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TRENTE ANS D'ENSEIGNEMENT DE L'ARCHIVISTIQUE EN FRANCE

En une génération, l'enseignement consacré aux archives et la formation des archivistes ont connu dans le monde entier un développement prodigieux. Pourtant, on peut en faire remonter l'origine à plus de deux siècles et la situer à l'intérieur des cours de diplomatique ou de paléographie où quelques leçons étaient consacrées à l'archivistique, qui apparaissait à cette époque comme une science auxiliaire de la diplomatique, comme d'ailleurs la sigillographie. Cet enseignement n'existait alors que dans une aire géographique très restreinte : les péninsules italienne et ibérique. Il s'est étendu au début du XIXe siècle à d'autres pays de l'Europe méridionale : la France, la Bavière, l'Autriche \

Plus près de nous, c'est au milieu du XIXe siècle qu'un enseignement de cette discipline apparaît véritablement individualisé avec, par exemple, à l'École nationale des chartes, la création d'un cours sur le classement des archives en 1846, qui devient un cours sur les sources d'archives en 1869. Celui-ci se complète dès la fin du XIXe siècle par une série de conférences consacrées au « service des archives », c'est-à-dire à l'organisation et à l'administration des services chargés de la conservation des documents 2. Mais la formation profes¬ sionnelle se fait par la pratique dans les services de conservation au contact des réalités administratives et documentaires.

Depuis le milieu de notre siècle, le contenu et les modalités de tous ces enseignements ont connu une mutation considérable, à l'image des archives elles-mêmes, mutation que traduisent à la fois l'apparition, dans les années trente, de termes comme « archivistique » ou « archivage » et la multiplication des formations à travers le monde entier.

Les causes de ce phénomène sont bien connues. C'est la révolution de l'information qui est à l'origine des formations contemporaines. Les transforma¬ tions techniques et sociales qu'elle apporte ont en effet des conséquences directes sur les archives, que je me contenterai de rappeler brièvement ici 3 : ce sont principalement la diversification des types de documents, celle de leurs supports