Afin de soutenir le premier ministre nationaliste Viktor Orban, reçu vendredi 7 novembre à la Maison Blanche, l’administration américaine s’est engagée à fermer un média en langue hongroise financé par les Etats-Unis. Kari Lake, qui dirige l’US Agency for Global Media (USAGM), organisme public américain supervisant plusieurs médias actifs à l’étranger, a fait savoir au Congrès qu’elle chercherait à bloquer le financement de Szabad Europa, le service en langue hongroise de Radio Free Europe/Radio Liberty.
Ce média « vise clairement à déstabiliser » la Hongrie, a déclaré Kari Lake, jeudi, à la chaîne de télévision conservatrice Newsmax. « L’argent des contribuables américains ne devrait pas servir à financer une radio mondialiste. (…) Les mondialistes détestent Viktor Orban. » On ignore toutefois si elle a le pouvoir de fermer unilatéralement Szabad Europa, qui était toujours active vendredi et couvrait la rencontre entre Donald Trump et Viktor Orban.
Depuis plusieurs mois, Kari Lake a déjà supprimé la quasi-totalité du financement accordé aux médias publics américains Voice of America, Radio Free Asia et Radio Free Europe/Radio Liberty. Cette dernière, créée pendant la guerre froide pour diffuser des informations dans le bloc soviétique et désormais basée à Prague, a survécu en partie grâce au soutien de la République tchèque et d’autres gouvernements européens.
« Musellement des voix libres et indépendantes »
Fermée après la chute de l’Union soviétique, Szabad Europa a rouvert en 2020 après que le Congrès américain a autorisé son financement en raison d’inquiétudes sur le recul de la liberté de la presse en Hongrie.
« Cette administration se rend complice du musellement des voix libres et indépendantes à l’approche des élections législatives hongroises en avril », a dénoncé dans un communiqué Jeanne Shaheen, élue démocrate siégeant à la commission des relations étrangères du Sénat. Szabad Europa « reste essentiel pour garantir aux Hongrois l’accès à la vérité, un engagement américain de longue date pour contrer la propagande de Moscou et de Pékin », a-t-elle ajouté.
Viktor Orban, hostile à l’immigration et aux droits des personnes LGBT+, est l’un des amis les plus proches de Donald Trump dans le monde occidental. Il s’est également opposé, à l’OTAN et à l’Union européenne, à une action plus ferme contre la Russie après son invasion militaire de l’Ukraine. Ancienne présentatrice de télévision, Kari Lake fait depuis longtemps l’éloge de Viktor Orban, premier ministre de la Hongrie depuis 2010. L’an dernier, lors d’un rassemblement conservateur à Budapest, elle avait notamment salué le premier ministre hongrois pour son opposition à l’avortement.