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Poudres et salp�tres en Lorraine au XVIIIe si�cle
(notes renum�rot�es)


Bulletin du Comit� des travaux historiques et scientifiques. Section des sciences �conomiques et sociales
1910


S�ance du jeudi 31 mars 1910.

[...] M. LE PR�SIDENT donne la parole � M. Pierre BOY�, qui lit son m�moire intitul� : Les poudres et salp�tres en Lorraine au XVIIIe si�cle.

Ainsi que les postes et messageries, les poudres et salp�tres de Lorraine et Barrois faisaient, au milieu du XVIIIe si�cle, l'objet d'un bail sp�cial pass� par le gouvernement � une compagnie particuli�re. Mais ici le prix du bail n'advenait pas � la Ferme g�n�rale. Elle n'avait aucun int�r�t dans l'exploitation du monopole (1).
Comme en France, comme dans les petites principaut�s enclav�es ou limitrophes, l'extraction du salp�tre fut de bonne heure, dans ces Etats, un droit r�galien, que les ducs, s'ils n'en retiraient le plus souvent qu'un faible avantage p�cuniaire et direct, se gardaient du moins de n�gliger.
��C'est un droit souverain qui nous compette et appartient seul �, pr�cise Henri II dans un acte du 31 d�cembre 1610 (2).
La fabrication et la vente de la poudre ne furent au contraire que tardivement r�serv�es et r�glement�es. Le salp�tre �tait achet� par des poudriers ind�pendants, qui d�bitaient en libert� leurs produits. En 1618, pour la premi�re fois, le prince limite le nombre des �� moulins � poudre �. Il ne laisse subsister que ceux de Nancy et de Pierrefitte (3). Toute la poudre confectionn�e par des industriels de son choix, et � de certaines conditions, devra �tre apport�e aux arsenaux de Nancy et de Saint-Mihiel. Dans ces magasins se pourvoiront exclusivement les marchands. L'importation des poudres �trang�res, de la poudre de Strasbourg en particulier, alors fort appr�ci�e, est dor�navant prohib�e (4). Presque aussit�t, il est vrai, il sera d�rog� par Henri II lui-m�me � ces mesures (5). Mais le principe du monopole �tait pos�. Les deux occupations de la Lorraine par Louis XIII et par Louis XIV n'allaient pas tarder � le pr�ciser et � l'affermir.
D�s la restauration dynastique, L�opold se pr�occupe de fournir les duch�s des �� poudres qui s'y peuvent consommer annuellement et d'emp�cher l'achat des �trangers � (6). Il s'entend d'abord avec un de ses favoris, Joseph Willemin de Heldenfeld, qui obtient, par lettres patentes du 22 d�cembre 1698, le privil�ge de la manufacture des poudres et salp�tres. Ce courtisan embrassait trop de sp�culations hasardeuses et diverses pour r�ussir.
N'�tait-il pas aussi, en plus qu'industriel, commissaire des troupes, introducteur des ambassadeurs et ma�tre des c�r�monies (7) ? Il ne sut faire face � ses engagements. La soci�t� form�e par le Toscan Bocconi, et qui r�unit plusieurs notabilit�s du pays, � commencer par le receveur g�n�ral des finances, Jean Gayet, n'eut gu�re meilleur succ�s. Des proc�s divis�rent les int�ress�s. Un jour, � Nancy, lors de la venue d'un personnage de marque, le canon ne put �tre tir� faute de munitions, � la grande mortification du souverain (8). Une troisi�me tentative donna des r�sultats plus satisfaisants. L�opold � accept� la proposition du premier lieutenant de son artillerie, Edouard de Warren. Par contrat du 1er f�vrier 1703, Warren est assur� de la fabrication exclusive des poudres et salp�tres en Lorraine pendant trente ans (9). Puis, en 1709, ce privil�ge est �tendu, � son b�n�fice, au Barrois mouvant pour trente-trois ann�es, tandis qu'une prorogation du contrat initial �tablit la concordance en dur�e des deux arrangements (10). Il ne s'agissait encore que de le production. Le monopole de la vente restait distinct. Le 10 d�cembre 1703, le duc a permis en effet au garde de ses magasins de poudres et salp�tres, le nomm� Thierry Charles, d'en faire, � l'exception de tous autres et � partir du 1er f�vrier suivant, le d�bit en gros, avec facult� de d�signer pour l� vent� en d�tail des pr�pos�s dont les commissions seraient vis�es par le grand ma�tre de l'artillerie (11).
Le 22 d�cembre 1725, le Conseil des finances accordait enfin � Warren lui-m�me, pour six ann�es, la ferme de la �� distribution des poudres dans tous les Etats de Son Altesse Royale � (12).
C'est une figure curieuse que celle du directeur g�n�ral des poudres et salp�tres, ainsi que s'intitulait �galement le premier lieutenant de l'artillerie de L�opold. D'origine irlandaise, capitaine au r�giment de Dublin, gouverneur en 1689 des places de Belfast et de Carlingford, Edouard de Warren, apr�s avoir soutenu la cause de Jacques II d'Angleterre, avait �t� appel� en Lorraine par son compatriote le comte de Carlingford, ministre �cout� du duc (13). Actif et ing�nieux, v�ritable brasseur d'affaires, cet �tranger ne tarda pas � porter sa principale entreprise � un haut degr� de prosp�rit�. Il ne se contenta pas de remplir les clauses stipul�es dans les contrats : utilisation et augmentation de la poudrerie de Nancy; cr�ation � ses frais, dans la capitale, de �� halles et terres de mini�res � pour la production du salp�tre. Il reprit � son compte les trait�s pass�s pour le moulin � poudre d'Euville, qui avait de longue date aliment� la seigneurie de Commercy et de nouveau alimentait cette minuscule principaut� r�tablie le 31 d�cembre 1707 en faveur de Charles-Henri de Lorraine, comte de Vaud�mont (14). Il devint propri�taire d'une poudrerie plus importante � Ligny (15), chef-lieu du comt� poss�d�, jusqu'� l'acquisition qu'en devait faire L�opold le 6 novembre 1719, par la maison de Montmorency-Luxembourg. L'habilet� d'une famille de poudriers, les Fauque, et surtout l'excellence des produits fabriqu�s par l'un des derniers exploitants, Laurent Fauque, avaient rendu ce moulin fameux (16). Ayant de la sorte pr�venu toute concurrence, Warren r�solut de fonder � Bar m�me une derni�re usine. Mais une s�rieuse question se posait. Le roi accepterait-il l'�rection en terre de mouvance de semblable fabrique? La compagnie fermi�re fran�aise, redoutant le versement des poudres dans le Clermontois, la Champagne, � Paris peut-�tre, n'y mettrait-elle pas obstacle ? Warren se rend � Versailles; il est assez heureux pour se m�nager une audience de Louis XIV. Il revient avec une adh�sion qui surprend agr�ablement la cour de Lun�ville (17).
En 1737, � la cession des duch�s, trois de ces poudreries �taient en pleine activit� : celles de Nancy, de Ligny et de Bar. Le privil�ge exclusif de la fabrication ne devait expirer qu'au 31 d�cembre 1741 et le privil�ge de la distribution, pour lequel Edouard de Warren fils (18) substitu� � son p�re d�funt, avait peu avant obtenu une prorogation consid�rable, au 31 d�cembre 1770 seulement (19). Si donc les engagements ducaux avaient �t� respect�s, c'est durant pr�s de trente-cinq ann�es encore qu'en ce qui concernait cette partie l'assimilation avec le r�gime fran�ais f�t demeur�e impossible. Afin de h�ter l'unification d�sir�e, l'intendant La Galaizi�re ne recula devant aucun moyen : promesses, intimidation; Sous sa pression �nergique; les h�ritiers de Warren p�re ayant, bien que de fort mauvais gr�, renonc� � leurs droits et abandonn� au domaine les �tablissements qu'ils exploitaient, contre une indemnit� de 171,000 l. (20), le Conseil des finances conc�da aussit�t, le 19 novembre 1738, pour huit ann�es � partir du 1er janvier 1739, le double monopole de la fabrication et de la vente � la ferme des poudres et salp�tres de France repr�sent�e par l'adjudicataire g�n�ral Charles Primard (21). Le prix de ce premier bail fut de 155,151 l. 10s 4d de Lorraine, payables en une seule fois et d'avance. Le prix du second, consenti au nom de Jacques Mahieu, pour courir du 1er janvier 1747 au 31 d�cembre 1755, devait �tre r�duit � 38,750 l. (22).
Aux renouvellements successifs, la ferme s'engageait de plus � fournir gratuitement, chaque ann�e, 600 livres de poudre � giboyer pour le service de Sa Majest� Polonaise. Jusqu'� la mort de Stanislas, qui fit enfin cesser cette dualit� de pure forme et permit une enti�re confusion, les baux des poudres et salp�tres de Lorraine et Barrois correspondirent ainsi et co�ncid�rent en dur�e avec les baux des poudres et salp�tres du royaume (23).
Du commissaire g�n�ral des poudres et salp�tres de France, que son mandat constituait l'homme du roi, charg� de veiller � l'exactitude et au bien du service, mais qui, dans la pratique, se trouvait toujours �tre un des fermiers, ordinairement le plus consid�rable d'entre eux (24), d�pendaient un certain nombre de commissaires provinciaux. Il y eut, de ce moment, un commissaire des poudres et salp�tres de Lorraine et Barrois. Cet agent, qui, du vivant de Leszczynski, prenait aussi volontiers et m�me de pr�f�rence la qualit� de directeur (25), r�sidait � Nancy (26). Pour des raisons qui appara�tront plus loin, il avait, conjointement avec son coll�gue de Metz, lequel se pr�valait d'ailleurs de la r�ciprocit�, inspection sur les salp�triers des Trois-Ev�ch�s. M. Duprat fut le premier en fonction. Il faut citer ensuite Jean-Baptiste de Jort de Jenneville, � qui succ�da en 1763 M. Mugneret (27).. Sous les ordres du commissaire, le personnel du bureau g�n�ral des poudres de Nancy se composait d'un inspecteur pour le Barrois, d'un contr�leur et de deux commis (28).
Le r�gime inaugur� en 1739 fut l'occasion d'importants changements. L'article XVII du bail, qui donne libert� � l'adjudicataire, �� si bon lui semble, de suspendre ou faire cesser la fabrication des poudres aux moulins actuellement �tablis � Bar et � Ligny, m�me de destiner lesdits moulins et leurs cours d'eau � d'autres usages �, avait �t� intentionnellement ins�r�. La compagnie �tait r�solue � supprimer ces deux usines. La poudrerie de Bar, situ�e � la jonction du canal des moulins avec l'Ornain, � l'extr�mit� du faubourg des Capucins, et qui, forte de seize �� battants �, comprenait une petite salp�tri�re, fut sur-le-champ d�saffect�e (29). De m�me en fut-il de la poudrerie de Ligny, �tablie � l'ouest de cette ville, sur le ruisseau du Mordesson, dans le val des Annonciades. Administrativement, on consid�ra les deux fabriques ferm�es comme r�unies � la poudrerie de Nancy (30). Quelques ann�es encore, le moulin barrisien servit � l'entrep�t g�n�ral des poudres et salp�tres du Barrois, ainsi qu'au logement du garde-magasin. De son c�t�, l'inspecteur des poudres et salp�tres du Barrois profita des locaux de Ligny. Puis, dans l'une et l'autre ville, la ferme n�gligea compl�tement constructions et terrains, se contentant de les louer � des particuliers (31).
Moins connue par la bont� de ses produits que celle de Ligny, la poudrerie de Nancy avait toutefois un pass� int�ressant. Au milieu du XVIe si�cle, nous la trouvons d�j� �rig�e non loin de la Meurthe, � la t�te du canal des Grands Moulins, d'o� elle tire, sur la gauche, la force motrice n�cessaire, par une d�rivation propre dont la courbe d�limite avec le canal lui-m�me l'�lot allong� que ces eaux enserrent encore aujourd'hui. Nous voyons en 1592 le �� battant et moulin � poudre � de Nancy remis � neuf simultan�ment avec une autre poudrerie domaniale; install�e en amont de la rivi�re, au village de Tomblaine, et qui dispara�tra peu apr�s (32). Connue au XVIIe si�cle sous le nom de poudrerie Saint-Fran�ois, l'usine est ruin�e lors de l'incendie des Grands Moulins, le 14 septembre 1633,.pendant le si�ge de la capitale lorraine par Louis XIII (33). Tour � tour relev�e (34) et d�truite, c'est elle que L�opold, � peine rentr� dans les duch�s, parle, le 11 octobre 1698, de �� faire r�tablir... comme elle a �t� ci-devant proche notre ville de Nancy � (35), La soci�t� Bocconi s'employa � cette t�che. En l'honneur du prince, le nouveau moulin � poudre devient le moulin Saint-L�opold, laiss� en 1703 � la disposition d'Edouard de: Warren (36). Son contrat obligeait le premier lieutenant de l'artillerie � mettre l'usine �� � seize battants �, contre une indemnit� de 60 �cus de 3 livres. II fit mieux.
A la suite d'une explosion survenue le 22 septembre 1712 (37), Warren a reb�ti l'ensemble sur un plan meilleur, et, s'il faut eh croire son fils, la r�putation des produits de cette fabrique s'est bient�t affirm�e � ce point que les pays voisins n'en ont plus voulu d'autres (38).
De m�me que toutes les poudreries d'alors, l'usine nanc�ienne se composait essentiellement du moulin proprement dit, o� des piloris de bois, - les battants, - men�s par une roue, broyaient les mati�res, et de plusieurs b�timents; isol�s et plats o� s'effectuaient les manipulations : boutique pour la composition, grainoir o� se grainait la poudre, atelier de l'essorage, s�choir ou po�le, lissoir o� s'obtenait le lustre de la poudre de chasse. On acc�dait � la poudrerie par une porte coch�re ouvrant sur une large cour. Un grand jardin clos en d�pendait (39). Afin d'utiliser le surplus du courant, Warren s'�tait avis� de construire � proximit�, en aval, un moulin � foulon. Il y avait joint un moulin � d�graisser les draps suivant la m�thode employ�e dans les Pays-Bas: une hollandaise; une frise aussi pour friser la ratine. Et comme de l'eau encore �tait disponible, il avait augment� cette petite agglom�ration industrielle d'une scierie de son invention (40). En 1738, le domaine �tait entr� en possession de ces annexes. Il les accensait, mais l'adjudicataire de l'�tablissement principal touchait les redevances (41). Il ne semble pas que les fermiers se soient grandement souci�s au d�but de la prosp�rit� de la poudrerie de Nancy. Sans doute obtenaient-ils de la Chambre des comptes, le 12 juillet 1743, un arr�t interdisant d'embarrasser le canal particulier, d'y p�cher et de placer des bois autour de l'enceinte (42). Mais, le 16 novembre suivant, une imprudence renversait l'usine (43) et les traitants profilaient de cet accident pour discontinuer tout � fait la fabrication dans la province. Durival peut �crire en 1753 : �� Il y a eu des poudreries en Lorraine � (44). Dom Calmet nous montre �galement, en 1756, les trois poudreries des duch�s �� enti�rement abandonn�es � (45). Ce n'est qu'apr�s une longue interruption, - pendant laquelle les deux poudreries �v�choises, celles de Metz et de Belleray, pr�s de Verdun, re�urent la totalit� du salp�tre recueilli eu Lorraine et redoubl�rent d'activit� (46), - que la compagnie se d�cida, non sans avoir beaucoup h�sit�, � remonter le moulin � poudre des bords de la Meurthe (47). La poudrerie royale de Saint-L�opold recommence � fonctionner vers 1762, date � laquelle s'y rencontrent un ma�tre poudrier, cinq gar�ons poudriers et un ma�tre charpentier (48). Elle est la vingt et uni�me du royaume (49). Elle ne va plus cesser de produire, jusqu'� ce qu'un dernier sinistre l'ayant an�antie le quatri�me jour compl�mentaire de l'an II (20 septembre 1796), elle soit enfin supprim�e sans retour (50).
Le soufre entrant dans la pr�paration de la poudre �tait, comme on le pense, import�. Il se demandait aux raffineries de Marseille, de Venise et de Hollande. Le pays fournissait le charbon et le salp�tre.
Le charbon l�ger que donne le bois poreux de la bourdaine (51) �tait d�j� regard� comme pr�f�rable � tout autre. Aussi la compagnie n'eut-elle garde de ne pas s'assurer la disposition exclusive d'une essence si utile. En 1747, il est interdit � toute personne, particuli�rement aux vanniers, de se servir du bois de bourdaine, �� autrement appel� bois de pin �, � peine de 300 l. d'amende et de confiscation des ouvrages. Aucune adjudication, vente ou coupe ne peut �tre faite, sous menac� de pareille r�pression, en for�ts communales ou seigneuriales, dans un rayon de douze lieues autour de Nancy, de Ligny et de Bar, sans que tous les pieds de bourdaine de trois � cinq ans d'�ge n'aient �t� mis de c�t� pour �tre fa�onn�s en bottes dont les fermiers des poudres disposeront, s'ils le jugent; � propos, eu en payant deux sols de France par hotte. La ferme avait aussi le droit de faire couper elle-m�me, et moyennant r�mun�ration identique, celle bourdaine dans toute for�t soit communale, soit particuli�re, o� il n'y avait pas de coupes adjug�es ou ouvertes. Dans les for�ts du roi, elle ne devait que le salaire des gardes pr�sents � l'enl�vement, soit 20 sols par cent bottes (52).
Il est � remarquer que c'est au moment o� la poudrerie de Nancy ch�mait, que ces prescriptions furent pour la premi�re fois mises en vigueur, au seul avantage, pendant cette interruption, des manufactures �v�choises. Faut-il �galement souligner l'illogisme qu'il y avait � maintenir autour de Bar et de Ligny des zones r�serv�es ? Pour la recherche du pr�cieux bois, le commissaire des poudres d�signait des ouvriers sp�ciaux. La bourdaine que ces gens amassaient devait �tre voitur�e par les communaut�s (53). Ce charroi s'effectuait aux m�mes conditions que le charroi du salp�tre dont nous parlerons tout � l'heure.
Qu'�tait la faible g�ne caus�e par l'interdit sur le bois de bourdaine, en comparaison des multiples et grav�s ennuis qui d�coulaient de l'extraction du salp�tre ? Ce sel se recueillait en abondance dans toute la r�gion (54), et les salp�triers �taient pour les habitants des duch�s une vieille et d�sagr�able connaissance (55). L�opold, revenant r�gner sur ses sujets, avait presque aussit�t renou� la tradition et d�livr� des commissions de salp�triers, dont il fixait le nombre � trente. Mais, devant le m�contentement unanime que provoqua celle cr�ation, le prince eut un beau geste.
Pr�f�rant, disait-il, le bien et la tranquillit� de son peuple � ses propres int�r�ts, il consentait � l'affranchir de ces industriels f�cheux, en retour d'une l�g�re contribution �� qui serait lev�e sur les communaut�s sur le pied et r�le de la subvention �. La d�claration du 11 octobre 1698 r�voquait, en cons�quence, les malencontreuses commissions : �� D�fendons tr�s express�ment � toutes sortes de personnes, de quelque qualit� elles soient, de faire ou faire faire aucune recherche de salp�tre, � peine de 500 francs d'amende, payable par corps pour la premi�re fois, et de punition corporelle en cas de r�cidive, sauf � nous � lever sur nos �tats une somme modique, proportionn�e au produit de nos poudreries (56). � La mesure �tait pr�matur�e. Une courte exp�rience le d�montra. �� Il est arriv�, avoue le prince, le 1er septembre 1701, que le salp�tre, qui est une marchandise absolument n�cessaire dans le commerce pour les diff�rents usages auxquels on s'en sert, est devenu si rare dans nos Etats, que, quelque besoin qu'on en puisse avoir, il est presque impossible d'en trouver. � Afin de rem�dier � cette disette du nitre, des salp�triers sont de nouveau commissionn�s, au nombre de soixante cette fois, qui, tenus de travailler incessamment � l'approvisionnement des magasins de Nancy et de fournir chacun au moins 150 livres de salp�tre par mois, effectueront leurs recherches �� dans tous les vieux ch�teaux, masures et autres lieux ruin�s et d�serts, m�me dans les halles et autres lieux publics �. La subvention reste augment�e de la cote accessoire. En compensation de cette taxe, L�opold interdit de fouiller chez les particuliers qui s'y opposeront et d'exiger d'eux logement, combustible ou voilures (57). L'avantage �tait trop grand encore pour l'�poque. Un arr�t de r�glement sign� au Conseil le 19 avril 1702, compl�t� et pr�cis� par l'ordonnance du 10 ao�t 1724, rendit ces appr�ciables r�serves lettre morte. Ne furent plus except�s de la fouille que les �glises, les clo�tres et maisons religieuses, les ch�teaux, les demeures seigneuriales et les fiefs. Le logement de l'ouvrier, le bois de cuite, le charroi de ce bois et des produits, deviennent obligatoires, moyennant les indemnit�s pr�vues au tarif (58).
A partir de 1739, les salp�triers poursuivirent, avec plus d'ardeur et de minutie que jamais, leur d�plaisante besogne. Le bail de Primard, qui autorise pour la poudre le ralentissement de la fabrication, pr�voit ici un accroissement de production. Il lui sera loisible �� de faire � ses frais et d�pens, dans tous les lieux de la Lorraine et du Barrois qu'il lui conviendra, tels �tablissements qu'il estimera n�cessaires pour perfectionner et augmenter la fabrique des salp�tres (59). Le contrat de 1747 est plus significatif encore. L'adjudicataire �� pourra faire... les �tablissements n�cessaires pour porter la fabrique des salp�tres au plus haut point qu'il se pourra, et r�tablir la recherche et amas dudit salp�tre dans les lieux o� elle aurait pu �tre n�glig�e et abandonn�e (60) �
Ils sont maintenant quatre-vingt-dix salp�triers, dits salp�triers du roi, que-choisit ou r�voque le commissaire des poudres. Affect�s � autant d'arrondissements dans les limites desquels ils ont obligation de se confiner (61), ils parcourent sans rel�che, suivis de leurs aides et de leur attirail, le territoire assign�, visitant tour � tour chaque localit�, chaque hameau, chaque cens� isol�e. D'apr�s l'ordonnance du 10 ao�t 1724 qui autorisait les salp�triers � �� travailler alternativement partout �, c'�tait aux pr�v�ts a r�gler l'itin�raire. Au vu de la liste des communaut�s �� � salp�trer �, ces officiers fixaient de proche en proche les �tapes. Il n'�tait loisible � un salp�trier de s'�loigner d'un endroit que sa t�che accomplie. Mais peu � peu la plupart des pr�v�ts s'�taient rel�ch�s de leur contr�le. Ils n'�taient plus intervenus que pour omettre volontairement certains villages ou pour affranchir de la servitude leurs prot�g�s. Le commissaire de Jort de Jenneville prit l'initiative de donner aux salp�triers un ordre particulier pour chaque localit�. A son arriv�e, le salp�trier doit exhiber cet ordre; il ne repartira pas qu'il n'ait obtenu du syndic un certificat constatant le parfait ach�vement de l'ouvrage. L'arr�t du Conseil du 24 ao�t 1748 est consacr� � cette r�forme (62). Dans une ordonnance du 31 octobre 1754, La Galaizi�re assura plus soigneusement encore la discipline. Il dicta au commissaire des poudres, seul apte � r�gler, village par village, la tourn�e de ses hommes, la formule de l'ordre � leur d�livrer. Cette ordonnance vise aussi la conservation des terres salp�treuses. D�veloppement rigoureux des articles, du 10 ao�t 1724, elle fait d�fense aux propri�taires et locataires de d�placer et de corrompre ces terres; elle accro�t par ses strictes pr�cautions l'assujettissement impos� aux populations, les entraves apport�es � la libre disposition des immeubles. Quand un salp�trier a termin� son travail dans une communaut� et qu'il a remis ; en leurs lieux d'extraction les terres remu�es, il a le devoir de dresser contradictoirement avec le syndic, et maison par maison, le d�tail exact du volume des terres et de la quantit� de nitre extrait. De cette terre, nul ne pourra jusqu'� son retour enlever quelques poign�es, en laisser mouiller ou g�ter de quelque fa�on que ce soit, sans �tre passible d'une amende de 100 francs. Les syndics sont responsables. Une double contravention sanctionne leur manque �vident de surveillance. Cette surveillance s'appuie sur le dernier �tat �valuatif. Pareil document est conserv� au Bureau g�n�ral des poudres (63). En m�me temps qu'il remet � un salp�trier son ordre d'aller �� travailler � une communaut�, le commissaire peut donc, gr�ce � ces archives, le pourvoir d'une liste num�rique des terres � nitre conserv�es : 1� dans les d�pendances non enclav�es du ch�teau, de la maison seigneuriale et des fiefs ; 2� dans les b�timents de la cure; 3� dans la maison du maire; 4� dans celle du syndic; 5� chez chacun des autres habitants. C'est ainsi que le salp�trier Jeanpierre, qui se rend � Arraye en 1756, apprend qu'il y disposera de 420 cuveaux de terre salp�treuse d�j� reconnue; et comme il n'ignore pas davantage que ces 420 cuveaux ont pr�c�demment rendu 305 livres de nitre brut, il y a grand risque pour les d�linquants. D'autre part, le commissaire ne d�livre plus aucun ordre que le pr�c�dent ne lui ait �t� rapport�. Il est � m�me de juger si le salp�trier qui, selon les propres termes de Mugneret, ne peut plus �� courir comme autrefois �, est demeur� � son poste le temps voulu (64). L'arbitraire est moindre; par contre, les occasions d'amende se sont multipli�es.
Muni de sa licence et de son redoutable papier, le salp�trier, arriv� dans un village, commence par se pr�senter au syndic. Il lui r�clame un toit. Le local auquel il a droit, � condition d'en payer un loyer mensuel de 30 sols (65), doit comprendre une chambre � coucher, une pi�ce avec chemin�e, o� il montera sa chaudi�re, des d�pendances ferm�es o� prendront place les cuves � eau m�re et le salp�tre frais (66). Il s'installe. D�s lors, tout habitant peut s'attendre � le voir entrouvrir sa porte.
Seuls, en principe, les �glises, les couvents, les ch�teaux et maisons seigneuriales �taient, nous l'avons dit, ferm�s aux salp�triers. La th�orie souffrait d'assez nombreuses exceptions. Presque toutes les communaut�s religieuses d'hommes et de femmes pr�tendaient �tendre l'exemption � leurs maisons de campagne, � leurs diff�rents fonds. Les unes exhumaient d'anciens titres, plus ou moins probants; les autres r�ussissaient � en arracher � la complaisance mi-avou�e, mi-d�guis�e du commissaire et de la ferme. Les J�suites, par exemple, continuent de se pr�valoir d'une d�cision qui remonte au 1er f�vrier 1661 et porte la signature du �� Commissaire ordonnateur de l'artillerie de France, poudres et salp�tres de Lorraine et Barrois, au lieu de Nancy � : Fraizet (67). Le train de culture que les Visitandines de Pont-�-Mousson poss�dent � Atton est l'endroit de tout l'arrondissement o� le salp�trier fait la plus ample r�colte. Or, dans l'�t� de 1739, celui-ci est violent� par des domestiques trop z�l�s, qui pr�tendent l'expulser. Malgr� ces s�vices, le commissaire Duprat fait aux religieuses la gracieuset� d'�loigner l'importun. La raison, tr�s officieuse, s'en lit dans: une lettre que, en femme prudente, la sup�rieure a pris la pr�caution d'annoter de ces mots : �� D�fense du fermier g�n�ral au salp�trier de chercher du salp�tre dans notre maison d'Atton, qui ne doit pas �tre montr�e et doit servir d'instruction pour n'user que des moyens de douceur quand semblables ouvriers se pr�sentent � Atton. � Cette raison est que Duprat a deux filles clo�tr�es � Paris. Il les recommande, ainsi que leur p�re, aux �� saintes pri�res � des Visitandines (68). Ces distinctions injustifi�es n'�taient pas sans �tre remarqu�es et sans pr�ter, de la part des voisins moins heureux, � une aigre critique.
Le salp�trier ne devait pas �� toucher aux granges � battre les grains �, ni �� d�paver et d�plancher les appartements occup�s par les personnes �. Mais il avait le libre acc�s des �curies, �tables, bergeries, caves et paillers (69). L� toutes investigations lui �taient permises, � la seule condition, comme le pr�cisent les lettres patentes du 3 juillet 1747, pour l'ex�cution du bail de Mahieu, de remettre les choses en place, de boucher les trous et de r�tablir les murs, �� si aucuns sont d�molis ou en danger de p�rir par la recherche des terres, en la m�me forme et mani�re qu'ils �taient auparavant � (70). Cette recommandation dissimule, sous une r�serve en apparence favorable, une �norme aggravation � la l�gislation ant�rieure. Celle-ci prescrivait aux salp�triers de s'�loigner de 2 pieds du fondement des murailles, des portes et des �tan�ons, d'arr�ter ses fouilles � la profondeur d'un pied. Le temps n'est plus davantage o�, sous le r�gime de l'arr�t du 19 avril 1702, il �tait d� aux propri�taires ou aux locataires, en d�dommagement d'un tel embarras, 5 sols par toise carr�e de terre remu�e (71).
On imagine ais�ment combien le choix du g�te et de l'atelier du salp�trier, combien le bouleversement p�riodique des locaux, soulevaient de difficult�s. Le salp�trier arr�tait sa pr�f�rence sur l'un des logements d�sign�s par le syndic, et cette d�signation �tait d�j� mati�re � d�bats. Personne n'admet que son immeuble ait mieux qu'un autre attir� l'attention.
Les syndics sont accus�s de favoriser des amis, de l�ser des adversaires.
Si la majorit� des plaintes sont mal fond�es, il y a chance pour que bien de mesquines rancunes se soient en cette occasion impun�ment satisfaites. La maison est-elle inoccup�e ? le propri�taire craint que tout n'y deviennes � l'abandon. La chaudi�re est un danger permanent d'incendie. Ici, c'est un n�goce troubl�; tel celui de Joseph Mary, mercier � Domjevin, subd�l�gation de Lun�ville : �� Le suppliant a souffert, souffre et souffrira encore � l'avenir un dommage consid�rable. Ses marchandises se ternissent par la vapeur sortant des cuves destin�es au travail; il faisait un commerce de vin qui se trouve interrompu depuis le commencement d'avril dernier. Ce commerce l'aidait � se soutenir avec sa famille. La communaut� de Domjevin a cru le d�dommager en lui accordant par d�lib�ration le surpoil de 2 fauch�es et demi de pr� au canton dit la Croix... Mais l'autorisation de l'intendant n'est pas encore arriv�e, et cependant la communaut� est sur le point de proc�der au partage des pr�s... (72) � Ailleurs, ce sont des projets contrari�s, des complications impr�vues. A Morhange, un salp�trier prend possession, trois mois avant la Saint-Georges, d'une maison vacante.
Il y prolonge son s�jour. Quand il la quitte, le propri�taire est dans l'impossibilit� de la louer, parce que, selon l'usage local, au 23 avril tout habitant est log� pour l'ann�e (73).
Dans l�s maisons fouill�es, c'�tait pire encore. On discute le temps n�cessaire au travail. On accuse le salp�trier d'indolence. II est encombrant, imprudent. Il envahit les lieux indispensables � l'exploitation agricole. Son �tourderie, sa n�gligence:, parfois sa malice, n'occasionnent que trop souvent la perte d'animaux domestiques, bless�s ou empoisonn�s. En d�pit des instructions formelles (74), il n'�loigne pas ses cuves du b�tail; il oublie de les couvrir. �� Le suppliant, �crit � l'intendant un habitant de Bl�mont, le suppliant justifiera par-devant votre subd�l�gu�, dans la huitaine, que les cuves du salp�trier, lors de la mort du boeuf dont il s'agit, �taient plac�es dans l'�curie � port�e dudit boeuf, qui a crev� hors de sa place, pr�s desdites cuves, et que ledit salp�trier confie son atelier � deux filles, sans suivre par lui-m�me ses ouvrages (75). �
Quand, pour faire diff�rer ou' interrompre les fouilles aux �poques o� le libre usage des locaux est d'importance extr�me pour les travailleurs des champs, o� la rentr�e des foins, l'engrangement des moissons encombrent les fermes, des laboureurs n'h�sitaient pas � venir de loin solliciter � Nancy le commissaire des poudres, comment les int�ress�s n'eussent-ils pas essay� de gagner les salp�triers? Comment aussi ces ouvriers besogneux fussent-ils rest�s insensibles aux profits de march�s secrets ? Certes, il est rigoureusement interdit aux habitants de composer avec les salp�triers; � ceux-ci d'accepter quoi que ce soit, argent ou denr�es, en �change de leurs complaisances (76). Mais, en r�alit�, des offres suffisantes sont rarement repouss�es par ces h�tes incommodes. Il en co�te m�me de rester sourd � leurs allusions v�nales. L'un d'eux, � Andilly, occupe un mois durant une maison pour lessiver 13 cuveaux de terre, en repr�sailles de ce qu' ��on n'a pas voulu se soumettre � sa-loi et � ses propositions de prendre arrangement�. Le m�me-motif fait qu'� Brin- deux experts le constatent - des recherches qui auraient pu �tre termin�es en huit jours ont tra�n� pendant quatre semaines (77). �� Les salp�triers d�solent impun�ment les gens de la campagne pour en extorquer le rachat de la visite de cette esp�ce de brigands, surtout des particuliers ais�s ou riches, qu'ils menacent d'un d�g�t consid�rable dans leurs maisons, quoique souvent il n'y ait pas lieu d'y salp�trer �, �crit un avocat de Lun�ville. �� Ces salp�triers, qui ne peuvent am�liorer leur condition qu'en faisant craindre tout le mal dont ils sont capables, se comportent partout d'une mani�re odieuse... Pendant l'ann�e 1755, �tant all�s au village d'Anthelupt, pr�s de Lun�ville, pour y salp�trer, ils s'attach�rent � la maison d'un bourgeois de cette ville nomm� Antoine Bicaille, et dans cette maison ils d�t�rior�rent les murs, non seulement cass�rent une chemin�e, g�t�rent un plafond, mais encore ils pos�rent leur chaudi�re si pr�s d'un beau treillage de vigne, qu'il en fut br�l�; et firent p�rir des bestiaux pour n'avoir point fait �couler leurs eaux salp�tr�es, comme ils le devaient. Tout ce d�g�t ne fut fait que par m�chancet�, pour se venger de ce que le propri�taire n'avait pas voulu, suivant ses termes vulgaires, leur graisser la palle. Je puis d'autant mieux attester ce fait, que je pr�tai mon minist�re au bourgeois l�s�, pour lui faire rendre la justice qu'on lui devait (78).�
Recrut�s dans la classe des manoeuvres, puisque � cette condition seulement ils jouissent de tels avantages (79), les salp�triers, qui, comme tous les autres commis et ouvriers des poudres, sont exempts des imp�ts, du logement des gens de guerre, de la plupart des charges pesant sur leurs concitoyens, qui se parent du titre de ma�tre, dont les ustensiles sont insaisissables (80), n'en commandent qu'avec plus de fiert� et d'insolence. Quelques femmes �taient commissionn�es. Elles se faisaient ordinairement remarquer par leur cupidit�. Mal en prit � un paysan de Gondreville de tenter d'en fournir la preuve contre une veuve Messager. Apr�s enqu�te, le subd�l�gu� de Nancy, Durival, conclut le 24 novembre 1761 : �� J'ai du tout dress� le proc�s-verbal ci-joint. Je n'y ai pas ins�r� toutes les choses inutiles qui ont �t� dites entre les parties. Il y a de violentes pr�somptions que la salp�tri�re a en effet re�u du grain pour prix de sa complaisance; mais, d'un autre c�t�, il para�t que Barth�l�my a voulu induire cette salp�tri�re en contravention, puisqu'il avait cach� la justice locale, pour voir qu'il lui d�livrerait du grain (81).�
Compris avec les gabelous dans les haines des campagnes et des villes, les salp�triers sont en butte aux pires avanies. On leur refusait un abri; ou les enfermait dans leurs ateliers. On les prive de l'eau n�cessaire aux manipulations. On l�che le liquide de leurs cuves. On leur joue mille tours. On va jusqu'� les attaquer et � les battre. Et ces rustres, grossiers, aigris, qui ont conscience de leur importance non moins que de leur impopularit�, prenaient leur revanche dans d'incessantes vexations. Comme certains pr�pos�s aux travaux des routes sont plus particuli�rement redout�s des corv�ables, certains salp�triers ont, � la ronde, une r�putation d�testable. Tel le fameux piqueur Robin qui, avant d'�tre promu inspecteur dans la Lorraine allemande, terrorisa les environs de Rosi�res-aux-Salines (82); une famille de salp�triers, les C�ler, fut longtemps le fl�au de la r�gion de la Seille (83).
Les salp�triers sont d'autant plus ex�cr�s, que le pr�judice caus� par leur passage se complique de charges accessoires. Pour trouver le combustible qu'engloutit sa chaudi�re, l'homme n'a pas � se pr�occuper. Il lui a �t� pr�par� d'avance. Les bois communaux tout d'abord fournissent les cordes n�cessaires. A leur d�faut, ce sont les bois du domaine; subsidiairement les for�ts particuli�res. Jusqu'en 1754, les quantit�s voulues �taient, sur la demande du consommateur, marqu�es � mesure par les officiers des grueries, puis des ma�trises. Le salp�trier payait le bois d�s vassaux et des communaut�s moiti� de son juste prix. Il devait le couper et le fa�onner lui-m�me, tandis que le voiturage incombait aux habitants � raison de 15 sols par corde et par demi-lieue (84). L'arr�t que le Conseil des finances rendit le 16 mars de cette ann�e sur l'initiative du commissaire d�put� pour l'administration et la r�formation g�n�rale des eaux et for�ts des duch�s, Gallois, pr�vint les abus et le gaspillage inh�rents � semblable m�thode. Le commissaire des poudres eut � pr�senter annuellement, au 1er janvier, un �tat, dress� ma�trise par ma�trise, des salp�triers qu'il se proposait d'employer des localit�s o� il les enverrait, du temps approximatif qu'ils y s�journeraient, des quantit�s de bois dont ils auraient besoin; et cet �tat ne devait plus varier. Un arr�t du 24 mars 1764 rench�rit sur ces dispositions. C'est � l'intendant que l'�tat sera � l'avenir adress�, pour le dernier trimestre de l'ann�e en cours et les neuf premiers mois de l'ann�e suivante. L'intendant le v�rifie et le modifie � sa guise. Ainsi amend� et certifi�, il est retourne au commissaire, qui le fait parvenu" au grand ma�tre avant le 1er mars. Celui-ci donne alors toutes instructions � ses subordonn�s, en vue de la d�livrance (85).
Sous le r�gime de 1754, dans les for�ts communales, d�sormais interdites aux salp�triers, le bois est pr�lev� sur l'affouage. Ce sont les communaut�s qui l'abattent et le fa�onnent en b�ches de dimensions d�termin�es (86), puis qui le voiturent, de mois en mois, aux ateliers.
Rendue � l'atelier, la corde �tait pay�e 5 l. 10 sols, � condition que la distance ne f�t pas sup�rieure; � une demi-lieue; la majoration est de 15 sols par demi-lieue suppl�mentaire. Dans les for�ts du domaine et des vassaux, o� ils continuent d'avoir acc�s, les salp�triers ne donnent de la corde, prise sur pied, que 4 livres (87).
A partir de 1764, le prix de ce bois, sans distinction d'origine, fut abaiss� � 30 sols de France, auxquels il faut ajouter, dans les for�ts communales, 12 sols pour la fa�on et 15 sols pour le transport. Les quantit�s demand�es en surplus de l'affouage sont r�gl�es � 33 sols. Sur la vente du bois d�livr� aux salp�triers par les communaut�s, le roi pr�levait le tiers denier habituel (88). En 1760, il entre, de ce fait au Tr�sor, pour les deux ma�trises de Nancy et de Lun�ville, une somme de 584 l. (89). Si l'on n'oublie pas que dans la capitale lorraine, en 1751, le bois �tait tax�, selon la qualit�, de 10 � 32 l. de Lorraine la corde (90), on conviendra que le tarif r�duit dont profilaient les salp�triers constituait un v�ritable imp�t d�guis�. Au del� des d�clarations, les salp�triers traitaient de gr� � gr�; mais le voiturage de cet exc�dent restait obligatoire aux conditions susdites.

Les communaut�s �taient contraintes d'assurer le transport des salp�triers et de leur mat�riel d'un atelier � l'autre. Pareillement le nitre brut �tait conduit sur r�quisition aux raffineries, seuls endroits o� ce sel pouvait �tre purifi� et vendu. La raffinerie lorraine se trouvait � Nancy; celle des Trois-Ev�ch�s, � Verdun. Il n'y avait pas d'�tablissement de ce genre � Metz, et la ferme avait n�glig�, en m�me temps que la poudrerie de Bar, la petite salp�tri�re que Warren y avait annex�e. Pour la commodit� du service, le salp�tre �tait indiff�remment dirig�, selon les distances pu l�s besoins des poudreries, soit sur Nancy, soit sur Verdun, sans qu'il f�t tenu compte du lieu d'origine, sol lorrain ou sol �v�chois. Voil� pourquoi les commissaires des poudres des deux g�n�ralit�s avaient respectivement autorit� sur les salp�triers de l'un et l'autre bureau (91). De m�me y avait-il entente pour le charroi. Les voituriers se relayaient respectivement aux principales localit�s de la province voisine. Des laboureurs du pays messin d�chargeaient couramment du salp�tre � Pont-�-Mousson et � Nomeny, o� des laboureurs lorrains en prenaient livraison pour le conduire � Nancy. Cette entente n'avait pas �t� jusqu'� l'unification des prix. Dans les anciens duch�s, le charroi des cuves et du nitre �tait r�gl� pour une journ�e � 15 sols par cheval ou par paire de boeufs, v�hicule compris (92). Dans la g�n�ralit� de Metz, au contraire, l'indemnit� se calculait � raison de 10 sols et demi pour une demi-lieue ou au-dessous ; de 15 sols par lieue (93).
Le nitre brut �tait: pay� aux salp�triers 7 sols la livre, rendu � la raffinerie (94). On sait que les manipulations pour l'obtenir consistaient � lessiver � froid les mati�res salp�treuses, op�ration qui s'effectuait de maison en maison, puis � soumettre cette lessive � l'�bullition, dans la chaudi�re de l'atelier. Pour le d�tail, toutefois, il n'y avait pas de pratiques uniformes. Les salp�triers des diff�rentes provinces, usant de proc�d�s consacr�s par une s�culaire routine, eussent �t� embarrass�s d'expliquer la raison de cette vari�t� des m�thodes. A Paris, on commen�ait par m�ler aux pl�tras nitreux, trait�s de pr�f�rence aux terres, un tiers de cendre de bois flott�. Quand la lessive �tait � demi cuite, on y versait une dissolution de colle de Flandre qui la purifiait partiellement des mati�res grasses en suspension. Dans le Languedoc ou la Provence, la lessive s'effectuait d'abord sans aucune addition de cendres. Mais lorsque l'action du feu l'avait r�duite de moiti�, on la passait sur des cendres de tamaris, employ�es � l'exclusion de toutes autres. Rejet�e dans la chaudi�re, elle; achevait de s'y concentrer au degr� voulu. On la versait alors dans une auge de bois, o� elle demeurait 24 heures et o� elle d�posait une quantit� consid�rable du sel marin qu'elle pouvait contenir. De grands vases de terre servaient � la cristallisation. En Lorraine et dans les Trois-Ev�ch�s, on lavait d'abord les terres comme dans le Midi, sans recourir aux cendres, et on ne collait pas. Mais lorsque la lessive approchait de son point de r�duction, on la jetait dans un r�cipient, futaille de bois, parfois vaisseau de cuivre, garni de bonnes cendres, nomm� rapuroir. Les cendres de toute esp�ce �taient employ�es. On donnait cependant la pr�f�rence aux r�sidus de la combustion des bois durs,:1e ch�ne et le charme, plus riches en alcali, et que le salp�trier n'avait le plus souvent qu'� ramasser sous sa chaudi�re. L'ouvrier agitait celle liqueur pour obtenir un m�lange intime. Il recouvrait ensuite le rapuroir de mani�re que la cuite gard�t la chaleur n�cessaire � la r�action. Au bout de deux ou trois heures, il la coulait enfin dans des bassins o� les cristaux se d�posaient. De ce proc�d� r�sultait plusieurs cons�quences qui m�ritent d'�tre indiqu�es. L'odeur fade, naus�abonde qui r�gnait dans les ateliers parisiens n'�tait pas, � beaucoup pr�s, aussi accentu�e chez les salp�triers lorrains. Ces hommes �taient mieux inspir�s, semble-t-il, en se servant de cendres que de colle pour le d�graissage. Mais parce qu'ils ne d�graissaient pas la cuite avant de la verser hors de la chaudi�re et que celle cuite ne rendait jamais de sel qu'elle n'e�t pass� par le rapuroir, le salp�tre brut obtenu en Lorraine �tait tr�s inf�rieur aux salp�tres analogues de l'�le-de-France et de diverses provinces. �� En voyant � Verdun les salp�tres arriver dans la raffinerie horriblement charg�s de sel, comme on imagin� qu'ils doivent l'�tre dans un pays o� les salp�triers n'en tirent point de leur cuite; je ne pouvais, d�clare un sp�cialiste, me persuader que tout ce sel se retir�t dans les eaux de deuxi�me et troisi�me cuite, de mani�re que les salp�tres de troisi�me cuite en restassent exempts (95).�
Tout changeait lors du raffinage, op�ration rigoureusement interdite aux salp�triers ambulants, qui devaient se borner � livrer du nitre de premi�re cuite, encore impr�gn� de son eau m�re. Les fermiers avaient profit� d'une disposition mod�le quand ils avaient pris possession en 1739 de la salp�tri�re cr��e � Nancy par Edouard de Warren sur les anciens remparts de la Ville-Neuve, � l'ouest de la porte Saint-Nicolas, et r�organis�e quatre ans plus t�t par le fils du fondateur. �� Je puis me vanter, �crira plus tard ce dernier, d'avoir donn� � mon p�re quantit� de bonnes id�es sur ce sujet; et qu'ayant trouv� cet �tablissement encore tr�s imparfait � sa mort, je l'ai achev�, et j'ai rendu cette salp�tri�re la plus belle et la plus commode d'une infinit� que j'ai vues dans bien, des parties de l'Europe (96). � La porte franchie, laissant � droite et � gauche des abris o� s'entassaient les bois de cuite, on p�n�trait dans une vaste cour, bord�e sur trois c�t�s de hangars excav�s qui prot�geaient des terres � salp�tre d'o� se tiraient 300 livres de nitre par semaine. Ces �� halles et terres de mini�res � �taient, nous l'avons dit, une des charges de la concession de 1703. Warren p�re les avait d'abord provisoirement am�nag�es sous la vo�te de la porte Saint-Georges. A l'extr�mit� du hangar de droite, un jeu de douze cuviers accompagn�s de leurs cuveaux �tait destin� au lessivage de ces terres. Au fond de la cour se trouvaient deux �normes chaudi�res : chaudi�re � r�duire les eaux de lessive: et chaudi�re � raffiner. Le personnel de cette salp�tri�re, ou, comme � partir de 1739 fut aussi d�sign� l'�tablissement, de cette raffinerie royale, personnel auquel se rattachaient les 90 salp�triers, comprenait, dans les derni�res ann�es de Stanislas, un ma�tre raffineur, trois ouvriers et un ma�tre tonnelier (97).
Pour �tre employ� � la composition de la poudre et des feux d'artifice, le salp�tre devait �tre de troisi�me cuite. A l'arsenal de Paris, on raffinait 3,600 livres de nitre en cinq heures. Les raffineurs nanc�iens se pressaient beaucoup moins. Ils employaient de huit � neuf heures pour, purifier 2,400 livres, sans compter le temps indispensable � la refonte. La manipulation totale durait de douze � quatorze heures. Aussi leur salp�tre: �tait-il finalement purg� d'une fa�on presque absolue des mati�res �trang�res. Il �tait renomm� pour sa blancheur et sa nettet� (98). On le conservait et il voyageait dans des tonneaux o� il �tait foul� � l'aide de masses de fer. C'est ce salp�tre de choix que, durant le ch�mage de la poudrerie de Nancy, les communaut�s eurent encore � conduire, aux m�mes conditions que le salp�tre brut, vers les moulins � poudre de Metz et de Belleray.

Non seulement pour les humbles ateliers des salp�triers, mais pour les v�ritables usines qu'�taient les raffineries, les proc�d�s diff�raient donc d'une province � l'autre, sous la direction d'une unique compagnie. Ce n'�tait pas l� un des vices les moins choquants du monopole des poudres.
Ce qui existait pour les salines se reproduisait ici, avec plus d'incurie encore, puisqu'il n'y avait pas de vent� �trang�re et que les traitants n'avaient point � r�douter la perte de ce d�bouch�. Le progr�s importait peu. L'esprit de lucre dominait. A la suite de difficult�s survenues avec le commissaire Mugneret, le subd�l�gu� de Dieuze le lui reproche, non sans force : �� Il para�t que la quantit� de salp�tre est un objet plus d�sir� qu'une bonne discipline (99). � Comment en e�t-il �t� autrement sous le r�gime de la ferme ? Les financiers, n'ayant qu'un bail de six ou de neuf ans, ne songeaient gu�re � tenter des essais, � risquer des innovations co�teuses dont le r�sultat n'aurait rien ajout� � leurs b�n�fices, et qui n'eussent �t� utiles qu'� leurs successeurs. Aussi, tandis que l'art du salp�trier �tait d�j� 1res perfectionn� dans plusieurs pays, en Su�de, en Prusse ou en Italie, on ne savait toujours dans le royaume, o� se perp�tuait une technique primitive, que d�molir, fouiller, lessiver.
Frapp� de cet �tat de choses et surtout de ce que la Compagnie des poudres et salp�tres exer�ait son privil�ge de fabrication et de vente d'une mani�re plus avantageuse pour elle-m�me que pour l'�tat, qui n'en retirait que de 50,000 � 55,000 l. par an, Turgot r�silia en 1775 le bail en cours. Au syst�me de la ferme il substitue la r�gie pour le compte du roi. Lavoisier devient un des quatre chefs de cette administration. La r�forme semble devoir ouvrir une �re nouvelle. Pour la premi�re fois, la monarchie para�t s'apercevoir, ainsi que d�s 1698 l'avait fait L�opold, et de l'extr�me embarras que la recherche du salp�tre occasionne aux sujets et des charges sensibles qui en d�rivent. On s'inqui�te de rem�dier � si graves inconv�nients par l'�tude scientifique des lois de la nitrification. La Soci�t� d'agriculture de Berne avait propos� en 1766 de constituer des �� plantations de salp�tre �, en r�unissant les mat�riaux propres � former ce sel et en construisant des fosses, des murailles et des vo�tes o� il serait r�colt�. C'est la cr�ation de ces nitri�res artificielles qu'il y a lieu d'encourager. Turgot n'y manqua. Les �preuves furent concluantes. L'application s'imposait. Le 8 ao�t 1777, un arr�t du Conseil d'Etat, compl�t� par un arr�t interpr�tatif du 24 janvier suivant, offre, sans abolir la fouille, �� aux communaut�s les plus fatigu�es par l'exercice de ce droit les moyens de se r�dimer d�s � pr�sent et pour toujours �. Il leur apporte, dans tous les cas, un r�el soulagement. A commencer du 1er janvier 1779, la recherche du salp�tre ne sera plus permise dans les habitations personnelles, les caves et celliers � vin. Les communaut�s sont d�charg�es de la fourniture et du transport du bois. Les salp�triers, � qui on ne pourra refuser d'en vendre, ach�teront le combustible au prix courant. Ils traiteront � l'amiable pour le charroi. Toute communaut� d'habitants qui construira une nitri�re et y accumulera les terres salp�treuses sera d�finitivement exempte de la visite des salp�triers, sous r�serve que cette nitri�re, form�e selon la m�thode approuv�e par les r�gisseurs, soit d'un rapport correspondant � la r�colte de l'ann�e qui a pr�c�d� son �tablissement. Plusieurs villages ont la facult� d� s'entendre pour am�nager une nitri�re commune. Les maisons religieuses profiteront de pareille exemption, � condition que leurs nitri�res - et elles sont vivement exhort�es � en cr�er - rendent annuellement un minimum de 1,000 livres de salp�tre. Il y a mieux. Les communaut�s peuvent se lib�rer du soin d'entretenir ces nitri�res, en les remettant, une fois construites et garnies, au roi. Elles toucheront alors un sol par livre de salp�tre recueilli; si elles exploitent elles-m�mes, la r�mun�ration est d�cupl�e (100).
Le dernier commissaire des poudres et salp�tres de la g�n�ralit� lorraine, Nicolas Thouvenel, arriv� pr�cis�ment � Nancy lors de la substitution du m�canisme de la r�gie � celui de la ferme (101), et qui se trouvait encore en place en 1793, ne devait pas �tre un des moins z�l�s parmi ses coll�gues pour, pr�ner et encourager le r�cent proc�d�. Thouvenel est l'un des vulgarisateurs les plus autoris�s des nitri�res artificielles. C'est dans les halles de la raffinerie de Nancy que furent en partie conduites ces belles exp�riences dont les conclusions, - savamment expos�es dans un m�moire r�dig� en collaboration avec le commissaire son fr�re par le c�l�bre m�decin Pierre Thouvenel (102), comme r�ponse � cette question : �� Trouver les moyens les plus prompts et les plus �conomiques de procurer en France une production et une r�colte, de salp�tre plus abondante que celle qu'on obtient pr�sentement, et surtout qui puissent dispenser des recherches que les salp�triers:ont le droit de faire chez les particuliers �, - vaudront aux deux auteurs le prix extraordinaire fond� par:Turgot, sur la caisse de la r�gie des poudres, et d�cern� en 1782 (103) par l'Acad�mie des Sciences (104).
Mais, de m�me que dans la province dont l'intendant La Galaizi�re fils se montra l'un des plus �loquents ap�tres de la suppression de la corv�e en nature, les populations, tr�s �prouv�es pourtant par le dur labeur del� cr�ation et de l'entretien des chauss�es, ne se d�cid�rent que malais�ment � profiler du rachat en argent, de m�me, ni les avances de Turgot, ni la propagande de Thouvenel n'y peuvent d�cider les habitants � s'affranchir, par une initiative facile d'une suj�tion dont ils ne cessent de g�mir. Alors que la culture et la r�colte du salp�tre deviennent dans d'autres-g�n�ralit�s une sorte de mode, en Lorraine les salp�triers du roi prolongent leur fastidieuse besogne, sans rencontrer de concurrents dans des nitriers volontaires.
Et, du fait de celle r�sistance, la g�ne de la recherche n'en deviendra que plus lourde aux ignorants, aux r�fractaires. Jusqu'� cette �poque, le pays n'avait pas connu le traitement des d�combres, presque exclusivement pratiqu� � Paris. L'arr�t du 8 ao�t 1777 l'y soumet implicitement. Les salp�triers pourront prendre, sans payer, pierres, terres, pl�tras et mat�riaux salp�tres provenant des d�molitions. D�fense est faite, sous peine de 100 l. d'amende, de d�molir ou de transformer un immeuble sans leur en donner avis. La r�gie, d'autre part, ne se montre pas moins s�v�re que la ferme pour ce qui regarde l�s fouilles. On en revient au r�glement du duc Henri II, dat� du 23 f�vrier 1618, qui interdisait de paver ou de planch�ier �tables et �curies (105). D'incessants conflits vont surgir de cette application d'un texte oubli�. Un mar�chal ferrant de Bern�court, �l�ve de l'Ecole royale v�t�rinaire, prend chez lui des chevaux malades pour les soigner; �� il a achet� une maison dont le pav� de l'�curie �tait en d�sordre; il vient de le fane raccommoder et �lever de peu pour rendre son �curie plus saine et emp�cher la maison d'�tre inond�e par les pluies et l'�gout d'une fontaine plus �lev�e que sa maison. � Le salp�trier le d�nonce. Six habitants d'Emberm�nil sont cit�s en 1783 devant le subd�l�gu� de Lun�ville, comme coupables d'avoir, dans des restaurations cons�cutives � un incendie, �� fait paver et plancher les all�es tant pour le passag�re leurs maisons que pour la communication dans les diff�rentes chambres qui les comportent �, L'intendant ne peut, en l'esp�ce, que d�bouter les r�gisseurs de leur pr�tention, car il est prouv� que la disposition incrimin�e existait ant�rieurement au sinistre. Mais le cas d'une femme de Morhange, condamn�e � 20O l. d'amende, � l'enl�vement du pavage et au retour des terres salp�treuses, n'est que trop fr�quent, L'inspecteur constate d�lits sur d�lits, m�ne expertises sur expertises. Lorsqu'un cultivateur estime indispensable de paver son �curie, que de formalit�s sont � remplir ! Il doit adresser une requ�te � l'intendant. Celui-ci la transmet au bureau des poudres. Le commissaire prescrit l'enqu�te. L'inspecteur vient sur place v�rifier les all�gations du requ�rant. En pr�sence du syndic, on discute le degr� de salubrit� du lieu. Le dossier est retourn� au commissaire, qui r�dige un rapport. D'apr�s ces conclusions, l'intendant d�cide. Voici, au reste, la th�orie de l'administration des poudres, expos�e en 1783, � propos d'une affaire de ce genre, par Thouvenel lui-m�me. L'autorisation �� ne peut �tre accord�e que dans un cas de n�cessit�, c'est-�-dire lorsque, par sa position, une maison est sujette � quelques filtrations d'eaux ext�rieures qui y entretiennent une fra�cheur continuelle qui rend le terrain boueux et malsain aux bestiaux. Dans ce, cas, le service du roi ne peut souffrir de la permission accord�e, parce qu'un sol humide n'est point propre � la reproduction du salp�tre. � Le demandeur en cause invoquait �� une plus grande solidit� et commodit� � tous �gards �. �� Ce particulier ignore o� feint d'ignorer que cette mani�re de d�truire les terres est prohib�e par l�s r�glements, ou qu'il ne suffit pas de se promettre une plus grande commodit� pour obtenir la permission d'y d�roger. Mais si ces motifs �taient suffisants, bient�t l'on verrait paver toutes les all�es des �curies, qui sont les seuls endroits o� les salp�triers trouvent du salp�tre. La commodit� que l'on ambitionne le plus par ces demandes, c'est de n'�tre pas expos� � la petite g�ne qu'occasionne le travail des salp�triers (106). �
Contradiction flagrante: � l'heure o� les intendants se piquaient de r�pandre des notions d'hygi�ne, o� il leur �tait recommand� de pr�venir et de combattre par tous les moyens les �pizooties, ils en �taient r�duits � accepter ces sophismes, il leur fallait s'attarder � d'interminables arguties sur le minimum admissible de salubrit� des maisons et des �tables.
Les cahiers de 1789 r�clameront donc encore la suppression de la fouille (107). Ce n'est pas de la R�volution; toutefois, que cette lib�ration sera obtenue. La loi du 13 fructidor, an V (30 ao�t 1797), �chos de patriotiques pr�occupations, remit au contraire en vigueur une l�gislation plus rigoureuse. On devra attendre 1819 (loi des 10 mars et 11 ao�t), pour que la facilit� d'importer le salp�tre en abondance, l'utilisation des gisements de l'Inde, la conversion du nitrate de soude demand� au Chili, fassent � nouveau adoucir cette r�glementation, qui tombera enfin en compl�te d�su�tude sans avoir jamais �t� formellement abrog�e.
Sous les ducs, les contestations au sujet des poudres et salp�tres �taient port�es devant les pr�v�ts, sauf appel au grand ma�tre de l'artillerie assist� d'un gradu�, et cassation � la Cour souveraine. A partir de 1747, la connaissance de celle mati�re fut strictement r�serv�e au Conseil. Comp�tence enti�re, en premier et dernier ressort, passa ensuite � l'intendant, toutes autres juridictions devant s'abstenir, � peine de 3,000 l. d'amende et de nullit�.
Tenue d'en avoir dans ses magasins une quantit� suffisante, la ferme �tait autoris�e � c�der la poudre � giboyer � 27 sols la livre aux marchands, qui ne pouvaient pas la vendre plus de 30, et � 28 sols aux particuliers. On ne se procurait de poudre de guerre et de poudre de mine, m�me en petites quantit�s, que dans les entrep�ts g�n�raux. La poudre de guerre co�tait 20 sols et la poudre de mine 18 sols, le tout au cours de France. Les prix mis en vigueur en 1739 (108) marquaient une augmentation sensible sur les pr�c�dents. Depuis le 1er avril 1704, la poudre fine ne revenait en effet, dans les duch�s, qu'� 18 sols de Lorraine prise en gros, et � 22 sols au d�tail; celle de guerre qu'� 12 ou 18 sols seulement (109). C'est le commissaire qui nommait et destituait les d�bitants, dits aussi commis distributeurs ou pr�pos�s. Les licences pour �� tenir bureau de poudre �, dont la remise donnait lieu � la perception d'un droit de 6 livres, n'�taient pas toujours accord�es avec circonspection. Fr�quemment les subd�l�gu�s durent se faire les interpr�tes des inqui�tudes des habitants et engager le commissaire � ne fixer son choix que sur les personnes les plus d�sign�es tant par leur �ge, leur caract�re r�fl�chi, la nature de leur principal n�goce, que par une situation de fortune leur permettant de r�pondre d'une imprudence. En 1764, le �� pr�pos� pour la distribution de la poudre � � Pont-�-Mousson, un nomm� Lallemand, n'est autre qu'un cirier assez insouciant pour conserver ses provisions de la dangereuse substance dans l'officine o� il fond sa cire. La police intervient. On l'oblige � monter les barils au grenier : il les place pr�s d'un tuyau de chemin�e et, ce qui est pire, au-dessus d'une salle de billard o� fr�quente la jeunesse. Quelle maison pourrait �tre plus mal indiqu�e ? Plusieurs locataires s'y pressent; douze voisins y jouissent d'une servitude de passage. Le subd�l�gu� obtient le retrait de la commission. Il est bon d'ajouter que ces nominations n'excitaient pas que des craintes, mais des comp�titions, des jalousies locales, qui donnaient parfois grand tracas au commissaire. �� Ma position vis-�-vis de Messieurs de Pont-�-Mousson, �crit Mugneret le 8 mars 1766 au subd�l�gu�, est celle du meunier de la fable. Quoi que je fasse, je ne puis les satisfaire. Charaux est le quatri�me en place depuis 1762, et j'ai re�u plus de trente lettres et autant de sollicitations pour faire et d�faire� (110).
On ne pouvait acheter d� salp�tre que dans les magasins g�n�raux : � la raffinerie de Nancy et chez l'entreposeur de Bar. Tous ceux qui en avaient un besoin r�el, apothicaires, droguistes, verriers, distillateurs, fabricants d'eau-forte, orf�vres, devaient pour s'en procurer solliciter un billet. Quiconque revendait ou �changeait ce salp�tre, raffinait du nitre brut, �tait passible de 300 l. d'amende, sans mod�ration. Les sujets non commissionn�s qui commer�aient de la poudre sortie des magasins, ceux qui colportaient de la poudre de provenance �trang�re ou clandestine, � plus forte raison ceux qui en fabriquaient en fraude, ceux aussi qui transportaient soit de la poudre, soit du salp�tre hors des �tats, sans permission, �taient r�put�s faux poudriers et faux salp�triers, et punis comme les faux sauniers (111). Dans l'int�r�t de la ferme, puis de la r�gie, des descentes fr�quentes �taient op�r�es chez les personnes soup�onn�es, en particulier chez les industriels faisant usage de salp�tre. Le commissaire d�non�ait les fraudes, il entamait les poursuites.

M. LE PR�SIDENT remercie M. Pierre Boy� de sa tr�s int�ressante communication, compl�tant sa s�rie de tr�s utiles monographies sur la Lorraine au XVIII si�cle.
Il demande � M. Boy� s'il n'a pas trouv� dans les cahiers de 1789 et dans les proc�s-verbaux des assembl�es provinciales l'�cho de plaintes contre les vexations des salp�triers, vexations sur lesquelles il donne des d�tails si curieux et si nouveaux.
M. Pierre BOY� r�pond qu'il a �t� surpris de ne pas trouver plus souvent mention des salp�triers dans les cahiers. Il y a lieu cependant de citer tout particuli�rement les dol�ances de la ville de Pont-�-Mousson et celles des trois ordres du bailliage de Rosi�res.


(1) Rappelons que, outre ceux mentionn�s ci-dessus, les diff�rents monopoles dont le fisc lirait profil en Lorraine �taient : la ch�trerie, la riflerie, la fabrication et la vente du tabac et du sel, tous quatre conc�d�s � la Ferme g�n�rale.
Sur l'ensemble de la question, voir notre travail : Le budget de la province de Lorraine et Barrois sous le r�gne nominal de Stanislas (1737-1766). Nancy, 1896, in-8�,p. 125-152.- Pour des d�tails, se reporter � nos deux monographies: Les salines et le sel en Lorraine au XVIIIe si�cle, Nancy, 1904, in-8�. Postes, messageries et voitures publiques en Lorraine au XVIIIe si�cle, dans le Bulletin des sciences �conomiques et sociales du Comit� des travaux historiques et scientifiques, ann�e 1906, p. 128-144 ; et tirage � part, Paris, 1907, in-8�.
(2) Cf. Guillaume DE ROG�VILLE, Dictionnaire historique des ordonnances et tribunaux de la Lorraine et du Barrois, t. II, p. 424. - Le 14 d�cembre 1566, Charles III prenait des mesures pour la v�rification du travail de ses salp�triers. Une ordonnance ducale du 26 janvier 1593 d�fend l'exportation du salp�tre et interdit d'en tirer dans les Etats sans une commission expresse. (Ibid., t. Il, p. 423.) En 1597, le receveur de Sierck porte en recette la redevance due pour le privil�ge de fabriquer du salp�tre dans la pr�v�t�. (Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 9429.) En 1604, la facult� de �� tirer salp�tre � dans le comt� de Vaud�mont est continu�e pour trois ann�es, moyennant 55 francs par an. (Ibid., B. 9096.) Etc.
(3) Pierrefitte-sur-Aire. Barrois mouvant; Meuse, ch.-l. de canton, arr. de Commercy.
(4) Ordonnance du 12 mars 1618; dans ROG�VILLE, op. cit., t. II, p. 427. Cf. DIGOT, Histoire de Lorraine, 2��dit., t. V, p. 131.
(5) C'est ainsi qu'en 1623 le duc autorise l'�rection d'une �� batterie � � poudre � canon sur le ruisseau du Longeau, � Dommartin-la-Montagne (Meuse, arr. de Verdun, canton de Fresnes-en-Wo�vre). En 1625, on construit un �� battant � poudre � sur le Roseau, non loin de Destry (ancienne Moselle, arr. de Sarreguemines, canton de Gros-Tenquin). [Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 95, 3151, 8227, 6842.] - En 1630, Charles IV fait acheter de la poudre � Strasbourg. (Ibid.,B. 1483.)
(6) D�claration du 11 octobre 1698. (Recueil des ordonnances de Lorraine, t. I, p. 91.)
(7) H. BAUMONT, �tudes sur le r�gne de L�opold, duc de Lorraine et de Bar (1697-1739). Paris, 1894, in-8�, p. 583-584. - Willemin de Heldenfeld est l'auteur de la Relation de la pompe fun�bre faite � Nancy, le 19 avril 1700, aux obs�ques de tr�s haut, tr�s puissant et tr�s excellent prince Charles V, duc de Lorraine et de Bar. Nancy, 1700, in-8�
(8) Les comtes d� Warren; annales et portraits, de famille (940-1879). Saint-Nicolas-de-Port, 1879, in-8�, p. 190.
(9) Ce contrat, publi� ibid. p.191-193, fut ent�rin� � la Chambre des comptes le 14 mars. (Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 217, n� 37.) Voir aussi l'arr�t cons�cutif du Conseil d'�tat, du 1er janvier 1704, au Recueil des ordonnances de Lorraine, t. I, p. 405. Cf. Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 1648. - Warren devait, entre autres charges, fournir d�s 1703 dans les magasins ducaux 3,000 livres de poudre, 5,000 en 1704, et les ann�es suivantes 8,000. Ces quantit�s constituaient un minimum obligatoire, le prince s'engageant � recevoir tout ce qui serait livr� en surplus. Cette poudre serait pay�e au premier lieutenant de l'artillerie 9 sols la livre pendant la dur�e de la guerre en cours (guerre de la Succession d'Espagne), 8 s. 6 d. � la paix. D�fense �tait faite � tous autres de fabriquer poudre ou salp�tre, � peine de confiscation des mati�res et outils et de 300 l. d'amende, dont un tiers au d�nonciateur, un tiers � Warren et un tiers au domaine.
(10) Lettres patentes du 18 mai 1709; ent�rinement � la Chambre des comptes du 3 juin suivant. (Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 218, n� 34.) Warren s'engageait � produire au moins 6,000 livres de poudre fine par an et � �tablir exclusivement � ses frais les usines n�cessaires.
(11) Recueil des ordonnances de Lorraine, t. I, p. 405.
(12) Moyennant un canon de 4,000 l, r�duit � 3,000 au renouvellement du privil�ge. (Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 238, n� 79; B. 1708.)
(13) Inscrit dans la g�n�alogie de sa maison comme Edouard VI, 20e comte de Warren. N� � Bellaghmoon le 12 mai 1666, mort � Nancy le 26 octobre 1733. L�opold l'avait nomm� lieutenant de son artillerie le 1er ao�t 1698. Voir sur lui : Les comtes de Warren, j. cit., p. 177-209.
(14) Contrat du 20 mars 1709. L'intendant du prince de Vaud�mont avait d'abord pass� bail � Marie Colas, veuve de Laurent Fauque, de la poudrerie d'Euville, pour douze ann�es, � raison de 200 l. par an. Le nouvel arrangement fut approuv� par lettres de L�opold du 18 mai 1709. (Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 638, n� 33; B. 218, n� 34.) Rectifier en ce sens le r�cit du fils d'Edouard de Warren, qui attribue � son p�re la cr�ation de cette poudrerie (Les comtes de Warren, p. 194-195). Warren s'en �tait surtout assur� pour �tre ma�tre des march�s; il n'attendit donc pas le retour de la terre de Commercy � la couronne, au d�c�s de Vaud�mont (14 janvier 1723), pour laisser tomber cette usine.
(15) Les comtes de Warren, p. 227.
(16) Le 5 septembre 1691, bail �tait pass� par le comt� de Ligny � Laurent Fauque, moyennant 175 francs, de la permission de tirer salp�tre au comt� et d'en faire del� poudre; m�mes baux, moyennant 210 francs, les 2 octobre 1692 et 7 mars 1695. (Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 768, n� 28.) Il est parl� en 1697 de Fran�ois Cadet et de Barbe Fauque, sa femme, salp�triers et poudriers au comt�, r�sidant � Velaines-devant-Ligny. (Ibid., B. 778, n� 27.) �� Il y avait autrefois � Ligny une poudrerie c�l�bre; la poudre �tait en r�putation en France et en Lorraine.� (Dom CALMET, Notice de la Lorraine, 1756, t. I, col. 660, v� Ligny. Cf. [Durival] M�moire sur la Lorraine et le Barrois [1753], p. 32 et 267. - IDEM, Description de la Lorraine et du Barrois, t. II, p. 353.- PIGANIOL DE LA FORCE, Nouvelle description de la France, 3e �dit., t. XIII, p. 401.)
(17) Les comtes de Warren, p. 195-197.Warren avait d'abord song� � �tablir cette poudrerie � Cousances-aux-Bois; la difficult� des communications lui fit donner la pr�f�rence � Bar-le-Duc. Ici encore le fils du fondateur s'abuse en avan�ant qu'il n'y avait jamais eu de fabrique analogue dans le Barrois. Nous avons cit� la poudrerie de Pierrefitte; il oublie aussi la poudrerie que, plus anciennement, l'Ornain avait actionn�e sur le ban de Gondrecourt-le-Ch�teau et dont un moulin, puis un fourneau pour la fonte du minerai, dits la Poudrerie ou Putrey, ont perp�tu� le souvenir. Cf. LI�NARD, Dictionnaire topographique du d�partement de la Meuse, v� Poudrerie. - BONNABELLE, Notice sur Gondrecourt, s.l.n.d., p. 35.
(18) Edouard VII, 21e comte de Warren, n� � Londres le 11 d�cembre 1697. Il avait obtenu, le 1er juillet 1717, en remplacement de son p�re, d�missionnaire eu sa faveur, la charge de premier lieutenant de l'artillerie. Ayant suivi Fran�ois III en Toscane, il y fut nomm�, par lettres patentes du 26 avril 1739, �� colonel commandant le bataillon des canonniers et bombardiers � et �� directeur g�n�ral des fortifications, artillerie, arsenaux, magasins, b�timents militaires, fonderies de canons, manufactures de canons de fusil, fabriques de poudres et de salp�tres �. Il mourut � Florence le 12 janvier 1760. Il aurait collabor� au Bombardier fran�ais (Paris, 1731, in-4�) de Belidor. Lire sur lui : Les comtes de Warren, p. 210-251.
(19) Arr�t de subrogation du 26 novembre 1733, pour le bail renouvel� � Warren p�re le 20 ao�t 1782. Arr�t de prorogation du 28 juin 1735, ent�rin� � la Chambre des comptes le 23 janvier 1736. (Archives de Meurthe-et-Moselle, H. 238, n� 79.) Cf. Ibid., B. 1751, pi�ces justificatives de la recette g�n�rale pour 1735 : quittances des 3,000 l. du bail des poudres, pay�es en plusieurs versements; B. 1762, compte de 1787 : �� Ferme des poudres et salp�tres, 3,000 l. �. B. 1763, compte de 1738, mention analogue.
(20) D�lib�ration de l'assembl�e des cr�anciers du 14 novembre 1738, homologu�e par arr�t du Conseil des finances du 19 du m�me mois. La famille conservait toutefois les moulins de Pont-�-Mousson. D'apr�s le principal int�ress�, c'est de d�pit de n'avoir pu le retenir au service de la France, que La Galaizi�re aurait fait d�noncer les contrats et se serait montr� tr�s dur sur la question des indemnit�s. (Les comtes de Warren, p. 227-229.) Il y a lieu de faire � ce sujet de tr�s s�rieuses r�serves.
(21) Recueil des ordonnances de Lorraine, t. VI, p. 161; L'exp�dition du bail fut pass�e � Paris le 15 janvier 1789; l'acte fut enregistr� � la Chambre des comptes le 31. (Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 244, n� 11.) DURIVAL n'est donc pas tout � fait exact quand il �crit (M�moire sur la Loraine el le Barrois, p. 82) : �� Les poudres et salp�tres-de Lorraine sont afferm�s � une compagnie fran�aise depuis le 15 janvier 1739.� Il faut lire 1er janvier; cf. IDEM, Description de la Lorraine et du Barrois, t. I, p. 167.
(22) Soit 30,000 l. tournois. Voir les lettres patentes pour l'ex�cution du bail de Mahieu du 3 juillet 1747. (Recueil des ordonnances de Lorraine, t. VII, p. 152. - Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 1763 [recette g�n�rale, ann�e 1747], fol. 15 v�.).
(23) C'est aussi en raison de la fiction du r�gne nominal que l'adjudicataire g�n�ral n'�tait officiellement connu dans les duch�s, du vivant du roi de Pologne, que comme �� adjudicataire g�n�ral du privil�ge exclusif de la vente et distribution des poudres de Lorraine et Barrois �. - Le troisi�me adjudicataire fut Jacques Munier.
(24) Son brevet lui �tait exp�di� sur pr�sentation de la compagnie m�me dont il �tait membre, et il changeait avec elle. Cf. Encyclop�die m�thodique; Finances, t. III, p. 358 et suiv.
(25) Cf. DURIVAI., M�moire sur la Lorraine et le Barrois, p. 32.
(26) Ces commissaires avaient �t� connus en Lorraine au XVIIe si�cle, avant m�me que l'occupation fran�aise y en appel�t. En 1634, C�sar Mirgodin �tait �� commissaire des salp�tres de Son Altesse Royale �. (Archives de Meurthe-et-Moselle, H. 2511.) - Le 1er juin 1660, il est fait mention de Jean-Baptiste Hurault, �cuyer, commissaire des poudres de Lorraine, demeurant � Nancy. (Ibid., H. 1044.)
(27) Les deux premiers habit�rent � la Citadelle. A partir de Mugneret, le commissaire se loge � sa guise. Cf. la s�rie des Almanachs de Lorraine et Barrois.
(28) Nous trouvons cit�s, comme inspecteurs pour le Barrois, les sieurs Maillet en 1762, Feuillet en 1763, Duparge en 1770. En 1762, le sieur Desboeuf �tait contr�leur.
(29) Warren l'avait primitivement �tablie plus pr�s de la ville, aux vives appr�hensions des habitants. L'animosit� populaire, selon le fils du fondateur, la fit sauter. (Les comtes de Warren, p. 197.) C'est alors que l'usine avait �t� report�e � cet endroit, non loin du chemin de Fains. Le plan, sans date, mais tr�s probablement dress� en 1738, lors d� la liquidation, est conserv� aux Archiv�s de Meurthe-et-Moselle, C. 86. Cf. le plan de Bar-le-Duc donn� dans dom C�LMET, Histoire de Lorraine, t. I; sous le n� 37 est indiqu�e la Poudrerie � M. Varin.
(30) Manuscrit n� 395 de la Biblioth�que publique de Nancy [�tat des usines du domaine vers 1766], fol. 63 et 63 v�.
(31) A la mort de Stanislas, il ne restait plus de la poudrerie de Ligny �� qu'un petit b�timent de 18 pieds de long sur 16 pieds 6 pouces de largeur, sans pav� ni planches. Il n'y a que le toit qui termine ledit b�timent. � (Ibid., fol. 63 v�.) Un moulin � grains rempla�a ensuite la poudrerie et � ce moulin a enfin succ�d� une manufacture de compas. Cf. Cl. BONNABELLE, Notes sur Ligny-en-Barrois, dans les M�moires de la Soci�t� des lettres, sciences et arts de Bar-le-Duc, ann�e 1881, p. 119; et tirage � part, Bar-le-Duc, 1881, in-8�, p. 7. - Le 27 janvier 1756, le commissaire des poudres, agissant au nom de l'adjudicataire g�n�ral, passe bail de l'ancienne poudrerie de Bar, pour neuf ans et moyennant 100 l., au nomm� Jean Vyart. Le 16 novembre 1782, bail d� semblable dur�e est encore consenti, au nom du r�gisseur des poudres, moyennant 200 l., � Louis Rousselot, habitant de cette ville. (Archives de la Meuse, C. 650, fol. 7 v�; C. 755, fol. 19.)
(32) Archives de Meurthe-et-Moselle, s�rie B, passim; voir notamment B. 7286. - H. LEPAGE, Les communes de la Meurthe,;t. I, p. 438; t. II, p. 555.
Anciennement aussi, un moulin � poudre existait dans une autre partie de la banlieue de Nancy. En 1510, le duc Antoine savait donn� � Didier Fossier, canonnier en son artillerie, une place �� o� �tait le moulin de Boudonville �, pour y �difier � ses d�pens un �� moulin � faire poudre �. Il y avait eu �galement dans la capitale lorraine des moulins � poudre de moindre importance, � chevaux ou � bras. En 1580, le concierge de l'Arsenal y agence un de ces m�canismes:; il est parl� en 1585 du �� neuf moulin � qui �� se tire � cheval � dans les casemates, �� sur le gros boulevard de Danemark �. (Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 12, 1585, 7879.) Nous avons d�j� eu l'occasion de citer diff�rents moulins � poudre en dehors de Nancy. Il faut encore donner une mention sp�ciale au moulin de Lun�ville, cr�� ou tout au moins r�tabli en 1592. (Ibid., B. 6842.) On ne saurait davantage passer sous silence la batterie � poudre de Hattonch�tel, dont il est souvent question au XVIe si�cle et qui, �tablie dans la grande cuisine du ch�teau, fut d�mont�e en 1607. (Ibid., B. 6297, 6348, etc.)
(33) Sur le plan de Melchior Tavernier relatif � ce si�ge, on lit : Moullin � pouldre.
(34) Le 6 Octobre 1666, Charles IV ordonne au gruyer d'Amance de d�livrer des pi�ces de ch�ne aux fermiers de sa poudrerie de Nancy, pour �tre �� employ�es a la r�paration de nostre dite pouldrerie �. (Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 2306.)
(35) Recueil des ordonnances de Lorraine, t. I, p. 91.
(36) Dans le contrat du 1er f�vrier 1708, il est d�sign� comme �� moulin de la poudrerie de Saint-L�opold, proche le parc d'Essey �.
(37) Les registres de la paroisse Saint-S�bastien font mention � celle date de ��N., d�c�d� par un accident de feu qui fit sauter en l'air la Poudrerie �. Cf. H. LEPAGE, Les archives de Nancy, t. III, p. 327.
(38) Les comtes de Warren, p. 194.
(39) En voirie plan, non dat�, mais sans doute de 1738, aux Archives de Meurthe-et-Moselle, C. 203.
(40) Les comtes de Warren, p. 198.
(41) Ms. n� 395 de la Biblioth�que publique de Nancy, j. cit., fol. 18;v�. - Cf. Pierre Bov�, La Lorraine industrielle sous le r�gne nominal de Stanislas (1737-1766). Nancy, 1900, in-8�, p. 51.
(42) Recueil des ordonnances de Lorraine, t. VII, p. 23.
(43) DURIVAL consigne dans son journal (ms. n� 863 de la Biblioth�que publique de Nancy, vol. I, fol. 69) : �� Le moulin � poudre de Nancy saute, mais avec peu de dommage; les ouvriers venaient de sortir. � Le libraire NICOLAS, qui note �galement les principaux �v�nements, ne dit rien de cette explosion.
(44) M�moire sur la Lorraine el le Barrois, p. 32.
(45) Notice de lz Lorraine, t. I, col. 660, v� Ligny.
(46) Cf. [STEMER,] Trait� du d�partement de Metz. Metz, 1756, in-4�, p. 4. - A 3 kilom�tres au sud de Verdun, sur le territoire de Belleray, au canton nomm� La Falouse, le lieu dit la Poudrerie est significatif.
(47) Cette p�riode vit l'installation dans le voisinage imm�diat de la poudrerie d'une autre industrie. Par arr�t du Conseil des finances du 25 avril 1750, un marchand tanneur de Nancy, Fran�ois Vosgien, obtient l'accensement perp�tuel de deux petits terrains d�pendant du moulin � poudre, pour y construire une tannerie et un moulin � �corce; enregistrement � la Chambre des comptes le 14 mai suivant. A la reprise du travail, les fermiers des poudres, pr�tendant que Vosgien s'�tait �cart� des conditions prescrites, qu'il interceptait l'eau, entravait aussi le transport des produits par la galerie qu'il avait jet�e au-dessus du chemin, demand�rent l'annulation de cet accensement. Il y eut � ce sujet de longues difficult�s. L'affaire se termina par une transaction; la tannerie Vosgien existait encore, � la suppression de la poudrerie. (Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 11311, 11315 [plan], 11071 n� 86; C. 313.).
(48) Cf. Almanach de Lorraine el Barrois, ann�es 1762 et suiv.
(49) Voici la situation des 18 �tablissements avec. lesquels la poudrerie lorraine et les deux poudreries �v�choises formaient ce total : Arbois, Franche-Comt�; Castelnau-le-Lez, pr�s Montpellier; Colmar, Alsace; Esquerdes, pr�s Saint-Omer; Essonnes, pr�s Paris; La F�re, Picardie; Limoges; Maromme, pr�s Rouen; Perpignan; Pont-de-Buis, Bretagne ; Pont-l'�v�que, pr�s Vienne ; Saint-Chamas ; pr�s Marseille; Saint-Jean-d'Ang�ly, Saintonge; Saint-L�onard, pr�s Limoges; Saint-M�dard-en-Jalle, pr�s Bordeaux; Saint-Ponce, pr�s M�zi�res; Toulouse; Vonges, Bourgogne. Celles de ces poudreries qui existent encore ont �t� indiqu�es en italique.
(50) Tous les terrains de cette poudrerie el ce qui �tait rest� debout des b�timents, c'est-�-dire deux petits pavillons, contenant l'un le four, l'autre la r�serve � charbon, furent mis en vente comme bien national. La commissaire des poudres et salp�tres de Nancy, Nicolas Thouvenel, fit lui-m�me des offres le si flor�al an IV (10 mai I796). Mais le d�partement ayant rejet� sa soumission, des d�cisions contradictoires furent tour � tour rendues en sa faveur et en celle d'un concurrent tardif, le citoyen Louis Saulnier. Ce dernier fut d�finitivement d�clar� acqu�reur le 13 vend�miaire an VI (4 octobre 1797), tant pour lui personnellement que pour Nicolas-Basile Prud'homme, de Saint-Nicolas-de-Port, moyennant 11,000 francs. (Archives de Meurthe-et-Moselle, Q.592, n� 316.) Sur l'emplacement de la poudrerie se sont �lev�es, au XIXe ; si�cle, diverses constructions, notamment la manufacture de flanelle Jacob et Oulif. Plus r�cemment, la Brasserie de Nancy est venue occuper les d�pendances o� se trouvaient les foulons. Quelques plans modernes attribuent encore le nom de ruisseau de la Poudrerie � l'antique canal de d�rivation. Le sentier, qui conduit du chemin des Grands Moulins � cet endroit est officiellement rest�, jusqu'� nos jours, le chemin de la Poudrerie.
On croit commun�ment, car presque tous les auteurs locaux l'ont express�ment �crit ou l'ont donn� � entendre, qu'il ne se confectionnait plus de poudre dans la g�n�ralit� d� Lorraine au XVIIIe si�cle, et qu'ainsi la poudrerie nanc�ienne d'avant la R�volution n'�tait qu'une poudri�re, un magasin, que les uns situent pr�s des Grands Moulins, au lieu m�me o� s'�tendait la v�ritable poudrerie, les autres au del� de la Meurthe. Les passages cat�goriquement n�gatifs de Durival et de dom Calmet que nous avons cit�s, mais qui se trouvent, il ne faut pas l'oublier, dans des ouvrages publi�s pendant l'interruption de la fabrication, sont l'origine de cette m�prise o� est tomb�, le premier, Lepage, et que les travaux du lotharingiste ont propag�e. Apr�s nous avoir parl� de la destruction probable de la poudrerie de Nancy lors du si�ge de 1633, l'historien ajoute en effet :
�� Au XVIIIe si�cle, plusieurs �tablissements industriels d'une autre nature vinrent.
la remplacer �. (Les communes de la Meurthe, t. I, p. 438.) Et � propos d'une mention rencontr�e de la ��poudrerie Saint-L�opold�, dont, en la logique de sa conviction, il fait un simple d�p�t, Lepage explique : �� Le moulin de la poudrerie s'appelait Saint-Fran�ois avant la construction du magasin � poudre dans les premi�res ann�es de L�opold �. (Dictionnaire topographique de la. Meurthe, v� poudrerie.) Cet ancien �� magasin � poudre �, sur la rive gauche de la Meurthe, territoire de Saint-Max, est de cr�ation bien post�rieure. Au milieu du XVIIIe si�cle, la poudri�re de Nancy - � laquelle s'ajoutaient deux d�p�ts de moindre importance, am�nag�s de part et d'autre de la citadelle et dont l'un n'a que tout derni�rement disparu, � la d�molition des remparts que franchit le boulevard Charles V - se trouvait dispos�e au fond d'un encadrement de tranch�es, suites ruines du bastion de Salin, c'est-�-dire sur le c�t� Est de notre cours L�opold, exactement � la hauteur de la rue du Duc-Raoul. Elle datait de Warren p�re. En un tel endroit, si grande quantit� de mati�re explosible �tait une menace continuelle; aussi les habitants �prouv�rent-ils un grand soulagement quand le commandant de la province, M. de Stainville, en ordonna la suppression. (Cf. LIONNOIS, Histoire des villes vieille, et. neuve de Nancy... jusqu'en 1788, t. I, p. 286.) Deux nouvelles poudri�res lui furent substitu�es au bord de la rivi�re : l'une pour les citoyens, l'autre pour l'arm�e. La poudri�re militaire fui construite en 1779. C'est elle que Lepage a confondue avec la poudrerie Saint-L�opold. Appel�e dans les documents �� magasin � poudre du pont d'Essey �, elle venait d'�tre d�saffect�e et laiss�e � bail depuis le 30 d�cembre 1851 � un habitant de Nancy, quand, par d�cision du ministre de la guerre du 27 novembre 1856, elle fut remise au domaine pour �tre vendue le 25 f�vrier suivant, moyennant 10,025 francs, � Jean-Joseph Thi�ry, n�gociant. (Archives de Meurthe-et-Moselle, Q, biens domaniaux, derni�re p�riode, pi�ces non class�es.) Une fabrique de limes s'y est install�e en 1882. De chaque c�t� de l'ancienne porte d'entr�e, aveugl�e, se voient toujours sculpt�s, au-dessus de pilastres vermicul�s, quatre petits canons. Mais, quand il s'est agi de rappeler la destination primitive, une derni�re confusion a �t� commise; cette inscription erron�e a �t� grav�e : Ancienne poudrerie.
(51) Ou bourg�ne, Rhamnus frangula, vulgairement bois � poudre, aune noir; esp�ce du genre Nerprun.
(52) Lettres patentes du 3 juillet 1747. (Recueil des ordonnances de Lorraine, l. VII, p. 152.)
(53) Archives de Meurthe-et-Moselle, C. 313.
(54) C'est cette abondance qui avait autrefois permis, l'�rection de multiples moulins � poudre. Au XVIIIe si�cle encore, g�ographes et auteurs de statistiques sont unanimes � en faire la constatation : �� On ne laisse pas de tirer beaucoup de salp�tre dans la Lorraine et le Barrois �. (DURIVAL, M�moire sur la Lorraine et le Barrois, p. 32. Cf. PIGANIOL DE LA FORCE, op. cit., t. XIII, p. 401; dom CALMET, Notice de la Lorraine, t. I, col. 660.) �� Il se tire beaucoup de salp�tre dans les diff�rents lieux de cette province. � (STEMER, Trait� du d�partement de Metz, j. cit., p. 4).
(55) Ils �taient si mal vus que, le 27 f�vrier 1607, Charles III adresse aux procureurs g�n�raux, l'ordre de prendre leur d�fense ; le 31 d�cembre 1610, Henri II interdit de les troubler dans leur travail. (ROG�VILLE, op. cit., I, II,-p. 424.)
(56) Recueil des ordonnances de Lorraine, t. 1, p. 91. Cf. H. BAUMONT, op. cit., p. 582-583. - Le 3 octobre suivant, la Chambre des comptes de Lorraine informait chaque communaut� de sa quote-part pour 1698; celle somme est payable � la fin de d�cembre, avec les deux-derniers quartiers de la subvention. (Recueil des ordonnances de Lorraine, t. III, p. 369.)
(57) Ibid., t. I, p. 297.
(58) Ibid., t. III, p. 399 et 49. Edouard de Warren avait droit, pour l� Lorraine, � deux salp�triers privil�gi�s; les lettres patentes du 18 mai 1709 lui permirent d'en commissionner huit pour le Barrois.
(59) Article VI.
(60) Ibid.
(61) Le bail de 1747 pr�voit la r�vocation et la prison pour les salp�triers allant dans les arrondissements voisins. - En Alsace, province divis�e, par l'arr�t du Conseil d'�tat du 8 juin 1766, en 70 arrondissements, des seigneurs continuaient � jouir de leur ancien droit de rechercher eux-m�mes le salp�tre. Il ne pouvait �tre effectu� de fouilles sur leurs terres par les salp�triers du roi, qu'� leur d�faut et de leur consentement. Mais ils �taient tenus de vendre � l'adjudicataire tout le salp�tre personnellement recueilli. Lire Charles HOFFMANN, L'Alsace au XVIIIe si�cle, t. II, p. 502; t. III, p. 463.
(62) Recueil des ordonnances de Lorraine, t. VII, p. 227.
(63) On retrouve assez fr�quemment de ces �tals dans les archives communales ; les comptes portent aussi mention de d�pense (ordinairement 3f) faite pour dresser en double exemplaire lesdits �tats. Voir, par exemple, Archives communales de Badonviller, HH. 1 ; de Barbonville, HH. 1; de Champigneulles, HH. 7; d'Eulmont, CC.32; etc.
(64) Correspondance entre le commissaire Mugneret et Vaultrin, subd�l�gu� de Dieuze. M�moire de Mugneret sur la question. (Archives de Meurthe-et-Moselle, C. 313.)
(65)' Soit 3 francs 6 gros; ce qui faisait 6 �cus par an.
(66) Arr�t du Conseil d'�tal du 19 avril 1702; ordonnance du 10 ao�t 1724.
(67) �� Il est d�fendu � tous salp�triers de travailler et faire salp�tre dans toutes les maisons appartenant aux RR. PP. J�suites, en quelques lieux qu'il soit, dans la Lorraine et le Barrois, et en cas qu'il s'y trouve aucuns desdits salp�triers aux dites maisons, en sortiront sit�t la pr�sente re�ue... � (Archives de Meurthe-et-Moselle, H. 1967.) En 1760, les J�suites revendiquent une fois de plus le privil�ge pour leurs biens de Neuves-Maisons. Le 26 janvier, Jenneville en d�nie la validit�; puis, se ravisant, le 29 du m�me mois il rappelle le salp�trier. (Ibid., H. 1919.) Le 5 avril 1667, pendant l'occupation, le gouverneur fran�ais, le mar�chal de La Fert�-Senecl�re, avait interdit la recherche du salp�tre dans les maisons et d�pendances appartenant aux Carmes de Gerbeviller. (Ibid., n. 914.)
(68) ��...Mais je veux bien, Madame, par consid�ration particuli�re, sans tirer � cons�quence, sur les repr�sentations que vous me faites et l'ordre que vous me demandez pour qu'il aille travailler dans les autres maisons du m�me village... J'aurai � toute occasion la v�n�ration que m�ritent votre �difiante communaut� et vous, Madame, personnellement, m'int�ressant infiniment � tout ce qui regarde votre �tat respectable, ayant deux filles clo�tr�es � Paris, que j'aime infiniment; je me recommande � vos saintes pri�res et � celles de votre communaut�.� Lettre de Duprat, du 26 juin 1739. - Le commissaire ayant enfin trouv� le moyen d'exempter cette ferme d'Atton �� comme seigneuriale �, par billet du 9 juillet 1742, il fut cette fois �crit au dos du document : �� Lettre de M. du Prat, touchant les salp�triers ; bonne � montrer. � (Ibid., H. 2914.)
(69) Ordonnance du 10 ao�t 1724.
(70) Article XVIII.
(71) Ces r�serves et celle compensation �taient si bien oubli�es que, dans la table analytique du Recueil des ordonnances, elles sont r�sum�es au passif.
(72) Archives de Meurthe-et-Moselle, C. 313.
(73) Archives de Meurthe-et-Moselle, C. 313.- Il fallait souvent que l'intendant lui-m�me interv�nt pour que le propri�taire ou le locataire consentit � recevoir le salp�trier. C'est le cas � Champigneulles en 1749, o� un sieur Gentilli�tre r�siste aux premi�res sommations. (Archives communales, HH. 7.) A Frouard, en 1780, le pressoir banal est le seul endroit reconnu propre � abriter le salp�trier. Le fermier refuse de l'y accueillir. Sur la plainte du syndic, l'intendant d�p�che un ordre expr�s. (Archives communales, HH. 7.)
(74) Cf. Arr�t du Conseil du 19 avril 1702. Ordonnance du 10 ao�t 1724.
(75) Archives de Meurthe-et-Moselle, C. 313.
(76) Ordonnance du 10 ao�t 1724. - Les lettres patentes du 3 juillet 1747 pr�voient contre le salp�trier la r�vocation, la prison et une amende de 100 l. ; pareille peine est sp�cifi�e � l'�gard d�s particuliers complices.
(77) Archives de Meurthe-et-Moselle, C. 313.
(78) Archives nationales, K. 1193, n� 63.
(79) ��... A condition qu'ils ne pourront �tre pris du nombre des laboureurs et artisans, mais seulement parmi les manoeuvres� (Ordonnance du 1er septembre 1701).
(80) Except� au profit de ceux qui les ont fournis. Les dettes des salp�triers s'acquittaient sur le prix du salp�tre livr�. A cet effet, l'ouvrier n'�tait, au bureau de Nancy, pay� que sur pr�sentation d'un certificat de �� bien vivre � d�livr� par les officiers de justice des lieux visit�s. (Arr�t du Conseil du 19 avril 1702 ; ordonnance du 10 ao�t 1724; lettres patentes du 3 juillet 1747.)
(81) Archives de Meurthe-et-Moselle, C. 313.
(82) Voir Pierre BOY�, Les travaux publics et le r�gime des corv�es en Lorraine au XVIIIe si�cle. Paris, 1900, in-8�, p. 52.
(83) Archives de Meurthe-et-Moselle, loc. cit.
(84) Ordonnance du 10 ao�t 1724.-Ant�rieurement et en vertu de l'arr�t du Conseil d'Etat du 10 ao�t 1702, les salp�triers r�glaient � sa valeur courante le bois demand� aux communaut�s ou aux seigneurs.
(85) Dans la ma�trise de Dieuze, 4 salp�triers travaillent en 1765 les terres de 12 communaut�s, dont la moins consid�rable n'aura � fournir, d'apr�s l'�tat dos bois, que 4 cordes : c'est Molring; la plus riche: en: salp�tre, Gu�blange, est port�e pour 32. Un total de 162 cordes est demand�. L'ann�e suivante, ce sera, pour pareil nombre d'ateliers, 239 cordes. En 1765, 5 salp�triers visitent dans ce ressort 14 communaut�s; on a pr�vu 217 cordes. Voici un ordre de d�livrance d�corn� pour un village de la m�me ma�trise : �� Nancy, le 1er f�vrier 1765. Vous d�livrerez, Messieurs, en la forme ordinaire, � Joseph Jacques, salp�trier, travaillant � Hampont, 2 arpents de bois pour former la quantit� de 28 cordes de bois qui lui sont n�cessaires pour salp�trer audit lieu, � prendre sur le bois dit le Lirzin, pr�s d'Arlange, de laquelle vous dresserez proc�s-verbal et le tout conform�ment � l'arr�t du 24 mars dernier. Sign� : Gallois.� (Archives de Meurthe-et-Moselle, B. :12,379.) Ces d�livrances donn�rent lieu plus d'une fois � des d�bats assez vifs entre l'administration foresti�re et le commissaire des poudres. Les officiers des ma�trises ont, d'apr�s-les ordres re�us, proc�d� � la marque dans les for�ts communales; le droit de marque a �t� acquitt�. Or la quantit� de bois remise, par le syndic au salp�trier est notablement inf�rieure � colle demand�e par le commissaire, approuv�e par l'intendant. Les officiers des eaux et for�ts se sont-ils tromp�s dans l'�valuation on cordes des arbres d�sign�s ? Les habitants ont-ils plut�t mis la coupe au pillage ? Le grand ma�tre refusait Une nouvelle d�livrance; les habitants niaient toute soustraction; le conflit s'�ternisait. (Ibid., C. 3l3.) -Voir aussi Mod�le des diff�rents extraits � d�livrer par Mrs les greffiers des ma�trises pour les bois des salp�triers. S.l.n.n.n.d. ; 6 pages in-4� (n� 6468 du Fonds lorrain de la Biblioth�que municipale de Nancy). Ces mod�les sont �tablis conform�ment � l'arr�t de 1764.
(86) La b�che des salp�triers eut d'abord 6 pieds de long sur 12 � 15 pouces de diam�tre. Un cent de fagots, par chaudi�re, comptait pour une demi-corde. : Les essences voulues �taient le ch�ne, le h�tre et le charme; � leur d�faut, dans la montagne, on acceptait le sapin. (Arr�t du 16 mars 1754.) L'arr�t du24 mars 1764 fixa la longueur de la b�che � 4 pieds, son diam�tre � 6 pouces et au-dessus. Les cordes purent comprendre toutes les essences selon la nature des coupes.
(87) Plus le sol pour livre au greffier, dans les bois du roi, et 2 sols par corde pour le salaire du garde � cheval ou des pr�pos�s des vassaux.
(88) Voir, sur ce droit, Pierre Boris, Les eaux et for�ts en Lorraine au XVIIIe si�cle, dans le Bulletin des sciences �conomiques et sociales du Comit� des travaux historiques et scientifiques, ann�e 1907, p. 70; et tirage � part, Paris, 1909, in-8�, p. 41.
(89) Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 10,523-10,590.
(90) Pierre Boy�, op. cit., p. 68 ou 34.
(91) STEMER, op. cit., p. 11.
(92) Pour le charroi du salp�tre, il faut ajouter aux 15 sols la nourriture des b�tes de trait. (Arr�t du Conseil du 19 avril 1702 ; ordonnance du 19 ao�t 1724.)
(93) Par son ordonnance du 24 mai 1760, qui rappelle ce tarif, l'intendant Bernage de Vaux d�cidait (article XIII) que les voilures fournies par les communaut�s �v�choises pour le transport du salp�tre destin� � la raffinerie de Nancy s'arr�teraient � une lieue en de�� du territoire lorrain. La Galaizi�re protesta. Il fit valoir l'ancienne r�ciprocit�. - Des communaut�s mettaient en adjudication le charroi du salp�tre. (Voir Archives communales de Badonviller, HH. 1.) - Les Lorrains, reconnaissons-le, �taient mieux partag�s que les habitants de certaines provinces o� le logement du salp�trier et le voiturage du nitre devaient �tre fournis gratuitement et o� des communaut�s en �taient r�duites, pour faire face � ce surcroit de d�penses, � recourir � une imposition sp�ciale. Avant la mise en r�gie des poudres et salp�tres, ces faux frais �taient �valu�s � 69,000 l. pour les seuls villages de la Franche-Comt�. (Cf. Encyclop�die m�thodique, Finances, t. III, p. 359. - Albert BABEAU, Le village sous l'ancien r�gime, 4� �dit., Paris, s. d., in-8�,p. 98-99.).
(94) Soit 35 l. le quintal. Au temps de l'autonomie, le salp�tre de premi�re cuite �tait pay�, de 1701 � 1703, 22 l. de Lorraine aux salp�triers; celui de seconde cuite valait 26 l. et celui de troisi�me cuite 30 l. A partir de 1703, Warren avait d� recevoir le nitre de premi�re cuite � raison de 25 l.
(95) Encyclop�die m�thodique, Arts et m�tiers, t. VII, p. 182-212.
(96) Les comtes de Warren, p. 194.
(97) Le contrat du 1er f�vrier 1703 abandonnait � Warren et � ses hoirs un terrain inoccup� �� proche la porte Saint-Nicolas de la ville neuve de Nancy, faisant pointe sur les rues des Eglises et des Ponts..... ; et ce, pour y construire incessamment, et � ses frais et despens, des halles et terres de mini�res pour les salpestres n�cessaires � la fabrication des poudres de S. A. R. � L'�tablissement sauta en 1717 ou 1718, endommageant consid�rablement les couvents voisins. [Il y � contradiction sur l'emplacement pr�cis de cette salp�tri�re au d�but, comme sur la date de sa destruction, entre le r�cit de Warren fils (Les comtes de Warren, p. 194) et le journal du libraire Nicolas (�dit. Pfister, p. 54); lire, � ce propos, Albert BARBIER et Henri MENGIN, Histoire des sapeurs-pompiers de Nancy, t. I, Nancy, 1909, in-8�, p. 61-63.] C'est apr�s cette explosion que fut �tablie la salp�tri�re plus r�cente que nous venons de d�crire et qui s'appuyait au midi sur le mur d'octroi construit par L�opold � la place des remparts d�molis. (Cf. Chr. PFISTER, Histoire de Nancy, t. II, p. 337 et 922.) On en trouve le plan, qui doit, croyons-nous, �tre dat� de 1738, aux Archives de Meurthe-et-Moselle, C. 204. Un �tat des usines du domaine, dress� vers 1766 (ms. 395 de la Biblioth�que d� Nancy, j. cit., fol. 15 v�), porte : �� Les b�timents et d�pendances de la salp�tri�re, situ�s sur les remparts, en amont et au couchant de la porte Saint-Nicolas, sont utiles, tr�s n�cessaires et entretenus de toutes r�parations par la ferme g�n�rale des poudres et salp�tres de France �. Cette salp�tri�re, puis raffinerie royale, existait encore dans la seconde moiti� du XIXe si�cle en tant que �� raffinerie imp�riale des salp�tres �, b�timent militaire, non sans avoir subi des transformations notables et avoir �t� augment�e de nouveaux, terrains. Elle s'�tendait sur une superficie de 3,324 m�tres carr�s, lorsqu'elle fut ferm�e le 1er janvier 1864, en vertu d'une d�cision du ministre de la guerre du 24 mars de l'ann�e pr�c�dente. Remise au domaine � fin d'ali�nation, elle fut vendue en trois lots le 3 juin suivant; le premier lot �tait adjug� � Eug�ne Bonnette, n�gociant, pour 18,500 francs; le deuxi�me � Salomon L�vy, marchand de chiffons, pour 18,600 francs; le troisi�me � Pierre G�rard, entrepreneur, pour 19,600 francs. Il est int�ressant de comparer les donn�es de l'�tat de lieux dress� � l'occasion de cette vente (Archives de Meurthe-et-Moselle, Q, biens domaniaux, derni�re p�riode, pi�ces non class�es) avec celles fournies par le plan du XVIIIe si�cle. L� raffinerie comprenait finalement trois cours, des logements et ateliers, un laboratoire, des bureaux, magasins et hangars. D�j�, quand Lionnois �crivait (op.cit.,. t. III, p. 137), il y avait �� un b�timent pour les ouvriers qui travaillent � la confection des salp�tres et un jardin �. Depuis 1900, � travers les d�pendances de l'ancienne raffinerie et le mur de L�opold, la rue des Quatre-Eglises a �t� prolong�e vers le Montet. Mais le n� 5 de la rue de Salp�tri�re, occup� par un commerce de chiffons, offre toujours, avec sa fa�ade basse et sa porte d'entr�e, l'aspect caract�ristique figur� sur le plan de l'�poque de Stanislas. Cette porte est rest�e surmont�e d'un �l�gant cartouche Louis XV, o� se lit, sur marbre noir, l'inscription : Salp�tri�re 1735. Ajoutons que c'est Warren p�re lui-m�me qui avait cr��, en m�me temps que la salp�tri�re, la rue � laquelle cet �tablissement a donn� son nom. Le lieutenant de l'artillerie l'avait d'abord, en souvenir de sa patrie, appel�e rue de Dublin, ce qui par corruption devint rue du B�lin. En 1767, elle �tait dite rue de la Salp�trerie. A la fin du XVIIIe si�cle et au commencement du XIXe, les formes Salp�trerie et Salp�tri�re sont simultan�ment employ�es; depuis 1814, cette derni�re, et avec raison, a pr�valu. (Ch. COURBE, Les rues de Nancy du XVIe si�cle � nos jours, t. II, p. 208 et suiv. - E. BADEL, Dictionnaire historique des rues de Nancy, t. -II, p. 260-262. - Chr. PFISTER, op. cit., t. II, p. 337.)
(98) Encyclop�die m�thodique, loc. cit., p. 187 et suiv.
(99) Archives de Meurthe-et-Moselle, C. 313.
(100) Les particuliers recevaient 9 sols. Le salp�tre provenant des fouilles �tait d�sormais pay� aux salp�triers 8 sols au lieu de 7; celui de d�molition, sans fouille, 9 sols. Des gratifications �taient promises aux salp�triers et aux exploitants de nitri�res, en cas d'excellente fourniture. Recueil des ordonnances de Lorraine, t. XIII, p. 777; t. XIV, p. 98.
(101) II �tait le gendre de Mugneret, qui, permutant avec lui en 1775, passait au commissariat d'Essonnes.
(102) Thouvenel (Pierre-Fran�ois), n� � Sauville, pr�s de Neufch�teau (Vosges), en 1747. Docteur de la facult� de Montpellier en 1770, il contribua � faire conna�tre, par un m�moire paru en 1774, l'efficacit� des eaux de Contr�x�ville, et devint, � la suite de celle publication, inspecteur g�n�ral des eaux min�rales, puis en 1784 inspecteur des h�pitaux militaires de France. Il avait �t� nomm� premier m�decin consultant de Louis XVIII, lorsqu'il mourut � Paris le 1er mars 1815. Thouvenel a beaucoup �crit, sur la m�decine, la physique, la chimie., les sciences naturelles, etc. Il fut couronn� dix fois, en quatorze ans, par les acad�mies les plus illustres. Lire A. DE HALDAT, Eloge historique de feu Pierre Thouvenel..... prononc� � la s�ance publique de la Soci�t� royale des sciences, lettres, arts et agriculture de Nancy, le 28 juin 1816, dans les M�moires de cette Compagnie, 1813-1814, p..84 et suiv.; et tirage � part, Nancy, s.d.,31 p. in-8�. - Son portrait a �t� grav� par M�nageot.
(103) A la s�ance publique de la Saint-Martin, et non en 1784 comme le dit A. DE HALDAT, op. cit.
(104). Fix� d'abord � 4,000 l, auxquelles s'ajoutaient 2,000 l. pour deux accessits, ce prix devait �tre d�cern� dans la s�ance publique de P�ques 1778. Aucun des 38 m�moires re�us n'en ayant �t� jug� digne, le concours avait �t� prorog� et la valeur du prix doubl�e. Il y eut, cette fois, 28 m�moires d�pos�s, dont celui des fr�res Thouvenel fut de beaucoup le plus remarqu�. Il �tait dat� de d�cembre 1783 et avait pour titre : M�moire chimique et �conomique sur les principes et la g�n�ration du salp�tre. Voici quelle �tait sa devise : �� Apr�s avoir lu et m�dit� tout ce qui a �t� �crit sur cet important sujet, ne pourrait-on pas s'�crier avec le vieillard de T�rence : incertior multo sum quam dudum. �
Mais la gloire du m�decin a fait tort au commissaire des poudres. Nicolas Thouvenel n'est m�me pas cit� dans la notice de A. de Haldat. Voir, au contraire, Histoire de l'Acad�mie royale des sciences, ann. 1782, p. 53-55, o� l'�troite collaboration est express�ment affirm�e : �� Les auteurs sont M. Thouvenel, docteur en m�decine, associ� r�gnicole de la Soci�t� royale de m�decine, et N. Thouvenel, commissaire des poudres et salp�tres au d�partement de Nancy.� (Cf. Encyclop�die m�thodique, Arts et m�tiers, t. VII, p. 172-176.) Le travail des Thouvenel a �t� publi� par l'Acad�mie dans le onzi�me volume de la collection des M�moires des savants �trangers, volume sp�cial intitul� : Recueil de m�moires et de pi�ces sur la formation el la fabrication du salp�tre, 1786, p. 55 et suiv.
Des coll�gues de Nicolas Thouvenel avaient pris part au concours. Le m�moire class� le troisi�me �tait d� � la collaboration de Gavinet, commissaire, et Chevrand, inspecteur des poudres et salp�tres de Franche-Comt� ; le m�moire class� le quatri�me avait �t� r�dig� par Chevrand seul.
(105) ROG�VILLE, Op. Cit., t. II, p. 426.
(106) Archives de Meurthe-et-Moselle, C. 313.
(107) La ville de Pont-�-Mousson, notamment, demande �� qu'on avise aux moyens de supprimer les entraves et les vexations que commettent journellement les salp�triers dans l'exercice de leurs fonctions, tant � la ville qu'� la campagne�. Les trois ordres r�unis du bailliage de Rosi�res, souhaitent �� que les salp�triers ne puissent travailler que dans les lieux publics, et non dans les caves, celliers et engrangements, �curies pav�es ou ciment�es, sans qu'ils exigent rien des communaut�s auxquelles leurs commettants les rendent � charge �. Ces derni�res dol�ances sont notoirement exag�r�es, et donneraient une id�e fausse, p�jorative, de l'�tat de choses. (Archives parlementaires, t. -II, p. 232, col. 1; t. IV, p. 88, col. 2, art. XVI.)
(108) Article X du bail Primard; article VII du bail Mahieu.
(109) Arr�t du 1er janvier 1704. (Recueil des ordonnances de Lorraine, t. I,p. 405.) Anciens baux et anciennes ordonnances.
(110) Archives de Meurthe-et-Moselle, C. 313.
(111) Sur le faux saunage et sa r�pression, voir Pierre Boy�, Le sel et les salines en Lorraine au XVIIIe si�cle, p. 52 et suiv. - Nous avons dit, dans cette �tude, que les consommateurs pauvres �taient tent�s d'user de sel de salp�tre. Il �tait interdit � la ferme des poudres d'en faire argent, sous les m�mes peines. A la suite de l'arr�t du 8 ao�t 1777, le sel marin provenant des ateliers � salp�tre dut �tre remis � la Ferme g�n�rale, qui en payait le prix.

 

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