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professionnels en même temps qu’elle vise à donner aux étudiants une méthode d’analyse pour leurs travaux futurs 15. Elle n’est pas sans lien non plus avec le développement de l’histoire culturelle dont l’histoire du livre, brillamment illustrée à l’École des chartes par Henri-JeanMartin, a été le fer de lance 16 : l’image fait partie des objets de cette histoire culturelle 17

qui se diversifie, et l’École a déjà, pour l’époque médiévale et moderne, une tradition de travaux consacrés à l’image. Elle est donc bien placée pour s’intéresser aux problèmes méthodologiques posés par les images contemporaines. L’habitude des méthodes de la diplomatique amène rapidement à s’interroger sur la pertinence de leur transposition à l’image 18, puis à élaborer un parcours critique qui, reprenant les concepts de genèse et tradition chers à la diplomatique, suit l’image depuis la conception de son projet et ses conditions de production jusqu’à sa réception par le public. Se trouve pointé, à chaque étape de cette analyse, tout ce qui pourra impliquer une distorsion entre la réalité et la représentation qui en est donnée. Cette méthode sera le coeur de l’enseignement dispensé dans le cadre du cours consacré à la critique de l’image documentaire contemporaine, dont l’objet sera étendu aux autres sources iconiques contemporaines, comme l’affiche et le dessin satirique. L’ensemble des travaux menés dans le domaine méthodologique par les conservateurs et les chercheurs converge vers des règles communes 19 qui permettent d’opposer un discours assuré, quand le thème traité est sujet à polémique, ce qui est particulièrement fréquent en histoire contemporaine. On le voit bien avec les photographies des camps de concentration, prises aussi bien par les libérateurs, le personnel des camps et, pour quatre d’entre elles, par les déportés eux-mêmes. Seul un long travail d’établissement de

15. Depuis 1995, une douzaine de thèses de l’École ont été consacrées à l’image contemporaine,

fixe ou animée (http :// theses. enc. sorbonne. fr). 16. Voir Philippe Poirrier, Les enjeux de l’histoire culturelle, Paris, 2004. 17. En 1991, un enseignement concernant les médias a aussi été introduit dans les enseignements de l’École, offrant à l’image contemporaine une seconde occasion d’étude. 18. Bruno Delmas, «Manifeste pour une diplomatique contemporaine : des documents institutionnels à l’information organisée » , dans De la diplomatique médiévale à la diplomatique contemporaine [ actes du colloque organisé par l’École nationale des chartes et la Bentley Historical Library, Ann Arbor], La Gazette des archives, no 172, 1996, p. 49-66 ; É. Parinet, «Diplomatique et photos institutionnelles » , ibid., p. 88-93 ; B. Delmas, «Pour une diplomatique et une archivistique des documents audiovisuels d’actualité produits par les médias » , dans Archives et bibliothèques de Belgique, no 54, 1998, p. 123-129 ; id., «Donner à l’image et au son le statut de l’écrit : pour une critique diplomatique des documents audiovisuels » , dans Bibliothèque de l’École des chartes, t. 161, 2003, p. 553-601 ; É. Parinet, «Pour une diplomatique de l’image » , dans Quelle est la place...,

p. 97-106. 19. L. Gervereau a synthétisé son expérience dans Voir, comprendre, analyser les images,

Paris, 1994, qui a connu plusieurs rééditions. De nombreux ouvrages didactiques, répondant à la demande des enseignants évoquée plus haut, paraîtront dans les années suivantes sans apporter beaucoup plus.

b. é. c. 2009 avant-propos 13

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