Romain Joulia

6 services départementaux auprès de la collectivité créée au même échelon, cette nouvelle ère pourrait être perçue comme un prolongement. Elle est en réalité bien plus que cela. L’irrésistible ascension des intercommunalités qui forment désormais un maillage complet du territoire n’est pas un fait anodin. Il préfigure pour beaucoup la disparition des communes présentes dans le même périmètre et leur érection au rang de collectivité territoriale tant débattues. L’élection des conseillers communautaires par fléchage lors du renouvellement municipal de 2014 est un premier jalon. La nouvelle carte des régions, collectivités tout juste trentenaires, traduit une orientation de rationalisation et d’alignement sur les collectivités de rang équivalent chez nos voisins européens. Sa mise en oeuvre soulève pour autant de nombreuses questions, à commencer par la persistance de sièges de directions régionales de l’État dans des chefs-lieux de région déchus, facteur d’illisibilité pour le grand public comme pour les archivistes. Le département enfin, tantôt adulé tantôt effacé au profit des métropoles qui le supplantent plus ou moins officiellement dans les territoires urbains, se cherche une voie. Encore récemment, dans le courant de l’été 2018, le Premier ministre, Édouard Philippe, relançait le mouvement de déconcentration et de réorganisation des administrations centrales. Avec un terrain de jeu aussi mouvant, les archivistes ne vont pas s’ennuyer !

Une réforme sur deux quinquennats

La complexité du sujet n’est sans doute pas étrangère aux circonstances de l’élaboration de ce qu’il est désormais convenu d’appeler l’acte III de la décentralisation1. Commencée sous une majorité de droite, la dernière réforme territoriale aboutira sous une présidence socialiste.