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Colmar célèbre les 125 ans de l’église Saint-Joseph avec le spectacle immersif «Terra Alsatia»

Colmar
© Pascal Bastien pour Le Pèlerin

L'église Saint-Joseph de Colmar, de style néogothique est construite en grès rose, pierre emblématique de l'Alsace.


Cet article est paru dans le magazine Le Pèlerin Abonnez-vous

Jusqu'au 16 novembre, pour les 125 ans de sa construction, l'église Saint-Joseph de Colmar accueille «Terra Alsatia», un événement immersif porté par 300 volontaires locaux, tous unis pour faire vibrer la mémoire du territoire.

À la nuit tombée, sous la voûte néogothique de Saint-Joseph, les colonnes se confondent dans une lumière irréelle, les bancs deviennent gradins, les visages s'illuminent. Au cœur du quartier du même nom, l'édifice colmarien se mue en écrin pour un spectacle vivant et immersif baptisé Terra Alsatia (1). 

Chaque soir, jusqu'au 16 novembre, deux représentations font revivre un territoire marqué par les soubresauts de l'Histoire, entre 1870 et 1945, en narrant la destinée fictive de deux familles ballottées au gré des guerres et des changements de frontières. Portée par 300 bénévoles, cette saga s'inscrit dans les célébrations des 125 ans de la paroisse.

Soutenue par le Conseil de fabrique -l'organe de gestion matérielle de l'église, composé de laïcs, du maire et du curé -, l'idée de ce show s'est imposée naturellement. «Terra Alsatia met en lumière l'âme d'une église, mais aussi celle d'un quartier né de l'essor industriel textile», souligne Germain Mergel, président du Conseil de fabrique. Muni de son trousseau de clés, il veille à la sécurité et à l'accueil sur le site, discret mais omniprésent pendant les représentations. Pour accueillir cet événement, l'agenda de la paroisse s'est ajusté : messes déplacées dans les églises avoisinantes, horaires adaptés. «Saint-Joseph reste disponible en journée pour les célébrations et les funérailles», insiste le père Robert Abelava, curé de la paroisse.

L'histoire alsacienne prend corps dans l'église Dézoomer
© Pascal Bastien pour Le Pèlerin

Le père Robert Abelava met à disposition son église pour un son et lumière grandiose.

L'histoire alsacienne prend corps dans l'église Dézoomer
© Pascal Bastien pour Le Pèlerin

Intitulé «Terra Alsatia», le spectacle retrace l'histoire fictive de deux familles de la région. Un événement qui relie le cultuel au culturel.

23 000 spectateurs attendus

Le maire de Colmar, Éric Straumann, soutient cette démarche où le cultuel cohabite avec le culturel : «Cette initiative permet à des Colmariens éloignés de la pratique religieuse de découvrir un lieu qu'ils n'auraient jamais visité», souligne l'édile, pour qui «Terra Alsatia» s'inscrit également dans le cadre des 80 ans de la libération de Colmar. Pour les représentations, pas un centime n'a été déboursé par la commune. Mise en place des moyens techniques, mobilisation des professionnels… Tout a été pris en charge par l'organisateur.

«Terra Alsatia c'est un budget de 700 000 euros, entièrement financé par la billetterie», précise Jérôme Bigeard, directeur de TSE, la société organisatrice. Il a fait le pari d'atteindre l'équilibre financier avec 23 000 spectateurs répartis sur 65 sessions. Ayant déjà œuvré dans des lieux sacrés, notamment à Lyon (Rhône) et à Domrémy (Vosges), Damien Fontaine (2), le metteur en scène, rappelle que «les églises ont toujours été des espaces de rassemblement, de vie, parfois même de fête. Ce ne sont pas des lieux d'austérité. On peut y retrouver la joie, la couleur, la lumière d'autrefois.»

À Colmar, il mêle le passé viticole de la région à la construction même de l'église Saint-Joseph. La mémoire locale se traduit ainsi au travers d'un jeu de lumières, de projections d'images et de vidéos. Mais au-delà du divertissement, Terra Alsatia s'avère une aventure humaine pour ceux qui se sont investis bénévolement.

L'histoire alsacienne prend corps dans l'église Dézoomer
© Pascal Bastien pour Le Pèlerin
L'histoire alsacienne prend corps dans l'église Dézoomer
© Pascal Bastien pour Le Pèlerin

À chaque final, Quentin, acteur bénévole, revêt avec émotion le costume que portait son aïeul en 1945, à la libération de Colmar.

Respiration collective

Dans l'une des nefs latérales réaménagées en loges, Isabelle, sexagénaire, s'apprête à entrer en scène. Infirmière, bourgeoise, vendangeuse… elle enchaînera les rôles. «Jouer dans une église, c'était inédit. Mais j'ai compris que cette aventure avait du sens : elle permet de découvrir un lieu et de créer du lien avec la population.» Parmi les volontaires, Quentin, 20 ans, étudiant en BTS horticulture : chaque samedi soir, à vélo, il a pour habitude de descendre depuis son village de Niedermorschwihr pour se rendre à la messe anticipée célébrée à Saint-Joseph. Passionné de théâtre et de folklore, le jeune homme a vu dans Terra Alsatia une opportunité unique de faire revivre l'histoire familiale.

«Quand on joue, on a la chair de poule. On sent qu'on porte quelque chose de plus grand que soi», confie-t-il. Lors de la scène finale, il revêt avec une émotion particulière le costume traditionnel de son aïeul, celui qu'il portait lors de la libération de Colmar, le 2 février 1945. «Je m'investis pour le devoir de mémoire», explique-t-il. Une nécessité pour lui, dans un contexte mondial qu'il juge préoccupant, où des enfants, des femmes et des hommes sont encore confrontés aux horreurs de la guerre.

Plus qu'un son et lumière et bien davantage qu'un spectacle, Terra Alsatia est une respiration collective, un acte de mémoire partagée. Dans l'éclat des lumières, les voix d'hier rejoignent celles d'aujourd'hui, rappelant qu'une église peut encore rassembler, émouvoir, et ranimer l'espérance dans une actualité tourmentée.

1) terra-alsatia.fr

2) En savoir plus : damien-fontaine.com

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© Pascal Bastien pour Le Pèlerin

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Ce reportage poursuit la troisième série d'articles illustrant l'engagement commun du Pèlerin, du CFRT/ Le Jour du Seigneur et des diocèses de France pour faire de nos églises des lieux de vie ouverts à tous. Plus de cent cinquante ans après sa création, notre magazine poursuit sa mission de médiateur au service du bien commun.

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