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Bons comptes, bonnes archives

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Année 1979 104 pp. 10-11
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BONS COMPTES, BONNES ARCHIVES

Voici donc la France dotée d'une loi sur les archives, et les archivistes français d'un instrument de droit définissant leur mission.

Cela du moins, en ce qui concerne les archives publiques ou celles dont l'intérêt public reconnu entraîne une protection publique. Le fait que les archivistes du secteur public forment encore la grande majorité de notre Association ne doit pas nous faire oublier l'existence des archives qui sont et resteront privées, totalement indépendantes de l'intervention publique. Mais ce qui est vrai d'un côté l'est également de l'autre, et notamment que les archives coûtent de l'argent.

Bien sûr, à l'échelon individuel, on empile les papiers dans un coin de placard, de cave ou de grenier, sans trop penser au coût de cette conservation. L'emplacement utilisé existe de toute façon, son loyer ou l'amortissement de son achat est payé avec le loyer ou l'amortissement d'achat de la maison ou de l'appartement. Le temps de gestion, classement, etc. est réduit au minimum, dans l'immédiat du moins, car le jour où l'on déménage, il faut se résoudre aux tris et classements jusqu'alors différés.

A l'échelon de la commune rurale, et sans doute de l'entreprise de petite moyenne, il faut déjà compter avec les archives, consentir pour leur conservation et leur gestion un minimum de frais particuliers. Plus l'importance de la collectivité productrice croît, plus ces frais augmentent en s'individualisant. Jusqu'à ce que l'on atteigne le seuil au-delà duquel le dépôt d'archives devient un service, de plus en plus autonome dans la définition de ses besoins et l'usage de ses moyens.

Cette évolution peut aller jusqu'à justifier la remarque faite récemment par un pro¬ fane à un archiviste, au sortir de la visite de son dépôt d'archives publiques : « Vous ressemblez beaucoup à un chef d'entreprise ! ».

Cette comparaison peut certes mener à des jeux de l'esprit amusants, dans lesquels nous n'entrerons pas. Je la retiens toutefois, en ce qu'elle fait ressortir le caractère spéci¬ fique de l'activité d'un dépôt d'archives. Elle sous-entend que cette activité a un com¬ mencement et une fin, celle-ci déterminée par la satisfaction d'une demande. Elle sous-entend que cette activité requiert des moyens particuliers, dont la mise en œuvre doit appartenir aux responsables de son exécution.

Allons plus loin. Une entreprise, pour subsister et se développer, doit équilibrer ses comptes, savoir déceler son marché, acheter ses matières premières, amortir ses installa¬ tions et son outillage, gérer et intéresser son personnel... bref, vivre de son travail.

Sans doute suis-je ici allé trop loin, en ce qui concerne les archives publiques. Elles constituent un patrimoine inestimable, à la gestion duquel il est choquant d'appliquer les lois du marché. Elles sont un service public, dont l'intérêt est suffisamment général pour que le « client » soit réputé être la collectivité des contribuables, ou pour que son bon fonctionnement soit considéré comme un dû à l'égard de la population quel qu'en soit le coût : la notion de service public reçoit des définitions fort variées suivant les doctrines et les sensibilités.

En notre temps où les ressources collectives sont de plus en plus limitées, « inesti¬ mable » signifie de plus en plus « trop cher pour nous », ou au contraire, « payé d'avance,

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