Alors que sa mère vient de mourir d’un Parkinson, grabataire et folle, son fils Raphaël, en retraçant la genèse de la maladie – des premiers symptômes à la dégringolade finale –, dresse un superbe mausolée à cette femme flamboyante avec laquelle il s’était réconcilié, après avoir rompu avec elle, fuyant dans sa jeunesse son amant qui le maltraitait.
Avec habileté, il entrelace récit de la maladie et souvenirs heureux avec cette mère très brillante, à la grande liberté de pensée, journaliste au Nouvel Obs’, écrivaine et pianiste amateure dotée d’une sensibilité et d’un perfectionnisme extrêmes, « mélange inouï de génie et de maladresse, d’aphorismes somptueux et de jeux de mots bidon ». Le ton est donné, le philosophe passe d’une belle langue élégante et savante qui a du corps, quand sont abordées philosophie, musique ou littérature, aux propos les plus triviaux emprunts d’un humour noir libérateur. En dernier hommage, et traversant le récit comme un fil rouge, est la réalisation laborieuse et émouvante d’un concert qu’ils ont donné à leurs amis, elle au piano, lui lecteur de Proust, avant qu’elle ne sombre définitivement. Riche et poignant, ce texte touche au cœur et nourrit l’esprit. (L.K. et B.T.)
