Une petite histoire de
La poésie
Définition, Larousse, 2016
● Art d'évoquer et de suggérer les sensations, les impressions, les
émotions les plus vives par l'union intense des sons, des rythmes, des
harmonies, en particulier par les vers.
● Genre de poème : Poésie lyrique, épique, héroïque. Poésie
dramatique. Poésie pastorale.
● Art des vers particulier à un poète, à une nation, à une époque : La
poésie de Hugo. La poésie française. La poésie du XVIe siècle.
● Ouvrage en vers, de peu d'étendue ; poème : Les poésies de Musset.
Recueil de poésies.
● Littéraire. Caractère de ce qui parle particulièrement à
l'imagination, à la sensibilité : La poésie d'un pastel.
La Poësie : faire, créer
Le poète est un
inventeur, un
créateur de formes
expressives.
Le Poète,Marc Chagall 1911
De la poésie dans le monde
entier
Wurm, dernière glaciation
-400000 ans, domestication du
feu et premières veillées
Homo erectus va domestiquer le feu. Le
foyer rassemble tous les membres du
groupe à travers les âges.
Neandertal
Homo erectus
Homo sapiens
Lascaux
-3500, Mésopotamie, invention
de l'écriture
Vocation de la poésie
● A l'origine, elle permet d'installer les mythes
fondateurs dans toutes les cultures.
● Elle apparaît donc dans un cadre social et
religieux
● Le rythme permet la mémorisation et la
transmission orale
Gilgamesh
La XIe tablette de la version de Ninive de
l’Épopée de Gilgamesh, relatant le Déluge.
la première version complète connue
a été rédigée en akkadien dans la
Babylonie du XVIIIe ou XVIIe siècle av.
J.-C
La poésie existe dans l’Égypte
antique
● Les Égyptiens écrivaient tous les
mots d'un texte à la suite, sans
espace ni ponctuation. De plus,
ne notant pas les voyelles,
comment compter les syllabes ou
identifier les rimes ?
● le scribe plaçait des points
rouges entre deux mots au-
dessus des lignes.
Le « Scribe accroupi ». Calcaire peint, yeux en cuivre
incrusté de cristal de roche, IVe ou Ve dynastie
d'Égypte, 2600-2350 av. J.-C. Provenance : Saqqara.
-1000, le SHI JING, recueil de
305 poèmes chinois
Ce sont des chants religieux et profanes
15° siècle av. J.-C., le Veda
Le Veda : ensemble de
textes qui, selon la
tradition, ont été révélés
(par l'audition, Shruti) aux
sages indiens nommés
Rishi. Cette «
connaissance révélée » a
été transmise oralement
de brahmane à brahmane
Ingres, L'Apothéose d'Homère,
1827, musée du Louvre
aède (poète) de la fin du VIIIe siècle av. J.-C.
Il compose l'Iliade et l'Odyssée
entre -850 et -750
Dans sa « poétique » (-335), Aristote va définir le
champ de la poésie
Éducation d'Alexandre par Aristote, 1866, Charles
Laplante.
IV° siècle, Inde, Kalidasa
Premier poète indien dont il reste une trace, Kalidasa
rédige « l'anneau d'or de Sakundala »
Japon, VIII° siècle, le Kojiki
Les genres poétiques au Japon :
le haiku ( 俳句 ?) ;
le chōka ( 長歌 ?, poème long) ;
le tanka ( 短歌 ?, poème court) ;
le sedōka ( 旋頭歌 ?, poème à
reprise) ;
Le Haïku
● petit poème
extrêmement bref visant
à dire et célébrer
l'évanescence des
choses
● Il prend la forme d'un
tercet de 3 vers de 5, 7
et 5 syllabes pour les
haïkus occidentaux.
Bashō par Hokusai.
Le griot, une tradition orale bien
vivante
Une France aux différents
« parlers »
Le trouvère
Les trouvères sont
des poètes et
compositeurs de
langue d'oïl au
Moyen Âge. Les
trouveresses sont
les femmes
trouvères.
Buscando Montsalvatge, Codex Buranus
Le troubadour, Poète lyrique des XIIe et XIIIe s., qui
composait des œuvres dans une des langues d'oc
Le troubadour, L. Robert, XIX° siècle
Le troubadour fatigué, Giorgio De
Chirico 1950
Les formes poétiques
●
Traditionnellement, la poésie revêt la forme
d'un texte versifié obéissant à des règles
particulières en termes de métrique, de
scansion, de rimes, s'inscrivant ou non dans
une forme fixe. Cependant, la poésie moderne
s'est affranchie du vers traditionnel, qu'il
s'agisse de l'assouplir ou de s'en passer
totalement.
Calligramme, Guillaume Apollinaire.
Pierre de Ronsard (1524-1585)
Pierre de Ronsard - peinture de
l'Ecole de Blois - XVIe siècle.
Ode à Cassandre de Ronsard
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu cette vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place,
Las, las ses beautés laissé choir !
Ô vraiment marâtre Nature,
Puisqu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
Nicolas Boileau (1636-1711)
Dans cette satire, Boileau loue le génie de Molière, qui
semble savoir rimer parfaitement sans effort, talent
auquel il oppose ses propres limitations, maudissant
son envie irrésistible de composer malgré tout et
profitant de l'occasion pour se moquer des rimeurs
qui, contrairement à lui, se contentent de peu, comme
Jean Chapelain et Georges de Scudéry.
Boileau par Jean-Baptiste Santerre
Bienheureux Scudéri, dont la
fertile plume
Peut tous les mois sans
peine enfanter un volume! [...]
Et quand la rime enfin se
trouve au bout des vers,
Qu'importe que le reste y
soit mis de travers!
Alphonse de Lamartine (1790-
1869)
● Le lac
" Ô temps ! suspends ton vol, et
vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les
rapides délices
Des plus beaux de nos jours !
Alfred de Vigny (1797-1863)
● La mort du loup
Le Loup vient et s'assied, les deux jambes
dressées
Par leurs ongles crochus dans le sable
enfoncées.
Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris,
Sa retraite coupée et tous ses chemins
pris ;
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante
Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer,
Photographie d'Alfred de Vigny par Félix Nadar
Victor Hugo (1802-1885)
● Oceano nox
Oh ! combien de marins, combien de
capitaines
Qui sont partis joyeux pour des
courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont
évanouis !
Combien ont disparu, dure et triste
fortune !
Dans une mer sans fond, par une
nuit sans lune,
Sous l'aveugle océan à jamais
enfouis !
Portrait de Victor Hugo par Nadar.
Charles Baudelaire (1821-1867)
● Les chats
Les amoureux fervents et les
savants austères
Aiment également, dans leur
mûre saison,
Les chats puissants et doux,
orgueil de la maison,
Qui comme eux sont frileux et
comme eux sédentaires.
Charles Baudelaire par
Étienne Carjat, vers 1862.
Charles Baudelaire (1821-1867)
A une passante
La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?
Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !
Paul Verlaine (1844-1896)
● Mon rêve familier
Je fais souvent ce rêve
étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et
que j’aime, et qui m’aime,
Et qui n’est, chaque fois, ni
tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et
m’aime et me comprend.
Portrait photographique de Paul Verlaine. [Paris, 1893]
Paul Verlaine (1844-1896)
● Chanson d'automne
Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon cœur
D'une langueur
Monotone.
Portrait photographique de Paul Verlaine. [Paris, 1893]
Arthur Rimbaud (1854-1891)
● Le dormeur du val
C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Rimbaud âgé de 17 ans, en octobre 1871
(photographie : Étienne Carjat)
Guillaume Apollinaire (1880-
1918)
Photographie de Guillaume Apollinaire soldat
au printemps 1916 après sa blessure à la
tempe.
Paul Eluard (1895-1952)
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.
Paul Éluard vers 1911 (15 ans)
Paul Eluard (1895-1952)
Paul Éluard en 1930
La terre est bleue comme
une orange...
Louis Aragon (1897-1982)
Les Yeux d'Elsa
Tes yeux sont si profonds qu'en
me penchant pour boire
J'ai vu tous les soleils y venir se
mirer
S'y jeter à mourir tous les
désespérés
Tes yeux sont si profonds que
j'y perds la mémoire
Louis Aragon (1897-1982)
La Rose et le Réséda
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous deux adoraient la belle
Prisonnière des soldats
Lequel montait à l'échelle
Et lequel guettait en bas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Qu'importe comment s'appelle
Cette clarté sur leur pas
Jacques Prévert (1900-1977)
Jacques Prévert en 1961
dans le film Mon frère Jacques, de Pierre Prévert
Raymond Queneau (1903-1976)
Un poème
Bien placés bien choisis
quelques mots font une poésie
les mots il suffit qu’on les aime
pour écrire un poème
on ne sait pas toujours ce qu’on dit
lorsque naît la poésie
faut ensuite rechercher le thème
pour intituler le poème
mais d’autres fois on pleure on rit
en écrivant la poésie
ça a toujours kékchose d’extrême
un poème
Maurice Carême (1899-1978)
L'heure du crime
Minuit. Voici l'heure du crime.
Sortant d'une chambre voisine,
Un homme surgit dans le noir.
Il ôte ses souliers,
S'approche de l'armoire
Sur la pointe des pieds
Et saisit un couteau
Dont l'acier luit, bien aiguisé.
Puis, masquant ses yeux de fouine
Avec un pan de son manteau,
Il pénètre dans la cuisine
Et, d'un seul coup, comme un bourreau
Avant que ne crie la victime,
Ouvre le cœur d'un artichaut.
La poésie aujourd'hui
Désolé ce soir je n'ai pas le sourire
Je fais mine d'être sur la piste malgré la
routine
J'ai le maquillage qui coule, mes larmes
font de la lessive
Sur mon visage de clown (mon visage de
clown)
Je sais bien que vous n'en avez rien à
faire
De mes problèmes quotidiens, de mes
poubelles de mes colères
Je suis là pour vous faire oublier, vous
voulez qu'ça bouge
Ce soir je suis payé, je remet mon nez
rouge
Soprano
La poésie aujourd'hui ?
Pocahontas
Les premiers cadeaux débiles avec leur
nom sur leur tasse,
Les siestes d'un œil sur l'canapé en
regardant Pocahontas………
On attend sans impatience, les premiers
devoirs à la maison,
Les premiers stress de contrôles, les
boules au ventre à l'horizon
Les premiers mots dans le carnet pour les
tarés quand ils s'amusent
Les premières mauvaises notes, pour les
carrés de l'hypoténuse
On r'doute un peu quand même le cartable
de 20 kilos,
Grand corps malade
Le poète, héritier d'une longue
tradition orale...
● Recherche la musicalité
● Donne du rythme
● La forme versifiée donne de la densité à la
langue
● Il cherche l’expressivité (figures de style)
● Il crée des images
● Il favorise les analogies
Écrivez !
Pour vous accompagner
“C'est à la poésie que tend l'homme ; il n'y a de
poésie que du concret.”
Aragon, Le paysan de Paris.
“La peinture est une poésie qui se voit au lieu de
se sentir et la poésie est une peinture qui se sent
au lieu de se voir. ”
Léonard de Vinci, Traité de la peinture.

Petite histoire de la poésie

  • 1.
    Une petite histoirede La poésie
  • 2.
    Définition, Larousse, 2016 ●Art d'évoquer et de suggérer les sensations, les impressions, les émotions les plus vives par l'union intense des sons, des rythmes, des harmonies, en particulier par les vers. ● Genre de poème : Poésie lyrique, épique, héroïque. Poésie dramatique. Poésie pastorale. ● Art des vers particulier à un poète, à une nation, à une époque : La poésie de Hugo. La poésie française. La poésie du XVIe siècle. ● Ouvrage en vers, de peu d'étendue ; poème : Les poésies de Musset. Recueil de poésies. ● Littéraire. Caractère de ce qui parle particulièrement à l'imagination, à la sensibilité : La poésie d'un pastel.
  • 3.
    La Poësie :faire, créer Le poète est un inventeur, un créateur de formes expressives. Le Poète,Marc Chagall 1911
  • 4.
    De la poésiedans le monde entier
  • 5.
  • 6.
    -400000 ans, domesticationdu feu et premières veillées Homo erectus va domestiquer le feu. Le foyer rassemble tous les membres du groupe à travers les âges. Neandertal Homo erectus Homo sapiens
  • 7.
  • 8.
  • 9.
    Vocation de lapoésie ● A l'origine, elle permet d'installer les mythes fondateurs dans toutes les cultures. ● Elle apparaît donc dans un cadre social et religieux ● Le rythme permet la mémorisation et la transmission orale
  • 10.
    Gilgamesh La XIe tablettede la version de Ninive de l’Épopée de Gilgamesh, relatant le Déluge. la première version complète connue a été rédigée en akkadien dans la Babylonie du XVIIIe ou XVIIe siècle av. J.-C
  • 11.
    La poésie existedans l’Égypte antique ● Les Égyptiens écrivaient tous les mots d'un texte à la suite, sans espace ni ponctuation. De plus, ne notant pas les voyelles, comment compter les syllabes ou identifier les rimes ? ● le scribe plaçait des points rouges entre deux mots au- dessus des lignes. Le « Scribe accroupi ». Calcaire peint, yeux en cuivre incrusté de cristal de roche, IVe ou Ve dynastie d'Égypte, 2600-2350 av. J.-C. Provenance : Saqqara.
  • 12.
    -1000, le SHIJING, recueil de 305 poèmes chinois Ce sont des chants religieux et profanes
  • 13.
    15° siècle av.J.-C., le Veda Le Veda : ensemble de textes qui, selon la tradition, ont été révélés (par l'audition, Shruti) aux sages indiens nommés Rishi. Cette « connaissance révélée » a été transmise oralement de brahmane à brahmane
  • 14.
    Ingres, L'Apothéose d'Homère, 1827,musée du Louvre aède (poète) de la fin du VIIIe siècle av. J.-C.
  • 15.
    Il compose l'Iliadeet l'Odyssée entre -850 et -750
  • 16.
    Dans sa «poétique » (-335), Aristote va définir le champ de la poésie Éducation d'Alexandre par Aristote, 1866, Charles Laplante.
  • 17.
    IV° siècle, Inde,Kalidasa Premier poète indien dont il reste une trace, Kalidasa rédige « l'anneau d'or de Sakundala »
  • 18.
    Japon, VIII° siècle,le Kojiki Les genres poétiques au Japon : le haiku ( 俳句 ?) ; le chōka ( 長歌 ?, poème long) ; le tanka ( 短歌 ?, poème court) ; le sedōka ( 旋頭歌 ?, poème à reprise) ;
  • 19.
    Le Haïku ● petitpoème extrêmement bref visant à dire et célébrer l'évanescence des choses ● Il prend la forme d'un tercet de 3 vers de 5, 7 et 5 syllabes pour les haïkus occidentaux. Bashō par Hokusai.
  • 20.
    Le griot, unetradition orale bien vivante
  • 21.
    Une France auxdifférents « parlers »
  • 22.
    Le trouvère Les trouvèressont des poètes et compositeurs de langue d'oïl au Moyen Âge. Les trouveresses sont les femmes trouvères. Buscando Montsalvatge, Codex Buranus
  • 23.
    Le troubadour, Poètelyrique des XIIe et XIIIe s., qui composait des œuvres dans une des langues d'oc Le troubadour, L. Robert, XIX° siècle Le troubadour fatigué, Giorgio De Chirico 1950
  • 24.
    Les formes poétiques ● Traditionnellement,la poésie revêt la forme d'un texte versifié obéissant à des règles particulières en termes de métrique, de scansion, de rimes, s'inscrivant ou non dans une forme fixe. Cependant, la poésie moderne s'est affranchie du vers traditionnel, qu'il s'agisse de l'assouplir ou de s'en passer totalement. Calligramme, Guillaume Apollinaire.
  • 25.
    Pierre de Ronsard(1524-1585) Pierre de Ronsard - peinture de l'Ecole de Blois - XVIe siècle. Ode à Cassandre de Ronsard Mignonne, allons voir si la rose Qui ce matin avait déclose Sa robe de pourpre au soleil, A point perdu cette vesprée Les plis de sa robe pourprée, Et son teint au vôtre pareil. Las ! voyez comme en peu d'espace, Mignonne, elle a dessus la place, Las, las ses beautés laissé choir ! Ô vraiment marâtre Nature, Puisqu'une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir ! Donc, si vous me croyez, mignonne, Tandis que votre âge fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez votre jeunesse : Comme à cette fleur, la vieillesse Fera ternir votre beauté.
  • 26.
    Nicolas Boileau (1636-1711) Danscette satire, Boileau loue le génie de Molière, qui semble savoir rimer parfaitement sans effort, talent auquel il oppose ses propres limitations, maudissant son envie irrésistible de composer malgré tout et profitant de l'occasion pour se moquer des rimeurs qui, contrairement à lui, se contentent de peu, comme Jean Chapelain et Georges de Scudéry. Boileau par Jean-Baptiste Santerre Bienheureux Scudéri, dont la fertile plume Peut tous les mois sans peine enfanter un volume! [...] Et quand la rime enfin se trouve au bout des vers, Qu'importe que le reste y soit mis de travers!
  • 27.
    Alphonse de Lamartine(1790- 1869) ● Le lac " Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices ! Suspendez votre cours : Laissez-nous savourer les rapides délices Des plus beaux de nos jours !
  • 28.
    Alfred de Vigny(1797-1863) ● La mort du loup Le Loup vient et s'assied, les deux jambes dressées Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées. Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris, Sa retraite coupée et tous ses chemins pris ; Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante, Du chien le plus hardi la gorge pantelante Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer, Photographie d'Alfred de Vigny par Félix Nadar
  • 29.
    Victor Hugo (1802-1885) ●Oceano nox Oh ! combien de marins, combien de capitaines Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines, Dans ce morne horizon se sont évanouis ! Combien ont disparu, dure et triste fortune ! Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune, Sous l'aveugle océan à jamais enfouis ! Portrait de Victor Hugo par Nadar.
  • 30.
    Charles Baudelaire (1821-1867) ●Les chats Les amoureux fervents et les savants austères Aiment également, dans leur mûre saison, Les chats puissants et doux, orgueil de la maison, Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires. Charles Baudelaire par Étienne Carjat, vers 1862.
  • 31.
    Charles Baudelaire (1821-1867) Aune passante La rue assourdissante autour de moi hurlait. Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse, Une femme passa, d'une main fastueuse Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ; Agile et noble, avec sa jambe de statue. Moi, je buvais, crispé comme un extravagant, Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan, La douceur qui fascine et le plaisir qui tue. Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté Dont le regard m'a fait soudainement renaître, Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ? Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être ! Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais, Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !
  • 32.
    Paul Verlaine (1844-1896) ●Mon rêve familier Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime, Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend. Portrait photographique de Paul Verlaine. [Paris, 1893]
  • 33.
    Paul Verlaine (1844-1896) ●Chanson d'automne Les sanglots longs Des violons De l'automne Blessent mon cœur D'une langueur Monotone. Portrait photographique de Paul Verlaine. [Paris, 1893]
  • 34.
    Arthur Rimbaud (1854-1891) ●Le dormeur du val C'est un trou de verdure où chante une rivière, Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent ; où le soleil, de la montagne fière, Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons. Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut. Rimbaud âgé de 17 ans, en octobre 1871 (photographie : Étienne Carjat)
  • 35.
    Guillaume Apollinaire (1880- 1918) Photographiede Guillaume Apollinaire soldat au printemps 1916 après sa blessure à la tempe.
  • 36.
    Paul Eluard (1895-1952) Surla santé revenue Sur le risque disparu Sur l’espoir sans souvenir J’écris ton nom Et par le pouvoir d’un mot Je recommence ma vie Je suis né pour te connaître Pour te nommer Liberté. Paul Éluard vers 1911 (15 ans)
  • 37.
    Paul Eluard (1895-1952) PaulÉluard en 1930 La terre est bleue comme une orange...
  • 38.
    Louis Aragon (1897-1982) LesYeux d'Elsa Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire J'ai vu tous les soleils y venir se mirer S'y jeter à mourir tous les désespérés Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire
  • 39.
    Louis Aragon (1897-1982) LaRose et le Réséda Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Tous deux adoraient la belle Prisonnière des soldats Lequel montait à l'échelle Et lequel guettait en bas Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Qu'importe comment s'appelle Cette clarté sur leur pas
  • 40.
    Jacques Prévert (1900-1977) JacquesPrévert en 1961 dans le film Mon frère Jacques, de Pierre Prévert
  • 41.
    Raymond Queneau (1903-1976) Unpoème Bien placés bien choisis quelques mots font une poésie les mots il suffit qu’on les aime pour écrire un poème on ne sait pas toujours ce qu’on dit lorsque naît la poésie faut ensuite rechercher le thème pour intituler le poème mais d’autres fois on pleure on rit en écrivant la poésie ça a toujours kékchose d’extrême un poème
  • 42.
    Maurice Carême (1899-1978) L'heuredu crime Minuit. Voici l'heure du crime. Sortant d'une chambre voisine, Un homme surgit dans le noir. Il ôte ses souliers, S'approche de l'armoire Sur la pointe des pieds Et saisit un couteau Dont l'acier luit, bien aiguisé. Puis, masquant ses yeux de fouine Avec un pan de son manteau, Il pénètre dans la cuisine Et, d'un seul coup, comme un bourreau Avant que ne crie la victime, Ouvre le cœur d'un artichaut.
  • 43.
    La poésie aujourd'hui Désoléce soir je n'ai pas le sourire Je fais mine d'être sur la piste malgré la routine J'ai le maquillage qui coule, mes larmes font de la lessive Sur mon visage de clown (mon visage de clown) Je sais bien que vous n'en avez rien à faire De mes problèmes quotidiens, de mes poubelles de mes colères Je suis là pour vous faire oublier, vous voulez qu'ça bouge Ce soir je suis payé, je remet mon nez rouge Soprano
  • 44.
    La poésie aujourd'hui? Pocahontas Les premiers cadeaux débiles avec leur nom sur leur tasse, Les siestes d'un œil sur l'canapé en regardant Pocahontas……… On attend sans impatience, les premiers devoirs à la maison, Les premiers stress de contrôles, les boules au ventre à l'horizon Les premiers mots dans le carnet pour les tarés quand ils s'amusent Les premières mauvaises notes, pour les carrés de l'hypoténuse On r'doute un peu quand même le cartable de 20 kilos, Grand corps malade
  • 45.
    Le poète, héritierd'une longue tradition orale... ● Recherche la musicalité ● Donne du rythme ● La forme versifiée donne de la densité à la langue ● Il cherche l’expressivité (figures de style) ● Il crée des images ● Il favorise les analogies
  • 47.
  • 48.
    Pour vous accompagner “C'està la poésie que tend l'homme ; il n'y a de poésie que du concret.” Aragon, Le paysan de Paris. “La peinture est une poésie qui se voit au lieu de se sentir et la poésie est une peinture qui se sent au lieu de se voir. ” Léonard de Vinci, Traité de la peinture.