L'arum tacheté
Reconnaissable à ses baies rouge vif, l’arum tacheté se dresse dans les sous-bois, et la légende raconte que les serpents venaient refaire, auprès de lui, leur provision de venin.
L’arum tacheté (Arum maculatum) appartient à la famille des Aracées comme le serpentaire ou le philodendron. Le genre Arum compte une vingtaine d’espèces différentes. L’arum tacheté tient son nom des taches sombres sur ses feuilles. Appelé aussi pied-de-veau, quille de coq, manteau de la Vierge ou gouet tacheté, son nom de lampe de fée vient du fait qu’il était censé briller la nuit. Sa forme phallique lui vaut le nom de vit de prêtre, et son utilisation alimentaire les dénominations de pain de crapaud, pain de lièvre, herbe à pain, racine amidonnière ou chou pané.
Plante vivace grâce à son rhizome, l’arum tacheté dresse ses feuilles luisantes dès la fin de l’hiver. Elles sont maculées de taches sombres et présentent la forme d’une hallebarde. Toxiques, elles ressemblent aux feuilles d’espèces comestibles : chénopode bon-Henri (Blitum bonus-henricus), grande oseille (Rumex acetosa), ou ail des ours (Allium ursinum). En avril-mai apparaît l’inflorescence. Elle est formée d’un épi couvert de fleurs et appelé spadice, lui-même entouré d’une membrane en forme de cornet et portant le nom de spathe. Les fleurs donnent des baies qui mûrissent à des rythmes inégaux durant l’été jusqu’à donner des fruits d’un rouge soutenu. La pollinisation se fait par les insectes qui se retrouvent coincés dans la spathe par de longs filaments. En s’agitant pour se dégager, ils se couvrent de pollen. La plante pousse sur des sites humides et ombragés comme les sous-bois ou le long des haies.
Ses baies rouges sont dénommées raisins de serpent ou viande de vipère car la légende affirme qu’elles étaient consommées par les vipères pour reconstituer leur venin. Les taches sur les feuilles viendraient du sang du Christ dont elles auraient été maculées du fait d’avoir poussé au pied de sa croix. Rappelant la peau des serpents, ces feuilles étaient associées à la guérison des morsures de ces reptiles, d’après la théorie des signatures en usage à la Renaissance. Quant à la forme suggestive de son spadice, la plante lui doit une réputation d’aphrodisiaque. Déposer des feuilles d’arum sur la fenêtre d’une jeune fille était une façon de lui manifester un amour brûlant.
Toute la plante est toxique et sa consommation provoque de brûlantes réactions. Divers usages populaires y avaient recours pour soigner les plaies en cataplasme ou pour lutter contre l’asthme. L’eau distillée de son rhizome était réputée faire disparaître les rides. Ce même rhizome servait pour conjurer les êtres maléfiques. Il a eu aussi un usage alimentaire. Une fois bouilli, il perd sa toxicité et sa fécule a permis de fabriquer du pain et à empeser ou à blanchir le linge. Moulue, elle entrait dans les composants de l’« herbe de Chypre » utilisée dans l’entretien des perruques.
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