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Les Syriens qui rentrent chez eux sont pleins d'espoir malgré les défis qui les attendent

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Les Syriens qui rentrent chez eux sont pleins d'espoir malgré les défis qui les attendent

Lors d'une visite en Syrie et dans les pays voisins, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés s'est entretenu avec des familles de retour chez elles et a affirmé qu'un soutien accru est indispensable pour que ces retours soient durables.
3 Février 2025 Egalement disponible ici :
Un homme assis dans un bus, vêtu d'un costume et d'une écharpe et tenant un téléphone portable.

Hassan Mohammad Alhassan, réfugié syrien âgé de 80 ans, prend place dans un bus à Amman, la capitale jordanienne, pour retourner à Homs après 13 ans d'absence.

Au cours des 13 années qui se sont écoulées depuis que Hassan Mohammad Alhassan a fui le conflit en Syrie avec sa famille pour se réfugier en Jordanie voisine, il y a dû y avoir des moments où cet homme de 80 ans s'est demandé s'il reverrait un jour son pays natal.

Mais le 30 janvier, à l'aube, alors qu'il montait dans un bus à Amman, la capitale jordanienne, en direction de Homs, ces années d'incertitude se sont envolées et c'est avec un large sourire qu'il a abordé ce retour tant attendu.

« Nous avons vécu en Jordanie comme s'il s'agissait de notre propre pays. Treize années se sont écoulées et nous n'avons jamais eu à nous plaindre », a indiqué Hassan Mohammad Alhassan. « Aujourd'hui, alors que nous retournons dans notre pays d'origine, nous avons l'impression de renaître. C'est comme si nous commencions une nouvelle vie ».

Vêtu pour l'occasion d'un costume et d'une cravate, une écharpe à l'effigie du nouveau drapeau syrien à trois étoiles autour de ses épaules, il s'est expliqué sur sa décision de rentrer malgré les défis qui l'attendent.

« Pourquoi ? Parce que nous allons enfin connaître la liberté et pouvoir reconstruire nos vies. Je n'ai pas vu mes sœurs, mon frère ni mes filles depuis plusieurs années. Tout cela est dû à la situation politique antérieure », explique Hassan. « Ma maison en Syrie est en ruine ; elle a besoin de réparations, et cela va coûter cher. À mon retour, je verrai ce qu'il en reste et je déciderai de ce qui doit être fait ».

Hassan Mohammad Alhassan et sa famille faisaient partie d'un groupe de plus de 90 réfugiés syriens embarqués ce jour-là dans trois bus au départ d'Amman en direction de Damas, Homs et Daraa. Ces bus étaient mis à disposition par le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, dans le cadre d'un service de transport gratuit proposé depuis le 20 janvier aux réfugiés syriens enregistrés souhaitant rentrer chez eux. 

Des familles montent à bord de l'un des trois bus dans un parking, tandis que des groupes de personnes se tiennent à proximité.

Des réfugiés syriens montent dans l'un des trois bus à destination de la Syrie à la gare routière d'Amman, la capitale de la Jordanie, en présence de membres du personnel du HCR, dont le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi.

Ils se joignent ainsi à plus de 235 000 Syriens qui sont rentrés dans leur pays depuis la chute de l'ancien président Bashar al-Assad, le 8 décembre 2024. Le HCR collabore avec les gouvernements des principaux pays d'accueil des réfugiés - parmi lesquels la Jordanie, la Türkiye et le Liban - pour faciliter le rapatriement librement consenti des Syriens qui décident de rentrer dans leur pays.

Parmi les 6 millions de réfugiés syriens qui se trouvent encore dans les pays de la région et au-delà, un certain nombre devraient rentrer chez eux dans les mois à venir, mais beaucoup attendent encore de voir comment évolue la situation politique et sécuritaire avant de prendre une décision. Le HCR souligne que tout retour doit se faire en connaissance de cause et sur une base volontaire, et que le soutien aux réfugiés et aux pays qui les accueillent doit être maintenu dans l'intervalle.

Reconstruction de la Syrie

Après avoir souhaité à Hassan Mohammad Alhassan et aux autres réfugiés un bon retour chez eux, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, qui se trouvait en Jordanie pour la dernière étape d'une visite d'une semaine en Syrie, au Liban et en Türkiye, a décrit le fait d'assister au retour des réfugiés comme « le moment le plus émouvant pour tout employé du HCR ».

« Je suis très ému de pouvoir m'entretenir avec ces personnes et de les écouter raconter leurs parcours, leurs espoirs mais aussi leur appréhension face à ce qui les attend dans un pays à genoux après tant d'années de guerre et de conflit », a-t-il confié.

« Ces personnes ont besoin de soutien. Le HCR les aide à retourner en Syrie en coopération avec le Gouvernement jordanien, qui a été si généreux durant toutes ces années, et nous les assisterons également du côté syrien », a ajouté Filippo Grandi. « Ils auront besoin d'une assistance immédiate, mais plus que tout, la Syrie a besoin d'un programme de redressement - besoin de services, besoin d'infrastructures, besoin de logements, besoin d'emplois pour les personnes qui rentrent et pour tous les habitants de la Syrie dans cette nouvelle ère ».

Vidéo en anglais

Quelques jours plus tôt, à Alep – qui a subi des dommages importants au plus fort du conflit – le chef du HCR a recueilli des témoignages de première main quant aux défis les plus urgents auxquels sont confrontés les Syriens qui sont récemment rentrés de Türkiye.

Issa, aujourd'hui âgé de 27 ans, avait 18 ans lorsqu'il a fui la Syrie pour la Türkiye afin d'échapper à la conscription militaire. En février 2023, l'immeuble où il vivait avec sa famille dans la ville de Kahramanmaraş s'est effondré lors des séismes qui ont dévasté une grande partie du sud de la Turkiye et du nord de la Syrie. Il est retourné à Alep avec sa femme enceinte et leurs trois jeunes enfants peu après la chute de l'ancien régime.

« Nous avons vécu tant de choses », confie Issa. « J'étais à Alep et la ville a été détruite. Je suis allé en Türkiye et le tremblement de terre a eu lieu, une terrible catastrophe. Maintenant, je suis de retour ici, et tout est encore détruit. »

Besoins urgents

Les membres de sa famille sont actuellement hébergés par des proches dans la ville en attendant de retrouver une vie normale. Issa, qui travaillait comme artisan dinandier pour subvenir à ses besoins en Turkiye, souligne la nécessité de remettre sur pied les infrastructures et les services de base afin de permettre à un plus grand nombre de réfugiés de rentrer et de contribuer à l'effort de reconstruction.

« Je suis revenu et il n'y a pas d'électricité, pas d'eau, les bâtiments sont endommagés... pas d'internet, pas d'opportunités d'emploi. S'il n'y a rien ici, comment allons-nous reconstruire ? », se demande-t-il. « Lorsque ces services seront rétablis, de nombreuses personnes rentreront. Nous avons besoin d'aide pour garantir ces services [car] si les Syriens ne reviennent pas, la Syrie ne pourra pas être reconstruite ».

Une jeune fille s'appuie sur une pile de couvertures tandis que deux hommes assis par terre derrière elle conversent.

Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi (à droite), s'entretient avec Issa (au centre) et sa famille, qui sont récemment rentrés à Alep depuis Kahramanmaraş en Türkiye.

Filippo Grandi a insisté sur le fait que le HCR continuera à œuvrer pour venir en aide aux réfugiés de retour ainsi qu'aux personnes déplacées internes qui rentrent chez elles (comme 600 000 l'ont déjà fait depuis décembre) et aux autres Syriens dans le besoin. L'agence et ses partenaires fournissent des articles ménagers essentiels, distribuent du matériel de première nécessité pour l'hiver, proposent un soutien psychologique, effectuent des réparations sur les habitations endommagées, remplacent les documents d'identité perdus et fournissent une aide financière d'urgence.

« Il ne faut pas oublier que la crise humanitaire n'est pas terminée et que les gens continuent d'avoir d'énormes besoins », a-t-il rappelé. « Nous assistons à une transition politique qui ouvre de nouvelles perspectives, mais nous devons continuer à soutenir ces personnes avec une assistance humanitaire et bien au-delà... afin que leur retour puisse être durable ».