L’élection présidentielle au Bénin, en avril 2026, risque de se tenir sans le principal parti d’opposition. La Commission électorale a rejeté, mercredi 22 octobre, la candidature de Renaud Agbodjo, à la tête des Démocrates, faute d’un nombre suffisant de parrainages. Elle précise, dans un communiqué, que la décision est susceptible de recours.
Patrice Talon, au pouvoir depuis 2016, arrivera en 2026 au terme de son second mandat, le maximum autorisé par la Constitution. Cette décision ouvre une voie royale à la majorité au pouvoir. La liste définitive des candidats sera connue le 31 octobre.
Renaud Agbodjo, avocat de 43 ans, avait été désigné à la mi-octobre par son parti après plusieurs jours de tractations et une dernière longue nuit de discussions. Pour être qualifié, il faut obtenir 28 parrainages d’élus, selon le code électoral. Mais Les Démocrates comptant exactement 28 élus, une seule défection dans leurs rangs pouvait donc entraîner l’invalidation de la candidature de l’opposant.
Selon la Commission, le parrainage du député Michel Sodjinou a été « déclaré invalide ». Ce dernier avait affirmé, la semaine dernière, ne pas reconnaître le « processus de désignation » du candidat de son parti et dénoncé une « mise en scène ». Il avait saisi le tribunal de Cotonou, qui a annulé son parrainage.
Deux candidatures retenues
Les Démocrates sont le parti de l’ancien chef de l’Etat Boni Yayi (2006-2016) qui ne peut plus se présenter, ayant dépassé la limite d’âge de 70 ans. Au total, trois candidatures ont été rejetées. Deux ont été retenues, dont celle de Romuald Wadagni, ministre des finances de 49 ans, appelé à succéder au président Patrice Talon.
Personnalité centrale du gouvernement, Romuald Wadagni est considéré comme l’un des principaux artisans de la réussite économique du Bénin, qui affiche une croissance robuste depuis une décennie, régulièrement au-dessus de 6 %, et qui a récemment obtenu des notations favorables des agences internationales. Un opposant dit « modéré », l’ancien ministre et enseignant Paul Hounkpè, est aussi qualifié, sous les couleurs du parti des Forces cauris pour un Bénin émergent.
Lors de la précédente élection présidentielle en 2021, Patrice Talon avait été élu avec plus de 86 % des voix, après des tensions avec l’opposition. La plupart des grandes figures de l’opposition n’avaient pas été autorisées à se présenter et des violences avaient éclaté, notamment dans le centre du Bénin, région natale de Boni Yayi.
S’il est salué pour le développement économique du Bénin, Patrice Talon est régulièrement accusé par ses détracteurs d’avoir opéré un virage autoritaire dans ce pays, autrefois salué pour le dynamisme de sa démocratie.