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Abb� Auguste Lefebvre - 1851-1918


Le clerg� du dioc�se de Nancy pendant la guerre (1914-1918)
Abb� R. Hogard,...
�d impr. Vagner (Nancy) - 1920


M. l'abb� Lefebvre

Parmi nos morts, au milieu de soldats, voici un pr�tre en soutane : parmi les physionomies vigoureuses de la jeunesse et de la maturit�, voici un vieillard. Il a des cheveux blancs, mais l'�ge n'a pas port� atteinte � l'ardeur de sa foi ni � son actif d�vouement. Avec ses 67 ans, il poss�de une nature d'ap�tre. C'est au service des soldats qu'il s'est vou�, n'ayant plus de paroisse ; c'est pour les soldats qu'il tombe le 8 f�vrier 1918, emport� en quelques jours par un mal terrible, contract� � leur chevet.
Nous devons donc saluer M. l'abb� Lefebvre (1), cur� d'Ancerviller, comme une victime de la guerre. Il est bien mort pour la France (2), dans l'exercice des fonctions d'aum�nier qu'il remplissait � l'hospice Villemin-Maringer.

Il y aurait des pages bien �difiantes � �crire sur les trente-quatre ann�es de son minist�re paroissial, sur les industries de son z�le, sur sa g�n�rosit�, sa douceur, sa modestie, son intense pi�t�. Mais il faut se borner, car nous �crivons pour le temps de la guerre. Le r�cit de l'invasion ajoute un m�rite de plus � cette vie :
�� Les Allemands travers�rent et occup�rent Ancerviller a deux reprises. Quand ils revinrent, apr�s avoir �t� refoul�s une premi�re fois, ils commenc�rent par emprisonner le cur� � la sacristie, pendant trois jours, pour le soumettre ensuite � toutes sortes de vexations. Ce qu'il souffrit, dans cette circonstance, Dieu seul le sait, car il ne voulut jamais en faire le r�cit. Tout ce qu'on put savoir, c'est que, gr�ce � son �nergique intervention, il sauva de l'incendie la majeure partie du village.
�� Le 10 septembre 1914, les envahisseurs recul�rent ; c'�tait la d�livrance, on respirait. Mais au bout de deux mois d'une tranquillit� relative, l'autorit� militaire, dans le but d'assurer la s�curit� des habitants, leur demanda d'�vacuer leurs maisons. Il fallut se r�signer et partir : c'�tait l'exil, qu'on voulait croire de courte dur�e : c'�tait surtout l'heure cruelle de la s�paration. Le bon pasteur donna � ses fid�les l'exemple de l'ob�issance. Il se rendit � Nancy, o� il trouva dans une maison amie les attentions et le r�confort que r�clamait sa sant� quelque peu �branl�e. Son premier soin fut de s'int�resser au sort de ses paroissiens qui l'avaient suivi, et de leur obtenir par ses d�marches les secours mat�riels n�cessaires, se chargeant de leur assurer lui-m�me le service religieux � la caserne Drouot, devenue l'asile des r�fugi�s. Il fut ensuite, pendant plus d'un an, administrateur de Vandoeuvre.
�� Pris, un jour, d'une sorte de nostalgie, il sollicita et obtint l'autorisation d'aller visiter sa paroisse. Il en revint le coeur navr�. Comme le proph�te sur les ruines du temple de J�rusalem, il avait pleur� sur les ruines de sa ch�re �glise, qu'il avait mis tant de soin � orner et � embellir.
�� A son retour, il fut charg� de remplir � l'hospice Villemin-Maringer les fonctions d'aum�nier. Les malades qu'il consolait avec une bont� souriante pourraient t�moigner de son admirable d�vouement Chaque jour il traversait les salles, s'arr�tant aupr�s de chaque lit pour distribuer une parole d'encouragement et d'esp�rance.�
Dans l'exercice m�me de son minist�re, aupr�s des contagieux. il contracta le germe d'un mal qui ne pardonne pas.
Le samedi 2 f�vrier, apr�s avoir dit la Messe. M. Lefebvre fut oblig� de s'aliter. Le dimanche, il ne put c�l�brer les offices. Il se leva cependant. Ce fut pour la derni�re fois.
Aupr�s de soldats italiens soign�s pour la petite v�role, il avait contract� la terrible maladie. D�s le mardi, les premiers sympt�mes alarmants apparurent ; l'isolement fut exig�. Une consigne inexorable ne laissait approcher de son chevet qu'une religieuse, une autre infirmi�re tr�s d�vou�e et le pr�tre qui devait le pr�parer � la mort.
Le cher malade ne s'illusionna pas, mais on gardait encore l'espoir autour de lui. D�s le jeudi le mal empira, tout fut consid�r� comme perdu.
Il demanda lui-m�me, malgr� de vives souffrances, son confesseur, re�ut avec foi et grande pi�t� l'Extr�me-Onction et le m�me soir, 8 f�vrier, expira doucement.
Ces quatre jours avaient �t� un v�ritable martyre. Une fi�vre d�vorante, la diffusion g�n�ralis�e de boutons purulents, l'isolement complet �taient de nature � exciter des r�criminations dans les coeurs les plus robustes. Pourtant on n'entendit pas une plainte, pas un regret, pas un murmure. Il regardait le crucifix, priait, et c'�tait tout. Quelques heures avant sa mort, il avait fait le sacrifice de sa vie pour les �mes et pour la France.
�� Ses obs�ques, simples et modestes comme avait �t� sa vie, furent c�l�br�es le dimanche 10 f�vrier. M. le cur�-doyen de Saint-Pierre chanta la messe, M. le Vicaire g�n�ral J�r�me pr�sida l'absoute solennelle.
�� Au bord de la tombe, M. Jambois, ordonnateur des Hospices civils de Nancy et M. Dubujadoux, m�decin-chef du Service de sant� de la Place, exprim�rent en paroles
�mues la reconnaissance de tous, et leur admiration pour cette noble victime du devoir, pour ce pr�tre vaillant tomb� au champ d'honneur. � (3).


(1) M. l'abb� Auguste Lefebvre. n� � Vergaville, le 15 mai 1851, ordonn� pr�tre le 3 octobre 1875, avait �t� vicaire � Saint-S�bastien, puis cur� d'Ancerviller (1881).
Cf. : Semaine Religieuse de 1918, p. 138 et suiv. - Divers t�moignages.
(2) La Commission administrative des hospices civils, dans sa d�lib�ration prise le 9 f�vrier 1918, le mentionne en termes formels.
(3) Semaine Religieuse de 1918, p. 138 et suiv. Notice de M l'abb� G�rardin.


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