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RECOMMANDATIONS STRATÉGIQUES

La création d’emplois à grande échelle en Afrique subsaharienne dépendra de la capacité à réduire le coût de l’activité économique, permettant ainsi aux entreprises existantes de se développer et à de nouvelles entreprises à forte croissance de s’implanter sur le marché. Pour y parvenir, il est essentiel de lever les contraintes structurelles qui freinent le développement du secteur privé, ce qui passe par les mesures suivantes : 

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1.              Les infrastructures de base — qu’il s’agisse des réseaux de transport ou des technologies à usage général comme les systèmes énergétiques et numériques — jouent un rôle indispensable à la croissance de tous les secteurs productifs. L’accès limité à l’électricité et les coupures fréquentes de courant demeurent le principal obstacle à l’activité des entreprises en Afrique, qui citent invariablement cet aspect comme un facteur majeur du niveau élevé de leurs coûts d’exploitation. Il est donc crucial de moderniser les infrastructures électriques, d’accroître les capacités de production et d’améliorer la viabilité financière des compagnies d’électricité. Les politiques publiques devraient prioriser la réduction des barrières financières à l’adoption et à l’utilisation généralisée des technologies numériques, qui ont démontré leur potentiel à stimuler les investissements directs étrangers, à accroître la productivité et l’emploi des entreprises, et à contribuer à la réduction de la pauvreté. L’amélioration des réseaux routiers et ferroviaires, ainsi qu’une planification intégrée des infrastructures, sont également essentielles pour relier les centres de production, réduire les coûts logistiques, accroître la productivité et stimuler la création d’emplois.

L’enjeu ne porte pas seulement sur l'éducation primaire et secondaire, mais aussi sur le développement de la petite enfance, l'acquisition de compétences générales, la maîtrise de compétences techniques spécifiques et les formations avancées au niveau tertiaire. Cet écosystème doit être aligné sur les besoins des principaux secteurs de croissance, tels que l’économie numérique et l’industrie de transformation — notamment l’agroalimentaire, les produits pharmaceutiques, les matériaux de construction et les équipements liés aux énergies renouvelables. Il doit également veiller à la pertinence de son offre par une collaboration étroite avec les acteurs industriels.

1.              L’organisation actuelle de la production freine l’expansion des entreprises, limitant ainsi le nombre d’acteurs à forte croissance capables de stimuler l’innovation, la productivité et la qualité de l’emploi. Réduire le coût du capital — en particulier pour les jeunes entreprises à fort potentiel — suppose le développement de marchés financiers plus profonds, offrant des solutions de financement par capitaux propres. Des régimes fiscaux stables et prévisibles permettent aux entreprises de planifier à long terme, d’investir, de se développer et de créer des emplois. Pour en tirer pleinement parti, les gouvernements doivent investir dans l’administration fiscale, améliorer la qualité des services publics et renforcer les cadres réglementaires. À l’échelle régionale et mondiale, une intégration plus poussée et une meilleure facilitation des échanges sont indispensables au développement des marchés. La mise en œuvre effective de la Zone de libre-échange continentale africaine représente une opportunité unique de créer un marché intégré et de transformer durablement le paysage économique de la région.

La création d’emplois et le développement d’un environnement des affaires robuste reposent sur des institutions solides et inclusives. Celles-ci sont essentielles pour garantir la paix et la stabilité, lutter contre la corruption et fournir des services publics de qualité. Des politiques inclusives alignent les incitations en faveur d’une croissance généralisée, tandis que l’exclusion et la concentration du pouvoir entre les mains d’élites faussent les marchés et limitent la concurrence.

La levée des obstacles au développement du secteur privé permettra de libérer le potentiel de croissance dans les secteurs productifs à forte capacité de création d’emplois à grande échelle. Parmi les secteurs les plus prometteurs figurent l’agroalimentaire, le tourisme et l’hôtellerie, les soins de santé, le logement et la construction, les services numériques et l’industrie manufacturière (notamment les chaînes de valeur minières). Les pays doivent agir de manière résolue pour exploiter leurs avantages comparatifs dans ces domaines.

CE QU’IL FAUT RETENIR

La croissance de l’Afrique subsaharienne continue de faire preuve de résilience malgré une conjoncture mondiale incertaine. L’activité régionale devrait progresser de 3,8 % en 2025, contre 3,5 % en 2024, avant de s’accélérer à un taux annuel moyen de 4,4 % sur la période 2026-2027. Cette dynamique est soutenue par la baisse de l’inflation et l’amélioration des échanges commerciaux, même si l’assainissement budgétaire et le poids du service de la dette demeurent des risques importants. Le service de la dette extérieure a plus que doublé au cours des dix dernières années, pour atteindre 2 % du PIB en 2024.

 

L’Afrique subsaharienne connaît une transformation démographique d’une ampleur et d’une vitesse inégalées dans le monde et dans l’histoire récente. Entre 2025 et 2050, sa population en âge de travailler devrait croître plus vite que dans toute autre région en développement, avec plus de 620 millions de personnes supplémentaires sur le marché du travail. Cela représente plus des trois quarts de l’augmentation nette enregistrée dans l’ensemble des marchés émergents et des économies en développement.

 

La région est confrontée à un double défi : d’une part, accélérer la création d’emplois pour absorber une population active en forte expansion ; d’autre part, garantir que ces emplois soient mieux rémunérés, plus stables et porteurs de perspectives.

 

L’Afrique subsaharienne doit adopter un nouveau modèle de croissance fondé sur le développement des moyennes et grandes entreprises, véritables moteurs de productivité et de création d’emplois. Les modèles actuels ne génèrent pas suffisamment d’emplois salariés : une hausse de 1 point de pourcentage du PIB ne se traduit que par une augmentation de 0,04 point de l’emploi salarié. Ce décalage souligne l’urgence d’une stratégie de croissance plus inclusive, axée sur la productivité et capable de générer des emplois de qualité dans tous les secteurs.

 

La région a besoin de systèmes de production mieux structurés et plus performants, reposant sur une part accrue de moyennes et grandes entreprises capables de réaliser des économies d’échelle et de créer des emplois spécialisés et mieux rémunérés. Or, la majorité des entreprises restent petites et informelles, ce qui limite leur capacité à générer des emplois productifs. Avec 73 % des emplois concentrés dans des unités indépendantes ou familiales, la région souffre d’un manque de taille critique et d’efficacité, freinant la productivité et la création d’emplois formels à grande échelle. Un changement structurel du modèle de croissance s’impose pour relever ce défi.

Données

Source : Estimations des services de la Banque mondiale réalisées à partir de la base de données mondiale sur le suivi de la pauvreté (GMD), 2019.

Note : AFE = Afrique de l’Est et australe ; AFW = Afrique de l’Ouest et centrale ; SSA = Afrique subsaharienne.