« Je veux du pain et du chocolat. » Un petit garçon, la morve au nez, les yeux pleins de larmes. Il répète : « Je veux du chocolat. » Il a 6 ans et, ce soir de décembre, par − 2 degrés, il réclame à sa mère un goûter, quand celle-ci avale une soupe populaire. Son petit frère de 2 ans grelotte à côté. Place de l’Hôtel de ville, à Paris, tous les soirs, une centaine de personnes en famille se présentent à l’association d’aide aux migrants Utopia 56, dans l’espoir de trouver un abri d’une nuit chez un particulier ou sous une tente.
Parmi eux, Fatim Sacko, 19 ans, Moussa Bamba, 23 ans, et leur fille de 4 mois. Ce couple de Guinéens a une demande d’asile en cours. Mais comme leurs empreintes ont été enregistrées en Espagne, pays par lequel ils sont entrés en Europe, le règlement de Dublin considère qu’ils relèvent de la responsabilité de cet Etat. La France ne leur garantit pas d’hébergement au titre de leur demande d’asile. Sans solution, ils appellent « tous les jours le 115 [le numéro d’urgence pour les personnes sans-abri] mais la ligne est occupée ».
Ce jour-là, Kouassi Mady Kouman et Efe Precious Osadulor ont, eux, déjà tenté dix-sept fois de joindre le 115. Le journal d’appels du téléphone de ce couple ivoiro-nigérian, réfugiés statutaires et parents de deux filles de 2 ans et 1 mois, témoigne de leurs essais infructueux. « Nous sommes face à un nombre exceptionnel de personnes à la rue, alerte Nathalie Latour, directrice de la Fédération des acteurs de la solidarité, qui regroupe 870 associations de lutte contre l’exclusion. L’effort en matière d’hébergement n’est pas au niveau. » Le 5 décembre, plus de 5 000 personnes ayant joint le 115 sont restées sans solution d’hébergement, parmi lesquelles 1 346 enfants.
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