enquêtesEN COUVERTURE
39L’USINE NOUVELLE I N° 3470 I 26 MAI 2016
L’usine du fabricant d’électroménager exporte
les trois quarts de sa production. Une performance
sur des produits banalisés, rendue possible grâce
au programme d’excellence opérationnelle OPS.
PAR ADRIEN CAHUZAC
USINE DE L’ANNÉE 2016
PONT-ÉVÊQUE,
VITRINE DE SEB
Lancé en 2010, le programme OPS a été imaginé par les collaborateurs du site de Pont-Évêque.
L’usine SEB de Pont-Évêque se dresse
fièrement sur les hauteurs de Vienne
(Isère). Depuis 1964, elle a traversé
les crises économiques, fait face aux
délocalisations du petit électroménager
hors d’Europe et aux déferlantes de
produits asiatiques sur le sol français.
Sans broncher ou presque. Pont-Évêque abrite la dernière
usine de fers à repasser de France, après la fermeture de celle
de CSI (marque Domena) à Altkirch (Haut-Rhin) il y a un an.
Près de 6 millions de fers à repasser et de centrales vapeur
sortent chaque année de ses lignes d’assemblage sous les
marques Calor, Tefal et Rowenta. Les trois quarts de sa pro-
duction sont exportés dans 68 pays. Une prouesse que vient
couronner le Trophée de l’usine de l’année 2016 décerné par
«L’Usine Nouvelle». Ce site, qui emploie 750 salariés, prouve
qu’il n’y a pas de fatalité pour l’industrie française, à condition
de créer de la valeur, d’améliorer la qualité des produits et
d’optimiser les coûts de production. «C’est un combat de tous
les jours. Il nous faut sans cesse innover à tous les niveaux»,
répète le PDG de SEB, Thierry de la Tour d’Artaise.
PASCALGUITTET
Chiffre d’affaires
300 millions d’euros
Effectif 750 personnes
Production 5,5 millions
de fers à repasser et
de centrales vapeur par an
TROPHÉES
DES USINES
2016
PONT-ÉVÊQUE
enquêtes
40
Pour réussir ce tour de force, le numéro un mondial du
petit équipement domestique possède sa propre méthode,
le système OPS pour Opération performance SEB. Né en
2010 à Pont-Évêque, ce programme d’excellence opéra-
tionnelle combine les trois principales méthodes d’orga-
nisation industrielle: le lean manufacturing, la théorie des
contraintes et le six sigma. À peine franchie la barrière du
site, la vitrine industrielle de SEB surprend. Pas de hall
d’accueil pour orienter les visiteurs. Ici, on se concentre sur
l’essentiel, la conception et la fabrication. Le prix à payer
pour garder en France un outil de production compétitif.
Depuis six ans, l’usine multiplie les projets collaboratifs.
C’est le cas notamment du «plate-forming». Comme dans
l’automobile, un système de plate-forme commune et de
différenciation retardée est déployé. Il sera opérationnel en
2017 et permettra d’avoir une ligne de production unique de
fers à repasser pour les trois marques Calor, Tefal et Rowenta.
Il doit être adopté par les deux usines de soin du linge du
groupe en Europe, à Pont-Évêque et à Erbach (Allemagne).
Déjà, de plus en plus d’éléments identiques sont mis en
commun, comme les pompes, les cordons électriques, les
cartes électroniques et les chaudières.
Sur les sept lignes d’assemblage, les postes monotâche ne
sont plus qu’un lointain souvenir. Chaque salarié, assis, a
un écran d’ordinateur devant lui, indiquant les différentes
opérations à effectuer grâce à des outils électroportatifs. Si
une pièce vient à être oubliée, l’ordinateur le signale automa-
tiquement, avant que le fer à repasser en cours de montage
ne s’achemine vers un autre poste. «Le programme OPS
vise un objectif de performance globale, associant gain de
productivité et amélioration des conditions de travail, avec la
participation active des salariés», insiste Frédéric Goncalves,
le responsable du programme. De nombreux projets associent
réduction des coûts et amélioration des conditions de travail.
Le conditionnement automatisé sur les fins de ligne a, par
exemple, été mis en place il y a quelques mois. «La pénibilité a
été diminuée pour les salariés, qui ne soulèvent plus de poids,
LE RADAR DE LA PERFORMANCE
PRODUCTION
RH
0
1
2
3
4
5
SUPPLY CHAIN
HSE
(Hygiène,
sécurité,
environnement)
R&D
Depuis septembre 2015,
SEB assure la réparabilité
de ses fers à repasser et centrales
vapeur Calor et Rowenta pendant
au moins dix ans, ceci afin
d’augmenter la durée de vie des
appareils. Le groupe développe
de plus en plus l’emploi
de matériaux recyclés dans
la conception de ses appareils.
2% du chiffre d’affaires du groupe est investi dans
la R&D. Douze brevets sont déposés par an en moyenne.
Parmi les initiatives récentes, la mise en place d’une plate-
forme commune aux marques Calor, Tefal et Rowenta et
le lancement du premier fer à repasser sans fil du marché,
baptisé FreeMove.
L’amélioration de la qualité est
l’un des principaux objectifs
du site. Le pourcentage d’appareils
«bons du premier coup» est passé
de 94,8% en 2013 à 95,5%
en 2015. L’objectif en 2016 est
de diminuer encore le taux de
rebuts en interne (de 1,19 à 1,1%) et
le taux de réclamation des clients.
L’usine de Pont-Évêque
privilégie le développement
des transports alternatifs
à la route pour l’acheminement
de ses composants. Ainsi, la part
des barges est passée de 43 à
56% en deux ans, tandis que
celle de la route est passée de
26 à 20%. Mais une meilleure
intégration des fournisseurs
dans OPS reste à accomplir.
«L’homme au cœur du système»
est le slogan d’OPS. À Pont-Évêque,
l’amélioration des conditions de travail
semble de mise, avec la réduction de la
pénibilité sur les différents postes. L’usine
dispose d’un ergonome et d’un référent
sur les troubles musculo-squelettiques.
Grâce au programme d’excellence opérationnelle
OPS, l’usine de Pont-Évêque a vu sa productivité
augmenter et son taux de rendement synthétique
progresser de 10 points en deux ans. OPS est désormais
décliné dans les 28 usines dans le monde.
Deux initiatives sont pour le moins originales: une bande
dessinée raconte les principes de l’OPS et une pièce
de théâtre humoristique rend compte de son application.
TROPHÉES
DES USINES
2016EN COUVERTURE
QUALITÉ
41L’USINE NOUVELLE I N° 3470 I 26 MAI 2016
Depuis le
déploiement
d’OPS, la
qualité de la
production a
progressé.
PASCALGUITTET
Les employés
peuvent être
détachés
plusieurs mois
de leur poste
pour gérer
un projet.
et le taux de maladies professionnelles a été sensiblement
diminué», détaille Stephan Wanhout, le directeur du site. SEB
a investi 550000 euros dans cet équipement grâce auquel il
économise 318000 euros par an. Les salariés qui réalisaient
le conditionnement manuellement sont désormais affectés
au pilotage et au contrôle des robots.
«La polyvalence des salariés et la capacité d’une per-
sonne à occuper au moins deux postes différents font
partie des fondamentaux d’OPS depuis janvier», souligne
Frédéric Goncalves. Cette plus grande flexibilité de la main-
d’œuvre a permis de diminuer le recours aux intérimaires et
de mieux gérer l’absentéisme. Un autre projet, mené entre
avril et septembre 2015, a réduit les temps de changement
de série. Grâce à la suppression de différentes opérations
manuelles, notamment au sol, un gain de 4,4% du taux de
rendement synthétique (TRS) a été obtenu, avec une plus
grande automatisation, notamment l’ajout d’un nouveau
convoyeur. «L’homme est au cœur du système OPS. Tous
les projets sont gérés par les salariés eux-mêmes, mêlant
différents niveaux hiérarchiques», insiste Frédéric Goncalves.
Ces salariés sont détachés durant quatre à six mois pour
mener à bien un projet. Certaines initiatives se détachent
même du cadre de la production, mais servent à créer de
la cohésion entre les équipes. Deux d’entre elles sont pour
le moins originales: une bande dessinée raconte de façon
amusante les principes de l’OPS et une pièce de théâtre
humoristique rend compte de son application.
OPS décliné dans 28 autres usines
Les résultats obtenus grâce au déploiement d’OPS sont
éloquents. La productivité de l’usine a sensiblement pro-
gressé. Le taux de rendement synthétique a gagné 10 points
en deux ans sur les lignes d’assemblage et les délais moyens
de traitement des commandes se sont réduits de quatre à
deux semaines en l’espace de trois ans. Dans le même temps,
le taux de livraison dans les délais est passé de 76 à 90%
tandis que la qualité a sensiblement progressé. Le pourcen-
tage d’appareils bons du premier coup, mesuré et suivi en
temps réel sur chaque ligne, est passé de 94,8% en 2013 à
95,5% en 2015. Et cela, avec un nombre de changements de
séries qui a plus que doublé en trois ans, passant de 55 à 115
pour les fers à repasser et de 69 à 153 pour les centrales
vapeur. Ayant fait ses preuves, la méthode est depuis déclinée
progressivement dans les 28 autres usines du groupe dans le
monde. «Au total, cinq millions d’euros sont économisés en
moyenne par an», estime Frédéric Goncalves. Un challenge
OPS, mettant en compétition les différents sites SEB, permet
de dénicher toutes les bonnes idées du personnel.
Aujourd’hui, le père d’OPS veut aller plus loin. «Ce n’est pas
unprogrammepurementindustriel,affirme FrédéricGoncalves.
Il a vocation à être appliqué dans les services amont et aval de
la production pour créer de la valeur.» Pourquoi pas dans les
services marketing et commercial? Avec, à la clé, la possibilité
d’offrir une plus grande personnalisation aux consommateurs.
À quand un fer à repasser décoré selon ses choix et commandé
sur internet? SEB y réfléchit déjà… ❚❚
SUITE DE NOTRE ENQUÊTE P. 42
Certaines
tâches ont été
automatisées
afin de réduire
la pénibilité
du travail.
À chaque poste
de travail, un
écran indique,
étape par
étape, les
tâches que le
salarié doit
effectuer.

Contenu connexe

PDF
Usine nouvelle 14-01-2016 - Le cas Acome
PDF
Article Usine Nouvelle 10-12-2015 - Seb Production System
PDF
Interview revue Electroniques Mai 2014
PDF
La Voie de la Relocalisation Industrielle
PDF
Colbert 2.0 bilan
PDF
Publi Carglass
PDF
Brèves pmm rhône alpes du 27 02 au 03 03
PDF
CR Ai 2016 10 19 - perrier
Usine nouvelle 14-01-2016 - Le cas Acome
Article Usine Nouvelle 10-12-2015 - Seb Production System
Interview revue Electroniques Mai 2014
La Voie de la Relocalisation Industrielle
Colbert 2.0 bilan
Publi Carglass
Brèves pmm rhône alpes du 27 02 au 03 03
CR Ai 2016 10 19 - perrier

Tendances (8)

PDF
CR Ai 2016 12 13 - monvailler
PDF
La brillante trajectoire de la "Comète" Converteam
PDF
Comment une PME savoyarde est devenue incontournable dans l'industrie automob...
PDF
Programme "Robot Start Pme"
PDF
MécaSphère 26 - Juin 2013
PDF
Articuler numérisation et RSE dans l'usine du futur : l'expérience d'Alliansys
PDF
La marche trépidante du groupe ERMO
PDF
Comment réussir et pérenniser la mise en œuvre d'un système de management
CR Ai 2016 12 13 - monvailler
La brillante trajectoire de la "Comète" Converteam
Comment une PME savoyarde est devenue incontournable dans l'industrie automob...
Programme "Robot Start Pme"
MécaSphère 26 - Juin 2013
Articuler numérisation et RSE dans l'usine du futur : l'expérience d'Alliansys
La marche trépidante du groupe ERMO
Comment réussir et pérenniser la mise en œuvre d'un système de management
Publicité

En vedette (7)

PDF
La Performance Interactionnelle Globale
PDF
La Boucle Vertueuse de l'Excellence
PDF
Interview revue Mesures Mai 2014
PDF
The Virtuous Loop to Excellence
PDF
La theorie des contraintes - le jeu
PDF
La Belle Equipe
PDF
Le DMAIC absolu
La Performance Interactionnelle Globale
La Boucle Vertueuse de l'Excellence
Interview revue Mesures Mai 2014
The Virtuous Loop to Excellence
La theorie des contraintes - le jeu
La Belle Equipe
Le DMAIC absolu
Publicité

Dernier (13)

PPTX
aymen mohsni pfe presentation pptx pour les projets de tela
PPTX
WEB-STORYTELLING-and-DESIGN-DE-PRESENTATION.pptx
PDF
PLP agence digitale: marketing, design et développement web
 
PPT
Cours reseaux neurones sur la dynamique artif
PPTX
business plan CODAC GINGEMBRE BILINGUE FR CH.pptx
PPTX
Financement alternatif au maric, presentation
PPTX
LIA-en-2025-Un-Guide-Pratique-pour-les-Leaders-dEntreprise.pptx
PDF
Avis Becouze - Rapport de mission Maintenant!
PPTX
lord kira abh cols hkjd hjkijhd juuiiz uja
PPT
h,gfhfkhgvfhvjfgvhkgdjfgfhggkhfyjlffyhjgg
PPTX
présentation Responsabilité sociale de l'entreprise.pptx
PPTX
Presentation_Hafalate_presentation parlz sur une plateforme
PPTX
présentation gestion de trésorerie ppttx
aymen mohsni pfe presentation pptx pour les projets de tela
WEB-STORYTELLING-and-DESIGN-DE-PRESENTATION.pptx
PLP agence digitale: marketing, design et développement web
 
Cours reseaux neurones sur la dynamique artif
business plan CODAC GINGEMBRE BILINGUE FR CH.pptx
Financement alternatif au maric, presentation
LIA-en-2025-Un-Guide-Pratique-pour-les-Leaders-dEntreprise.pptx
Avis Becouze - Rapport de mission Maintenant!
lord kira abh cols hkjd hjkijhd juuiiz uja
h,gfhfkhgvfhvjfgvhkgdjfgfhggkhfyjlffyhjgg
présentation Responsabilité sociale de l'entreprise.pptx
Presentation_Hafalate_presentation parlz sur une plateforme
présentation gestion de trésorerie ppttx

Usine nouvelle 26 05-2016 - Seb usine de l'année 2016 !

  • 1. enquêtesEN COUVERTURE 39L’USINE NOUVELLE I N° 3470 I 26 MAI 2016 L’usine du fabricant d’électroménager exporte les trois quarts de sa production. Une performance sur des produits banalisés, rendue possible grâce au programme d’excellence opérationnelle OPS. PAR ADRIEN CAHUZAC USINE DE L’ANNÉE 2016 PONT-ÉVÊQUE, VITRINE DE SEB Lancé en 2010, le programme OPS a été imaginé par les collaborateurs du site de Pont-Évêque. L’usine SEB de Pont-Évêque se dresse fièrement sur les hauteurs de Vienne (Isère). Depuis 1964, elle a traversé les crises économiques, fait face aux délocalisations du petit électroménager hors d’Europe et aux déferlantes de produits asiatiques sur le sol français. Sans broncher ou presque. Pont-Évêque abrite la dernière usine de fers à repasser de France, après la fermeture de celle de CSI (marque Domena) à Altkirch (Haut-Rhin) il y a un an. Près de 6 millions de fers à repasser et de centrales vapeur sortent chaque année de ses lignes d’assemblage sous les marques Calor, Tefal et Rowenta. Les trois quarts de sa pro- duction sont exportés dans 68 pays. Une prouesse que vient couronner le Trophée de l’usine de l’année 2016 décerné par «L’Usine Nouvelle». Ce site, qui emploie 750 salariés, prouve qu’il n’y a pas de fatalité pour l’industrie française, à condition de créer de la valeur, d’améliorer la qualité des produits et d’optimiser les coûts de production. «C’est un combat de tous les jours. Il nous faut sans cesse innover à tous les niveaux», répète le PDG de SEB, Thierry de la Tour d’Artaise. PASCALGUITTET Chiffre d’affaires 300 millions d’euros Effectif 750 personnes Production 5,5 millions de fers à repasser et de centrales vapeur par an TROPHÉES DES USINES 2016 PONT-ÉVÊQUE
  • 2. enquêtes 40 Pour réussir ce tour de force, le numéro un mondial du petit équipement domestique possède sa propre méthode, le système OPS pour Opération performance SEB. Né en 2010 à Pont-Évêque, ce programme d’excellence opéra- tionnelle combine les trois principales méthodes d’orga- nisation industrielle: le lean manufacturing, la théorie des contraintes et le six sigma. À peine franchie la barrière du site, la vitrine industrielle de SEB surprend. Pas de hall d’accueil pour orienter les visiteurs. Ici, on se concentre sur l’essentiel, la conception et la fabrication. Le prix à payer pour garder en France un outil de production compétitif. Depuis six ans, l’usine multiplie les projets collaboratifs. C’est le cas notamment du «plate-forming». Comme dans l’automobile, un système de plate-forme commune et de différenciation retardée est déployé. Il sera opérationnel en 2017 et permettra d’avoir une ligne de production unique de fers à repasser pour les trois marques Calor, Tefal et Rowenta. Il doit être adopté par les deux usines de soin du linge du groupe en Europe, à Pont-Évêque et à Erbach (Allemagne). Déjà, de plus en plus d’éléments identiques sont mis en commun, comme les pompes, les cordons électriques, les cartes électroniques et les chaudières. Sur les sept lignes d’assemblage, les postes monotâche ne sont plus qu’un lointain souvenir. Chaque salarié, assis, a un écran d’ordinateur devant lui, indiquant les différentes opérations à effectuer grâce à des outils électroportatifs. Si une pièce vient à être oubliée, l’ordinateur le signale automa- tiquement, avant que le fer à repasser en cours de montage ne s’achemine vers un autre poste. «Le programme OPS vise un objectif de performance globale, associant gain de productivité et amélioration des conditions de travail, avec la participation active des salariés», insiste Frédéric Goncalves, le responsable du programme. De nombreux projets associent réduction des coûts et amélioration des conditions de travail. Le conditionnement automatisé sur les fins de ligne a, par exemple, été mis en place il y a quelques mois. «La pénibilité a été diminuée pour les salariés, qui ne soulèvent plus de poids, LE RADAR DE LA PERFORMANCE PRODUCTION RH 0 1 2 3 4 5 SUPPLY CHAIN HSE (Hygiène, sécurité, environnement) R&D Depuis septembre 2015, SEB assure la réparabilité de ses fers à repasser et centrales vapeur Calor et Rowenta pendant au moins dix ans, ceci afin d’augmenter la durée de vie des appareils. Le groupe développe de plus en plus l’emploi de matériaux recyclés dans la conception de ses appareils. 2% du chiffre d’affaires du groupe est investi dans la R&D. Douze brevets sont déposés par an en moyenne. Parmi les initiatives récentes, la mise en place d’une plate- forme commune aux marques Calor, Tefal et Rowenta et le lancement du premier fer à repasser sans fil du marché, baptisé FreeMove. L’amélioration de la qualité est l’un des principaux objectifs du site. Le pourcentage d’appareils «bons du premier coup» est passé de 94,8% en 2013 à 95,5% en 2015. L’objectif en 2016 est de diminuer encore le taux de rebuts en interne (de 1,19 à 1,1%) et le taux de réclamation des clients. L’usine de Pont-Évêque privilégie le développement des transports alternatifs à la route pour l’acheminement de ses composants. Ainsi, la part des barges est passée de 43 à 56% en deux ans, tandis que celle de la route est passée de 26 à 20%. Mais une meilleure intégration des fournisseurs dans OPS reste à accomplir. «L’homme au cœur du système» est le slogan d’OPS. À Pont-Évêque, l’amélioration des conditions de travail semble de mise, avec la réduction de la pénibilité sur les différents postes. L’usine dispose d’un ergonome et d’un référent sur les troubles musculo-squelettiques. Grâce au programme d’excellence opérationnelle OPS, l’usine de Pont-Évêque a vu sa productivité augmenter et son taux de rendement synthétique progresser de 10 points en deux ans. OPS est désormais décliné dans les 28 usines dans le monde. Deux initiatives sont pour le moins originales: une bande dessinée raconte les principes de l’OPS et une pièce de théâtre humoristique rend compte de son application. TROPHÉES DES USINES 2016EN COUVERTURE QUALITÉ
  • 3. 41L’USINE NOUVELLE I N° 3470 I 26 MAI 2016 Depuis le déploiement d’OPS, la qualité de la production a progressé. PASCALGUITTET Les employés peuvent être détachés plusieurs mois de leur poste pour gérer un projet. et le taux de maladies professionnelles a été sensiblement diminué», détaille Stephan Wanhout, le directeur du site. SEB a investi 550000 euros dans cet équipement grâce auquel il économise 318000 euros par an. Les salariés qui réalisaient le conditionnement manuellement sont désormais affectés au pilotage et au contrôle des robots. «La polyvalence des salariés et la capacité d’une per- sonne à occuper au moins deux postes différents font partie des fondamentaux d’OPS depuis janvier», souligne Frédéric Goncalves. Cette plus grande flexibilité de la main- d’œuvre a permis de diminuer le recours aux intérimaires et de mieux gérer l’absentéisme. Un autre projet, mené entre avril et septembre 2015, a réduit les temps de changement de série. Grâce à la suppression de différentes opérations manuelles, notamment au sol, un gain de 4,4% du taux de rendement synthétique (TRS) a été obtenu, avec une plus grande automatisation, notamment l’ajout d’un nouveau convoyeur. «L’homme est au cœur du système OPS. Tous les projets sont gérés par les salariés eux-mêmes, mêlant différents niveaux hiérarchiques», insiste Frédéric Goncalves. Ces salariés sont détachés durant quatre à six mois pour mener à bien un projet. Certaines initiatives se détachent même du cadre de la production, mais servent à créer de la cohésion entre les équipes. Deux d’entre elles sont pour le moins originales: une bande dessinée raconte de façon amusante les principes de l’OPS et une pièce de théâtre humoristique rend compte de son application. OPS décliné dans 28 autres usines Les résultats obtenus grâce au déploiement d’OPS sont éloquents. La productivité de l’usine a sensiblement pro- gressé. Le taux de rendement synthétique a gagné 10 points en deux ans sur les lignes d’assemblage et les délais moyens de traitement des commandes se sont réduits de quatre à deux semaines en l’espace de trois ans. Dans le même temps, le taux de livraison dans les délais est passé de 76 à 90% tandis que la qualité a sensiblement progressé. Le pourcen- tage d’appareils bons du premier coup, mesuré et suivi en temps réel sur chaque ligne, est passé de 94,8% en 2013 à 95,5% en 2015. Et cela, avec un nombre de changements de séries qui a plus que doublé en trois ans, passant de 55 à 115 pour les fers à repasser et de 69 à 153 pour les centrales vapeur. Ayant fait ses preuves, la méthode est depuis déclinée progressivement dans les 28 autres usines du groupe dans le monde. «Au total, cinq millions d’euros sont économisés en moyenne par an», estime Frédéric Goncalves. Un challenge OPS, mettant en compétition les différents sites SEB, permet de dénicher toutes les bonnes idées du personnel. Aujourd’hui, le père d’OPS veut aller plus loin. «Ce n’est pas unprogrammepurementindustriel,affirme FrédéricGoncalves. Il a vocation à être appliqué dans les services amont et aval de la production pour créer de la valeur.» Pourquoi pas dans les services marketing et commercial? Avec, à la clé, la possibilité d’offrir une plus grande personnalisation aux consommateurs. À quand un fer à repasser décoré selon ses choix et commandé sur internet? SEB y réfléchit déjà… ❚❚ SUITE DE NOTRE ENQUÊTE P. 42 Certaines tâches ont été automatisées afin de réduire la pénibilité du travail. À chaque poste de travail, un écran indique, étape par étape, les tâches que le salarié doit effectuer.