Il n’y en a que pour Donald Trump. Depuis que l’ancien président américain et actuel candidat à la primaire républicaine a laissé entendre qu’il pourrait abandonner l’Europe en cas d’attaque, les Allemands s’interrogent sur l’avenir de leur politique de défense et sur l’opportunité d’une dissuasion nucléaire européenne.
Unique puissance nucléaire au sein de l’UE depuis le Brexit, la France est notamment présentée comme l’un des seuls pays capables de protéger le Vieux Continent en cas de désengagement des États-Unis, explique Die Welt. “On oublie cependant que la solution française comporte des dangers similaires à la solution américaine.”
En janvier, Emmanuel Macron a bien assuré que la France avait une “responsabilité particulière” dans la défense de ses alliés, parce que ses “intérêts vitaux” sont européens. Ses propos faisaient écho à la doctrine officielle française, qui, depuis 1972, considère que le pays “vit dans un tissu d’intérêts qui dépasse ses frontières” et que sa stratégie “constitue un facteur stable et déterminant de la sécurité en Europe”.
Mais comme le souligne le quotidien conservateur allemand, ce n’est pas la tactique que met en avant “l’adversaire la plus puissante” du président de la république. Sur le réseau social X, Marine Le Pen a, au contraire, fustigé ce qu’elle voit comme une volonté d’“européaniser” la puissance nucléaire française.
“Bouleversement géopolitique”
Sur ce sujet, la patronne du Rassemblement national se réclame du gaullisme, sans pour autant embrasser sa dimension européenne originelle, commente Die Welt. “Sa victoire dans les urnes après trois tentatives ratées aurait pour conséquence une sorte d’effet Trump à la française.” Pour l’Allemagne, cela représenterait un “bouleversement” géopolitique. Car Paris pourrait alors décider de ne pas étendre son parapluie nucléaire jusqu’à Berlin.
“Nul ne peut vraiment dire quel danger représenterait un président Trump ou une présidente Le Pen”, précise le journal de la capitale allemande. Mais pour que la dissuasion nucléaire continue de fonctionner en Europe, il faut envisager tous les scénarios possibles. “C’est pourquoi l’Allemagne doit inclure dans ses réflexions non seulement l’élection qui se déroulera aux États-Unis cette année, mais aussi celle qui aura lieu en France dans trois ans.”
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