Si la nuance blanche a eu de nombreuses symboliques au cours de son histoire, elle est avant tout associée à la propreté et à la santé. Dans l’ouvrage qu’il consacre au blanc (Blanc. Histoire d’une couleur, Seuil, 2022), l’historien français et expert des couleurs Michel Pastoureau rappelle ainsi qu’au XVIIIe siècle, toutes les étoffes touchant le corps (drap, toilette) devaient être blanches.
Même son de cloche au siècle suivant, alors que se développent les loisirs de plein air, pratiqués par une classe bourgeoise ayant les moyens de se divertir. Parce qu’il dissimule mieux d’éventuelles taches de transpiration disgracieuses, et permet donc de garder fière allure même en plein effort, le blanc devient rapidement la couleur emblématique des sports dits « élitistes », du tennis au golf.
Rien d’étonnant, donc, à ce qu’il soit considéré comme un marqueur de l’aristocratie, et évoque plus globalement le luxe, le raffinement et l’élégance. Soit les maîtres mots de Wimbledon, qui, au-delà de son statut de plus ancien tournoi de tennis au monde, est avant tout connu pour son code vestimentaire impitoyable, auquel nul athlète n’échappe. Depuis 1963, hommes et femmes doivent jouer dans une tenue d’un blanc optique. Le blanc cassé et le crème ne sont pas autorisés et, depuis 2014, les accessoires doivent, eux aussi, revêtir le code couleur de rigueur. Certains se souviendront de Serena Williams remportant en 2016 son 22e tournoi en Grand Chelem, sur la pelouse britannique, montre blanche Audemars Piguet au poignet.
Une icône féminine
En dehors des courts de tennis, le garde-temps opalin a aussi ses amatrices. Même s’il est important de rappeler que la montre a longtemps été perçue comme un objet pratique avant d’être un accessoire de mode. Et, surtout, plutôt réservé aux explorateurs et autres aventuriers testostéronés, amateurs de grimpe comme de plongée, grâce notamment à des matériaux robustes, à même de résister aux éléments déchaînés (céramique pour le cadran, caoutchouc ou coton pour le bracelet).
Le lancement, à l’aube du XXIe siècle, de modèles plus féminins mais toujours compacts et résistants, incarnés notamment par la J12 de Chanel – dévoilée en 2000 dans une version noire, elle sera proposée dans une teinte immaculée trois ans plus tard –, a progressivement permis à la montre blanche de se hisser au rang d’icône féminine. Sportive et élégante, versatile dans son emploi comme dans son style, cette tocante bien différente a su résister aux assauts du temps, se réinventant au fil des modes et des innovations horlogères.