finale » d'une tragédie est son sujet (le « mythe »); sa cause formelle est l'unité de ce sujet, telle que le poete l'entrevoit au moment de la création. La cause matérielle est constituée par les mots et les rythmes. Le poéte est la...
morefinale » d'une tragédie est son sujet (le « mythe »); sa cause formelle est l'unité de ce sujet, telle que le poete l'entrevoit au moment de la création. La cause matérielle est constituée par les mots et les rythmes. Le poéte est la cause efficiente. LE LYRISME A ROME qu'une maniére de s'exprimer, habituelle en ces temps reculés. Plutarque, dans son traité sur Les oracles de la Pythie, reprend cette idée : « L'usage que l'on fait du langage, écrit-il, est semblable à celui des monnaies qui circulent entre les hommes; le monnayage établi, familier, est bien accepté, quoiqu'il reçoive des valeurs différentes selon les temps. Il y eut une époque où, en guise de monnaie d'échange, pour le langage, les hommes se servaient des rythmes, des chansons, des odes et réduisaient à une forme poétique et musicale l'histoire, la philosophie, tous les sentiments de l'àme, pour le dire en un mot, et toute action qui devaient étre exprimés d'une manière particulièrement solennelle. De nos jours, continue-t-il, il n'y a que peu de gens capables de le faire, mais à cette époque-là tout le monde savait entendre ces choses et, pour reprendre le mot de Pindare, prenait plaisir à ces chants : « bergers, laboureurs et chasseurs d'oiseaux... »?. Ensuite, dit Plutarque, les genres littéraires « descendirent de leur piédestal », ou plutót de leur char de féte; l'histoire s'exprima en prose, la philosophie rechercha la clarté. On voit de quelle maniére, pour un Grec, la poésie lyrique apparait comme un héritage de ces temps héroiques de la littérature et, l'on pourrait presque dire, du langage humain. Peu à peu, les raisonnements des philosophes, leurs démonstrations qui font appel à la raison ont remplacé les maximes plus ou moins obscures des poétes comme Archiloque, Théognis de Mégare, Tyrtée -qui sont tous des « lyriques ». Cette position, qui est celle de Plutarque, est fort proche de celle d'Aristote (et aussi de Platon) : la véritable création poétique ne réside pas dans les mots et les rythmes, mais dans une structure d'ensemble, qui fait seule le poème. Dans cette perspective, on comprend que les poètes lyriques n'aient pas eu droit à retenir l'attention d'Aristote. Le dithyrambe qu'il mentionne, et qui est l'un des genres du « lyrisme » puisqu'il 3. PLUTARQUE, Les oracles de la Pythie, 406 c. 4. Poétique, 1449 a 11. puissances secrétes reconnues au verbe. Mais peut-étre les Hellénes n'ont-ils pas eu besoin de refaire tout le chemin. Il est inutile de rappeler que les hymnes 7. Iliade, I, 472-474. C. O. PAvzsz, Tradizioni e generi poetici della Grecia arcaica, Rome, 1972, rappelle qu'une lyre à sept cordes figure sur le sarcophage d'Haghia Triada, en Créte (1400 av. J.-C. environ). LE LYRISME A ROME se rattachent à cette nouvelle lyrique populaire, il est important ici d'en saisir, autant que cela est possible, le caractére et l'esprit. Nous découvrirons ainsi la raison profonde de certaines particularités et des puissances de ces ceuvres, qui comptent parmi les plus célébres et les plus fécondes, par leur postérité, de la lyrique latine. Le nom qui se présente le premier est celui d'Archiloque, que l'un de ses plus récents historiens appelle « le plus ancien des grands poétes lyriques européens ». Expression fort exacte, au moins en l'état actuel de nos connaissances, puisque, avant luij nous ne connaissons aucun poéte qui, dans ce genre de ce que nous appellerons par commodité le « nouveau lyrisme », aurait pu étre son précurseur. Originaire de Paros, il vécut dans la premiére moitié du vue siècle av. J.-C., alors qu'à Rome régnait, si l'on en croit la tradition, le roi Tullus Hostilius. A cette époque, dans le monde hellénique, l'épopée avait atteint son apogée et bientót allait commencer le long travail de mise en ordre des poémes héroiques qui avaient surgi un peu partout dans les iles et les cités de l'Egée. A certains égards, la poésie d'Archiloque prendra précisément le contre-pied de l'épopée, dont il n'accepte pas les valeurs qui sont celles d'une aristocratie guerrière. Il semble se faire un malin plaisir de les contredire. Un témoignage rapporté par Strabon nous apprend que, dans l'un de ses poémes, il s'était vanté d'avoir pris la fuite au cours d'un combat qui risquait de tourner mal pour lui. Il avait jeté ses armes et quitté délibérément le champ de bataille, préférant la vie à la gloire, méme immortelle, du héros tombé au combat. Nous sommes bien loin des Achéens devant Troie et du choix par lequel Achille avait préféré une vie bréve et illustre à une longue et obscure vieillesse ! Et, ce qui nous importe directement ici, c'est qu' Horace, bien des siècles plus tard, reprendra le méme théme et avouera, lui aussi, avoir abandonné son bouclier sur le champ de bataille de Philippes 13. F. LASSERRE et A. BONNARD, Archiloque, fragments, 2* éd., Paris, 1968, p. VI et suiv. lique (rythme à quatre temps) à des rythmes ternaires; il ne recourt pas à des distiques « boiteux », formés, par exemple, d'un trimétre iambique venant après un hexamètre dactylique, c'est à l'intérieur d'un méme vers qu'il fait coexister les deux rythmes.