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Poudres et
salp�tres en Lorraine au XVIIIe si�cle
(notes renum�rot�es)
Bulletin du Comit� des travaux historiques et
scientifiques. Section des sciences �conomiques et
sociales
1910
S�ance du jeudi 31 mars 1910.
[...] M. LE PR�SIDENT
donne la parole � M. Pierre BOY�, qui lit son m�moire
intitul� : Les poudres et salp�tres en Lorraine au
XVIIIe si�cle.
Ainsi que les postes et messageries, les poudres et
salp�tres de Lorraine et Barrois faisaient, au milieu du
XVIIIe si�cle, l'objet d'un bail sp�cial pass� par le
gouvernement � une compagnie particuli�re. Mais ici le
prix du bail n'advenait pas � la Ferme g�n�rale. Elle
n'avait aucun int�r�t dans l'exploitation du monopole
(1).
Comme en France, comme dans les petites principaut�s
enclav�es ou limitrophes, l'extraction du salp�tre fut
de bonne heure, dans ces Etats, un droit r�galien, que
les ducs, s'ils n'en retiraient le plus souvent qu'un
faible avantage p�cuniaire et direct, se gardaient du
moins de n�gliger.
��C'est un droit souverain qui nous compette et
appartient seul �, pr�cise Henri II dans un acte du 31
d�cembre 1610 (2).
La fabrication et la vente de la poudre ne furent au
contraire que tardivement r�serv�es et r�glement�es. Le
salp�tre �tait achet� par des poudriers ind�pendants,
qui d�bitaient en libert� leurs produits. En 1618, pour
la premi�re fois, le prince limite le nombre des ��
moulins � poudre �. Il ne laisse subsister que ceux de
Nancy et de Pierrefitte (3). Toute la poudre
confectionn�e par des industriels de son choix, et � de
certaines conditions, devra �tre apport�e aux arsenaux
de Nancy et de Saint-Mihiel. Dans ces magasins se
pourvoiront exclusivement les marchands. L'importation
des poudres �trang�res, de la poudre de Strasbourg en
particulier, alors fort appr�ci�e, est dor�navant
prohib�e (4). Presque aussit�t, il est vrai, il sera
d�rog� par Henri II lui-m�me � ces mesures (5). Mais le
principe du monopole �tait pos�. Les deux occupations de
la Lorraine par Louis XIII et par Louis XIV n'allaient
pas tarder � le pr�ciser et � l'affermir.
D�s la restauration dynastique, L�opold se pr�occupe de
fournir les duch�s des �� poudres qui s'y peuvent
consommer annuellement et d'emp�cher l'achat des
�trangers � (6). Il s'entend d'abord avec un de ses
favoris, Joseph Willemin de Heldenfeld, qui obtient, par
lettres patentes du 22 d�cembre 1698, le privil�ge de la
manufacture des poudres et salp�tres. Ce courtisan
embrassait trop de sp�culations hasardeuses et diverses
pour r�ussir.
N'�tait-il pas aussi, en plus qu'industriel, commissaire
des troupes, introducteur des ambassadeurs et ma�tre des
c�r�monies (7) ? Il ne sut faire face � ses engagements.
La soci�t� form�e par le Toscan Bocconi, et qui r�unit
plusieurs notabilit�s du pays, � commencer par le
receveur g�n�ral des finances, Jean Gayet, n'eut gu�re
meilleur succ�s. Des proc�s divis�rent les int�ress�s.
Un jour, � Nancy, lors de la venue d'un personnage de
marque, le canon ne put �tre tir� faute de munitions, �
la grande mortification du souverain (8). Une troisi�me
tentative donna des r�sultats plus satisfaisants.
L�opold � accept� la proposition du premier lieutenant
de son artillerie, Edouard de Warren. Par contrat du 1er
f�vrier 1703, Warren est assur� de la fabrication
exclusive des poudres et salp�tres en Lorraine pendant
trente ans (9). Puis, en 1709, ce privil�ge est �tendu,
� son b�n�fice, au Barrois mouvant pour trente-trois
ann�es, tandis qu'une prorogation du contrat initial
�tablit la concordance en dur�e des deux arrangements
(10). Il ne s'agissait encore que de le production. Le
monopole de la vente restait distinct. Le 10 d�cembre
1703, le duc a permis en effet au garde de ses magasins
de poudres et salp�tres, le nomm� Thierry Charles, d'en
faire, � l'exception de tous autres et � partir du 1er
f�vrier suivant, le d�bit en gros, avec facult� de
d�signer pour l� vent� en d�tail des pr�pos�s dont les
commissions seraient vis�es par le grand ma�tre de
l'artillerie (11).
Le 22 d�cembre 1725, le Conseil des finances accordait
enfin � Warren lui-m�me, pour six ann�es, la ferme de la
�� distribution des poudres dans tous les Etats de Son
Altesse Royale � (12).
C'est une figure curieuse que celle du directeur g�n�ral
des poudres et salp�tres, ainsi que s'intitulait
�galement le premier lieutenant de l'artillerie de
L�opold. D'origine irlandaise, capitaine au r�giment de
Dublin, gouverneur en 1689 des places de Belfast et de
Carlingford, Edouard de Warren, apr�s avoir soutenu la
cause de Jacques II d'Angleterre, avait �t� appel� en
Lorraine par son compatriote le comte de Carlingford,
ministre �cout� du duc (13). Actif et ing�nieux,
v�ritable brasseur d'affaires, cet �tranger ne tarda pas
� porter sa principale entreprise � un haut degr� de
prosp�rit�. Il ne se contenta pas de remplir les clauses
stipul�es dans les contrats : utilisation et
augmentation de la poudrerie de Nancy; cr�ation � ses
frais, dans la capitale, de �� halles et terres de
mini�res � pour la production du salp�tre. Il reprit �
son compte les trait�s pass�s pour le moulin � poudre d'Euville,
qui avait de longue date aliment� la seigneurie de
Commercy et de nouveau alimentait cette minuscule
principaut� r�tablie le 31 d�cembre 1707 en faveur de
Charles-Henri de Lorraine, comte de Vaud�mont (14). Il
devint propri�taire d'une poudrerie plus importante �
Ligny (15), chef-lieu du comt� poss�d�, jusqu'�
l'acquisition qu'en devait faire L�opold le 6 novembre
1719, par la maison de Montmorency-Luxembourg.
L'habilet� d'une famille de poudriers, les Fauque, et
surtout l'excellence des produits fabriqu�s par l'un des
derniers exploitants, Laurent Fauque, avaient rendu ce
moulin fameux (16). Ayant de la sorte pr�venu toute
concurrence, Warren r�solut de fonder � Bar m�me une
derni�re usine. Mais une s�rieuse question se posait. Le
roi accepterait-il l'�rection en terre de mouvance de
semblable fabrique? La compagnie fermi�re fran�aise,
redoutant le versement des poudres dans le Clermontois,
la Champagne, � Paris peut-�tre, n'y mettrait-elle pas
obstacle ? Warren se rend � Versailles; il est assez
heureux pour se m�nager une audience de Louis XIV. Il
revient avec une adh�sion qui surprend agr�ablement la
cour de Lun�ville (17).
En 1737, � la cession des duch�s, trois de ces
poudreries �taient en pleine activit� : celles de Nancy,
de Ligny et de Bar. Le privil�ge exclusif de la
fabrication ne devait expirer qu'au 31 d�cembre 1741 et
le privil�ge de la distribution, pour lequel Edouard de
Warren fils (18) substitu� � son p�re d�funt, avait peu
avant obtenu une prorogation consid�rable, au 31
d�cembre 1770 seulement (19). Si donc les engagements
ducaux avaient �t� respect�s, c'est durant pr�s de
trente-cinq ann�es encore qu'en ce qui concernait cette
partie l'assimilation avec le r�gime fran�ais f�t
demeur�e impossible. Afin de h�ter l'unification
d�sir�e, l'intendant La Galaizi�re ne recula devant
aucun moyen : promesses, intimidation; Sous sa pression
�nergique; les h�ritiers de Warren p�re ayant, bien que
de fort mauvais gr�, renonc� � leurs droits et abandonn�
au domaine les �tablissements qu'ils exploitaient,
contre une indemnit� de 171,000 l. (20), le Conseil des
finances conc�da aussit�t, le 19 novembre 1738, pour
huit ann�es � partir du 1er janvier 1739, le double
monopole de la fabrication et de la vente � la ferme des
poudres et salp�tres de France repr�sent�e par
l'adjudicataire g�n�ral Charles Primard (21). Le prix de
ce premier bail fut de 155,151 l. 10s 4d de Lorraine,
payables en une seule fois et d'avance. Le prix du
second, consenti au nom de Jacques Mahieu, pour courir
du 1er janvier 1747 au 31 d�cembre 1755, devait �tre
r�duit � 38,750 l. (22).
Aux renouvellements successifs, la ferme s'engageait de
plus � fournir gratuitement, chaque ann�e, 600 livres de
poudre � giboyer pour le service de Sa Majest�
Polonaise. Jusqu'� la mort de Stanislas, qui fit enfin
cesser cette dualit� de pure forme et permit une enti�re
confusion, les baux des poudres et salp�tres de Lorraine
et Barrois correspondirent ainsi et co�ncid�rent en
dur�e avec les baux des poudres et salp�tres du royaume
(23).
Du commissaire g�n�ral des poudres et salp�tres de
France, que son mandat constituait l'homme du roi,
charg� de veiller � l'exactitude et au bien du service,
mais qui, dans la pratique, se trouvait toujours �tre un
des fermiers, ordinairement le plus consid�rable d'entre
eux (24), d�pendaient un certain nombre de commissaires
provinciaux. Il y eut, de ce moment, un commissaire des
poudres et salp�tres de Lorraine et Barrois. Cet agent,
qui, du vivant de Leszczynski, prenait aussi volontiers
et m�me de pr�f�rence la qualit� de directeur (25),
r�sidait � Nancy (26). Pour des raisons qui appara�tront
plus loin, il avait, conjointement avec son coll�gue de
Metz, lequel se pr�valait d'ailleurs de la r�ciprocit�,
inspection sur les salp�triers des Trois-Ev�ch�s. M.
Duprat fut le premier en fonction. Il faut citer ensuite
Jean-Baptiste de Jort de Jenneville, � qui succ�da en
1763 M. Mugneret (27).. Sous les ordres du commissaire,
le personnel du bureau g�n�ral des poudres de Nancy se
composait d'un inspecteur pour le Barrois, d'un
contr�leur et de deux commis (28).
Le r�gime inaugur� en 1739 fut l'occasion d'importants
changements. L'article XVII du bail, qui donne libert� �
l'adjudicataire, �� si bon lui semble, de suspendre ou
faire cesser la fabrication des poudres aux moulins
actuellement �tablis � Bar et � Ligny, m�me de destiner
lesdits moulins et leurs cours d'eau � d'autres usages
�, avait �t� intentionnellement ins�r�. La compagnie
�tait r�solue � supprimer ces deux usines. La poudrerie
de Bar, situ�e � la jonction du canal des moulins avec
l'Ornain, � l'extr�mit� du faubourg des Capucins, et
qui, forte de seize �� battants �, comprenait une petite
salp�tri�re, fut sur-le-champ d�saffect�e (29). De m�me
en fut-il de la poudrerie de Ligny, �tablie � l'ouest de
cette ville, sur le ruisseau du Mordesson, dans le val
des Annonciades. Administrativement, on consid�ra les
deux fabriques ferm�es comme r�unies � la poudrerie de
Nancy (30). Quelques ann�es encore, le moulin barrisien
servit � l'entrep�t g�n�ral des poudres et salp�tres du
Barrois, ainsi qu'au logement du garde-magasin. De son
c�t�, l'inspecteur des poudres et salp�tres du Barrois
profita des locaux de Ligny. Puis, dans l'une et l'autre
ville, la ferme n�gligea compl�tement constructions et
terrains, se contentant de les louer � des particuliers
(31).
Moins connue par la bont� de ses produits que celle de
Ligny, la poudrerie de Nancy avait toutefois un pass�
int�ressant. Au milieu du XVIe si�cle, nous la trouvons
d�j� �rig�e non loin de la Meurthe, � la t�te du canal
des Grands Moulins, d'o� elle tire, sur la gauche, la
force motrice n�cessaire, par une d�rivation propre dont
la courbe d�limite avec le canal lui-m�me l'�lot allong�
que ces eaux enserrent encore aujourd'hui. Nous voyons
en 1592 le �� battant et moulin � poudre � de Nancy remis
� neuf simultan�ment avec une autre poudrerie domaniale;
install�e en amont de la rivi�re, au village de
Tomblaine, et qui dispara�tra peu apr�s (32). Connue au
XVIIe si�cle sous le nom de poudrerie Saint-Fran�ois,
l'usine est ruin�e lors de l'incendie des Grands
Moulins, le 14 septembre 1633,.pendant le si�ge de la
capitale lorraine par Louis XIII (33). Tour � tour
relev�e (34) et d�truite, c'est elle que L�opold, �
peine rentr� dans les duch�s, parle, le 11 octobre 1698,
de �� faire r�tablir... comme elle a �t� ci-devant proche
notre ville de Nancy � (35), La soci�t� Bocconi
s'employa � cette t�che. En l'honneur du prince, le
nouveau moulin � poudre devient le moulin Saint-L�opold,
laiss� en 1703 � la disposition d'Edouard de: Warren
(36). Son contrat obligeait le premier lieutenant de
l'artillerie � mettre l'usine �� � seize battants �, contre une indemnit� de 60 �cus de 3 livres. II fit
mieux.
A la suite d'une explosion survenue le 22 septembre 1712
(37), Warren a reb�ti l'ensemble sur un plan meilleur,
et, s'il faut eh croire son fils, la r�putation des
produits de cette fabrique s'est bient�t affirm�e � ce
point que les pays voisins n'en ont plus voulu d'autres
(38).
De m�me que toutes les poudreries d'alors, l'usine
nanc�ienne se composait essentiellement du moulin
proprement dit, o� des piloris de bois, - les battants,
- men�s par une roue, broyaient les mati�res, et de
plusieurs b�timents; isol�s et plats o� s'effectuaient
les manipulations : boutique pour la composition,
grainoir o� se grainait la poudre, atelier de
l'essorage, s�choir ou po�le, lissoir o� s'obtenait le
lustre de la poudre de chasse. On acc�dait � la
poudrerie par une porte coch�re ouvrant sur une large
cour. Un grand jardin clos en d�pendait (39). Afin
d'utiliser le surplus du courant, Warren s'�tait avis�
de construire � proximit�, en aval, un moulin � foulon.
Il y avait joint un moulin � d�graisser les draps
suivant la m�thode employ�e dans les Pays-Bas: une
hollandaise; une frise aussi pour friser la ratine. Et
comme de l'eau encore �tait disponible, il avait
augment� cette petite agglom�ration industrielle d'une
scierie de son invention (40). En 1738, le domaine �tait
entr� en possession de ces annexes. Il les accensait,
mais l'adjudicataire de l'�tablissement principal
touchait les redevances (41). Il ne semble pas que les
fermiers se soient grandement souci�s au d�but de la
prosp�rit� de la poudrerie de Nancy. Sans doute
obtenaient-ils de la Chambre des comptes, le 12 juillet
1743, un arr�t interdisant d'embarrasser le canal
particulier, d'y p�cher et de placer des bois autour de
l'enceinte (42). Mais, le 16 novembre suivant, une
imprudence renversait l'usine (43) et les traitants
profilaient de cet accident pour discontinuer tout �
fait la fabrication dans la province. Durival peut
�crire en 1753 : �� Il y a eu des poudreries en
Lorraine � (44). Dom Calmet nous montre �galement, en
1756, les trois poudreries des duch�s �� enti�rement
abandonn�es � (45). Ce n'est qu'apr�s une longue
interruption, - pendant laquelle les deux poudreries
�v�choises, celles de Metz et de Belleray, pr�s de
Verdun, re�urent la totalit� du salp�tre recueilli eu
Lorraine et redoubl�rent d'activit� (46), - que la
compagnie se d�cida, non sans avoir beaucoup h�sit�, �
remonter le moulin � poudre des bords de la Meurthe
(47). La poudrerie royale de Saint-L�opold recommence �
fonctionner vers 1762, date � laquelle s'y rencontrent
un ma�tre poudrier, cinq gar�ons poudriers et un ma�tre
charpentier (48). Elle est la vingt et uni�me du royaume
(49). Elle ne va plus cesser de produire, jusqu'� ce
qu'un dernier sinistre l'ayant an�antie le quatri�me
jour compl�mentaire de l'an II (20 septembre 1796), elle
soit enfin supprim�e sans retour (50).
Le soufre entrant dans la pr�paration de la poudre
�tait, comme on le pense, import�. Il se demandait aux
raffineries de Marseille, de Venise et de Hollande. Le
pays fournissait le charbon et le salp�tre.
Le charbon l�ger que donne le bois poreux de la
bourdaine (51) �tait d�j� regard� comme pr�f�rable �
tout autre. Aussi la compagnie n'eut-elle garde de ne
pas s'assurer la disposition exclusive d'une essence si
utile. En 1747, il est interdit � toute personne,
particuli�rement aux vanniers, de se servir du bois de
bourdaine, �� autrement appel� bois de pin �, � peine de
300 l. d'amende et de confiscation des ouvrages. Aucune
adjudication, vente ou coupe ne peut �tre faite, sous
menac� de pareille r�pression, en for�ts communales ou
seigneuriales, dans un rayon de douze lieues autour de
Nancy, de Ligny et de Bar, sans que tous les pieds de
bourdaine de trois � cinq ans d'�ge n'aient �t� mis de
c�t� pour �tre fa�onn�s en bottes dont les fermiers des
poudres disposeront, s'ils le jugent; � propos, eu en
payant deux sols de France par hotte. La ferme avait
aussi le droit de faire couper elle-m�me, et moyennant
r�mun�ration identique, celle bourdaine dans toute for�t
soit communale, soit particuli�re, o� il n'y avait pas
de coupes adjug�es ou ouvertes. Dans les for�ts du roi,
elle ne devait que le salaire des gardes pr�sents �
l'enl�vement, soit 20 sols par cent bottes (52).
Il est � remarquer que c'est au moment o� la poudrerie
de Nancy ch�mait, que ces prescriptions furent pour la
premi�re fois mises en vigueur, au seul avantage,
pendant cette interruption, des manufactures �v�choises.
Faut-il �galement souligner l'illogisme qu'il y avait �
maintenir autour de Bar et de Ligny des zones r�serv�es
? Pour la recherche du pr�cieux bois, le commissaire des
poudres d�signait des ouvriers sp�ciaux. La bourdaine
que ces gens amassaient devait �tre voitur�e par les
communaut�s (53). Ce charroi s'effectuait aux m�mes
conditions que le charroi du salp�tre dont nous
parlerons tout � l'heure.
Qu'�tait la faible g�ne caus�e par l'interdit sur le
bois de bourdaine, en comparaison des multiples et
grav�s ennuis qui d�coulaient de l'extraction du
salp�tre ? Ce sel se recueillait en abondance dans toute
la r�gion (54), et les salp�triers �taient pour les
habitants des duch�s une vieille et d�sagr�able
connaissance (55). L�opold, revenant r�gner sur ses
sujets, avait presque aussit�t renou� la tradition et
d�livr� des commissions de salp�triers, dont il fixait
le nombre � trente. Mais, devant le m�contentement
unanime que provoqua celle cr�ation, le prince eut un
beau geste.
Pr�f�rant, disait-il, le bien et la tranquillit� de son
peuple � ses propres int�r�ts, il consentait �
l'affranchir de ces industriels f�cheux, en retour d'une
l�g�re contribution �� qui serait lev�e sur les
communaut�s sur le pied et r�le de la subvention �. La
d�claration du 11 octobre 1698 r�voquait, en
cons�quence, les malencontreuses commissions : ��
D�fendons tr�s express�ment � toutes sortes de
personnes, de quelque qualit� elles soient, de faire ou
faire faire aucune recherche de salp�tre, � peine de 500
francs d'amende, payable par corps pour la premi�re
fois, et de punition corporelle en cas de r�cidive, sauf
� nous � lever sur nos �tats une somme modique,
proportionn�e au produit de nos poudreries (56). � La
mesure �tait pr�matur�e. Une courte exp�rience le
d�montra. �� Il est arriv�, avoue le prince, le 1er
septembre 1701, que le salp�tre, qui est une marchandise
absolument n�cessaire dans le commerce pour les
diff�rents usages auxquels on s'en sert, est devenu si
rare dans nos Etats, que, quelque besoin qu'on en puisse
avoir, il est presque impossible d'en trouver. � Afin de
rem�dier � cette disette du nitre, des salp�triers sont
de nouveau commissionn�s, au nombre de soixante cette
fois, qui, tenus de travailler incessamment �
l'approvisionnement des magasins de Nancy et de fournir
chacun au moins 150 livres de salp�tre par mois,
effectueront leurs recherches �� dans tous les vieux
ch�teaux, masures et autres lieux ruin�s et d�serts,
m�me dans les halles et autres lieux publics �. La
subvention reste augment�e de la cote accessoire. En
compensation de cette taxe, L�opold interdit de fouiller
chez les particuliers qui s'y opposeront et d'exiger
d'eux logement, combustible ou voilures (57). L'avantage
�tait trop grand encore pour l'�poque. Un arr�t de
r�glement sign� au Conseil le 19 avril 1702, compl�t� et
pr�cis� par l'ordonnance du 10 ao�t 1724, rendit ces
appr�ciables r�serves lettre morte. Ne furent plus
except�s de la fouille que les �glises, les clo�tres et
maisons religieuses, les ch�teaux, les demeures
seigneuriales et les fiefs. Le logement de l'ouvrier, le
bois de cuite, le charroi de ce bois et des produits,
deviennent obligatoires, moyennant les indemnit�s
pr�vues au tarif (58).
A partir de 1739, les salp�triers poursuivirent, avec
plus d'ardeur et de minutie que jamais, leur d�plaisante
besogne. Le bail de Primard, qui autorise pour la poudre
le ralentissement de la fabrication, pr�voit ici un
accroissement de production. Il lui sera loisible �� de
faire � ses frais et d�pens, dans tous les lieux de la
Lorraine et du Barrois qu'il lui conviendra, tels
�tablissements qu'il estimera n�cessaires pour
perfectionner et augmenter la fabrique des salp�tres
(59). Le contrat de 1747 est plus significatif encore.
L'adjudicataire �� pourra faire... les �tablissements
n�cessaires pour porter la fabrique des salp�tres au
plus haut point qu'il se pourra, et r�tablir la
recherche et amas dudit salp�tre dans les lieux o� elle
aurait pu �tre n�glig�e et abandonn�e (60) �
Ils sont maintenant quatre-vingt-dix salp�triers, dits
salp�triers du roi, que-choisit ou r�voque le
commissaire des poudres. Affect�s � autant
d'arrondissements dans les limites desquels ils ont
obligation de se confiner (61), ils parcourent sans
rel�che, suivis de leurs aides et de leur attirail, le
territoire assign�, visitant tour � tour chaque
localit�, chaque hameau, chaque cens� isol�e. D'apr�s
l'ordonnance du 10 ao�t 1724 qui autorisait les
salp�triers � �� travailler alternativement partout �,
c'�tait aux pr�v�ts a r�gler l'itin�raire. Au vu de la
liste des communaut�s �� � salp�trer �, ces officiers
fixaient de proche en proche les �tapes. Il n'�tait
loisible � un salp�trier de s'�loigner d'un endroit que
sa t�che accomplie. Mais peu � peu la plupart des
pr�v�ts s'�taient rel�ch�s de leur contr�le. Ils
n'�taient plus intervenus que pour omettre
volontairement certains villages ou pour affranchir de
la servitude leurs prot�g�s. Le commissaire de Jort de
Jenneville prit l'initiative de donner aux salp�triers
un ordre particulier pour chaque localit�. A son
arriv�e, le salp�trier doit exhiber cet ordre; il ne
repartira pas qu'il n'ait obtenu du syndic un certificat
constatant le parfait ach�vement de l'ouvrage. L'arr�t
du Conseil du 24 ao�t 1748 est consacr� � cette r�forme
(62). Dans une ordonnance du 31 octobre 1754, La
Galaizi�re assura plus soigneusement encore la
discipline. Il dicta au commissaire des poudres, seul
apte � r�gler, village par village, la tourn�e de ses
hommes, la formule de l'ordre � leur d�livrer. Cette
ordonnance vise aussi la conservation des terres
salp�treuses. D�veloppement rigoureux des articles, du
10 ao�t 1724, elle fait d�fense aux propri�taires et
locataires de d�placer et de corrompre ces terres; elle
accro�t par ses strictes pr�cautions l'assujettissement
impos� aux populations, les entraves apport�es � la
libre disposition des immeubles. Quand un salp�trier a
termin� son travail dans une communaut� et qu'il a remis
; en leurs lieux d'extraction les terres remu�es, il a
le devoir de dresser contradictoirement avec le syndic,
et maison par maison, le d�tail exact du volume des
terres et de la quantit� de nitre extrait. De cette
terre, nul ne pourra jusqu'� son retour enlever quelques
poign�es, en laisser mouiller ou g�ter de quelque fa�on
que ce soit, sans �tre passible d'une amende de 100
francs. Les syndics sont responsables. Une double
contravention sanctionne leur manque �vident de
surveillance. Cette surveillance s'appuie sur le dernier
�tat �valuatif. Pareil document est conserv� au Bureau
g�n�ral des poudres (63). En m�me temps qu'il remet � un
salp�trier son ordre d'aller �� travailler � une
communaut�, le commissaire peut donc, gr�ce � ces
archives, le pourvoir d'une liste num�rique des terres �
nitre conserv�es : 1� dans les d�pendances non enclav�es
du ch�teau, de la maison seigneuriale et des fiefs ; 2�
dans les b�timents de la cure; 3� dans la maison du
maire; 4� dans celle du syndic; 5� chez chacun des
autres habitants. C'est ainsi que le salp�trier
Jeanpierre, qui se rend � Arraye en 1756, apprend qu'il
y disposera de 420 cuveaux de terre salp�treuse d�j�
reconnue; et comme il n'ignore pas davantage que ces 420
cuveaux ont pr�c�demment rendu 305 livres de nitre brut,
il y a grand risque pour les d�linquants. D'autre part,
le commissaire ne d�livre plus aucun ordre que le
pr�c�dent ne lui ait �t� rapport�. Il est � m�me de
juger si le salp�trier qui, selon les propres termes de
Mugneret, ne peut plus �� courir comme autrefois �, est
demeur� � son poste le temps voulu (64). L'arbitraire
est moindre; par contre, les occasions d'amende se sont
multipli�es.
Muni de sa licence et de son redoutable papier, le
salp�trier, arriv� dans un village, commence par se
pr�senter au syndic. Il lui r�clame un toit. Le local
auquel il a droit, � condition d'en payer un loyer
mensuel de 30 sols (65), doit comprendre une chambre �
coucher, une pi�ce avec chemin�e, o� il montera sa
chaudi�re, des d�pendances ferm�es o� prendront place
les cuves � eau m�re et le salp�tre frais (66). Il
s'installe. D�s lors, tout habitant peut s'attendre � le
voir entrouvrir sa porte.
Seuls, en principe, les �glises, les couvents, les
ch�teaux et maisons seigneuriales �taient, nous l'avons
dit, ferm�s aux salp�triers. La th�orie souffrait
d'assez nombreuses exceptions. Presque toutes les
communaut�s religieuses d'hommes et de femmes
pr�tendaient �tendre l'exemption � leurs maisons de
campagne, � leurs diff�rents fonds. Les unes exhumaient
d'anciens titres, plus ou moins probants; les autres
r�ussissaient � en arracher � la complaisance mi-avou�e,
mi-d�guis�e du commissaire et de la ferme. Les J�suites,
par exemple, continuent de se pr�valoir d'une d�cision
qui remonte au 1er f�vrier 1661 et porte la signature du
�� Commissaire ordonnateur de l'artillerie de France,
poudres et salp�tres de Lorraine et Barrois, au lieu de
Nancy � : Fraizet (67). Le train de culture que les
Visitandines de Pont-�-Mousson poss�dent � Atton est
l'endroit de tout l'arrondissement o� le salp�trier fait
la plus ample r�colte. Or, dans l'�t� de 1739, celui-ci
est violent� par des domestiques trop z�l�s, qui
pr�tendent l'expulser. Malgr� ces s�vices, le
commissaire Duprat fait aux religieuses la gracieuset�
d'�loigner l'importun. La raison, tr�s officieuse, s'en
lit dans: une lettre que, en femme prudente, la
sup�rieure a pris la pr�caution d'annoter de ces mots :
�� D�fense du fermier g�n�ral au salp�trier de chercher
du salp�tre dans notre maison d'Atton, qui ne doit pas
�tre montr�e et doit servir d'instruction pour n'user
que des moyens de douceur quand semblables ouvriers se
pr�sentent � Atton. � Cette raison est que Duprat a deux
filles clo�tr�es � Paris. Il les recommande, ainsi que
leur p�re, aux �� saintes pri�res � des Visitandines
(68). Ces distinctions injustifi�es n'�taient pas sans
�tre remarqu�es et sans pr�ter, de la part des voisins
moins heureux, � une aigre critique.
Le salp�trier ne devait pas �� toucher aux granges �
battre les grains �, ni �� d�paver et d�plancher les
appartements occup�s par les personnes �. Mais il avait
le libre acc�s des �curies, �tables, bergeries, caves et
paillers (69). L� toutes investigations lui �taient
permises, � la seule condition, comme le pr�cisent les
lettres patentes du 3 juillet 1747, pour l'ex�cution du
bail de Mahieu, de remettre les choses en place, de
boucher les trous et de r�tablir les murs, �� si aucuns
sont d�molis ou en danger de p�rir par la recherche des
terres, en la m�me forme et mani�re qu'ils �taient
auparavant � (70). Cette recommandation dissimule, sous
une r�serve en apparence favorable, une �norme
aggravation � la l�gislation ant�rieure. Celle-ci
prescrivait aux salp�triers de s'�loigner de 2 pieds du
fondement des murailles, des portes et des �tan�ons,
d'arr�ter ses fouilles � la profondeur d'un pied. Le
temps n'est plus davantage o�, sous le r�gime de l'arr�t
du 19 avril 1702, il �tait d� aux propri�taires ou aux
locataires, en d�dommagement d'un tel embarras, 5 sols
par toise carr�e de terre remu�e (71).
On imagine ais�ment combien le choix du g�te et de
l'atelier du salp�trier, combien le bouleversement
p�riodique des locaux, soulevaient de difficult�s. Le
salp�trier arr�tait sa pr�f�rence sur l'un des logements
d�sign�s par le syndic, et cette d�signation �tait d�j�
mati�re � d�bats. Personne n'admet que son immeuble ait
mieux qu'un autre attir� l'attention.
Les syndics sont accus�s de favoriser des amis, de l�ser
des adversaires.
Si la majorit� des plaintes sont mal fond�es, il y a
chance pour que bien de mesquines rancunes se soient en
cette occasion impun�ment satisfaites. La maison
est-elle inoccup�e ? le propri�taire craint que tout n'y
deviennes � l'abandon. La chaudi�re est un danger
permanent d'incendie. Ici, c'est un n�goce troubl�; tel
celui de Joseph Mary, mercier � Domjevin, subd�l�gation
de Lun�ville : �� Le suppliant a souffert, souffre et
souffrira encore � l'avenir un dommage consid�rable. Ses
marchandises se ternissent par la vapeur sortant des
cuves destin�es au travail; il faisait un commerce de
vin qui se trouve interrompu depuis le commencement
d'avril dernier. Ce commerce l'aidait � se soutenir avec
sa famille. La communaut� de Domjevin a cru le
d�dommager en lui accordant par d�lib�ration le surpoil
de 2 fauch�es et demi de pr� au canton dit la Croix...
Mais l'autorisation de l'intendant n'est pas encore
arriv�e, et cependant la communaut� est sur le point de
proc�der au partage des pr�s... (72) � Ailleurs, ce sont
des projets contrari�s, des complications impr�vues. A
Morhange, un salp�trier prend possession, trois mois
avant la Saint-Georges, d'une maison vacante.
Il y prolonge son s�jour. Quand il la quitte, le
propri�taire est dans l'impossibilit� de la louer, parce
que, selon l'usage local, au 23 avril tout habitant est
log� pour l'ann�e (73).
Dans l�s maisons fouill�es, c'�tait pire encore. On
discute le temps n�cessaire au travail. On accuse le
salp�trier d'indolence. II est encombrant, imprudent. Il
envahit les lieux indispensables � l'exploitation
agricole. Son �tourderie, sa n�gligence:, parfois sa
malice, n'occasionnent que trop souvent la perte
d'animaux domestiques, bless�s ou empoisonn�s. En d�pit
des instructions formelles (74), il n'�loigne pas ses
cuves du b�tail; il oublie de les couvrir. �� Le
suppliant, �crit � l'intendant un habitant de Bl�mont,
le suppliant justifiera par-devant votre subd�l�gu�,
dans la huitaine, que les cuves du salp�trier, lors de
la mort du boeuf dont il s'agit, �taient plac�es dans
l'�curie � port�e dudit boeuf, qui a crev� hors de sa
place, pr�s desdites cuves, et que ledit salp�trier
confie son atelier � deux filles, sans suivre par
lui-m�me ses ouvrages (75). �
Quand, pour faire diff�rer ou' interrompre les fouilles
aux �poques o� le libre usage des locaux est
d'importance extr�me pour les travailleurs des champs,
o� la rentr�e des foins, l'engrangement des moissons
encombrent les fermes, des laboureurs n'h�sitaient pas �
venir de loin solliciter � Nancy le commissaire des
poudres, comment les int�ress�s n'eussent-ils pas essay�
de gagner les salp�triers? Comment aussi ces ouvriers
besogneux fussent-ils rest�s insensibles aux profits de
march�s secrets ? Certes, il est rigoureusement interdit
aux habitants de composer avec les salp�triers; �
ceux-ci d'accepter quoi que ce soit, argent ou denr�es,
en �change de leurs complaisances (76). Mais, en
r�alit�, des offres suffisantes sont rarement repouss�es
par ces h�tes incommodes. Il en co�te m�me de rester
sourd � leurs allusions v�nales. L'un d'eux, � Andilly,
occupe un mois durant une maison pour lessiver 13
cuveaux de terre, en repr�sailles de ce qu' ��on n'a pas
voulu se soumettre � sa-loi et � ses propositions de
prendre arrangement�. Le m�me-motif fait qu'� Brin- deux
experts le constatent - des recherches qui auraient pu
�tre termin�es en huit jours ont tra�n� pendant quatre
semaines (77). �� Les salp�triers d�solent impun�ment les
gens de la campagne pour en extorquer le rachat de la
visite de cette esp�ce de brigands, surtout des
particuliers ais�s ou riches, qu'ils menacent d'un d�g�t
consid�rable dans leurs maisons, quoique souvent il n'y
ait pas lieu d'y salp�trer �, �crit un avocat de
Lun�ville. �� Ces salp�triers, qui ne peuvent am�liorer
leur condition qu'en faisant craindre tout le mal dont
ils sont capables, se comportent partout d'une mani�re
odieuse... Pendant l'ann�e 1755, �tant all�s au village
d'Anthelupt, pr�s de Lun�ville, pour y salp�trer, ils
s'attach�rent � la maison d'un bourgeois de cette ville
nomm� Antoine Bicaille, et dans cette maison ils
d�t�rior�rent les murs, non seulement cass�rent une
chemin�e, g�t�rent un plafond, mais encore ils pos�rent
leur chaudi�re si pr�s d'un beau treillage de vigne,
qu'il en fut br�l�; et firent p�rir des bestiaux pour
n'avoir point fait �couler leurs eaux salp�tr�es, comme
ils le devaient. Tout ce d�g�t ne fut fait que par
m�chancet�, pour se venger de ce que le propri�taire
n'avait pas voulu, suivant ses termes vulgaires, leur
graisser la palle. Je puis d'autant mieux attester ce
fait, que je pr�tai mon minist�re au bourgeois l�s�,
pour lui faire rendre la justice qu'on lui devait (78).�
Recrut�s dans la classe des manoeuvres, puisque � cette
condition seulement ils jouissent de tels avantages
(79), les salp�triers, qui, comme tous les autres commis
et ouvriers des poudres, sont exempts des imp�ts, du
logement des gens de guerre, de la plupart des charges
pesant sur leurs concitoyens, qui se parent du titre de
ma�tre, dont les ustensiles sont insaisissables (80),
n'en commandent qu'avec plus de fiert� et d'insolence.
Quelques femmes �taient commissionn�es. Elles se
faisaient ordinairement remarquer par leur cupidit�. Mal
en prit � un paysan de Gondreville de tenter d'en
fournir la preuve contre une veuve Messager. Apr�s
enqu�te, le subd�l�gu� de Nancy, Durival, conclut le 24
novembre 1761 : �� J'ai du tout dress� le proc�s-verbal
ci-joint. Je n'y ai pas ins�r� toutes les choses
inutiles qui ont �t� dites entre les parties. Il y a de
violentes pr�somptions que la salp�tri�re a en effet
re�u du grain pour prix de sa complaisance; mais, d'un
autre c�t�, il para�t que Barth�l�my a voulu induire
cette salp�tri�re en contravention, puisqu'il avait
cach� la justice locale, pour voir qu'il lui d�livrerait
du grain (81).�
Compris avec les gabelous dans les haines des campagnes
et des villes, les salp�triers sont en butte aux pires
avanies. On leur refusait un abri; ou les enfermait dans
leurs ateliers. On les prive de l'eau n�cessaire aux
manipulations. On l�che le liquide de leurs cuves. On
leur joue mille tours. On va jusqu'� les attaquer et �
les battre. Et ces rustres, grossiers, aigris, qui ont
conscience de leur importance non moins que de leur
impopularit�, prenaient leur revanche dans d'incessantes
vexations. Comme certains pr�pos�s aux travaux des
routes sont plus particuli�rement redout�s des
corv�ables, certains salp�triers ont, � la ronde, une
r�putation d�testable. Tel le fameux piqueur Robin qui,
avant d'�tre promu inspecteur dans la Lorraine
allemande, terrorisa les environs de
Rosi�res-aux-Salines (82); une famille de salp�triers,
les C�ler, fut longtemps le fl�au de la r�gion de la
Seille (83).
Les salp�triers sont d'autant plus ex�cr�s, que le
pr�judice caus� par leur passage se complique de charges
accessoires. Pour trouver le combustible qu'engloutit sa
chaudi�re, l'homme n'a pas � se pr�occuper. Il lui a �t�
pr�par� d'avance. Les bois communaux tout d'abord
fournissent les cordes n�cessaires. A leur d�faut, ce
sont les bois du domaine; subsidiairement les for�ts
particuli�res. Jusqu'en 1754, les quantit�s voulues
�taient, sur la demande du consommateur, marqu�es �
mesure par les officiers des grueries, puis des
ma�trises. Le salp�trier payait le bois d�s vassaux et
des communaut�s moiti� de son juste prix. Il devait le
couper et le fa�onner lui-m�me, tandis que le voiturage
incombait aux habitants � raison de 15 sols par corde et
par demi-lieue (84). L'arr�t que le Conseil des finances
rendit le 16 mars de cette ann�e sur l'initiative du
commissaire d�put� pour l'administration et la
r�formation g�n�rale des eaux et for�ts des duch�s,
Gallois, pr�vint les abus et le gaspillage inh�rents �
semblable m�thode. Le commissaire des poudres eut �
pr�senter annuellement, au 1er janvier, un �tat, dress�
ma�trise par ma�trise, des salp�triers qu'il se
proposait d'employer des localit�s o� il les enverrait,
du temps approximatif qu'ils y s�journeraient, des
quantit�s de bois dont ils auraient besoin; et cet �tat
ne devait plus varier. Un arr�t du 24 mars 1764
rench�rit sur ces dispositions. C'est � l'intendant que
l'�tat sera � l'avenir adress�, pour le dernier
trimestre de l'ann�e en cours et les neuf premiers mois
de l'ann�e suivante. L'intendant le v�rifie et le
modifie � sa guise. Ainsi amend� et certifi�, il est
retourne au commissaire, qui le fait parvenu" au grand
ma�tre avant le 1er mars. Celui-ci donne alors toutes
instructions � ses subordonn�s, en vue de la d�livrance
(85).
Sous le r�gime de 1754, dans les for�ts communales,
d�sormais interdites aux salp�triers, le bois est
pr�lev� sur l'affouage. Ce sont les communaut�s qui
l'abattent et le fa�onnent en b�ches de dimensions
d�termin�es (86), puis qui le voiturent, de mois en
mois, aux ateliers.
Rendue � l'atelier, la corde �tait pay�e 5 l. 10 sols, �
condition que la distance ne f�t pas sup�rieure; � une
demi-lieue; la majoration est de 15 sols par demi-lieue
suppl�mentaire. Dans les for�ts du domaine et des
vassaux, o� ils continuent d'avoir acc�s, les
salp�triers ne donnent de la corde, prise sur pied, que
4 livres (87).
A partir de 1764, le prix de ce bois, sans distinction
d'origine, fut abaiss� � 30 sols de France, auxquels il
faut ajouter, dans les for�ts communales, 12 sols pour
la fa�on et 15 sols pour le transport. Les quantit�s
demand�es en surplus de l'affouage sont r�gl�es � 33
sols. Sur la vente du bois d�livr� aux salp�triers par
les communaut�s, le roi pr�levait le tiers denier
habituel (88). En 1760, il entre, de ce fait au Tr�sor,
pour les deux ma�trises de Nancy et de Lun�ville, une
somme de 584 l. (89). Si l'on n'oublie pas que dans la
capitale lorraine, en 1751, le bois �tait tax�, selon la
qualit�, de 10 � 32 l. de Lorraine la corde (90), on
conviendra que le tarif r�duit dont profilaient les
salp�triers constituait un v�ritable imp�t d�guis�. Au
del� des d�clarations, les salp�triers traitaient de gr�
� gr�; mais le voiturage de cet exc�dent restait
obligatoire aux conditions susdites.
Les communaut�s �taient contraintes d'assurer le
transport des salp�triers et de leur mat�riel d'un
atelier � l'autre. Pareillement le nitre brut �tait
conduit sur r�quisition aux raffineries, seuls endroits
o� ce sel pouvait �tre purifi� et vendu. La raffinerie
lorraine se trouvait � Nancy; celle des Trois-Ev�ch�s, �
Verdun. Il n'y avait pas d'�tablissement de ce genre �
Metz, et la ferme avait n�glig�, en m�me temps que la
poudrerie de Bar, la petite salp�tri�re que Warren y
avait annex�e. Pour la commodit� du service, le salp�tre
�tait indiff�remment dirig�, selon les distances pu l�s
besoins des poudreries, soit sur Nancy, soit sur Verdun,
sans qu'il f�t tenu compte du lieu d'origine, sol
lorrain ou sol �v�chois. Voil� pourquoi les commissaires
des poudres des deux g�n�ralit�s avaient respectivement
autorit� sur les salp�triers de l'un et l'autre bureau
(91). De m�me y avait-il entente pour le charroi. Les
voituriers se relayaient respectivement aux principales
localit�s de la province voisine. Des laboureurs du pays
messin d�chargeaient couramment du salp�tre �
Pont-�-Mousson et � Nomeny, o� des laboureurs lorrains
en prenaient livraison pour le conduire � Nancy. Cette
entente n'avait pas �t� jusqu'� l'unification des prix.
Dans les anciens duch�s, le charroi des cuves et du
nitre �tait r�gl� pour une journ�e � 15 sols par cheval
ou par paire de boeufs, v�hicule compris (92). Dans la
g�n�ralit� de Metz, au contraire, l'indemnit� se
calculait � raison de 10 sols et demi pour une
demi-lieue ou au-dessous ; de 15 sols par lieue (93).
Le nitre brut �tait: pay� aux salp�triers 7 sols la
livre, rendu � la raffinerie (94). On sait que les
manipulations pour l'obtenir consistaient � lessiver �
froid les mati�res salp�treuses, op�ration qui
s'effectuait de maison en maison, puis � soumettre cette
lessive � l'�bullition, dans la chaudi�re de l'atelier.
Pour le d�tail, toutefois, il n'y avait pas de pratiques
uniformes. Les salp�triers des diff�rentes provinces,
usant de proc�d�s consacr�s par une s�culaire routine,
eussent �t� embarrass�s d'expliquer la raison de cette
vari�t� des m�thodes. A Paris, on commen�ait par m�ler
aux pl�tras nitreux, trait�s de pr�f�rence aux terres,
un tiers de cendre de bois flott�. Quand la lessive
�tait � demi cuite, on y versait une dissolution de
colle de Flandre qui la purifiait partiellement des
mati�res grasses en suspension. Dans le Languedoc ou la
Provence, la lessive s'effectuait d'abord sans aucune
addition de cendres. Mais lorsque l'action du feu
l'avait r�duite de moiti�, on la passait sur des cendres
de tamaris, employ�es � l'exclusion de toutes autres.
Rejet�e dans la chaudi�re, elle; achevait de s'y
concentrer au degr� voulu. On la versait alors dans une
auge de bois, o� elle demeurait 24 heures et o� elle
d�posait une quantit� consid�rable du sel marin qu'elle
pouvait contenir. De grands vases de terre servaient �
la cristallisation. En Lorraine et dans les Trois-Ev�ch�s,
on lavait d'abord les terres comme dans le Midi, sans
recourir aux cendres, et on ne collait pas. Mais lorsque
la lessive approchait de son point de r�duction, on la
jetait dans un r�cipient, futaille de bois, parfois
vaisseau de cuivre, garni de bonnes cendres, nomm�
rapuroir. Les cendres de toute esp�ce �taient employ�es.
On donnait cependant la pr�f�rence aux r�sidus de la
combustion des bois durs,:1e ch�ne et le charme, plus
riches en alcali, et que le salp�trier n'avait le plus
souvent qu'� ramasser sous sa chaudi�re. L'ouvrier
agitait celle liqueur pour obtenir un m�lange intime. Il
recouvrait ensuite le rapuroir de mani�re que la cuite
gard�t la chaleur n�cessaire � la r�action. Au bout de
deux ou trois heures, il la coulait enfin dans des
bassins o� les cristaux se d�posaient. De ce proc�d�
r�sultait plusieurs cons�quences qui m�ritent d'�tre
indiqu�es. L'odeur fade, naus�abonde qui r�gnait dans
les ateliers parisiens n'�tait pas, � beaucoup pr�s,
aussi accentu�e chez les salp�triers lorrains. Ces
hommes �taient mieux inspir�s, semble-t-il, en se
servant de cendres que de colle pour le d�graissage.
Mais parce qu'ils ne d�graissaient pas la cuite avant de
la verser hors de la chaudi�re et que celle cuite ne
rendait jamais de sel qu'elle n'e�t pass� par le
rapuroir, le salp�tre brut obtenu en Lorraine �tait tr�s
inf�rieur aux salp�tres analogues de l'�le-de-France et
de diverses provinces. �� En voyant � Verdun les
salp�tres arriver dans la raffinerie horriblement
charg�s de sel, comme on imagin� qu'ils doivent l'�tre
dans un pays o� les salp�triers n'en tirent point de
leur cuite; je ne pouvais, d�clare un sp�cialiste, me
persuader que tout ce sel se retir�t dans les eaux de
deuxi�me et troisi�me cuite, de mani�re que les
salp�tres de troisi�me cuite en restassent exempts
(95).�
Tout changeait lors du raffinage, op�ration
rigoureusement interdite aux salp�triers ambulants, qui
devaient se borner � livrer du nitre de premi�re cuite,
encore impr�gn� de son eau m�re. Les fermiers avaient
profit� d'une disposition mod�le quand ils avaient pris
possession en 1739 de la salp�tri�re cr��e � Nancy par
Edouard de Warren sur les anciens remparts de la
Ville-Neuve, � l'ouest de la porte Saint-Nicolas, et
r�organis�e quatre ans plus t�t par le fils du
fondateur. �� Je puis me vanter, �crira plus tard ce
dernier, d'avoir donn� � mon p�re quantit� de bonnes
id�es sur ce sujet; et qu'ayant trouv� cet �tablissement
encore tr�s imparfait � sa mort, je l'ai achev�, et j'ai
rendu cette salp�tri�re la plus belle et la plus commode
d'une infinit� que j'ai vues dans bien, des parties de
l'Europe (96). � La porte franchie, laissant � droite et
� gauche des abris o� s'entassaient les bois de cuite,
on p�n�trait dans une vaste cour, bord�e sur trois c�t�s
de hangars excav�s qui prot�geaient des terres �
salp�tre d'o� se tiraient 300 livres de nitre par
semaine. Ces �� halles et terres de mini�res � �taient,
nous l'avons dit, une des charges de la concession de
1703. Warren p�re les avait d'abord provisoirement
am�nag�es sous la vo�te de la porte Saint-Georges. A
l'extr�mit� du hangar de droite, un jeu de douze cuviers
accompagn�s de leurs cuveaux �tait destin� au lessivage
de ces terres. Au fond de la cour se trouvaient deux
�normes chaudi�res : chaudi�re � r�duire les eaux de
lessive: et chaudi�re � raffiner. Le personnel de cette
salp�tri�re, ou, comme � partir de 1739 fut aussi
d�sign� l'�tablissement, de cette raffinerie royale,
personnel auquel se rattachaient les 90 salp�triers,
comprenait, dans les derni�res ann�es de Stanislas, un
ma�tre raffineur, trois ouvriers et un ma�tre tonnelier
(97).
Pour �tre employ� � la composition de la poudre et des
feux d'artifice, le salp�tre devait �tre de troisi�me
cuite. A l'arsenal de Paris, on raffinait 3,600 livres
de nitre en cinq heures. Les raffineurs nanc�iens se
pressaient beaucoup moins. Ils employaient de huit �
neuf heures pour, purifier 2,400 livres, sans compter le
temps indispensable � la refonte. La manipulation totale
durait de douze � quatorze heures. Aussi leur salp�tre:
�tait-il finalement purg� d'une fa�on presque absolue
des mati�res �trang�res. Il �tait renomm� pour sa
blancheur et sa nettet� (98). On le conservait et il
voyageait dans des tonneaux o� il �tait foul� � l'aide
de masses de fer. C'est ce salp�tre de choix que, durant
le ch�mage de la poudrerie de Nancy, les communaut�s
eurent encore � conduire, aux m�mes conditions que le
salp�tre brut, vers les moulins � poudre de Metz et de
Belleray.
Non seulement pour les humbles ateliers des salp�triers,
mais pour les v�ritables usines qu'�taient les
raffineries, les proc�d�s diff�raient donc d'une
province � l'autre, sous la direction d'une unique
compagnie. Ce n'�tait pas l� un des vices les moins
choquants du monopole des poudres.
Ce qui existait pour les salines se reproduisait ici,
avec plus d'incurie encore, puisqu'il n'y avait pas de
vent� �trang�re et que les traitants n'avaient point �
r�douter la perte de ce d�bouch�. Le progr�s importait
peu. L'esprit de lucre dominait. A la suite de
difficult�s survenues avec le commissaire Mugneret, le
subd�l�gu� de Dieuze le lui reproche, non sans force : ��
Il para�t que la quantit� de salp�tre est un objet plus
d�sir� qu'une bonne discipline (99). � Comment en e�t-il
�t� autrement sous le r�gime de la ferme ? Les
financiers, n'ayant qu'un bail de six ou de neuf ans, ne
songeaient gu�re � tenter des essais, � risquer des
innovations co�teuses dont le r�sultat n'aurait rien
ajout� � leurs b�n�fices, et qui n'eussent �t� utiles
qu'� leurs successeurs. Aussi, tandis que l'art du
salp�trier �tait d�j� 1res perfectionn� dans plusieurs
pays, en Su�de, en Prusse ou en Italie, on ne savait
toujours dans le royaume, o� se perp�tuait une technique
primitive, que d�molir, fouiller, lessiver.
Frapp� de cet �tat de choses et surtout de ce que la
Compagnie des poudres et salp�tres exer�ait son
privil�ge de fabrication et de vente d'une mani�re plus
avantageuse pour elle-m�me que pour l'�tat, qui n'en
retirait que de 50,000 � 55,000 l. par an, Turgot
r�silia en 1775 le bail en cours. Au syst�me de la ferme
il substitue la r�gie pour le compte du roi. Lavoisier
devient un des quatre chefs de cette administration. La
r�forme semble devoir ouvrir une �re nouvelle. Pour la
premi�re fois, la monarchie para�t s'apercevoir, ainsi
que d�s 1698 l'avait fait L�opold, et de l'extr�me
embarras que la recherche du salp�tre occasionne aux
sujets et des charges sensibles qui en d�rivent. On
s'inqui�te de rem�dier � si graves inconv�nients par
l'�tude scientifique des lois de la nitrification. La
Soci�t� d'agriculture de Berne avait propos� en 1766 de
constituer des �� plantations de salp�tre �, en
r�unissant les mat�riaux propres � former ce sel et en
construisant des fosses, des murailles et des vo�tes o�
il serait r�colt�. C'est la cr�ation de ces nitri�res
artificielles qu'il y a lieu d'encourager. Turgot n'y
manqua. Les �preuves furent concluantes. L'application
s'imposait. Le 8 ao�t 1777, un arr�t du Conseil d'Etat,
compl�t� par un arr�t interpr�tatif du 24 janvier
suivant, offre, sans abolir la fouille, �� aux
communaut�s les plus fatigu�es par l'exercice de ce
droit les moyens de se r�dimer d�s � pr�sent et pour
toujours �. Il leur apporte, dans tous les cas, un r�el
soulagement. A commencer du 1er janvier 1779, la
recherche du salp�tre ne sera plus permise dans les
habitations personnelles, les caves et celliers � vin.
Les communaut�s sont d�charg�es de la fourniture et du
transport du bois. Les salp�triers, � qui on ne pourra
refuser d'en vendre, ach�teront le combustible au prix
courant. Ils traiteront � l'amiable pour le charroi.
Toute communaut� d'habitants qui construira une nitri�re
et y accumulera les terres salp�treuses sera
d�finitivement exempte de la visite des salp�triers,
sous r�serve que cette nitri�re, form�e selon la m�thode
approuv�e par les r�gisseurs, soit d'un rapport
correspondant � la r�colte de l'ann�e qui a pr�c�d� son
�tablissement. Plusieurs villages ont la facult� d�
s'entendre pour am�nager une nitri�re commune. Les
maisons religieuses profiteront de pareille exemption, �
condition que leurs nitri�res - et elles sont vivement
exhort�es � en cr�er - rendent annuellement un minimum
de 1,000 livres de salp�tre. Il y a mieux. Les
communaut�s peuvent se lib�rer du soin d'entretenir ces
nitri�res, en les remettant, une fois construites et
garnies, au roi. Elles toucheront alors un sol par livre
de salp�tre recueilli; si elles exploitent elles-m�mes,
la r�mun�ration est d�cupl�e (100).
Le dernier commissaire des poudres et salp�tres de la
g�n�ralit� lorraine, Nicolas Thouvenel, arriv�
pr�cis�ment � Nancy lors de la substitution du m�canisme
de la r�gie � celui de la ferme (101), et qui se
trouvait encore en place en 1793, ne devait pas �tre un
des moins z�l�s parmi ses coll�gues pour, pr�ner et
encourager le r�cent proc�d�. Thouvenel est l'un des
vulgarisateurs les plus autoris�s des nitri�res
artificielles. C'est dans les halles de la raffinerie de
Nancy que furent en partie conduites ces belles
exp�riences dont les conclusions, - savamment expos�es
dans un m�moire r�dig� en collaboration avec le
commissaire son fr�re par le c�l�bre m�decin Pierre
Thouvenel (102), comme r�ponse � cette question : ��
Trouver les moyens les plus prompts et les plus
�conomiques de procurer en France une production et une
r�colte, de salp�tre plus abondante que celle qu'on
obtient pr�sentement, et surtout qui puissent dispenser
des recherches que les salp�triers:ont le droit de faire
chez les particuliers �, - vaudront aux deux auteurs le
prix extraordinaire fond� par:Turgot, sur la caisse de
la r�gie des poudres, et d�cern� en 1782 (103) par
l'Acad�mie des Sciences (104).
Mais, de m�me que dans la province dont l'intendant La
Galaizi�re fils se montra l'un des plus �loquents
ap�tres de la suppression de la corv�e en nature, les
populations, tr�s �prouv�es pourtant par le dur labeur
del� cr�ation et de l'entretien des chauss�es, ne se
d�cid�rent que malais�ment � profiler du rachat en
argent, de m�me, ni les avances de Turgot, ni la
propagande de Thouvenel n'y peuvent d�cider les
habitants � s'affranchir, par une initiative facile
d'une suj�tion dont ils ne cessent de g�mir. Alors que
la culture et la r�colte du salp�tre deviennent dans
d'autres-g�n�ralit�s une sorte de mode, en Lorraine les
salp�triers du roi prolongent leur fastidieuse besogne,
sans rencontrer de concurrents dans des nitriers
volontaires.
Et, du fait de celle r�sistance, la g�ne de la recherche
n'en deviendra que plus lourde aux ignorants, aux
r�fractaires. Jusqu'� cette �poque, le pays n'avait pas
connu le traitement des d�combres, presque exclusivement
pratiqu� � Paris. L'arr�t du 8 ao�t 1777 l'y soumet
implicitement. Les salp�triers pourront prendre, sans
payer, pierres, terres, pl�tras et mat�riaux salp�tres
provenant des d�molitions. D�fense est faite, sous peine
de 100 l. d'amende, de d�molir ou de transformer un
immeuble sans leur en donner avis. La r�gie, d'autre
part, ne se montre pas moins s�v�re que la ferme pour ce
qui regarde l�s fouilles. On en revient au r�glement du
duc Henri II, dat� du 23 f�vrier 1618, qui interdisait
de paver ou de planch�ier �tables et �curies (105).
D'incessants conflits vont surgir de cette application
d'un texte oubli�. Un mar�chal ferrant de Bern�court,
�l�ve de l'Ecole royale v�t�rinaire, prend chez lui des
chevaux malades pour les soigner; �� il a achet� une
maison dont le pav� de l'�curie �tait en d�sordre; il
vient de le fane raccommoder et �lever de peu pour
rendre son �curie plus saine et emp�cher la maison
d'�tre inond�e par les pluies et l'�gout d'une fontaine
plus �lev�e que sa maison. � Le salp�trier le d�nonce.
Six habitants d'Emberm�nil sont cit�s en 1783 devant le
subd�l�gu� de Lun�ville, comme coupables d'avoir, dans
des restaurations cons�cutives � un incendie, �� fait
paver et plancher les all�es tant pour le passag�re
leurs maisons que pour la communication dans les
diff�rentes chambres qui les comportent �, L'intendant
ne peut, en l'esp�ce, que d�bouter les r�gisseurs de
leur pr�tention, car il est prouv� que la disposition
incrimin�e existait ant�rieurement au sinistre. Mais le
cas d'une femme de Morhange, condamn�e � 20O l.
d'amende, � l'enl�vement du pavage et au retour des
terres salp�treuses, n'est que trop fr�quent,
L'inspecteur constate d�lits sur d�lits, m�ne expertises
sur expertises. Lorsqu'un cultivateur estime
indispensable de paver son �curie, que de formalit�s
sont � remplir ! Il doit adresser une requ�te �
l'intendant. Celui-ci la transmet au bureau des poudres.
Le commissaire prescrit l'enqu�te. L'inspecteur vient
sur place v�rifier les all�gations du requ�rant. En
pr�sence du syndic, on discute le degr� de salubrit� du
lieu. Le dossier est retourn� au commissaire, qui r�dige
un rapport. D'apr�s ces conclusions, l'intendant d�cide.
Voici, au reste, la th�orie de l'administration des
poudres, expos�e en 1783, � propos d'une affaire de ce
genre, par Thouvenel lui-m�me. L'autorisation �� ne peut
�tre accord�e que dans un cas de n�cessit�, c'est-�-dire
lorsque, par sa position, une maison est sujette �
quelques filtrations d'eaux ext�rieures qui y
entretiennent une fra�cheur continuelle qui rend le
terrain boueux et malsain aux bestiaux. Dans ce, cas, le
service du roi ne peut souffrir de la permission
accord�e, parce qu'un sol humide n'est point propre � la
reproduction du salp�tre. � Le demandeur en cause
invoquait �� une plus grande solidit� et commodit� � tous
�gards �. �� Ce particulier ignore o� feint d'ignorer que
cette mani�re de d�truire les terres est prohib�e par
l�s r�glements, ou qu'il ne suffit pas de se promettre
une plus grande commodit� pour obtenir la permission d'y
d�roger. Mais si ces motifs �taient suffisants, bient�t
l'on verrait paver toutes les all�es des �curies, qui
sont les seuls endroits o� les salp�triers trouvent du
salp�tre. La commodit� que l'on ambitionne le plus par
ces demandes, c'est de n'�tre pas expos� � la petite
g�ne qu'occasionne le travail des salp�triers (106). �
Contradiction flagrante: � l'heure o� les intendants se
piquaient de r�pandre des notions d'hygi�ne, o� il leur
�tait recommand� de pr�venir et de combattre par tous
les moyens les �pizooties, ils en �taient r�duits �
accepter ces sophismes, il leur fallait s'attarder �
d'interminables arguties sur le minimum admissible de
salubrit� des maisons et des �tables.
Les cahiers de 1789 r�clameront donc encore la
suppression de la fouille (107). Ce n'est pas de la
R�volution; toutefois, que cette lib�ration sera
obtenue. La loi du 13 fructidor, an V (30 ao�t 1797),
�chos de patriotiques pr�occupations, remit au contraire
en vigueur une l�gislation plus rigoureuse. On devra
attendre 1819 (loi des 10 mars et 11 ao�t), pour que la
facilit� d'importer le salp�tre en abondance,
l'utilisation des gisements de l'Inde, la conversion du
nitrate de soude demand� au Chili, fassent � nouveau
adoucir cette r�glementation, qui tombera enfin en
compl�te d�su�tude sans avoir jamais �t� formellement
abrog�e.
Sous les ducs, les contestations au sujet des poudres et
salp�tres �taient port�es devant les pr�v�ts, sauf appel
au grand ma�tre de l'artillerie assist� d'un gradu�, et
cassation � la Cour souveraine. A partir de 1747, la
connaissance de celle mati�re fut strictement r�serv�e
au Conseil. Comp�tence enti�re, en premier et dernier
ressort, passa ensuite � l'intendant, toutes autres
juridictions devant s'abstenir, � peine de 3,000 l.
d'amende et de nullit�.
Tenue d'en avoir dans ses magasins une quantit�
suffisante, la ferme �tait autoris�e � c�der la poudre �
giboyer � 27 sols la livre aux marchands, qui ne
pouvaient pas la vendre plus de 30, et � 28 sols aux
particuliers. On ne se procurait de poudre de guerre et
de poudre de mine, m�me en petites quantit�s, que dans
les entrep�ts g�n�raux. La poudre de guerre co�tait 20
sols et la poudre de mine 18 sols, le tout au cours de
France. Les prix mis en vigueur en 1739 (108) marquaient
une augmentation sensible sur les pr�c�dents. Depuis le
1er avril 1704, la poudre fine ne revenait en effet,
dans les duch�s, qu'� 18 sols de Lorraine prise en gros,
et � 22 sols au d�tail; celle de guerre qu'� 12 ou 18
sols seulement (109). C'est le commissaire qui nommait
et destituait les d�bitants, dits aussi commis
distributeurs ou pr�pos�s. Les licences pour �� tenir
bureau de poudre �, dont la remise donnait lieu � la
perception d'un droit de 6 livres, n'�taient pas
toujours accord�es avec circonspection. Fr�quemment les
subd�l�gu�s durent se faire les interpr�tes des
inqui�tudes des habitants et engager le commissaire � ne
fixer son choix que sur les personnes les plus d�sign�es
tant par leur �ge, leur caract�re r�fl�chi, la nature de
leur principal n�goce, que par une situation de fortune
leur permettant de r�pondre d'une imprudence. En 1764,
le �� pr�pos� pour la distribution de la poudre � �
Pont-�-Mousson, un nomm� Lallemand, n'est autre qu'un
cirier assez insouciant pour conserver ses provisions de
la dangereuse substance dans l'officine o� il fond sa
cire. La police intervient. On l'oblige � monter les
barils au grenier : il les place pr�s d'un tuyau de
chemin�e et, ce qui est pire, au-dessus d'une salle de
billard o� fr�quente la jeunesse. Quelle maison pourrait
�tre plus mal indiqu�e ? Plusieurs locataires s'y
pressent; douze voisins y jouissent d'une servitude de
passage. Le subd�l�gu� obtient le retrait de la
commission. Il est bon d'ajouter que ces nominations
n'excitaient pas que des craintes, mais des
comp�titions, des jalousies locales, qui donnaient
parfois grand tracas au commissaire. �� Ma position
vis-�-vis de Messieurs de Pont-�-Mousson, �crit Mugneret
le 8 mars 1766 au subd�l�gu�, est celle du meunier de la
fable. Quoi que je fasse, je ne puis les satisfaire.
Charaux est le quatri�me en place depuis 1762, et j'ai
re�u plus de trente lettres et autant de sollicitations
pour faire et d�faire� (110).
On ne pouvait acheter d� salp�tre que dans les magasins
g�n�raux : � la raffinerie de Nancy et chez
l'entreposeur de Bar. Tous ceux qui en avaient un besoin
r�el, apothicaires, droguistes, verriers, distillateurs,
fabricants d'eau-forte, orf�vres, devaient pour s'en
procurer solliciter un billet. Quiconque revendait ou
�changeait ce salp�tre, raffinait du nitre brut, �tait
passible de 300 l. d'amende, sans mod�ration. Les sujets
non commissionn�s qui commer�aient de la poudre sortie
des magasins, ceux qui colportaient de la poudre de
provenance �trang�re ou clandestine, � plus forte raison
ceux qui en fabriquaient en fraude, ceux aussi qui
transportaient soit de la poudre, soit du salp�tre hors
des �tats, sans permission, �taient r�put�s faux
poudriers et faux salp�triers, et punis comme les faux
sauniers (111). Dans l'int�r�t de la ferme, puis de la
r�gie, des descentes fr�quentes �taient op�r�es chez les
personnes soup�onn�es, en particulier chez les
industriels faisant usage de salp�tre. Le commissaire
d�non�ait les fraudes, il entamait les poursuites.
M. LE PR�SIDENT remercie M. Pierre Boy� de sa tr�s
int�ressante communication, compl�tant sa s�rie de tr�s
utiles monographies sur la Lorraine au XVIII si�cle.
Il demande � M. Boy� s'il n'a pas trouv� dans les
cahiers de 1789 et dans les proc�s-verbaux des
assembl�es provinciales l'�cho de plaintes contre les
vexations des salp�triers, vexations sur lesquelles il
donne des d�tails si curieux et si nouveaux.
M. Pierre BOY� r�pond qu'il a �t� surpris de ne pas
trouver plus souvent mention des salp�triers dans les
cahiers. Il y a lieu cependant de citer tout
particuli�rement les dol�ances de la ville de
Pont-�-Mousson et celles des trois ordres du bailliage
de Rosi�res.
(1)
Rappelons que, outre ceux mentionn�s ci-dessus, les
diff�rents monopoles dont le fisc lirait profil en
Lorraine �taient : la ch�trerie, la riflerie, la
fabrication et la vente du tabac et du sel, tous quatre
conc�d�s � la Ferme g�n�rale.
Sur l'ensemble de la question, voir notre travail : Le
budget de la province de Lorraine et Barrois sous le
r�gne nominal de Stanislas (1737-1766). Nancy, 1896,
in-8�,p. 125-152.- Pour des d�tails, se reporter � nos
deux monographies: Les salines et le sel en Lorraine au
XVIIIe si�cle, Nancy, 1904, in-8�. Postes, messageries
et voitures publiques en Lorraine au XVIIIe si�cle, dans
le Bulletin des sciences �conomiques et sociales du
Comit� des travaux historiques et scientifiques, ann�e
1906, p. 128-144 ; et tirage � part, Paris, 1907, in-8�.
(2) Cf. Guillaume DE ROG�VILLE, Dictionnaire historique
des ordonnances et tribunaux de la Lorraine et du
Barrois, t. II, p. 424. - Le 14 d�cembre 1566, Charles
III prenait des mesures pour la v�rification du travail
de ses salp�triers. Une ordonnance ducale du 26 janvier
1593 d�fend l'exportation du salp�tre et interdit d'en
tirer dans les Etats sans une commission expresse.
(Ibid., t. Il, p. 423.) En 1597, le receveur de Sierck
porte en recette la redevance due pour le privil�ge de
fabriquer du salp�tre dans la pr�v�t�. (Archives de
Meurthe-et-Moselle, B. 9429.) En 1604, la facult� de ��
tirer salp�tre � dans le comt� de Vaud�mont est
continu�e pour trois ann�es, moyennant 55 francs par an.
(Ibid., B. 9096.) Etc.
(3) Pierrefitte-sur-Aire. Barrois mouvant; Meuse, ch.-l.
de canton, arr. de Commercy.
(4) Ordonnance du 12 mars 1618; dans ROG�VILLE, op. cit.,
t. II, p. 427. Cf. DIGOT, Histoire de Lorraine, 2��dit.,
t. V, p. 131.
(5) C'est ainsi qu'en 1623 le duc autorise l'�rection
d'une �� batterie � � poudre � canon sur le ruisseau du
Longeau, � Dommartin-la-Montagne (Meuse, arr. de Verdun,
canton de Fresnes-en-Wo�vre). En 1625, on construit un ��
battant � poudre � sur le Roseau, non loin de Destry
(ancienne Moselle, arr. de Sarreguemines, canton de
Gros-Tenquin). [Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 95,
3151, 8227, 6842.] - En 1630, Charles IV fait acheter de
la poudre � Strasbourg. (Ibid.,B. 1483.)
(6) D�claration du 11 octobre 1698. (Recueil des
ordonnances de Lorraine, t. I, p. 91.)
(7) H. BAUMONT, �tudes sur le r�gne de L�opold, duc de
Lorraine et de Bar (1697-1739). Paris, 1894, in-8�, p.
583-584. - Willemin de Heldenfeld est l'auteur de la
Relation de la pompe fun�bre faite � Nancy, le 19 avril
1700, aux obs�ques de tr�s haut, tr�s puissant et tr�s
excellent prince Charles V, duc de Lorraine et de Bar.
Nancy, 1700, in-8�
(8) Les comtes d� Warren; annales et portraits, de
famille (940-1879). Saint-Nicolas-de-Port, 1879, in-8�,
p. 190.
(9) Ce contrat, publi� ibid. p.191-193, fut ent�rin� �
la Chambre des comptes le 14 mars. (Archives de
Meurthe-et-Moselle, B. 217, n� 37.) Voir aussi l'arr�t
cons�cutif du Conseil d'�tat, du 1er janvier 1704, au
Recueil des ordonnances de Lorraine, t. I, p. 405. Cf.
Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 1648. - Warren
devait, entre autres charges, fournir d�s 1703 dans les
magasins ducaux 3,000 livres de poudre, 5,000 en 1704,
et les ann�es suivantes 8,000. Ces quantit�s
constituaient un minimum obligatoire, le prince
s'engageant � recevoir tout ce qui serait livr� en
surplus. Cette poudre serait pay�e au premier lieutenant
de l'artillerie 9 sols la livre pendant la dur�e de la
guerre en cours (guerre de la Succession d'Espagne), 8
s. 6 d. � la paix. D�fense �tait faite � tous autres de
fabriquer poudre ou salp�tre, � peine de confiscation
des mati�res et outils et de 300 l. d'amende, dont un
tiers au d�nonciateur, un tiers � Warren et un tiers au
domaine.
(10) Lettres patentes du 18 mai 1709; ent�rinement � la
Chambre des comptes du 3 juin suivant. (Archives de
Meurthe-et-Moselle, B. 218, n� 34.) Warren s'engageait �
produire au moins 6,000 livres de poudre fine par an et
� �tablir exclusivement � ses frais les usines
n�cessaires.
(11) Recueil des ordonnances de Lorraine, t. I, p. 405.
(12) Moyennant un canon de 4,000 l, r�duit � 3,000 au
renouvellement du privil�ge. (Archives de
Meurthe-et-Moselle, B. 238, n� 79; B. 1708.)
(13) Inscrit dans la g�n�alogie de sa maison comme
Edouard VI, 20e comte de Warren. N� � Bellaghmoon le 12
mai 1666, mort � Nancy le 26 octobre 1733. L�opold
l'avait nomm� lieutenant de son artillerie le 1er ao�t
1698. Voir sur lui : Les comtes de Warren, j. cit., p.
177-209.
(14) Contrat du 20 mars 1709. L'intendant du prince de
Vaud�mont avait d'abord pass� bail � Marie Colas, veuve
de Laurent Fauque, de la poudrerie d'Euville, pour douze
ann�es, � raison de 200 l. par an. Le nouvel arrangement
fut approuv� par lettres de L�opold du 18 mai 1709.
(Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 638, n� 33; B. 218,
n� 34.) Rectifier en ce sens le r�cit du fils d'Edouard
de Warren, qui attribue � son p�re la cr�ation de cette
poudrerie (Les comtes de Warren, p. 194-195). Warren
s'en �tait surtout assur� pour �tre ma�tre des march�s;
il n'attendit donc pas le retour de la terre de Commercy
� la couronne, au d�c�s de Vaud�mont (14 janvier 1723),
pour laisser tomber cette usine.
(15) Les comtes de Warren, p. 227.
(16) Le 5 septembre 1691, bail �tait pass� par le comt�
de Ligny � Laurent Fauque, moyennant 175 francs, de la
permission de tirer salp�tre au comt� et d'en faire del�
poudre; m�mes baux, moyennant 210 francs, les 2 octobre
1692 et 7 mars 1695. (Archives de Meurthe-et-Moselle, B.
768, n� 28.) Il est parl� en 1697 de Fran�ois Cadet et
de Barbe Fauque, sa femme, salp�triers et poudriers au
comt�, r�sidant � Velaines-devant-Ligny. (Ibid., B. 778,
n� 27.) �� Il y avait autrefois � Ligny une poudrerie
c�l�bre; la poudre �tait en r�putation en France et en
Lorraine.� (Dom CALMET, Notice de la Lorraine, 1756, t.
I, col. 660, v� Ligny. Cf. [Durival] M�moire sur la
Lorraine et le Barrois [1753], p. 32 et 267. - IDEM,
Description de la Lorraine et du Barrois, t. II, p.
353.- PIGANIOL DE LA FORCE, Nouvelle description de la
France, 3e �dit., t. XIII, p. 401.)
(17) Les comtes de Warren, p. 195-197.Warren avait
d'abord song� � �tablir cette poudrerie � Cousances-aux-Bois;
la difficult� des communications lui fit donner la
pr�f�rence � Bar-le-Duc. Ici encore le fils du fondateur
s'abuse en avan�ant qu'il n'y avait jamais eu de
fabrique analogue dans le Barrois. Nous avons cit� la
poudrerie de Pierrefitte; il oublie aussi la poudrerie
que, plus anciennement, l'Ornain avait actionn�e sur le
ban de Gondrecourt-le-Ch�teau et dont un moulin, puis un
fourneau pour la fonte du minerai, dits la Poudrerie ou
Putrey, ont perp�tu� le souvenir. Cf. LI�NARD,
Dictionnaire topographique du d�partement de la Meuse,
v� Poudrerie. - BONNABELLE, Notice sur Gondrecourt,
s.l.n.d., p. 35.
(18) Edouard VII, 21e comte de Warren, n� � Londres le
11 d�cembre 1697. Il avait obtenu, le 1er juillet 1717,
en remplacement de son p�re, d�missionnaire eu sa
faveur, la charge de premier lieutenant de l'artillerie.
Ayant suivi Fran�ois III en Toscane, il y fut nomm�, par
lettres patentes du 26 avril 1739, �� colonel commandant
le bataillon des canonniers et bombardiers � et ��
directeur g�n�ral des fortifications, artillerie,
arsenaux, magasins, b�timents militaires, fonderies de
canons, manufactures de canons de fusil, fabriques de
poudres et de salp�tres �. Il mourut � Florence le 12
janvier 1760. Il aurait collabor� au Bombardier fran�ais
(Paris, 1731, in-4�) de Belidor. Lire sur lui : Les
comtes de Warren, p. 210-251.
(19) Arr�t de subrogation du 26 novembre 1733, pour le
bail renouvel� � Warren p�re le 20 ao�t 1782. Arr�t de
prorogation du 28 juin 1735, ent�rin� � la Chambre des
comptes le 23 janvier 1736. (Archives de
Meurthe-et-Moselle, H. 238, n� 79.) Cf. Ibid., B. 1751,
pi�ces justificatives de la recette g�n�rale pour 1735 :
quittances des 3,000 l. du bail des poudres, pay�es en
plusieurs versements; B. 1762, compte de 1787 : �� Ferme
des poudres et salp�tres, 3,000 l. �. B. 1763, compte de
1738, mention analogue.
(20) D�lib�ration de l'assembl�e des cr�anciers du 14
novembre 1738, homologu�e par arr�t du Conseil des
finances du 19 du m�me mois. La famille conservait
toutefois les moulins de Pont-�-Mousson. D'apr�s le
principal int�ress�, c'est de d�pit de n'avoir pu le
retenir au service de la France, que La Galaizi�re
aurait fait d�noncer les contrats et se serait montr�
tr�s dur sur la question des indemnit�s. (Les comtes de
Warren, p. 227-229.) Il y a lieu de faire � ce sujet de
tr�s s�rieuses r�serves.
(21) Recueil des ordonnances de Lorraine, t. VI, p. 161;
L'exp�dition du bail fut pass�e � Paris le 15 janvier
1789; l'acte fut enregistr� � la Chambre des comptes le
31. (Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 244, n� 11.)
DURIVAL n'est donc pas tout � fait exact quand il �crit
(M�moire sur la Loraine el le Barrois, p. 82) : �� Les
poudres et salp�tres-de Lorraine sont afferm�s � une
compagnie fran�aise depuis le 15 janvier 1739.� Il faut
lire 1er janvier; cf. IDEM, Description de la Lorraine
et du Barrois, t. I, p. 167.
(22) Soit 30,000 l. tournois. Voir les lettres patentes
pour l'ex�cution du bail de Mahieu du 3 juillet 1747.
(Recueil des ordonnances de Lorraine, t. VII, p. 152. -
Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 1763 [recette
g�n�rale, ann�e 1747], fol. 15 v�.).
(23) C'est aussi en raison de la fiction du r�gne
nominal que l'adjudicataire g�n�ral n'�tait
officiellement connu dans les duch�s, du vivant du roi
de Pologne, que comme �� adjudicataire g�n�ral du
privil�ge exclusif de la vente et distribution des
poudres de Lorraine et Barrois �. - Le troisi�me
adjudicataire fut Jacques Munier.
(24) Son brevet lui �tait exp�di� sur pr�sentation de la
compagnie m�me dont il �tait membre, et il changeait
avec elle. Cf. Encyclop�die m�thodique; Finances, t.
III, p. 358 et suiv.
(25) Cf. DURIVAI., M�moire sur la Lorraine et le
Barrois, p. 32.
(26) Ces commissaires avaient �t� connus en Lorraine au
XVIIe si�cle, avant m�me que l'occupation fran�aise y en
appel�t. En 1634, C�sar Mirgodin �tait �� commissaire des
salp�tres de Son Altesse Royale �. (Archives de
Meurthe-et-Moselle, H. 2511.) - Le 1er juin 1660, il est
fait mention de Jean-Baptiste Hurault, �cuyer,
commissaire des poudres de Lorraine, demeurant � Nancy.
(Ibid., H. 1044.)
(27) Les deux premiers habit�rent � la Citadelle. A
partir de Mugneret, le commissaire se loge � sa guise.
Cf. la s�rie des Almanachs de Lorraine et Barrois.
(28) Nous trouvons cit�s, comme inspecteurs pour le
Barrois, les sieurs Maillet en 1762, Feuillet en 1763,
Duparge en 1770. En 1762, le sieur Desboeuf �tait
contr�leur.
(29) Warren l'avait primitivement �tablie plus pr�s de
la ville, aux vives appr�hensions des habitants.
L'animosit� populaire, selon le fils du fondateur, la
fit sauter. (Les comtes de Warren, p. 197.) C'est alors
que l'usine avait �t� report�e � cet endroit, non loin
du chemin de Fains. Le plan, sans date, mais tr�s
probablement dress� en 1738, lors d� la liquidation, est
conserv� aux Archiv�s de Meurthe-et-Moselle, C. 86. Cf.
le plan de Bar-le-Duc donn� dans dom C�LMET, Histoire de
Lorraine, t. I; sous le n� 37 est indiqu�e la Poudrerie
� M. Varin.
(30) Manuscrit n� 395 de la Biblioth�que publique de
Nancy [�tat des usines du domaine vers 1766], fol. 63 et
63 v�.
(31) A la mort de Stanislas, il ne restait plus de la
poudrerie de Ligny �� qu'un petit b�timent de 18 pieds de
long sur 16 pieds 6 pouces de largeur, sans pav� ni
planches. Il n'y a que le toit qui termine ledit
b�timent. � (Ibid., fol. 63 v�.) Un moulin � grains
rempla�a ensuite la poudrerie et � ce moulin a enfin
succ�d� une manufacture de compas. Cf. Cl. BONNABELLE,
Notes sur Ligny-en-Barrois, dans les M�moires de la
Soci�t� des lettres, sciences et arts de Bar-le-Duc,
ann�e 1881, p. 119; et tirage � part, Bar-le-Duc, 1881,
in-8�, p. 7. - Le 27 janvier 1756, le commissaire des
poudres, agissant au nom de l'adjudicataire g�n�ral,
passe bail de l'ancienne poudrerie de Bar, pour neuf ans
et moyennant 100 l., au nomm� Jean Vyart. Le 16 novembre
1782, bail d� semblable dur�e est encore consenti, au
nom du r�gisseur des poudres, moyennant 200 l., � Louis
Rousselot, habitant de cette ville. (Archives de la
Meuse, C. 650, fol. 7 v�; C. 755, fol. 19.)
(32) Archives de Meurthe-et-Moselle, s�rie B, passim;
voir notamment B. 7286. - H. LEPAGE, Les communes de la
Meurthe,;t. I, p. 438; t. II, p. 555.
Anciennement aussi, un moulin � poudre existait dans une
autre partie de la banlieue de Nancy. En 1510, le duc
Antoine savait donn� � Didier Fossier, canonnier en son
artillerie, une place �� o� �tait le moulin de
Boudonville �, pour y �difier � ses d�pens un �� moulin �
faire poudre �. Il y avait eu �galement dans la capitale
lorraine des moulins � poudre de moindre importance, �
chevaux ou � bras. En 1580, le concierge de l'Arsenal y
agence un de ces m�canismes:; il est parl� en 1585 du ��
neuf moulin � qui �� se tire � cheval � dans les
casemates, �� sur le gros boulevard de Danemark �.
(Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 12, 1585, 7879.)
Nous avons d�j� eu l'occasion de citer diff�rents
moulins � poudre en dehors de Nancy. Il faut encore
donner une mention sp�ciale au moulin de Lun�ville, cr��
ou tout au moins r�tabli en 1592. (Ibid., B. 6842.) On
ne saurait davantage passer sous silence la batterie �
poudre de Hattonch�tel, dont il est souvent question au
XVIe si�cle et qui, �tablie dans la grande cuisine du
ch�teau, fut d�mont�e en 1607. (Ibid., B. 6297, 6348,
etc.)
(33) Sur le plan de Melchior Tavernier relatif � ce
si�ge, on lit : Moullin � pouldre.
(34) Le 6 Octobre 1666, Charles IV ordonne au gruyer d'Amance
de d�livrer des pi�ces de ch�ne aux fermiers de sa
poudrerie de Nancy, pour �tre �� employ�es a la
r�paration de nostre dite pouldrerie �. (Archives de
Meurthe-et-Moselle, B. 2306.)
(35) Recueil des ordonnances de Lorraine, t. I, p. 91.
(36) Dans le contrat du 1er f�vrier 1708, il est d�sign�
comme �� moulin de la poudrerie de Saint-L�opold, proche
le parc d'Essey �.
(37) Les registres de la paroisse Saint-S�bastien font
mention � celle date de ��N., d�c�d� par un accident de
feu qui fit sauter en l'air la Poudrerie �. Cf. H.
LEPAGE, Les archives de Nancy, t. III, p. 327.
(38) Les comtes de Warren, p. 194.
(39) En voirie plan, non dat�, mais sans doute de 1738,
aux Archives de Meurthe-et-Moselle, C. 203.
(40) Les comtes de Warren, p. 198.
(41) Ms. n� 395 de la Biblioth�que publique de Nancy, j.
cit., fol. 18;v�. - Cf. Pierre Bov�, La Lorraine
industrielle sous le r�gne nominal de Stanislas
(1737-1766). Nancy, 1900, in-8�, p. 51.
(42) Recueil des ordonnances de Lorraine, t. VII, p. 23.
(43) DURIVAL consigne dans son journal (ms. n� 863 de la
Biblioth�que publique de Nancy, vol. I, fol. 69) : �� Le
moulin � poudre de Nancy saute, mais avec peu de
dommage; les ouvriers venaient de sortir. � Le libraire
NICOLAS, qui note �galement les principaux �v�nements,
ne dit rien de cette explosion.
(44) M�moire sur la Lorraine el le Barrois, p. 32.
(45) Notice de lz Lorraine, t. I, col. 660, v� Ligny.
(46) Cf. [STEMER,] Trait� du d�partement de Metz. Metz,
1756, in-4�, p. 4. - A 3 kilom�tres au sud de Verdun,
sur le territoire de Belleray, au canton nomm� La
Falouse, le lieu dit la Poudrerie est significatif.
(47) Cette p�riode vit l'installation dans le voisinage
imm�diat de la poudrerie d'une autre industrie. Par
arr�t du Conseil des finances du 25 avril 1750, un
marchand tanneur de Nancy, Fran�ois Vosgien, obtient
l'accensement perp�tuel de deux petits terrains
d�pendant du moulin � poudre, pour y construire une
tannerie et un moulin � �corce; enregistrement � la
Chambre des comptes le 14 mai suivant. A la reprise du
travail, les fermiers des poudres, pr�tendant que
Vosgien s'�tait �cart� des conditions prescrites, qu'il
interceptait l'eau, entravait aussi le transport des
produits par la galerie qu'il avait jet�e au-dessus du
chemin, demand�rent l'annulation de cet accensement. Il
y eut � ce sujet de longues difficult�s. L'affaire se
termina par une transaction; la tannerie Vosgien
existait encore, � la suppression de la poudrerie.
(Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 11311, 11315 [plan],
11071 n� 86; C. 313.).
(48) Cf. Almanach de Lorraine el Barrois, ann�es 1762 et
suiv.
(49) Voici la situation des 18 �tablissements avec.
lesquels la poudrerie lorraine et les deux poudreries
�v�choises formaient ce total : Arbois,
Franche-Comt�; Castelnau-le-Lez, pr�s Montpellier;
Colmar, Alsace; Esquerdes, pr�s Saint-Omer;
Essonnes, pr�s Paris; La F�re, Picardie; Limoges;
Maromme, pr�s Rouen; Perpignan; Pont-de-Buis,
Bretagne ; Pont-l'�v�que, pr�s Vienne ; Saint-Chamas
; pr�s Marseille; Saint-Jean-d'Ang�ly, Saintonge;
Saint-L�onard, pr�s Limoges; Saint-M�dard-en-Jalle,
pr�s Bordeaux; Saint-Ponce, pr�s M�zi�res;
Toulouse; Vonges, Bourgogne. Celles de ces
poudreries qui existent encore ont �t� indiqu�es en
italique.
(50) Tous les terrains de cette poudrerie el ce qui
�tait rest� debout des b�timents, c'est-�-dire deux
petits pavillons, contenant l'un le four, l'autre la
r�serve � charbon, furent mis en vente comme bien
national. La commissaire des poudres et salp�tres de
Nancy, Nicolas Thouvenel, fit lui-m�me des offres le si
flor�al an IV (10 mai I796). Mais le d�partement ayant
rejet� sa soumission, des d�cisions contradictoires
furent tour � tour rendues en sa faveur et en celle d'un
concurrent tardif, le citoyen Louis Saulnier. Ce dernier
fut d�finitivement d�clar� acqu�reur le 13 vend�miaire
an VI (4 octobre 1797), tant pour lui personnellement
que pour Nicolas-Basile Prud'homme, de
Saint-Nicolas-de-Port, moyennant 11,000 francs.
(Archives de Meurthe-et-Moselle, Q.592, n� 316.) Sur
l'emplacement de la poudrerie se sont �lev�es, au XIXe ;
si�cle, diverses constructions, notamment la manufacture
de flanelle Jacob et Oulif. Plus r�cemment, la Brasserie
de Nancy est venue occuper les d�pendances o� se
trouvaient les foulons. Quelques plans modernes
attribuent encore le nom de ruisseau de la Poudrerie �
l'antique canal de d�rivation. Le sentier, qui conduit
du chemin des Grands Moulins � cet endroit est
officiellement rest�, jusqu'� nos jours, le chemin de la
Poudrerie.
On croit commun�ment, car presque tous les auteurs
locaux l'ont express�ment �crit ou l'ont donn� �
entendre, qu'il ne se confectionnait plus de poudre dans
la g�n�ralit� d� Lorraine au XVIIIe si�cle, et qu'ainsi
la poudrerie nanc�ienne d'avant la R�volution n'�tait
qu'une poudri�re, un magasin, que les uns situent pr�s
des Grands Moulins, au lieu m�me o� s'�tendait la
v�ritable poudrerie, les autres au del� de la Meurthe.
Les passages cat�goriquement n�gatifs de Durival et de
dom Calmet que nous avons cit�s, mais qui se trouvent,
il ne faut pas l'oublier, dans des ouvrages publi�s
pendant l'interruption de la fabrication, sont l'origine
de cette m�prise o� est tomb�, le premier, Lepage, et
que les travaux du lotharingiste ont propag�e. Apr�s
nous avoir parl� de la destruction probable de la
poudrerie de Nancy lors du si�ge de 1633, l'historien
ajoute en effet :
�� Au XVIIIe si�cle, plusieurs �tablissements industriels
d'une autre nature vinrent.
la remplacer �. (Les communes de la Meurthe, t. I, p.
438.) Et � propos d'une mention rencontr�e de la
��poudrerie Saint-L�opold�, dont, en la logique de sa
conviction, il fait un simple d�p�t, Lepage explique : ��
Le moulin de la poudrerie s'appelait Saint-Fran�ois
avant la construction du magasin � poudre dans les
premi�res ann�es de L�opold �. (Dictionnaire
topographique de la. Meurthe, v� poudrerie.) Cet ancien
�� magasin � poudre �, sur la rive gauche de la Meurthe,
territoire de Saint-Max, est de cr�ation bien
post�rieure. Au milieu du XVIIIe si�cle, la poudri�re de
Nancy - � laquelle s'ajoutaient deux d�p�ts de moindre
importance, am�nag�s de part et d'autre de la citadelle
et dont l'un n'a que tout derni�rement disparu, � la
d�molition des remparts que franchit le boulevard
Charles V - se trouvait dispos�e au fond d'un
encadrement de tranch�es, suites ruines du bastion de
Salin, c'est-�-dire sur le c�t� Est de notre cours
L�opold, exactement � la hauteur de la rue du Duc-Raoul.
Elle datait de Warren p�re. En un tel endroit, si grande
quantit� de mati�re explosible �tait une menace
continuelle; aussi les habitants �prouv�rent-ils un
grand soulagement quand le commandant de la province, M.
de Stainville, en ordonna la suppression. (Cf. LIONNOIS,
Histoire des villes vieille, et. neuve de Nancy...
jusqu'en 1788, t. I, p. 286.) Deux nouvelles poudri�res
lui furent substitu�es au bord de la rivi�re : l'une
pour les citoyens, l'autre pour l'arm�e. La poudri�re
militaire fui construite en 1779. C'est elle que Lepage
a confondue avec la poudrerie Saint-L�opold. Appel�e
dans les documents �� magasin � poudre du pont d'Essey �,
elle venait d'�tre d�saffect�e et laiss�e � bail depuis
le 30 d�cembre 1851 � un habitant de Nancy, quand, par
d�cision du ministre de la guerre du 27 novembre 1856,
elle fut remise au domaine pour �tre vendue le 25
f�vrier suivant, moyennant 10,025 francs, � Jean-Joseph
Thi�ry, n�gociant. (Archives de Meurthe-et-Moselle, Q,
biens domaniaux, derni�re p�riode, pi�ces non class�es.)
Une fabrique de limes s'y est install�e en 1882. De
chaque c�t� de l'ancienne porte d'entr�e, aveugl�e, se
voient toujours sculpt�s, au-dessus de pilastres
vermicul�s, quatre petits canons. Mais, quand il s'est
agi de rappeler la destination primitive, une derni�re
confusion a �t� commise; cette inscription erron�e a �t�
grav�e : Ancienne poudrerie.
(51) Ou bourg�ne, Rhamnus frangula, vulgairement bois �
poudre, aune noir; esp�ce du genre Nerprun.
(52) Lettres patentes du 3 juillet 1747. (Recueil des
ordonnances de Lorraine, l. VII, p. 152.)
(53) Archives de Meurthe-et-Moselle, C. 313.
(54) C'est cette abondance qui avait autrefois permis,
l'�rection de multiples moulins � poudre. Au XVIIIe
si�cle encore, g�ographes et auteurs de statistiques
sont unanimes � en faire la constatation : �� On ne
laisse pas de tirer beaucoup de salp�tre dans la
Lorraine et le Barrois �. (DURIVAL, M�moire sur la
Lorraine et le Barrois, p. 32. Cf. PIGANIOL DE LA FORCE,
op. cit., t. XIII, p. 401; dom CALMET, Notice de la
Lorraine, t. I, col. 660.) �� Il se tire beaucoup de
salp�tre dans les diff�rents lieux de cette province. �
(STEMER, Trait� du d�partement de Metz, j. cit., p. 4).
(55) Ils �taient si mal vus que, le 27 f�vrier 1607,
Charles III adresse aux procureurs g�n�raux, l'ordre de
prendre leur d�fense ; le 31 d�cembre 1610, Henri II
interdit de les troubler dans leur travail. (ROG�VILLE,
op. cit., I, II,-p. 424.)
(56) Recueil des ordonnances de Lorraine, t. 1, p. 91.
Cf. H. BAUMONT, op. cit., p. 582-583. - Le 3 octobre
suivant, la Chambre des comptes de Lorraine informait
chaque communaut� de sa quote-part pour 1698; celle
somme est payable � la fin de d�cembre, avec les
deux-derniers quartiers de la subvention. (Recueil des
ordonnances de Lorraine, t. III, p. 369.)
(57) Ibid., t. I, p. 297.
(58) Ibid., t. III, p. 399 et 49. Edouard de Warren
avait droit, pour l� Lorraine, � deux salp�triers
privil�gi�s; les lettres patentes du 18 mai 1709 lui
permirent d'en commissionner huit pour le Barrois.
(59) Article VI.
(60) Ibid.
(61) Le bail de 1747 pr�voit la r�vocation et la prison
pour les salp�triers allant dans les arrondissements
voisins. - En Alsace, province divis�e, par l'arr�t du
Conseil d'�tat du 8 juin 1766, en 70 arrondissements,
des seigneurs continuaient � jouir de leur ancien droit
de rechercher eux-m�mes le salp�tre. Il ne pouvait �tre
effectu� de fouilles sur leurs terres par les
salp�triers du roi, qu'� leur d�faut et de leur
consentement. Mais ils �taient tenus de vendre �
l'adjudicataire tout le salp�tre personnellement
recueilli. Lire Charles HOFFMANN, L'Alsace au XVIIIe
si�cle, t. II, p. 502; t. III, p. 463.
(62) Recueil des ordonnances de Lorraine, t. VII, p.
227.
(63) On retrouve assez fr�quemment de ces �tals dans les
archives communales ; les comptes portent aussi mention
de d�pense (ordinairement 3f) faite pour dresser en
double exemplaire lesdits �tats. Voir, par exemple,
Archives communales de Badonviller, HH. 1 ; de
Barbonville, HH. 1; de Champigneulles, HH. 7; d'Eulmont,
CC.32; etc.
(64) Correspondance entre le commissaire Mugneret et
Vaultrin, subd�l�gu� de Dieuze. M�moire de Mugneret sur
la question. (Archives de Meurthe-et-Moselle, C. 313.)
(65)' Soit 3 francs 6 gros; ce qui faisait 6 �cus par
an.
(66) Arr�t du Conseil d'�tal du 19 avril 1702;
ordonnance du 10 ao�t 1724.
(67) �� Il est d�fendu � tous salp�triers de travailler
et faire salp�tre dans toutes les maisons appartenant
aux RR. PP. J�suites, en quelques lieux qu'il soit, dans
la Lorraine et le Barrois, et en cas qu'il s'y trouve
aucuns desdits salp�triers aux dites maisons, en
sortiront sit�t la pr�sente re�ue... � (Archives de
Meurthe-et-Moselle, H. 1967.) En 1760, les J�suites
revendiquent une fois de plus le privil�ge pour leurs
biens de Neuves-Maisons. Le 26 janvier, Jenneville en
d�nie la validit�; puis, se ravisant, le 29 du m�me mois
il rappelle le salp�trier. (Ibid., H. 1919.) Le 5 avril
1667, pendant l'occupation, le gouverneur fran�ais, le
mar�chal de La Fert�-Senecl�re, avait interdit la
recherche du salp�tre dans les maisons et d�pendances
appartenant aux Carmes de Gerbeviller. (Ibid., n. 914.)
(68) ��...Mais je veux bien, Madame, par consid�ration
particuli�re, sans tirer � cons�quence, sur les
repr�sentations que vous me faites et l'ordre que vous
me demandez pour qu'il aille travailler dans les autres
maisons du m�me village... J'aurai � toute occasion la
v�n�ration que m�ritent votre �difiante communaut� et
vous, Madame, personnellement, m'int�ressant infiniment
� tout ce qui regarde votre �tat respectable, ayant deux
filles clo�tr�es � Paris, que j'aime infiniment; je me
recommande � vos saintes pri�res et � celles de votre
communaut�.� Lettre de Duprat, du 26 juin 1739. - Le
commissaire ayant enfin trouv� le moyen d'exempter cette
ferme d'Atton �� comme seigneuriale �, par billet du 9
juillet 1742, il fut cette fois �crit au dos du document
: �� Lettre de M. du Prat, touchant les salp�triers ;
bonne � montrer. � (Ibid., H. 2914.)
(69) Ordonnance du 10 ao�t 1724.
(70) Article XVIII.
(71) Ces r�serves et celle compensation �taient si bien
oubli�es que, dans la table analytique du Recueil des
ordonnances, elles sont r�sum�es au passif.
(72) Archives de Meurthe-et-Moselle, C. 313.
(73) Archives de Meurthe-et-Moselle, C. 313.- Il fallait
souvent que l'intendant lui-m�me interv�nt pour que le
propri�taire ou le locataire consentit � recevoir le
salp�trier. C'est le cas � Champigneulles en 1749, o� un
sieur Gentilli�tre r�siste aux premi�res sommations.
(Archives communales, HH. 7.) A Frouard, en 1780, le
pressoir banal est le seul endroit reconnu propre �
abriter le salp�trier. Le fermier refuse de l'y
accueillir. Sur la plainte du syndic, l'intendant
d�p�che un ordre expr�s. (Archives communales, HH. 7.)
(74) Cf. Arr�t du Conseil du 19 avril 1702. Ordonnance
du 10 ao�t 1724.
(75) Archives de Meurthe-et-Moselle, C. 313.
(76) Ordonnance du 10 ao�t 1724. - Les lettres patentes
du 3 juillet 1747 pr�voient contre le salp�trier la
r�vocation, la prison et une amende de 100 l. ; pareille
peine est sp�cifi�e � l'�gard d�s particuliers
complices.
(77) Archives de Meurthe-et-Moselle, C. 313.
(78) Archives nationales, K. 1193, n� 63.
(79) ��... A condition qu'ils ne pourront �tre pris du
nombre des laboureurs et artisans, mais seulement parmi
les manoeuvres� (Ordonnance du 1er septembre 1701).
(80) Except� au profit de ceux qui les ont fournis. Les
dettes des salp�triers s'acquittaient sur le prix du
salp�tre livr�. A cet effet, l'ouvrier n'�tait, au
bureau de Nancy, pay� que sur pr�sentation d'un
certificat de �� bien vivre � d�livr� par les officiers
de justice des lieux visit�s. (Arr�t du Conseil du 19
avril 1702 ; ordonnance du 10 ao�t 1724; lettres
patentes du 3 juillet 1747.)
(81) Archives de Meurthe-et-Moselle, C. 313.
(82) Voir Pierre BOY�, Les travaux publics et le r�gime
des corv�es en Lorraine au XVIIIe si�cle. Paris, 1900,
in-8�, p. 52.
(83) Archives de Meurthe-et-Moselle, loc. cit.
(84) Ordonnance du 10 ao�t 1724.-Ant�rieurement et en
vertu de l'arr�t du Conseil d'Etat du 10 ao�t 1702, les
salp�triers r�glaient � sa valeur courante le bois
demand� aux communaut�s ou aux seigneurs.
(85) Dans la ma�trise de Dieuze, 4 salp�triers
travaillent en 1765 les terres de 12 communaut�s, dont
la moins consid�rable n'aura � fournir, d'apr�s l'�tat
dos bois, que 4 cordes : c'est Molring; la plus riche:
en: salp�tre, Gu�blange, est port�e pour 32. Un total de
162 cordes est demand�. L'ann�e suivante, ce sera, pour
pareil nombre d'ateliers, 239 cordes. En 1765, 5
salp�triers visitent dans ce ressort 14 communaut�s; on
a pr�vu 217 cordes. Voici un ordre de d�livrance d�corn�
pour un village de la m�me ma�trise : �� Nancy, le 1er
f�vrier 1765. Vous d�livrerez, Messieurs, en la forme
ordinaire, � Joseph Jacques, salp�trier, travaillant �
Hampont, 2 arpents de bois pour former la quantit� de 28
cordes de bois qui lui sont n�cessaires pour salp�trer
audit lieu, � prendre sur le bois dit le Lirzin, pr�s d'Arlange,
de laquelle vous dresserez proc�s-verbal et le tout
conform�ment � l'arr�t du 24 mars dernier. Sign� :
Gallois.� (Archives de Meurthe-et-Moselle, B. :12,379.)
Ces d�livrances donn�rent lieu plus d'une fois � des
d�bats assez vifs entre l'administration foresti�re et
le commissaire des poudres. Les officiers des ma�trises
ont, d'apr�s-les ordres re�us, proc�d� � la marque dans
les for�ts communales; le droit de marque a �t�
acquitt�. Or la quantit� de bois remise, par le syndic
au salp�trier est notablement inf�rieure � colle
demand�e par le commissaire, approuv�e par l'intendant.
Les officiers des eaux et for�ts se sont-ils tromp�s
dans l'�valuation on cordes des arbres d�sign�s ? Les
habitants ont-ils plut�t mis la coupe au pillage ? Le
grand ma�tre refusait Une nouvelle d�livrance; les
habitants niaient toute soustraction; le conflit
s'�ternisait. (Ibid., C. 3l3.) -Voir aussi Mod�le des
diff�rents extraits � d�livrer par Mrs les greffiers des
ma�trises pour les bois des salp�triers. S.l.n.n.n.d. ;
6 pages in-4� (n� 6468 du Fonds lorrain de la
Biblioth�que municipale de Nancy). Ces mod�les sont
�tablis conform�ment � l'arr�t de 1764.
(86) La b�che des salp�triers eut d'abord 6 pieds de
long sur 12 � 15 pouces de diam�tre. Un cent de fagots,
par chaudi�re, comptait pour une demi-corde. : Les
essences voulues �taient le ch�ne, le h�tre et le
charme; � leur d�faut, dans la montagne, on acceptait le
sapin. (Arr�t du 16 mars 1754.) L'arr�t du24 mars 1764
fixa la longueur de la b�che � 4 pieds, son diam�tre � 6
pouces et au-dessus. Les cordes purent comprendre toutes
les essences selon la nature des coupes.
(87) Plus le sol pour livre au greffier, dans les bois
du roi, et 2 sols par corde pour le salaire du garde �
cheval ou des pr�pos�s des vassaux.
(88) Voir, sur ce droit, Pierre Boris, Les eaux et
for�ts en Lorraine au XVIIIe si�cle, dans le Bulletin
des sciences �conomiques et sociales du Comit� des
travaux historiques et scientifiques, ann�e 1907, p. 70;
et tirage � part, Paris, 1909, in-8�, p. 41.
(89) Archives de Meurthe-et-Moselle, B. 10,523-10,590.
(90) Pierre Boy�, op. cit., p. 68 ou 34.
(91) STEMER, op. cit., p. 11.
(92) Pour le charroi du salp�tre, il faut ajouter aux 15
sols la nourriture des b�tes de trait. (Arr�t du Conseil
du 19 avril 1702 ; ordonnance du 19 ao�t 1724.)
(93) Par son ordonnance du 24 mai 1760, qui rappelle ce
tarif, l'intendant Bernage de Vaux d�cidait (article
XIII) que les voilures fournies par les communaut�s
�v�choises pour le transport du salp�tre destin� � la
raffinerie de Nancy s'arr�teraient � une lieue en de��
du territoire lorrain. La Galaizi�re protesta. Il fit
valoir l'ancienne r�ciprocit�. - Des communaut�s
mettaient en adjudication le charroi du salp�tre. (Voir
Archives communales de Badonviller, HH. 1.) - Les
Lorrains, reconnaissons-le, �taient mieux partag�s que
les habitants de certaines provinces o� le logement du
salp�trier et le voiturage du nitre devaient �tre
fournis gratuitement et o� des communaut�s en �taient
r�duites, pour faire face � ce surcroit de d�penses, �
recourir � une imposition sp�ciale. Avant la mise en
r�gie des poudres et salp�tres, ces faux frais �taient
�valu�s � 69,000 l. pour les seuls villages de la
Franche-Comt�. (Cf. Encyclop�die m�thodique, Finances,
t. III, p. 359. - Albert BABEAU, Le village sous
l'ancien r�gime, 4� �dit., Paris, s. d., in-8�,p.
98-99.).
(94) Soit 35 l. le quintal. Au temps de l'autonomie, le
salp�tre de premi�re cuite �tait pay�, de 1701 � 1703,
22 l. de Lorraine aux salp�triers; celui de seconde
cuite valait 26 l. et celui de troisi�me cuite 30 l. A
partir de 1703, Warren avait d� recevoir le nitre de
premi�re cuite � raison de 25 l.
(95) Encyclop�die m�thodique, Arts et m�tiers, t. VII,
p. 182-212.
(96) Les comtes de Warren, p. 194.
(97) Le contrat du 1er f�vrier 1703 abandonnait � Warren
et � ses hoirs un terrain inoccup� �� proche la porte
Saint-Nicolas de la ville neuve de Nancy, faisant pointe
sur les rues des Eglises et des Ponts..... ; et ce, pour
y construire incessamment, et � ses frais et despens,
des halles et terres de mini�res pour les salpestres
n�cessaires � la fabrication des poudres de S. A. R. �
L'�tablissement sauta en 1717 ou 1718, endommageant
consid�rablement les couvents voisins. [Il y �
contradiction sur l'emplacement pr�cis de cette
salp�tri�re au d�but, comme sur la date de sa
destruction, entre le r�cit de Warren fils (Les comtes
de Warren, p. 194) et le journal du libraire Nicolas
(�dit. Pfister, p. 54); lire, � ce propos, Albert
BARBIER et Henri MENGIN, Histoire des sapeurs-pompiers
de Nancy, t. I, Nancy, 1909, in-8�, p. 61-63.] C'est
apr�s cette explosion que fut �tablie la salp�tri�re
plus r�cente que nous venons de d�crire et qui
s'appuyait au midi sur le mur d'octroi construit par
L�opold � la place des remparts d�molis. (Cf. Chr.
PFISTER, Histoire de Nancy, t. II, p. 337 et 922.) On en
trouve le plan, qui doit, croyons-nous, �tre dat� de
1738, aux Archives de Meurthe-et-Moselle, C. 204. Un
�tat des usines du domaine, dress� vers 1766 (ms. 395 de
la Biblioth�que d� Nancy, j. cit., fol. 15 v�), porte :
�� Les b�timents et d�pendances de la salp�tri�re, situ�s
sur les remparts, en amont et au couchant de la porte
Saint-Nicolas, sont utiles, tr�s n�cessaires et
entretenus de toutes r�parations par la ferme g�n�rale
des poudres et salp�tres de France �. Cette salp�tri�re,
puis raffinerie royale, existait encore dans la seconde
moiti� du XIXe si�cle en tant que �� raffinerie imp�riale
des salp�tres �, b�timent militaire, non sans avoir subi
des transformations notables et avoir �t� augment�e de
nouveaux, terrains. Elle s'�tendait sur une superficie
de 3,324 m�tres carr�s, lorsqu'elle fut ferm�e le 1er
janvier 1864, en vertu d'une d�cision du ministre de la
guerre du 24 mars de l'ann�e pr�c�dente. Remise au
domaine � fin d'ali�nation, elle fut vendue en trois
lots le 3 juin suivant; le premier lot �tait adjug� �
Eug�ne Bonnette, n�gociant, pour 18,500 francs; le
deuxi�me � Salomon L�vy, marchand de chiffons, pour
18,600 francs; le troisi�me � Pierre G�rard,
entrepreneur, pour 19,600 francs. Il est int�ressant de
comparer les donn�es de l'�tat de lieux dress� �
l'occasion de cette vente (Archives de
Meurthe-et-Moselle, Q, biens domaniaux, derni�re
p�riode, pi�ces non class�es) avec celles fournies par
le plan du XVIIIe si�cle. L� raffinerie comprenait
finalement trois cours, des logements et ateliers, un
laboratoire, des bureaux, magasins et hangars. D�j�,
quand Lionnois �crivait (op.cit.,. t. III, p. 137), il y
avait �� un b�timent pour les ouvriers qui travaillent �
la confection des salp�tres et un jardin �. Depuis 1900,
� travers les d�pendances de l'ancienne raffinerie et le
mur de L�opold, la rue des Quatre-Eglises a �t�
prolong�e vers le Montet. Mais le n� 5 de la rue de
Salp�tri�re, occup� par un commerce de chiffons, offre
toujours, avec sa fa�ade basse et sa porte d'entr�e,
l'aspect caract�ristique figur� sur le plan de l'�poque
de Stanislas. Cette porte est rest�e surmont�e d'un
�l�gant cartouche Louis XV, o� se lit, sur marbre noir,
l'inscription : Salp�tri�re 1735. Ajoutons que c'est
Warren p�re lui-m�me qui avait cr��, en m�me temps que
la salp�tri�re, la rue � laquelle cet �tablissement a
donn� son nom. Le lieutenant de l'artillerie l'avait
d'abord, en souvenir de sa patrie, appel�e rue de
Dublin, ce qui par corruption devint rue du B�lin. En
1767, elle �tait dite rue de la Salp�trerie. A la fin du
XVIIIe si�cle et au commencement du XIXe, les formes
Salp�trerie et Salp�tri�re sont simultan�ment employ�es;
depuis 1814, cette derni�re, et avec raison, a pr�valu.
(Ch. COURBE, Les rues de Nancy du XVIe si�cle � nos
jours, t. II, p. 208 et suiv. - E. BADEL, Dictionnaire
historique des rues de Nancy, t. -II, p. 260-262. - Chr.
PFISTER, op. cit., t. II, p. 337.)
(98) Encyclop�die m�thodique, loc. cit., p. 187 et suiv.
(99) Archives de Meurthe-et-Moselle, C. 313.
(100) Les particuliers recevaient 9 sols. Le salp�tre
provenant des fouilles �tait d�sormais pay� aux
salp�triers 8 sols au lieu de 7; celui de d�molition,
sans fouille, 9 sols. Des gratifications �taient
promises aux salp�triers et aux exploitants de
nitri�res, en cas d'excellente fourniture. Recueil des
ordonnances de Lorraine, t. XIII, p. 777; t. XIV, p. 98.
(101) II �tait le gendre de Mugneret, qui, permutant
avec lui en 1775, passait au commissariat d'Essonnes.
(102) Thouvenel (Pierre-Fran�ois), n� � Sauville, pr�s
de Neufch�teau (Vosges), en 1747. Docteur de la facult�
de Montpellier en 1770, il contribua � faire conna�tre,
par un m�moire paru en 1774, l'efficacit� des eaux de
Contr�x�ville, et devint, � la suite de celle
publication, inspecteur g�n�ral des eaux min�rales, puis
en 1784 inspecteur des h�pitaux militaires de France. Il
avait �t� nomm� premier m�decin consultant de Louis
XVIII, lorsqu'il mourut � Paris le 1er mars 1815.
Thouvenel a beaucoup �crit, sur la m�decine, la
physique, la chimie., les sciences naturelles, etc. Il
fut couronn� dix fois, en quatorze ans, par les
acad�mies les plus illustres. Lire A. DE HALDAT, Eloge
historique de feu Pierre Thouvenel..... prononc� � la
s�ance publique de la Soci�t� royale des sciences,
lettres, arts et agriculture de Nancy, le 28 juin 1816,
dans les M�moires de cette Compagnie, 1813-1814, p..84
et suiv.; et tirage � part, Nancy, s.d.,31 p. in-8�. -
Son portrait a �t� grav� par M�nageot.
(103) A la s�ance publique de la Saint-Martin, et non en
1784 comme le dit A. DE HALDAT, op. cit.
(104). Fix� d'abord � 4,000 l, auxquelles s'ajoutaient
2,000 l. pour deux accessits, ce prix devait �tre
d�cern� dans la s�ance publique de P�ques 1778. Aucun
des 38 m�moires re�us n'en ayant �t� jug� digne, le
concours avait �t� prorog� et la valeur du prix doubl�e.
Il y eut, cette fois, 28 m�moires d�pos�s, dont celui
des fr�res Thouvenel fut de beaucoup le plus remarqu�.
Il �tait dat� de d�cembre 1783 et avait pour titre :
M�moire chimique et �conomique sur les principes et la
g�n�ration du salp�tre. Voici quelle �tait sa devise : ��
Apr�s avoir lu et m�dit� tout ce qui a �t� �crit sur cet
important sujet, ne pourrait-on pas s'�crier avec le
vieillard de T�rence : incertior multo sum quam dudum. �
Mais la gloire du m�decin a fait tort au commissaire des
poudres. Nicolas Thouvenel n'est m�me pas cit� dans la
notice de A. de Haldat. Voir, au contraire, Histoire de
l'Acad�mie royale des sciences, ann. 1782, p. 53-55, o�
l'�troite collaboration est express�ment affirm�e : ��
Les auteurs sont M. Thouvenel, docteur en m�decine,
associ� r�gnicole de la Soci�t� royale de m�decine, et
N. Thouvenel, commissaire des poudres et salp�tres au
d�partement de Nancy.� (Cf. Encyclop�die m�thodique,
Arts et m�tiers, t. VII, p. 172-176.) Le travail des
Thouvenel a �t� publi� par l'Acad�mie dans le onzi�me
volume de la collection des M�moires des savants
�trangers, volume sp�cial intitul� : Recueil de m�moires
et de pi�ces sur la formation el la fabrication du
salp�tre, 1786, p. 55 et suiv.
Des coll�gues de Nicolas Thouvenel avaient pris part au
concours. Le m�moire class� le troisi�me �tait d� � la
collaboration de Gavinet, commissaire, et Chevrand,
inspecteur des poudres et salp�tres de Franche-Comt� ;
le m�moire class� le quatri�me avait �t� r�dig� par
Chevrand seul.
(105) ROG�VILLE, Op. Cit., t. II, p. 426.
(106) Archives de Meurthe-et-Moselle, C. 313.
(107) La ville de Pont-�-Mousson, notamment, demande ��
qu'on avise aux moyens de supprimer les entraves et les
vexations que commettent journellement les salp�triers
dans l'exercice de leurs fonctions, tant � la ville qu'�
la campagne�. Les trois ordres r�unis du bailliage de
Rosi�res, souhaitent �� que les salp�triers ne puissent
travailler que dans les lieux publics, et non dans les
caves, celliers et engrangements, �curies pav�es ou
ciment�es, sans qu'ils exigent rien des communaut�s
auxquelles leurs commettants les rendent � charge �. Ces
derni�res dol�ances sont notoirement exag�r�es, et
donneraient une id�e fausse, p�jorative, de l'�tat de
choses. (Archives parlementaires, t. -II, p. 232, col.
1; t. IV, p. 88, col. 2, art. XVI.)
(108) Article X du bail Primard; article VII du bail
Mahieu.
(109) Arr�t du 1er janvier 1704. (Recueil des
ordonnances de Lorraine, t. I,p. 405.) Anciens baux et
anciennes ordonnances.
(110) Archives de Meurthe-et-Moselle, C. 313.
(111) Sur le faux saunage et sa r�pression, voir Pierre
Boy�, Le sel et les salines en Lorraine au XVIIIe
si�cle, p. 52 et suiv. - Nous avons dit, dans cette
�tude, que les consommateurs pauvres �taient tent�s
d'user de sel de salp�tre. Il �tait interdit � la ferme
des poudres d'en faire argent, sous les m�mes peines. A
la suite de l'arr�t du 8 ao�t 1777, le sel marin
provenant des ateliers � salp�tre dut �tre remis � la
Ferme g�n�rale, qui en payait le prix. |