
Épisode 1/10 : Gunther
"Un jour de janvier 1941, un soldat allemand flânait dans le quartier de San Lorenzo, à Rome. Il connaissait en tout quatre mots d’italien et, du monde, il ne savait presque rien. Il se prénommait Gunther. Son nom de famille demeure inconnu."2 oct. 2023
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Épisode 2/10 : L'inconcevable
"Ida hésita entre doutes et malaises pendant plusieurs semaines, avant d’admettre l’inconcevable scandale suprême : sa relation indécente avec un Allemand anonyme se soldait par une grossesse."3 oct. 2023
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Épisode 3/10 : Giuseppe
"On n’avait jamais vu de bébé aussi gai que Giuseppe. Tout ce qu’il voyait autour de lui le remplissait de joie. Il admirait, hilare, les stries de pluie de l’autre côté des vitres, comme s’il s’agissait d’étoiles filantes de toutes les couleurs."4 oct. 2023
Épisode 4/10 : Rome Bombardée
"Ida et Useppe vivaient dans un refuge qui avait accueilli bon nombre de romains sinistrés par les bombardements, à environ un kilomètre de la ville, par-delà un désert de prairies irrégulières, toutes en escarpements et en dépressions."5 oct. 2023
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Épisode 5/10 : Confidence
"Ida courait, ballottant Useppe, prise d’une sorte de panique, essoufflée. "Signora !", dit-elle soudain tout bas, se rapprochant le plus possible, comme à une confidente intime : "Signora Di Segni, moi aussi, je suis juive."6 oct. 2023
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Indisponible
Épisode 6/10 : Frères
"Un matin où le soleil était si brillant et si chaud qu’on aurait cru au retour de l’été, Nino décida qu'il était temps de réaliser la promesse qu'il avait faite à Useppe de l'emmener auprès de ses camarades."9 oct. 2023
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Épisode 7/10 : Libération
"Le soir du 4 juin 1944, tout le monde se coucha tôt, car il n’y avait pas de courant électrique. Le Testaccio reposait calmement sous la lumière de la lune. Et dans la nuit, les Alliés pénétrèrent dans Rome."10 oct. 2023
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Épisode 8/10 : Nino
"Nino annonça qu'il avait trouvé un logement. Le jour du départ, Useppe se sentit défaillir et demanda à son frère pourquoi il s'en allait, les mains agrippées à la rampe et les muscles tremblants. Nino lui répondit qu'il reviendrait bientôt."11 oct. 2023
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Épisode 9/10 : Le Haut-mal
"Il reste donc à raconter, pour terminer, ce printemps-été de l’année 1947, marqués par les vagabondages d’Useppe et de sa compagne Bella, en permission dans le quartier Testaccio et dans les environs."12 oct. 2023
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Épisode 10/10 : Ida
"Ida commença à balancer en silence sa petite tête blanchie ; et c’est alors que se produisit le miracle. Le sourire qu’elle avait un peu plus tôt attendu en vain sur le visage de son enfant étira ses propres lèvres."13 oct. 2023
À propos de la série
Dans une fresque à la fois populaire et historique, Elsa Morante nous emmène à Rome pendant la Seconde Guerre mondiale, sur les traces des plus humbles…
Publié en 1974, La Storia est le troisième roman d’Elsa Morante, écrivaine italienne née à Rome en 1912 et morte en 1985 dans cette même ville. Premier grand succès de l’autrice en Italie, publié directement en livre de poche dont les tirages atteignirent le million, le livre suscita dans les salons littéraires romains des polémiques passionnelles. Peut-être parce que La Storia nous ramène à Rome, au temps de la Seconde Guerre mondiale et touche ainsi un certain nombre de points sensibles chez les Italiens, comme la lâcheté des notables envers la population juive, raflée et quasi exterminée à Rome entre l’automne 1943 et le printemps 1944.
L’histoire du monde en ces années-là semblait un "interminable assassinat" et c’est à travers la vie d’une petite institutrice à demi-juive, discrète et apeurée, Ida Mancuso, et celle de ses deux enfants, surtout le second, Useppe, né d’un viol par un soldat allemand à l’aube de l’année 1941, qu’Elsa Morante nous la raconte. Elle nous en dit les échos affaiblis et tragiques dans la vie de ce trio trop fragile pour résister à l’anéantissement des plus faibles.
À travers l’histoire de la vie d’Ida Mancuso, c’est toute l’Italie qui défile. Des rêves proudhoniens du père d’Ida aux anxiétés neurasthéniques de sa mère juive, de sa propre résignation aux engagements successifs de son fils aîné Nino (il a 14 ans en 1940, et d’"avant-gardiste" il deviendra partisan, puis trafiquant jusqu’à sa mort violente), des traumatismes de l’enfant Useppe aux luttes collectives des sinistrés ou solitaires d’un jeune anarchiste drogué, une seule et même souffrance meut les êtres et les mots.
À réécouter
Une vie pour la littérature
La Compagnie des oeuvres
58 min
Réalisation : Juliette Heymann
Traduction inédite de Nathalie Bauer
Choix des extraits : Simonetta Greggio
Conseillère littéraire : Emmanuelle Chevrière
Lu par Jacques Gamblin
Et Laurent Cléry (Voix officielle), Cécile Gérard (Ida), Louis Berthélémy (Nino), Hélène Morelli (Useppe), Clémentine Yelnik (La vieille dame de l'auberge), Nicolas Pietri (Quatres pointes), Daniel Kenigsberg (M. Giuseppe Cucchiarelli), Rémi Fortin (Carlo Davide), Yasmine Hadj All (Carulina), Jean-Christophe Quenon (M. Di Segni (Settimio), Cécile Arnaud (Mme Di Segni (Céleste)).
Les voix des disparus : Malvina Plégat, Prune Lichtlé, Mikaël Don Gioncarli, Jeanne Anna Simone, Arthur Roumy, Myriam Fichter, Françoise Cousin, Jeanne Carillon, Chloé Ploton.
Et les voix de : Chloé Besson, Antoine Croset, Julie Tedesco, David Mallet, Tiphaine Rabaud-Fournier, Bernadette Paviot, Sébastien Faglain, Khadija Kouyaté, Jason Berrio, Lucie Gallo, Yves Heck, Marie-Bénédicte Roy, Edouard Sulpice, Marine Barbarit, Valentin Capron, Serge Roumy, David Mandineau, Lucie Gallo, Catherine Jabot, Agnès Mir, Damien Paisant, Anne-Lise Kedvès, Yann Del Puppo, Romain Gillot, Jeanne - Anna Simone Jaubert, Norbert Ferrer, Frédéric Ruiz, Léonard Legueult, Jeanne Carillon, Bruno Ouzeau.
Composition musicale et piano : Denis Chouillet
Musiciens interprètes : Florianne Bonanni, Clémence Dupuis, Renaud Guieu, Aurore Doise
Bruitage : Bertrand Amiel
Prise de son, montage et mixage : Antoine Viossat, Titouan Labarre
Assistante à la réalisation : Sophie Pierre
Note d’intention de Simonetta Greggio
"Elsa Morante a écrit 'La Storia' à plus de soixante ans. C’est l’aboutissement d’une vie. Elle y a travaillé plusieurs années d’arrache-pied. Ma propre histoire d'écrivaine a croisé celle d’Elsa avec fascination et effroi. La détermination de Morante me faisait peur et en même temps me montrait qu’il n’y a qu’une voie, que cette voie en écriture est jusqu’au-boutiste, radicale, exagérée. Tout ou rien, ce n’est pas un choix, c’est de la terreur, mais c’est pourtant ce que Morante fait jusqu’au bout. Alors cette 'Storia', c’était pour moi un défi. Une sorte de chemin tracé. Mon fil conducteur, en adaptant le roman, a été de suivre pas à pas les aventures d’Useppe, l’enfant étoile, et de ses deux chiens, Blitz, qui meurt sous les bombardements de Rome, et Bella, la chienne qui deviendra sa deuxième mère, le veillant jusqu’à la mort et au-delà. De fait, tous les autres personnages, même Ida, la mère, et Nino, le grand frère, tournent autour d’Useppe comme des planètes importantes, mais mineures. Quant à Davide, l’autre personnage essentiel, c’est de fait l’alter ego de Morante ; et il faudrait lui consacrer une fiction entière tant son histoire est, dans 'La Storia', un récit particulier."
Simonetta Greggio est née en 1961 à Rubano, en Vénétie. Elle est romancière et traductrice. Grande lectrice, elle n’a jamais cessé d’écrire depuis son enfance et a appris l’écriture en écrivant. Ce désir profond de création et d'expression littéraire s'appelle, selon l'écrivaine, "la poudre magique". Une poudre magique qui ne cesse de se répandre de roman en roman. Dans l'écriture de Simonetta Greggio rien n'est linéaire ni univoque, elle aime multiplier les points de vue et les voix dans ses récits. Elle peut tout aussi bien osciller entre le roman et le document ; et mêler la fiction à la réalité par le biais de montages introduisant des événements et des temporalités différentes. En 2018, elle consacre un roman à Elsa Morante, en se glissant dans la peau de la romancière, faisant siennes ses obsessions, ses douleurs et ses flamboyances, en endossant une narration à la première personne (Elsa mon amour, éditions Flammarion).
Elsa Morante est née à Rome dans le quartier populaire du Testaccio en 1912. Sa mère est institutrice, de confession juive ; son père, qui ne la reconnaîtra pas, est employé des postes. Elle sera reconnue par Augusto Morante qui lui donnera son nom. Elle commence à écrire dès l’âge de treize ans et décide d’y consacrer sa vie à dix-huit, laissant derrière elle famille et études. Elle collabore dès lors à l’hebdomadaire Oggi et rencontre Alberto Moravia en 1936. Ils se marient en 1941. En 1948, elle publie son premier roman, Mensonge et sortilège, qui lui vaut le prix Viareggio. En 1957, elle est la première femme lauréate du prix Strega avec son deuxième roman, L’île d’Arturo. En 1962, Moravia et elles se séparent sans toutefois jamais divorcer. Ils resteront toujours proches. En 1974, elle publie La Storia, qui devient un best-seller mondial avant d’être adapté pour la télévision italienne par Luigi Comencini. Son dernier roman, Aracoeli, paraît en 1982 pour lequel elle reçoit en France le prix Médicis étranger. Malade des suites d’une fracture du fémur, elle tente de se suicider en 1983 et meurt en 1985, à Rome, où elle est née.
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Provenant de l'émission
Un rendez-vous destiné au grand public. Ces fictions auront pour mission de nous émouvoir, nous divertir, nous intriguer. Dramatiques radiophoniques, lectures, scénarios, adaptations, pages arrachées, toutes les formes radiophoniques et toutes les époques sont conviées pour conter une histoire.


