Quand j’étais bébé, notre immeuble parisien a explosé à la suite d’une fuite de gaz. J’en suis descendue par la grande échelle des pompiers, des chambres de bonne où nous habitions, dans les bras de ma mère, elle-même dans les bras du pompier. Cet épisode, qui nous a laissées indemnes et dont je n’ai aucun souvenir, constitue un grand récit familial. Je me le suis fait raconter des dizaines de fois et l’ai moi-même raconté à mes enfants. Parce que la grande échelle, c’est quand même stylé.
Ma mère, elle, en a gardé un réflexe. Pendant l’une des exceptionnelles tempêtes de 1999, elle a enfilé ses chaussures pour attendre que ça passe, « parce que la dernière fois, je n’avais pas eu le temps de les mettre », m’avait-elle glissé, concentrée. C’était sa manière de se tenir prête. Elle avait la mémoire d’une crise qui pouvait la concerner d’un instant à l’autre.
C’était au XXe siècle, et j’élève des enfants au XXIe siècle. Quelle expérience ai-je à leur transmettre alors que les événements climatiques extrêmes se multiplient sous l’effet du changement climatique ? Quels gestes ai-je à leur apprendre pour ne pas paniquer quand se produiront sous leurs formes dévastatrices une canicule, une tempête ou une inondation, que je n’ai moi-même jamais vécues et, pire, auxquelles je ne m’attends pas ?
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