Les voyageurs aux Etats-Unis font face, vendredi 7 novembre, aux premières perturbations dans les aéroports, après l’entrée en vigueur d’une directive réduisant le nombre de vols dans les grands aéroports, au début d’un week-end prolongé.
Les compagnies aériennes ont déjà programmé l’annulation de centaines de vols pour se conformer à une instruction de la Federal Aviation Administration (FAA), régulateur aérien américain, imposant une réduction du trafic dans les aéroports très fréquentés comme ceux d’Atlanta, de Chicago et de Dallas. Cette réduction des vols est présentée comme une précaution face à la pénurie de personnel dans les tours de contrôle, conséquence des blocages politiques concernant le budget fédéral qui paralysent l’administration depuis six semaines. Le shutdown de l’Etat fédéral dure depuis trente-sept jours − un record −, républicains et démocrates étant incapables de s’entendre sur un nouveau budget.
A la mi-journée vendredi, au moins 817 vols avaient été annulés, selon le site de suivi FlightAware, soit davantage que les trois derniers jours réunis. Les aéroports les plus touchés à ce stade sont Chicago O’Hare, Hartsfield-Jackson à Atlanta, Denver et Dallas-Fort Worth.
American Airlines et United Airlines, deux des principales compagnies régulières américaines, ont dit à l’Agence France-Presse qu’elles réduisaient leur activité de 4 % dès vendredi et tout le week-end, soit « environ 220 vols annulés chaque jour » pour la première, et « moins de 200 vols vendredi et samedi » pour la seconde. Delta, autre compagnie américaine majeure, prévoit, elle, autour de 170 annulations vendredi sur « approximativement 5 000 départs quotidiens ».
L’administration Trump avait annoncé mercredi qu’une réduction de 10 % du nombre de vols dans 40 des aéroports américains les plus importants se justifiait dès vendredi par précaution. Chaque jour, plus de trois millions de passagers prennent l’avion aux Etats-Unis, à raison de plus de 44 000 vols en moyenne, selon la FAA.
Longues files d’attente aux points de contrôles
Les annulations de vols s’ajoutent aux longues files d’attente aux points de contrôles qui sont gérés par des agents de sécurité, également privés de salaire depuis plus d’un mois.
Les perturbations débutent à la veille d’un week-end que nombre d’Américains prolongeront jusqu’au mardi 11 novembre, jour férié aux Etats-Unis. Et elles surviennent à l’approche de Thanksgiving, la grande fête familiale américaine pour laquelle des millions d’Américains prennent l’avion chaque année, le 27 novembre.
« Si vous devez aller à un mariage, des obsèques ou autre chose d’important dans les prochains jours, compte tenu du risque d’annulation de vols, je conseillerais d’acheter un billet de secours sur une autre compagnie », a suggéré le patron de la compagnie à bas coût Frontier, Barry Biffle, sur les réseaux sociaux. « Ainsi, si votre vol est annulé, vous avez une solution de rechange immédiatement », a-t-il poursuivi, en avisant d’« acheter un billet remboursable ».
Les vols internationaux long-courriers ne sont pas concernés à ce stade, ont précisé United et Delta. United a rapporté que les annulations se concentraient sur « les vols domestiques et régionaux qui ne relient pas nos hubs » aéroportuaires.
Dans un mail adressé à ses clients, la compagnie a précisé que les vols « hub-à-hub », Chicago, Denver, Houston, Los Angeles, Newark, San Francisco et Washington Dulles, n’étaient pas affectés. American Airlines table, elle, sur « environ 6 000 vols quotidiens ».
Le contrôle aérien fortement perturbé
« Avec Thanksgiving qui arrive, si on est toujours dans cette situation, ça va être rude. On agira sur ce qui concerne la sécurité. Mais votre vol décollera-t-il à l’heure ? Décollera-t-il tout court ? Ça reste à voir, mais il y aura davantage de perturbations », a averti le ministre des transports, Sean Duffy, au micro de Fox News, jeudi.
Les principales compagnies américaines ont fait savoir que leurs clients impactés pouvaient modifier leur voyage ou en demander le remboursement sans pénalité financière.
Par ailleurs, le blocage budgétaire a également fortement désorganisé le contrôle aérien. A titre d’illustration, « actuellement, la moitié de nos 30 aéroports principaux connaissent des pénuries de personnel » et « près de 80 % des contrôleurs aériens sont absents dans les aéroports new-yorkais », communiquait le régulateur aérien américain le 31 octobre.
« Après trente et un jours sans salaire, les contrôleurs aériens sont soumis à un stress et une fatigue immenses », soulignait-il. Autour de 14 000 contrôleurs aériens surveillent le ciel américain − et reçoivent en ce moment des fiches de paie à zéro dollar.