Sous le feu de l’artillerie ukrainienne, Pavel Filatiev, dit s’être fait cette promesse : « Mon Dieu, si je survis, je ferai tout pour changer ça. » Il a tenu parole. Le 1er août, sur le réseau social VKontakt, le « Facebook russe », le soldat, ex-parachutiste, a publié une longue confession sur la guerre déclenchée par le Kremlin en Ukraine à laquelle il a participé en première ligne, depuis le premier jour, le 24 février, jusqu’au début du mois d’avril, lorsqu’il a été évacué pour une sale infection à un œil contractée dans une tranchée. Cent quarante et une pages de rage. « Deux mois de boue, de faim, de froid, de sueur, et de sensation de mort. C’est dommage qu’ils ne laissent pas les journalistes venir sur la ligne de front, le pays [la Russie] ne peut pas voir les nôtres mal lavés, sales, maigres et aigris… »
Intitulé « ZOV », trois lettres qui signifient à la fois l’« appel » en russe, mais jouent en même temps avec les sigles « Z », « O » et « V » peints sur les véhicules militaires russes, le récit s’attache à dénoncer les conditions effroyables dans laquelle s’est trouvée d’emblée l’armée envoyée par Moscou pour envahir le territoire ukrainien. L’auteur, qui faisait partie du 56e régiment des gardes aéroportés, restructuré avec le 171e bataillon d’assaut, se trouvait à Feodossia, en Crimée, lorsque l’ordre de départ est arrivé. L’objectif, comme il le découvrira plus tard, est de prendre la ville de Kherson – la première, située à une centaine de kilomètres à peine de la « frontière » avec la péninsule annexée en 2014 par la Russie, à tomber sous occupation russe.
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