La croissance de l’Afrique subsaharienne continue de faire preuve de résilience malgré une conjoncture mondiale incertaine. L’activité régionale devrait progresser de 3,8 % en 2025, contre 3,5 % en 2024, avant de s’accélérer à un taux annuel moyen de 4,4 % sur la période 2026-2027. Cette dynamique est soutenue par la baisse de l’inflation et l’amélioration des échanges commerciaux, même si l’assainissement budgétaire et le poids du service de la dette demeurent des risques importants. Le service de la dette extérieure a plus que doublé au cours des dix dernières années, pour atteindre 2 % du PIB en 2024.
L’Afrique subsaharienne connaît une transformation démographique d’une ampleur et d’une vitesse inégalées dans le monde et dans l’histoire récente. Entre 2025 et 2050, sa population en âge de travailler devrait croître plus vite que dans toute autre région en développement, avec plus de 620 millions de personnes supplémentaires sur le marché du travail. Cela représente plus des trois quarts de l’augmentation nette enregistrée dans l’ensemble des marchés émergents et des économies en développement.
La région est confrontée à un double défi : d’une part, accélérer la création d’emplois pour absorber une population active en forte expansion ; d’autre part, garantir que ces emplois soient mieux rémunérés, plus stables et porteurs de perspectives.
L’Afrique subsaharienne doit adopter un nouveau modèle de croissance fondé sur le développement des moyennes et grandes entreprises, véritables moteurs de productivité et de création d’emplois. Les modèles actuels ne génèrent pas suffisamment d’emplois salariés : une hausse de 1 point de pourcentage du PIB ne se traduit que par une augmentation de 0,04 point de l’emploi salarié. Ce décalage souligne l’urgence d’une stratégie de croissance plus inclusive, axée sur la productivité et capable de générer des emplois de qualité dans tous les secteurs.
La région a besoin de systèmes de production mieux structurés et plus performants, reposant sur une part accrue de moyennes et grandes entreprises capables de réaliser des économies d’échelle et de créer des emplois spécialisés et mieux rémunérés. Or, la majorité des entreprises restent petites et informelles, ce qui limite leur capacité à générer des emplois productifs. Avec 73 % des emplois concentrés dans des unités indépendantes ou familiales, la région souffre d’un manque de taille critique et d’efficacité, freinant la productivité et la création d’emplois formels à grande échelle. Un changement structurel du modèle de croissance s’impose pour relever ce défi.