Le mûrier à papier

L’écorce du mûrier à papier ou mûrier de Chine permet de produire un papier réputé en Chine et au Japon pour la réalisation d’estampes ou de cloisons coulissantes.

Le mûrier à papier (Broussonetia papyrifera) appartient à la famille des Moracées comme l’arbre à pain (Artocarpus altilis), le figuier (Ficus carica) ou le mûrier blanc (Morus alba). Le genre doit son nom au Montpelliérain Pierre-Marie-Auguste Broussonet (1761-1807), qui a écrit un opuscule sur le mûrier à papier. Papyrifera signifie : « qui produit du papier ». L’arbre a également été nommé mûrier de Chine, d’après sa région d’origine et d’usage.

Dans la partie supérieure est représenté un rameau en couleurs. Dans la partie inférieure, les détails de la plante, en noir et blanc.
Jean-Louis-Marie Poiret, Leçons de Flore. Planches, Paris, 1819-1820

Il mesure une dizaine de mètres de hauteur et présente une cime arrondie et une écorce gris roussâtre. Ses grandes feuilles sont très rugueuses sur leur dessus en raison des petits poils raides qui les couvrent ; sur le dessous, les feuilles sont plus pâles et veloutées. Dentelées, certaines sont profondément lobées. Ses fleurs mâles se présentent sous forme de chatons cylindriques tandis que les fleurs femelles, sur des pieds distincts, forment des capitules hirsutes. Elles apparaissent en avril-mai et donnent en juillet-août de petits fruits rouge vif et charnus.

Originaire de Chine et du Japon, le mûrier à papier possède des racines traçantes et drageonnantes qui lui permettent de supporter la sécheresse et de s’étendre au point de devenir envahissant. Ses drageons, très nombreux près des vieux arbres, se repiquent facilement en pépinière. Il peut pousser sur des sols pauvres mais se développe mieux sur sols fertiles.

Un rameau de mûrier représenté en noir et blanc
Pierre-Joseph Buc'hoz, Histoire universelle des végétaux, 1771-1774

Son principal usage vient de son écorce qu’on rouit comme le chanvre ; la filasse ainsi obtenue permet de fabriquer du papier et même des tissus. Au Japon, le mûrier à papier est appelé kozo. Ses très longues fibres donnent un papier blanc très solide utilisé pour imprimer des estampes et pour couvrir les cloisons coulissantes des maisons japonaises. Il peut être associé à une espèce du même genre que lui, Broussonetia kazinoki, qui donne des fibres plus courtes. En Thaïlande, le mûrier à papier porte le nom de saa et sert pour la fabrication de papier mais également de parapluies dont la surface est recouverte de laque colorée.

L’arbre permet aussi de confectionner des tissus en écorce battue, en Chine et dans le Pacifique. Ses fruits sucrés sont mangeables mais peu propices à la consommation humaine car les graines et les parties vertes l’emportent sur la chair sucée ; en revanche, les cochons les consomment. L’arbre est utilisé comme espèce ornementale, surtout près des côtes méditerranéennes. Sa croissance rapide, sa sobriété et son système racinaire expliquent son emploi pour consolider remblais et sols peu stables mais il faut en contrôler l’expansion sous peine de le voir proliférer.

Deux rameaux de mûrier représentés en noir et blanc montrent les différentes formes de feuilles.
Engelbert Kaempfer, Amoenitatum exoticarum politico-physico-medicarum fasciculi V, Lippe, 1712

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