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LES ARCHIVES ET LE PESSIMISME
Deux articles émanant d'archivistes français méritent l'attention, non seulement par la personnalité de leurs auteurs et la vigueur de leur argumen¬ tation, mais parce qu'ils nous semblent s' inscrire dans un déferlement de « marée noire » qui affecte peu ou prou notre profession, et contre lequel il nous paraît nécessaire de réagir.
Il s'agit, on l'a deviné, de l'article de M. Yves Pérotin Les archivistes et le mépris (Gazette des Archives, n° 68, Ier trimestre 1970), et du manifeste ronéotypé de M. Louis Monnier Pour line politique scientifique des archives (Bordeaux, décembre 1970).
Tout en rendant hommage à l'esprit non conformiste, même caustique, et à la hardiesse qui inspirent l'article de M. Pérotin, ainsi qu'à son originalité et à sa solide texture, nous devons nous inscrire en faux contre un pessimisme trop accusé et ce, pour certaines raisons dont la principale est qu'il faut repla¬ cer les choses de notre profession dans un contexte général, à la fois technique et psycho-sociologique.
Que nous avancions, mais que les autres avancent encore plus vite que nous, implique une relativité valable pour bien d'autres services nationaux, pour bien d'autres professions. Il n'apparaît pas que, par exemple, l'Enregis¬ trement, les Hypothèques et, sur le plan privé, les professions d'avocat, de notaire, etc. connaissent un développement comparable à celui de l'élec¬ tronique. On doit admettre objectivement que, le cours de la civilisation étant ce qu'il est, il n'y a rien d'humiliant à ce que des professions ou des services techniques à vocation ancienne et limitée ne connaissent pas le développe¬ ment dont bénéficient des activités en rapport avec des dimensions nouvelles prises par l'humanité sur divers plans (économique, culturel, etc.).
Et même disons que, vu la prolifération du secteur tertiaire et des fonctions nouvelles apparues dans les sociétés humaines développées, si l'on ne comparait plus élément par élément mais l'expansion de chaque élément par rapport à l'expansion globale, l'on s'apercevrait sans doute qu'à quelques exceptions près, le développement relatif de chaque élément faiblit. Par exemple, il est loisible de penser que le développement de l'administration préfectorale ralentit fortement par rapport au développement de l'ensemble national.


















