite, grandement démolie. L’abbé Prévost, l’auteur de Ma- non Lescaut, y obtint bien une place de moine, mais il ne fait aucun doute qu’il n’y mit jamais les pieds. Une description architecturale très précise, accompa- gnée de photos, et d’un glossaire bienvenu, facilite la découverte de l’abbaye. Un guide précieux avant la visite de la Grainetière qui accueille depuis 1978 des moines bénédictins. G. B.
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    68 Collectif Arts Métiss’ Parolesouvrières des usines à la campagne La Geste, 293 p. 30 € Dès les années 1980, douze collecteurs du Haut- Bocage vendéen ont récolté les paroles ouvrières de ce pays, si longtemps oubliées. Principalement, celles des travailleurs et travailleuses de six secteurs industriels: les carrières de La Meilleraie, la carrosserie Heu- liez, Fleury-Michon, les chaussures Patrick, la confection textile et les meubles, avec notam- ment l’entreprise Gautier. Ce livre rassemble 80 témoignages enregis- trés de plus d’une heure chacun. Ils disent en détail la fierté des savoir-faire, la souffrance du travail et les engagements. Ce livre, parfois bou- leversant, raconte aussi l’histoire des entreprises, le passage du monde paysan à celui de l’usine, le syndicalisme et les grèves, les transports journa- liers, l’arrivée des travailleurs étrangers. «Voilà un livre qui va vous permettre de faire un beau voyage dans l’âme et dans la chair d’un pays que vous pensiez connaître. Il est important, écrit Yannick Jaulin, qui le préface, parce qu’il fait entendre un monde qui, d’habi- tude, se tait. » G. B. La Geste Le Grand Almanach de la Vendée 2023 La Geste, 9,90 € Yannick Jaulin est en cou- verture de l’Almanach 2023 de La Geste. Et il en signe l’édito. Celui-ci retient l’attention dans cet almanach forcément conforme aux rubriques habi- tuelles : histoire, patrimoine, proverbes, anecdotes, jeux et remèdes anciens. Quelques personnalités lo- cales évoquent les sites vendéens qui les inspirent. Fidèle à lui-même, Yannick Jaulin y revendique les thèmes qu’il défend à longueur de spectacles : l’amour du parlange, l’histoire bas-poitevine de notre département et la culture paysanne. Et il s’in- surge : « Tout ce qui sent la côte et le calcaire ne serait pas digne si l’on considérait que seul(e)s sont vendéens les descendants de cette grande jacquerie de 1793. » Il rend aussi hommage à la cave « où se transmet une partie de cette culture qui date de bien avant la Ven- dée. » G. B. Charlotte de Villiers Petite Histoire de La Roche- sur-Yon La Geste, 180 p., 9,90 € Après La Vendée, car- refour de l’Histoire de France, (à découvrir aussi dans ce numéro), Char- lotte de Villiers propose cette Petite Histoire de La Roche-sur-Yon. En 180 pages, ce petit livre de facture vintage présente en une quarantaine de chapitres le chef-lieu de la Vendée. Plusieurs sont consacrés à la construction de la ville nouvelle de Napoléon. D’autres ex- plorent les temps plus éloignés de saint-Yon, de l’abbaye des Fontenelles ou de Du Guesclin et Olivier de Clisson. Plus près de nous, d’autres pages racontent, par exemple, l’arrivée du chemin de fer, les visites de Georges Clemenceau et du général de Gaulle, et le développement économique de la ville et de l’agglomération yonnaise. G. B. Jean Michenaud Saint-Sauveur de Roche- servière Legrandjardin, 96 p. 17 € Grand défenseur du Patrimoine et fin connaisseur de la mé- moire de Rocheservière, Jean Miche- naud retrace l’histoire de son église Saint- Sauveur,édifiéeàlafinduXIIe siècle.Pendant prèsdehuitsiècles,Rocheservièreauraeuquatre paroisses et quatre églises… En parcourant ce très bel album, on découvre les évolutions de l’édifice qui avait échappé aux saccages de la Révo- lution. Devenue chapelle, elle connut ensuitediversusages,abritantpendantquelque temps le foyer des jeunes de la commune. Aujourd’hui restauré, Saint-Sauveur est devenu un centre culturel qui conjugue harmonieusement l’art baroque du XVIIe siècle et l’art contemporain. C’est aussi l’écrin de la broderie de Nicole Renard. Longue de 140 mètres, elle raconte l’Évan- gile et l’Apocalypse de saint Jean. Le lecteur aimera aussi l’évocation très sensible de la vie quotidienne des paroisses d’autrefois. G. B.
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    69 Maurice Bedon Le Cantonde Chantonnay, T2 La Chouette de Vendée, 180 p. 20 € La suite de l’inventaire, tou- jours aussi détaillé et illustré, indispensable pour la connais- sance de sa région. Ah ! Encore une erreur de blason ! Maurice donne le Béranger angevin et non le nôtre. Il m’expliquera cela à notre prochaine rencontre ! Le Château de l’Ebaupinay La Chouette de Vendée, 118 p. 20 € « Devenez seigneur pour 50 € ». 118 pages consacrées à ce seul château des Deux-Sèvres. Une aubaine pour les chercheurs, les généalogistes et les historiens. J’y ai retrouvé la pierre sculptée du blason de la famille Wendel, dont un représentant a épousé une fille Fonbernier de la Chevillonnière, fille de Jacques et de Jeanne Chaudrier, la future mère de Pierre de Ronsard. La Guerre de Vendée n’est pas oubliée et l’on est heureux d’apprendre que la propriété du château est divisée en parts de donateurs pour en permettre la restauration ! T’as pas 50 € ? JR Hélène de Saint-Do Thomas Brosset Les oiseaux de la Vendée La Geste, 175 p. 13,90 € L’auteur a été journa- liste dans la presse régio- nale ; Hélène de Saint-Do, l’illustratrice, a travaillé dans le domaine de l’art auprès des handicapés mentaux. Ils nous présen- tent – joliment et savamment – 230 oiseaux de Vendée, classés par ordre ou famille. De l’accenteur mouchet au verdier d’Europe. Chaque fiche décrit l’oiseau, sa nourriture, son nid, son comportement, sa voix et les en- droits où il est possible de le voir. On peut toujours apprendre à propos du moineau do- mestique et du pigeon biset, davantage sans doute sur le labbe pomarin, l’hypolaïs poly- glotte et l’érismature rousse. Sympa et indispensable aux amis des oi- seaux. G. B. Manuel Guicheteau Rando Bocage Vendéen 16 balades La Geste, 6,90 € Écrit par un passionné de na- ture, ce joli petit guide se distingue par une belle présentation des sites visités. Les photos incitent à la dé- couverte. Le livre se glisse facilement dans le sac de randonnée. Chaque site est précédé d’une carte qui faci- lite l’accès. Certaines balades se font à pied, d’autres à vélo et même en canoë. Pour les accros de la rando et aussi pour ceux qui rêvent de découvrir le bocage sur les pas de Manuel, ma- nifestement amoureux de son pays vendéen. Régine Albert RÉGIONALISME Pauline Retailleau Châteaux, manoirs et logis de Vendée La Geste, 322 p. 39,90 € Il existe en Vendée près de 1000 châteaux, manoirs, maisons fortes et logis, édifiés du XIe siècle jusqu’au début du XXe . Certains se voient de loin et se visitent, comme celui de la Guignardière, à Avrillé, en couverture de ce beau livre. Pauline Retailleau, historienne de l’architec- ture, explore plus de 300 châteaux et maisons fortifiées. Beaucoup se cachent derrière des bos- quets, de hauts murs, au bout d’une allée pro- fonde et restent invisibles et inaccessibles. Les photos et les textes nous les font découvrir, en expliquent l’histoire et les beautés. Ce livre ré- pond aussi à quelques questions : pourquoi, par exemple, la Vendée se couvre-t-elle de belles de- meures au XIXe siècle, quelques décennies après les guerres qui l’ont dévastée ? Classés par régions, ces châteaux et logis sont pour la plupart privés. Voici une belle occasion de les découvrir par les images et les mots. G. B.
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    70 Louis Renaud, Madeleine Renaud-Bourasseau LesVendéens à l’heure allemande 1939-1945 La Geste, 352 p. 30 € Émile Bourasseau, prisonnier en Allemagne, et son épouse, qui tenait une petite épicerie à Saint-Pierre-du- Chemin, ont échangé plus de 800 lettres pendant ses années de captivité. Ce trésor familial, recueilli par leur fille et son mari, dit avec une émou- vante authenticité ce que furent pour les Vendéens ces longues années d’occupation. Complétés par beaucoup d’autres témoignages, il nous ouvre aujourd’hui une vi- sion exacte, intacte et sensible de cette sombre période. Après la « drôle de guerre », l’invasion, nous entrons dans les camps de prisonniers, nous assistons à leur re- tour chaotique. Le STO, les rigueurs de l’occupation, les restrictions et les réquisitions, les réfugiés sur les routes, les Ardennais chez nous, tous ces événements que l’im- mense majorité d’entre nous n’a pas vécus nous interpel- lent profondément. Viendront le temps de la Résistance, la Libération, et le reflux de l’occupant. Mais les traces de la guerre s’effaceront lentement. C’est l’histoire de milliers de Vendéens et de Vendéennes, dans l’intimité de leurs familles et de la vie des villages et des villes, qui nous est ici restituée et qui, forcément, nous questionne encore. G. B. Roger Albert, Daniel Rabiller SilacoopérativeCAVACm’étaitcontée La Geste, 210 p. 35 € 10 000 agriculteurs socié- taires, 1 650 salariés, un milliard d’euros de chiffre d’affaires. La Cavac, coopérative vendéenne, née en 1965 de la fusion de deux coopératives, l’une pour les approvisionnements des agriculteurs, l’autre pour la commercialisation de leurs céréales, est devenue une importante PME ré- gionale jouant un rôle majeur pour l’agriculture de plusieurs départements. Deux de ses anciens présidents, Roger Albert (1971 - 1985) et Daniel Rabiller (1986 - 2000) ont entrepris d’en raconter l’histoire mouvementée. Ils le font dans le détail, sans masquer les conflits de pouvoir et de conceptions. La grande grève de 1971 qui mit en péril la coopérative est ainsi largement évoquée. Plus fondamentalement c’est un large pan de l’histoire agricole de la Vendée qu’ils mettent en perspective: la politique agricole européenne, la mondialisation, la loi sur l’eau, les quotas laitiers, la vache folle, sans oublier les doutes et les exigences. G. B. RÉGIONALISME Marlène Wiart 365jours-SaintGillesCroixdeVie La Geste, 370 p. 25 € 365 jours et 365 cartes pos- tales anciennes pour redécou- vrir les multiples facettes de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Chaque photo s'accompagne d'une citation ou d'un pro- verbe. Au long de 365 jours, Marlène Wiart spécialiste de cette belle ville, mènera le lecteur à la découverte de lieux attachants dans tout l'espace de la ville. On y trou- vera des incontournables bien sûr, des endroits familiers au plus grand nombre. Bien d'autres sites sont à découvrir au fil des pages, en lien avec l'Histoire, l'art et le patrimoine. Toute cette richesse, l'auteure se fait un plaisir de la partager avec vous au fil de ces pages joliment illustrées. Jean-Luc Alias Les Templiers en Vendée Quint’feuille, 160 p. 24 € Le cartulaire de Coudrie, prin- cipale préceptorie des Templiers en Vendée, est retranscrit en lan- gue française, montrant ainsi l'en- semble des acquisitions de l'ordre du Temple en Vendée. À la suite de l’effondrement de l’Empire romain, la Vendée – qui fut le Bas Poitou avant 1789 – des châ- teaux forts construits en lourds moellons sont édifiées car les populations de cette contrée ressentaient le besoin de protection à cause des invasions maritimes (viking...) et des attaques bretonnes et angevines. Aussi, la féodalité commence à s’organiser et coordonne la société autour du château et de l’église. L’activité religieuse s’amplifie par le nombre des abbayes qui augmente, et une économie en plein essor s’installe. Vers 1130, Hugues de Payns, maître de l’ordre, durant son séjour en Bas Poitou, reçoit les premières au- mônes. Ensuite, d’autres Templiers, avec la générosité des seigneurs locaux, vont se fixer dans cette province en créant des établissements. Mais une période de guerre s’installe entre les rois de France et les Plantagenêt, dont souffre beaucoup le Bas Poitou par rapport à sa situation entre le Massif armoricain et Bassin aquitain. La paix revenue, l’économie poursuit son ascension. Les Templiers ne sont pas absents de ces places de mar- chés. Ils jouent un rôle de plus en plus actif tant dans les échanges que dans le prêt d’argent.. Les photos sont proposées par M. Alain Grégoire, guide de la chapelle de Coudrie et président de l’association « Ordines Terra Sanctum. «
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    71 Yves Viollier dessins deFrançois Ruiz Le Marié de la Saint-Jean Le Signe, 94 p. 22,90 € À la suite du roman – tiré d’une histoire vraie – d’Yves Viol- lier, une bande dessinée par Fran- çois Ruiz nous est proposée. C’est la première fois qu’un récit de l’écrivain est mis en images, ce qui est une découverte pour ses nom- breux lecteurs. Le rapprochement entre le Cambodge et la France séduit d’emblée, d’autant plus qu’il relate un événement heureux, le mariage de Zhida et de Gabrielle, Zhida vient du bout du monde, poussé par les événe- ments qui ravagent son pays, et se réfugie en Vendée avec sa famille. Minia, Paillou, Moreau Richard Coeur de Lion Orep, 72 p. 15.50 € « De Talmont à Fontevraud, une fabuleuse épopée », un sous- titre prometteur. Richard a déjà fait l’objet d’une exposition à l’Historial de la Vendée et de nombreuses pu- BD Daniel Durandet Les vitraux racontent la Guerre de Vendée La Geste, 264 p. 39,90 € C’est à un Vendéen, Daniel Durandet (il vit à Sainte-Foy), grand reporter à France Télévision pendant 40 ans, que l’on doit cette magnifique galerie des vitraux qui racontent la Guerre de Vendée. En parallèle aux images, il en présente 220, répartis sur tout le territoire de la Vendée militaire et créés pour la Entre les préparatifs du mariage vendéen et le retour tragique se tisse une histoire émouvante. D’un côté les ravages de la guerre et de l’exode, de l’autre l’histoire d’un amour qui va ancrer Zhida en Vendée. Traditions vendéennes et rappel d’un douloureux déracinement font de cette histoire un récit attachant et sensible. Riche de textes issus du roman et de dessins expressifs, ce livre séduit tous ceux qui en feuillettent les pages. Plusieurs lectures permettent de bien toucher du doigt le déracine- ment douloureux et l’adaptation à une nouvelle vie dans un pays lointain qui est la Vendée. Une belle approche de l’Asie et une redécouverte historique des traditions vendéennes. En résumé, je cite une phrase de l’ouvrage : « Un couple, c’est comme une montre. Pour que ça marche, il doit tourner comme deux roues dentées... » Suivons Zhida et Gabrielle dans cet « engrenage » de l’amour sous le ciel de Vendée. Régine Albert blications dont le catalogue de l’exposition et récemment le livre de Mathieu Cosson en 2019. Il y également un beau spectacle « son et lumière » l’été au coeur du château qui est ouvert à la visite et offre de nombreuses animations. Et maintenant cette bande dessinée, très réussie, très bien dessinée, évocation fidèle de la vie de Richard. Bien documentée, elle reprend bien tout ce qui a fait l’épopée de notre héros et la met ainsi à la portée de tous en quelques pages. JR plupart entre 1885 et 1960. « Cette imagerie guerrière a une double identité, à la fois religieuse et historique » écrit-il. Ces vitraux se déclinent selon six thèmes bien affirmés : l’omniprésence de la religion, la galerie des sept généraux vendéens, la croisade des combattants, le mé- morial des lieux d’affrontements, le temps des massacres et les prêtres martyrs de leur foi. Pour Mgr Jacolin, évêque de Luçon, qui préface l’ou- vrage, les vitraux les plus émouvants se trouvent dans la petite chapelle de la Tulévrière, construite par les seuls survivants du passage des colonnes infernales dans ce sec- teur du Bocage. G. B.
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    72 Xavier Armange Le voyageà Lhassa un Vendéen au Tibet L’atlantide, 184 p. 20 € Quelques années après la réou- verture du Tibet aux visiteurs, l’au- teur s’est rendu à Lhassa par la route depuis Katmandou. 1000 km en bus chinois dans des conditions pré- caires, assortis de multiples pannes, Xavier Armange La traversée de l’Amérique à dos de lévrier un Vendéen aux U.S.A. L’atlantide, 186 p. 14 € « Ce matin de juillet 1982, les mouettes piaillaient sur le port des Sables-d’Olonne quand je suis sorti de mon agence de voyages avec le billet d’avion qui me ferait traverser l’At- lantique pour la première fois. Sentiment de liberté. J’allais découvrir bientôt les grands espaces, les routes sans limites, le Manhattan de Woody Allen, Harlem Quartet, les Demoi- VOYAGES Xavier Armange est un écrivain voyageur, il nous communique ses derniers récits de voyage. HISTOIRE Louis-Christian Gautier Capitaine en France 1 Le temps des écoles Dualpha – 489 p. 48 € Louis-Christian Gautier est historien médiéviste —il a publié deux ouvrages sur les templiers— et s’est aussi intéressé aux Nazis et à la Seconde guerre mondiale. Ancien Saint-Cyrien et professeur d’Histoire dans l’Enseignement militaire supérieur scientifique et tech- nique, il délaisse aujourd’hui la grande Histoire pour raconter la sienne et témoigner d’une génération de mi- litaires qui n’a pas connu les guerres. Basé sur les lettres envoyées à sa famille et précieusement conservées, l’ou- vrage est extrêmement détaillé, retraçant une carrière très fournie dans une chronologie presque pointilleuse. Ce tome 1 couvre les années de jeunesse de 1960 à 1966. Un second tome est annoncé. AP sur une piste impressionnante entre les plus hauts som- mets du monde, jusqu’au Potala mythique dans une capitale décon­ certante. Il raconte au jour le jour ses découvertes dans les monastères, ses rencontres, ses ques- tionnements face à la transformation du pays du toit du monde et constate les effets - et méfaits - de l’invasion chinoise. Ce livre de route fait la part belle aux écrits d’auteurs et aventuriers qui l’ont précédé, principalement Alexan- dra-David Néel. Il témoigne d’un pays encore méconnu aussi attachant que mystérieux, porteur d’un des princi- paux courants mystiques de l’humanité. selles d’Avignon, rouler en Mustang sur Fortunate Son à fond la caisse, fendre les déserts en chopper avec les Byrds et Peter Fonda…» L’auteur raconte heure par heure son périple coast to coast en bus Greyhound aller retour depuis New York en passant par Grand Canyon, Las Vegas, Los Angeles, San Francisco, Salt Lake City, Chicago… Plus de 6000 miles, près de 10000 km, boucle bouclée. Un road mo- vie de découverte des gens, des paysages et des modes de vie. Une Amérique différente, celle du rêve américain des maîtres du monde dont on peut, aujourd’hui, douter de la postérité.
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    73 REVUES Christian Robin, ChristianMassé Délits d'encre (n°33) Nul n'est censé ignorer la Loire Décors de fête Petit Pavé, 118 p.. 10 € Les délits du Petit Pavé sont quasiment des délits d'initiés ! Ce, toujours en trois rubriques : Gavroche (pensée, essai), Gribouille (découverte, florilège), Grognard (archives)... Et ce numéro 33 de Délits d'encre succède à « religion et pouvoir et autres fanatismes » (numéro 32) et « le conte y est » (31). Nul n'est censé ignorer la Loire, chérie par Honoré de Balzac en personne, une Loire romantique dans une étude signée Christian Robin. Balzac le Tourangeau, nous permet de ne pas ignorer cette ville, ni celle de Blois, Vendôme, Saché, Nantes !... autant de villes où son génie s'est stationné pour relater sa Comédie hu- maine (« Le curé de Tours », dédié à David d'Angers, « Le lys dans la vallée », « Un drame au bord de la mer »)... Comment ne pas narrer dans ces Délits d'encre l’École de Rochefort et tous ces poètes de la Loire, de René-Guy Cadou à Émile Joulain... sans oublier de relater ce fleuve « solaire et sauvage » dans tous ses ébats, notamment du- rant ses périodes de crues, grâce au rédacteur Christian Massé... Et puis la Loire a fait réagir d'autres poètes que l'on retrouve ici, Ronsard, la Fontaine, Péguy, Gaston Couté aussi... Implantée sur ces bords de Loire (Saint-Jean-de- Mauvrets, Brissac-Quincé), l'équipe de Petit Pavé reste résolument littéraire (dans le meilleur sens du terme) avec ce trimestriel auquel il est possible de s'abonner ([email protected] ; tél. 02 41 54 60 21). De nombreux Vendéens sont édités là. PhilG 303, Décors de fête 96 p. 15 € Il y a mille et mille façons de faire la fête. En Vendée, les noces et les préveils ont, dans un passé proche, symbolisé cette nécessité impérieuse de se retrouver, de s’ex- primer ensemble, de vivre un jour différent des autres. 303 explore ce monde protéiforme de la fête. Qu’y a-t-il de commun, à première vue, entre le Grand Sacre d’Angers, le Carnaval de Nantes, le Puy du Fou, la fête du sel de Guérande, la célébration du muguet nantais, le Hellfest de Clisson ou les manèges de la fête foraine ?Peut-être, comme le dit le sociologue David Le Breton, la recherche de l’intensité d’être. « Les fêtes sont un exutoire, explique-t-il, un temps de repos pour se défaire des tensions accumulées. » G. B. 303, Refaire le mur 96 p. 15 € Refaire le mur, c’est explorer l’univers immense des peintures murales dans l’espace public, du trompe-l’œil au graffiti, en pas- sant par les fresques, commandées ou sauvages. Les murs peints sont présents dans toutes nos villes et dans les zones commerciales. Et même dans nos villages. Publicitaires, comme autrefois « Dubonnet » ou « Cin- zano », artistiques ou contestataires. Éphémère par défi- nition, l’art mural fait partie de notre quotidien. Il nous séduit, nous provoque, nous amuse ou nous hérisse. Il dit quelque chose de notre société. J’ai bien aimé le trompe- l’œil du peintre Manfred Landreau, place Sainte-Anne, aux Sables-d’Olonne. Un gamin en culottes courtes et une buvette, rue T’as-Qu’à-Croire. G. B. Revue 303 Pays de la Loire Masques 96 p. 15 € Des masques, nous en avons tous eu ras la casquette depuis bientôt trois ans. Et nous en por- tons encore, par précaution et dans certains lieux publics. Ce n’est pas de ceux-là que nous entretient d’abord la revue 303. Des masques, il en est de toutes sortes et pour tous les usages. Le musée d’Art moderne de Fontevraud pré- sente ceux de la collection de Martine et Léon Cligman. On pense facilement à ceux que les fêtards arborent au carnaval ou à la mi-carême. Les musées régionaux conser- vent de nombreux masques funéraires, comme celui de Charette, à Angers, ou celui d’Aristide Briand, à Nantes. Les ouvriers des fonderies portent aussi un masque pour se protéger. Ils servent aussi dans les manifestations plus ou moins violentes pour se dissimuler, ou encore railler l’adversaire. Très intéressant est le chapitre consa- cré aux mascarons, ces têtes sculptées qui ont trouvé leur place à Nantes, au XVIIIe siècle. In fine, beaucoup de masques à démasquer dans ce numéro… G. B.
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    74 JEUNESSE Lætitia Landois, Isabelle Soulard LesP’tits secrets des Sables d’Olonne La Geste, 32 p. 5,50 € Loulou,lamouetterieuse, fait découvrir aux enfants la ville des Sables-d’Olonne, son histoire, les plages, les premiers bains de mer, la Tour d’Arundel, la Chaume, le Vendée Globe, le port et la pêche, l’île Penotte et les blockhaus, le phare des Barges et la folie de Pierre-Levée. Clin d’oeil probable, on retrouve, page 23, Loulou, alias Louis Gué- don, le maire emblématique de la cité pendant 34 ans… Lauréate du Prix des Écrivains de Ven- dée en 1997, pour Femmes du Poitou, Isabelle Soulard a écrit les textes de ce sympathique et ins- tructif album. G. B. Isabelle Legendre d’Hartoy Les aventures d’un petit goéland vendéen 96 p. 12 € Ah ! Mais ! Je ne suis pas une mouette!Moi!Jesuisun goéland ! « Le Petit Prince Ven- déen », me glisse un ami. Je pense aussi à Babar ! On vole donc très haut, pas aux Sables mais à Yeu, Noirmoutier, St-Jean de Mont... De la Géographie, mais pas d’His- toire ! Si ! Une histoire merveilleuse, pour Charmant le Goéland (c’est le nom que lui donne un pécheur de l’Île d’Yeu) et pour tous lecteurs. Une jeune fille se retrouve transformée en oiseau pour partager ses aventures ! En ferez-vous autant ? Très tentant ! JR REVUES Les Vendéens de Paris n° 3, septembre à dé- cembre 2022 12 p. 5€ C’est le n° 3, mais de la nouvelle formule, l’association est vieille de 130 ans. « Contempler et proté- ger notre Vendée », affiche- t-elle en couverture car elle entend mettre en valeur le patrimoine naturel et culturel au tra- vers de ses sorties et différentes actions. La revue se fait l’écho de ces manifestations et comporte également une sélection littéraire, ici totalement consacrée aux nouveautés du Centre Vendéen de Recherches Historiques et que vous trouverez donc dans nos pages CVRH. Virginie Mosneron Dupin a également par- ticipé à la « master class » du Prix du premier roman à Luçon et nous décrit elle aussi cette expérience enrichissante. JR Savoir, Vendée Militaire, n° 139, 140, 96 p. 20 € Revue toujours aussi belle, documen- tée et illustrée. Édito consacré au nouveau livre de Charlotte de Villiers sur la Ven- dée, Carrefour de l’Histoire de France. Un mot à la mémoire de Sulpicio Motilla Olmo, carliste, une évocation critique du film documentaire diffusé le 13 juillet 2021, Révolu- tion, qui n’a pas eu l’heur de convaincre Maurice Bedon. Même remarque pour le livre de Jean Clément Martin, L’Exécution du roi - 21 janvier 1793, avec Jacques Villemain. La descendance de Bonchamps, restauration de la chapelle de Casson, Louis de Frotté, général chouan en Normandie. Enfin Henri Forestier et la famille Cesbron. JR
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    75 Joël Couteau Grisgris la souris Vdl,36 p. 10 € Après La princesse Bléblouya et L'em- pereur et le dragon, un nouveau pas en direction de la jeunesse, cette fois-ci avec un livre d'éveil à la lecture pour les jeunes enfants à partir de trois ans. Grisgris la souris va-t-elle réussir à monter dans le grenier manger quelques grains de blé ? Moustache le chat est un gros danger. Les jolis dessins de Gaby Guicheteau complètent magnifiquement cette petite histoire, tout comme les quelques conseils pour dessiner Grisgris et les dictons ou proverbes connus à partir du mot souris. AP Christophe Tembarde Léon le Hérisson Le casse de la basse-cour Vdl Mettez-vous en scène, les enfants ! Choi- sissez un rôle et montez sur les planches ! Vous pourrez devenir un hérisson enquêteur, une chatte rusée, un lézard agent de rensei- gnement ou une poule à qui un malfaisant dérobe les œufs. Admirez au passage le cou- rage et l'agilité du faucon. Mais surtout, gardez-vous du chien bru- tal et des rats baratineurs. Vous prendrez plaisir à la découverte de ce texte bien construit. Vous vivrez la panique, les émotions, les rebondissements et vous tiendrez en haleine les spectateurs jusqu'à la dernière réplique. Pierre Deberdt Yannick Messager Tous au Zoo ! Freddy Mut, 20 p. 10 € Pour les tout petits et dédicacé à " Tous les animaux du monde » . Attrayante, la dominante de jaune et grandes lettres noires. C’est au zoo, là où il y a des animaux qui ressemblent à s'y méprendre à des peluches. " P'tit frère " est prêt. Rencontre avec des girafes, des hippo- potames, des singes, des lions et autres... et, dans le car, sur les sièges devant, il y a Léa et... Camille, son amoureuse ; le hasard fait bien les choses. Une jolie histoire d'amour même à la mater- nelle. P'tit frère pourra même offrir une peluche à son amoureuse qui n'a pas l'argent pour se l'offrir ! Gentleman en culotte courte, trop mignon ! Qui n'a pas le souvenir d'un amour de maternelle ? Eveline Thomer Elise Brunet À la conquête d’un nouveau monde Vdl, 40 p. 38 € Dédié à Mimi et Maxence et à tous les enfants malades du monde, les étapes de la maladie, vers la mort, représentées sous forme de montagnes à franchir. Chaque montagne à franchir à une couleur et de grandes douleurs. Cinq mon- tagnes, cinq étapes nécessaires afin de rejoindre le nouveau monde mer- veilleux qui attend ces petits malades. Un monde sans peur, sans pleurs, sans douleurs. Les illustrations, comme l’ours médecin et les petites licornes malades ou celles des montagnes tou- jours plus hautes avec chacune sa cou- leur, sont naïves et touchantes. Des mots justes et rares ; l’émotion se niche dans chaque phrase. Eveline Thomer Le fabuleux secret de Lysie et Miya de Va- lérie Brondeau – VDL 91 pages,12 12 euros. Illustrations : Yuffie Yuliana Voici un livre pour enfants joliment illus- tré. Un conte qui commence naturellement par : il était une fois un roi et une reine... res- pectant la tradition des contes d’autrefois. On se laisse entrainer dans ce monde de la cour où vivent deux jumelles très jolies. Par quel sortilège parviennent- elles dans une autre dimension où le château est la réplique de celui où elles vivaient jusque là , Que cache ce nouveau monde et com- ment espérer en sortir ? Et cette petite Clarice est-elle vraiment leur sœur ? Heureusement, Demarcellus va leur être d’un grand secours. Un bien joli conte qui tiendra en haleine jusqu’au bout les enfants avides d’histoires rocambolesques ! Régine Albert
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    76 Yannis Suire Du MaraisPoitevin à l’Aunis La Rochelle et L’Île de Ré vers 1 700 CVRH, 576 p. 42 € Attention, monument ! C’est le quatrième volume des travaux de Claude Masse, cartographe et ingénieur du roi, chargé par Louis XIV et Vauban de dresser les cartes des côtes atlantiques afin d’en organiser la défense. Yannis Suire, Conservateur du Patrimoine, a travaillé pen- dant quatre ans sur les cartes somptueuses, mais aus- si sur les plans et les mémoires laissés par l’homme de sciences. Claude Masse a vécu quarante ans à La Ro- chelle et s’est intéressé non seulement aux rivages, mais aussi à l’arrière-pays. Ses notes racontent par le menu la vie singulière des habitants du Marais poitevin, des plaines de l’Aunis et de l’île de Ré. Il fait vivre les bourgeois des villes, les seigneurs des campagnes et le peuple opprimé et misérable. Les cartes en couleur sont de véritables oeuvres d’art, notamment celles qui concernent La Rochelle. Elles montrent en détail, les bâtiments, les ports et les fortifications, mais aussi des scènes de la vie quoti- dienne. Comme cette procession des femmes du 16 août 1711 pour la clôture de la Mission prêchée par Louis-Marie Grignion de Montfort. Rappelons les ouvrages précédents, édités par le CVRH et également présentés par Yannis Suire : « Le Bas-Poitou vers 1700 » (2017) et « La Côte et les Marais du Bas-Poitou » (2011). G. B. Paul Briffaud Un académicien du XVIIIe siècle CVRH, 240 p. 24 € Il ne reste aujourd’hui que peu des choses du logis vendéen que Re- né-Antoine Ferchault de Réaumur (1683-1757) a connu et fréquenté assidûment tout au long de sa vie. Aujourd’hui, le Manoir des Sciences, gérée par la Communauté de com- munes du Pays de Pouzauges, présente l’œuvre immense de ce savant, inventeur et précurseur dans beaucoup de domaines : biologie, entomologie, métallurgie ou phy- sique. Son nom est bien sûr associé avant tout à l’inven- tion du thermomètre à alcool. Les recherches de Paul Briffaud, médiateur culturel, concernent un aspect particulier de la vie du grand sa- vant: ses relations avec ses confrères, en Bas-Poitou, en France, en Europe et dans le monde entier. Au cœur même du XVIIIe siècle, il était alors à la tête d’un ré- Les nouveautés du Centre Vendéen de Recherches Historiques Société d’Emulation de la Vendée Recherches vendéennes n° 26 Dans les hôpitaux psychiatriques sous l’Occupation CVRH, 272 p. 26 € Deux grands dossiers dans cette nouvelle livraison : la Vendée avant et après 14 – 18, les hôpitaux psychiatriques sous l’Occupation. Pour celui-ci, Jean Artarit décrit scrupuleuse- Jean-Marc Large Sur les rives du Marais Poitevin avant la conquête romaine CVRH, 208 p. 18 € L’archéologue Jean-Marc Large nous ramène plus de 5 000 ans en arrière, sur les rives de ce qui est devenu le Marais Poitevin, après que la mer se soit retirée et que le golfe des Pictons soit comblé. C’est le début du néolithique, le temps des dolmens. Sur les rives de ce golfe marin, sur ces franges calcaires, les agriculteurs-éleveurs remplacent les chasseurs-cueilleurs. Des communautés villageoises s’installent, avec leurs fermes et leurs sépultures, bien avant la conquête romaine. Les fouilles archéo- logiques et les progrès techniques permettent au- jourd’hui de mieux connaître cette époque lointaine et ses migrations humaines. Comme l’archéologue le montre en particulier sur le site des Châtelliers du Vieil-Auzay, à Auchay-sur-Vendée. G. B. seau de 170 correspondants. En dépit des obstacles ren- contrés, comme les difficultés postales de l’époque et les conflits européens. L’ornithologie occupe une part importante de ses échanges avec ses confrères. En 1747, il présentait un mémoire « sur la manière de faire éclore des poulets et des oiseaux de toutes espèces en telle quantité qu’on vou- dra et en toutes saisons par le moyen des couches de fu- mier ». Les fours à poulets furent en effet expérimentés et utilisés avec un certain succès aux Indes et au Canada… G. B.
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    77 Collectif Chansons maritimes enVendée - Oeuvres du XVIe au début du XIXe siècle CVRH, 336 p. 24 € La culture des gens de mer, si singulière, expression de leurs liens étroits avec l’univers marin, prend la forme, entre autres, de chansons transmises parfois du fond des siècles. Tel est le cas sur le littoral vendéen. L’association Arexcpo en livre ici une somme qui n’a pas d’équivalent à ce jour ailleurs sur les côtes françaises. Les 121 chansons rassemblées ici sont toutes antérieures au XIXe siècle. On va de surprise en surprise en lisant ces « poésies populaires chantées » tel ce couplet affirmant avec panache que « Avant de mourir mes amis / Il faut écrire une phrase / Dessus la tête du rocher / Avec la pointe de nos sabres / Ici vient de naufrager / Le plus bel équipage » ! Grâce au travail des enquêteurs, sous la houlette de Jean-Pierre Bertrand, et aux souvenirs des enquêtés, on redécouvre cette mémoire maritime, textes et partitions, et même, grâce aux QR codes, les voix des chanteurs. 87, rue Chanzy, 85000 La Roche sur Yon www.histoire-vendee.com - [email protected] 02 51 47 74 49 ment l’hôpital de la Grimaudière, à La Roche-sur- Yon pendant toute la durée de la Guerre. Il accueille autour de 800 à 1 000 malades. Tous ont souffert de la sous-alimentation, du froid et d’autres privations. Mais 400 sans doute sont morts de faim ou de dé- nutrition, liée au rationnement. Odile Berthomeau a retrouvé le destin de sa tante, décédée en 1942, dans son récit romancé Le Chagrin de Marie, nominé pour le Prix des Écri- vains de Vendée 2020. Elle explique notamment comment l’intolérance envers les malades mentaux mène à les enfermer, puis à oublier leur existence. Gil de Guerry, président de la Société d’Émula- tion, rappelle que la Grande guerre suscite toujours beaucoup d’ouvrages en Vendée, plus de cinquante depuis 1996. Ici, sont étudiés l’affaire du sous-ma- rin allemand Hyacinthe-Yvonne, échappé alors que l’on le croyait coulé en 1917, les prisonniers alle- mands au travail dans le Marais poitevin, la vie quo- tidienne à Treize-Vents, les monuments aux morts des frères Martel après la guerre et le devoir de mé- moire de l’Amicale des quatre régiments d’infante- rie fontenaisiens, dont le célèbre 137e RI. À signaler encore un article de Maÿlis Gaillard sur le sinistre Francastel, représentant en mission en Vendée, moins connu mais tout aussi sanguinaire que Carrier. G. B. Présenté par Claude Fouret De la Vendée à la Neva CVRH, 332 p. 22 € Ce voyage initiatique d’une Française en Russie, entre 1913 et 1919, est celui d ‘Olga Dingeon, la fille adoptive d’un couple qui, à la retraite, était venu s’installer aux Sables-d’Olonne. En 1913, elle a dix-neuf ans et se prépare à devenir institutrice. La station bal- néaire commence alors à attirer les riches touristes étrangers. Jusqu’en 1914, une dizaine de familles russes y passent les vacances d’été, logées dans les meilleurs hôtels. Olga va faire la connaissance de Lyuba Davidenkov, d’une famille de la moyenne aristocratie, qui désire em- ployer une institutrice pour ses enfants. Le voyage, par Lausanne et Berlin, conduit Olga à Saint-Pétersbourg, ville de 2 500 000 habitants, à la fois ouvrière, culturelle et aristocratique. Elle donne de leçons de français, mais semble plutôt jouer un rôle de gouvernante et de dame de compagnie, au sein d’une société d’insouciance, avide de mondanités. Son petit-fils publie aujourd’hui les lettres envoyées à sa famille sablaise et les courriers de ses amis russes. Cette importante correspondance décrit surtout son voyage initiatique dans une Russie aisée, très en avance sur la vie en France. Olga séjourne dans différntes régions, no- tamment en Crimée. La guerre de 14-18 et la révolution bolchevique de mars 1917 vont marquer profondément son séjour. Olga reviendra en France en février 1919, s’y mariera et donnera naissance à une fille. Elle obtint alors un poste de professeur de lettres et, après un passage à La Roche-sur-Yon, termina sa carrière au lycée de Courbe- voie. Sans jamais avoir pu enseigner la langue et la litté- rature russes… G. B. Philippe Candé La Guerre de Vendée en Pays angevin CVRH, 432 p. 25 € Mozé, un village de 1 600 habitants en 1791, entre Loire et Layon, à la frontière de la Vendée insurgée. Des paysans, des vignerons, des artisans, quelques notables, un curé et deux vicaires. Il ne restait rien de cette histoire, les recensements officiels assuraient que la population du village n’avait pratiquement pas bougé entre le début et la fin de la Guerre de Vendée.
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    78 87, rue Chanzy,85000 La Roche sur Yon www.histoire-vendee.com - [email protected] 02 51 47 74 49 Roland Mornet Pauvres Mousses ! La condition humaine à bord des navires Geste, 328 p. 25 € On serait tenté de titrer : ‘’Un homme se penche sur son passé’’. Roland Mornet a été mousse avant de devenir capitaine de navires océa- nographiques mais il n’en est rien. Il écrit ne pas avoir souffert outre me- sure de ce statut, mais il est clair qu’il veut mettre en exergue les souffrances de ces enfants et des équipages souvent ‘’accablés de mauvais traitements’’ dont font foi les témoignages recueillis. L’observation porte sur trois siècles et il va de soi que l’auteur souhaite que l’on se souvienne de ces périodes violentes. C’est pour lui un devoir de faire en sorte que ces maltraitances du monde marin ne tombent pas dans l’oubli. Il s’y emploie, exemples à l’appui, tout au long de cet ouvrage. Le style truculent et malicieux Au fil de votre lecture, vous serez vite en contact avec le style truculent et malicieux du l’écrivain-marin. Les pages consacrées à la définition du terme ‘’ mousse ’’ selon tel ou tel dictionnaire, telle note administrative définissant le poste, ne manquent ni de piquant ni de précisions. Il y aura tout au long de cette lecture une appétence à employer un vocabulaire riche de termes précis et adéquats qui semblent pour certains impropres aujourd’hui. Notre champs lexical s’enrichit à la lecture de Roland Mornet. Ce travail est abondé par ‘’ l’écume ’’ des jours pas- sés dans les différents Services Historiques de la Défense (SHD) pour la rédaction d’au moins une dizaine d’ou- vrages dont ‘’ La tragédie du paquebot Afrique ’’ qui valut récemment à cette tragédie révélée par l’auteur susnom- mé, la publication de cinq épisodes pleine page dans le journal ‘’ Le Monde ’’. Excusez du peu. Les archives parlent Dans la première partie de l’ouvrage qui nous inté- resse, on est étonné que les différents régimes aient pu instruire tant d’affaires face aux nombreuses brimades, aux disparitions de mousses dont on faisait pourtant peu de cas à l’époque. Les minutes des procès qui nous sont parvenues accusent les comportements des capitaines ou des armateurs pressés d’étouffer les scandales. On parle défections, également de désertions de mousses mais ce n’est pas le cas de ceux qui étaient sur le ‘’ banc ’’. Une fois à Saint Pierre et Miquelon par exemple, où seraient-ils allés ? Le pain était là-bas. En revanche il y a des mousses renonciataires. Ces enfants renoncent à leur statut d’inscrit maritime et quittent le métier. Ce sont les archives qui parlent, c’est là tout le savoir-faire de notre grand écumeur que d’exhumer ces précieux do- cuments présentés avec un style narratif très alerte, où Philippe Candé, originaire de Mozé, a enquêté sur les traces de ses ancêtres. Pendant cinq ans, il a dépouillé plusieurs centaines de milliers d’actes d’état civil. Et révélé ainsi que plus de 300 morts étaient imputables à la guerre, dont plus d’une centaine en décembre 1793, à l’issue tragique de la Virée de Galerne. De toutes ces morts tragiques, la mémoire communale n’a rien su, ni rien retenu. En fait, la Constitution civile du clergé et, surtout, la levée de 300 000 hommes pour aller aux frontières, ont fait basculer la population dans les rangs des Vendéens. Les « patriotes » de Mozé qui ont accaparé les biens de l’Église et qui tiennent la municipalité vont jeter un voile sur le retournement de leurs concitoyens. Commencent alors les dénonciations, la répression, les fusillades de masse des rebelles. Des disparitions inexpliquées sont relevées aussi dans quarante communes des alentours. Des colons, venus souvent de loin, arriveront pour culti- ver les terres abandonnées par ceux qui sont morts. Ils feront souche, sans connaître semble-t-il le ressentiment de ceux qui sont restés. Alain Gérard, qui préface l’ouvrage, souligne qu’il ne s’agit pas là d’une mémoire oubliée, mais bien d’une mémoire interdite par les dénonciateurs et les bour- reaux. « La quête existentielle de Philippe Candé résonne singulièrement en ces temps de crimes de masse devenus impensables aussitôt commis. » G. B. Un Vendéen y était, et pas n’importe lequel : notre bon René !
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    79 09 66 9326 55 www.maisonecrivainsdelamer.fr Les pages des Écrivains de la Mer l’humour fait place à la sévérité quand il s’agit de décrire la réputation des capitaines des Sables d’Olonne. Il y a des titres de chapitre qui tonnent comme des caronades : Les Sables d’Olonne grand port morutier…et de grande maltraitance. L’auteur convoque ses alliés, des écrivains bretons du début XXe qui s’indignent du sort fait aux mousses. Nouvelle salve : Exaction, mutinerie, ladrerie, inhuma- nité, les qualificatifs ne manquent pas pour ‘’ encen- ser ’’ armateurs et commandements, car les mousses ‘’ ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés. ’’ Histoires de naufrage Comme il le dit lui-même dans ses conférences : ‘’ Avec Mornet on n’est jamais loin d’une histoire de naufrage ’’ Confirmant l’adage, au cœur de cet ouvrage, le pré- sident des Amis de Narcisse Pelletier, focalise sur un mousse au destin très particulier : Narcisse Pelletier. Il y a dans cette histoire la perte d’un trois mât dans le Pacifique, aux îles Louisiades. Ajoutez un capitaine in- délicat qui tente d’abandonner son mousse et qui finit par y parvenir et enfin des passagers chinois, des coo- lies, abandonnés sur un îlot qui disparaîtront victimes vraisemblablement d’une tribu cannibale. Ne pas oublier que dans cette tragédie Narcisse Pelletier est recueilli par un clan Aborigène du Cap York et qu’il y restera 17 ans avant d’être enlevé par un bateau anglais et reconduit en France. Résumons, Roland Mornet s’applique à vérifier toutes les étapes maritimes et administratives de cette histoire, soulignant à nouveau le peu de considération pour la vie d’un mousse tant pour certains capitaines que pour une administration tatillonne voire laxiste. C’est se- lon. Pour exemple, deux collectes avaient été faites pour ce mousse démuni lors de son retour vers Sydney. Les archives diplomatiques confirment en toutes lettres qu’il n’en a jamais touché le premier sou. Doit-on ici rappeler qu'un mousse ne vaut rien ? Les mousses se sont-ils jamais soulevés ! Enfin, dernière découverte du ‘’ navigateur en ar- chive ’’ l’affaire de L’Albert un trois-mâts de Dieppe. Cet épisode vient clore le triptyque de cet ouvrage. Nous sommes certains qu’au cours de votre lecture vous vous poserez la question : ‘’ Les mousses ou les équipages ne se sont jamais soulevés ? ’’ Eh bien ! si, il y a un exemple de mutinerie sanguinaire, mais elle ne vient pas de l’équi- page, mais des passagers, du moins dans l’exemple ex- humé très récemment par notre érudit. Les minutes et les différentes dépositions découvertes attestent d’une vengeance. Les passagers, des coolies chinois, se mutinent, exaspérés qu’ils sont des mauvais traitements infligés par le Capitaine Pain et son second. Ils prennent le navire et exécutent le capitaine, le second et le coq. Vous vous délecterez de la suite donnée, tant les administrations et la justice se sont révélées dans l’impos- sibilité de faire valoir le droit. Le style et le ton du nar- rateur contribuent grandement à ornementer les lignes en pleins et en déliés des différentes décisions de justice. Si ses ouvrages traitent principalement d’histoire maritime, Roland Mornet parle des hommes de mer, de leur courage, de leurs errements et il met tout en œuvre pour que la population à terre et ses lecteurs compren- nent bien les sacrifices concédés par les marins, quelques furent leurs fonctions, leurs engagements. Cela a donné lieu, par exemple, à la constitution d’un répertoire de tous les péris en mer de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Proche des livres et des matelots, ce sont dans ses œuvres de fiction, ses nouvelles, sa collecte des mots de la mer où se révèlent la truculence et la richesse de la langue de Roland Mornet. Comment acquière-t-on toutes ces tournures, ces termes parfois surannés qui surprennent tout en donnant à son style une élégante patine? Disons, pour nous faire sourire, qu’il fait souvent sien le style parfois fleuri des rapports de mer, des notes ou des actes administratifs. Ah ! que de richesses cachées quand l’administration ma- ritime s’exprimait au temps de la plume d’oie… Écrit-il un Furetière sur un genoux et le Littré sur l’autre ? Je ne le pense pas. Ne manquez-pas de lui poser la question lors d’un prochain salon. Je connais la réponse : ‘’ Cette demande ne fera l’objet d’aucune suite .’’ On en devine la source. À moins que ce soit de l’humour chaumois. Serge Aillery Maison des Écrivains de la Mer, Exposition 2023 À LA VOILE AUTOUR DU MONDE Récits de navigateurs Mettre à la voile, franchir un océan puis un second, faire route par le Horn ou le cap de Bonne Espérance, croiser ou non le cap Leewin et naviguer sans être attendu, sans ligne d’arrivée, continuer, seul jusqu’à revenir au point de départ ou toucher brutalement en face un nouveau continent. Fin de l'aventure. Le temps n’est-il pas la première chose qui tombe à l’eau quand on prend la mer ?
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    80 C’est avant lacréation des grandes courses dont les tablettes accumulent les records et les exploits, voire quelques fortunes de mer, hélas. À un an du prochain Vendée-Globe, c’est la pro- position de la Maison des Écrivains de la Mer pour la saison 2023, donner à lire prioritairement les journaux et les récits des premiers navigateurs qui pratiquaient une navigation de loisir, une navigation ‘’ plaisante ’’ aventu- reuse et dont le chronomètre et les exploits techniques n’étaient pas l’enjeu. Ils avaient des envies de haute mer, d’espace, de so- litude, de confrontation avec soi-même et le vent. Un désir viscéral d’éprouver un bateau, une ‘’ monture’ ’, une coque, un profil, une ligne qu’ils avaient bien souvent construite de leurs mains sur des plans qui au cours de l’expérience allaient appeler de nombreuses modifications. Mais qu’importe. Ils souffrent de l’attirance magnétique du large. Elle est aussi forte dans leurs récits que dans les lignes de leurs successeurs. Aussi forte que l’attraction terrestre qui nous fait tenir debout sur la jetée ou au large, au pied du mât quelque part posé sur la rotondité de notre planète, en filant sur les quatre mers insatiablement, écrivant face aux éléments les épopées les plus folles. Ils ont pour nom Le Toumelin, Slocum, Gerbault, Vito Dumas, Ann Davidson avant que leurs successeurs Bernard Moitessier, Nicole Van de Kerchove, Éric Tabarly … deviennent compétiteurs et inscrivent leurs exploits techniques et humains ligne après ligne sur les vertigineuses tablettes des records. La Maison des Écrivains de la Mer Joël Couteau La nuit du 8 au 9 janvier Vdl, 141 p. 15 € Seulement deux dates ! Joël Couteau nous plonge dans une ca- tastrophe qui a provoqué la mort et des dégâts considérables sur les côtes de la Basse-Normandie, la Bretagne Nord et toute la façade atlantique, de l’île d’Ouessant jusqu’au Pays basque. Imaginez-vous des vagues énormes qui détruisent les demeures, qui font reculer les rivages de plusieurs centaines de mètres et les dunes qui disparaissent sous la violence des vents. Un cataclysme hors du commun, l’auteur nous raconte la vie des gens de mer et de leur famille dans des endroits particulièrement exposés aux tempêtes. Puis la tempête débute, gonfle, elle n’est pas sans rappeler celle vécue par le marin Gilliat dans Les Travailleurs de la mer de Victor Hugo. Les navires sombrent même au port, des marins sont emportés dans les abysses, les digues qui se brisent, les plages qui disparaissent. Le calme revient après ces heures affreuses. Mais que s’est-il passé ce 8 et 9 janvier 1924 ? La préface de Roland Mornet, ancien capitaine des navires d’Ifremer, nous apporte les connaissances mari- times qui expliquent cette nuit de terreur. Puis l’auteur a réuni de la documentation et des cou- pures de journaux de l’époque au sujet des lieux qu’il avait choisis pour décrire cette tempête. Nous retournons ensuite chez les personnages du livre pour découvrir leur malheur et aussi l’espoir qu’ils ont dans cette eau salée nourricière, pratiquement leur seule ressource. Ce livre rentre dans la grande escadre des véritables livres de mer. Avant de vouloir s’établir sur la côte, il serait bon de lire l’ouvrage de Joël Coteau. Dans le dernier cha- pitre, l’auteur nous montre que la tempête de Xynthia qui souffla dans la nuit du 27 au 28 février 2010 relève du même phénomène. Alors, aujourd’hui, construire sa maison avec les fon- dations pratiquement dans le sable de la plage, et vue sur la mer, est-ce bien raisonnable ? René Moniot Beaumont Hervé Retureau Gens de mer sablais XVIIIe – XIXe siècles La Geste, 354 p. 35 € Il est des thèses ennuyeuses, il est en est aussi de passionnantes. Le travail d’Hervé Retureau, consacré aux gens de mer sablais, aux XVIIIe et XIXe siècles, est in- contestablement de celles-ci. Infa- tigable chercheur depuis son plus jeune âge, président et animateur de la société d’histoire d’Olona pendant près de vingt ans, chargé de mission Patrimoine à la Ville des Sables, il nous fait entrer dans la vie de ce peuple en mu- tations. Premier port morutier de France sous Louis XIV, avec la pêche lointaine sur les bancs de Terre-Neuve, Les Sables-d’Olonne réussiront leur mutation au milieu du XIXe siècle, grâce à la pêche côtière à la sardine, avec ses conserveries et ses chantiers. Au-delà de ce panorama historique, Hervé Retureau nous fait pénétrer dans l’intimité de la société et des fa- milles. Il décrit le destin des mousses, celui des capitaines de navire et des maîtres de cabotage. Il nous montre les marins dans la vie de la société sablaise et fait partager celle des femmes dans la société portuaire. Et quand il faut larguer les amarres, c’est à cette mort en mer, « à la fois insaisissable et singulière » qui donne toute sa dimension humaine à son travail. G. B.
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    81 09 66 9326 55 www.maisonecrivainsdelamer.fr Les pages des écrivains de la Mer Jacqueline Maillat Les plus belles pages des écrivains de Noirmoutier Geste, 150 p. 25 € J’ai toujours eu un faible pour ce type d’ouvrage, j’en ai un tas dans ma bibliothèque, ce sont un peu mes « guides du routard » en littérature. Parcourir l’île de Noirmoutier et se diriger vers des endroits qui ont inspiré des auteurs comme la marquise de La Rocheja- quelein qui écrivit ses Mémoires à partir de l’année 1799. Jacqueline Maillat a choisi dans les Mémoires, 21 pages concernant Noirmoutier. Neuf auteurs ont été sélection- nés dont la Marquise de La Rochejaquelein, qui « résume le personnage qu’elle est devenue, et qui n’a plus grand-chose à voir avec la jeune fille élevée naguère à la cour de Ver- sailles », précisera son éditeur. Michel Ulrich Le sauvetage en mer de Noirmou- tier 150 ans de bravoure et d’enga- gement CVRH, 301 p. 25 € L’auteur est le vice-président de la station de la SNSM de l’Herbau- dière. Pendant deux ans il reconsti- tue l’histoire du sauvetage à Noir- moutier et sur une période de 150 ans. Ancien marin, je mesure et j’apprécie le courage, des hommes qui affrontent les éléments pour aller sauver leur prochain. Je pense à la tragédie du Saint-Philbert qui a endeuillé toute la région en 1931. Plus proche de nous, la disparition de trois sauveteurs des Sables-d’Olonne le 7 juin 2019. Je n’ose compter la longue, trop longue liste des interventions de sauvetage opérées entre 1868 et 2021. Grâce à leurs interventions, un nombre de drames ont connu des fins heureuses, combien de marins, de plai- sanciers leur sont redevables d’être encore de ce monde ? Je vous invite à découvrir la réalité du sauvetage en mer, en accompagnant par votre lecture l’une des 214 stations métropolitaines et des territoires ultra-marins épars dans le monde. De pénétrer dans la vie des 9000 sauveteurs en mer et plus particulièrement ceux de l’Herbaudière. L’ouvrage est très illustré de dessins, plans, photo- graphies et accompagné d’extraits de cartes marines des abords de l’île. L’auteur est aussi un chroniqueur régulier du Figaro Nautisme. RMB Michel Adrien couverture Carmen Adrien Les Marins Pêcheurs face aux Éoliennes en mer L’Étrave, 126 p. 15 € Après « L’appel du large » et « Toujours plus loin » couronnés par le Prix des Ecrivains de Ven- dée en 2019, suivi de « la Victoire Climatique », Michel Adrien réci- dive avec un quatrième ouvrage tout aussi passion- nant et tellement d’actualité. « Mieux que le gaz russe, la révolution du soleil et du vent » aurait pu être le titre de cet ouvrage bien documenté qui se lit comme un roman. L’auteur fort de son expérience de plusieurs dé- cennies à naviguer et à observer les mers, nous parle de la prolifération et de l’intensification de ces nou- velles activités maritimes. Pour mieux comprendre les enjeux de la situation, il lui a paru essentiel de faire le point sur sur cette réalité qui soulève de nombreuses questions, en particulier dans le monde professionnel de la pêche. Une planification de l’es- pace maritime va être mise en place prochainement et inévitablemen https://www.msn.com/fr-fr/feed t, au niveau national puis européen. En peu de mots, il faudra partager la mer et que chacun y trouve sa place, tout en respectant l’environnement, et c’est possible. Premiers concernés les marins pêcheurs qui devront participer aux négociations préalables afin d’obtenir de solides garanties, et ce, sur le long terme, pour l’exercice de leur profession. Un espoir et une solution écologique face aux énergies pol- luantes et coûteuses. Un livre optimiste et réaliste sur les énergies vertes et la lutte contre le réchauffement climatique. Eveline Thomer Les marins pêcheurs aux éoLiennes en mer Partager la mer L’Étrave face Michel Adrien Ensuite nous découvrons Prosper Mérimée, Am- broise Viaud-Grand-Marais, Octave Mirbeau, Alcanter de Brahm. Permettez-moi de m’attarder un peu au su- jet de Marc Elder, l’incomparable auteur de la mer avec son roman Le Peuple de la mer, Prix Goncourt 2013, qui échafaudera un roman où l’âme des gens de mer est omniprésente, tout cela à l’Herbaudière. Ensuite nous retrouvons Aladar Kuncz, Boileau & Narcejac, Jean- Marie Rouart… Ce voyage en littérature noirmoutrine est émouvant et l’auteure apporte des commentaires qui participent à une meilleure connaissance de l’histoire de notre île vendéenne. Le texte est accompagné de photographies d’une beauté et qualité incomparable : un véritable carnet de voyage littéraire. RMB
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    82 Site du patrimoine littérairemarin en Vendée : la Villa Charlotte ! Un jour, un de mes amis sablais, l’écrivain Michel Brossard, me parla d’un projet qui aurait pour voca- tion de contribuer à la sauvegarde, à la restauration, à la valorisation d’une demeure remarquable située face au chenal du port des Sables-d’Olonne côté La Chaume, ancien village de pêcheurs devenu un des quartiers appréciés de la ville. À la suite de cette rencontre, une idée m’est venue : donner ma bibliothèque marine à la Ville des Sables d’Olonne, propriétaire de la Villa Charlotte, et en confier la gestion à l’Association des Amis de la Villa Charlotte. ([email protected]). Une manière de partici- per à l’enrichissement des collections et à la programma- tion culturelle de cette future Villa Médicis de la Mer. La Villa Charlotte, un peu d’histoire : Cette demeure balnéaire, dite Tertrais-Chailley et aujourd’hui Villa Charlotte, s’élève au cœur d’un jar- din dominant la baie des Sables-d’Olonne. Édifiée vers 1866 pour un industriel de la conserverie de poissons, elle échut ensuite à son gendre, Charles de Hillerin, puis à la famille Carraud-Amieux. Fin 1906, elle fut acquise par Joseph Chailley, député de la Vendée. Son épouse Charlotte, violoniste de renom, réinterprétera et agrandira la villa selon ses goûts. Charlotte, née Vormèse, sera la muse de cette demeure et de ses jardins. À la belle saison, elle y recevra musiciens, écrivains et artistes. Malheureusement en 1938, cette demeure d’artistes perdra son égérie. La propriété devint alors la résidence d’un industriel, puis d’un notaire et enfin celle du sous-préfet. En 2013, le parc est menacé par un projet immobi- lier. Il faut sauver la villa Tertrais- Chailley ! Un collectif d’associations (les futurs amis de la Villa Charlotte) se mobilise et obtient le classement du parc en zone natu- relle. Trois ans après, la Ville des Sables acquiert le site. Puis elle lance en 2019 un projet de réhabilitation du site et vote l’année suivante la nouvelle dénomination de la villa : Le 5 octobre 2020, le conseil municipal des Sables-d’Olonne a décidé de rendre hommage à la violoniste Charlotte Chailley, née Vormèse, en donnant officiellement son prénom à cette demeure appelée jusqu’alors Villa Ter- trais-Chailley. Les travaux de réhabilitation des jardins ont débu- té le 27 octobre 2022 et la restauration de la villa est programmée pour 2023-2024. Le deuxième étage de la demeure sera attribué aux connaissances livresques. Il regroupera dans les rayonnages de ses bibliothèques quatre thématiques : la Littérature marine, l’Architecture et la Villégiature balnéaires, la Musique, et les Jardins. La bibliothèque de la littérature marine : La ville des Sables d’Olonne est placée au milieu de l’arc atlantique formé par les rivages entre l’île d’Oues- sant et le Pays basque. Grâce à ses multiples activités maritimes et sportives comme le Vendée Globe, cette ag- glomération est célèbre dans le monde et sa riche histoire maritime en fait un haut lieu où souffle l’esprit marin. C’est cette conscience que cette bibliothèque voudrait maintenir. Vous trouverez une grande pièce située au deu- xième étage avec vue sur mer, que nous avons dé- nommée entre amis de la Villa, le trésor littéraire. Nous aimerions que le futur visiteur soit tel Jim Hawkins découvrant des richesses ca- chées comme dans la grande île mythique. Ce trésor est composé des chefs-d’œuvre de la littérature marine de la planète. La plupart des ouvrages sont d’une grande va- leur bibliophilique, certains sont très rares, finement re- liés, d’une police de lecture soignée, avec des illustrations de grands artistes tels Gustave Doré, Léon Haffner, etc. Impossible de les citer tous et le tout sur grand papier. Cette croisière littéraire débutera par les ouvrages inspirés par la mer dans l’Antiquité avec par exemple, pour L’Odyssée, accompagnée de nombreux documents d’études écrits par Victor Bérard, grand spécialiste de l’œuvre d’Homère. Vous pourrez suivre Pantagruel lors de ses navigations écrites par François Rabelais. Cer- vantes ne sera pas non plus oublié. Documents, mémoires relatant les premiers récits maritimes de nos grands voyageurs et aventuriers seront sur les rayons de cette pièce exceptionnelle.
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    83 Pour les passionnésdu long cours, vous trouverez tous les ouvrages — dans différentes éditions de biblio- philes ou autres — des capitaines Louis Lacroix, Armand Hayet, du Chilien Francisco Coloane : tous des hommes du cap Horn. Et puis, nous avons nos écrivains du peuple de la mer comme le premier d’entre eux : Marc Elder, le Prix Goncourt 1912 avec le Peuple de la mer, dont le manus- crit nous a été confié par ses héritiers, accompagné du dossier des péripéties littéraires liées à ce Prix. La Dame de mer, Anita Conti, sera présente avec son amie Nadine Lefébure. Ernest Hemingway, avec Le vieil homme et la mer pourra être découvert dans une édition de toute beauté. Georges Simenon et Henri Queffelec sont aussi les obligés de ce chapitre. Je termine cette page de présentation par les écri- vains plaisanciers tels Joshua Slocum, Alain Gerbault, Jean Merrien, Virginie Hériot, l’Argentin Vito Dumas et notre éternel Bernard Moitessier, avec nos écrivains contemporains que je ne tiens pas à citer de peur d’en oublier. Vous les retrouverez tous dans cette demeure ins- pirée par le large. Le catalogue des ouvrages consultables est en cours de réalisa- tion et devrait présen- ter plus de deux mille livres et documents de toute sorte. J’avoue ne les avoir jamais comptés. Comme dans le château de Chantilly, tous les ou- vrages et documents se- ront manipulés avec précaution et ils ne pourront sortir de la Villa, selon le règlement établi par le donateur, la Ville des Sables-d’Olonne et l’association Les amis de la Villa Charlotte. Une façon de prolonger jusqu’à la nuit des temps ce patrimoine, pour le plus grand bien de la culture française et des futures générations. Dernièrement la bibliothèque marine de la Villa Charlotte a été inscrite dans le deuxième collège de la Fédération Nationale des Maisons d’Ecrivains & des Patrimoines Littéraires au titre du Cercle d’Études de la Littérature Marine (C.E.L.M.). René Moniot Beaumont Littérateur de la mer [email protected] Après avoir découvert le XVIIIe siècle avec Paul et Virginie dans une très belle édition de bibliophilie, vous pourrez aborder le grand siècle du roman mari- time avec François-René de Chateaubriand, Eugène Sue, Alexandre Dumas, Victor Hugo, et cela pour la France. La littérature marine anglo-saxonne vous pré- sentera James Fenimore Cooper, Edward John Trelawney, Frederick Marryat, Edgar Allan Poe, et le formidable Hermann Melville avec Moby Dick. Robert-Louis Stevenson participe à cet équipage d’écrivains de la mer. Je ne peux les citer tous, mais je n’oublie pas Rudyard Kipling et Jack London. Le XXe siècle, c’est la mer à hauteur d’homme. Nous avons le cycle breton avec Pierre Loti, Anatole Le Braz et les Toudouze, et l’écrivain des contes et légendes de Bretagne, Charles Le Goffic. Les vingt lustres voient la littérature marine craquer dans ses structures traditionnelles, maintenant les marins parlent, témoignent et écrivent : Claude Farrère, John Masefield, Henry de Monfreid, Édouard Peisson, pour les plus connus. Sur le rivage, d’autres écrivains rêvent l’humanité maritime et ses activités : Pierre Mac Orlan l’aventurier immobile, Jacques Perret, Jean Giono, Pierre Béarn avec son inoubliable et détesté Océan sans espoir, et Joseph Conrad, incontournable ! ce mot suffit à le résumer. Paul Chack, Cecil Scott Forester, Patrick O’Brien, Nicholas Monsarrat, Alistair Mac Lean, Herman Wouk, (le célèbre Ouragan sur le Caine), Georges Blond sont de l’équipage comme auteurs de romans historiques marins. Les pages de la Villa Charlotte [email protected]
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    Publication mise gracieu- sementà la disposition des lecteurs grâce à l’action des collectivités, associations et entreprises citées ici Merci de communiquer vos ouvrages à : Société des Écrivains de Vendée Alain Perroccheau 29 route de la Fontaine 85150 Martinet www.ecrivains-vendee.fr amisvendee-historial.com contact@amisvendee- historial.com