Lire en Vendée
                                                                        n° 21
                                                    juin 2010 - décembre 2010




                                                                     ez-s
                                                                  onn ou 5 €
                                                                Ab v ur
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                                                    llet




Échos Musées
expositions,
nouveau musée des enfants
les lettres de Chaissac
   Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010                                  1
Éditorial                                                       de Noirmoutier et de Montaigu (et René Moniot-Beau-
                                                                    mont pour Noirmoutier). Yves Viollier, Gilles Bély et
                                                                    Jean de Raigniac participent avec assiduité aux jurys des
                                La Société des écrivains de         prix littéraires décernés à Montaigu, Grasla et bien sûr
                            Vendée s’efforce toujours de rem-       au prix des écrivains de Vendée qui a couronné en 2009
                            plir sa mission en faveur des lettres   deux auteurs de talent avec l’écrivain chevronné Yves
                            vendéennes et de l’encouragement        Bulteau, pour Les chants de la lune noire et le premier
                            à la lecture et à l’écriture. L’année   roman d’Anne Tallec, Le Maître et le Violoncelle.
                            2009 a été une année féconde                Bertrand Illegems s’est aussi particulièrement distin-
                            dans les diverses activités dans        gué en 2009 en recevant à Nantes le prix du Lion’s Club
                            lesquelles nos adhérents se sont        des audio-lecteurs et en lançant une petite maison d’édi-
    engagés. Les salons du livre sont nombreux en Vendée et         tion, Les Chantuseries, qui a publié comme premier
    les écrivains vendéens y participent en rangs serrés, que ce    livre un recueil de nouvelles policières imaginées par les
    soit individuellement comme à Saint-Gervais, Aizenay,           14 membres de son atelier d’écriture. Joël Bonnemaison
    Fontenay-le-Comte, Luçon, Saint-Gilles-Croix-de-Vie,            a réédité avec succès son festival de théâtre en novembre
    Maulévrier, La Meilleraie-Tillay, Noirmoutier et autres         à La Tranche-sur-Mer.
    ou sous la bannière des Écrivains de Vendée comme à
    Montaigu et à Grasla.                                               Revenons à notre revue Lire en Vendée. Notre dernier
                                                                    numéro a bénéficié d’apports nombreux et exceptionnels
        Quatre auteurs, Jean-Claude Lumet, Gilles Bély,             qui lui ont donné une aura particulière. Il nous montre
    Claude Mercier et Jean de Raigniac se sont envolés pour         aussi à l’évidence que c’est le niveau auquel il faut se
    participer au Salon international du Livre de Québec en         maintenir pour que la revue et notre association tiennent
    avril et ont dignement représenté la Vendée, la Région et       la place que nous nous sommes assignée. Cela suppose la
    la France ; ils y ont noué des contacts avec l’association      mobilisation de tous nos membres pour la préparation
    Québec-France, le consulat de France, diverses person-          des articles, la recherche, la participation et la mise en
    nalités et les écrivains québécois venus en 2008 à Grasla.      valeur des événements littéraires et la diffusion d’une re-
    Ces échanges, également sous la houlette de l’association       vue suffisamment étoffée pour nous valoir une attention
    Vendée-Gaspésie, se sont poursuivis avec l’envoi de deux        et un intérêt croissants de nos lecteurs, libraires et parte-
    autres auteurs vendéens, François Bossis et Bernard Bru-        naires. En 2009 nous avons pu rendre compte et faire la
    nelière, en juillet en Gaspésie pour les festivités liées à     critique de plus de 100 nouvelles publications de Ven-
    la commémoration du 475ème anniversaire de l’arrivée            déens ou sur la Vendée. C’est dire à la fois l’importance
    de Jacques Cartier en cette région. Ils continuent encore       de la tâche à accomplir et peut-être déjà l’importance de
    avec à nouveau l’accueil d’écrivains gaspésiens à Noir-         notre contribution à l’épanouissement de la littérature
    moutier en juin 2010.                                           vendéenne.
        Claude Mercier a été au salon de Grasla un conteur              Tout cela est possible aussi grâce à la bienveillance
    chaleureusement fêté pour une nouvelle animation de ce          active de ces partenaires et sponsors publics et privés, la
    salon consacrée à ceux qui savent aussi dire les histoires ;    Région des Pays de la Loire, le Département de la Ven-
    Christophe Prat et Eveline Thomer ont convaincu Wil-            dée, le Crédit Mutuel Océan, l’Imprimerie Offset’5 et les
    frid Montassier et Yves Viollier de lancer un appel à           Amis de l’Historial de la Vendée avec lesquels nous réu-
    l’écriture pour donner naissance en 2010 à un nouveau           nissons nos moyens pour augmenter la portée de notre
    recueil de nouveaux contes sur la Vendée.                       revue. Enfin, la rédaction et la mise en page sont mainte-
                                                                    nant assurées par nos membres bénévoles avec pour effet
        Deux nouvelles associations se sont créées en 2009          immédiat d’augmenter notre réactivité et notre implica-
    pour perpétuer la mémoire des œuvres et de la vie de            tion dans cette parution.
    deux auteurs importants, avec les amis de Jean Huguet               Les auteurs nous envoient leurs livres, nous en ache-
    et ceux de René Bazin. Notre société participe et soutient      tons directement aussi et constituons ainsi une biblio-
    les premiers élans de ces associations de la même façon         thèque que nous souhaitons pérenniser et fixer en un
    qu’elle met tout en œuvre pour aider la Maison des écri-        même lieu accessible à tous. Des contacts sont en cours
    vains de la mer en lui réservant les pages nécessaires au       qui pourraient permettre à notre société de disposer bien-
    compte-rendu de ses activités et à l’annonce des publi-         tôt d’un tel local. Dernière satisfaction : nos adhérents
    cations des auteurs marins dans sa revue Lire en Vendée.        sont plus nombreux, avec donc des possibilités d’action
                                                                    plus fournies, un renouvellement de nos membres et,
        René Moniot-Beaumont, Yves Viollier et Jean de Rai-         financièrement, de nouvelles cotisations qui participent
    gniac participent régulièrement aux émissions littéraires       aussi à la bonne santé de notre société d’écrivains.
    de RCF Vendée et de nombreux auteurs y sont reçus                   2009 aura donc été un bon cru pour et grâce à nos
    comme les récipiendaires des prix, et dernièrement Eve-         écrivains, nos adhérents, nos lecteurs et nos partenaires ; ils
    line Thomer et Roland Mornet.                                   peuvent se féliciter de l’action entreprise et, bien sûr, se
        Rappelons aussi la participation active d’Yves Viol-        mobiliser plus encore pour les années à venir.
    lier et de Michel Chamard à l’organisation des salons                                                Jean de Raigniac


2                                                                                          Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010
appel à candidature
                                                            Prix
                                                            des écrivains de Vendée

                                                                Les écrivains vendéens ou les écrivains écrivant sur
                                                            la Vendée désireux de poser leur candidature, pour un
                                                            ouvrage paru en 2010, sont priés de se manifester au-
                                                            près de notre association, à notre adresse à La Ferrière
                                                            (voir en dernière page de cette revue).


                                                            sommaire
                                                             2    Éditorial

                                                             3    Assemblée générale des écrivains de Vendée

                                                             4    Roger Martineau
Assemblée générale
                                                             5    Le roman de la Vendée

    Notre assemblée générale s’est tenue à Montaigu à        6    Charles-Édouard Gallet, poète
la veille du Printemps du livre le jeudi 8 avril.
    Nous étions une trentaine, accueillis à la Mairie par    7    Fiers d’être paysans 5
Alexandre Durand, responsable du patrimoine, pour
une visite à pied des richesses de cette cité médiévale,     8    Horizons d’Ouest, association disparue
puis au Parc des Rochettes à la Maison des associations
par le maire, Antoine Chéreau.                               9    Les salons
    Nous les remercions vivement pour la qualité de
leur réception et de la bienveillance des propos qu’ils y
                                                            15    « Échos-Musées » Historial
ont tenus quant à une collaboration accrue avec notre
association pour le Printemps du Livre.
                                                            16    Les lettres de Chaissac
    Notre assemblée s’est ensuite déroulée en ville,
avec lecture du rapport moral, texte repris supra, du
                                                            22    le Musée des enfants, expositions à l’Historial,
rapport financier saluant l’équilibre maintenu malgré
                                                                  ancienne peinture du Puy du Fou
la valorisation et la multiplication des actions entre-
prises. Les nouveaux membres ont été également écou-
                                                            26    Nos sélections
tés et... adoptés.
    Rendez-vous était pris pour les salons à suivre,
notre déjeuner estival, et la remise des Prix des écri-     27    La page Offset’5
vains de Vendée en décembre, avec la sortie de notre
prochain numéro de Lire en Vendée.                          37    Autres parutions

                                                            39    Les écrivains de la mer




   Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010                                                                          3
Deuil                                                       conviction, à la renaissance de la commune selon ton
                                                                expression. La commune compte de nombreuses réali-
                                                                sations qui ont ta marque.
                                                                    Puis à l’heure de ta retraite, c’est le retour aux ra-
                                                                cines. Tu nous surprends encore, lorsque tu te pas-
                                                                sionnes pour l’histoire de notre marais et que tu te
                                                                lances dans l’écriture et la publication de plusieurs ou-
                                                                vrages. Tu passes de longs moments à lire, à faire des
                                                                recherches aux Archives à La Rochelle ou à La Roche-
                                                                sur-Yon, à rédiger dans ton bureau, dont les murs se
                                                                couvrent de livres, de documents, de photos sur le ma-
    Roger Martineau,                                            rais. Tu aimais y accueillir tes hôtes. Te voilà auteur-
    passager singulier sur la terre, mon père                   éditeur, ce sont d’abord les trois tomes de Villages de
                                                                France au Marais Poitevin.

       Enfant de Vix, tu es né en juin 1918 pour un long
    passage sur la terre de plus de 91 ans d’une vie bien       En 1990, tu es récompensé par le prix Audubon
    remplie. Ton enfance au Pont aux Chèvres a été celle        de la société des écrivains de la Vendée,
    d’un enfant de paysans attachés à la terre des marais.      dont tu deviens membre avec fierté
       Quand débute la Seconde Guerre Mondiale, tu as
    20 ans. A peine engagé, tu es fait prisonnier de guerre
    à Rennes, le 23 juin 1940. Embarqué en Allemagne
    en janvier 1941, tu vis la tragédie du Stalag XI B à Fal-                                         Suivent les publi-
    lingsböstel. En 1942, un conseil de guerre décide de te                                       cations de l’Histoire
    transférer au camp de Celle, où tu es désigné pour un                                         des Marais Poitevins,
    commando de désamorçage des bombes à Hanovre.                                                 de La Rochelle à Niort,
    Puis tu es envoyé dans plusieurs camps. Tu dois fa-                                           de Vix-Vendée, le pa-
    rouchement te battre pour tenir, résister pour survivre.                                      trimoine au cours des
    Tu puises durant ces années noires une force détermi-                                         âges. Les Mémoires de
    nante pour ta vie. Tu es enfin libéré par les armées des                                      Guerre, de l’Allemagne
    Alliés au camp de Grafentona, le 2 mars 1945.                                                 à l’Afrique du Nord re-
       La guerre et les nazis t’ont volé ta jeunesse... et                                        tracent ton itinéraire.
    comme bien d’autres, tu as du enfouir ces terribles an-                                       Tu avais en prépara-
    nées au fond de ton âme et de ta mémoire. Ce n’est                                            tion bien d’autres pro-
    que bien plus tard, que tu as pu évoquer pour nous,                                           jets dont une biogra-
    avec une forte émotion, cette époque traumatisante.                                           phie intitulée Passage
                                                                sur la Terre et un Gaston Chaissac. Car c’est aussi à ce
        Soldat avant la guerre, tu poursuis après dans cette    moment que tu redécouvres avec intérêt l’œuvre de
    voie. C’est aussi après la guerre que tu rencontres et      ton presque voisin Gaston Chaissac, dont tu as perçu
    épouse Marcelle Bobineau. Vous aurez quatre enfants.        l’originalité plasticienne et la profonde humanité
        Ta carrière militaire est marquée par de nombreux
    déplacements et aussi des séparations avec ta famille.          Généreux, tu t’es souvent mis à Vix à la disposition
    Il y a d’abord Idar Oberstein en Allemagne, puis le         d’autrui, en ouvrant ton bureau à ceux qui cherchaient
    retour à Bordeaux, l’expédition en Indochine avec son       un conseil, un soutien, à la fois comme un écrivain
    lot d’émotions fortes. Après une nouvelle étape en Al-      public et un avocat des causes difficiles. Tu te sentais
    lemagne à Coblence, un temps en Tunisie et un bref          proche des défavorisés, de ceux que la société oublie ;
    passage en Algérie... tu décides de changer de cap et       les injustices te révoltaient.
    de revenir au pays après tant d’années au service de            Les années s’empilent, mais à la fin du mois d’août
    l’armée. Tu as été récompensé par de nombreuses dis-        2008, la maladie enlève ta mobilité. Et, avec Maman,
    tinctions militaires.                                       tu dois quitter votre maison, la Roseraie, la mort dans
                                                                l’âme. Puis les problèmes de santé s’enchaînent.
        En 1959, tu décides de prendre un portefeuille
    d’agent d’assurances, tu t’installes à Vix et à Fontenay        Nous garderons de toi le souvenir d’un passionné.
    et ensuite à Rennes. Tu travailles beaucoup. Ce métier      « Ton passage sur cette terre» est une histoire peu ba-
    te plait et tu réussis bien.                                nale et hors norme, qui a côtoyé de près la grande his-
        Maire de Vix en 1965, et à nouveau en 1971,             toire du 20ème siècle.
    tu contribues avec beaucoup d’enthousiasme et de                                              Françoise Chérel



4                                                                                    Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010
Le Roman de la Vendée                                      faits que la majorité des Vendéens
                                                           découvriront dans ce livre.
                                                               Emporté par le lyrisme et le
Gilbert Prouteau                                           style flamboyant de l’auteur, on est
Geste Éditions, 296 p., 20 €                               plus fier encore, si c’est encore pos-
                                                           sible, d’être Vendéen. C’est le livre
La Chase Gallery de la Vendée                              qu’il faut lire, vous le ferez sans
                                                           peine, pour pouvoir bien parler de
    Il faut se méfier des a priori et tourner sept fois    votre Vendée, le livre à offrir. Il remplit à lui seul la
la langue dans sa bouche si l’on ne veut pas tomber        mission que s’est assignée en littérature la Société
dans la gueule du loup. Je m’en suis rendu compte          des Écrivains de Vendée : faire connaître, faire aimer
récemment à mes dépens.                                    notre département.

     J’avais ainsi un a priori contre Gilbert Prouteau.        Les lecteurs avisés reconnaîtront les facéties de
Il avait réussi à me dresser contre la peinture de Jean    l’auteur avec, par exemple, la reprise de sa réhabi-
Chevolleau ; la véhémence de son discours lors de          litation de Gilles de Rais, farce monumentale qu’il
la présentation de l’œuvre de son ami à Fontenay-          avait su monter avec des comparses de haute volée
le-Comte m’avait désorienté. Résultat, je n’avais été      et dont, assure Philippe Gilbert, il s’amuse encore !
conquis ce soir-là par aucun de nos deux héros.                Il n’y avait que lui pour reprendre la tentative
     J’avais pu ensuite réviser mon jugement sur Jean      de réhabilitation publiée en 1921 à la Bibliothèque
et sur sa peinture qu’il avait eu la gentillesse d’expo-   des curieux par Ludovigo Hernandez et pour cla-
ser chez nous à Bonnefonds.                                mer encore, avec la mauvaise foi la plus naturelle du
     Pour Monsieur Prouteau, je n’ai pas eu l’honneur      monde, que Charles VII avait réhabilité Gilles de
de le revoir très souvent, même chez mon com-              Rais à Montauban, un an après sa mort.
père André Hubert Hérault lorsqu’il publiait, il y a           Gilbert Prouteau, Dieu merci, est assez icono-
quelques années, un recueil de ses poèmes ; j’avais        claste pour ne pas se soucier du jugement du vul-
seulement, anonymement, réalisé la mise en page            gaire ni s’arrêter à des détails. Lui seul peut, dès la
des vers qui lui avaient été confiés.                      première page de son livre, faire de Mélusine de
     Cela s’était gâté lorsque j’avais réalisé une étude   Lusignan une comtesse de Thouars, seigneurie qui
sur la famille du Puy du Fou ; il m’avait semblé que       n’a jamais été qu’une vicomté promue beaucoup
Monsieur Prouteau avait adopté un peu trop faci-           plus tard en duché pour les La Trémoïlle, et qui n’a
lement la thèse faisant descendre cette famille de         jamais appartenu ni aux Lusignan ni aux Chabot,
l’illustre lignée des vicomtes de Thouars détenteurs       famille de Mélusine.
du Bas-Poitou pendant tout le Moyen-Âge : j’avais
ajouté : en écorchant quelques noms et en en décalant      l’Histoire reste belle, plus belle encore
quelques autres.
                                                               Pour Gilles de Rais et la pseudo lettre de réhabili-
M. Prouteau enjolive, transforme, se joue, séduit.         tation de Charles VII, le livre de Jacques Heers publié
De « belles infidèle »,                                    en 1994 donne l’explication, que Gilbert Prouteau
aurait dit mon professeur de latin                         ne peut pas ne pas avoir lue : une procédure entamée
                                                           par le roi à la suite d’une tentative d’appel de l’ac-
    A priori, le dernier livre de Monsieur Prouteau        cusé. La déclaration de l’innocence du maréchal y
se présente comme un énième livre à la gloire de la        est certes proclamée, mais par le requérant, que cite
Vendée et je m’étonnais qu’on se commette encore           le roi dans sa lettre patente. La procédure s’arrêtera
à un si vil exercice. Je n’avais pas prêté attention à     là et Charles VII fera justice en confisquant à son
l’avertissement au lecteur de Philippe Gilbert ni à la     tour les biens des Rais au duc de Bretagne pour les
préface de Jean Delannoy qui situent ce dernier mes-       rendre à la fille de Gilles.
sage de l’auteur. J’apprenais aussi l’existence d’une          Où est le problème ? L’Histoire reste belle. Cela a
association des amis de Gilbert Prouteau, associa-         un autre mérite : nous apprendre à nous méfier des
tion que la Société des Évrivains de Vendée salue          a priori. Il est légitime de se poser la question sur
modestement, comme elle l’a fait dans notre précé-         les motivations réelles du procès de Gilles et sur la
dent numéro pour les amis de Jean Huguet et ceux           validité des pièces, mêmes officielles.
de René Bazin.                                                 Il faut donc lire Le Roman de la Vendée, mais sans
    Or donc, le livre s’ouvre sur une première             mettre votre main à couper si un détracteur conteste
approche chronologique, suivie de l’évocation des          quelque détail que vous y auriez puisé. Renvoyez ce
personnages qui font la Vendée. Le choix des dates         grincheux à la taille du nez de Cléopâtre ; ne muselez
et des hommes est révélateur des goûts et des juge-        pas votre plaisir, continuez à voir la face du monde
ments de l’auteur. Il est très précieux ; il y a en fait   avec la faconde de Gilbert Prouteau.
beaucoup à apprendre sur des personnages et des                                                              J. R.

   Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010                                                                          5
Mémoire                                                            Très souvent la modestie des auteurs réserve
                                                                   leur création à un public très confidentiel. Tel est le
                                                                   cas d’un poète du pays de Monts, disparu en 1911,
                                                                   Charles-Edouard Gallet qui, avec talent, savait expri-
                                                                   mer ses observations de la vie, de la nature. La mort
    Charles-Édouard Gallet, poète                                  l’a empêché de voir ses poésies publiées, mais un de
    oublié                                                         ses amis, Charles Grelier, prêtre de Challans, a réalisé
                                                                   son désir. Ainsi parut en 1913 une modeste brochure,
                                                                   Essais Poétiques, qui connut au moins trois éditions.
    Qui, à un moment ou un autre, n’a exprimé ses                      Dans Le Myosotis, cité en tête, l’auteur, en 56 vers,
    sentiments en utilisant la forme poétique ?                    nous conte l’aventure amoureuse de Marie et Henri.
                                                                   Henri, pour plaire à son amour, va cueillir cette fleur
                                                                   bleue mais tombe à l’eau. Marie en voulant recueillir
                                                                   le bouquet de son aimé tombe à son tour et se noie.

                                                                       Charles-Edouard Gallet est né en 1832 à Beau-
                                                                   voir-sur-Mer. Après des études au séminaire des Sables
                                                                   d’Olonne, puis aux Couëts, près de Nantes, il entra
                                                                   dans l’administration des Douanes, où il fit toute sa
                                                                   carrière. II occupa plusieurs postes dans la région mon-
                                                                   toise avec le titre de Receveur, à La Barre de Monts de
                                                                   1856 à 1872, puis à Bouin, à Beauvoir-sur-Mer et à
                                                                   Saint-Nazaire. Contrôleur à l’Entrepôt de Saint-Na-
                                                                   zaire en 1893 jusqu’à sa retraite en février 1899, il y
                                                                   décéda le 7 avril 1911.
                                                                       Quand il était en poste à La Barre-de-Monts, il
                                                                   s’intéressa en particulier à l’histoire du marais du nord-
                                                                   ouest vendéen, sans oublier une activité littéraire, avec
                                                                   les prémices d’un roman et l’écriture de poèmes. Il fut
                                                                   membre de nombreuses associations culturelles régio-
                                                                   nales.
                                                                       Charles Grelier, par fidélité, fit éditer ses poèmes
                                                                   écrits dans un fort volume relié, dont de nombreuses
                                                                   pages étaient restées vierges. Le succès de cette bro-
                                                                   chure de poèmes de 102 pages fut incontestable,
    Qui de nous à vingt ans n’a placé sur son cœur                 puisque nous avons entre les mains la 3° édition, pu-
    Et couvert de baisers cette charmante fleur                    bliée deux ans après la mort de Charles Gallet.
    D’un pâle bleu de ciel, aux feuilles d’un vert sombre              Cette édition porte la liste des souscripteurs qui
    Qui, sur le bord de l’eau, s’épanouit dans l’ombre,            sont au nombre de 143, avec la présence de 32 Ven-
    Et se laisse bercer à chaque mouvement                         déens, de 13 Nantais, et la rédaction de 10 revues,
    De l’onde qui se ride au caprice du vent ?                     sans négliger 17 religieux. L’ouvrage, qui contient 50
    Cette modeste fleur, en nous disant tout bas :                 pièces, est préfacé par Lucien Lécureux, archiviste pa-
    «Pensez à moi toujours et ne m’oubliez pas.»                   léographe, agrégé de lettres. De ce texte nous avons
                                                                   extrait ces lignes : On peut leur (aux poésies) promettre
    Le nom de cette fleur dans la langue allemande                 de nombreux lecteurs, car elles possèdent les meilleures
    Lui vient d’une bien triste et touchante légende.              qualités pour plaire.
    Charmé de ce récit plein de simplicité                             Ce ne sont point, comme dit l’autre, de grands vers
    De la traduire en vers je me suis efforcé.                     pompeux, mais d’aimables causeries d’un honnête homme
                                                                   qui a de l’esprit, la rime facile et le style juste.
                                                                       Et un peu plus loin, on lit sous sa plume : cet écri-
                                                                   vain resté si français d’esprit et de style, malgré ses exal-
        Beaucoup de maisons d’édition doivent se résigner ; la     tations romantiques, le spirituel « amateur » a gagné
    production littéraire réserve une bien modeste place à         d’écrire toujours dans un style simple et sobre.
    la poésie. Dans une librairie, le rayon poésie, s’il existe,       On trouve parmi ces poèmes, Un Ouragan du 28
    est toujours bien effacé. Et pourtant, à un moment ou          décembre 1859, vraie chronique d’un désastre écono-
    un autre, quelle qu’en soit la forme de l’expression,          mique au marais vendéen du nord-ouest.
    qui n’a exprimé ses sentiments en utilisant la forme               Un poète vendéen du XIXème siècle à redécouvrir.
    poétique ?
                                                                                                        Guy Perraudeau


6                                                                                        Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010
Fiers d’être paysans
la JAC en Vendée

                          Roger Albert
                          et Gilles Bély
                          Centre Vendéen de Reherches
                          Historiques, 368 p., 23 €




On les a appelés « les communistes blancs »                    Fête des jeunes à Saint-Fulgent (1964)
Ils chantaient :
« Nos sacrifices construiront un monde plus                        Le livre de Roger Albert et Gilles Bély insiste avec
beau. Nous referons chrétiens nos frères »                     raison sur le formidable enthousiasme et la foi en l’ave-
                                                               nir de ces jeunes de la JAC. « Fiers, purs, joyeux et
    Ils vivaient dans un monde verrouillé aux struc-           conquérants », c’était leur devise. Alors qu’aujourd’hui
tures sociales d’ancien régime. Les traumatismes de            on parle des « champs de la colère », on est impres-
la Révolution les avaient placés sous la dépendance            sionné par l’élan chrétien positif de ces hommes et de
des curés et des propriétaires. Roger Albert et Gilles         ces femmes du XXème siècle, leur solidarité inventive
Bély ont rassemblé une somme impressionnante de                joyeuse, leur esprit d’initiative, leur audace, leur enga-
témoignages auprès des principaux acteurs de la JAC            gement. Pour reprendre une formule de Michel Deba-
et de la JACF. Mais ils ne se contentent pas de nous           tisse, l’un de leurs grands compagnons de route : de la
les communiquer pour écrire l’histoire de ce grand             solitude à l’espoir.
mouvement d’action catholique, qui a été, les témoins
le disent, leur université populaire. Ils les mettent en
perspective et nous donnent à lire la révolution silen-        Il se lit comme un roman de la Vendée !
cieuse de la Vendée pendant la deuxième moitié du
XXème siècle, ce qu’on continue d’appeler son « miracle ».
    Miracle, le mot est juste. Portés par une foi pro-             Des portraits de quelques jacistes emblématiques
fonde, ils découvraient avec les jeunes prêtres issus de       illustrent la dernière partie de Fiers d’être paysans : Au-
leurs rangs et encouragés par leur évêque, une forme           guste Grit, Marcel Briffaud, Joseph Gaborit, Berna-
de « théologie de la libération » bien exprimée par l’une      dette Martineau… Ce livre est passionnant parce qu’il
des leurs : J’ai découvert Jésus-Christ… je ne connaissais     n’est pas seulement un document historique puisé aux
que Dieu. Ils ont mis en œuvre leur idéal évangélique.         sources mêmes, d’une variété et d’une richesse inouïes
Et leur bel élan humaniste, social, solidaire, a ébranlé       –il se lit comme un roman de la Vendée ! Il nous pose
leur univers conservateur et l’a amené à trouver des           des questions sur l’état de la Vendée aujourd’hui, ses
solutions nouvelles à ses difficultés                          réussites, ses difficultés, sa foi. Mine de rien, il trace
    Ils ont découvert la force du syndicat, ont inven-         des perspectives et nous interroge : Est-ce que notre
té les CUMA, les GAEC et autres coopératives. Ils                                                   société individua-
se faisaient un devoir d’agir sans jalousie ni haine de                                             liste et désespérée
classe. Cela n’a pas été sans conflits avec les anciens. Ils                                        ne devrait pas se
contestaient l’autorité et les pratiques des patriarches.                                           ressourcer à la foi
Ils refusaient la salle commune, voulaient amener l’eau                                             exaltante en l’avenir
courante, imposer l’ensilage. « Votre premier champ                                                 de ses aînés ?
d’action et d’apostolat, c’est votre famille. » Ils ont été                                             Il y a eu Le ma-
les « pèlerins du changement ».                                                                     laise paysan de Jean
    En agissant ainsi, ces jeunes Vendéens et Ven-                                                  Yole. Il y a main-
déennes trouvaient une fierté, non pas un orgueil,                                                  tenant, dans un
la fierté d’une tâche accomplie au service de leur fa-                                              tout autre registre,
mille et de toute la population. Ils se sont voulus                                                 Fiers d’être paysans
exemplaires. Souvent, ils l’ont été. Ils n’étaient plus les                                         de Roger Albert
« péquenots » incultes, retirés de l’école à douze ans. Ils                                         et Gilles Bély. Ce
apprenaient à parler dans leurs réunions et leurs fêtes.                                            livre de témoins est
Certains ont eu, et ont encore, des responsabilités au                                              porteur d’une géné-
plus haut niveau. Au bout du compte, ils ont décou-                                                 reuse espérance.
vert une idée neuve : le droit au bonheur.                     Auguste Grit et Michel Debatisse             Yves Viollier


   Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010                                                                                7
Horizons d’Ouest
                                                                     perspectives que le président Félix Gaillard avait l’inten-
                                                                     tion de soutenir et sa tragique disparition nous a privé
                                                                     d’un appui essentiel. En effet, quelques mois plus tard,
                                                                     la loi sur les conseils régionaux était votée et entrait en
        En 2007, les Recherches Vendéennes ont publié un dos-        vigueur le 1er Juillet 1973. Horizons d’Ouest était un
    sier sur Jean Rivière. Lire en Vendée en a fait mention          groupe de réflexion destiné à orienter la rédaction de la
    dans son numéro 17. Évoquons l’engagement de l’écri-             législation. Le texte définitif qui avait été adopté ne cor-
    vain dans une association aujourd’hui bien oubliée.              respondait pas à nos souhaits. L’association n’avait plus
        Jean Rivière s’est toujours intéressé au devenir de la       de raison d’être et sa dissolution s’est faite très naturel-
    Vendée et, peu après avoir reçu le Grand Prix catholique         lement. Trente ans plus tard, les infrastructures souhai-
    de littérature, il a rejoint une association régionale qui       tées alors ont été réalisées, du moins en Vendée, mais les
    s’était créée en 1969 : Horizons d’Ouest. Celle-ci avait fait    actions communes sont encore à organiser.
    sienne une phrase de Jean Yole : Une région ne se délimite           Horizons d’Ouest a été l’occasion de réunir des
    pas, elle s’enfante !                                            bonnes volontés et de se faire rencontrer des personnali-
        C’est l’époque où la régionalisation occupait les            tés d’exception parmi lesquelles Jean Rivière a été une des
    esprits. Les élites locales ont vu dans la création d’une        plus intéressantes. Ses interventions ont été fidèles à son
    nouvelle organisation territoriale l’occasion de revita-         image, discrètes mais toujours pertinentes.
    liser nos régions dans la perspective européenne. L’idée
    première d’Horizons d’Ouest provient de l’équipe de la                                                Michel Dillange
    Revue du Bas-Poitou et des Provinces de l’Ouest et, en par-
    ticulier, de Louis Chaigne. Mais ce dernier considérait
    que c’était à la jeune génération de prendre l’initiative de
    se lancer dans cette aventure. C’est donc son fils Louis-
    Marie qui en prit la présidence, le secrétariat général
    étant assuré par son cousin, l’architecte Léon Chaigne.
        Ses statuts définissaient ses ambitions : regrouper les      Poésies Nomades :
    responsables civiques ou culturels, sociaux ou écono-            quatrième saison
    miques -et leurs familles- ayant des attaches avec les pays
    d’Ouest (Pays nantais, Maine, Anjou, Vendée, Poitou,
    Charentes), organiser des rencontres, débats et confé-           Imaginées  en 2007 par Rolande Haugmard et Gérard Glameau,
    rences, colloques et séminaires, manifestations cultu-           avec Jean-Pierre Majzer, porter la poésie vers de nouveaux
    relles et de propagande en faveur des richesses régionales,      publics dans un environnement original.
    contribuer à la formation de l’unité régionale afin de pré-
    parer la régionalisation...                                      5 soirées à 20 h 30, gratuites, en 2010 :
        Le comité de patronage comportait, parmi les nom-               - Lundi 21 juin : Aizenay, La Liberté
                                                                        - Lundi 19 juillet : plage du Boisvinet, à Saint-Gilles-
    breuses personnalités, les présidents des conseils géné-
                                                                     Croix-de-Vie, La Nuit
    raux de Loire-Atlantique, Vienne et Deux-Sèvres, les                - Lundi 26 juillet : lac du Jaunay, La Chapelle Her-
    maires de Nantes et d’Angers, le docteur Merle et Michel         mier, Le Vent
    Sy, président des Angevins de Paris. Les Vendéens étaient           - Lundi 2 août  : plage du Boisvinet, à Saint-Gilles-
    nombreux. Citons parmi eux Paul Caillaud, maire de La            Croix-de-Vie, L’Aventure
    Roche-sur-Yon, Pierre Epron, maire de l’Orbrie, André               - Lundi 23 août : soirée de clôture, la Conserverie à
    Forens, conseiller général, André Burgaud, président             Saint-Gilles-Croix-de-Vie, La Musique
    des Vendéens de Paris, Louis Chevalier, Alain du Fon-
    tenioux, la Maréchale de Lattre de Tassigny, Maurice                                             Sur      accompagnement
    Leroux, compositeur, Henri Rochereau, ancien ministre                                         musical, évocation de poètes
    et Pierre-Henri Simon.                                                                        majeurs, intervention de
        Pendant trois ans, le bureau s’est réuni théorique-                                       poètes régionaux. Claude
                                                                                                  Cailleau, Monik Guibert,
    ment le premier lundi de chaque mois. il a organisé une
                                                                                                  Chantal Massé, Sylvie Brous-
    douzaine de réunions publiques à Paris (avec le préfet                                        saud-Bonnafi, Yves Moulet,
    Maurice Doublet et Marcel Gabilly, rédacteur en chef du                                       Jocelyne Le Mellec, Gil-
    Figaro), à Nantes, à Fontenay-le-Comte en particulier.                                        bert Belsoeur, Roger Driez,
    C’est dans cette dernière ville qu’a été défini le désir de                                   Gérard Glameau et Rolande
    voir se développer une grande région de l’Ouest Atlan-                                        Haugmard, de spectateurs et
    tique où il existe une communauté de problèmes : Sans                                         des plus jeunes.
    remettre radicalement en cause les délimitations actuelles, le
    vœu a été émis d’instituer une coordination interrégionale          Ouvertes à tous, renseignements :
    entre la Bretagne, les Pays de Loire et le Poitou-Charentes.        02 51 34 71 15/ gglameau@wanadoo.fr
    Cette position a été défendue dans un bulletin, paru en             06 07 50 60 13/ r.haugmard@orange.fr
    octobre 1972. La solution proposée correspondait aux


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Salons                                        Montaigu,
                                              nous y étions !

                                              Montaigu, ce n’est pas pour les gueux,
                                              rien que du beau monde, pas des bouseux,
                                              plein les poches, plein les yeux...




                                                  ...mais le beau linge est content de prendre des
                                              odeurs de violette dans les herbes du square et la foule
                                              ne renâcle pas à remplir les allées et les sacs. Le Prin-
                                              temps du livre fait toujours recette à Montaigu.
                                                  Les écrivains vendéens s’étaient mis en dimanche
                                              pour l’occasion ; ils n’ont pas eu peur de s’asseoir à la
                                              table. Gants blancs et service à la page pour tous les
                                              convives venus présenter leurs produits les plus frais
                                              sur le carreau.
                                                  Ils avaient une tribune officielle, comme l’an passé,
                                              entre le pesage et le rond des courses, s’étaient distri-
                                              bués les rôles pour ne rien perdre du spectacle, faire
                                              bonne figure pour la galerie. Les habitudes se pren-
                                              nent, la place se joue à coudes serrés.
                                                  D’autres s’étaient disséminés dans d’autres écuries,
                                              et frimaient tout autant. Chacun sa casaque, l’essentiel
                                              est de participer, de coller au train sinon d’être dans
                                              les prix.
                                                  Il en étaient encore d’autres venus en solo, sélec-
                                              tionnés par de menus éditeurs locaux habilités.
                                                  Les derniers s’étaient fondus dans la foule, tour-
                                              naient sans relâche.
                                                  Finalement, tous étaient dans la course, vantaient
                                              leur salade, se pavanaient gaiement.
                                                  Parade réussie ! La fête a battu son plein pendant les
                                              trois jours ; les boxes n’ont pas désempli.

                                                 C’est la magie de cette ronde effrénée où chacun se
                                              doit de tenir sa place sans démériter. Certains auteurs
                                              n’écrivent certainement que pour cela, pouvoir encore
                                              dire en crânant : Montaigu, j’y étais !

                                                  Nous reviendrons, Messieurs, reprendrons la plume
                                              la toque et la casaque, quand vous remettrez le couvert.
                                                                                                J. R.


 Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010                                                                9
Le prix Ouest                                                   La peine du menuisier
                                                                                         Marie Le Gall (Phébus)

     La légende de nos pères                                                                  La quête du père commande
     Sorj Chalandon (Grasset)                                                             aussi l’intrigue de ce premier
                                                                                          roman - très remarqué par le
                                   En 2008, Sorj Chalandon                                jury - de Marie Le Gall. L’his-
                               (prix Médicis 2006 pour Une                                toire se passe en Bretagne, du
                               promesse) nous a donné un                                  côté de Brest, dans les années
                               superbe roman sur la dupli-                                cinquante. C’est le récit très
                               cité : Mon traître, une intri-     sombre d’une relation impossible entre une adoles-
                               gue douloureuse autour de la       cente et son père, toujours silencieux qui travaille à
                               tragédie irlandaise. Il récidive   l’arsenal de Brest. Les ombres de la mort tissent la toile
                               sur le même thème avec La          de fond du roman, comme les visages des défunts qui
                               légende nos pères mais, cette      tapissent les murs de la maison de famille.
                               fois, cela se passe en France
                               dans l’univers de la Résistance.
                               Il fait peut-être mieux encore                            Le fils du terre-neuvas
                               en nous plongeant dans une                                Yves Jacob (Presses de
     histoire de héros qui n’a d’héroïque que le nom. Beu-                               la Cité)
     zaboc (c’est son nom) a entretenu sa fille dans le culte
     de ses exploits. Elle va s’adresser à un écrivain public                               Écrivain confirmé, chantre
     pour qu’il rédige la « légende » de son père. Et, peu                              de la mer et de la Bretagne, Yves
     à peu, au fil de l’enquête, le rédacteur va s’apercevoir                           Jacob compose un roman certes
     qu’il n’y a rien à raconter puisqu’il ne s’est rien passé…                         très classique, mais dont l’inté-
     Ce qui est fort dans le roman de Sorj Chalandon c’est                              rêt ne se départit pas. Pour trois
     que, malgré tout, on s’attache à son héros menteur et,                             raisons essentielles. La descrip-
     même, on l’aime. On se demande si, dès le départ,                                  tion du métier pénible et dange-
     les dés n’étaient pas pipés, si sa fille ne savait pas que                         reux des marins qui vont pêcher
     son père lui avait menti ! C’est écrit dans une langue       la morue sur les bancs de Terre-Neuve. L’époque, au
     sèche, sobre, qui n’empêche pas l’émotion. Un excel-         début de la Seconde guerre mondiale avec les sous-
     lent roman de journaliste qui a bien mérité le Prix          marins allemands qui rodent dans l’Atlantique. L’in-
     Ouest 2010.                                                  trigue enfin, qui mêle un naufrage dramatique et les
                                         Yves Viollier            amours compliquées de la belle Angélique et du fils du
                                                                  terre-neuvas.

     Ils étaient dans la sélection du Prix
     Ouest                                                                               Sur le bord de l’inaperçu
                                                                                         Michel Guillou (Gallimard)
                            L’article de la mort
                                                                                             S’il y avait à Montaigu un
                            Étienne de Montety
                                                                                         prix de l’insolite, le livre de
                            (Gallimard)
                                                                                         Michel Guillou l’aurait obtenu.
                                                                                         Ce n’est pas un roman à pro-
                                  Ce premier roman d’Étienne
                                                                                         prement parler, mais une suite
                              de Montety, directeur du Figaro
                                                                                         de petits tableaux censés nous
                              littéraire, a été le concurrent
                                                                                         apprendre les mœurs très parti-
                              le plus sérieux du livre de Sorj
                                                                                         culières des Baldéens qui habi-
                              Chalandon. Il emmène aussi à
                                                                  tent un pays aux frontières inexistantes. Il faut accepter
                              la découverte d’un destin équi-
                                                                  d’entrer dans ce monde invraisemblable, abracada-
     voque, celui de Charles-Élie Sirmont, un homme poli-
                                                                  brant, au-delà de toute réalité, qui secrète finalement
     tique à la mode, connu pour ses opérations humani-
                                                                  un art de vivre et une certaine sagesse. Dérangeant et
     taires très médiatisées. Avec des clins d’œil appuyés aux
                                                                  très étonnant, mais une immense virtuosité dans les
     milieux du pouvoir et de la presse parisienne, Étienne
                                                                  jeux de mots et de l’esprit.
     de Montéty se passionne – et nous passionne – pour
     ce personnage ambigu dont un journaliste, Moreira,
                                                                                                                Gilles Bély
     est chargé d’écrire par avance la notice nécrologique...




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Intervention                                                   Quelle littérature vous intéresse ?

Jean-Jacques Brot,                                              Toutes ! J’ai toujours plusieurs livres sur ma table
                                                            de chevet. Proust, peut-être, est mon favori. La phrase
préfet de la Vendée,                                        proustienne est pour moi le summum. Tout me plaît
amoureux fou des livres                                     chez Proust, l’auteur français par excellence, son ana-
                                                            lyse, sa concision, sa cruauté, son humour caustique.
L’événement méritait d’être marqué d’une                    J’ai eu la chance, en Eure et Loir, de fréquenter la mai-
pierre blanche : pour la première fois,                     son de tante Léonie où Proust passait ses vacances. J’y
un préfet était présent                                     ai accompagné un juge de la cour suprême des Etats-
                                                            Unis qui avait fait spécialement le déplacement. Nos
à l’inauguration du Printemps du Livre
                                                            compatriotes ignorent l’importance des littératures
À la tribune, il a tenu un discours remarqué
                                                            qui véhiculent les pensées humanistes universelles
et enthousiaste en faveur de la manifestation               qui sont les nôtres. J’aime Chateaubriand, De Gaulle.
et de la lecture                                            Ce qui me fascine chez De Gaulle, c’est qu’il est pro-
Nous sommes allés le rencontrer                             fondément politique, militaire, écrivain.

   Quelle a été votre impression, Jean-Jacques Brot, à la      Quelle place pour la littérature vendéenne ?
découverte du Printemps du Livre ?
                                                                Je vois une vie littéraire que j’ai envie de décou-
    J’en avais déjà entendu parler par mon oncle,           vrir. Je sens un foisonnement, n’en suis qu’aux pré-
Claude Michelet, qui a été président d’honneur du           misses. La tragédie que nous venons de vivre suscite
salon, il y a trois ans. Je connaissais son excellente      aussi une curiosité professionnelle. Les zones noires
réputation. J’ai apprécié d’y trouver tous les genres       ont été construites à partir des sources historiques
dans l’ambiance bon enfant d’une authentique mani-          des archives de la Vendée. Nous avons, par exemple,
festation populaire qui contribue à la culture auprès       trouvé une lettre d’un dénommé Fèvre sur le cordon
du plus grand nombre. J’ai déambulé au milieu d’une         dunaire de la Belle Henriette au XIXéme siècle. Clemen-
foule nombreuse qui venait faire son marché. J’y ai         ceau m’intéresse. J’attaque sa biographie par Duro-
rencontré des auteurs heureux : Eric Zemmour, alors         selle. Je découvre l’esthète japonisant, l’ami de Monet
sous les feux de l’actualité ; Christian Signol, un très    et l’écrivain. Notre première visite a été, le 27 février,
proche voisin de notre maison du Lot, dont nous             à la maison de Clemenceau à Saint-Vincent-sur-Jard.
sommes des lecteurs assidus ; Jean Raspail, qui m’a fait    Le contraste a été saisissant entre ce moment de pro-
l’honneur de me nommer consultant aux affaires poli-        fonde culture française et la tragédie qui nous atten-
tiques de son gouvernement de Patagonie dont je garde       dait, tout près, quelques heures plus tard.
le drapeau sur mon bureau ; des auteurs et des édi-
teurs régionaux… J’aime cette ambiance des salons du           Écrivez-vous, vous-même ?
livre. Ma femme est briviste. Elle est une habituée de
la foire de Brive. Nous croyons beaucoup à la diffusion         Je regrette de ne pas avoir écrit. On est à l’époque
de la culture par le livre. Et j’ai le regret que la DRAC   du téléphone et de l’Internet. J’ai eu la chance de servir
n’ait pas accompagné la manifestation de Montaigu.          à l’étranger et sur de nombreux territoires de la métro-
J’espère convaincre le préfet de région et la DRAC,         pole. J’aurais dû tenir un journal de bord. Je m’oblige à
compte tenu des auteurs et de la fréquentation, de          envoyer chaque jour des cartes postales qui me forcent
changer d’attitude à l’avenir…                              à composer. Mon voisin du Lot écrit. Il est éleveur.
                                                            Nous échangeons une correspondance régulière. Il ne
   Quelle place accordez-vous à la lecture ?                fait pas une faute d’orthographe. Cela fait partie des
                                                            caractéristiques d’une vieille civilisation. J’aurais dû
    La première. Le livre est la clé de mon épanouis-       vous parler de ma passion pour les biographies histo-
sement, mon bonheur et ma vie professionnelle. Pas          riques, L’Histoire de France de Bainville, mes tocades
un jour sans une demi-heure ou une heure de lecture.        pour Sissi impératrice, la reine Elizabeth, les littéra-
D’origine très modeste, la lecture a été pour moi un        tures des pays où nous avons voyagé…
moyen très important de formation personnelle. Elle
m’a apporté ce substrat culturel indispensable pour            Nous sommes restés longtemps autour de la table
me mettre au niveau de mes condisciples. Je le disais à     de verre de la préfecture à évoquer nos plaisirs com-
mon épouse en quittant Montaigu : j’aurais aimé aussi       muns de lecture, Baudelaire, Les lettres persanes…
être professeur de Lettres. Peut-être ai-je une vocation    à dire combien est difficile l’art d’écrire. Nous nous
ratée de littéraire. Le goût des livres m’a rapproché de    sommes donné rendez-vous au salon du Livre de mer
ma femme qui est d’une famille d’écrivains : Claude         de Noirmoutier. Jean-Jacques Brot y sera.
Michelet, Xavier Pattier, le frère de ma femme, sa mère
aussi qui avait rempli sa salle à manger de livres.                          Propos recueillis par Yves Viollier


   Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010                                                                            11
Le prix Ouest Jeunesse                                      Le cours Michel Ragon
     à Montaigu                                                  à Montaigu
                                                                     Michel Ragon, président du Prix Ouest, nous a fait
                                                                 une petite coquetterie ce printemps et n’a pu assister au
                                                                 salon ni à l’inauguration et à la découverte de la plaque
                                                                 du cours qui porte maintenant son nom à Montaigu.
                                                                     La plaque était bien là, les invités et les riverains
                                                                 aussi, mais notre président a eu un malaise cet après-
                                                                 midi du 9 avril et n’a pu honorer de sa présence la
                                                                 cérémonie préparée à son attention.
                                                                     Michel Ragon va mieux, nous pourrons peut-être,
                                                                 là aussi, reprendre ce cours l’année prochaine. Nous
                                                                 comptons bien sur lui pour inspirer le jury et motiver
     © Stéphane Audran                                           toutes les parties prenantes du salon.               J. R.



                                                                 Le salon du livre vendéen
                                                                 à Grasla
                                                                 les 17 et 18 juillet 2010

                                                                                       Nous attendons les Bordelais à
                                                                                   Grasla cet été. Ils mettront autant
                                                                                   d’ambiance que Jean-Pierre Soisson
         Parallèlement au Prix Ouest qui récompense un                             et les Bourguignons en 2009.
     écrivain confirmé, un concours intitulé Prix Ouest
     Jeunesse a été organisé. Tous les élèves, du CM1 à la                             Nous attendons aussi avec impa-
     terminale, étaient concernés.                                                 tience le livre de contes pour lequel
         Le palmarès a été proclamé et les prix remis sur                          l’association du Refuge de Grasla
     le salon par Jean-Louis Pesch, président de ce Prix et                        avait lancé un appel à l’écriture.
     auteur de nombreuses bandes dessinées. On lui doit,                           Près de 200 contes lui sont parve-
     entre autres, d’avoir repris, en 1956, à la mort de                           nus. Trente ont été retenus dans un
     M. Cuvillier, les fameux personnages de Sylvain et                            recueil à sortir pour le salon.
     Sylvette, prolongeant le succès inaltérable de leurs                              Nous attendons encore le lauréat
     aventures.                                                                    du prix Charette à choisir parmi les
                                                                                   quatre livres nomminés, Sang et or
         Les candidats à ce Prix Jeunesse 2010 étaient répar-                      de Henry Bourgenay, La Rochejac-
     tis en trois catégories : Primaire, Collège et Lycée. Ils                     quelein de Thérèse Rouchette, Fiers
     conccurraient sur les thèmes suivants : Une rencontre                         d’être Paysans de Roger Albert et
     étonnante, un livre extraordinaire.                                           Gilles Bély, et L’incendie du Hilton
                                                                                   de François Bon.
        Dans la catégorie Primaire, la lauréate fut Virginie                           Ce rendez-vous estival du livre
     Goimet. Ses dauphines s’appellent Marie Avril (2e) et                         vendéen sera une fois encore l’occa-
     Alexandra Rousseau (3e).                                                      sion d’écouter les conteurs, de parti-
        Pour les Collèges, Quitterie Bruneau () devança                            ciper à des conférences, des débats et
     Lisa Laurent (2e) et Lauriane Boudeau (3e).                                   à de nombreuses animations.
        Catégorie Lycée, la palme revint à Marie Bureau,                               Espace Jeunesse.
     devant Hermines Mares (2e) et Aurore Revercez (3e).

        Félicitations à toutes ces demoiselles, en souhaitant                          Renseignements :
     que les garçons relèvent le gant l’an prochain !                                  www.refugedulivre.fr
                                        Jacques Bernard                                02 51 42 96 20




12                                                                                    Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010
Noirmoutier                  Saint-Gervais
                               11, 12, 13
                                                            La mare aux canards à la Bernuzière
                               juin 2010
                                                                                                    Le beau temps
                               Bon vent au 4ème salon                                            n’a pas chassé la
                            du livre de mer qui s’ouvre                                          bonne humeur et
                            à Noirmoutier le jour de la                                          Saint-Gervais         a
                            mise à flots de ce dernier                                           réuni,     avec une
                            numéro.                                                              chaleur accrue elle
                               Tout semble avoir été                                             aussi, un nombre
fait pour pérenniser sa réussite ; nous en rendrons                                              croissant        d’au-
compte dans notre prochaine édition.                                                             teurs, de lecteurs et
    Saluons les trois auteurs venus spécialement de                                              d’acheteurs.
Gaspésie à cette occasion et réservons leur le meilleur                                             Les fidèles ont
accueil. L’association Amitié Vendée-Gaspésie s’est                                              accueilli les nou-
particulièrement investie dans les échanges littéraires.                                         veaux ; les absents
Elle a facilité la venue d’auteurs gaspésiens au Salon                                           ont eu tort, comme
du Livre de Grasla et, en 2009, des missions d’auteurs                                           toujours ; la verve
vendéens au Salon du Livre de Québec et en Gaspésie.                                             de Claude n’a pas
                                                            tari et dans une cour dédiée cette année au canard du
    Amitié Vendée-Gaspésie invite cette année trois au-     marais, des plumes de toutes sortes volaient dans tous
teurs de la Belle Province à Noirmoutier.                   les sens, ébouriffées, joyeuses.
    Jean-Marie Fallu est historien et rédacteur en chef         Cancanaient et nasillaient gaiement les volatiles, à
de la revue Magazine Gaspésie qui paraît depuis 47 ans.     l’affût les chasseurs d’images et de bons mots.
Il est l’auteur de nombreux ouvrages, comme La Gas-             Ils ont vu Claude Mercier décerner le prix du
pésie, Le Québec et la guerre (1860-1954), Le Saguenay      Héron Cendré aux revues trimestrielles et annuelles de
et le lac Saint-Jean.                                       deux sociétés d’Histoire et de Patrimoine méritantes,
    Josée Kaltenbach est la coordinatrice de la manifes-    celles de Noirmoutier et de Challans.
tation Livres en fête en Gaspésie qui réunit le quart des       Claude Mercier, qui a récemment mis le dernier
100 000 habitants de la région. Elle a écrit Les plages     point à sa célèbre revue mensuelle La fin de la rabinaïe,
et les grèves de Gaspésie, un livre devenu classique qui    sait le mérite nécessaire à de telles entreprises et c’était
présente dans le détail les 600 km du grand tour de la      un bonheur de voir la surprise et la joie des lauréats.
péninsule gaspésienne.                                          C’était donc la 17ème version de ce salon qui abrite
    Damien Grelon, auteur et réalisateur de films, est      de ses ailes généreuses des auteurs à découvrir ou à
un spécialiste des mammifères marins qui croisent           retrouver ; les visiteurs n’ont pas manqué le rendez-
dans l’estuaire du Saint-Laurent et sur les rivages de la   vous, la chine a été fructueuse, loin des cancans de la
Gaspésie.                                  G. B.            grande ville.                               J. R.


Jard-sur-Mer,1er mai 2010
                                     Une réussite pour
                                 cette deuxième édi-
                                 tion du salon de Jard
                                 sur Mer ! Il y eu de
                                 belles rencontres car
                                 il y avait pléthore
                                 de visiteurs heureux
de rencontrer trente-cinq écrivains de Vendée sur
leur promenade face à une mer sage, ce samedi 1er
mai. Le soleil était au rendez-vous, le public aussi.
A noter l’accueil convivial des organisateurs de la mai-    L’Épine, 6 et 7 août 2010
rie de Jard et l’originalité pour les auteurs de profiter
du spectacle de la marée au gré des heures entre les          Autre salon littéraire à Noirmoutier, Eveline Tho-
«vagues» des promeneurs.              Eveline Thomer        mer nous en rendra compte dans le prochain numéro.




   Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010                                                                              13
Le Centre                                                     Bienvenue
     de Ressources du Livre                                        à la revue Administration
                                                                   La Société
                                       Encourager                  des écrivains de Vendée
                                       la filière livre            a ses fidèles,
                                       et promouvoir               elle accueille volontiers
                                       la lecture                  aussi de nouveaux membres
                                                                   écrivains ou correspondants
                                                                   qui souhaitent suivre
                                        Vaste      programme       nos diverses activités
                                    que s’est assignée la          et nous aider
                                    Région avec la création        de leurs comptétences
                                    de ce nouvel organisme.
                                        C’est aussi le but que                             Les Écrivains de Vendée sont
                                    nous poursuivons en                                heureux d’accueillir comme corres-
                                    Vendéee et nous nous                               pondant Jean-Claude VACHER,
                                    réjouissons d’avoir ainsi                          directeur et éditorialiste de la revue
                                    un recours supplémen-                              Administration. Ancien Préfet de
                                    taire à la Région.                                 la Vendée (2002 à 2005), Jean-
                                        En complément de la                            Claude Vacher habite maintenant
                                    revue Encres de Loire, ce                          La Roche-sur-Yon.
                                    pôle d’acteurs pour le livre      Cette revue est la revue de l’Administration terri-
                                    se fera l’écho de la vie du    toriale de l’État. Elle consacre chacun de ses numéros
                                    livre en Pays de la Loire.     trimestriels à la présentation des objectifs, des réalisa-
                                    Tout en proposant des          tions, des difficultés aussi, qui font le quotidien des
                                    ressources, des services,      administrations dans leurs relations avec les élus, les
                                    des outils d’analyse et de     chefs d’entreprises, les associations, le public, etc…
                                    conseil, il mènera une            C’est ainsi que les derniers numéros de 2010 sont
                                    action de valorisation des     consacrés successivement à :
                                    publications et des actions       Immigration-Intégration, Recherche-Développement,
                                    ligériennes.                   Pôles de compétitivité,
        Il disposera également d’un centre de documentation.          Développement durable : où en sommes-nous ?
                                                          J. R.       Le tourisme : nouvelles habitudes, tous domaines
                                                                   dans lesquels interviennent des administrations
     Hôtel des Ursulines, 14 avenue François Mitterand,            publiques.                                            J. R.
     72000 Le Mans. 02 28 20 60 78 - crl@paysdelaloire.fr

                                                                   Concours de nouvelles :
     Livre Jeunesse à Luçon                                        L’enfant et la mer
                                                                       L’Association des amis de Jean Huguet nous commu-
                                                                   nique :
                                                                       À vos plumes, racontez un souvenir, une histoire vécue,
                                     La 12ème Semaine du           un rêve ou imaginez ! Seule règle : l’enfant et la mer sont les
                                     livre jeunesse à Lu-          acteurs principaux.
                                     çon s’est déroulé en              Date limite d’envoi de vos nouvelles : 31 janvier 2011.
                                     mars dernier. Invitée
                                                                                                     La maison chaumoise,
                                     d’honneur, Clothilde                                            12 rue du moulin
                                     Bernos.Invités, Chris-                                          85100 Les Sables d’Olonne
                                     tophe Alline, Davide
                                     Cali, Luce Guilbaud,                                            Tel : 02 51 95 24 83
                                                                                                     Couriel :
                                     Jean-Louis Le Craver,                                           amisdejeanhuguet@gmail com
                                     Brigitte Luciani, Alan                                          Site internet : amisdejeanhuguet
                                     Mets, Pef...



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Échos-Musées
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Les musées conservent et exposent les Lettres Vendéennes

                                                      Les lettres
                                                      de Chaissac
                                                                                   L’espace culturel René Cassin de
                                                                               Fontenay-le-Comte a consacré en
                                                                               mars-avril une petite exposition très
                                                                               documentée aux lettres de Gaston
                                                                               Chaissac dont on célèbre cette année
                                                                               le 100ème anniversaire de la naissance.
                                                                               C’est l’occasion pour nous de ressortir
                                                      le catalogue de l’exposition Chaissac réalisée en juin 1991 à
                                                      l’hôtel du Département par la Conservation Départemen-
                                                      tale des Musées de Vendée.
                                                          Rappelons que le musée de l’abbaye Sainte-Croix des
                                                      Sables d’Olonne possède un fonds important d’œuvres du
                                                      peintre (qu’il présente le 12 juin 2010 une nouvelle exposi-
                                                      tion dédiée aux correspondances de Chaissac) et que la ville
                                                      de Sainte-Florence-de-l’Oie a également dédié un espace à
                                                      Gaston Chaissac. Le Musée de Fontenay-le-Comte possède
                                                      lui aussi au moins un Chaissac, nous l’avons retrouvé dans le
                                                      nouveau livre de Robert Aujard.
                                                          Chaissac écrivain ? Il écrivait des lettres chaque jour, avec
 LES AMIS DE L’HISTORIAL DE LA VENDÉE                 la même fantaisie que pour sa peinture ou pour ses sculp-
                            Historial de la Vendée,   tures ; ses lettres étaient souvent aussi d’ordre pictural, nous
                            Allée Paul Bazin          le découvrirons dans ce numéro.
                            85170                         Chaissac a également publié plusieurs ouvrages et main-
                            Les Lucs-sur-Boulogne     tenant les études, recherches et expositions sur Chaissac se
                            Bulletin d’adhésion       multiplient dans le monde entier.
                            année 2010                    N’oublions pas l’exposition consacrée aux pompiers de
 10 €/personne                                        Vendée et le nouvel aménagement du Musée des Enfants
  à adresser aux amis de l’Historial aux Lucs,        à l’Historial, ni les deux expositions en préparation pour
                                                      2010, Madagascar et l’Agriculture.
    M.          Mme                 Mlle                                                                         J. R.
    NOM :                                                                           Permanence le mercredi
    Prénom :                                                                        à l’Historial,
    Adresse :
                                                                                    tél :02 51 47 61 77
    Code postal                     Ville
                                                                                    www.ami-historial-vendee.com

    Tél :                E-mail :                                                   e-mail :
                                                                                    conservation-musée@vendee.fr
Gaston Chaissac, artiste                                          pas eu moins solitaire que lui qui savait échanger avec
                                                                       tous ceux qui peignaient, créaient, écrivaient, agissaient
     épistolier… vendéen                                               en Vendée et partout ailleurs ! Qui lui rendaient visite !
                                                                       Dubuffet lui avait offert un harmonium et il en jouait
                                                                       pour réveiller ses amis de passage dans sa petite maison
     Il ne veut pas qu’on dise qu’il est écrivain                      d’école du village.
     mais il l’est et peut-être davantage que peintre,                     Gaston Chaissac sans la Vendée ne serait pas Gaston
     comme beaucoup de peintres d’ailleurs...                          Chaissac. L’imagine-t-on à Paris dans les cercles de l’in-
                                                                       telligentsia ? Peut-être y aurait-il brillé par sa vivacité et
                    ...écrivait Gaston Chaissac à propos               l’originalité de son imagination. Il lui aurait manqué ce
                d’André Marchand. En parlant de son                    substrat qui a nourri son œuvre, ces faits divers qu’il rele-
                confrère, il parle aussi de lui-même, comme            vait dans la presse ou dans le quotidien de son village :
                il en avait l’habitude. D’ailleurs n’écrivait-il       Cher ami, las de vivre Léon Brochet vient de se suicider à
                pas dans une de ses lettres : J’aurais davantage       Mareuil sur Lay par pendaison. Le journal d’aujourd’hui
                d’ambition en ce qui concerne la littérature et        16-6-60 en parle en sept lignes page 4 au-dessus de la
                j’éprouve bien davantage le besoin de m’expri-         réclame pour la bombe néocide contre les moustiques et les
                mer dans le langage écrit. Mais on dit que je          mouches. Le sablais J-C. Poiraud serait un espoir du vélo. A
                suis mieux doué comme peintre. Voire. Sans             76 ans Marguerite Bouton a été assassinée par son concubin.
                doute notre siècle fait-il un meilleur sort à          Ils avaient bu tous les deux. Dans l’ensemble tout cela est
                son œuvre plastique. Mais pour peu qu’on               plutôt triste.
                s’intéresse à quelques-unes de ses lettres, on             De ce fatras, Chaissac a fait une œuvre poétique sin-
                s’aperçoit très vite qu’elles participent de           gulière, reconnue. Il avait 41 ans lorsque les éditions
                la même démarche poétique : transcender                Gallimard ont publié, en 1951, un recueil de correspon-
                l’infime ; distordre le réel le plus humble            dances intitulé « Hippobosque au bocage ». Depuis sa
                et au gré de sa fantaisie lui accorder de la           mort, on ne cesse de rechercher et de retrouver des lettres
                noblesse ; parler avec la même langue aux              de Gaston Chaissac qu’on se communique comme des
                gens de peu et aux gens d’importance ; se              trésors. Par ses relations épistolaires, il a trouvé le moyen
                jouer du langage en usant jusqu’à l’absurde            de renouveler un genre littéraire à sa mesure, unique,
                de tous les calembours et les barbarismes…             grinçant, souriant, surréaliste, une chronique extraordi-
                    Gaston Chaissac est l’auteur d’une cor-            naire de la Vendée en ce temps-là.
                respondance considérable dont on ne fera                                                                        Y. V.
                jamais l’inventaire. Il écrivait aussi bien à
                Jean Paulhan, Jean Dubuffet, Pierre Bou-
                jut, Michel Ragon, qu’à Monseigneur
                Cazaux, Léopold Marboeuf ou des voi-
                sins et voisines de son village de Sainte-
                Florence-de-l’Oie. Il n’écrivait pas pour
                écrire. Il avait conscience d’entreprendre
                une œuvre littéraire. Si j’étais riche, écrit-il
                à Pierre Boujut, j’aimerais construire des
                monuments commémorant les plus infimes
                événements. Mais riche, ma tournure d’esprit
                me donnerait sans doute de tout autres désirs.
                Quoi qu’il en soit, je supplée comme je peux à
                l’absence de monuments grandioses pour don-
                ner des chances à d’infimes événements de ne
                pas tomber dans l’oubli. On a alors envie de
                dire : heureusement que Gaston Chaissac
                n’a pas été riche !
                    À ce sujet, il serait peut-être utile de revi-
                siter la légende d’un Chaissac tourmenté
                et moqué au pays de la calotte vinassouse.
                Bien sûr, il passait chez lui pour un « origi-
                nal » comme on disait de ceux qui n’étaient
                pas dans la norme. Mais intelligent, malin,
                il savait en jouer pour se construire un
                personnage singulier. Il a eu des amis dans            Carton de l’exposition ouverte du 13 juin au 7 novembre 2010
                le clergé comme l’abbé Coutand. Il n’y a               au Musée de l’Abbaye Sainte-Croix aux Sables d’Olonne



16                                                             Lire en Vendée - Échos-Musées -Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010
Annie, sa fille,
se souvient et raconte

Gaston Chaissac, l’épistolier


                         Gaston Chaissac, dont le
                     talent aujourd’hui mondiale-
                     ment connu, est longtemps
                     resté ignoré, ne rêvait pas d’être
                     peintre. Il voulait être jour-
                     naliste. D’où cette frénésie
                     d’écrire, principalement à ses                     Dans sa maison au bord de la Vieille Autise, Annie Chaissac
                     pairs : 36 000 lettres, éparpillées                ouvre les précieux cahiers où dorment quelques-unes des 36 000
tous azimuts. Annie Chaissac, sa fille, en a rassemblé                  lettres écrites par son père.
une petite partie.
   L’ensemble de cette œuvre littéraire appelle
aujourd’hui une étude qui serait passionnante.
                                                                        des bouts de carton, des feuilles de papier de toutes les
    Au bord de la Vieille Autise, la maison d’Annie                     couleurs et de tous les formats. Et sur tous les sujets.
Chaissac abrite des trésors - des écrits, des dessins, des              Sur l’art et les idées bien sûr, mais aussi sur ses rapports
objets de son père, Gaston Chaissac - mais surtout                      avec le monde et avec les gens.
une immense piété filiale. On hésite à écrire « piété »
puisque l’artiste, né dans une famille traditionaliste du                   Ces lettres n’ont pas toutes, loin de là, obtenu des
Morvan, a beaucoup souffert de cette religion perver-                   réponses. Mais 400 destinataires au moins ont été
tie et ne lui a pas ménagé sa rancœur. Mais c’est pour-                 recensés. Sitôt la guerre, grâce à un ami journaliste,
tant de cela qu’il s’agit...                                            René Bonnenfant, « Ouest-France » publiera d’assez
                                         Artiste    pour                nombreuses lettres. Au total, avoue Annie Chaissac, la
                                    artistes                            correspondance de mon père demeure largement une
                                                                        friche qu’il faudrait explorer et déchiffrer complète-
                                         Mon père vou-                  ment.
                                     lait être journa-                      Comme la Semeuse de Larousse...
                                     liste, raconte-t-elle.
                                     Écrire, témoigner,                     Reste évidemment une question. Pourquoi, alors
                                     c’était pour lui                   qu’il était enfin reconnu et qu’il aurait pu exploiter
                                     vital, primordial.                 son immense talent de peintre, Gaston Chaissac a-t-il
                                     En 1937, alors qu’il               autant sacrifié à la correspondance et à l’écriture? Peut-
                                     séjourne à Paris                   être parce que l’écriture était chez lui consubstantielle
                                     chez son frère, il                 au dessin. Tout chez lui se chevauche, tout lui était sti-
                                     rencontre       Otto               mulation, explique sa fille. La forme et le mot étaient
Freundlich et Jeanne Kosnick, un couple d’artistes                      des objets de séduction qu’il ne séparait pas.
allemands bannis par le nazisme, qui pressentent son
talent particulier et lui font découvrir le monde des                       Chaissac a grandi dans le monde de l’artisanat,
arts et de la culture. Raymond Queneau, Jean Paulhan                    parmi ces cordonniers et ces marchands de tissu
sont séduits par la fraîcheur et la pureté de ses dessins.              morvandiaux qui s’en allaient l’hiver sur les routes
Quelques années plus tard, Dubuffet, Marcel Arland                      pour gagner de quoi subsister. Il n’ignorait rien des
remarquent Chaissac. Des dessins et des portraits, il                   ficelles de la publicité. Friand du succès, mais méfiant
passe aux objets bricolés, aux totems, aux collages.                    envers lui parce qu’il en redoutait les servitudes et les
                                                                        contraintes, militant jamais encarté, Chaissac aurait-il
    Chaissac l’épistolier se met alors à écrire aux artistes            trouvé dans l’écriture la fin de sa quête et de son besoin
et aux intellectuels. Ceux qu’il côtoie, ceux dont il                   de reconnaissance? A l’image de la célèbre Semeuse du
relève les noms dans les catalogues et les revues cultu-                dictionnaire Larousse qu’il affectionnait tant, l’écriture
relles, foisonnantes dans l’immédiat après-guerre. A                    aurait-elle été le moyen de déverrouiller sa pensée et de
partir de 1956 et jusqu’en 1962 – il meurt, amer et                     la communiquer à un monde, si souvent hostile à sa
épuisé, en 1964 – il écrit quatre ou cinq lettres par                   personnalité, un monde qu’il redoutait et fuyait?
jour. Sur les supports les plus variés, des enveloppes,                                                              G. B.


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Gaston Chaissac
     et la Vendée

          Né le 10 août 1910 à Avallon, au sein d’une famille
     pauvre, Gaston Chaissac, après une enfance perturbée
     par une santé précaire, les problèmes financiers per-
     manents de ses parents et leur divorce, tarde à trouver
     un équilibre de vie et de ressources. De 16 à 32 ans, il
     pérégrine de Villapourçon, dans le Morvan où sa soeur
     est postière, jusqu’à Saint Rémy de Provence, via Paris
     et alentours où la maladie le contraint à séjourner en
     hospice (Nanterre), sanatorium (Asnières) et centre de
     rééducation (Clairvivre, en Dordogne). Au cours de ces
     années, il effectue de nombreuses rencontres dont deux
     s’avèrent prépondérantes. À Paris, en 1937, il croise le
     chemin d’un artiste engagé, d’origine allemande, Otto
     Freundlich, avec lequel il acquiert rapidement une
     formation artistique qui lui permet de découvrir les
     notions fondamentales et une sorte d’éthique de l’art.
          À Noël 1940, lors d’une exposition de travaux
     des pensionnaires, il rencontre Camille Guibert, une
     jeune institutrice vendéenne soignée dans un sanato-
     rium proche de Clairvivre. Gaston Chaissac reçoit la
     foudre dans le coeur. C’est juré, dès qu’elle sera guérie,
     il l’épousera. Il tient parole et, en novembre 1942, il
     vient retrouver Camille à Vix, son village natal, et ils
     se marient.
          Le jeune couple demeure à Vix pendant un an,
     attendant la nomination de Camille à un poste d’ins-
     titutrice. La famille Guibert n’apprécie pas vraiment le
     mari que leur fille a choisi : Mon beau-père ne tarda          nous ne recevons que de bien faibles échos de ce qu’on peint
     pas à me dire que sa fille était trop bien pour moi, écrit     dans les cités prestigieuses. Quant à la vie moins intellec-
     Chaissac. Les autres habitants de la commune ne l’ap-          tuelle et plus saine qui est la nôtre, elle favorise l’éclosion
     précient pas davantage. Au village, j’étais un fou, un con,    de nos créations.
     un cul, c’est-à-dire un malappris et ceux qui achetaient ma        En 1947, une exposition lui est personnellement
     peinture étaient encore plus fous que moi... Selon Camille     dédiée à la galerie Arc-en-ciel, à Paris. Les rares ventes
     Chaissac, seule la naissance de leur fille Annie provoque      couvrent à peine les frais. Mais le point positif en est la
     chez Gaston un accès de joie et de bonheur.                    rencontre avec Dubuffet dont l’amitié n’était jusqu’alors
          En septembre 1943, les Chaissac s’installent à Bou-       qu’épistolaire. Suite à ses déceptions parisiennes, Chais-
     logne, dans le bocage, où Camille vient d’être nommée.         sac décide d’exposer chez lui, dans son atelier, en Ven-
     Gaston s’occupe de sa fille, de son jardin et de l’entre-      dée. Pour avoir le plus grand nombre possible de visi-
     tien de la maison. Pour améliorer les finances familiales,     teurs, il opte d’effectuer sa seconde expo le jour de la
     il effectue des boulots de complément, sans pour autant        kermesse des écoles libres. J’avais donc fixé le jour de
     abandonner la peinture, autant que sa santé chétive et         cette kermesse mon vernissage et comme de bien entendu
     ses possibilités d’achat de fournitures le lui permettent.     personne n’est venu. Ou plutôt si : j’étais mal fichu et j’étais
          Grâce à Jeanne Kosnick-Kloss, veuve d’Otto Freun-         monté me reposer, soudain j’entends du bruit qui me fait
     dlich mort en déportation, Chaissac expose à Paris fin         que quelqu’un vient tout de même et m’étant précipité à
     1943. Les années suivantes, il participe aux Indépen-          la fenêtre je n’eus que le temps de voir se sauver un chien
     dants, puis aux Surindépendants. Chaque exposition             qui emportait dans sa gueule un pain d’épices que nous
     engendre des rencontres avec des artistes, des écrivains,      consommions en minces tranches pour le prolonger.
     des journalistes. Comme il se déplace peu, Chaissac                À la demande de Dubuffet, en 1948, Mademoi-
     noue ses contacts et ses amitiés par une correspondance        selle Marot, directrice de la galerie Michel Columb à
     abondante. Il considère son oeuvre épistolaire comme           Nantes, prend en dépôt permanent des oeuvres de Gas-
     aussi importante que ses tableaux. Elle rompt son isole-       ton Chaissac qui, fin septembre, déménage à Sainte-
     ment. Dans nos campagnes désertes, rien n’interrompt la        Florence-de-l’Oie où Camille vient d’être nommée. La
     méditation si nécessaire avant toute création artistique, et   population locale, dominée par un curé sectaire et fana-



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tique, est extrêmement
hostile à l’arrivée de                                                 lettre à Michel Ragon
l’institutrice de l’école
laïque et à celle de son                                                    Ste Florence, le 20-8-56
excentrique époux, de
surcroit en mauvaise                                                        Cher Confrère,
santé et sans ressources.
À un point tel que pen-                                                    Le temps, les années passent et je ne compte même pas
dant plus de cinq années                                               de zoanthrope au nombre de mes relations. C’est à désespé-
nul ne leur rend visite                                                rer. Pourtant, cette année, j’ai récupéré sur un tas d’ordures
et les enfants ont inter-                                              nétement en contrebas un de ces abats-jour de suspension
diction de jouer avec la                                               que voilà à la mode et qu’on utilise parfois comme coupe
petite Annie. Malgré les                                               paraît-il. Et mon papiers-colés le tout dernier ne contient
efforts de Gaston, l’iso-                                              un peu du papier d’un paquet de tabac que j’ai trouvé en
lement local ne cesse de                                               bas de notre château d’eau en construction. Oui, le temps
s’accentuer. Seule, Mlle                                               passe et me voilà avec 46 ans d’âge. Ma mère en aurait 78.
Marot, qui semble avoir bien compris l’artiste, reste                  Elle était née en 1878, l’année de la mort d’un ex-avoué
proche et l’expose plusieurs fois à Nantes.                            natif de Dordogne qui régna quelque part en Amérique
    À Paris, grâce à Dubuffet (Hippobosque au bocage,                  sous le nom d’Orélie-Antoine 1er. Il s’appelait Antoine de
recueil de lettres et de poèmes de Chaissac, paru chez                 Tournens, avant ça. Il est donc parti pour l’autre monde
Gallimard en 1951) et à quelques autres, le renom de                   78 ans avant cette pauvre femme qui a trouvé la mort au
Chaissac s’installe. En 1952, le célèbre photographe                   « Petit Brochet », de Ste florence, dans un accident d’auto.
Robert Doisneau lui rend visite en Vendée. Puis Gilles                 Nous savons déjà que c’est une personne qui sortait rare-
Ehrmann qui inclut Chaissac dans son livre Les Inspi-                  ment. C’est en allant au lait que je vis en passant l’auto
rés et leurs demeures. D’autres publications suivent, en               accidentée avec son toit fort cabossé. Un groupe de gens la
particulier Gaston Chaissac, l’homme orchestre, d’Ana-                 regardaient.
tole Jacowski et les reportages de Pierre Guéguen dans                     A ma sortie de ce même 19, je vis les bonnes sœurs
Aujourd’hui. La situation professionnelle du peintre                   de l’Oie en promenade puis l’instituteur de l’Oie, au café
s’améliore. Des galeries s’intéressent à lui. Le collection-           Nicou. Cet instituteur dont le fils Jean-Louis est dernière-
neur américain Morton Neuman se déplace en Vendée                      ment rentré de colonie de vacances avec une superbe canne
pour lui acheter des tableaux.                                         à pêche qu’on lui a donné pour avoir lavé la vaisselle. Ce
    En 1961, l’école publique de Sainte-Florence ferme,                n’est point là un outil de sycophante et on ne pouvait faire
faute d’élèves. Les Chaissac retournent à Vix, dans la                 mieux comme cadeau à un enfant.
maison vieillotte du grand-père de Camille. Gaston                         Il y a donc deux fois 78 ans depuis l’an 1800. 78 est
quitte à regret le bocage où il effectuait de grandes                  donc la moitié de 156.
marches solitaires, protégé des regards par la végétation                  Mon papiers-colés le dernier né est d’hier. Je l’ai exé-
des chemins creux. A Vix, la nudité du Marais Poitevin                 cuté (alors que je venais de passer sur la route diabolique)
n’offre pas le même isolement. Il peint énormément,                    au dos d’un papier électoral du poujadisme. Et outre un
nonobstant le manque de confort de la maison et les                    fragment du paquet de tabac en question, il a un peu de
aléas de sa santé chancelante. Malgré quelques visites de              feuillage de la chicorée leroux, des trèfles de la chicorée
galeristes, de journalistes parisiens, de collectionneurs              Williot. Du papier vieux rose du chocolat meunier, l’in-
et d’amateurs d’art, la solitude de l’artiste s’amplifie.              térieur d’une enveloppe de monsieur Anatole Jakovski, un
Ses tableaux se vendent bien, mais les prix demeurent                  peu de l’affiche volvic et l’image d’un petit gâteau sec figure
modestes par rapport aux tarifs de ses confrères. Il en                une tête.
conçoit beaucoup d’amertume, malgré un bon contrat                                                            Je m’approvisionne en
avec Pagani qui, pour sept oeuvres par mois, lui apporte                                                  papier sur la route natio-
une somme appréciable. Sa notoriété franchit les fron-                                                    nale. C’est pourtant dan-
tières ; il expose à Florence, à New-York.                                                                gereux de s’y aventurer.
    Durant l’été 1964, Gaston Chaissac tombe griève-                                                          Recevez mes saluta-
ment malade, alors que sa femme et sa fille séjournent                                                    tions.
en Savoie. Il est hospitalisé à La Roche sur Yon où il
décède quelques semaines plus tard. Le 11 novembre, il                                                      gaston chaissac
est enterré civilement à Vix.                                                                                A Ste florence (vendée)
    Aujourd’hui, grâce en particulier à la générosité de
Camille Chaissac et de sa fille, Annie Chaissac-Raison,                                                  (l’orthographe et la ponc-
un important ensemble d’oeuvres de Gaston Chaissac                                                       tuation sont de Gaston
siège au musée des Sables d’Olonne.                                                                      Chaissac)
                                   Jacques Bernard



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pations et leurs préoccupations, leurs habitudes, leur
     Chaissac,                                                     vie. Il était capable de comprendre ceux qui le mépri-
     vous avez dit Chaissac ?                                      saient.
                                                                       Il avait pourtant quelques clients fidèles, quelques
                                                                   amis sincères qui aimaient discuter avec lui ; un ébé-
     Dans les années cinquante-soixante,                           niste de Chantonnay avait exposé un de ses totems dans
     on parlait, dans le bocage, d’un original                     la devanture de son magasin. Si beaucoup d’enfants se
                                                                   moquaient cruellement, d’autres venaient peindre avec
     qui envoyait des lettres à n’importe qui,
                                                                   lui, écoutaient ses conseils.
     aussi bien au châtelain, au médecin, à l’instituteur              On disait, dans certains milieux, qu’il n’était peut-
     qu’à son voisin agriculteur artisan ou commerçant
                                ,                                  être pas celui qu’on croyait, qu’il jouait un ou des per-
     et qui s’adressait à tous sur le même ton                     sonnages, qu’il fréquentait, à Paris, des intellectuels et
                                                                   des artistes célèbres.
                                                                       Je garde le souvenir d’une visite que nous lui avions
         On n’y comprenait pas grand-chose. D’abord, parce         faite après une lettre adressée à mon mari.
     que c’était mal écrit, des pattes de mouche qui ne sui-           Camille nous avait fait participer à un goûter de fête
     vaient pas les lignes du papier ; on en a même vu écrites     en l’honneur d’Annie qui venait de passer le brevet des
     en spirale ou dessinant des bonshommes. Il n’utilisait        collèges. Puis, les deux artistes discutant technique, il
     pas de papier à lettres : souvent des pages de cahier         nous avait emmenés dans une classe désaffectée, entiè-
     d’écolier, des fonds de boîtes de fromage ou une de           rement peuplée de totems. Un univers. Étrange, coloré,
     ces épaisses feuilles brunes dans lesquelles les bouchers     impressionnant. Il considérait leur nombre avec une
     enveloppaient la viande avant l’invention des matières        certaine amertume car les acheteurs étaient rarissimes
     plastiques.                                                   et pourtant, il aurait bien eu besoin d’argent. Michel,
         C’était en mauvais français : fautes d’orthographe,       lui, venait de faire, à la galerie Robin, la première expo-
     tournures incorrectes, majuscules oubliées, mots imagi-       sition vendéenne d’art abstrait. Ils avaient l’impression
     nés. Sa femme, institutrice, devait avoir grand’ honte !      d’être des marginaux, mais Michel était jeune, bien
         Il passait d’un sujet à un autre, racontait des choses    portant et combatif. Gaston Chaissac était très fatigué.
     sans intérêt, celles dont on parle entre voisins mais qui     Je revois un homme modeste, sans agressivité, humilié
     ne valent pas la peine d’être écrites ou bien des choses      depuis longtemps mais sans révolte, résigné. Il n’avait
     qu’on ne comprenait pas, où il parlait de gens connus.        jamais rien fait pour modifier les regards portés sur lui.
     On ne savait pas ce qu’il avait voulu dire, on était mal      Il nous avait confié, ce jour-là, qu’une grande galerie de
     à l’aise, on disait bien qu’il était fou mais on se deman-    Milan projetait d’exposer ses œuvres... On avait l’im-
     dait aussi s’il ne se moquait pas de nous. On ne le lisait    pression qu’il n’osait pas y croire.
     pas toujours jusqu’au bout ou pas du tout ou avec des             Les années ont passé. Chaissac est devenu célèbre,
     copains, pour rigoler.                                        peu de temps avant sa mort. La culture a gagné les
         Il était soi-disant artiste-peintre mais il dessinait     campagnes, le regard de leurs habitants a changé. Un
     aussi mal qu’il écrivait. On aurait dit des dessins d’en-     musée lui fut consacré à Sainte-Florence et les chiottes
     fant, des gribouillages, des personnages tout déformés.       qui puent * accédèrent au titre de latrines. Elles sont
     Il employait de la bouse de vache, des épluchures. Il         désormais visitées par les amateurs d’art.
     transformait des ustensiles, des outils hors d’usage en
     sculptures. Il fabriquait aussi des totems qui n’étaient                                                        Lydie Gaborit
     autres que des planches aux bords irréguliers, peintes de
     couleurs crues. Il peignait sur n’importe quoi : les galets   *Extrait d’une lettre de Chaissac adressée à Michel Gaborit
     autour des parterres, les volets ou les portes, le mur des
     cabinets de l’école...
         Naturellement, personne n’achetait ses œuvres et
     il n’était pas riche car c’était un bon à rien. II avait
     essayé plusieurs petits boulots mais ses employeurs ne
     le gardaient jamais longtemps. Il avait voulu s’installer
     cordonnier mais les clients étaient rares; il faut com-
     prendre, avec un gars comme ça, il faut s’attendre à tout
     et on ne se serait pas senti honoré s’il avait transformé
     nos souliers en sculptures.
         Cet étranger, venu de l’Yonne, ressemblait pourtant
     à n’importe quel habitant de Boulogne ou de Sainte-
     Florence quand on le voyait déambuler avec ses sabots,
     son vieux paletot et sa casquette, poussant son vélo. Il
     connaissait les villages et les villageois avec leurs occu-



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HENRY-CLAUDE COUSSEAU, L’œuvre graphique de
                                                                       Gaston Chaissac, Paris Jacques Damase Editeur, 1981.
                                                                           JOHANNES GACHNANG, Chaissac, Neuchâtel, Ides et
                                                                       Calendes, 1988.
                                                                           M. RAGON, Du côté de l’art brut, Albin Michel, 1996
                                                                           Collectif, Les cahiers Jules Paressant n° 2, Le Petit véhicule,
                                                                       1996.
                                                                           M. RAGON, Le regard et la mémoire, Albin Michel, 1998
                                                                       (39 p. sur Chaissac).
                                                                           303 n° 47: Et l’âme meurtrie ébruita le silence... 1998 (14 p.
                                                                       sur Chaissac).
                                                                           G. CHAISSAC, Gaston Chaissac vous écrit encore, Préface
                                                                       de James Sacré. Editions Le Vert sacré, 2000
                                                                           S. FAUGEREAU, Gaston Chaissac : environs et apartés
                                                                       Somogy, 2000.
                                                                           G. CHAISSAC, Correspondances, Musée de l’abbaye Ste-
                                                                       Croix, 2004
                                                                           E. CHEVILLARD, D’attaque, Argol, 2005.
                                                                           Revue Dada, n° 128, L’art brut, Mango, 2007.
                                                                           S. FAUCHEREAU, Gaston Chaissac à côté de l’art brut, A.
                                                                       Dimanche, 2007.
                                                                           G. B. B. DECRON, D. SEMIN et G. TOSATTO Gaston
                                                                       Chaissac poète rustique et peintre moderne, Actes sud, Musée de
                                                                       Grenoble, 2009.




     Principaux écrits de Gaston Chaissac :

    - Hippobosque au bocage, Paris, Gallimard, 1952.
    - Histoires d’un vacher, illustré par Luc Duvot, préfacé par
Jean Dubuffet, Jean Vodaine, 1952.
    - Très amicalement vôtre, avec un texte de Camille Chaissac,
La Louvière, Daily-Bul, 1965.
    - Au pays de la culotte vinassouse, par Jean le Mauve, Dam-
mard, L’Arbre, 1979.
    - Correspondances, Soc. et Foc, 1983.
    - Le laisser-aller des éliminés, Trente et une lettres à Pierre                                 Catalogues d’exposition
Boujut, Lettres à Jean-Claude Roulet et lettres inédites à l’abbé
Coutant, Chroppnique hippoboscalienne, Plein Chant, 1979-
1984.
                                                                                                    CHAISSAC, Conseil Général de la
                                                                                                Vendée, Éditions Génomane, 1991.
  Quelques titres d’ouvrages consacrés à                                                            Sous la direction de C. ALLE-
                                                                                                MAND-COSNEAU, Gaston Chais-
Gaston Chaissac                                                                                 sac : 1910-1964, Réunion des musées
                                                                                                nationaux, 1998 (Nantes, Montpellier,
    ANATOLE JOKOVSKl, Gaston Chaissac : l’homme                                                 Charleroi).
orchestre, Paris, Les Presses Littéraires de France.                                                Catalogue de l’exposition Chaissac,
    GILLES EHRMANN, Les Inspirés et leurs demeures, textes                                      Ed. du Jeu de paume, 2000.
d’André Breton et Benjamin Péret (L’Homme du Point du Jour),                                        B. DECRON, D. SEMIN et G.
Paris, Le Temps, 1962.                                                                          TOSATTO, Gaston Chaissac, poète
    JEAN DUBUFFET, Prospectus et tous écrits suivants, 2t.,                                     rustique et peintre moderne, Actes sud,
Paris, Gallimard, 1967.                                                                         Musée de Grenoble, 2009.
    DOMINIQUE ALLAN MICHAUD, Gaston Chaissac                                                        Gaston Chaissac, Homme de lettres,
puzzle pour un homme seul, postface de Serge Vialbos (La vie dé                                 catalogue de l’exposition 2005 édité en
sultoire et la désagrégation de Dieu), Paris, Gallimard, 1974.                                  2006 par l’Ecole Nationale Supérieure
    Iris CLERT, Iris Time, Paris, Denoël, 1978.                                                 des Beaux-Arts et le Musée de la Poste.




Lire en Vendée - Échos-Musées -Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010                                                                    21
© Conseil général de la Vendée, Conservation départementale des musées




22                                                                      Lire en Vendée - Échos-Musées -Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010
Deux nouvelles expositions à l’Historial de la Vendée :

L’agriculture en Vendée                                                  Madagascar, ces liens qui nous unissent
au XIXème et au début XXème                                              3 juillet – 7 novembre 2010
25 novembre 2010 - mai 2011




© Conseil général de la Vendée, Conservation départementale des musées
                                                                         © Conseil général de la Vendée, Conservation départementale des musées


    Cette exposition qui prendra place après celle consa-                    De Gilles de la Roche-Saint-André qui planta le dra-
crée aux soldats du feu qui se prolonge durant tout l’été                peau français sur le sol malgache à Monseigneur Batiot
offrira un panorama des spécificités de l’agriculture ven-               qui fit construire la cathédrale de Majunga, en passant
déenne. Partant de la diversité des milieux et des sols, le              par Paul Rouleau, conseiller du premier président de la
parcours proposé au visiteur montera les évolutions que                  République Tsiranana, les liens qui unissent l’ïle-Conti-
ce domaine a connues plus particulièrement durant la                     nent de Madagascar à la Vendée sont nombreux.
seconde moitié du XIXème siècle grâce à quelques per-                        L’exposition Vendée-Madagascar, ces liens qui nous
sonnalités éclairées et la diffusion des techniques par le               unissent sera l’occasion de découvrir une petite partie
biais notamment de l’enseignement agricole.                              d’un patrimoine riche et sur bien des points unique au
    L’accent sera également mis sur les deux systèmes                    monde, à l’instar des lémuriens, de l’arbre des voya-
de faire-valoir qui se sont longtemps opposés, entre le                  geurs et des nombreuses variétés de baobabs ou des
métayage ou le fermage qui ont donné la métairie et le                                                        pierres précieuses
faire-valoir direct qui a donné la borderie, deux systèmes                                                    extraites de son sol.
très différents tant en ce qui concerne la superficie des                                                         Découvreurs,
exploitations, la quantité de main d’œuvre disponible,                                                        scientifiques, mis-
les bâtiments et moyens mis en œuvre.                                                                         sionnaires,     ensei-
    Les différents types de cultures et d’élevages seront                                                     gnants et coopérants
mis en évidence avec bien sur une place particulière                                                          constituent une liste
réservée à l’élevage bovin et aux plantes fourragères du                                                      non-exhaustive des
bocage sans oublier toutefois d’autres spécificités telles               © Conseil général de la Vendée,      ces      personnages,
que l’élevage mulassier du sud.                                                                           historiques ou contem-
    Convivialité, échanges, travaux collectifs sont autant               porains qui ont été les acteurs des liens qui unissent la
de thèmes qui seront aussi abordés. Matériel agricole,                   Vendée à l’Île rouge.
documents anciens, peintures, maquettes, films, pro-                         Cette exposition est aussi l’occasion de mettre
jections photographiques seront ainsi réunies à partir                   en avant les actions menées par les associations ven-
d’un choix difficile tant le sujet s’est avéré vaste !                   déennes, dans le cadre de l’aide au développement et à
    Comme pour chaque exposition un ouvrage de réfé-                     l’éducation, ou dans le cadre de l’aide aux secours civils,
rence faisant appel à de nombreux auteurs sera édité                     avec plus particulièrement le projet développé depuis
en lien avec cet événement tandis que des animations                     1998 par les sapeurs-pompiers de la Vendée.
extérieures seront également programmées.                                                                   Christophe Vital



Lire en Vendée - Échos-Musées -Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010                                                                         23
Le Musée des Enfants                                                               le Puy du Fou
     L’une des caractéristiques de l’Historial réside
                                                                                      au XVIIIème siècle
     dans son concept évolutif. Pour la première
     fois en France et sans doute en Europe,                              En début d’année, j’ai eu la chance et la surprise
     un musée n’a pas été pensé comme une struc-                      de faire une découverte exceptionnelle pour la connais-
     ture figée, il s’est au contraire donné les                      sance du patrimoine vendéen, il s’agit d’un petit dessin
     moyens de se renouveler régulièrement                            aquarelles du château du Puy du Fou. Jusqu’à présent,
                                                                      nous ne connaissions aucune vue représentant le châ-
                                                                      teau avant sa destruction pendant la guerre de Vendée.
                                                     La double        Cette œuvre très réaliste et d’une grande précision date
                                                 notion      d’ex-    de la fin du XVIIIème siècle, le style ainsi que quelques
                                                 position per-        personnages et un phaéton au premier plan permettent
                                                 manente         et   de la dater assez précisément des années 1780.
                                                 d’exposition             Les enseignements que l’on peut en tirer sont nom-
                                                 temporaire a été     breux, plus particulièrement en ce qui concerne la
                                                 bannie de l’His-     façade ruinée qui sert aujourd’hui de décor au spec-
                                                 torial ; tout y      tacle et dont on connaît enfin l’élévation sur 2 niveaux
                                                 est conçu pour       surmontés d’une toiture à forte pente ornée de neuf
     © Conservation départementale des musées    se transformer.      lucarnes cintrées complètement disparues de nos jours.
                                              Ainsi le musée des      Cette toiture compte-tenu de sa pente était à l’évidence
     enfants a été dans ce concept spécifié comme un espace           couverte d’ardoises comme on l’a longtemps supposé
     d’expositions de moyenne durée, c’est-à-dire qu’il a été         de même que l’ensemble du château. L’élévation de la
     convenu de le renouveler totalement tous les trois ans.          façade donnant sur le grand escalier était différente de
         Après trois années d’exploitation, c’est donc chose          ce que l’on trouve aujourd’hui. On notera enfin que la
     faite, la première exposition consacrée à l’histoire de          fenêtre qui donne de nos jours sur la chapelle est une
     l’alimentation qui a connu un véritable succès laisse la         création de l’architecte nantais Fraboulet qui a restauré
     place à un nouveau thème : les animaux de la ferme.              au XIXème le château.
         Le musée des enfants est un espace muséographique                Quant au pavillon d’angle qui a été entièrement
     entièrement dédié aux plus jeunes mais qui n’exclut pas          reconstruit par Fraboulet, on note qu’à l’emplacement
     les adultes. Bien au contraire !, il est conçu comme un          de la salle des gardes, était érigée une forte tour qua-
     lieu d’échange entre les générations, les thèmes et les          drangulaire à trois étages couronnée par une toiture
     activités encouragent le dialogue entre les enfants et           pentue également en ardoises. la base de cette tour était
     leurs accompagnateurs. Ainsi, le musée des enfants est           légèrement évasée. Ce qui est très curieux, c’est cette
     spécialement dédié aux visites en famille.                       rupture entre les deux premiers niveaux ouverts de trois
         L’objectif est d’inculquer aux enfants la notion de          fenêtres et le dernier étage qui n’en compte que deux
     chronologie, de temps qui passe, à partir d’une muséo-           ménageant peut-être une terrasse donnant au midi. On
     graphie adaptée à leur taille. Il est aussi conçu pour ini-      voit nettement que ce pavillon d’angle était en saillie
     tier l’enfant au monde des objets. À la différence des           par rapport aux deux ailes de part et d’autre et repo-
     autres structures culturelles déjà existantes en France, le      sait sur un soubassement qui se décroche également de
     musée des enfants de l’Historial aborde l’Histoire ; en          la terrasse dominant les prairies (l’étang ne sera creusé
     cela il est unique !                                             qu’au XIXème siècle), le principe d’un pavillon d’angle
         Dans cet espace, les enfants peuvent découvrir un            en saillie se retrouve dans des châteaux de même inspi-
     monde plus ou moins familier, ses évolutions et ses              ration tel Ancy-le-Franc construit par l’architecte ita-
     caractéristiques. Ils peuvent enrichir leurs connaissances       lien Serlio qui fut très certainement une référence pour
     et leur vocabulaire. C’est aussi une manière d’aborder le        le Puy du Fou. Cette partie du château avait été détruite
     patrimoine de la Vendée, ainsi, les animaux de la ferme          lors d’un séisme dans la nuit du 24 au 25 janvier 1799.
     prennent tout leur sens dans ce département où la rura-              Quant au long édifice qui prolonge ce premier bâti-
     lité est très forte.                                             ment, il s’agit de la galerie Nord, celle qui est ornée
         À chaque fois que cela est possible, il est fait allusion    côté cour d’arcades en rez-de-chaussée. Ce qui est sur-
     dans le parcours aux spécificités vendéennes, de même            prenant, c’est qu’elle disposait de deux rangées de huit
     que des témoignages de la culture locale et du passé             fenêtres séparées par une corniche, aujourd’hui seules
     sont évoqués (le patois, des objets de la vie quotidienne,       quelques une à l’étage subsistent. Cela signifie que la
     l’architecture, les gestes…)                                     galerie à l’italienne aurait été donc initialement ouverte
         Les animaux n’auraient de sens sans l’homme.                 sur ses deux façades ; on comprend que le climat du
     Le rôle de ce dernier est également évoqué et les soins          bocage ait été peu propice à ce dispositif et qu’on ait
     qu’il leurs prodigue.                                  C. V.     décidé de combler ces ouvertures au XIXème siècle ! Vous


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© Conseil général de la Vendée, Conservation départementale des musées

noterez enfin que la toiture était également à forte pente,              des communs, tandis qu’à gauche, dans le prolonge-
ce qui laisse supposer qu’il s’agissait alors bien d’une                 ment du grand corps de logis, on trouve la maison du
couverture en ardoises légitimant la présence encore de                  régisseur. Il est également amusant de constater la pré-
nos jours de la lucarne côté cour. Par contre l’architecte               sence d’un moulin, plus ou moins à l’emplacement de
n’a pas jugé bon de créer de telles ouvertures sur une                   celui qui a été érigé pour les besoins du spectacle !
façade moins visible du château. On a longtemps pensé                        L’artiste dont on ignore l’identité a de manière
que cette aile avait été incendiée pendant les guerres de                assez adroite et équilibrée encadré son œuvre de grands
religion et qu’on l’avait dès lors recouverte d’un toit de               chênes aux pieds desquels paissent des vaches et un
tuiles, cette hypothèse doit être revue aujourd’hui au                   cheval blanc, évoquant ainsi la terre d’élevage du haut
regard de ce document puisque la toiture initiale était                  bocage. Les personnages du premier et du second plan
encore là à la veille de la Révolution. En revanche il                   qui sont certainement les la Forest d’Armaillé, proprié-
est plutôt envisageable que cette partie comme la pré-                   taires des lieux, nous renseignent par leurs tenues vesti-
cédente fut en partie détruite lors du tremblement de                    mentaires sur l’époque, il s’agit bien de costumes portés
terre de 1799 et/ ou lors de l’incendie de 1794.                         à la veille de la Révolution, il en va de même de la petite
    À l’arrière de l’aile Nord, on distingue la partie dite              voiture hippomobile, sorte de phaéton en vogue à par-
XVème que l’on trouve aujourd’hui à gauche en entrant                    tir des années 1780 formé d’une petite caisse courbe
dans la cour. Il s’agit d’un ensemble flanqué de quatre                  munie d’un seul siège pour deux personnes et conduite
tours aux angles (il en subsiste deux côté cour, les autres              pour la promenade par son propriétaire, tandis qu’une
ont disparu), elles sont toutes coiffées d’une toiture                   domestique en coiffe se tient debout à l’arrière et qu’un
conique. Quant au pavillon encadré par ces tours, il est                 valet semble les escorter portant un étendard. Au pre-
orné d’un genre d’oculus et sommé d’une croix- s’agit-il                 mier plan, complétant cette scène de genre un peu pré-
d’une chapelle ? C’est possible. Lors de sa visite sur le                cieuse, deux femmes et un couple en tenues élégantes
site en 1810, Poëy d’Avant avait évoqué « un pavillon                    conversent tandis qu’un jeune laquais abrite ce dernier
flanqué de tours nommé le pavillon de Renaud », sans                     sous un ombrellino. Un autre détail stylistique permet
doute s’agit-il de cet édifice qui, construit au XVème,                  de dater aisément cette œuvre : il s’agit du muret cou-
succéda au « vieux château » qui aurait été construit par                vert de lierre du tout premier plan dans la veine « rui-
Renaud du Puy du Fou, premier du nom ; le pavillon                       niste » alors très en vogue.
fut peut être érigé avec des matériaux de réemploi pro-                      En conclusion, voici comment la mise à jour d’un
venant de l’ancien château, d’où le nom qu’on lui attribua.              petit dessin aquarellé peut résoudre les questions qu’his-
    On distingue enfin en arrière plan ce qui devait être                toriens et érudits se sont posées pendant deux siècles !
                                                                                                                              C. V.


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Nos Sélections

                Poésie


     Ailleurs, muses d’ici,               Quand l’auteur prend sa plume, ce sont des
     Anne Plissonneau                 tranches de vie qui partent en bulles, qui s’élèvent
     Publibook, 40 p., 10 €
                                      avec la légèreté de la plume dans une grande agilité
                                      et une belle élégance de l’esprit. Une limpidité qui
                                      se charge, au fil des mots, d’une certaine conscience
                                      d’être, avec ses tendresses et ses douleurs, jouant des
          La pensée fait ses gammes   rythmes et d’une émouvante musicalité.
          Et les doigts impatients
          s’agitent sous la plume.»                                      Alain Perrocheau



                                          Deux recueils de Bernard Grasset nous régalent
     Contrepoint                      pour ce printemps 2010. Avec Contrepoints, inspiré
     Bernard Grasset                  des peintres et des musiciens, les lignes mélodiques
     Éditions de l’Atlantique,12 €    se superposent en harmonie dans une rythmique
                                      cadrée mais naturelle, comme une eau dans le lit de
                                      son ruisseau, murmurant la vie et jouant les sens qui
                                      s’éveillent.
                                                              Le chandelier vert
                                                              A trois branches
                                                              Eclaire les cimes.
                                                              La fontaine murmure
                                                              Le retour à la paix
                                                              L’infini soudain délivre.

                                         Dans Liturgie, la prosodie très proche du clas-
     Liturgie                         sique, mais libérée de toute convention, délivre un
     La Grande Ourse                  univers poétique qui s’auréole de mystère et peut-
     Bernard Grasset                  être de sacré.
     Éditions de l’Atlantique, 16 €      Les années passent, les années de lierre-vie
                                         Amour et semis laissent la trace d’un cri
                                         Le temps, l’éternité, signe de tragédie.
                                                                                      A. P.

     7 Femmes                              Des mots qui s’agencent, parfois dans un désordre
                                      apparent, dont la portée peut paraître malaisée à sai-
     Séverine Mahé, textes
                                      sir, mais qui transpirent toujours, à la longue, au
     Elackim Terbal, photographies    bout des nombreux pas que suscite la marche des
     SOC & FOC, 48 p., 12 €           mots, l’émotion d’une féminité. Les superbes pho-
                                      tographies d’Elackim Terbal font miroir aux poèmes
                                      et y ajoutent les singularités de ces 7 femmes.
                                                                    sans regards
                                       avoir un espace vierge       un abri
                                       un local anonyme             pour s’entraîner avec soi
                                       où le je arrive sans détour à être
                                                                    avec
                                                                    les autres.
                                                                                         A. P.




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Les Îles impossibles                                   Tisser les mots avec une infinie minutie jusqu’à
                                                    retrouver la trame de l’amour au travers des rêves
ou                                                  aussi bien qu’au travers des éléments du quotidien,
de l’autre côté du Fleuve                           pour atteindre l’essence même de la lumière. Entre
Monique Guibert-Bécot                               pudeur et convoitise apaisée s’écoulent
The Book, 92 p., 15 €
                                                            Juste quelques mots en voyage
                                                            Qui se posent incidemment sur le gris de la vie
                                                            Et me laisse en oubli
                                                            Ces quelques lignes sur la page.
                                                                                                      A. P.


Le petit moulin de Châtauneuf                       sens et des sous-entendus, parfois difficiles à déchif-
                                                    frer, parfois un peu répétitifs. Le recueil s’illustre de
Andrée Boivin                                       jolies photos qui ajoutent à la malice de l’ensemble.

   Utilisant une technique qui                      E-vie-d’amant qu’ON est toujours en quête de V-en-T
confère au recueil un certain                       avec D de-moi-z’elles descend-dans très bas.
humour, l’auteur utilise la calligra-               Mais le M-eu-nier, qui sait que du vent vient du couche-en,
phie pour souligner des doubles                     dit : «Elle ramasse une poule, La Pierre !»
                                                                                                          A. P.

Quand les déesses                                   revisitée, et ceux d’une prosodie classique où les
étaient celtes                                      rimes et les formes fixes comme le sonnet reprennent
Françoise Bidois                                    leurs pleins droits. Quelques dessins aux formes et
Francebiche, 42 p., 15 €                            aux couleurs naïves accompagnent l’ensemble.

   Ce recueil réalise une heureuse                  Couronnement serein de ta dextérité
alchimie entre des espaces légen-                   Car il sera toujours pour toi grande importance
daires, ceux de la mythologie celte, heureusement   De ménager les lois et garder l’abondance.      A. P.




Premiers pas                                           Bernard Thouzeau nous présente deux livres de
                                                    poésie, non illustrés, dont la lecture nous captive
Bernard Thouzeau                                    peu à peu.
Publibureau, 72 p., 12 €
                                                       Premiers pas nous révèle un être sensible et qui a
                                                    besoin de livrer ses émotions au fil des jours, ses 66
                                                    poèmes sont variés.

                                                        Ouverture est différent, il affirme qu’il est néces-
Ouverture                                           saire de se comprendre soi-même pour mieux
Bernard Thouzeau                                    côtoyer les autres.
Publibureau, 66 p., 12 €
                                                        Au fil des pages il se dévoile, c’est une lecture qui
                                                    vous entraîne ainsi dans une certaine nostalgie bien
                                                    élaborée.                          Anny Launay



   Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010                                                                     27
Nouvelles
                                                             Noirmoutier, traître à Londres et triomphant en
                                                             Vendée, Arlequin jettera peut-être un jour sa plume
                                                             à Capoue pour que les délices l’emportent sur la tra-
     Amours, délices                                         gédie.
     et tragédies                                               Plurielles, colorées, suaves, épicées, décidées
     Bernard Brunelière                                      sont tour à tour ses amours ; contrariées toujours.
     Durand-Peyroles, 138 p., 15€                            Le chant des sirènes, douce mélopée, sourde com-
                                                             plainte ou incantation sauvage, nous vient du large
         Félon à Rhodes, sanguinaire à la Guadeloupe,        et des îles de la tentation. Notre chantre lui fait
     infidèle à Madagascar, en cage à Nantes ou pour         écho, barde inspiré ou malicieux troubadour. J. R.

     Aigues-Marines                                          courtes, parfois très libres, toujours aussi extraordi-
     Christoph Chabirand                                     naires, qui vous donnent le sentiment qu’elles ont
     Orphie, 160 p.                                          été vécues, que ce sont des confidences...
                                                                C’est aussi la description du monde très coloré
        Le second livre de Christoph                         de La Réunion, à découvrir ou à retrouver, une île
     est de la même veine que le pre-                        française exotique, mythique, magique, tragique,
     mier. Un style toujours aussi                           épique...
     alerte pour des histoires, souvent                         ...idyllique.                                  J. R.


     Internet et Net                                         tance majeure. De l’ensemble, ressort une histoire
     Françoise Bidois                                        le Journal d’une rupture, rencontre insolite et pour-
     Édilivres, 128 p., 14 €                                 tant de plus en plus moderne par le biais d’Internet.
        Un livre qui porte le sous-titre                     C’est l’occasion d’utiliser divers types de messages :
     de Contes et nouvelles, et où le                        le courriel, la lettre traditionnelle, le récit classique
     thème de la rencontre, la décou-                        et même le poème. Ils peuvent tous mener au tra-
     verte de l’autre, est d’une impor-                      gique.                                               A. P.


     Les Nouvelles Pierres                                   le même. Ce sont des histoires de la vie ordinaire,
                                                             souriantes, grinçantes, voire tragiques, comme les
     de Sucre
                                                             femmes (seulement ?) s’en racontent en prenant une
     Régine Albert
                                                             tasse de café. Elles nous emmènent de Vendée en
     Écho-Optique, 128 p., 14 €
                                                             Russie, jusque sur les routes du Laos. Elles sonnent
        Régine Albert nous avait donné                       juste. On y entend des tournures du pays. On voit
     Les Pierres de Sucre, il y a 20 ans :                   passer la silhouette de tante Madeleine. Des instants
     un recueil de nouvelles que les lecteurs de l’ouest     glanés au fil des jours. Nul doute que ces « Nou-
     avaient dégustées sans modération. Voici qu’elle        velles Pierres » devraient adoucir encore nos potions
     nous revient avec Les Nouvelles Pierres. Le ton est     quelquefois amères. (Préface de Gilbert Prouteau)
                                                                                                      Y. V.

             Jeunesse


     Une vie de chien                                        seuls mais vous invitent à partager les heures heu-
                                                             reuses qu’il égrènent ensemble. Les mots, les phrases
     ...Heureux
                                                             et les dessins s’harmonisent tout naturellement et
     Raynaldine Ridel
                                                             transmettront leur quiétude à nos jeunes lecteurs
     Éditions de l’officine, 38 p., 12.50 €
                                                             qui auront bien de la chance s’ils peuvent se les faire
        Raynaldine Ridel nous offre son troisième            lire par leurs grands-parents le soir pour s’endormir
     recueil, à l’image des précédents, dans la douceur de   ou les matins de vacances pour se lever du bon pied !
     sa vie quotidienne et de celle de son chien. Ils sont                                                     J. R.


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Jeunesse (suite)
                                                               dans un lieu très connu, une petite histoire pour un
                                                               clan de tout jeunes enfants qui découvrent ce lieu,
     Le secret                                                 son histoire, ses héros et y démasquent de méchants
     de la Chabotterie                                         trouble-fête aux allures patibulaires.
     Françis Bergeron                                              Cela fonctionne très bien et participe à la noto-
     Éditions du Triomphe, 96 p., 12 €                         riété de nos sites touristiques. Bienvenue donc au
                                                               clan des Bordesoulles qui, après la plage de Boisvi-
         Le secret de Françis Bergeron,                        net, visite cette année la Chabotterie. Pour les tout
     c’est de monter une petite histoire                       jeunes.                                         J. R.


     Sang et Or                                                Monsieur Henri, héros mythique du soulèvement
                                                               et modèle idéal d’une jeunesse exaltée et ivre d’hé-
     Henry Bourgenay                                           roïsme. Panache, grandeur d’âme, nobles senti-
     Éditions de la Licorne, 260 p., 12 €                      ments, espoirs insensés et accablements dans l’hor-
                                                               reur et la défaite accompagnent les héros du Bocage
                                                               Vendéen à Nantes et au Parc Soubise, en passant par
        Publié en 1954 dans la célèbre                         Londres.
     collection Signe de Piste, le roman                          Un dossier et une chronologie complètent ce
     de jeunesse d’Henri Bourgenay,                            roman plein d’allant et de beaux sentiments où l’on
     reparaît dans une nouvelle édition, avec une préface      ne cherchera évidemment pas les éclairages plus
     de Dominique Souchet. La préface originelle était         récents d’une Histoire mieux comprise, ni l’objecti-
     signée de Louis Chaigne. C’est l’histoire romancée        vité la plus parfaite. Belles illustrations d’un artiste
     d’une bande de jeunes, volontaires dans les troupes       vendéen, Bernard Dufossé. Dominique Souchet
     insurgées contre les Bleus.                               insiste justement sur le pardon des Vendéens qui n’a
        Ils combattent avec fougue sur les traces de           rien à voir avec l’oubli.                  G. B.


     William POIRE 4,                                          fin de livre, quelques explications sur la genèse de
     Le retour                                                 cette aventure qui fait la joie de tous les potaches.
                                                                  C’est en fait un style et un esprit parfaitement
     Jean-Claude Lumet                                         adaptés au sujet, ce qui ne surprendra pas chez un
     Éditions du Petit Pavé., 300 p., 18 €                     professeur devenu, comme son héros, l’amuseur
        Déjà, l’auteur est enthousiaste,                       n° 1 de ses congénères en son lycée.
     et communicatif. Les fans vont se                            Les fauves sont lâchés, la piste, ouverte, laissez
     précipiter pour une petite resucée                        fuser les rires, le clown n’est pas triste.       J. R.
     des exploits de William et avoir, en


          Régionalisme

     Nicolas Haxo                                              lièvre dans son gîte, en mars 1794, aux Clouzeaux, près
     Yannick Guillou                                           de La Roche-sur-Yon. Mais il ne recevra pas à temps
     Édisto, 292 p., 21 €                                      l’aide de Turreau, autre général (qui, lui, se déshon-
                                                               norera en devenant tueur de femmes et d’enfants avec
        C’est un Vosgien, du même pays                         les Colonnes infernales). Du coup, le piège se referme
     qu’Haxo, qui a écrit cette biogra-                        sur le soldat vosgien qui tombera héroïquement, en un
     phie sur le plus populaire des géné-                      singulier combat contre des Vendéens de la troupe du
     raux Bleus durant la première guerre                      général Joly, aussi redoutable que Charette. Ce dernier,
     de Vendée. Mais Yann Prouillet sait                       qui n’aimait pas Joly et qui estimait Haxo comme un
     se montrer sans parti-pris sur l’histoire de ce soldat    adversaire à sa mesure, aura ces mots: c’est bien dom-
     de la République tué aux Clouzeaux, dont la légende       mage d’avoit tué un si brave homme.
     se mêle à celle de Charette. Car le général Nicolas           C’est la première vraie biographie sur Haxo. Écrite
     Haxo, qui a gagné son grade lors du terrible siège de     avec soin et style, elle constitue un document de pre-
     Mayence, poursuit le général blanc depuis plusieurs       mier choix dans la prolifique histoire littéraire consa-
     mois, à Bouin, Noirmoutier, Machecoul, Touvois            crée aux Guerres de Vendée.
     Palluau et Beaulieu-sous-La-Roche. Et il croit tenir le                                      Philippe Gilbert


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La Rochejacquelein                                         la duchesse de Berry, dépasse ici l’image sublimée de
                                                           l’archange de la Durbelière.
Thérèse Rouchette                                              Henri de la Rochejaquelein est d’abord un fidèle
Éditions CVRH, 128 p.,15€                                  qui voit s’écrouler autour de lui le monde des certi-
                                                           tudes : Dieu, l’honneur, le Roi. Comme bien d’autres
                                                           chefs vendéens, les paysans le supplient de se mettre à
                                                           leur tête, le 2 avril 1793. C’est d’abord le temps flam-
                                                           boyant des victoires: Les Aubiers, Cholet, Thouars,
    Monsieur Henri est sans conteste                       Saumur... Puis les défaites et l’anéantissement, la mort
l’icône des guerres de Vendée. Jeune,                      à Nuaillé le 28 janvier 1794.
beau, intrépide, généralissime à 21                            Ce nouvel ouvrage de la collection Les indispen-
ans, tué quelques mois après, au retour de l’épou-         sables, richement illustré, explique aussi pourquoi la
vantable Virée de galerne, il fut l’exceptionnel meneur    figure du jeune héros survit tout particulièrement dans
d’hommes d’un combat juste et désespéré. Thérèse           l’Histoire. Qui sait ce qu’il serait devenu ? s’est demandé
Rouchette, auteure des biographies de Charette et de       Napoléon.                                      G. B.


La petite Maraîchine                                       histoire qui ressemble à un témoignage. Le récit de
                                                           l’amour d’une petite fille pour ses grands parents et
Régine Pelloquin                                           pour le pays maraîchin auquel elle demeure telle-
Éditions Geste, 375 p., 22 €                               ment attachée. Un livre fait de mots simples, ceux
                                                           du langage de tous les jours et qui viennent directe-
                                                           ment du cœur.
                                                              Régine Pelloquin a vécu enfance et adolescence
   Bien que les noms des person-                           dans uns ferme familiale du Marais de Monts. Bien
nages et des lieux soient pour la                          que très attachée à la vie rurale, elle quitte à 19 ans
plupart inventés, pour préserver l’anonymat de ceux        son marais natal pour devenir une... Vendéenne de
qui ont inspiré son roman, Régine Pelloquin nous           Paris. Aujourd’hui, elle exerce la fonction d’assis-
assure que l’histoire qu’elle raconte est vraie. Une       tante dans une petite société.                    J. B.



Expressions maraîchines                                       Nouvelle édition de ces expressions maraîchines
                                                           hautes en couleur. Présentées dans l’ordre alpha-
Jean-Claude Pelloquin
                                                           bétique du mot principal, elles se lisent comme de
Éditions Geste, 368 p., 16 €                               petites histoires, très courtes ; autant d’évocations
                                                           savoureuses de la vie maraîchine.

                                                              jhàu     saréiz vous poules, mun jhàu ét d’épave.
                                                                       ou : le jhàu at chiai den l’échuéle.
                                                               (le jhàu est un coq, pour le reste, explication chez
                                                           l’auteur, ou dans toutes les bonnes bourines).       J. R.

Trains de vie
Gérard Glameau                                             bout de quelques années d’une maisonnette à une
Éditions Geste, 178 p., 22 €
                                                           autre maisonnette. Toutes pareilles, avec les bar-
                                                           rières, la salle d’attente, le logement et le jardin sur
                                                           la pente du talus des voies.
    L’histoire d’un fils de cheminot                           Gérard Glameau raconte ainsi avec beaucoup
qui voulait être cheminot et qui a                         de sensibilité le voyage initiatique de son enfance,
fini par être enseignant, poète et                         depuis La Mothe-Achard jusqu’à Donges, en pas-
écrivain... Les trains, donc, traversent toute sa vie et   sant par le Maine-et-Loire et... Aizenay où il a
ses souvenirs émergent dans les cahots des voitures        décidé de poser ses bagages et de servir le livre avec
de troisième classe et plus tard, beaucoup plus tard,      une passion très organisée. Les petites gares rurales
dans le confort ouaté d’un TGV qui flirte avec la          de son enfance ne voient plus passer les trains. Elles
Loire.                                                     demeurent pourtant bien présentes dans nos pay-
    Comme les curés et les facteurs, les chefs de gare     sages, comme un signal familier qui rappelle encore
et leur famille étaient des nomades, déménageant au        les douceurs et les duretés des années cinquante.
                                                                                                     G. B.
                                                       .

   Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010                                                                            31
Régionalisme (suite)                                        Très beau livre que ce Fontenay-le-Comte. Un
                                                                 guide bien conçu, bien présenté ; juste ce qu’il faut
                                                                 de texte, mais le texte qu’il faut, de très belles photos,
     Fontenay-le-Comte                                           même si Serge Bauchet pourrait trouver à redire sur
                                                                 quelques verticales plutôt obliques, un documenta-
     ville Renaissance                                           tion fouillée et choisie font de ce livre un livre d’art
     Robert Aujard                                               et de culture. Les Vendéens vont pouvoir revisiter leur
     François-Xavier Grelet                                      ancienne capitale, redécouvrir tous ses trésors, et peut-
     Geste, 176 p., 25 €                                         être décider d’y revenir... un peu plus que le temps de
                                                                 la lecture.                                          J. R.


     Le Bois de la Chaise                                        créé le Bois, les architectes des premières maisons
     Le petit Éden de l’île de Noirmoutier                       balnéaires, les grands artistes, peintres et écrivains
                                                                 qui ont fréquenté les lieux, pour en arriver à l’âge
     Patrick de Villepin
                                                                 d’or des villas et à l’essor balnéaire. Tous les chalets
     avec la collaboration de                                    y sont décrits avec leur histoire, tous les proprié-
     Marine Mondelot et                                          taires y sont présentés avec leurs familles, les temps
     Henri Tillette de Clermont-Tonnerre                         de guerre, de paix, de dévastations naturelles, de
     Vendée-Patrimoine, tomes I et II, 740 pages                 protection des sites. C’est un travail considérable
                                                                 illustré de nombreuses photos souvent inédites et de
         Voilà un livre qui fera date dans l’histoire de l’île   reproductions des peintures que le Bois a inspirées
     de Noirmoutier. A l’initiative de l’Association pour        aux artistes.
     la Protection du Bois de la Chaise, Patrick de Ville-           C’est l’histoire culturelle, sociale, économique et
     pin, docteur en histoire, s’est attaché à l’histoire de     touristique de ce bout de l’île, c’est l’envoûtement de
     ce site idyllique de l’île et en a fait un grand-oeuvre.    ce Bois de la Chaise que l’auteur décrit avec passion.
     Partant des druides et de leur légende, des grandes         C’est un ouvrage de référence pour les chercheurs
     figures comme Saint-Philbert et les trois Jacobsen, il      et les historiens, c’est un ouvrage de rêve pour les
     présente les pionniers et les vieilles familles qui ont     amoureux de ce petit paradis.
                                                                                                    Claude Mercier



     Guide de la Vendée pro-                                     mine, La Chaume, etc... Avec d’intéressants élé-
                                                                 ments historiques concernant la réforme en Bas-Poi-
     testante
                                                                 tou, les Guerres de Religion, les protestants dans la
     Poitou Saintonge Protestant
                                                                 Vendée Militaire et une «plongée» de 400 ans dans
     Éditions Geste,64 p.,15€
                                                                 des lieux chargés d’Histoire. Une mise en page dy-
                                                                 namique et de nombreuses illustrations.
     Pour découvrir le patrimoine pro-                           Les amateurs d’Histoire régionale, quelle que soit
     testant de la Vendée, à travers 12                          leur confession, apprécieront.
     balades : Mouchamps, Moncoutant, Sainte-Her-                                                                J. B.



     La Vendée d’Antan                                           Société d’histoire du pays challandais ont mis à dispo-
                                                                 sition leurs précieux fonds iconographiques. L’ouvrage
     Nathalie Barbe                                              fait la part belle au littoral et aux villes, négligeant
     HC éditions, 144 p., 28.50 €                                quelque peu la vie des campagnes, largement prépon-
                                                                 dérantes à cette époque. Mais certainement beaucoup
         Les albums de cartes postales                           moins photographiées...
     anciennes sont légion et souvent                                Chose rare - et donc remarquable - dans ce genre
     sans grande valeur ajoutée... Ils satis-                    d’ouvrage, le texte de Nathalie Barbe, journaliste et
     font les collectionneurs et les nostalgiques. On a plai-    Sablaise d’adoption, agréable à lire et très documenté,
     sir à saluer ce très bel ouvrage dense et joliment mis en   apporte des explications et des commentaires, une
     page. Il explore la vie quotidienne au début du XXème       mise en perspective très intéressante. Un joli cadeau
     siècle sur les côtes, dans les villes et les campagnes      et une belle occasion de regarder et de comprendre, au
     vendéennes. Les archives municipales des Sables-            fil des visites, ce qui a changé en un siècle dans notre
     d’Olonne, le musée de l’abbaye Sainte-Croix et la           Vendée.                                    G. B.


32                                                                                    Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010
La Vengeance                                                                                                                                                                                                      ditions, les mêmes comportements et le même art
     en héritage                                                                                                                                                                                                       de vivre ensemble dans la quiétude des villages. A
     Catherine Girard-Augry                                                                                                                                                                                            Montvallon, celle-ci est vite troublée par l’assassi-
                                                                                                                                                                                                                       nat sauvage d’Audrey, puis par un second meurtre
     L’HARMATTAN, 254 p., 24.50 €
                                                                                                                                                                                                                       étrangement semblable au premier.
                                                                                                                                                                                                                                Catherine Girard-Augry mène avec talent
                                                                                                                                                                                                                       enquête policière et introspection, sur fond de
                                                                                                                                                                                                                       vieilles querelles de famille et de superstitions. Des
        Ce roman policier et rural se                                                                                                                                                                                  longueurs, parfois inutiles, étirent un peu trop ce
     déroule dans les Mauges, un pays                                                                                                                                                                                  bon polar qui aurait sans doute gagné à plus de ner-
     tout proche de la Vendée, habité par les mêmes tra-                                                                                                                                                               vosité.                                   G. B.




     Petit dictionnaire sentimental                                                                                                                                                                                    l’inattendu, ce petit dictionnaire est à l’image de son
                                                                                                                                                                                                                       concepteur : il allie humour, efficacité et indignation.
     & fantaisiste                                                                                                                                                                                                     Très britannique, bien que l’Anglais ait longtemps été
     des Sables d’Olonne                                                                                                                                                                                               l’ennemi héréditaire des Sablais, Brossard relève avec
     Michel Brossard                                                                                         Michel
                                                                                                            Brossard                                                                     Michel Brossard               un sourire en coin les petits travers, souvent sympa-
                                                                                                                                                                                                                       thiques, de ses concitoyens. Sous un format réduit,
                                                                                                              Petit Dictionnaire sentimental et fantaisiste Des sables D’olonne




                                                                                                                                                                                     Petit dictionnaire
     Beaupré, 216 p., 15 €                                                                                                                                                                 sentimental
                                                                                                                                                                                          & fantaisiste
                                                                                                                                                                                  des Sables d’Olonne
                                                                                                                                                                                                                       il accumule une encyclopédie de renseignements et
        Sentimental parce que son
                            D
                                      ans son Petit dictionnaire sentimental et fantaisiste des Sables
                                      d’Olonne, Michel Brossard nous révèle des lieux mythiques ou
                                      secrets, des personnages célèbres ou inconnus, des adresses
                               rares et des recettes locales, des souvenirs de plage et de Remblai.
                                                                                                                                                                                                                       d’anecdotes. Sortant de sa réserve habituelle, il pousse
     auteur, très impliqué dans la vie                                                                                                                                                                                 des coups de gueule contre les prédateurs qui s’achar-
                               Dans son univers sablais, de l’Artémis à Xynthia, du Festival Simenon au
                               Vendée Globe, du Pierrot au Grand Café de la Plage, le lecteur vogue de
                               mot en mot, de venelles en ruelles, de drames en fêtes, de femmes du
                               monde en aventurières, de peintres en romanciers, de terrasses de cafés
                               en jardins d’hôtels, de grands trois-mâts en yachts d’artistes. Des lieux




                                                                                                                                                                                                                       nent depuis des décennies à défigurer un patrimoine
                               disparus - le Casino des Bains de mer, le Royal Palace Hôtel - rouvrent




     associative olonnaise, est un amou-
                               mystérieusement leurs portes. L’ombre de Maigret se découpe sur les
                               façades des villas du Remblai. Alfred de Musset réclame un quai à son
                               nom. Nina d’Asty édifie une luxueuse villa à la Pironnière. Cela fourmille
                               de personnages, cela vibre de couleurs et de poésie, cela claque parfois
                               comme un sabot You-You sur le pavé du port, cela coule comme les
                               jours heureux de notre jeunesse sur la « plus belle plage d’Europe ».




     reux de sa ville, fantaisiste parce
                               Auteur vendéen, Michel Brossard a écrit en 2008 un ouvrage sur « Les
                               Maisons d’Armateurs des Sables d’Olonne ». Il préside l’Association
                               pour la Protection du Patrimoine du Pays d’Olonne.

                               Couverture : Plage des Sables d’Olonne            Prix : 15 €   TTC France
                                                                                                                                                                                                                       séculaire. Un livre distrayant qui donne à réfléchir.
                                                                                                                                                                                                                                                         Michel Chamard
                               au remblai quadrillé, 1933, par Albert Marquet.




     que sa centaine de notules relève de
                               Collection Musée de la Ville de Poitiers          ISBN : 978-2-919154-00-5
                               et de la Société des Antiquaires de l’Ouest.
                               © Adagp, Paris 2010                                                           Editions
                               © Musée de Poitiers, Christian Vrignaud                                      de Beaupré
                                                                                                                                                                                                 Editions de Beaupré




              Voyages
                                                                                                                                                                                                                       l’aventure démarre avec la mort d’un rebelle dans une
                                                                                                                                                                                                                       fusillade et nous entraîne avec une étonnante aisance
                                                                                                                                                                                                                       sur les hauteurs des Andes. Le chassé-croisé entre plu-
     Les amants                                                                                                                                                                                                        sieurs personnages est intense, notamment entre le très
                                                                                                                                                                                                                       intéressant colonel Diaz et Paméla la veuve du rebelle,
     de Pachacamac                                                                                                                                                                                                     celle qui ne voulait que rechercher ses racines péru-
     Jean-Michel Adrien                                                                                                                                                                                                viennes et se retrouve en danger de mort.
     Thélès, 208 p., 15.80 €                                                                                                                                                                                               Jean-Michel Adrien a reçu le Prix Corto Maltese
                                                                                                                                                                                                                       pour son premier livre, on est en droit d’attendre avec
        Philippe Gilbert l’écrit dans                                                                                                                                                                                  une grosse curiosité la sortie de son prochain livre pour
     « Ouest-France », ce livre est une splendeur, d’une                                                                                                                                                               voir se confirmer un réel talent de romancier, ajoute
     plume nerveuse, inspirée. Construite comme un polar,                                                                                                                                                              Philippe Gilbert.


     Escales, raids
                                                                                                                                                                                                                       d’autres pays. Ces carnets de route professionnels
     et Missions                                                                                                                                                                                                       informent sur le travail des agronomes globe-trot-
     Jacques Arrignon                                                                                                                                                                                                  ters, experts internationaux qui planchent sur les
     Édilivre, 335 p., 20 €                                                                                                                                                                                            rivières à saumons, l’élevage des poules ou celui de
                                                                                                                                                                                                                       l’écrevisse en Nouvelle-Calédonie.
         Après avoir narré son par-                                                                                                                                                                                        Davantage que les descriptions touristiques ou
     cours d’ingénieur forestier, Des                                                                                                                                                                                  les avatars personnels de ces voyages au long cours,
     volcans malgaches aux oueds algé-                                                                                                                                                                                 on s’intéressera aux rencontres inattendues avec les
     riens, Jacques Arrignon, auteur aussi d’Une enfance                                                                                                                                                               populations locales et les anecdotes, parfois saugre-
     vendéenne, du côté de Mareuil-sur-Lay, raconte                                                                                                                                                                    nues, qui émaillent les savantes conversations des
     ici quelques-uns de ses souvenirs de missions. Il                                                                                                                                                                 très sérieux groupes d’experts. Jacques Arrignon par-
     emmène ses lecteurs de façon très personnelle en                                                                                                                                                                  tage ce qu’il y a a pour lui de plus précieux dans les
     Israël, au Québec et à Terre-Neuve, en Iran, en Côte                                                                                                                                                              voyages : les sensations et les émotions du moment.
     d’Ivoire, en Argentine et en Chine. Et dans bien                                                                                                                                                                                                           G. B.



33      Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010                                                                                                                                                                                                                                 33
Vous aviez Clochemerle, vous aurez le bourg de
                                                Policiers                                                                                                                                                                                                                                                                                          Sidonie, quelque part en Vendée ou ailleurs, son chat,
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   son maire, ses sœurs, avec une enquête policière et une
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   intrigue amoureuse. Tout cela pour un bout de gras,
                   Sidonie                                                                                                                                                                                                                                                                                                                         un bout de terrain qui déchaînent les convoitises et
                   Joseph Violleau                                                                                                                                                                                                                                                                                                                 révèlent les mœurs et les comportements à l’échelle
                   Éditions Almathée, 82 p., 10 €                                                                                                                                                                                                                                                                                                  d’un village.
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                      L’auteur promet d’autre tomes, et un suspense de
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   plus en plus exaltant. Je tremble pour Sidonie ! J’espère
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   qu’il ne la malmènera pas trop !                    J. R.


               Code Stéphane                                                                                                                                                                                                                                                                                                                       Stéphane et demandent une Stéphane ou Stéphanie
                                                                                                                                                                                                                                           Pierre Deberdt
                                                                                                                                                                                                                                                                                                  Pierre Deberdt
                                                                                                                                         Pierre Deberdt est né à Charleville. Son père                                                                                                                  Roman
                                                                                                                                     était Flamand, sa mère Wallonne. Jeune, il a été




                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   Leguen, les choses se compliquent. Qui est vraiment
                                                                                                                                     marqué par l’atmosphère de la forêt ardennaise

                                                                                                                                                                                                                                                                                         Code Stéphane
               Pierre Deberdt
                                                                                                                                     et la chaleur de la vie dans le Nord de la France.
                                                                                                                                     Admirateur des peintres impressionnistes et
                                                                                                                                     amateur de jazz, il est, depuis 37 ans, vétérinaire
                                                                                                                                     en Vendée, au Poiré-sur-Vie. Un métier qu’il a
                                                                                                                                     choisi par amour de la science, de la nature et



                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   Stéphane ? Le mariage a bien lieu. Mais Jérôme va
                                                                                                                                     des animaux.




               Éditions Les Chantuseries, 272 p., 22 €
                                                                                                                                                                                                                                         Code Stéphane




                                                                                                         Qui est Stéphane ? Les indices s’accumulent. Un cheveu trouvé,
                                                                                                      un livre emprunté, le mystère d’une suite mathématique... Lorsque


                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   mener son enquête, qui va le conduire jusque dans
                                                                                                      Jérôme aura percé ce mystère, il suivra son intuition, malgré les mises
                                                                                                      en garde de ses amis, de la police.
                                                                                                         Code Stéphane est le roman de l’inattendu dans la vie. L’inattendu
                                                                                                      dans la découverte de l’autre. C’est aussi un touchant roman d’amour



                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   la Creuse profonde, à la recherche des secrets intimes
                                                                                                      où les personnages se cherchent depuis l’île d’Yeu et Challans, Nantes,
                                                                                                      la Bretagne et les forêts de la Creuse. Rien ne les arrêtera. Heureuse-
                                                                                                      ment, Bastet veille.
                                                                                                                                                                                             Photo de couverture : © Georges Vrignaud




                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   qui meuvent les êtres. Ce roman, plein de rebondis-
                                                                                                         Pierre Deberdt dépeint ses personnages avec bonheur et connivence : il les
                                                                                                      aime avec passion et nous les fait aimer, malgré leurs contradictions. Il est aussi
                                                                                                      un peintre de la nature. Il nous fait découvrir les parfums et les couleurs des
                                                                                                                                                                                                                                              Éditions Les Chantuseries




                                                                                                      sous-bois en hiver, quand l’essence des arbres devient l’essence de la vie.




                   Jérome embarque à Fromentine
                                                                                                                                                                      Bertrand Illegems




                                                                                L’omISBN : 978-2-9535472-0-7
                                                                                                                                                                              Prix : 18 €                                                                                                        Éditions Les Chantuseries

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   sements, est une belle et émouvante enquête au cœur
               sur le bateau pour l’île d’Yeu où                              que bre c
                                                                                            B
                                                                                              h
                                                                             disti signe inoise
                                                                           Apr lle la fa ertran est le
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   des hommes. Parlant de rebondissements, une chatte,
               il va assister au mariage de son amie, la pulpeuse        jou ès tren ntaisie d Illeg quatr
                                                                       rég
                                                                              rna
                                                                            io list
                                                                                          te-c
                                                                                                inq dans
                                                                     l’éc nale, e dan anné le genr n rom man
                                                                                                                 em       iè
                                                                                                                      s. U me r
                                                                                                                                 o                                                                                                                                                                                                                 Bastet y joue un rôle non négligeable. On n’oublie pas
                                                                                                                                                                                                                                                                          s
                                                                                                                                                                                                                                                                          em




               Catherine, et de Stéphane. Mais quand
                                                                          r                       s                            a
                                                                    dan iture Bertra la p es pas e polar. n qui

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   que Pierre Deberdt est vétérinaire et que la psycholo-
                                                                                                             r
                                                                                                                                                                                                                                                g




                                                                                               n                       s
                                                                   Les s l’édit roman d Ille esse q ées co
                                                                                                                                                                                                                                           Ille




                                                                       C                                   g
                                                                  pou hantu ion av esque ems a uotid mme
                                                                     r les                 ec                       tr      ie

               les gendarmes frappent à la porte de
                                                                                se                        e
                                                                            mo ries, m la cré t théâ ouvé, nne
                                                                                                                                                                                                                                        and




                                      Q
                                 là, a uoi de
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   gie animale n’a pas de secrets pour lui.          Y. V.
                                                                               ts, le       a            ati        tr      d
                                                             Bert                     s im tière à on d ale, p ans
                                                                                                                                                                                                tr




                                      u       p                                                                   e
                               le d x Her lus tran                ra                       age           n
                                                                                                 s et ourrir s éditio uis
                                                                                                                                                                                            Ber




                                    ram     bier     quil                                              les g      sa p      ns                                                                                                                                                                                                  nd
                                        e        s                                                            ens. assio                                                                                                                                                                                                             Ille
                                  Dis éclate. , à la m le qu’u                                                             n                                                                                                                                                                                                              gem
                             yp erde  par it          ais      neon d       m                                                                                                                                                                                                                                                 Rom              s
                                     nt le ions. T                    e re aison d                                                                                                                                                                                                                                                 an
                               C                     r                     trait
                          Les ette his ur latin afics. C                          e de e retrait
                              évén       toir
                            L’om ements e début
                                                   .           abin
                                                                    et se
                                                                                      s pr
                                                                                           être e ? Pou                                                                                                                                                                                  L’om
                                                                                                                                                                            se




                                                                          cret                  s, le       rt
                                                                                                      Bou ant, c’e
                                 bre        s’en       e la                    . Ex
                                                                                                                                                                                                                                                                                                              bre
                                                                                                                                                                      noi




                                      chin chaîn            nuit                                           cho
                                           oise         ent, du 12
                                                                                    plos
                                                                                         ions                    t, qu st
                                                 plan        tam         nov                  . Le
                                                                                                    s en
                                                                                                                      e
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                             chi                            Humour et fantaisie, nous confie Bertrand
                                                                                                                                                                 chi




                                                       e.        bou
                                                                      r ba embre,
                                                                           ttan        en p
                                                                                                         quê
                                                                                                             teur                                                                                                                                                                                                               noi
                                                                                 t.          lein                   s
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                              se
                                                                                                                                                          bre




                                                                                                  e tem
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                        qui s’amuse et nous amuse franchement, en
                   L’ombre chinoise
                                                                                                          pête
                                                                                                               .
                                                                                                                                                     m
                                                                                                                                                 L’o




     ISB
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                       donnant de l’envergure à des personnages et des
                                                                                                                                     aud




        N:
             978

                   Bertrand Illegems
                                                                                                                                     rign




                -2-9
                                                                                                                                 es V




                    535

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                     paysages familiers. Rythme allègre et soutenu pour
                       472
                                                                                                                              eorg




                            -0-7
                                                                                                                            ©G
                                                                                                                          re :




                   Éditions Les Chantuseries,                                                                                                                                                                                                                                                                                                       une enquête éclair. Il ne faut pas se fier aux apparences,
                                                                                                                            tu


                                                                                                                                      ries
                                                                                                                       uver




                                                                                    Prix
                                                                                                                                  tuse
                                                                                                                    de co




                                                                                           : 15
                                                                                                  €
                                                                                                                     to


                                                                                                                                 han
                                                                                                                 Pho




                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   nous lâche encore notre nouvel éditeur, qui peut ainsi
                                                                                                                            es C




                   160 p., 15 €
                                                                                                                          ns L




                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   nous surprendre à chaque page et nous dévoiler les
                                                                                                                        io
                                                                                                                   Édit




                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   dessous de faits-divers que seuls des béotiens attardés
                                                                                                                                                                                                                                        Édit
                                                                                                                                                                                                                                             io                           ns L
                                                                                                                                                                                                                                                                               es C
                                                                                                                                                                                                                                                                                   han
                                                                                                                                                                                                                                                                                      tuse
                                                                                                                                                                                                                                                                                          ries

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   pourraient croire anodins. L’ombre plane !
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                        J. R.


               On ne meurt jamais                                                                                                                                                                                                                                                                                                                  à plusieurs reprises dans un cercle formé par quatre
               par hasard                                                                                                                                                                                                                                                                                                                          couples d’amis et sème la perturbation dans la ville.
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   Derrière une sérénité de façade se cachent bien des
               Jean-Luc Loiret                                                                                                                                                                                                                                                                                                                     passions insoupçonnées. Le style tendre et rythmé
               Éditions Geste, 390 p., 15 €                                                                                                                                                                                                                                                                                                        est émaillé de citations du policier philosophe chargé
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   des investigations. Saura-t-il démêler les fils de cette
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   enquête en allant au-delà des apparences ?
                  Jean-Luc Loiret nous livre un                                                                                                                                                                                                                                                                                                        Premier Prix du salon des arts et des lettres.
               roman policier où la mort s’invite                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                    Eveline Thomer


                   La chute d’un flic poitevin                                                                                                                                                                                                                                                                                                     comme l’enquête. Tout s’enchaîne, nous entraîne et
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   nous captive. Vous n’êtes libéré qu’à la dernière page,
                   Jean-Luc Loiret
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   comme les suspects. votre souffle sera plus long à reve-
                   Éditions Geste, 458 p., 12 €                                                                                                                                                                                                                                                                                                    nir !
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                      Pas de fioritures, tous les mots comptent ; vous les
                  J’ai dévoré le second livre de Jean-                                                                                                                                                                                                                                                                                             scrutez tous, de peur qu’un indice ne vous échappe.
               Luc Noiret. Nul doute qu’il récoltera                                                                                                                                                                                                                                                                                                  Beaucoup d’imagination, de construction et d’in-
               aussi un prix quelque part.                                                                                                                                                                                                                                                                                                         novation pour une série à ne lâcher sans aucun pré-
                  J’ai apprécié le style, rigoureux                                                                                                                                                                                                                                                                                                texte !                                            J. R.



34                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                      Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010
Romans


              L’enfant,                              Patrick Durand-Peyroles est un nouveau venu
              le Verdon                           dans l’édition et dans l’écriture. L’enfance, l’imma-
                                                  ginaire, l’évasion, le merveilleux, tout cela va de pair
              et la Prairie                       et met un peu de fraîcheur dans le cœur.
              Patrick                                Fraîcheur et profondeur, au-delà de l’histoire,
              Durand-Peyroles                     un regard discret et clair sur les événements, les
              La Découvrance, 190 p.,
                                                  croyances et les forces qui jalonnent, ponctuent et
              17 €                                déterminent peut-être nos existences.              J. R.



              William Kassenef                        À l’abordage ! Notre jeune héros mène une double
              et                                  vie, celle de ses rêves, dès qu’il monte au grenier, et
                                                  la vie ordinaire d’un jeune collégien de La Rochelle.
              le vaisseau truqué                      C’est très bien amené, le grenier, avec ses objets
              Patrick                             disparates, hétéroclites, et déjà un monde fantas-
              Durand-Peyroles                     tique. L’imagination de notre gamin s’enflamme
              La Découvrance, 196 p.,
                                                  aussitôt et combat des pirates sanguinaires, sauve sa
              17 €                                sœur ravie, détenue à fond de cale.
                                                      C’est très juste. Il en est peut-être qui n’ont
                                                  qu’une vie, ce ne ne sera pas le cas de William et
                                                  de ses lecteurs ; tans pis pour ceux qui ne savent ni
                                                  voler ni voguer.                                 J. R.



              Les Trois Frères                        Robert Audidier a déjà publié Le voyage de Pierre
                                                  Angibaud et Les sentiers de traverse. Il récidive avec
              Robert Audidier                     ce roman de terroir en temps de guerre sur la ligne
              De Borée, 374 p., 20 €              de démarcation. Justin, Clément, René, trois frères,
                                                  aident des Juifs à passer en zone libre. Et puis va arri-
                                                  ver Marinette, qui va être comme un coin dans la
                                                  fratrie. Lequel préfère-t-elle des trois ? Maupassant
                                                  mêle ses vers nostalgiques à l’intrigue : La grande
                                                  plaine est blanche, immobile et sans voix. Ça se ter-
                                                  mine par : Tu sais…, je ne suis pas venue pour ta mai-
                                                  son. Je suis venue pour toi. De qui s’agit-il ?    Y. V.




              Une bulle                               Stéphane m’a donné son livre et l’article que Sté-
              de verre                            phanie Hourdeau lui a consacré dans Le journal du
                                                  Pays Yonnais. J’ai lu le livre, puis l’article, enthou-
              dans l’or noir                      siaste, comme moi. Notre journaliste se réfère à
              Stéphane Loiseau                    Georges Orwell, Aldous Huxley, René Barjavel,
              Les 2 encres, 242 p., 20 €          Jules Verne, Philippe Ehly et Gattaca ; on peut
                                                  rajouter Candide et Leibniz.
                                                      Certains se contentent béatement du monde qui
                                                  les entoure, d’autres en imagine d’autres, Stéphane
                                                  Loiseau les fait se mélanger, notre monde devient
                                                  fantastique et l’imaginaire rejoint le réel. Tout cela
                                                  aux rythme et style d’un polar bien écrit. Attention,
                                                  vous risquez d’adorer !                    J. R.



35   Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010                                                               35
Romans (suite)                                            Lysia essaie de savoir, de comprendre. C’est l’histoire
                                                                  d’une attente, pleine de sombres pressentiments. Un
     Une longue absence                                           jeune et lumineux commissaire cherche la vérité.
                                                                  Lysia suit son intuition, même lorsque cela semble
     Éveline Thomer
                                                                  déraisonnable et dangereux. Les paysages, décrits
     Geste, 240 p., 19€
                                                                  avec minutie, justesse et sensualité, composent une
                                                                  atmosphère où elle perçoit des messages. La nature
         Dès la première page, on est en                          et le temps sont des personnages, très présents, qui
     plein mystère, en plein suspense :                           entretiennent le suspense. Une histoire d’amour se
     où est le père de Lysia, de Marion                           mêle à cette recherche. Les mystères trouvent leur
     et de Louis, disparu il y a dix ans                          explication alors que les sentiments les plus contra-
     sans laisser le moindre indice ? Qui est cet inquié-         dictoires atteignent leur paroxysme.
     tant voisin solitaire sur le compte duquel on raconte                                         Lydie Gaborit
     les pires ragots ? Tandis que sa mère est mourante,

                                                                      Est-ce cette maison dite hantée qui va propulser
     La mémoire effacée                                           Amélie avec son chevalier Raoul dans l’aventure de
     sur les pas de                                               cette troisième croisade et le sillage de Richard Cœur
     Richard Cœur de Lion                                         de Lion ? Ou Amélie n’est-elle qu’une réincarnation
     Annie Plait                                                  de la belle Emmeline du temps des croisés ? Dans ce
                                                                  cadre historique excessif et passionné, Annie Plait
     Geste, 310 p., 18 €
                                                                  promène ses personnages à travers un dédouble-
                                                                  ment psychologique et une histoire d’amour inso-
                                                                  lite, avec une plume empreinte de connaissances et
                Essais                                            de merveilleux.
                                                                                                     Claude Mercier


     Ma paroisse.com                                              chaire et l’ordinateur. Dans ce livre de méditations
     Olivier Gaignet                                              qui est aussi un lieu de prière, le curé de Fontenay
     250 p., 18 €
                                                                  commente la Bible et le message de l’Église, mul-
                                                                  tipliant, au hasard des rencontres et de l’actualité,
                                                                  les thèmes et les approches. Il parle de la paix et
                                                                  des droits de l’homme, de la santé et de l’accueil de
         À l’heure ou l’Internet menace                           l’étranger, des solidarités, des femmes et des prêtres,
     le livre, il peut arriver aussi qu’il lui                    du dialogue des religions, du monde et du Pays de
     donne naissance... Le blog d’Oli-                            Fontenay, de l’art et de la politique.
     vier Gaignet, le curé-doyen de Fon-                              Ces « billets d’humanité », toujours originaux et
     tenay-le-Comte, est ainsi devenu                             pleins d’humour, révèlent l’attachante personnalité
     un livre. Le premier recueil rassemble 272 billets,          d’un homme de Dieu, plongé au cœur du monde,
     lancés sur la Toile entre novembre 2007 et sep-              pétri de sa terre vendéenne, mûri dans les missions
     tembre 2008. Le second, plus étoffé encore, vient de         du Mali. Et convaincu qu’il est aussi utile, sinon
     paraître. 250 à 300 internautes lisent chaque jour le        davantage, de parler de la Foi dans les bars et sur la
     blog du curé, constituant ainsi la « paroisse invisible »,   toile qu’au micro de l’église paroissiale...
     le peuple « hors les murs ». Pas de différence en effet                                                G. B.
     pour Olivier Gaignet entre la Bible et le journal, la

     Passé, sous silence                                          jeunes gens projetés dans un monde étranger et hos-
     ou le journal d’un appelé                                    tile, et dans une guerre qui a honte de son nom. Au-
     Bernard Nicolas                                              delà d’un récit forcément répétitif, Bernard Nicolas
     Richelieu, 285 p.,
                                                                  restitue très exactement leur vie quotidienne, dans
                                                                  la peur permanente et l’attente insupportable du
                                                                  retour, toujours reculé, auprès de sa fiancée et des
        Publié à compte d’auteur, avec                            siens. Il ne tait pas son écœurement, ni son impuis-
     une préface de Joël Gaucher, cet                             sance, face aux « corvées de bois », en réalité la mise
     ouvrage restitue le journal d’un                             à mort d’autres hommes, parfois innocents, ordon-
     sergent appelé de 22 ans, durant la                          née par certains officiers sans foi, sans honneur et
     guerre d’Algérie. Il sert le devoir de mémoire de ces        sans loi.
                                                                                                           G. B.

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Autres Parutions
                      Et si c’était vrai ?                                   Joc party
                      Gérard Robert Cormy
                                                                             Ian R. Sanders
                      Plancher, 210 p., 26 €
                                                                             L’Harmattan, 156 p., 15.50 €
                      On ne sait pas si c’est vrai, mais
                  c’est explosif, on s’en doutait.                              Mené à grand galop, ce roman
                  C’est écrit d’un seul jet, sans cor-                      à allure de polar va transporter
                  recteur, comme des notes rapides,                         le beau Franck dans un village
                  pour ne rien oublier, on se laisse                        étrange, dans un monde mysté-
prendre par cette avalanche de révélations, ce déluge                       rieux de jouissance où il sera face
de scoops. Un script qui colle bien à la peau. J. R.       à son destin : la vie ou la mort. Style alerte avec
                                                           quelques pages brûlantes.             C. M.
                      Les dernières racines                                  Quand la terre
                      de «NOAH»                                              se réveillera
                      Gervais Jousseaume
                                                                             Jean-Perre Brosset
                      250 p., 26 €
                                                                             136 p., 15 €
                    Marcel Dassault tenait sa chro-
                 nique café du commerce dans son                                 Musique concrète et texte réa-
                 journal, Gervais livre aussi ses                            liste, terre à terre, celle de Roméo
coups de gueule en vrac. Il ne pensait pas possible                          et celle de Juliette, dans un monde
un raz-de-marée quelques jours avant la tempête, il        futur proche frappé d’une catastrophe écologique, le
n’était malheureusement pas le seul. Nous sommes           tout à bâtons rompus. Effeuillées les marguerites et
bien peu de choses. et n’avons d’ordinaire pas voix        rasées les pâquerettes, la prairie reste verte.
au chapitre, mais gardons quand même le droit de                           J. R.
nous exprimer.                          J. R.


                                                           Livres dont nous avons eu
                     Oxylon
                     Jeamie Audger
                                                           connaissance mais qui ne nous
                     Les 2 Encres, 186 p., 17 €            sont pas parvenus
                      Un robot, mais un homme,
                   un criminel mais une victime,                        Les enfants du Dieu Râ
                   un policier, futuriste à la James                    Gilbert Montassier
                   Bond. On s’attendait à changer de
                                                                        Les 2 encres, 20 €
galaxie, on reste heureusement embossé à bon port,
juste le temps de laisser passer le tournis.    J. R.

                                                                        Poussières de Fées
                      Pour une poignée                                  Élisabet Vezin-Mourcou
                      de pignons                                        Édilivres, 89 p., 14 €
                      tome III
                      Jean-Paul Gayot
                      256 p., 18 €

                                                                        Victoire de La Rochejacquelein
   Ce dernier tome serait-il le cliché eschatologique
que tout un chacun voudrait écrire ? Les premiers                       La marquise aux pieds nus
n’étaient-ils que des polars ? Le doute s’installe.                     Ménie Grégoire
C’est la force de ces nouvelles pages livrées sans                      Éditions de Fallois, 229 p.,18.50 €
détour. Innocemment ?                            J. R.



   Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010                                                                       37
des mers dont quelques presti-
     Exposition                                                                                    gieux passagers dont le professeur
                                                                                                   Picard, personnage qui deviendra
     Paquebots, littérature et aventures                                                           le professeur Tournesol dans Tin-
     L’âge d’or des grands paquebots                                                               tin.
     et de la littérature maritime s’invite                                                            Qui se rappelle de l’auteur
     à Saint-Gilles-Croix-de-Vie                                                                   Edouard Peisson, notre Conrad
                                                                                                   français ? Pourtant, il est un des
                                                   Cette      nouvelle                             rares écrivains de la mer à avoir
                                              exposition est basée         traduit dans ses ouvrages l’esprit des équipages de ces
                                              sur deux opinions            navires. Nous vous présentons sa biographie et une
                                              forgées au sein de           courte bibliographie.
                                              la Maison des écri-              Notre association ne pouvait faire l’impasse sur les
                                              vains de la mer : la         paquebots ayant porté le nom France. Le premier tran-
                                              littérature maritime a       satlantique à porter ce nom prestigieux fut construit à
                                              connu son apogée entre       Penhoët en 1864, ensuite il y eu le deuxième du nom
                                              la moitié du dix-neu-        lancé aussi à Penhoët en 1912, puis il y eut notre dernier
                                              vième et du vingtième        France. Ce voyage dans l’épopée des France permet d’ap-
                                              siècle, avec des auteurs     précier quelques sources d’inspiration de nos romanciers
                                              comme Joseph Conrad,         en vous promenant dans les locaux luxueux de ces grands
                                              Edouard Peisson, Her-        navires et d’embarquer pour le premier voyage méditer-
                                              mann Melville, Roger         ranéen de notre regretté paquebot.
     Vercel, etc., curieusement, c’est aussi celle des paquebots transo-       Même si la Compagnie Générale Transatlantique
     céaniques ; le rapprochement entre ces deux faits ne pou-             se disputait le Ruban Bleu des traversées en Atlantique
     vait pas nous laisser indifférent.                                    Nord avec d’autres armateurs, les vitrines suivantes pré-
          La littérature de mer est en plein bouleversement,               sentent les différents armements français qui desservaient
     l’aventure maritime a changé de bord, elle a quitté les               notre empire colonial d’antan.
     marines traditionnelles, bien qu’elle existe toujours sur                 Nous terminerons par le rêve d’un jeune garçon qui
     nos navires de guerre, de la marine marchande et de la                à l’instar de Jules Verne (embarqué à l’âge de onze ans
     pêche, pour embarquer maintenant sur les grands voiliers              pour une très courte traversée de Nantes à Saint-Nazaire
     de course. Écrits de mer ou de sports nautiques, l’impla-             sur le voilier La Coralie comme mousse) fit la une de Paris
     cable critique des années en laissera-t-elle une trace dans           Match en 1958, en voyageant en clandestin sur un cargo
     la littérature ? Personne ne peut le dire aujourd’hui.                vers les U.S.A. avec un retour précipité sur le paquebot
          Les paquebots ont inspiré nos classiques de la mer,              America.
     notre nouvelle exposition vous fera découvrir ce qui a                    Victor Hugo ne m’en voudra pas d’ajouter cette
     attiré ces voyageurs dont la malle cabine comportait un               phrase à son grand poème Oceano Nox :
     tiroir rempli de feuilles de papier accompagnées de porte-                Oh ! combien de romans maritimes sont à l’origine de
     plume. La visite commence avec le « père des paquebots »,             nombreux destins ? Personne n’en sait le nombre.
     le Great Eastern. Construit sur les bords de la Tamise en                                          René Moniot-Beaumont
     1854, par un ingénieur de génie dans la démesure, Isam-
     bar Kingdom Brunel. Jules Verne a effectué à son bord
     une traversée en 1871, il lui dédia son roman Une Ville
     Flottante. Victor Hugo lui rend hommage dans un des
     poèmes de La Légende des siècles :

        Le siècle a vu sur la Tamise
        Croître un monstre, à qui l’eau sans bornes fut promise,                                         13 mai 2010, Maison des écrivains
        Et qui longtemps, Babel des mers, eut Londres entier                                             de la mer, brillante inauguration
        Levant les yeux dans l’ombre au pied de son chantier.                                            de l’exposition en présence de Jean-
                                                                                                         François Tallec, Secrétaire général de
        Effroyable, à sept mâts mêlant cinq cheminées                                                    la Mer, Madame le sous-préfet des
                                                                                                         Sables d’Olonne (sur la photogra-
        Qui hennissait au choc des vagues effrénées,
                                                                                                         phie), Patrick Nayl, maire de Saint-
        Emportant, dans le bruit des aquilons sifflants,
                                                                           Gilles-Croix-de-Vie, Jean-Paul Minaud, premier ajoint, Jacques
        Dix mille hommes, fourmis éparses dans ses flancs,                 Lebrevelec administrateur des Affaires Maritimes des Sables
        Ce titan se rua, joyeux dans la tempête ;                          d’Olonne, Jean-Marie Gilory, administrateur général des Affaires
        Du dôme de Saint-Pierre son mât passait le faîte                   Maritimes, et aussi éditeur, poète. Jean Loreau, président de la
                                                                           section Bretagne-Sud/vendée de la Fédération nationale du Mérite
        Ensuite nous rejoignons le Normandie construit en                  Maritime et de la Médaille d’honneur des Marins, Alain Frenkel,
     1932. La vitrine vous présente les souvenirs de ce roi                président du jury du prix littéraire Écume de Mer...



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Les écrivains de la mer

                                                                             Ainsi va le flot
                                                                             souvenirs de marin
                                                                             Roger Driez
                                                                             Le Jarosset, 43 p., 9 €

                                                                                Souvenirs devenus recueil de
                                                                             poèmes, joliment illustrés de des-
                                                                             sins en cordages, escales maritimes
                                                                             ou terrestre en Sologne, la passion
                                                           partagée de la mer, Saint-Gilles toujours, et la sur-
                                                           prise d’une certaine barrique échouée sur le rivage...

                                                              Le plus solide des nœuds,
                                                              C’est celui avec les camarades,
                                                              Que j‘ai lié avec eux,
                                                              Et qu’en mémoire toujours je garde.
                                                                                                       A. L.
                     Au Fil des Vagues
                     Françoise Bidois
                     Carrefour du net, 96 p., 15 €
                         Recueil paru en 2007, parmi                         Pêcheur, une vie,
                     les sélections de la Maison de la                       une passion
                     Mer.
                                                                             Bernard Groisard
                                                                             Héron-Héron, 12 €
                     Les Maritimes                                              Second livre de cet ancien
                     René Moniot-Beaumont                                    patron pêcheur emblématique qui
                     La Découvrance, 210 p., 19.90 €
                                                                             avait déjà publié Cinquante années
                                                                             de pêche au Thon.
                       René cabote (ne cabotine pas)
                   de page en page, de port en port
                   et vous prend à son bord pour             La journée
                   découvrir ses morceaux choisis du         de la Maison des écrivains de la mer
monde et de la littérature maritimes. Croisière ini-
tiatique avec un marin passionné qui nous livre les                                  À Saint-Gilles-Croix-de-Vie,
lieux et les œuvres qu’il affectionne et qui le hantent.                         le 13 février 2010, salle de La
Je ne sais si vous reviendrez à quai.              J. R.                         Conserverie, boulevard Éga-
                                                                                 lité, rencontre avec les écrivains
                     Le Peuple de la mer                                         et découverte des activités de la
                                                                                 Maison des écrivains de la mer.
                     Marc Elder                            site internet http://ecrivains-mer.fr
                     La Découvrance, 126 p., 15.90 €


                      Belle pêche pour les écrivains
                   de la mer et les éditions de la
                   Découvrance. cette réédition du
prix Goncourt 1913. Marc Elder est un magicien
qui donne une vie saisissante aux êtres et aux pay-
sages de L’herbaudière et de Noirmoutier. Tout ce
qu’il décrit s’anime soudain et et vous embarque au
passage. Là encore, vous ne quitterez le navire qu’à la
dernière escale, et prendrez votre billet pour la pro-
chaine traversée.       .                        J. R.


   Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010                                                                         39
La BD et la Vendée, suite...




                        Beaucoup de BD ont été consacrées à la Vendée, écrivez
                        à la rédaction si vous en connaissez quelques-unes, nous
                        préparons un numéro sur ce sujet. Merci d’avance.




     Lire en Vendée a pour mission de faire connaître
     les œuvres littéraires vendéennes.

     Merci de communiquer vos ouvrages à :
     Société des écrivains de Vendée, Bibliothèque pour tous
     85280 La Ferrière
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     Lire en Vendée est une publication
     de la Société des écrivains de Vendée                                                       DE LA VENDÉE
     Mise en pages : J.R. sur une maquette de l’I.U.T. Infocom
                             Impression : Offset 5, La Mothe-Achard
                             Ce numéro est tiré à 6 000 exemplaires.
                             Site Internet : www.ecrivainsdevendee.fr

                                    © Peintures de couverture Gaston Chaissac
                                    Les œuvres de Gaston Chaissac ici reproduites
                                    sont extraites du catalogue édité en 1991
                                    par le Conseil général de la Vendée
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Lire envendeejuindecembre2010

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    Lire en Vendée n° 21 juin 2010 - décembre 2010 ez-s onn ou 5 € Ab v ur po ge le Refu du livRe à gRasl a 17, 1 8 jui llet Échos Musées expositions, nouveau musée des enfants les lettres de Chaissac Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010 1
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    Éditorial de Noirmoutier et de Montaigu (et René Moniot-Beau- mont pour Noirmoutier). Yves Viollier, Gilles Bély et Jean de Raigniac participent avec assiduité aux jurys des La Société des écrivains de prix littéraires décernés à Montaigu, Grasla et bien sûr Vendée s’efforce toujours de rem- au prix des écrivains de Vendée qui a couronné en 2009 plir sa mission en faveur des lettres deux auteurs de talent avec l’écrivain chevronné Yves vendéennes et de l’encouragement Bulteau, pour Les chants de la lune noire et le premier à la lecture et à l’écriture. L’année roman d’Anne Tallec, Le Maître et le Violoncelle. 2009 a été une année féconde Bertrand Illegems s’est aussi particulièrement distin- dans les diverses activités dans gué en 2009 en recevant à Nantes le prix du Lion’s Club lesquelles nos adhérents se sont des audio-lecteurs et en lançant une petite maison d’édi- engagés. Les salons du livre sont nombreux en Vendée et tion, Les Chantuseries, qui a publié comme premier les écrivains vendéens y participent en rangs serrés, que ce livre un recueil de nouvelles policières imaginées par les soit individuellement comme à Saint-Gervais, Aizenay, 14 membres de son atelier d’écriture. Joël Bonnemaison Fontenay-le-Comte, Luçon, Saint-Gilles-Croix-de-Vie, a réédité avec succès son festival de théâtre en novembre Maulévrier, La Meilleraie-Tillay, Noirmoutier et autres à La Tranche-sur-Mer. ou sous la bannière des Écrivains de Vendée comme à Montaigu et à Grasla. Revenons à notre revue Lire en Vendée. Notre dernier numéro a bénéficié d’apports nombreux et exceptionnels Quatre auteurs, Jean-Claude Lumet, Gilles Bély, qui lui ont donné une aura particulière. Il nous montre Claude Mercier et Jean de Raigniac se sont envolés pour aussi à l’évidence que c’est le niveau auquel il faut se participer au Salon international du Livre de Québec en maintenir pour que la revue et notre association tiennent avril et ont dignement représenté la Vendée, la Région et la place que nous nous sommes assignée. Cela suppose la la France ; ils y ont noué des contacts avec l’association mobilisation de tous nos membres pour la préparation Québec-France, le consulat de France, diverses person- des articles, la recherche, la participation et la mise en nalités et les écrivains québécois venus en 2008 à Grasla. valeur des événements littéraires et la diffusion d’une re- Ces échanges, également sous la houlette de l’association vue suffisamment étoffée pour nous valoir une attention Vendée-Gaspésie, se sont poursuivis avec l’envoi de deux et un intérêt croissants de nos lecteurs, libraires et parte- autres auteurs vendéens, François Bossis et Bernard Bru- naires. En 2009 nous avons pu rendre compte et faire la nelière, en juillet en Gaspésie pour les festivités liées à critique de plus de 100 nouvelles publications de Ven- la commémoration du 475ème anniversaire de l’arrivée déens ou sur la Vendée. C’est dire à la fois l’importance de Jacques Cartier en cette région. Ils continuent encore de la tâche à accomplir et peut-être déjà l’importance de avec à nouveau l’accueil d’écrivains gaspésiens à Noir- notre contribution à l’épanouissement de la littérature moutier en juin 2010. vendéenne. Claude Mercier a été au salon de Grasla un conteur Tout cela est possible aussi grâce à la bienveillance chaleureusement fêté pour une nouvelle animation de ce active de ces partenaires et sponsors publics et privés, la salon consacrée à ceux qui savent aussi dire les histoires ; Région des Pays de la Loire, le Département de la Ven- Christophe Prat et Eveline Thomer ont convaincu Wil- dée, le Crédit Mutuel Océan, l’Imprimerie Offset’5 et les frid Montassier et Yves Viollier de lancer un appel à Amis de l’Historial de la Vendée avec lesquels nous réu- l’écriture pour donner naissance en 2010 à un nouveau nissons nos moyens pour augmenter la portée de notre recueil de nouveaux contes sur la Vendée. revue. Enfin, la rédaction et la mise en page sont mainte- nant assurées par nos membres bénévoles avec pour effet Deux nouvelles associations se sont créées en 2009 immédiat d’augmenter notre réactivité et notre implica- pour perpétuer la mémoire des œuvres et de la vie de tion dans cette parution. deux auteurs importants, avec les amis de Jean Huguet Les auteurs nous envoient leurs livres, nous en ache- et ceux de René Bazin. Notre société participe et soutient tons directement aussi et constituons ainsi une biblio- les premiers élans de ces associations de la même façon thèque que nous souhaitons pérenniser et fixer en un qu’elle met tout en œuvre pour aider la Maison des écri- même lieu accessible à tous. Des contacts sont en cours vains de la mer en lui réservant les pages nécessaires au qui pourraient permettre à notre société de disposer bien- compte-rendu de ses activités et à l’annonce des publi- tôt d’un tel local. Dernière satisfaction : nos adhérents cations des auteurs marins dans sa revue Lire en Vendée. sont plus nombreux, avec donc des possibilités d’action plus fournies, un renouvellement de nos membres et, René Moniot-Beaumont, Yves Viollier et Jean de Rai- financièrement, de nouvelles cotisations qui participent gniac participent régulièrement aux émissions littéraires aussi à la bonne santé de notre société d’écrivains. de RCF Vendée et de nombreux auteurs y sont reçus 2009 aura donc été un bon cru pour et grâce à nos comme les récipiendaires des prix, et dernièrement Eve- écrivains, nos adhérents, nos lecteurs et nos partenaires ; ils line Thomer et Roland Mornet. peuvent se féliciter de l’action entreprise et, bien sûr, se Rappelons aussi la participation active d’Yves Viol- mobiliser plus encore pour les années à venir. lier et de Michel Chamard à l’organisation des salons Jean de Raigniac 2 Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010
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    appel à candidature Prix des écrivains de Vendée Les écrivains vendéens ou les écrivains écrivant sur la Vendée désireux de poser leur candidature, pour un ouvrage paru en 2010, sont priés de se manifester au- près de notre association, à notre adresse à La Ferrière (voir en dernière page de cette revue). sommaire 2 Éditorial 3 Assemblée générale des écrivains de Vendée 4 Roger Martineau Assemblée générale 5 Le roman de la Vendée Notre assemblée générale s’est tenue à Montaigu à 6 Charles-Édouard Gallet, poète la veille du Printemps du livre le jeudi 8 avril. Nous étions une trentaine, accueillis à la Mairie par 7 Fiers d’être paysans 5 Alexandre Durand, responsable du patrimoine, pour une visite à pied des richesses de cette cité médiévale, 8 Horizons d’Ouest, association disparue puis au Parc des Rochettes à la Maison des associations par le maire, Antoine Chéreau. 9 Les salons Nous les remercions vivement pour la qualité de leur réception et de la bienveillance des propos qu’ils y 15 « Échos-Musées » Historial ont tenus quant à une collaboration accrue avec notre association pour le Printemps du Livre. 16 Les lettres de Chaissac Notre assemblée s’est ensuite déroulée en ville, avec lecture du rapport moral, texte repris supra, du 22 le Musée des enfants, expositions à l’Historial, rapport financier saluant l’équilibre maintenu malgré ancienne peinture du Puy du Fou la valorisation et la multiplication des actions entre- prises. Les nouveaux membres ont été également écou- 26 Nos sélections tés et... adoptés. Rendez-vous était pris pour les salons à suivre, notre déjeuner estival, et la remise des Prix des écri- 27 La page Offset’5 vains de Vendée en décembre, avec la sortie de notre prochain numéro de Lire en Vendée. 37 Autres parutions 39 Les écrivains de la mer Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010 3
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    Deuil conviction, à la renaissance de la commune selon ton expression. La commune compte de nombreuses réali- sations qui ont ta marque. Puis à l’heure de ta retraite, c’est le retour aux ra- cines. Tu nous surprends encore, lorsque tu te pas- sionnes pour l’histoire de notre marais et que tu te lances dans l’écriture et la publication de plusieurs ou- vrages. Tu passes de longs moments à lire, à faire des recherches aux Archives à La Rochelle ou à La Roche- sur-Yon, à rédiger dans ton bureau, dont les murs se couvrent de livres, de documents, de photos sur le ma- Roger Martineau, rais. Tu aimais y accueillir tes hôtes. Te voilà auteur- passager singulier sur la terre, mon père éditeur, ce sont d’abord les trois tomes de Villages de France au Marais Poitevin. Enfant de Vix, tu es né en juin 1918 pour un long passage sur la terre de plus de 91 ans d’une vie bien En 1990, tu es récompensé par le prix Audubon remplie. Ton enfance au Pont aux Chèvres a été celle de la société des écrivains de la Vendée, d’un enfant de paysans attachés à la terre des marais. dont tu deviens membre avec fierté Quand débute la Seconde Guerre Mondiale, tu as 20 ans. A peine engagé, tu es fait prisonnier de guerre à Rennes, le 23 juin 1940. Embarqué en Allemagne en janvier 1941, tu vis la tragédie du Stalag XI B à Fal- Suivent les publi- lingsböstel. En 1942, un conseil de guerre décide de te cations de l’Histoire transférer au camp de Celle, où tu es désigné pour un des Marais Poitevins, commando de désamorçage des bombes à Hanovre. de La Rochelle à Niort, Puis tu es envoyé dans plusieurs camps. Tu dois fa- de Vix-Vendée, le pa- rouchement te battre pour tenir, résister pour survivre. trimoine au cours des Tu puises durant ces années noires une force détermi- âges. Les Mémoires de nante pour ta vie. Tu es enfin libéré par les armées des Guerre, de l’Allemagne Alliés au camp de Grafentona, le 2 mars 1945. à l’Afrique du Nord re- La guerre et les nazis t’ont volé ta jeunesse... et tracent ton itinéraire. comme bien d’autres, tu as du enfouir ces terribles an- Tu avais en prépara- nées au fond de ton âme et de ta mémoire. Ce n’est tion bien d’autres pro- que bien plus tard, que tu as pu évoquer pour nous, jets dont une biogra- avec une forte émotion, cette époque traumatisante. phie intitulée Passage sur la Terre et un Gaston Chaissac. Car c’est aussi à ce Soldat avant la guerre, tu poursuis après dans cette moment que tu redécouvres avec intérêt l’œuvre de voie. C’est aussi après la guerre que tu rencontres et ton presque voisin Gaston Chaissac, dont tu as perçu épouse Marcelle Bobineau. Vous aurez quatre enfants. l’originalité plasticienne et la profonde humanité Ta carrière militaire est marquée par de nombreux déplacements et aussi des séparations avec ta famille. Généreux, tu t’es souvent mis à Vix à la disposition Il y a d’abord Idar Oberstein en Allemagne, puis le d’autrui, en ouvrant ton bureau à ceux qui cherchaient retour à Bordeaux, l’expédition en Indochine avec son un conseil, un soutien, à la fois comme un écrivain lot d’émotions fortes. Après une nouvelle étape en Al- public et un avocat des causes difficiles. Tu te sentais lemagne à Coblence, un temps en Tunisie et un bref proche des défavorisés, de ceux que la société oublie ; passage en Algérie... tu décides de changer de cap et les injustices te révoltaient. de revenir au pays après tant d’années au service de Les années s’empilent, mais à la fin du mois d’août l’armée. Tu as été récompensé par de nombreuses dis- 2008, la maladie enlève ta mobilité. Et, avec Maman, tinctions militaires. tu dois quitter votre maison, la Roseraie, la mort dans l’âme. Puis les problèmes de santé s’enchaînent. En 1959, tu décides de prendre un portefeuille d’agent d’assurances, tu t’installes à Vix et à Fontenay Nous garderons de toi le souvenir d’un passionné. et ensuite à Rennes. Tu travailles beaucoup. Ce métier « Ton passage sur cette terre» est une histoire peu ba- te plait et tu réussis bien. nale et hors norme, qui a côtoyé de près la grande his- Maire de Vix en 1965, et à nouveau en 1971, toire du 20ème siècle. tu contribues avec beaucoup d’enthousiasme et de Françoise Chérel 4 Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010
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    Le Roman dela Vendée faits que la majorité des Vendéens découvriront dans ce livre. Emporté par le lyrisme et le Gilbert Prouteau style flamboyant de l’auteur, on est Geste Éditions, 296 p., 20 € plus fier encore, si c’est encore pos- sible, d’être Vendéen. C’est le livre La Chase Gallery de la Vendée qu’il faut lire, vous le ferez sans peine, pour pouvoir bien parler de Il faut se méfier des a priori et tourner sept fois votre Vendée, le livre à offrir. Il remplit à lui seul la la langue dans sa bouche si l’on ne veut pas tomber mission que s’est assignée en littérature la Société dans la gueule du loup. Je m’en suis rendu compte des Écrivains de Vendée : faire connaître, faire aimer récemment à mes dépens. notre département. J’avais ainsi un a priori contre Gilbert Prouteau. Les lecteurs avisés reconnaîtront les facéties de Il avait réussi à me dresser contre la peinture de Jean l’auteur avec, par exemple, la reprise de sa réhabi- Chevolleau ; la véhémence de son discours lors de litation de Gilles de Rais, farce monumentale qu’il la présentation de l’œuvre de son ami à Fontenay- avait su monter avec des comparses de haute volée le-Comte m’avait désorienté. Résultat, je n’avais été et dont, assure Philippe Gilbert, il s’amuse encore ! conquis ce soir-là par aucun de nos deux héros. Il n’y avait que lui pour reprendre la tentative J’avais pu ensuite réviser mon jugement sur Jean de réhabilitation publiée en 1921 à la Bibliothèque et sur sa peinture qu’il avait eu la gentillesse d’expo- des curieux par Ludovigo Hernandez et pour cla- ser chez nous à Bonnefonds. mer encore, avec la mauvaise foi la plus naturelle du Pour Monsieur Prouteau, je n’ai pas eu l’honneur monde, que Charles VII avait réhabilité Gilles de de le revoir très souvent, même chez mon com- Rais à Montauban, un an après sa mort. père André Hubert Hérault lorsqu’il publiait, il y a Gilbert Prouteau, Dieu merci, est assez icono- quelques années, un recueil de ses poèmes ; j’avais claste pour ne pas se soucier du jugement du vul- seulement, anonymement, réalisé la mise en page gaire ni s’arrêter à des détails. Lui seul peut, dès la des vers qui lui avaient été confiés. première page de son livre, faire de Mélusine de Cela s’était gâté lorsque j’avais réalisé une étude Lusignan une comtesse de Thouars, seigneurie qui sur la famille du Puy du Fou ; il m’avait semblé que n’a jamais été qu’une vicomté promue beaucoup Monsieur Prouteau avait adopté un peu trop faci- plus tard en duché pour les La Trémoïlle, et qui n’a lement la thèse faisant descendre cette famille de jamais appartenu ni aux Lusignan ni aux Chabot, l’illustre lignée des vicomtes de Thouars détenteurs famille de Mélusine. du Bas-Poitou pendant tout le Moyen-Âge : j’avais ajouté : en écorchant quelques noms et en en décalant l’Histoire reste belle, plus belle encore quelques autres. Pour Gilles de Rais et la pseudo lettre de réhabili- M. Prouteau enjolive, transforme, se joue, séduit. tation de Charles VII, le livre de Jacques Heers publié De « belles infidèle », en 1994 donne l’explication, que Gilbert Prouteau aurait dit mon professeur de latin ne peut pas ne pas avoir lue : une procédure entamée par le roi à la suite d’une tentative d’appel de l’ac- A priori, le dernier livre de Monsieur Prouteau cusé. La déclaration de l’innocence du maréchal y se présente comme un énième livre à la gloire de la est certes proclamée, mais par le requérant, que cite Vendée et je m’étonnais qu’on se commette encore le roi dans sa lettre patente. La procédure s’arrêtera à un si vil exercice. Je n’avais pas prêté attention à là et Charles VII fera justice en confisquant à son l’avertissement au lecteur de Philippe Gilbert ni à la tour les biens des Rais au duc de Bretagne pour les préface de Jean Delannoy qui situent ce dernier mes- rendre à la fille de Gilles. sage de l’auteur. J’apprenais aussi l’existence d’une Où est le problème ? L’Histoire reste belle. Cela a association des amis de Gilbert Prouteau, associa- un autre mérite : nous apprendre à nous méfier des tion que la Société des Évrivains de Vendée salue a priori. Il est légitime de se poser la question sur modestement, comme elle l’a fait dans notre précé- les motivations réelles du procès de Gilles et sur la dent numéro pour les amis de Jean Huguet et ceux validité des pièces, mêmes officielles. de René Bazin. Il faut donc lire Le Roman de la Vendée, mais sans Or donc, le livre s’ouvre sur une première mettre votre main à couper si un détracteur conteste approche chronologique, suivie de l’évocation des quelque détail que vous y auriez puisé. Renvoyez ce personnages qui font la Vendée. Le choix des dates grincheux à la taille du nez de Cléopâtre ; ne muselez et des hommes est révélateur des goûts et des juge- pas votre plaisir, continuez à voir la face du monde ments de l’auteur. Il est très précieux ; il y a en fait avec la faconde de Gilbert Prouteau. beaucoup à apprendre sur des personnages et des J. R. Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010 5
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    Mémoire Très souvent la modestie des auteurs réserve leur création à un public très confidentiel. Tel est le cas d’un poète du pays de Monts, disparu en 1911, Charles-Edouard Gallet qui, avec talent, savait expri- mer ses observations de la vie, de la nature. La mort Charles-Édouard Gallet, poète l’a empêché de voir ses poésies publiées, mais un de oublié ses amis, Charles Grelier, prêtre de Challans, a réalisé son désir. Ainsi parut en 1913 une modeste brochure, Essais Poétiques, qui connut au moins trois éditions. Qui, à un moment ou un autre, n’a exprimé ses Dans Le Myosotis, cité en tête, l’auteur, en 56 vers, sentiments en utilisant la forme poétique ? nous conte l’aventure amoureuse de Marie et Henri. Henri, pour plaire à son amour, va cueillir cette fleur bleue mais tombe à l’eau. Marie en voulant recueillir le bouquet de son aimé tombe à son tour et se noie. Charles-Edouard Gallet est né en 1832 à Beau- voir-sur-Mer. Après des études au séminaire des Sables d’Olonne, puis aux Couëts, près de Nantes, il entra dans l’administration des Douanes, où il fit toute sa carrière. II occupa plusieurs postes dans la région mon- toise avec le titre de Receveur, à La Barre de Monts de 1856 à 1872, puis à Bouin, à Beauvoir-sur-Mer et à Saint-Nazaire. Contrôleur à l’Entrepôt de Saint-Na- zaire en 1893 jusqu’à sa retraite en février 1899, il y décéda le 7 avril 1911. Quand il était en poste à La Barre-de-Monts, il s’intéressa en particulier à l’histoire du marais du nord- ouest vendéen, sans oublier une activité littéraire, avec les prémices d’un roman et l’écriture de poèmes. Il fut membre de nombreuses associations culturelles régio- nales. Charles Grelier, par fidélité, fit éditer ses poèmes écrits dans un fort volume relié, dont de nombreuses pages étaient restées vierges. Le succès de cette bro- chure de poèmes de 102 pages fut incontestable, Qui de nous à vingt ans n’a placé sur son cœur puisque nous avons entre les mains la 3° édition, pu- Et couvert de baisers cette charmante fleur bliée deux ans après la mort de Charles Gallet. D’un pâle bleu de ciel, aux feuilles d’un vert sombre Cette édition porte la liste des souscripteurs qui Qui, sur le bord de l’eau, s’épanouit dans l’ombre, sont au nombre de 143, avec la présence de 32 Ven- Et se laisse bercer à chaque mouvement déens, de 13 Nantais, et la rédaction de 10 revues, De l’onde qui se ride au caprice du vent ? sans négliger 17 religieux. L’ouvrage, qui contient 50 Cette modeste fleur, en nous disant tout bas : pièces, est préfacé par Lucien Lécureux, archiviste pa- «Pensez à moi toujours et ne m’oubliez pas.» léographe, agrégé de lettres. De ce texte nous avons extrait ces lignes : On peut leur (aux poésies) promettre Le nom de cette fleur dans la langue allemande de nombreux lecteurs, car elles possèdent les meilleures Lui vient d’une bien triste et touchante légende. qualités pour plaire. Charmé de ce récit plein de simplicité Ce ne sont point, comme dit l’autre, de grands vers De la traduire en vers je me suis efforcé. pompeux, mais d’aimables causeries d’un honnête homme qui a de l’esprit, la rime facile et le style juste. Et un peu plus loin, on lit sous sa plume : cet écri- vain resté si français d’esprit et de style, malgré ses exal- Beaucoup de maisons d’édition doivent se résigner ; la tations romantiques, le spirituel « amateur » a gagné production littéraire réserve une bien modeste place à d’écrire toujours dans un style simple et sobre. la poésie. Dans une librairie, le rayon poésie, s’il existe, On trouve parmi ces poèmes, Un Ouragan du 28 est toujours bien effacé. Et pourtant, à un moment ou décembre 1859, vraie chronique d’un désastre écono- un autre, quelle qu’en soit la forme de l’expression, mique au marais vendéen du nord-ouest. qui n’a exprimé ses sentiments en utilisant la forme Un poète vendéen du XIXème siècle à redécouvrir. poétique ? Guy Perraudeau 6 Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010
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    Fiers d’être paysans laJAC en Vendée Roger Albert et Gilles Bély Centre Vendéen de Reherches Historiques, 368 p., 23 € On les a appelés « les communistes blancs » Fête des jeunes à Saint-Fulgent (1964) Ils chantaient : « Nos sacrifices construiront un monde plus Le livre de Roger Albert et Gilles Bély insiste avec beau. Nous referons chrétiens nos frères » raison sur le formidable enthousiasme et la foi en l’ave- nir de ces jeunes de la JAC. « Fiers, purs, joyeux et Ils vivaient dans un monde verrouillé aux struc- conquérants », c’était leur devise. Alors qu’aujourd’hui tures sociales d’ancien régime. Les traumatismes de on parle des « champs de la colère », on est impres- la Révolution les avaient placés sous la dépendance sionné par l’élan chrétien positif de ces hommes et de des curés et des propriétaires. Roger Albert et Gilles ces femmes du XXème siècle, leur solidarité inventive Bély ont rassemblé une somme impressionnante de joyeuse, leur esprit d’initiative, leur audace, leur enga- témoignages auprès des principaux acteurs de la JAC gement. Pour reprendre une formule de Michel Deba- et de la JACF. Mais ils ne se contentent pas de nous tisse, l’un de leurs grands compagnons de route : de la les communiquer pour écrire l’histoire de ce grand solitude à l’espoir. mouvement d’action catholique, qui a été, les témoins le disent, leur université populaire. Ils les mettent en perspective et nous donnent à lire la révolution silen- Il se lit comme un roman de la Vendée ! cieuse de la Vendée pendant la deuxième moitié du XXème siècle, ce qu’on continue d’appeler son « miracle ». Miracle, le mot est juste. Portés par une foi pro- Des portraits de quelques jacistes emblématiques fonde, ils découvraient avec les jeunes prêtres issus de illustrent la dernière partie de Fiers d’être paysans : Au- leurs rangs et encouragés par leur évêque, une forme guste Grit, Marcel Briffaud, Joseph Gaborit, Berna- de « théologie de la libération » bien exprimée par l’une dette Martineau… Ce livre est passionnant parce qu’il des leurs : J’ai découvert Jésus-Christ… je ne connaissais n’est pas seulement un document historique puisé aux que Dieu. Ils ont mis en œuvre leur idéal évangélique. sources mêmes, d’une variété et d’une richesse inouïes Et leur bel élan humaniste, social, solidaire, a ébranlé –il se lit comme un roman de la Vendée ! Il nous pose leur univers conservateur et l’a amené à trouver des des questions sur l’état de la Vendée aujourd’hui, ses solutions nouvelles à ses difficultés réussites, ses difficultés, sa foi. Mine de rien, il trace Ils ont découvert la force du syndicat, ont inven- des perspectives et nous interroge : Est-ce que notre té les CUMA, les GAEC et autres coopératives. Ils société individua- se faisaient un devoir d’agir sans jalousie ni haine de liste et désespérée classe. Cela n’a pas été sans conflits avec les anciens. Ils ne devrait pas se contestaient l’autorité et les pratiques des patriarches. ressourcer à la foi Ils refusaient la salle commune, voulaient amener l’eau exaltante en l’avenir courante, imposer l’ensilage. « Votre premier champ de ses aînés ? d’action et d’apostolat, c’est votre famille. » Ils ont été Il y a eu Le ma- les « pèlerins du changement ». laise paysan de Jean En agissant ainsi, ces jeunes Vendéens et Ven- Yole. Il y a main- déennes trouvaient une fierté, non pas un orgueil, tenant, dans un la fierté d’une tâche accomplie au service de leur fa- tout autre registre, mille et de toute la population. Ils se sont voulus Fiers d’être paysans exemplaires. Souvent, ils l’ont été. Ils n’étaient plus les de Roger Albert « péquenots » incultes, retirés de l’école à douze ans. Ils et Gilles Bély. Ce apprenaient à parler dans leurs réunions et leurs fêtes. livre de témoins est Certains ont eu, et ont encore, des responsabilités au porteur d’une géné- plus haut niveau. Au bout du compte, ils ont décou- reuse espérance. vert une idée neuve : le droit au bonheur. Auguste Grit et Michel Debatisse Yves Viollier Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010 7
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    Horizons d’Ouest perspectives que le président Félix Gaillard avait l’inten- tion de soutenir et sa tragique disparition nous a privé d’un appui essentiel. En effet, quelques mois plus tard, la loi sur les conseils régionaux était votée et entrait en En 2007, les Recherches Vendéennes ont publié un dos- vigueur le 1er Juillet 1973. Horizons d’Ouest était un sier sur Jean Rivière. Lire en Vendée en a fait mention groupe de réflexion destiné à orienter la rédaction de la dans son numéro 17. Évoquons l’engagement de l’écri- législation. Le texte définitif qui avait été adopté ne cor- vain dans une association aujourd’hui bien oubliée. respondait pas à nos souhaits. L’association n’avait plus Jean Rivière s’est toujours intéressé au devenir de la de raison d’être et sa dissolution s’est faite très naturel- Vendée et, peu après avoir reçu le Grand Prix catholique lement. Trente ans plus tard, les infrastructures souhai- de littérature, il a rejoint une association régionale qui tées alors ont été réalisées, du moins en Vendée, mais les s’était créée en 1969 : Horizons d’Ouest. Celle-ci avait fait actions communes sont encore à organiser. sienne une phrase de Jean Yole : Une région ne se délimite Horizons d’Ouest a été l’occasion de réunir des pas, elle s’enfante ! bonnes volontés et de se faire rencontrer des personnali- C’est l’époque où la régionalisation occupait les tés d’exception parmi lesquelles Jean Rivière a été une des esprits. Les élites locales ont vu dans la création d’une plus intéressantes. Ses interventions ont été fidèles à son nouvelle organisation territoriale l’occasion de revita- image, discrètes mais toujours pertinentes. liser nos régions dans la perspective européenne. L’idée première d’Horizons d’Ouest provient de l’équipe de la Michel Dillange Revue du Bas-Poitou et des Provinces de l’Ouest et, en par- ticulier, de Louis Chaigne. Mais ce dernier considérait que c’était à la jeune génération de prendre l’initiative de se lancer dans cette aventure. C’est donc son fils Louis- Marie qui en prit la présidence, le secrétariat général étant assuré par son cousin, l’architecte Léon Chaigne. Ses statuts définissaient ses ambitions : regrouper les Poésies Nomades : responsables civiques ou culturels, sociaux ou écono- quatrième saison miques -et leurs familles- ayant des attaches avec les pays d’Ouest (Pays nantais, Maine, Anjou, Vendée, Poitou, Charentes), organiser des rencontres, débats et confé- Imaginées  en 2007 par Rolande Haugmard et Gérard Glameau, rences, colloques et séminaires, manifestations cultu- avec Jean-Pierre Majzer, porter la poésie vers de nouveaux relles et de propagande en faveur des richesses régionales, publics dans un environnement original. contribuer à la formation de l’unité régionale afin de pré- parer la régionalisation... 5 soirées à 20 h 30, gratuites, en 2010 : Le comité de patronage comportait, parmi les nom- - Lundi 21 juin : Aizenay, La Liberté - Lundi 19 juillet : plage du Boisvinet, à Saint-Gilles- breuses personnalités, les présidents des conseils géné- Croix-de-Vie, La Nuit raux de Loire-Atlantique, Vienne et Deux-Sèvres, les - Lundi 26 juillet : lac du Jaunay, La Chapelle Her- maires de Nantes et d’Angers, le docteur Merle et Michel mier, Le Vent Sy, président des Angevins de Paris. Les Vendéens étaient - Lundi 2 août  : plage du Boisvinet, à Saint-Gilles- nombreux. Citons parmi eux Paul Caillaud, maire de La Croix-de-Vie, L’Aventure Roche-sur-Yon, Pierre Epron, maire de l’Orbrie, André - Lundi 23 août : soirée de clôture, la Conserverie à Forens, conseiller général, André Burgaud, président Saint-Gilles-Croix-de-Vie, La Musique des Vendéens de Paris, Louis Chevalier, Alain du Fon- tenioux, la Maréchale de Lattre de Tassigny, Maurice Sur accompagnement Leroux, compositeur, Henri Rochereau, ancien ministre musical, évocation de poètes et Pierre-Henri Simon. majeurs, intervention de Pendant trois ans, le bureau s’est réuni théorique- poètes régionaux. Claude Cailleau, Monik Guibert, ment le premier lundi de chaque mois. il a organisé une Chantal Massé, Sylvie Brous- douzaine de réunions publiques à Paris (avec le préfet saud-Bonnafi, Yves Moulet, Maurice Doublet et Marcel Gabilly, rédacteur en chef du Jocelyne Le Mellec, Gil- Figaro), à Nantes, à Fontenay-le-Comte en particulier. bert Belsoeur, Roger Driez, C’est dans cette dernière ville qu’a été défini le désir de Gérard Glameau et Rolande voir se développer une grande région de l’Ouest Atlan- Haugmard, de spectateurs et tique où il existe une communauté de problèmes : Sans des plus jeunes. remettre radicalement en cause les délimitations actuelles, le vœu a été émis d’instituer une coordination interrégionale Ouvertes à tous, renseignements : entre la Bretagne, les Pays de Loire et le Poitou-Charentes. 02 51 34 71 15/ [email protected] Cette position a été défendue dans un bulletin, paru en 06 07 50 60 13/ [email protected] octobre 1972. La solution proposée correspondait aux 8 Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010
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    Salons Montaigu, nous y étions ! Montaigu, ce n’est pas pour les gueux, rien que du beau monde, pas des bouseux, plein les poches, plein les yeux... ...mais le beau linge est content de prendre des odeurs de violette dans les herbes du square et la foule ne renâcle pas à remplir les allées et les sacs. Le Prin- temps du livre fait toujours recette à Montaigu. Les écrivains vendéens s’étaient mis en dimanche pour l’occasion ; ils n’ont pas eu peur de s’asseoir à la table. Gants blancs et service à la page pour tous les convives venus présenter leurs produits les plus frais sur le carreau. Ils avaient une tribune officielle, comme l’an passé, entre le pesage et le rond des courses, s’étaient distri- bués les rôles pour ne rien perdre du spectacle, faire bonne figure pour la galerie. Les habitudes se pren- nent, la place se joue à coudes serrés. D’autres s’étaient disséminés dans d’autres écuries, et frimaient tout autant. Chacun sa casaque, l’essentiel est de participer, de coller au train sinon d’être dans les prix. Il en étaient encore d’autres venus en solo, sélec- tionnés par de menus éditeurs locaux habilités. Les derniers s’étaient fondus dans la foule, tour- naient sans relâche. Finalement, tous étaient dans la course, vantaient leur salade, se pavanaient gaiement. Parade réussie ! La fête a battu son plein pendant les trois jours ; les boxes n’ont pas désempli. C’est la magie de cette ronde effrénée où chacun se doit de tenir sa place sans démériter. Certains auteurs n’écrivent certainement que pour cela, pouvoir encore dire en crânant : Montaigu, j’y étais ! Nous reviendrons, Messieurs, reprendrons la plume la toque et la casaque, quand vous remettrez le couvert. J. R. Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010 9
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    Le prix Ouest La peine du menuisier Marie Le Gall (Phébus) La légende de nos pères La quête du père commande Sorj Chalandon (Grasset) aussi l’intrigue de ce premier roman - très remarqué par le En 2008, Sorj Chalandon jury - de Marie Le Gall. L’his- (prix Médicis 2006 pour Une toire se passe en Bretagne, du promesse) nous a donné un côté de Brest, dans les années superbe roman sur la dupli- cinquante. C’est le récit très cité : Mon traître, une intri- sombre d’une relation impossible entre une adoles- gue douloureuse autour de la cente et son père, toujours silencieux qui travaille à tragédie irlandaise. Il récidive l’arsenal de Brest. Les ombres de la mort tissent la toile sur le même thème avec La de fond du roman, comme les visages des défunts qui légende nos pères mais, cette tapissent les murs de la maison de famille. fois, cela se passe en France dans l’univers de la Résistance. Il fait peut-être mieux encore Le fils du terre-neuvas en nous plongeant dans une Yves Jacob (Presses de histoire de héros qui n’a d’héroïque que le nom. Beu- la Cité) zaboc (c’est son nom) a entretenu sa fille dans le culte de ses exploits. Elle va s’adresser à un écrivain public Écrivain confirmé, chantre pour qu’il rédige la « légende » de son père. Et, peu de la mer et de la Bretagne, Yves à peu, au fil de l’enquête, le rédacteur va s’apercevoir Jacob compose un roman certes qu’il n’y a rien à raconter puisqu’il ne s’est rien passé… très classique, mais dont l’inté- Ce qui est fort dans le roman de Sorj Chalandon c’est rêt ne se départit pas. Pour trois que, malgré tout, on s’attache à son héros menteur et, raisons essentielles. La descrip- même, on l’aime. On se demande si, dès le départ, tion du métier pénible et dange- les dés n’étaient pas pipés, si sa fille ne savait pas que reux des marins qui vont pêcher son père lui avait menti ! C’est écrit dans une langue la morue sur les bancs de Terre-Neuve. L’époque, au sèche, sobre, qui n’empêche pas l’émotion. Un excel- début de la Seconde guerre mondiale avec les sous- lent roman de journaliste qui a bien mérité le Prix marins allemands qui rodent dans l’Atlantique. L’in- Ouest 2010. trigue enfin, qui mêle un naufrage dramatique et les Yves Viollier amours compliquées de la belle Angélique et du fils du terre-neuvas. Ils étaient dans la sélection du Prix Ouest Sur le bord de l’inaperçu Michel Guillou (Gallimard) L’article de la mort S’il y avait à Montaigu un Étienne de Montety prix de l’insolite, le livre de (Gallimard) Michel Guillou l’aurait obtenu. Ce n’est pas un roman à pro- Ce premier roman d’Étienne prement parler, mais une suite de Montety, directeur du Figaro de petits tableaux censés nous littéraire, a été le concurrent apprendre les mœurs très parti- le plus sérieux du livre de Sorj culières des Baldéens qui habi- Chalandon. Il emmène aussi à tent un pays aux frontières inexistantes. Il faut accepter la découverte d’un destin équi- d’entrer dans ce monde invraisemblable, abracada- voque, celui de Charles-Élie Sirmont, un homme poli- brant, au-delà de toute réalité, qui secrète finalement tique à la mode, connu pour ses opérations humani- un art de vivre et une certaine sagesse. Dérangeant et taires très médiatisées. Avec des clins d’œil appuyés aux très étonnant, mais une immense virtuosité dans les milieux du pouvoir et de la presse parisienne, Étienne jeux de mots et de l’esprit. de Montéty se passionne – et nous passionne – pour ce personnage ambigu dont un journaliste, Moreira, Gilles Bély est chargé d’écrire par avance la notice nécrologique... 10 Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010
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    Intervention Quelle littérature vous intéresse ? Jean-Jacques Brot, Toutes ! J’ai toujours plusieurs livres sur ma table de chevet. Proust, peut-être, est mon favori. La phrase préfet de la Vendée, proustienne est pour moi le summum. Tout me plaît amoureux fou des livres chez Proust, l’auteur français par excellence, son ana- lyse, sa concision, sa cruauté, son humour caustique. L’événement méritait d’être marqué d’une J’ai eu la chance, en Eure et Loir, de fréquenter la mai- pierre blanche : pour la première fois, son de tante Léonie où Proust passait ses vacances. J’y un préfet était présent ai accompagné un juge de la cour suprême des Etats- Unis qui avait fait spécialement le déplacement. Nos à l’inauguration du Printemps du Livre compatriotes ignorent l’importance des littératures À la tribune, il a tenu un discours remarqué qui véhiculent les pensées humanistes universelles et enthousiaste en faveur de la manifestation qui sont les nôtres. J’aime Chateaubriand, De Gaulle. et de la lecture Ce qui me fascine chez De Gaulle, c’est qu’il est pro- Nous sommes allés le rencontrer fondément politique, militaire, écrivain. Quelle a été votre impression, Jean-Jacques Brot, à la Quelle place pour la littérature vendéenne ? découverte du Printemps du Livre ? Je vois une vie littéraire que j’ai envie de décou- J’en avais déjà entendu parler par mon oncle, vrir. Je sens un foisonnement, n’en suis qu’aux pré- Claude Michelet, qui a été président d’honneur du misses. La tragédie que nous venons de vivre suscite salon, il y a trois ans. Je connaissais son excellente aussi une curiosité professionnelle. Les zones noires réputation. J’ai apprécié d’y trouver tous les genres ont été construites à partir des sources historiques dans l’ambiance bon enfant d’une authentique mani- des archives de la Vendée. Nous avons, par exemple, festation populaire qui contribue à la culture auprès trouvé une lettre d’un dénommé Fèvre sur le cordon du plus grand nombre. J’ai déambulé au milieu d’une dunaire de la Belle Henriette au XIXéme siècle. Clemen- foule nombreuse qui venait faire son marché. J’y ai ceau m’intéresse. J’attaque sa biographie par Duro- rencontré des auteurs heureux : Eric Zemmour, alors selle. Je découvre l’esthète japonisant, l’ami de Monet sous les feux de l’actualité ; Christian Signol, un très et l’écrivain. Notre première visite a été, le 27 février, proche voisin de notre maison du Lot, dont nous à la maison de Clemenceau à Saint-Vincent-sur-Jard. sommes des lecteurs assidus ; Jean Raspail, qui m’a fait Le contraste a été saisissant entre ce moment de pro- l’honneur de me nommer consultant aux affaires poli- fonde culture française et la tragédie qui nous atten- tiques de son gouvernement de Patagonie dont je garde dait, tout près, quelques heures plus tard. le drapeau sur mon bureau ; des auteurs et des édi- teurs régionaux… J’aime cette ambiance des salons du Écrivez-vous, vous-même ? livre. Ma femme est briviste. Elle est une habituée de la foire de Brive. Nous croyons beaucoup à la diffusion Je regrette de ne pas avoir écrit. On est à l’époque de la culture par le livre. Et j’ai le regret que la DRAC du téléphone et de l’Internet. J’ai eu la chance de servir n’ait pas accompagné la manifestation de Montaigu. à l’étranger et sur de nombreux territoires de la métro- J’espère convaincre le préfet de région et la DRAC, pole. J’aurais dû tenir un journal de bord. Je m’oblige à compte tenu des auteurs et de la fréquentation, de envoyer chaque jour des cartes postales qui me forcent changer d’attitude à l’avenir… à composer. Mon voisin du Lot écrit. Il est éleveur. Nous échangeons une correspondance régulière. Il ne Quelle place accordez-vous à la lecture ? fait pas une faute d’orthographe. Cela fait partie des caractéristiques d’une vieille civilisation. J’aurais dû La première. Le livre est la clé de mon épanouis- vous parler de ma passion pour les biographies histo- sement, mon bonheur et ma vie professionnelle. Pas riques, L’Histoire de France de Bainville, mes tocades un jour sans une demi-heure ou une heure de lecture. pour Sissi impératrice, la reine Elizabeth, les littéra- D’origine très modeste, la lecture a été pour moi un tures des pays où nous avons voyagé… moyen très important de formation personnelle. Elle m’a apporté ce substrat culturel indispensable pour Nous sommes restés longtemps autour de la table me mettre au niveau de mes condisciples. Je le disais à de verre de la préfecture à évoquer nos plaisirs com- mon épouse en quittant Montaigu : j’aurais aimé aussi muns de lecture, Baudelaire, Les lettres persanes… être professeur de Lettres. Peut-être ai-je une vocation à dire combien est difficile l’art d’écrire. Nous nous ratée de littéraire. Le goût des livres m’a rapproché de sommes donné rendez-vous au salon du Livre de mer ma femme qui est d’une famille d’écrivains : Claude de Noirmoutier. Jean-Jacques Brot y sera. Michelet, Xavier Pattier, le frère de ma femme, sa mère aussi qui avait rempli sa salle à manger de livres. Propos recueillis par Yves Viollier Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010 11
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    Le prix OuestJeunesse Le cours Michel Ragon à Montaigu à Montaigu Michel Ragon, président du Prix Ouest, nous a fait une petite coquetterie ce printemps et n’a pu assister au salon ni à l’inauguration et à la découverte de la plaque du cours qui porte maintenant son nom à Montaigu. La plaque était bien là, les invités et les riverains aussi, mais notre président a eu un malaise cet après- midi du 9 avril et n’a pu honorer de sa présence la cérémonie préparée à son attention. Michel Ragon va mieux, nous pourrons peut-être, là aussi, reprendre ce cours l’année prochaine. Nous comptons bien sur lui pour inspirer le jury et motiver © Stéphane Audran toutes les parties prenantes du salon. J. R. Le salon du livre vendéen à Grasla les 17 et 18 juillet 2010 Nous attendons les Bordelais à Grasla cet été. Ils mettront autant d’ambiance que Jean-Pierre Soisson Parallèlement au Prix Ouest qui récompense un et les Bourguignons en 2009. écrivain confirmé, un concours intitulé Prix Ouest Jeunesse a été organisé. Tous les élèves, du CM1 à la Nous attendons aussi avec impa- terminale, étaient concernés. tience le livre de contes pour lequel Le palmarès a été proclamé et les prix remis sur l’association du Refuge de Grasla le salon par Jean-Louis Pesch, président de ce Prix et avait lancé un appel à l’écriture. auteur de nombreuses bandes dessinées. On lui doit, Près de 200 contes lui sont parve- entre autres, d’avoir repris, en 1956, à la mort de nus. Trente ont été retenus dans un M. Cuvillier, les fameux personnages de Sylvain et recueil à sortir pour le salon. Sylvette, prolongeant le succès inaltérable de leurs Nous attendons encore le lauréat aventures. du prix Charette à choisir parmi les quatre livres nomminés, Sang et or Les candidats à ce Prix Jeunesse 2010 étaient répar- de Henry Bourgenay, La Rochejac- tis en trois catégories : Primaire, Collège et Lycée. Ils quelein de Thérèse Rouchette, Fiers conccurraient sur les thèmes suivants : Une rencontre d’être Paysans de Roger Albert et étonnante, un livre extraordinaire. Gilles Bély, et L’incendie du Hilton de François Bon. Dans la catégorie Primaire, la lauréate fut Virginie Ce rendez-vous estival du livre Goimet. Ses dauphines s’appellent Marie Avril (2e) et vendéen sera une fois encore l’occa- Alexandra Rousseau (3e). sion d’écouter les conteurs, de parti- Pour les Collèges, Quitterie Bruneau () devança ciper à des conférences, des débats et Lisa Laurent (2e) et Lauriane Boudeau (3e). à de nombreuses animations. Catégorie Lycée, la palme revint à Marie Bureau, Espace Jeunesse. devant Hermines Mares (2e) et Aurore Revercez (3e). Félicitations à toutes ces demoiselles, en souhaitant Renseignements : que les garçons relèvent le gant l’an prochain ! www.refugedulivre.fr Jacques Bernard 02 51 42 96 20 12 Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010
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    Noirmoutier Saint-Gervais 11, 12, 13 La mare aux canards à la Bernuzière juin 2010 Le beau temps Bon vent au 4ème salon n’a pas chassé la du livre de mer qui s’ouvre bonne humeur et à Noirmoutier le jour de la Saint-Gervais a mise à flots de ce dernier réuni, avec une numéro. chaleur accrue elle Tout semble avoir été aussi, un nombre fait pour pérenniser sa réussite ; nous en rendrons croissant d’au- compte dans notre prochaine édition. teurs, de lecteurs et Saluons les trois auteurs venus spécialement de d’acheteurs. Gaspésie à cette occasion et réservons leur le meilleur Les fidèles ont accueil. L’association Amitié Vendée-Gaspésie s’est accueilli les nou- particulièrement investie dans les échanges littéraires. veaux ; les absents Elle a facilité la venue d’auteurs gaspésiens au Salon ont eu tort, comme du Livre de Grasla et, en 2009, des missions d’auteurs toujours ; la verve vendéens au Salon du Livre de Québec et en Gaspésie. de Claude n’a pas tari et dans une cour dédiée cette année au canard du Amitié Vendée-Gaspésie invite cette année trois au- marais, des plumes de toutes sortes volaient dans tous teurs de la Belle Province à Noirmoutier. les sens, ébouriffées, joyeuses. Jean-Marie Fallu est historien et rédacteur en chef Cancanaient et nasillaient gaiement les volatiles, à de la revue Magazine Gaspésie qui paraît depuis 47 ans. l’affût les chasseurs d’images et de bons mots. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, comme La Gas- Ils ont vu Claude Mercier décerner le prix du pésie, Le Québec et la guerre (1860-1954), Le Saguenay Héron Cendré aux revues trimestrielles et annuelles de et le lac Saint-Jean. deux sociétés d’Histoire et de Patrimoine méritantes, Josée Kaltenbach est la coordinatrice de la manifes- celles de Noirmoutier et de Challans. tation Livres en fête en Gaspésie qui réunit le quart des Claude Mercier, qui a récemment mis le dernier 100 000 habitants de la région. Elle a écrit Les plages point à sa célèbre revue mensuelle La fin de la rabinaïe, et les grèves de Gaspésie, un livre devenu classique qui sait le mérite nécessaire à de telles entreprises et c’était présente dans le détail les 600 km du grand tour de la un bonheur de voir la surprise et la joie des lauréats. péninsule gaspésienne. C’était donc la 17ème version de ce salon qui abrite Damien Grelon, auteur et réalisateur de films, est de ses ailes généreuses des auteurs à découvrir ou à un spécialiste des mammifères marins qui croisent retrouver ; les visiteurs n’ont pas manqué le rendez- dans l’estuaire du Saint-Laurent et sur les rivages de la vous, la chine a été fructueuse, loin des cancans de la Gaspésie. G. B. grande ville. J. R. Jard-sur-Mer,1er mai 2010 Une réussite pour cette deuxième édi- tion du salon de Jard sur Mer ! Il y eu de belles rencontres car il y avait pléthore de visiteurs heureux de rencontrer trente-cinq écrivains de Vendée sur leur promenade face à une mer sage, ce samedi 1er mai. Le soleil était au rendez-vous, le public aussi. A noter l’accueil convivial des organisateurs de la mai- L’Épine, 6 et 7 août 2010 rie de Jard et l’originalité pour les auteurs de profiter du spectacle de la marée au gré des heures entre les Autre salon littéraire à Noirmoutier, Eveline Tho- «vagues» des promeneurs. Eveline Thomer mer nous en rendra compte dans le prochain numéro. Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010 13
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    Le Centre Bienvenue de Ressources du Livre à la revue Administration La Société Encourager des écrivains de Vendée la filière livre a ses fidèles, et promouvoir elle accueille volontiers la lecture aussi de nouveaux membres écrivains ou correspondants qui souhaitent suivre Vaste programme nos diverses activités que s’est assignée la et nous aider Région avec la création de leurs comptétences de ce nouvel organisme. C’est aussi le but que Les Écrivains de Vendée sont nous poursuivons en heureux d’accueillir comme corres- Vendéee et nous nous pondant Jean-Claude VACHER, réjouissons d’avoir ainsi directeur et éditorialiste de la revue un recours supplémen- Administration. Ancien Préfet de taire à la Région. la Vendée (2002 à 2005), Jean- En complément de la Claude Vacher habite maintenant revue Encres de Loire, ce La Roche-sur-Yon. pôle d’acteurs pour le livre Cette revue est la revue de l’Administration terri- se fera l’écho de la vie du toriale de l’État. Elle consacre chacun de ses numéros livre en Pays de la Loire. trimestriels à la présentation des objectifs, des réalisa- Tout en proposant des tions, des difficultés aussi, qui font le quotidien des ressources, des services, administrations dans leurs relations avec les élus, les des outils d’analyse et de chefs d’entreprises, les associations, le public, etc… conseil, il mènera une C’est ainsi que les derniers numéros de 2010 sont action de valorisation des consacrés successivement à : publications et des actions Immigration-Intégration, Recherche-Développement, ligériennes. Pôles de compétitivité, Il disposera également d’un centre de documentation. Développement durable : où en sommes-nous ? J. R. Le tourisme : nouvelles habitudes, tous domaines dans lesquels interviennent des administrations Hôtel des Ursulines, 14 avenue François Mitterand, publiques. J. R. 72000 Le Mans. 02 28 20 60 78 - [email protected] Concours de nouvelles : Livre Jeunesse à Luçon L’enfant et la mer L’Association des amis de Jean Huguet nous commu- nique : À vos plumes, racontez un souvenir, une histoire vécue, La 12ème Semaine du un rêve ou imaginez ! Seule règle : l’enfant et la mer sont les livre jeunesse à Lu- acteurs principaux. çon s’est déroulé en Date limite d’envoi de vos nouvelles : 31 janvier 2011. mars dernier. Invitée La maison chaumoise, d’honneur, Clothilde 12 rue du moulin Bernos.Invités, Chris- 85100 Les Sables d’Olonne tophe Alline, Davide Cali, Luce Guilbaud, Tel : 02 51 95 24 83 Couriel : Jean-Louis Le Craver, amisdejeanhuguet@gmail com Brigitte Luciani, Alan Site internet : amisdejeanhuguet Mets, Pef... 14 Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010
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    Échos-Musées Les amis de l’Historial de la Vendée Les musées conservent et exposent les Lettres Vendéennes Les lettres de Chaissac L’espace culturel René Cassin de Fontenay-le-Comte a consacré en mars-avril une petite exposition très documentée aux lettres de Gaston Chaissac dont on célèbre cette année le 100ème anniversaire de la naissance. C’est l’occasion pour nous de ressortir le catalogue de l’exposition Chaissac réalisée en juin 1991 à l’hôtel du Département par la Conservation Départemen- tale des Musées de Vendée. Rappelons que le musée de l’abbaye Sainte-Croix des Sables d’Olonne possède un fonds important d’œuvres du peintre (qu’il présente le 12 juin 2010 une nouvelle exposi- tion dédiée aux correspondances de Chaissac) et que la ville de Sainte-Florence-de-l’Oie a également dédié un espace à Gaston Chaissac. Le Musée de Fontenay-le-Comte possède lui aussi au moins un Chaissac, nous l’avons retrouvé dans le nouveau livre de Robert Aujard. Chaissac écrivain ? Il écrivait des lettres chaque jour, avec LES AMIS DE L’HISTORIAL DE LA VENDÉE la même fantaisie que pour sa peinture ou pour ses sculp- Historial de la Vendée, tures ; ses lettres étaient souvent aussi d’ordre pictural, nous Allée Paul Bazin le découvrirons dans ce numéro. 85170 Chaissac a également publié plusieurs ouvrages et main- Les Lucs-sur-Boulogne tenant les études, recherches et expositions sur Chaissac se Bulletin d’adhésion multiplient dans le monde entier. année 2010 N’oublions pas l’exposition consacrée aux pompiers de 10 €/personne Vendée et le nouvel aménagement du Musée des Enfants à adresser aux amis de l’Historial aux Lucs, à l’Historial, ni les deux expositions en préparation pour 2010, Madagascar et l’Agriculture. M. Mme Mlle J. R. NOM : Permanence le mercredi Prénom : à l’Historial, Adresse : tél :02 51 47 61 77 Code postal Ville www.ami-historial-vendee.com Tél : E-mail : e-mail : conservation-musé[email protected]
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    Gaston Chaissac, artiste pas eu moins solitaire que lui qui savait échanger avec tous ceux qui peignaient, créaient, écrivaient, agissaient épistolier… vendéen en Vendée et partout ailleurs ! Qui lui rendaient visite ! Dubuffet lui avait offert un harmonium et il en jouait pour réveiller ses amis de passage dans sa petite maison Il ne veut pas qu’on dise qu’il est écrivain d’école du village. mais il l’est et peut-être davantage que peintre, Gaston Chaissac sans la Vendée ne serait pas Gaston comme beaucoup de peintres d’ailleurs... Chaissac. L’imagine-t-on à Paris dans les cercles de l’in- telligentsia ? Peut-être y aurait-il brillé par sa vivacité et ...écrivait Gaston Chaissac à propos l’originalité de son imagination. Il lui aurait manqué ce d’André Marchand. En parlant de son substrat qui a nourri son œuvre, ces faits divers qu’il rele- confrère, il parle aussi de lui-même, comme vait dans la presse ou dans le quotidien de son village : il en avait l’habitude. D’ailleurs n’écrivait-il Cher ami, las de vivre Léon Brochet vient de se suicider à pas dans une de ses lettres : J’aurais davantage Mareuil sur Lay par pendaison. Le journal d’aujourd’hui d’ambition en ce qui concerne la littérature et 16-6-60 en parle en sept lignes page 4 au-dessus de la j’éprouve bien davantage le besoin de m’expri- réclame pour la bombe néocide contre les moustiques et les mer dans le langage écrit. Mais on dit que je mouches. Le sablais J-C. Poiraud serait un espoir du vélo. A suis mieux doué comme peintre. Voire. Sans 76 ans Marguerite Bouton a été assassinée par son concubin. doute notre siècle fait-il un meilleur sort à Ils avaient bu tous les deux. Dans l’ensemble tout cela est son œuvre plastique. Mais pour peu qu’on plutôt triste. s’intéresse à quelques-unes de ses lettres, on De ce fatras, Chaissac a fait une œuvre poétique sin- s’aperçoit très vite qu’elles participent de gulière, reconnue. Il avait 41 ans lorsque les éditions la même démarche poétique : transcender Gallimard ont publié, en 1951, un recueil de correspon- l’infime ; distordre le réel le plus humble dances intitulé « Hippobosque au bocage ». Depuis sa et au gré de sa fantaisie lui accorder de la mort, on ne cesse de rechercher et de retrouver des lettres noblesse ; parler avec la même langue aux de Gaston Chaissac qu’on se communique comme des gens de peu et aux gens d’importance ; se trésors. Par ses relations épistolaires, il a trouvé le moyen jouer du langage en usant jusqu’à l’absurde de renouveler un genre littéraire à sa mesure, unique, de tous les calembours et les barbarismes… grinçant, souriant, surréaliste, une chronique extraordi- Gaston Chaissac est l’auteur d’une cor- naire de la Vendée en ce temps-là. respondance considérable dont on ne fera Y. V. jamais l’inventaire. Il écrivait aussi bien à Jean Paulhan, Jean Dubuffet, Pierre Bou- jut, Michel Ragon, qu’à Monseigneur Cazaux, Léopold Marboeuf ou des voi- sins et voisines de son village de Sainte- Florence-de-l’Oie. Il n’écrivait pas pour écrire. Il avait conscience d’entreprendre une œuvre littéraire. Si j’étais riche, écrit-il à Pierre Boujut, j’aimerais construire des monuments commémorant les plus infimes événements. Mais riche, ma tournure d’esprit me donnerait sans doute de tout autres désirs. Quoi qu’il en soit, je supplée comme je peux à l’absence de monuments grandioses pour don- ner des chances à d’infimes événements de ne pas tomber dans l’oubli. On a alors envie de dire : heureusement que Gaston Chaissac n’a pas été riche ! À ce sujet, il serait peut-être utile de revi- siter la légende d’un Chaissac tourmenté et moqué au pays de la calotte vinassouse. Bien sûr, il passait chez lui pour un « origi- nal » comme on disait de ceux qui n’étaient pas dans la norme. Mais intelligent, malin, il savait en jouer pour se construire un personnage singulier. Il a eu des amis dans Carton de l’exposition ouverte du 13 juin au 7 novembre 2010 le clergé comme l’abbé Coutand. Il n’y a au Musée de l’Abbaye Sainte-Croix aux Sables d’Olonne 16 Lire en Vendée - Échos-Musées -Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010
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    Annie, sa fille, sesouvient et raconte Gaston Chaissac, l’épistolier Gaston Chaissac, dont le talent aujourd’hui mondiale- ment connu, est longtemps resté ignoré, ne rêvait pas d’être peintre. Il voulait être jour- naliste. D’où cette frénésie d’écrire, principalement à ses Dans sa maison au bord de la Vieille Autise, Annie Chaissac pairs : 36 000 lettres, éparpillées ouvre les précieux cahiers où dorment quelques-unes des 36 000 tous azimuts. Annie Chaissac, sa fille, en a rassemblé lettres écrites par son père. une petite partie. L’ensemble de cette œuvre littéraire appelle aujourd’hui une étude qui serait passionnante. des bouts de carton, des feuilles de papier de toutes les Au bord de la Vieille Autise, la maison d’Annie couleurs et de tous les formats. Et sur tous les sujets. Chaissac abrite des trésors - des écrits, des dessins, des Sur l’art et les idées bien sûr, mais aussi sur ses rapports objets de son père, Gaston Chaissac - mais surtout avec le monde et avec les gens. une immense piété filiale. On hésite à écrire « piété » puisque l’artiste, né dans une famille traditionaliste du Ces lettres n’ont pas toutes, loin de là, obtenu des Morvan, a beaucoup souffert de cette religion perver- réponses. Mais 400 destinataires au moins ont été tie et ne lui a pas ménagé sa rancœur. Mais c’est pour- recensés. Sitôt la guerre, grâce à un ami journaliste, tant de cela qu’il s’agit... René Bonnenfant, « Ouest-France » publiera d’assez Artiste pour nombreuses lettres. Au total, avoue Annie Chaissac, la artistes correspondance de mon père demeure largement une friche qu’il faudrait explorer et déchiffrer complète- Mon père vou- ment. lait être journa- Comme la Semeuse de Larousse... liste, raconte-t-elle. Écrire, témoigner, Reste évidemment une question. Pourquoi, alors c’était pour lui qu’il était enfin reconnu et qu’il aurait pu exploiter vital, primordial. son immense talent de peintre, Gaston Chaissac a-t-il En 1937, alors qu’il autant sacrifié à la correspondance et à l’écriture? Peut- séjourne à Paris être parce que l’écriture était chez lui consubstantielle chez son frère, il au dessin. Tout chez lui se chevauche, tout lui était sti- rencontre Otto mulation, explique sa fille. La forme et le mot étaient Freundlich et Jeanne Kosnick, un couple d’artistes des objets de séduction qu’il ne séparait pas. allemands bannis par le nazisme, qui pressentent son talent particulier et lui font découvrir le monde des Chaissac a grandi dans le monde de l’artisanat, arts et de la culture. Raymond Queneau, Jean Paulhan parmi ces cordonniers et ces marchands de tissu sont séduits par la fraîcheur et la pureté de ses dessins. morvandiaux qui s’en allaient l’hiver sur les routes Quelques années plus tard, Dubuffet, Marcel Arland pour gagner de quoi subsister. Il n’ignorait rien des remarquent Chaissac. Des dessins et des portraits, il ficelles de la publicité. Friand du succès, mais méfiant passe aux objets bricolés, aux totems, aux collages. envers lui parce qu’il en redoutait les servitudes et les contraintes, militant jamais encarté, Chaissac aurait-il Chaissac l’épistolier se met alors à écrire aux artistes trouvé dans l’écriture la fin de sa quête et de son besoin et aux intellectuels. Ceux qu’il côtoie, ceux dont il de reconnaissance? A l’image de la célèbre Semeuse du relève les noms dans les catalogues et les revues cultu- dictionnaire Larousse qu’il affectionnait tant, l’écriture relles, foisonnantes dans l’immédiat après-guerre. A aurait-elle été le moyen de déverrouiller sa pensée et de partir de 1956 et jusqu’en 1962 – il meurt, amer et la communiquer à un monde, si souvent hostile à sa épuisé, en 1964 – il écrit quatre ou cinq lettres par personnalité, un monde qu’il redoutait et fuyait? jour. Sur les supports les plus variés, des enveloppes, G. B. Lire en Vendée - Échos-Musées -Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010 17
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    Gaston Chaissac et la Vendée Né le 10 août 1910 à Avallon, au sein d’une famille pauvre, Gaston Chaissac, après une enfance perturbée par une santé précaire, les problèmes financiers per- manents de ses parents et leur divorce, tarde à trouver un équilibre de vie et de ressources. De 16 à 32 ans, il pérégrine de Villapourçon, dans le Morvan où sa soeur est postière, jusqu’à Saint Rémy de Provence, via Paris et alentours où la maladie le contraint à séjourner en hospice (Nanterre), sanatorium (Asnières) et centre de rééducation (Clairvivre, en Dordogne). Au cours de ces années, il effectue de nombreuses rencontres dont deux s’avèrent prépondérantes. À Paris, en 1937, il croise le chemin d’un artiste engagé, d’origine allemande, Otto Freundlich, avec lequel il acquiert rapidement une formation artistique qui lui permet de découvrir les notions fondamentales et une sorte d’éthique de l’art. À Noël 1940, lors d’une exposition de travaux des pensionnaires, il rencontre Camille Guibert, une jeune institutrice vendéenne soignée dans un sanato- rium proche de Clairvivre. Gaston Chaissac reçoit la foudre dans le coeur. C’est juré, dès qu’elle sera guérie, il l’épousera. Il tient parole et, en novembre 1942, il vient retrouver Camille à Vix, son village natal, et ils se marient. Le jeune couple demeure à Vix pendant un an, attendant la nomination de Camille à un poste d’ins- titutrice. La famille Guibert n’apprécie pas vraiment le mari que leur fille a choisi : Mon beau-père ne tarda nous ne recevons que de bien faibles échos de ce qu’on peint pas à me dire que sa fille était trop bien pour moi, écrit dans les cités prestigieuses. Quant à la vie moins intellec- Chaissac. Les autres habitants de la commune ne l’ap- tuelle et plus saine qui est la nôtre, elle favorise l’éclosion précient pas davantage. Au village, j’étais un fou, un con, de nos créations. un cul, c’est-à-dire un malappris et ceux qui achetaient ma En 1947, une exposition lui est personnellement peinture étaient encore plus fous que moi... Selon Camille dédiée à la galerie Arc-en-ciel, à Paris. Les rares ventes Chaissac, seule la naissance de leur fille Annie provoque couvrent à peine les frais. Mais le point positif en est la chez Gaston un accès de joie et de bonheur. rencontre avec Dubuffet dont l’amitié n’était jusqu’alors En septembre 1943, les Chaissac s’installent à Bou- qu’épistolaire. Suite à ses déceptions parisiennes, Chais- logne, dans le bocage, où Camille vient d’être nommée. sac décide d’exposer chez lui, dans son atelier, en Ven- Gaston s’occupe de sa fille, de son jardin et de l’entre- dée. Pour avoir le plus grand nombre possible de visi- tien de la maison. Pour améliorer les finances familiales, teurs, il opte d’effectuer sa seconde expo le jour de la il effectue des boulots de complément, sans pour autant kermesse des écoles libres. J’avais donc fixé le jour de abandonner la peinture, autant que sa santé chétive et cette kermesse mon vernissage et comme de bien entendu ses possibilités d’achat de fournitures le lui permettent. personne n’est venu. Ou plutôt si : j’étais mal fichu et j’étais Grâce à Jeanne Kosnick-Kloss, veuve d’Otto Freun- monté me reposer, soudain j’entends du bruit qui me fait dlich mort en déportation, Chaissac expose à Paris fin que quelqu’un vient tout de même et m’étant précipité à 1943. Les années suivantes, il participe aux Indépen- la fenêtre je n’eus que le temps de voir se sauver un chien dants, puis aux Surindépendants. Chaque exposition qui emportait dans sa gueule un pain d’épices que nous engendre des rencontres avec des artistes, des écrivains, consommions en minces tranches pour le prolonger. des journalistes. Comme il se déplace peu, Chaissac À la demande de Dubuffet, en 1948, Mademoi- noue ses contacts et ses amitiés par une correspondance selle Marot, directrice de la galerie Michel Columb à abondante. Il considère son oeuvre épistolaire comme Nantes, prend en dépôt permanent des oeuvres de Gas- aussi importante que ses tableaux. Elle rompt son isole- ton Chaissac qui, fin septembre, déménage à Sainte- ment. Dans nos campagnes désertes, rien n’interrompt la Florence-de-l’Oie où Camille vient d’être nommée. La méditation si nécessaire avant toute création artistique, et population locale, dominée par un curé sectaire et fana- 18 Lire en Vendée - Échos-Musées -Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010
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    tique, est extrêmement hostileà l’arrivée de lettre à Michel Ragon l’institutrice de l’école laïque et à celle de son Ste Florence, le 20-8-56 excentrique époux, de surcroit en mauvaise Cher Confrère, santé et sans ressources. À un point tel que pen- Le temps, les années passent et je ne compte même pas dant plus de cinq années de zoanthrope au nombre de mes relations. C’est à désespé- nul ne leur rend visite rer. Pourtant, cette année, j’ai récupéré sur un tas d’ordures et les enfants ont inter- nétement en contrebas un de ces abats-jour de suspension diction de jouer avec la que voilà à la mode et qu’on utilise parfois comme coupe petite Annie. Malgré les paraît-il. Et mon papiers-colés le tout dernier ne contient efforts de Gaston, l’iso- un peu du papier d’un paquet de tabac que j’ai trouvé en lement local ne cesse de bas de notre château d’eau en construction. Oui, le temps s’accentuer. Seule, Mlle passe et me voilà avec 46 ans d’âge. Ma mère en aurait 78. Marot, qui semble avoir bien compris l’artiste, reste Elle était née en 1878, l’année de la mort d’un ex-avoué proche et l’expose plusieurs fois à Nantes. natif de Dordogne qui régna quelque part en Amérique À Paris, grâce à Dubuffet (Hippobosque au bocage, sous le nom d’Orélie-Antoine 1er. Il s’appelait Antoine de recueil de lettres et de poèmes de Chaissac, paru chez Tournens, avant ça. Il est donc parti pour l’autre monde Gallimard en 1951) et à quelques autres, le renom de 78 ans avant cette pauvre femme qui a trouvé la mort au Chaissac s’installe. En 1952, le célèbre photographe « Petit Brochet », de Ste florence, dans un accident d’auto. Robert Doisneau lui rend visite en Vendée. Puis Gilles Nous savons déjà que c’est une personne qui sortait rare- Ehrmann qui inclut Chaissac dans son livre Les Inspi- ment. C’est en allant au lait que je vis en passant l’auto rés et leurs demeures. D’autres publications suivent, en accidentée avec son toit fort cabossé. Un groupe de gens la particulier Gaston Chaissac, l’homme orchestre, d’Ana- regardaient. tole Jacowski et les reportages de Pierre Guéguen dans A ma sortie de ce même 19, je vis les bonnes sœurs Aujourd’hui. La situation professionnelle du peintre de l’Oie en promenade puis l’instituteur de l’Oie, au café s’améliore. Des galeries s’intéressent à lui. Le collection- Nicou. Cet instituteur dont le fils Jean-Louis est dernière- neur américain Morton Neuman se déplace en Vendée ment rentré de colonie de vacances avec une superbe canne pour lui acheter des tableaux. à pêche qu’on lui a donné pour avoir lavé la vaisselle. Ce En 1961, l’école publique de Sainte-Florence ferme, n’est point là un outil de sycophante et on ne pouvait faire faute d’élèves. Les Chaissac retournent à Vix, dans la mieux comme cadeau à un enfant. maison vieillotte du grand-père de Camille. Gaston Il y a donc deux fois 78 ans depuis l’an 1800. 78 est quitte à regret le bocage où il effectuait de grandes donc la moitié de 156. marches solitaires, protégé des regards par la végétation Mon papiers-colés le dernier né est d’hier. Je l’ai exé- des chemins creux. A Vix, la nudité du Marais Poitevin cuté (alors que je venais de passer sur la route diabolique) n’offre pas le même isolement. Il peint énormément, au dos d’un papier électoral du poujadisme. Et outre un nonobstant le manque de confort de la maison et les fragment du paquet de tabac en question, il a un peu de aléas de sa santé chancelante. Malgré quelques visites de feuillage de la chicorée leroux, des trèfles de la chicorée galeristes, de journalistes parisiens, de collectionneurs Williot. Du papier vieux rose du chocolat meunier, l’in- et d’amateurs d’art, la solitude de l’artiste s’amplifie. térieur d’une enveloppe de monsieur Anatole Jakovski, un Ses tableaux se vendent bien, mais les prix demeurent peu de l’affiche volvic et l’image d’un petit gâteau sec figure modestes par rapport aux tarifs de ses confrères. Il en une tête. conçoit beaucoup d’amertume, malgré un bon contrat Je m’approvisionne en avec Pagani qui, pour sept oeuvres par mois, lui apporte papier sur la route natio- une somme appréciable. Sa notoriété franchit les fron- nale. C’est pourtant dan- tières ; il expose à Florence, à New-York. gereux de s’y aventurer. Durant l’été 1964, Gaston Chaissac tombe griève- Recevez mes saluta- ment malade, alors que sa femme et sa fille séjournent tions. en Savoie. Il est hospitalisé à La Roche sur Yon où il décède quelques semaines plus tard. Le 11 novembre, il gaston chaissac est enterré civilement à Vix. A Ste florence (vendée) Aujourd’hui, grâce en particulier à la générosité de Camille Chaissac et de sa fille, Annie Chaissac-Raison, (l’orthographe et la ponc- un important ensemble d’oeuvres de Gaston Chaissac tuation sont de Gaston siège au musée des Sables d’Olonne. Chaissac) Jacques Bernard Lire en Vendée - Échos-Musées -Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010 19
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    pations et leurspréoccupations, leurs habitudes, leur Chaissac, vie. Il était capable de comprendre ceux qui le mépri- vous avez dit Chaissac ? saient. Il avait pourtant quelques clients fidèles, quelques amis sincères qui aimaient discuter avec lui ; un ébé- Dans les années cinquante-soixante, niste de Chantonnay avait exposé un de ses totems dans on parlait, dans le bocage, d’un original la devanture de son magasin. Si beaucoup d’enfants se moquaient cruellement, d’autres venaient peindre avec qui envoyait des lettres à n’importe qui, lui, écoutaient ses conseils. aussi bien au châtelain, au médecin, à l’instituteur On disait, dans certains milieux, qu’il n’était peut- qu’à son voisin agriculteur artisan ou commerçant , être pas celui qu’on croyait, qu’il jouait un ou des per- et qui s’adressait à tous sur le même ton sonnages, qu’il fréquentait, à Paris, des intellectuels et des artistes célèbres. Je garde le souvenir d’une visite que nous lui avions On n’y comprenait pas grand-chose. D’abord, parce faite après une lettre adressée à mon mari. que c’était mal écrit, des pattes de mouche qui ne sui- Camille nous avait fait participer à un goûter de fête vaient pas les lignes du papier ; on en a même vu écrites en l’honneur d’Annie qui venait de passer le brevet des en spirale ou dessinant des bonshommes. Il n’utilisait collèges. Puis, les deux artistes discutant technique, il pas de papier à lettres : souvent des pages de cahier nous avait emmenés dans une classe désaffectée, entiè- d’écolier, des fonds de boîtes de fromage ou une de rement peuplée de totems. Un univers. Étrange, coloré, ces épaisses feuilles brunes dans lesquelles les bouchers impressionnant. Il considérait leur nombre avec une enveloppaient la viande avant l’invention des matières certaine amertume car les acheteurs étaient rarissimes plastiques. et pourtant, il aurait bien eu besoin d’argent. Michel, C’était en mauvais français : fautes d’orthographe, lui, venait de faire, à la galerie Robin, la première expo- tournures incorrectes, majuscules oubliées, mots imagi- sition vendéenne d’art abstrait. Ils avaient l’impression nés. Sa femme, institutrice, devait avoir grand’ honte ! d’être des marginaux, mais Michel était jeune, bien Il passait d’un sujet à un autre, racontait des choses portant et combatif. Gaston Chaissac était très fatigué. sans intérêt, celles dont on parle entre voisins mais qui Je revois un homme modeste, sans agressivité, humilié ne valent pas la peine d’être écrites ou bien des choses depuis longtemps mais sans révolte, résigné. Il n’avait qu’on ne comprenait pas, où il parlait de gens connus. jamais rien fait pour modifier les regards portés sur lui. On ne savait pas ce qu’il avait voulu dire, on était mal Il nous avait confié, ce jour-là, qu’une grande galerie de à l’aise, on disait bien qu’il était fou mais on se deman- Milan projetait d’exposer ses œuvres... On avait l’im- dait aussi s’il ne se moquait pas de nous. On ne le lisait pression qu’il n’osait pas y croire. pas toujours jusqu’au bout ou pas du tout ou avec des Les années ont passé. Chaissac est devenu célèbre, copains, pour rigoler. peu de temps avant sa mort. La culture a gagné les Il était soi-disant artiste-peintre mais il dessinait campagnes, le regard de leurs habitants a changé. Un aussi mal qu’il écrivait. On aurait dit des dessins d’en- musée lui fut consacré à Sainte-Florence et les chiottes fant, des gribouillages, des personnages tout déformés. qui puent * accédèrent au titre de latrines. Elles sont Il employait de la bouse de vache, des épluchures. Il désormais visitées par les amateurs d’art. transformait des ustensiles, des outils hors d’usage en sculptures. Il fabriquait aussi des totems qui n’étaient Lydie Gaborit autres que des planches aux bords irréguliers, peintes de couleurs crues. Il peignait sur n’importe quoi : les galets *Extrait d’une lettre de Chaissac adressée à Michel Gaborit autour des parterres, les volets ou les portes, le mur des cabinets de l’école... Naturellement, personne n’achetait ses œuvres et il n’était pas riche car c’était un bon à rien. II avait essayé plusieurs petits boulots mais ses employeurs ne le gardaient jamais longtemps. Il avait voulu s’installer cordonnier mais les clients étaient rares; il faut com- prendre, avec un gars comme ça, il faut s’attendre à tout et on ne se serait pas senti honoré s’il avait transformé nos souliers en sculptures. Cet étranger, venu de l’Yonne, ressemblait pourtant à n’importe quel habitant de Boulogne ou de Sainte- Florence quand on le voyait déambuler avec ses sabots, son vieux paletot et sa casquette, poussant son vélo. Il connaissait les villages et les villageois avec leurs occu- 20 Lire en Vendée - Échos-Musées -Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010
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    HENRY-CLAUDE COUSSEAU, L’œuvregraphique de Gaston Chaissac, Paris Jacques Damase Editeur, 1981. JOHANNES GACHNANG, Chaissac, Neuchâtel, Ides et Calendes, 1988. M. RAGON, Du côté de l’art brut, Albin Michel, 1996 Collectif, Les cahiers Jules Paressant n° 2, Le Petit véhicule, 1996. M. RAGON, Le regard et la mémoire, Albin Michel, 1998 (39 p. sur Chaissac). 303 n° 47: Et l’âme meurtrie ébruita le silence... 1998 (14 p. sur Chaissac). G. CHAISSAC, Gaston Chaissac vous écrit encore, Préface de James Sacré. Editions Le Vert sacré, 2000 S. FAUGEREAU, Gaston Chaissac : environs et apartés Somogy, 2000. G. CHAISSAC, Correspondances, Musée de l’abbaye Ste- Croix, 2004 E. CHEVILLARD, D’attaque, Argol, 2005. Revue Dada, n° 128, L’art brut, Mango, 2007. S. FAUCHEREAU, Gaston Chaissac à côté de l’art brut, A. Dimanche, 2007. G. B. B. DECRON, D. SEMIN et G. TOSATTO Gaston Chaissac poète rustique et peintre moderne, Actes sud, Musée de Grenoble, 2009. Principaux écrits de Gaston Chaissac : - Hippobosque au bocage, Paris, Gallimard, 1952. - Histoires d’un vacher, illustré par Luc Duvot, préfacé par Jean Dubuffet, Jean Vodaine, 1952. - Très amicalement vôtre, avec un texte de Camille Chaissac, La Louvière, Daily-Bul, 1965. - Au pays de la culotte vinassouse, par Jean le Mauve, Dam- mard, L’Arbre, 1979. - Correspondances, Soc. et Foc, 1983. - Le laisser-aller des éliminés, Trente et une lettres à Pierre Catalogues d’exposition Boujut, Lettres à Jean-Claude Roulet et lettres inédites à l’abbé Coutant, Chroppnique hippoboscalienne, Plein Chant, 1979- 1984. CHAISSAC, Conseil Général de la Vendée, Éditions Génomane, 1991. Quelques titres d’ouvrages consacrés à Sous la direction de C. ALLE- MAND-COSNEAU, Gaston Chais- Gaston Chaissac sac : 1910-1964, Réunion des musées nationaux, 1998 (Nantes, Montpellier, ANATOLE JOKOVSKl, Gaston Chaissac : l’homme Charleroi). orchestre, Paris, Les Presses Littéraires de France. Catalogue de l’exposition Chaissac, GILLES EHRMANN, Les Inspirés et leurs demeures, textes Ed. du Jeu de paume, 2000. d’André Breton et Benjamin Péret (L’Homme du Point du Jour), B. DECRON, D. SEMIN et G. Paris, Le Temps, 1962. TOSATTO, Gaston Chaissac, poète JEAN DUBUFFET, Prospectus et tous écrits suivants, 2t., rustique et peintre moderne, Actes sud, Paris, Gallimard, 1967. Musée de Grenoble, 2009. DOMINIQUE ALLAN MICHAUD, Gaston Chaissac Gaston Chaissac, Homme de lettres, puzzle pour un homme seul, postface de Serge Vialbos (La vie dé catalogue de l’exposition 2005 édité en sultoire et la désagrégation de Dieu), Paris, Gallimard, 1974. 2006 par l’Ecole Nationale Supérieure Iris CLERT, Iris Time, Paris, Denoël, 1978. des Beaux-Arts et le Musée de la Poste. Lire en Vendée - Échos-Musées -Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010 21
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    © Conseil généralde la Vendée, Conservation départementale des musées 22 Lire en Vendée - Échos-Musées -Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010
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    Deux nouvelles expositionsà l’Historial de la Vendée : L’agriculture en Vendée Madagascar, ces liens qui nous unissent au XIXème et au début XXème 3 juillet – 7 novembre 2010 25 novembre 2010 - mai 2011 © Conseil général de la Vendée, Conservation départementale des musées © Conseil général de la Vendée, Conservation départementale des musées Cette exposition qui prendra place après celle consa- De Gilles de la Roche-Saint-André qui planta le dra- crée aux soldats du feu qui se prolonge durant tout l’été peau français sur le sol malgache à Monseigneur Batiot offrira un panorama des spécificités de l’agriculture ven- qui fit construire la cathédrale de Majunga, en passant déenne. Partant de la diversité des milieux et des sols, le par Paul Rouleau, conseiller du premier président de la parcours proposé au visiteur montera les évolutions que République Tsiranana, les liens qui unissent l’ïle-Conti- ce domaine a connues plus particulièrement durant la nent de Madagascar à la Vendée sont nombreux. seconde moitié du XIXème siècle grâce à quelques per- L’exposition Vendée-Madagascar, ces liens qui nous sonnalités éclairées et la diffusion des techniques par le unissent sera l’occasion de découvrir une petite partie biais notamment de l’enseignement agricole. d’un patrimoine riche et sur bien des points unique au L’accent sera également mis sur les deux systèmes monde, à l’instar des lémuriens, de l’arbre des voya- de faire-valoir qui se sont longtemps opposés, entre le geurs et des nombreuses variétés de baobabs ou des métayage ou le fermage qui ont donné la métairie et le pierres précieuses faire-valoir direct qui a donné la borderie, deux systèmes extraites de son sol. très différents tant en ce qui concerne la superficie des Découvreurs, exploitations, la quantité de main d’œuvre disponible, scientifiques, mis- les bâtiments et moyens mis en œuvre. sionnaires, ensei- Les différents types de cultures et d’élevages seront gnants et coopérants mis en évidence avec bien sur une place particulière constituent une liste réservée à l’élevage bovin et aux plantes fourragères du non-exhaustive des bocage sans oublier toutefois d’autres spécificités telles © Conseil général de la Vendée, ces personnages, que l’élevage mulassier du sud. historiques ou contem- Convivialité, échanges, travaux collectifs sont autant porains qui ont été les acteurs des liens qui unissent la de thèmes qui seront aussi abordés. Matériel agricole, Vendée à l’Île rouge. documents anciens, peintures, maquettes, films, pro- Cette exposition est aussi l’occasion de mettre jections photographiques seront ainsi réunies à partir en avant les actions menées par les associations ven- d’un choix difficile tant le sujet s’est avéré vaste ! déennes, dans le cadre de l’aide au développement et à Comme pour chaque exposition un ouvrage de réfé- l’éducation, ou dans le cadre de l’aide aux secours civils, rence faisant appel à de nombreux auteurs sera édité avec plus particulièrement le projet développé depuis en lien avec cet événement tandis que des animations 1998 par les sapeurs-pompiers de la Vendée. extérieures seront également programmées. Christophe Vital Lire en Vendée - Échos-Musées -Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010 23
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    Le Musée desEnfants le Puy du Fou L’une des caractéristiques de l’Historial réside au XVIIIème siècle dans son concept évolutif. Pour la première fois en France et sans doute en Europe, En début d’année, j’ai eu la chance et la surprise un musée n’a pas été pensé comme une struc- de faire une découverte exceptionnelle pour la connais- ture figée, il s’est au contraire donné les sance du patrimoine vendéen, il s’agit d’un petit dessin moyens de se renouveler régulièrement aquarelles du château du Puy du Fou. Jusqu’à présent, nous ne connaissions aucune vue représentant le châ- teau avant sa destruction pendant la guerre de Vendée. La double Cette œuvre très réaliste et d’une grande précision date notion d’ex- de la fin du XVIIIème siècle, le style ainsi que quelques position per- personnages et un phaéton au premier plan permettent manente et de la dater assez précisément des années 1780. d’exposition Les enseignements que l’on peut en tirer sont nom- temporaire a été breux, plus particulièrement en ce qui concerne la bannie de l’His- façade ruinée qui sert aujourd’hui de décor au spec- torial ; tout y tacle et dont on connaît enfin l’élévation sur 2 niveaux est conçu pour surmontés d’une toiture à forte pente ornée de neuf © Conservation départementale des musées se transformer. lucarnes cintrées complètement disparues de nos jours. Ainsi le musée des Cette toiture compte-tenu de sa pente était à l’évidence enfants a été dans ce concept spécifié comme un espace couverte d’ardoises comme on l’a longtemps supposé d’expositions de moyenne durée, c’est-à-dire qu’il a été de même que l’ensemble du château. L’élévation de la convenu de le renouveler totalement tous les trois ans. façade donnant sur le grand escalier était différente de Après trois années d’exploitation, c’est donc chose ce que l’on trouve aujourd’hui. On notera enfin que la faite, la première exposition consacrée à l’histoire de fenêtre qui donne de nos jours sur la chapelle est une l’alimentation qui a connu un véritable succès laisse la création de l’architecte nantais Fraboulet qui a restauré place à un nouveau thème : les animaux de la ferme. au XIXème le château. Le musée des enfants est un espace muséographique Quant au pavillon d’angle qui a été entièrement entièrement dédié aux plus jeunes mais qui n’exclut pas reconstruit par Fraboulet, on note qu’à l’emplacement les adultes. Bien au contraire !, il est conçu comme un de la salle des gardes, était érigée une forte tour qua- lieu d’échange entre les générations, les thèmes et les drangulaire à trois étages couronnée par une toiture activités encouragent le dialogue entre les enfants et pentue également en ardoises. la base de cette tour était leurs accompagnateurs. Ainsi, le musée des enfants est légèrement évasée. Ce qui est très curieux, c’est cette spécialement dédié aux visites en famille. rupture entre les deux premiers niveaux ouverts de trois L’objectif est d’inculquer aux enfants la notion de fenêtres et le dernier étage qui n’en compte que deux chronologie, de temps qui passe, à partir d’une muséo- ménageant peut-être une terrasse donnant au midi. On graphie adaptée à leur taille. Il est aussi conçu pour ini- voit nettement que ce pavillon d’angle était en saillie tier l’enfant au monde des objets. À la différence des par rapport aux deux ailes de part et d’autre et repo- autres structures culturelles déjà existantes en France, le sait sur un soubassement qui se décroche également de musée des enfants de l’Historial aborde l’Histoire ; en la terrasse dominant les prairies (l’étang ne sera creusé cela il est unique ! qu’au XIXème siècle), le principe d’un pavillon d’angle Dans cet espace, les enfants peuvent découvrir un en saillie se retrouve dans des châteaux de même inspi- monde plus ou moins familier, ses évolutions et ses ration tel Ancy-le-Franc construit par l’architecte ita- caractéristiques. Ils peuvent enrichir leurs connaissances lien Serlio qui fut très certainement une référence pour et leur vocabulaire. C’est aussi une manière d’aborder le le Puy du Fou. Cette partie du château avait été détruite patrimoine de la Vendée, ainsi, les animaux de la ferme lors d’un séisme dans la nuit du 24 au 25 janvier 1799. prennent tout leur sens dans ce département où la rura- Quant au long édifice qui prolonge ce premier bâti- lité est très forte. ment, il s’agit de la galerie Nord, celle qui est ornée À chaque fois que cela est possible, il est fait allusion côté cour d’arcades en rez-de-chaussée. Ce qui est sur- dans le parcours aux spécificités vendéennes, de même prenant, c’est qu’elle disposait de deux rangées de huit que des témoignages de la culture locale et du passé fenêtres séparées par une corniche, aujourd’hui seules sont évoqués (le patois, des objets de la vie quotidienne, quelques une à l’étage subsistent. Cela signifie que la l’architecture, les gestes…) galerie à l’italienne aurait été donc initialement ouverte Les animaux n’auraient de sens sans l’homme. sur ses deux façades ; on comprend que le climat du Le rôle de ce dernier est également évoqué et les soins bocage ait été peu propice à ce dispositif et qu’on ait qu’il leurs prodigue. C. V. décidé de combler ces ouvertures au XIXème siècle ! Vous 24 Lire en Vendée - Échos-Musées -Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010
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    © Conseil généralde la Vendée, Conservation départementale des musées noterez enfin que la toiture était également à forte pente, des communs, tandis qu’à gauche, dans le prolonge- ce qui laisse supposer qu’il s’agissait alors bien d’une ment du grand corps de logis, on trouve la maison du couverture en ardoises légitimant la présence encore de régisseur. Il est également amusant de constater la pré- nos jours de la lucarne côté cour. Par contre l’architecte sence d’un moulin, plus ou moins à l’emplacement de n’a pas jugé bon de créer de telles ouvertures sur une celui qui a été érigé pour les besoins du spectacle ! façade moins visible du château. On a longtemps pensé L’artiste dont on ignore l’identité a de manière que cette aile avait été incendiée pendant les guerres de assez adroite et équilibrée encadré son œuvre de grands religion et qu’on l’avait dès lors recouverte d’un toit de chênes aux pieds desquels paissent des vaches et un tuiles, cette hypothèse doit être revue aujourd’hui au cheval blanc, évoquant ainsi la terre d’élevage du haut regard de ce document puisque la toiture initiale était bocage. Les personnages du premier et du second plan encore là à la veille de la Révolution. En revanche il qui sont certainement les la Forest d’Armaillé, proprié- est plutôt envisageable que cette partie comme la pré- taires des lieux, nous renseignent par leurs tenues vesti- cédente fut en partie détruite lors du tremblement de mentaires sur l’époque, il s’agit bien de costumes portés terre de 1799 et/ ou lors de l’incendie de 1794. à la veille de la Révolution, il en va de même de la petite À l’arrière de l’aile Nord, on distingue la partie dite voiture hippomobile, sorte de phaéton en vogue à par- XVème que l’on trouve aujourd’hui à gauche en entrant tir des années 1780 formé d’une petite caisse courbe dans la cour. Il s’agit d’un ensemble flanqué de quatre munie d’un seul siège pour deux personnes et conduite tours aux angles (il en subsiste deux côté cour, les autres pour la promenade par son propriétaire, tandis qu’une ont disparu), elles sont toutes coiffées d’une toiture domestique en coiffe se tient debout à l’arrière et qu’un conique. Quant au pavillon encadré par ces tours, il est valet semble les escorter portant un étendard. Au pre- orné d’un genre d’oculus et sommé d’une croix- s’agit-il mier plan, complétant cette scène de genre un peu pré- d’une chapelle ? C’est possible. Lors de sa visite sur le cieuse, deux femmes et un couple en tenues élégantes site en 1810, Poëy d’Avant avait évoqué « un pavillon conversent tandis qu’un jeune laquais abrite ce dernier flanqué de tours nommé le pavillon de Renaud », sans sous un ombrellino. Un autre détail stylistique permet doute s’agit-il de cet édifice qui, construit au XVème, de dater aisément cette œuvre : il s’agit du muret cou- succéda au « vieux château » qui aurait été construit par vert de lierre du tout premier plan dans la veine « rui- Renaud du Puy du Fou, premier du nom ; le pavillon niste » alors très en vogue. fut peut être érigé avec des matériaux de réemploi pro- En conclusion, voici comment la mise à jour d’un venant de l’ancien château, d’où le nom qu’on lui attribua. petit dessin aquarellé peut résoudre les questions qu’his- On distingue enfin en arrière plan ce qui devait être toriens et érudits se sont posées pendant deux siècles ! C. V. Lire en Vendée - Échos-Musées -Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010 25
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    Nos Sélections Poésie Ailleurs, muses d’ici, Quand l’auteur prend sa plume, ce sont des Anne Plissonneau tranches de vie qui partent en bulles, qui s’élèvent Publibook, 40 p., 10 € avec la légèreté de la plume dans une grande agilité et une belle élégance de l’esprit. Une limpidité qui se charge, au fil des mots, d’une certaine conscience d’être, avec ses tendresses et ses douleurs, jouant des La pensée fait ses gammes rythmes et d’une émouvante musicalité. Et les doigts impatients s’agitent sous la plume.» Alain Perrocheau Deux recueils de Bernard Grasset nous régalent Contrepoint pour ce printemps 2010. Avec Contrepoints, inspiré Bernard Grasset des peintres et des musiciens, les lignes mélodiques Éditions de l’Atlantique,12 € se superposent en harmonie dans une rythmique cadrée mais naturelle, comme une eau dans le lit de son ruisseau, murmurant la vie et jouant les sens qui s’éveillent. Le chandelier vert A trois branches Eclaire les cimes. La fontaine murmure Le retour à la paix L’infini soudain délivre. Dans Liturgie, la prosodie très proche du clas- Liturgie sique, mais libérée de toute convention, délivre un La Grande Ourse univers poétique qui s’auréole de mystère et peut- Bernard Grasset être de sacré. Éditions de l’Atlantique, 16 € Les années passent, les années de lierre-vie Amour et semis laissent la trace d’un cri Le temps, l’éternité, signe de tragédie. A. P. 7 Femmes Des mots qui s’agencent, parfois dans un désordre apparent, dont la portée peut paraître malaisée à sai- Séverine Mahé, textes sir, mais qui transpirent toujours, à la longue, au Elackim Terbal, photographies bout des nombreux pas que suscite la marche des SOC & FOC, 48 p., 12 € mots, l’émotion d’une féminité. Les superbes pho- tographies d’Elackim Terbal font miroir aux poèmes et y ajoutent les singularités de ces 7 femmes. sans regards avoir un espace vierge un abri un local anonyme pour s’entraîner avec soi où le je arrive sans détour à être avec les autres. A. P. 26 Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010
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    Les Îles impossibles Tisser les mots avec une infinie minutie jusqu’à retrouver la trame de l’amour au travers des rêves ou aussi bien qu’au travers des éléments du quotidien, de l’autre côté du Fleuve pour atteindre l’essence même de la lumière. Entre Monique Guibert-Bécot pudeur et convoitise apaisée s’écoulent The Book, 92 p., 15 € Juste quelques mots en voyage Qui se posent incidemment sur le gris de la vie Et me laisse en oubli Ces quelques lignes sur la page. A. P. Le petit moulin de Châtauneuf sens et des sous-entendus, parfois difficiles à déchif- frer, parfois un peu répétitifs. Le recueil s’illustre de Andrée Boivin jolies photos qui ajoutent à la malice de l’ensemble. Utilisant une technique qui E-vie-d’amant qu’ON est toujours en quête de V-en-T confère au recueil un certain avec D de-moi-z’elles descend-dans très bas. humour, l’auteur utilise la calligra- Mais le M-eu-nier, qui sait que du vent vient du couche-en, phie pour souligner des doubles dit : «Elle ramasse une poule, La Pierre !» A. P. Quand les déesses revisitée, et ceux d’une prosodie classique où les étaient celtes rimes et les formes fixes comme le sonnet reprennent Françoise Bidois leurs pleins droits. Quelques dessins aux formes et Francebiche, 42 p., 15 € aux couleurs naïves accompagnent l’ensemble. Ce recueil réalise une heureuse Couronnement serein de ta dextérité alchimie entre des espaces légen- Car il sera toujours pour toi grande importance daires, ceux de la mythologie celte, heureusement De ménager les lois et garder l’abondance. A. P. Premiers pas Bernard Thouzeau nous présente deux livres de poésie, non illustrés, dont la lecture nous captive Bernard Thouzeau peu à peu. Publibureau, 72 p., 12 € Premiers pas nous révèle un être sensible et qui a besoin de livrer ses émotions au fil des jours, ses 66 poèmes sont variés. Ouverture est différent, il affirme qu’il est néces- Ouverture saire de se comprendre soi-même pour mieux Bernard Thouzeau côtoyer les autres. Publibureau, 66 p., 12 € Au fil des pages il se dévoile, c’est une lecture qui vous entraîne ainsi dans une certaine nostalgie bien élaborée. Anny Launay Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010 27
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    Nouvelles Noirmoutier, traître à Londres et triomphant en Vendée, Arlequin jettera peut-être un jour sa plume à Capoue pour que les délices l’emportent sur la tra- Amours, délices gédie. et tragédies Plurielles, colorées, suaves, épicées, décidées Bernard Brunelière sont tour à tour ses amours ; contrariées toujours. Durand-Peyroles, 138 p., 15€ Le chant des sirènes, douce mélopée, sourde com- plainte ou incantation sauvage, nous vient du large Félon à Rhodes, sanguinaire à la Guadeloupe, et des îles de la tentation. Notre chantre lui fait infidèle à Madagascar, en cage à Nantes ou pour écho, barde inspiré ou malicieux troubadour. J. R. Aigues-Marines courtes, parfois très libres, toujours aussi extraordi- Christoph Chabirand naires, qui vous donnent le sentiment qu’elles ont Orphie, 160 p. été vécues, que ce sont des confidences... C’est aussi la description du monde très coloré Le second livre de Christoph de La Réunion, à découvrir ou à retrouver, une île est de la même veine que le pre- française exotique, mythique, magique, tragique, mier. Un style toujours aussi épique... alerte pour des histoires, souvent ...idyllique. J. R. Internet et Net tance majeure. De l’ensemble, ressort une histoire Françoise Bidois le Journal d’une rupture, rencontre insolite et pour- Édilivres, 128 p., 14 € tant de plus en plus moderne par le biais d’Internet. Un livre qui porte le sous-titre C’est l’occasion d’utiliser divers types de messages : de Contes et nouvelles, et où le le courriel, la lettre traditionnelle, le récit classique thème de la rencontre, la décou- et même le poème. Ils peuvent tous mener au tra- verte de l’autre, est d’une impor- gique. A. P. Les Nouvelles Pierres le même. Ce sont des histoires de la vie ordinaire, souriantes, grinçantes, voire tragiques, comme les de Sucre femmes (seulement ?) s’en racontent en prenant une Régine Albert tasse de café. Elles nous emmènent de Vendée en Écho-Optique, 128 p., 14 € Russie, jusque sur les routes du Laos. Elles sonnent Régine Albert nous avait donné juste. On y entend des tournures du pays. On voit Les Pierres de Sucre, il y a 20 ans : passer la silhouette de tante Madeleine. Des instants un recueil de nouvelles que les lecteurs de l’ouest glanés au fil des jours. Nul doute que ces « Nou- avaient dégustées sans modération. Voici qu’elle velles Pierres » devraient adoucir encore nos potions nous revient avec Les Nouvelles Pierres. Le ton est quelquefois amères. (Préface de Gilbert Prouteau) Y. V. Jeunesse Une vie de chien seuls mais vous invitent à partager les heures heu- reuses qu’il égrènent ensemble. Les mots, les phrases ...Heureux et les dessins s’harmonisent tout naturellement et Raynaldine Ridel transmettront leur quiétude à nos jeunes lecteurs Éditions de l’officine, 38 p., 12.50 € qui auront bien de la chance s’ils peuvent se les faire Raynaldine Ridel nous offre son troisième lire par leurs grands-parents le soir pour s’endormir recueil, à l’image des précédents, dans la douceur de ou les matins de vacances pour se lever du bon pied ! sa vie quotidienne et de celle de son chien. Ils sont J. R. 28 Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010
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    Jeunesse (suite) dans un lieu très connu, une petite histoire pour un clan de tout jeunes enfants qui découvrent ce lieu, Le secret son histoire, ses héros et y démasquent de méchants de la Chabotterie trouble-fête aux allures patibulaires. Françis Bergeron Cela fonctionne très bien et participe à la noto- Éditions du Triomphe, 96 p., 12 € riété de nos sites touristiques. Bienvenue donc au clan des Bordesoulles qui, après la plage de Boisvi- Le secret de Françis Bergeron, net, visite cette année la Chabotterie. Pour les tout c’est de monter une petite histoire jeunes. J. R. Sang et Or Monsieur Henri, héros mythique du soulèvement et modèle idéal d’une jeunesse exaltée et ivre d’hé- Henry Bourgenay roïsme. Panache, grandeur d’âme, nobles senti- Éditions de la Licorne, 260 p., 12 € ments, espoirs insensés et accablements dans l’hor- reur et la défaite accompagnent les héros du Bocage Vendéen à Nantes et au Parc Soubise, en passant par Publié en 1954 dans la célèbre Londres. collection Signe de Piste, le roman Un dossier et une chronologie complètent ce de jeunesse d’Henri Bourgenay, roman plein d’allant et de beaux sentiments où l’on reparaît dans une nouvelle édition, avec une préface ne cherchera évidemment pas les éclairages plus de Dominique Souchet. La préface originelle était récents d’une Histoire mieux comprise, ni l’objecti- signée de Louis Chaigne. C’est l’histoire romancée vité la plus parfaite. Belles illustrations d’un artiste d’une bande de jeunes, volontaires dans les troupes vendéen, Bernard Dufossé. Dominique Souchet insurgées contre les Bleus. insiste justement sur le pardon des Vendéens qui n’a Ils combattent avec fougue sur les traces de rien à voir avec l’oubli. G. B. William POIRE 4, fin de livre, quelques explications sur la genèse de Le retour cette aventure qui fait la joie de tous les potaches. C’est en fait un style et un esprit parfaitement Jean-Claude Lumet adaptés au sujet, ce qui ne surprendra pas chez un Éditions du Petit Pavé., 300 p., 18 € professeur devenu, comme son héros, l’amuseur Déjà, l’auteur est enthousiaste, n° 1 de ses congénères en son lycée. et communicatif. Les fans vont se Les fauves sont lâchés, la piste, ouverte, laissez précipiter pour une petite resucée fuser les rires, le clown n’est pas triste. J. R. des exploits de William et avoir, en Régionalisme Nicolas Haxo lièvre dans son gîte, en mars 1794, aux Clouzeaux, près Yannick Guillou de La Roche-sur-Yon. Mais il ne recevra pas à temps Édisto, 292 p., 21 € l’aide de Turreau, autre général (qui, lui, se déshon- norera en devenant tueur de femmes et d’enfants avec C’est un Vosgien, du même pays les Colonnes infernales). Du coup, le piège se referme qu’Haxo, qui a écrit cette biogra- sur le soldat vosgien qui tombera héroïquement, en un phie sur le plus populaire des géné- singulier combat contre des Vendéens de la troupe du raux Bleus durant la première guerre général Joly, aussi redoutable que Charette. Ce dernier, de Vendée. Mais Yann Prouillet sait qui n’aimait pas Joly et qui estimait Haxo comme un se montrer sans parti-pris sur l’histoire de ce soldat adversaire à sa mesure, aura ces mots: c’est bien dom- de la République tué aux Clouzeaux, dont la légende mage d’avoit tué un si brave homme. se mêle à celle de Charette. Car le général Nicolas C’est la première vraie biographie sur Haxo. Écrite Haxo, qui a gagné son grade lors du terrible siège de avec soin et style, elle constitue un document de pre- Mayence, poursuit le général blanc depuis plusieurs mier choix dans la prolifique histoire littéraire consa- mois, à Bouin, Noirmoutier, Machecoul, Touvois crée aux Guerres de Vendée. Palluau et Beaulieu-sous-La-Roche. Et il croit tenir le Philippe Gilbert 30 Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010
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    La Rochejacquelein la duchesse de Berry, dépasse ici l’image sublimée de l’archange de la Durbelière. Thérèse Rouchette Henri de la Rochejaquelein est d’abord un fidèle Éditions CVRH, 128 p.,15€ qui voit s’écrouler autour de lui le monde des certi- tudes : Dieu, l’honneur, le Roi. Comme bien d’autres chefs vendéens, les paysans le supplient de se mettre à leur tête, le 2 avril 1793. C’est d’abord le temps flam- boyant des victoires: Les Aubiers, Cholet, Thouars, Monsieur Henri est sans conteste Saumur... Puis les défaites et l’anéantissement, la mort l’icône des guerres de Vendée. Jeune, à Nuaillé le 28 janvier 1794. beau, intrépide, généralissime à 21 Ce nouvel ouvrage de la collection Les indispen- ans, tué quelques mois après, au retour de l’épou- sables, richement illustré, explique aussi pourquoi la vantable Virée de galerne, il fut l’exceptionnel meneur figure du jeune héros survit tout particulièrement dans d’hommes d’un combat juste et désespéré. Thérèse l’Histoire. Qui sait ce qu’il serait devenu ? s’est demandé Rouchette, auteure des biographies de Charette et de Napoléon. G. B. La petite Maraîchine histoire qui ressemble à un témoignage. Le récit de l’amour d’une petite fille pour ses grands parents et Régine Pelloquin pour le pays maraîchin auquel elle demeure telle- Éditions Geste, 375 p., 22 € ment attachée. Un livre fait de mots simples, ceux du langage de tous les jours et qui viennent directe- ment du cœur. Régine Pelloquin a vécu enfance et adolescence Bien que les noms des person- dans uns ferme familiale du Marais de Monts. Bien nages et des lieux soient pour la que très attachée à la vie rurale, elle quitte à 19 ans plupart inventés, pour préserver l’anonymat de ceux son marais natal pour devenir une... Vendéenne de qui ont inspiré son roman, Régine Pelloquin nous Paris. Aujourd’hui, elle exerce la fonction d’assis- assure que l’histoire qu’elle raconte est vraie. Une tante dans une petite société. J. B. Expressions maraîchines Nouvelle édition de ces expressions maraîchines hautes en couleur. Présentées dans l’ordre alpha- Jean-Claude Pelloquin bétique du mot principal, elles se lisent comme de Éditions Geste, 368 p., 16 € petites histoires, très courtes ; autant d’évocations savoureuses de la vie maraîchine. jhàu saréiz vous poules, mun jhàu ét d’épave. ou : le jhàu at chiai den l’échuéle. (le jhàu est un coq, pour le reste, explication chez l’auteur, ou dans toutes les bonnes bourines). J. R. Trains de vie Gérard Glameau bout de quelques années d’une maisonnette à une Éditions Geste, 178 p., 22 € autre maisonnette. Toutes pareilles, avec les bar- rières, la salle d’attente, le logement et le jardin sur la pente du talus des voies. L’histoire d’un fils de cheminot Gérard Glameau raconte ainsi avec beaucoup qui voulait être cheminot et qui a de sensibilité le voyage initiatique de son enfance, fini par être enseignant, poète et depuis La Mothe-Achard jusqu’à Donges, en pas- écrivain... Les trains, donc, traversent toute sa vie et sant par le Maine-et-Loire et... Aizenay où il a ses souvenirs émergent dans les cahots des voitures décidé de poser ses bagages et de servir le livre avec de troisième classe et plus tard, beaucoup plus tard, une passion très organisée. Les petites gares rurales dans le confort ouaté d’un TGV qui flirte avec la de son enfance ne voient plus passer les trains. Elles Loire. demeurent pourtant bien présentes dans nos pay- Comme les curés et les facteurs, les chefs de gare sages, comme un signal familier qui rappelle encore et leur famille étaient des nomades, déménageant au les douceurs et les duretés des années cinquante. G. B. . Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010 31
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    Régionalisme (suite) Très beau livre que ce Fontenay-le-Comte. Un guide bien conçu, bien présenté ; juste ce qu’il faut de texte, mais le texte qu’il faut, de très belles photos, Fontenay-le-Comte même si Serge Bauchet pourrait trouver à redire sur quelques verticales plutôt obliques, un documenta- ville Renaissance tion fouillée et choisie font de ce livre un livre d’art Robert Aujard et de culture. Les Vendéens vont pouvoir revisiter leur François-Xavier Grelet ancienne capitale, redécouvrir tous ses trésors, et peut- Geste, 176 p., 25 € être décider d’y revenir... un peu plus que le temps de la lecture. J. R. Le Bois de la Chaise créé le Bois, les architectes des premières maisons Le petit Éden de l’île de Noirmoutier balnéaires, les grands artistes, peintres et écrivains qui ont fréquenté les lieux, pour en arriver à l’âge Patrick de Villepin d’or des villas et à l’essor balnéaire. Tous les chalets avec la collaboration de y sont décrits avec leur histoire, tous les proprié- Marine Mondelot et taires y sont présentés avec leurs familles, les temps Henri Tillette de Clermont-Tonnerre de guerre, de paix, de dévastations naturelles, de Vendée-Patrimoine, tomes I et II, 740 pages protection des sites. C’est un travail considérable illustré de nombreuses photos souvent inédites et de Voilà un livre qui fera date dans l’histoire de l’île reproductions des peintures que le Bois a inspirées de Noirmoutier. A l’initiative de l’Association pour aux artistes. la Protection du Bois de la Chaise, Patrick de Ville- C’est l’histoire culturelle, sociale, économique et pin, docteur en histoire, s’est attaché à l’histoire de touristique de ce bout de l’île, c’est l’envoûtement de ce site idyllique de l’île et en a fait un grand-oeuvre. ce Bois de la Chaise que l’auteur décrit avec passion. Partant des druides et de leur légende, des grandes C’est un ouvrage de référence pour les chercheurs figures comme Saint-Philbert et les trois Jacobsen, il et les historiens, c’est un ouvrage de rêve pour les présente les pionniers et les vieilles familles qui ont amoureux de ce petit paradis. Claude Mercier Guide de la Vendée pro- mine, La Chaume, etc... Avec d’intéressants élé- ments historiques concernant la réforme en Bas-Poi- testante tou, les Guerres de Religion, les protestants dans la Poitou Saintonge Protestant Vendée Militaire et une «plongée» de 400 ans dans Éditions Geste,64 p.,15€ des lieux chargés d’Histoire. Une mise en page dy- namique et de nombreuses illustrations. Pour découvrir le patrimoine pro- Les amateurs d’Histoire régionale, quelle que soit testant de la Vendée, à travers 12 leur confession, apprécieront. balades : Mouchamps, Moncoutant, Sainte-Her- J. B. La Vendée d’Antan Société d’histoire du pays challandais ont mis à dispo- sition leurs précieux fonds iconographiques. L’ouvrage Nathalie Barbe fait la part belle au littoral et aux villes, négligeant HC éditions, 144 p., 28.50 € quelque peu la vie des campagnes, largement prépon- dérantes à cette époque. Mais certainement beaucoup Les albums de cartes postales moins photographiées... anciennes sont légion et souvent Chose rare - et donc remarquable - dans ce genre sans grande valeur ajoutée... Ils satis- d’ouvrage, le texte de Nathalie Barbe, journaliste et font les collectionneurs et les nostalgiques. On a plai- Sablaise d’adoption, agréable à lire et très documenté, sir à saluer ce très bel ouvrage dense et joliment mis en apporte des explications et des commentaires, une page. Il explore la vie quotidienne au début du XXème mise en perspective très intéressante. Un joli cadeau siècle sur les côtes, dans les villes et les campagnes et une belle occasion de regarder et de comprendre, au vendéennes. Les archives municipales des Sables- fil des visites, ce qui a changé en un siècle dans notre d’Olonne, le musée de l’abbaye Sainte-Croix et la Vendée. G. B. 32 Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010
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    La Vengeance ditions, les mêmes comportements et le même art en héritage de vivre ensemble dans la quiétude des villages. A Catherine Girard-Augry Montvallon, celle-ci est vite troublée par l’assassi- nat sauvage d’Audrey, puis par un second meurtre L’HARMATTAN, 254 p., 24.50 € étrangement semblable au premier. Catherine Girard-Augry mène avec talent enquête policière et introspection, sur fond de vieilles querelles de famille et de superstitions. Des Ce roman policier et rural se longueurs, parfois inutiles, étirent un peu trop ce déroule dans les Mauges, un pays bon polar qui aurait sans doute gagné à plus de ner- tout proche de la Vendée, habité par les mêmes tra- vosité. G. B. Petit dictionnaire sentimental l’inattendu, ce petit dictionnaire est à l’image de son concepteur : il allie humour, efficacité et indignation. & fantaisiste Très britannique, bien que l’Anglais ait longtemps été des Sables d’Olonne l’ennemi héréditaire des Sablais, Brossard relève avec Michel Brossard Michel Brossard Michel Brossard un sourire en coin les petits travers, souvent sympa- thiques, de ses concitoyens. Sous un format réduit, Petit Dictionnaire sentimental et fantaisiste Des sables D’olonne Petit dictionnaire Beaupré, 216 p., 15 € sentimental & fantaisiste des Sables d’Olonne il accumule une encyclopédie de renseignements et Sentimental parce que son D ans son Petit dictionnaire sentimental et fantaisiste des Sables d’Olonne, Michel Brossard nous révèle des lieux mythiques ou secrets, des personnages célèbres ou inconnus, des adresses rares et des recettes locales, des souvenirs de plage et de Remblai. d’anecdotes. Sortant de sa réserve habituelle, il pousse auteur, très impliqué dans la vie des coups de gueule contre les prédateurs qui s’achar- Dans son univers sablais, de l’Artémis à Xynthia, du Festival Simenon au Vendée Globe, du Pierrot au Grand Café de la Plage, le lecteur vogue de mot en mot, de venelles en ruelles, de drames en fêtes, de femmes du monde en aventurières, de peintres en romanciers, de terrasses de cafés en jardins d’hôtels, de grands trois-mâts en yachts d’artistes. Des lieux nent depuis des décennies à défigurer un patrimoine disparus - le Casino des Bains de mer, le Royal Palace Hôtel - rouvrent associative olonnaise, est un amou- mystérieusement leurs portes. L’ombre de Maigret se découpe sur les façades des villas du Remblai. Alfred de Musset réclame un quai à son nom. Nina d’Asty édifie une luxueuse villa à la Pironnière. Cela fourmille de personnages, cela vibre de couleurs et de poésie, cela claque parfois comme un sabot You-You sur le pavé du port, cela coule comme les jours heureux de notre jeunesse sur la « plus belle plage d’Europe ». reux de sa ville, fantaisiste parce Auteur vendéen, Michel Brossard a écrit en 2008 un ouvrage sur « Les Maisons d’Armateurs des Sables d’Olonne ». Il préside l’Association pour la Protection du Patrimoine du Pays d’Olonne. Couverture : Plage des Sables d’Olonne Prix : 15 € TTC France séculaire. Un livre distrayant qui donne à réfléchir. Michel Chamard au remblai quadrillé, 1933, par Albert Marquet. que sa centaine de notules relève de Collection Musée de la Ville de Poitiers ISBN : 978-2-919154-00-5 et de la Société des Antiquaires de l’Ouest. © Adagp, Paris 2010 Editions © Musée de Poitiers, Christian Vrignaud de Beaupré Editions de Beaupré Voyages l’aventure démarre avec la mort d’un rebelle dans une fusillade et nous entraîne avec une étonnante aisance sur les hauteurs des Andes. Le chassé-croisé entre plu- Les amants sieurs personnages est intense, notamment entre le très intéressant colonel Diaz et Paméla la veuve du rebelle, de Pachacamac celle qui ne voulait que rechercher ses racines péru- Jean-Michel Adrien viennes et se retrouve en danger de mort. Thélès, 208 p., 15.80 € Jean-Michel Adrien a reçu le Prix Corto Maltese pour son premier livre, on est en droit d’attendre avec Philippe Gilbert l’écrit dans une grosse curiosité la sortie de son prochain livre pour « Ouest-France », ce livre est une splendeur, d’une voir se confirmer un réel talent de romancier, ajoute plume nerveuse, inspirée. Construite comme un polar, Philippe Gilbert. Escales, raids d’autres pays. Ces carnets de route professionnels et Missions informent sur le travail des agronomes globe-trot- Jacques Arrignon ters, experts internationaux qui planchent sur les Édilivre, 335 p., 20 € rivières à saumons, l’élevage des poules ou celui de l’écrevisse en Nouvelle-Calédonie. Après avoir narré son par- Davantage que les descriptions touristiques ou cours d’ingénieur forestier, Des les avatars personnels de ces voyages au long cours, volcans malgaches aux oueds algé- on s’intéressera aux rencontres inattendues avec les riens, Jacques Arrignon, auteur aussi d’Une enfance populations locales et les anecdotes, parfois saugre- vendéenne, du côté de Mareuil-sur-Lay, raconte nues, qui émaillent les savantes conversations des ici quelques-uns de ses souvenirs de missions. Il très sérieux groupes d’experts. Jacques Arrignon par- emmène ses lecteurs de façon très personnelle en tage ce qu’il y a a pour lui de plus précieux dans les Israël, au Québec et à Terre-Neuve, en Iran, en Côte voyages : les sensations et les émotions du moment. d’Ivoire, en Argentine et en Chine. Et dans bien G. B. 33 Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010 33
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    Vous aviez Clochemerle,vous aurez le bourg de Policiers Sidonie, quelque part en Vendée ou ailleurs, son chat, son maire, ses sœurs, avec une enquête policière et une intrigue amoureuse. Tout cela pour un bout de gras, Sidonie un bout de terrain qui déchaînent les convoitises et Joseph Violleau révèlent les mœurs et les comportements à l’échelle Éditions Almathée, 82 p., 10 € d’un village. L’auteur promet d’autre tomes, et un suspense de plus en plus exaltant. Je tremble pour Sidonie ! J’espère qu’il ne la malmènera pas trop ! J. R. Code Stéphane Stéphane et demandent une Stéphane ou Stéphanie Pierre Deberdt Pierre Deberdt Pierre Deberdt est né à Charleville. Son père Roman était Flamand, sa mère Wallonne. Jeune, il a été Leguen, les choses se compliquent. Qui est vraiment marqué par l’atmosphère de la forêt ardennaise Code Stéphane Pierre Deberdt et la chaleur de la vie dans le Nord de la France. Admirateur des peintres impressionnistes et amateur de jazz, il est, depuis 37 ans, vétérinaire en Vendée, au Poiré-sur-Vie. Un métier qu’il a choisi par amour de la science, de la nature et Stéphane ? Le mariage a bien lieu. Mais Jérôme va des animaux. Éditions Les Chantuseries, 272 p., 22 € Code Stéphane Qui est Stéphane ? Les indices s’accumulent. Un cheveu trouvé, un livre emprunté, le mystère d’une suite mathématique... Lorsque mener son enquête, qui va le conduire jusque dans Jérôme aura percé ce mystère, il suivra son intuition, malgré les mises en garde de ses amis, de la police. Code Stéphane est le roman de l’inattendu dans la vie. L’inattendu dans la découverte de l’autre. C’est aussi un touchant roman d’amour la Creuse profonde, à la recherche des secrets intimes où les personnages se cherchent depuis l’île d’Yeu et Challans, Nantes, la Bretagne et les forêts de la Creuse. Rien ne les arrêtera. Heureuse- ment, Bastet veille. Photo de couverture : © Georges Vrignaud qui meuvent les êtres. Ce roman, plein de rebondis- Pierre Deberdt dépeint ses personnages avec bonheur et connivence : il les aime avec passion et nous les fait aimer, malgré leurs contradictions. Il est aussi un peintre de la nature. Il nous fait découvrir les parfums et les couleurs des Éditions Les Chantuseries sous-bois en hiver, quand l’essence des arbres devient l’essence de la vie. Jérome embarque à Fromentine Bertrand Illegems L’omISBN : 978-2-9535472-0-7 Prix : 18 € Éditions Les Chantuseries sements, est une belle et émouvante enquête au cœur sur le bateau pour l’île d’Yeu où que bre c B h disti signe inoise Apr lle la fa ertran est le des hommes. Parlant de rebondissements, une chatte, il va assister au mariage de son amie, la pulpeuse jou ès tren ntaisie d Illeg quatr rég rna io list te-c inq dans l’éc nale, e dan anné le genr n rom man em iè s. U me r o Bastet y joue un rôle non négligeable. On n’oublie pas s em Catherine, et de Stéphane. Mais quand r s a dan iture Bertra la p es pas e polar. n qui que Pierre Deberdt est vétérinaire et que la psycholo- r g n s Les s l’édit roman d Ille esse q ées co Ille C g pou hantu ion av esque ems a uotid mme r les ec tr ie les gendarmes frappent à la porte de se e mo ries, m la cré t théâ ouvé, nne and Q là, a uoi de gie animale n’a pas de secrets pour lui. Y. V. ts, le a ati tr d Bert s im tière à on d ale, p ans tr u p e le d x Her lus tran ra age n s et ourrir s éditio uis Ber ram bier quil les g sa p ns nd e s ens. assio Ille Dis éclate. , à la m le qu’u n gem yp erde par it ais neon d m Rom s nt le ions. T e re aison d an C r trait Les ette his ur latin afics. C e de e retrait évén toir L’om ements e début . abin et se s pr être e ? Pou L’om se cret s, le rt Bou ant, c’e bre s’en e la . Ex bre noi chin chaîn nuit cho oise ent, du 12 plos ions t, qu st plan tam nov . Le s en e chi Humour et fantaisie, nous confie Bertrand chi e. bou r ba embre, ttan en p quê teur noi t. lein s se bre e tem qui s’amuse et nous amuse franchement, en L’ombre chinoise pête . m L’o ISB donnant de l’envergure à des personnages et des aud N: 978 Bertrand Illegems rign -2-9 es V 535 paysages familiers. Rythme allègre et soutenu pour 472 eorg -0-7 ©G re : Éditions Les Chantuseries, une enquête éclair. Il ne faut pas se fier aux apparences, tu ries uver Prix tuse de co : 15 € to han Pho nous lâche encore notre nouvel éditeur, qui peut ainsi es C 160 p., 15 € ns L nous surprendre à chaque page et nous dévoiler les io Édit dessous de faits-divers que seuls des béotiens attardés Édit io ns L es C han tuse ries pourraient croire anodins. L’ombre plane ! J. R. On ne meurt jamais à plusieurs reprises dans un cercle formé par quatre par hasard couples d’amis et sème la perturbation dans la ville. Derrière une sérénité de façade se cachent bien des Jean-Luc Loiret passions insoupçonnées. Le style tendre et rythmé Éditions Geste, 390 p., 15 € est émaillé de citations du policier philosophe chargé des investigations. Saura-t-il démêler les fils de cette enquête en allant au-delà des apparences ? Jean-Luc Loiret nous livre un Premier Prix du salon des arts et des lettres. roman policier où la mort s’invite Eveline Thomer La chute d’un flic poitevin comme l’enquête. Tout s’enchaîne, nous entraîne et nous captive. Vous n’êtes libéré qu’à la dernière page, Jean-Luc Loiret comme les suspects. votre souffle sera plus long à reve- Éditions Geste, 458 p., 12 € nir ! Pas de fioritures, tous les mots comptent ; vous les J’ai dévoré le second livre de Jean- scrutez tous, de peur qu’un indice ne vous échappe. Luc Noiret. Nul doute qu’il récoltera Beaucoup d’imagination, de construction et d’in- aussi un prix quelque part. novation pour une série à ne lâcher sans aucun pré- J’ai apprécié le style, rigoureux texte ! J. R. 34 Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010
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    Romans L’enfant, Patrick Durand-Peyroles est un nouveau venu le Verdon dans l’édition et dans l’écriture. L’enfance, l’imma- ginaire, l’évasion, le merveilleux, tout cela va de pair et la Prairie et met un peu de fraîcheur dans le cœur. Patrick Fraîcheur et profondeur, au-delà de l’histoire, Durand-Peyroles un regard discret et clair sur les événements, les La Découvrance, 190 p., croyances et les forces qui jalonnent, ponctuent et 17 € déterminent peut-être nos existences. J. R. William Kassenef À l’abordage ! Notre jeune héros mène une double et vie, celle de ses rêves, dès qu’il monte au grenier, et la vie ordinaire d’un jeune collégien de La Rochelle. le vaisseau truqué C’est très bien amené, le grenier, avec ses objets Patrick disparates, hétéroclites, et déjà un monde fantas- Durand-Peyroles tique. L’imagination de notre gamin s’enflamme La Découvrance, 196 p., aussitôt et combat des pirates sanguinaires, sauve sa 17 € sœur ravie, détenue à fond de cale. C’est très juste. Il en est peut-être qui n’ont qu’une vie, ce ne ne sera pas le cas de William et de ses lecteurs ; tans pis pour ceux qui ne savent ni voler ni voguer. J. R. Les Trois Frères Robert Audidier a déjà publié Le voyage de Pierre Angibaud et Les sentiers de traverse. Il récidive avec Robert Audidier ce roman de terroir en temps de guerre sur la ligne De Borée, 374 p., 20 € de démarcation. Justin, Clément, René, trois frères, aident des Juifs à passer en zone libre. Et puis va arri- ver Marinette, qui va être comme un coin dans la fratrie. Lequel préfère-t-elle des trois ? Maupassant mêle ses vers nostalgiques à l’intrigue : La grande plaine est blanche, immobile et sans voix. Ça se ter- mine par : Tu sais…, je ne suis pas venue pour ta mai- son. Je suis venue pour toi. De qui s’agit-il ? Y. V. Une bulle Stéphane m’a donné son livre et l’article que Sté- de verre phanie Hourdeau lui a consacré dans Le journal du Pays Yonnais. J’ai lu le livre, puis l’article, enthou- dans l’or noir siaste, comme moi. Notre journaliste se réfère à Stéphane Loiseau Georges Orwell, Aldous Huxley, René Barjavel, Les 2 encres, 242 p., 20 € Jules Verne, Philippe Ehly et Gattaca ; on peut rajouter Candide et Leibniz. Certains se contentent béatement du monde qui les entoure, d’autres en imagine d’autres, Stéphane Loiseau les fait se mélanger, notre monde devient fantastique et l’imaginaire rejoint le réel. Tout cela aux rythme et style d’un polar bien écrit. Attention, vous risquez d’adorer ! J. R. 35 Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010 35
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    Romans (suite) Lysia essaie de savoir, de comprendre. C’est l’histoire d’une attente, pleine de sombres pressentiments. Un Une longue absence jeune et lumineux commissaire cherche la vérité. Lysia suit son intuition, même lorsque cela semble Éveline Thomer déraisonnable et dangereux. Les paysages, décrits Geste, 240 p., 19€ avec minutie, justesse et sensualité, composent une atmosphère où elle perçoit des messages. La nature Dès la première page, on est en et le temps sont des personnages, très présents, qui plein mystère, en plein suspense : entretiennent le suspense. Une histoire d’amour se où est le père de Lysia, de Marion mêle à cette recherche. Les mystères trouvent leur et de Louis, disparu il y a dix ans explication alors que les sentiments les plus contra- sans laisser le moindre indice ? Qui est cet inquié- dictoires atteignent leur paroxysme. tant voisin solitaire sur le compte duquel on raconte Lydie Gaborit les pires ragots ? Tandis que sa mère est mourante, Est-ce cette maison dite hantée qui va propulser La mémoire effacée Amélie avec son chevalier Raoul dans l’aventure de sur les pas de cette troisième croisade et le sillage de Richard Cœur Richard Cœur de Lion de Lion ? Ou Amélie n’est-elle qu’une réincarnation Annie Plait de la belle Emmeline du temps des croisés ? Dans ce cadre historique excessif et passionné, Annie Plait Geste, 310 p., 18 € promène ses personnages à travers un dédouble- ment psychologique et une histoire d’amour inso- lite, avec une plume empreinte de connaissances et Essais de merveilleux. Claude Mercier Ma paroisse.com chaire et l’ordinateur. Dans ce livre de méditations Olivier Gaignet qui est aussi un lieu de prière, le curé de Fontenay 250 p., 18 € commente la Bible et le message de l’Église, mul- tipliant, au hasard des rencontres et de l’actualité, les thèmes et les approches. Il parle de la paix et des droits de l’homme, de la santé et de l’accueil de À l’heure ou l’Internet menace l’étranger, des solidarités, des femmes et des prêtres, le livre, il peut arriver aussi qu’il lui du dialogue des religions, du monde et du Pays de donne naissance... Le blog d’Oli- Fontenay, de l’art et de la politique. vier Gaignet, le curé-doyen de Fon- Ces « billets d’humanité », toujours originaux et tenay-le-Comte, est ainsi devenu pleins d’humour, révèlent l’attachante personnalité un livre. Le premier recueil rassemble 272 billets, d’un homme de Dieu, plongé au cœur du monde, lancés sur la Toile entre novembre 2007 et sep- pétri de sa terre vendéenne, mûri dans les missions tembre 2008. Le second, plus étoffé encore, vient de du Mali. Et convaincu qu’il est aussi utile, sinon paraître. 250 à 300 internautes lisent chaque jour le davantage, de parler de la Foi dans les bars et sur la blog du curé, constituant ainsi la « paroisse invisible », toile qu’au micro de l’église paroissiale... le peuple « hors les murs ». Pas de différence en effet G. B. pour Olivier Gaignet entre la Bible et le journal, la Passé, sous silence jeunes gens projetés dans un monde étranger et hos- ou le journal d’un appelé tile, et dans une guerre qui a honte de son nom. Au- Bernard Nicolas delà d’un récit forcément répétitif, Bernard Nicolas Richelieu, 285 p., restitue très exactement leur vie quotidienne, dans la peur permanente et l’attente insupportable du retour, toujours reculé, auprès de sa fiancée et des Publié à compte d’auteur, avec siens. Il ne tait pas son écœurement, ni son impuis- une préface de Joël Gaucher, cet sance, face aux « corvées de bois », en réalité la mise ouvrage restitue le journal d’un à mort d’autres hommes, parfois innocents, ordon- sergent appelé de 22 ans, durant la née par certains officiers sans foi, sans honneur et guerre d’Algérie. Il sert le devoir de mémoire de ces sans loi. G. B. 36 Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010 36
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    Autres Parutions Et si c’était vrai ? Joc party Gérard Robert Cormy Ian R. Sanders Plancher, 210 p., 26 € L’Harmattan, 156 p., 15.50 € On ne sait pas si c’est vrai, mais c’est explosif, on s’en doutait. Mené à grand galop, ce roman C’est écrit d’un seul jet, sans cor- à allure de polar va transporter recteur, comme des notes rapides, le beau Franck dans un village pour ne rien oublier, on se laisse étrange, dans un monde mysté- prendre par cette avalanche de révélations, ce déluge rieux de jouissance où il sera face de scoops. Un script qui colle bien à la peau. J. R. à son destin : la vie ou la mort. Style alerte avec quelques pages brûlantes. C. M. Les dernières racines Quand la terre de «NOAH» se réveillera Gervais Jousseaume Jean-Perre Brosset 250 p., 26 € 136 p., 15 € Marcel Dassault tenait sa chro- nique café du commerce dans son Musique concrète et texte réa- journal, Gervais livre aussi ses liste, terre à terre, celle de Roméo coups de gueule en vrac. Il ne pensait pas possible et celle de Juliette, dans un monde un raz-de-marée quelques jours avant la tempête, il futur proche frappé d’une catastrophe écologique, le n’était malheureusement pas le seul. Nous sommes tout à bâtons rompus. Effeuillées les marguerites et bien peu de choses. et n’avons d’ordinaire pas voix rasées les pâquerettes, la prairie reste verte. au chapitre, mais gardons quand même le droit de J. R. nous exprimer. J. R. Livres dont nous avons eu Oxylon Jeamie Audger connaissance mais qui ne nous Les 2 Encres, 186 p., 17 € sont pas parvenus Un robot, mais un homme, un criminel mais une victime, Les enfants du Dieu Râ un policier, futuriste à la James Gilbert Montassier Bond. On s’attendait à changer de Les 2 encres, 20 € galaxie, on reste heureusement embossé à bon port, juste le temps de laisser passer le tournis. J. R. Poussières de Fées Pour une poignée Élisabet Vezin-Mourcou de pignons Édilivres, 89 p., 14 € tome III Jean-Paul Gayot 256 p., 18 € Victoire de La Rochejacquelein Ce dernier tome serait-il le cliché eschatologique que tout un chacun voudrait écrire ? Les premiers La marquise aux pieds nus n’étaient-ils que des polars ? Le doute s’installe. Ménie Grégoire C’est la force de ces nouvelles pages livrées sans Éditions de Fallois, 229 p.,18.50 € détour. Innocemment ? J. R. Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010 37
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    des mers dontquelques presti- Exposition gieux passagers dont le professeur Picard, personnage qui deviendra Paquebots, littérature et aventures le professeur Tournesol dans Tin- L’âge d’or des grands paquebots tin. et de la littérature maritime s’invite Qui se rappelle de l’auteur à Saint-Gilles-Croix-de-Vie Edouard Peisson, notre Conrad français ? Pourtant, il est un des Cette nouvelle rares écrivains de la mer à avoir exposition est basée traduit dans ses ouvrages l’esprit des équipages de ces sur deux opinions navires. Nous vous présentons sa biographie et une forgées au sein de courte bibliographie. la Maison des écri- Notre association ne pouvait faire l’impasse sur les vains de la mer : la paquebots ayant porté le nom France. Le premier tran- littérature maritime a satlantique à porter ce nom prestigieux fut construit à connu son apogée entre Penhoët en 1864, ensuite il y eu le deuxième du nom la moitié du dix-neu- lancé aussi à Penhoët en 1912, puis il y eut notre dernier vième et du vingtième France. Ce voyage dans l’épopée des France permet d’ap- siècle, avec des auteurs précier quelques sources d’inspiration de nos romanciers comme Joseph Conrad, en vous promenant dans les locaux luxueux de ces grands Edouard Peisson, Her- navires et d’embarquer pour le premier voyage méditer- mann Melville, Roger ranéen de notre regretté paquebot. Vercel, etc., curieusement, c’est aussi celle des paquebots transo- Même si la Compagnie Générale Transatlantique céaniques ; le rapprochement entre ces deux faits ne pou- se disputait le Ruban Bleu des traversées en Atlantique vait pas nous laisser indifférent. Nord avec d’autres armateurs, les vitrines suivantes pré- La littérature de mer est en plein bouleversement, sentent les différents armements français qui desservaient l’aventure maritime a changé de bord, elle a quitté les notre empire colonial d’antan. marines traditionnelles, bien qu’elle existe toujours sur Nous terminerons par le rêve d’un jeune garçon qui nos navires de guerre, de la marine marchande et de la à l’instar de Jules Verne (embarqué à l’âge de onze ans pêche, pour embarquer maintenant sur les grands voiliers pour une très courte traversée de Nantes à Saint-Nazaire de course. Écrits de mer ou de sports nautiques, l’impla- sur le voilier La Coralie comme mousse) fit la une de Paris cable critique des années en laissera-t-elle une trace dans Match en 1958, en voyageant en clandestin sur un cargo la littérature ? Personne ne peut le dire aujourd’hui. vers les U.S.A. avec un retour précipité sur le paquebot Les paquebots ont inspiré nos classiques de la mer, America. notre nouvelle exposition vous fera découvrir ce qui a Victor Hugo ne m’en voudra pas d’ajouter cette attiré ces voyageurs dont la malle cabine comportait un phrase à son grand poème Oceano Nox : tiroir rempli de feuilles de papier accompagnées de porte- Oh ! combien de romans maritimes sont à l’origine de plume. La visite commence avec le « père des paquebots », nombreux destins ? Personne n’en sait le nombre. le Great Eastern. Construit sur les bords de la Tamise en René Moniot-Beaumont 1854, par un ingénieur de génie dans la démesure, Isam- bar Kingdom Brunel. Jules Verne a effectué à son bord une traversée en 1871, il lui dédia son roman Une Ville Flottante. Victor Hugo lui rend hommage dans un des poèmes de La Légende des siècles : Le siècle a vu sur la Tamise Croître un monstre, à qui l’eau sans bornes fut promise, 13 mai 2010, Maison des écrivains Et qui longtemps, Babel des mers, eut Londres entier de la mer, brillante inauguration Levant les yeux dans l’ombre au pied de son chantier. de l’exposition en présence de Jean- François Tallec, Secrétaire général de Effroyable, à sept mâts mêlant cinq cheminées la Mer, Madame le sous-préfet des Sables d’Olonne (sur la photogra- Qui hennissait au choc des vagues effrénées, phie), Patrick Nayl, maire de Saint- Emportant, dans le bruit des aquilons sifflants, Gilles-Croix-de-Vie, Jean-Paul Minaud, premier ajoint, Jacques Dix mille hommes, fourmis éparses dans ses flancs, Lebrevelec administrateur des Affaires Maritimes des Sables Ce titan se rua, joyeux dans la tempête ; d’Olonne, Jean-Marie Gilory, administrateur général des Affaires Du dôme de Saint-Pierre son mât passait le faîte Maritimes, et aussi éditeur, poète. Jean Loreau, président de la section Bretagne-Sud/vendée de la Fédération nationale du Mérite Ensuite nous rejoignons le Normandie construit en Maritime et de la Médaille d’honneur des Marins, Alain Frenkel, 1932. La vitrine vous présente les souvenirs de ce roi président du jury du prix littéraire Écume de Mer... 38 Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010
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    Les écrivains dela mer Ainsi va le flot souvenirs de marin Roger Driez Le Jarosset, 43 p., 9 € Souvenirs devenus recueil de poèmes, joliment illustrés de des- sins en cordages, escales maritimes ou terrestre en Sologne, la passion partagée de la mer, Saint-Gilles toujours, et la sur- prise d’une certaine barrique échouée sur le rivage... Le plus solide des nœuds, C’est celui avec les camarades, Que j‘ai lié avec eux, Et qu’en mémoire toujours je garde. A. L. Au Fil des Vagues Françoise Bidois Carrefour du net, 96 p., 15 € Recueil paru en 2007, parmi Pêcheur, une vie, les sélections de la Maison de la une passion Mer. Bernard Groisard Héron-Héron, 12 € Les Maritimes Second livre de cet ancien René Moniot-Beaumont patron pêcheur emblématique qui La Découvrance, 210 p., 19.90 € avait déjà publié Cinquante années de pêche au Thon. René cabote (ne cabotine pas) de page en page, de port en port et vous prend à son bord pour La journée découvrir ses morceaux choisis du de la Maison des écrivains de la mer monde et de la littérature maritimes. Croisière ini- tiatique avec un marin passionné qui nous livre les À Saint-Gilles-Croix-de-Vie, lieux et les œuvres qu’il affectionne et qui le hantent. le 13 février 2010, salle de La Je ne sais si vous reviendrez à quai. J. R. Conserverie, boulevard Éga- lité, rencontre avec les écrivains Le Peuple de la mer et découverte des activités de la Maison des écrivains de la mer. Marc Elder site internet http://ecrivains-mer.fr La Découvrance, 126 p., 15.90 € Belle pêche pour les écrivains de la mer et les éditions de la Découvrance. cette réédition du prix Goncourt 1913. Marc Elder est un magicien qui donne une vie saisissante aux êtres et aux pay- sages de L’herbaudière et de Noirmoutier. Tout ce qu’il décrit s’anime soudain et et vous embarque au passage. Là encore, vous ne quitterez le navire qu’à la dernière escale, et prendrez votre billet pour la pro- chaine traversée. . J. R. Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010 39
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    La BD etla Vendée, suite... Beaucoup de BD ont été consacrées à la Vendée, écrivez à la rédaction si vous en connaissez quelques-unes, nous préparons un numéro sur ce sujet. Merci d’avance. Lire en Vendée a pour mission de faire connaître les œuvres littéraires vendéennes. Merci de communiquer vos ouvrages à : Société des écrivains de Vendée, Bibliothèque pour tous 85280 La Ferrière LES ÉCRIVAINS Abonnez-vous à Lire en Vendée, DE VENDÉE 5 € pour 2 numéros. Envoyez votre chèque à la revue, à La Ferrière. LES AMIS DE L’HISTORIAL Lire en Vendée est une publication de la Société des écrivains de Vendée DE LA VENDÉE Mise en pages : J.R. sur une maquette de l’I.U.T. Infocom Impression : Offset 5, La Mothe-Achard Ce numéro est tiré à 6 000 exemplaires. Site Internet : www.ecrivainsdevendee.fr © Peintures de couverture Gaston Chaissac Les œuvres de Gaston Chaissac ici reproduites sont extraites du catalogue édité en 1991 par le Conseil général de la Vendée La reproduction ou l’utilisation sous quelque forme que ce soit de nos articles, informations, illustra- tions et photos est interdite sans la mention de la société éditrice. 40 Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010