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Saint-Marin,
patron de Remoncourt
Textes
patois recueillis en Lorraine
Par L. Zeliqzon et G.Thiriot
Ed. Metz 1912
SAINT MARIN, PATRON DE
REMONCOURT.
Je crois que quand on fait b�tir
une �glise, on la d�die � un [tel] saint qui en demeure pour
toujours le patron. Je ne sais si les gens des temps pass�s savaient
cela, mais voici ce qu'ils racontaient de Saint Marin de Remoncourt
(1).
Apr�s que l'�v�que a eu (eut) donn� des patrons � toutes les
paroisses de son dioc�se, il s'a (s'est) trouv� que Remoncourt avait
�t� oubli�. Les gens du village, n'y comprenant rien, ont voulu
(voulurent) savoir pourquoi, et se sont d�cid�s (se d�cid�rent) �
aller eux-m�mes trouver l'�v�que. �'a �t� (ce furent) les hommes qui
ont �t� (furent) charg�s de faire la d�marche.
A l'�v�ch�, on a reconnu (reconnut) qu'ils avaient bien (vraiment)
�t� oubli�s et qu'ils �taient dans le droit de r�clamer.
- � Mais �, [que] dit l'�v�que, �il n'y a point de mal, il nous
demeure (reste) justement un saint qui n'a point de paroisse, et
c'est Saint Marin. ��
- � Va pour Saint Marin�, [que] disent les hommes, et les voil�
revenus contents � Remoncourt.
- � Quel patron que nous avons (avons-nous) ? �� que leur demandent
leurs femmes aussit�t arriv�s.
- � Saint Marin, il n'y avait plus que celui-l�. ��
- � J�sus Dieu ! [que] disent les femmes en levant les bras [en haut, qu'est-ce que c'est que le (ce) petit Saint Marin[-l�], qu'on ne
conna�t pas ? Nous ne le voulons pas, nous irons plut�t toutes
ensemble trouver l'�v�que. ��
Voil� donc mes femmes chez l'�v�que.
- � Nous ne comprenons pas, Monseigneur l'�v�que, comment que vous
pouvez nous donner un pareil patron, quand les gens de Xousse (2)
ont Saint Pierre, les gens de Lagarde (3) Saint Jean-Baptiste, vous
allez nous donner un petit Saint Marin qui n'est pas seulement dans
notre almanach. C'est inutile, Monseigneur, nous aimon smieux n'en
point avoir. ��
L'�v�que, pensant qu'il ne pouvait (pourrait) sortir de l� que par
un tour de force, prend une prise, r�fl�chit un moment. Il avait
trouv� le joint.
- � Allons ! allons ! mes braves femmes, dites-moi bien, est-ce que
vous n'aimez pas un peu [d'] �tre les ma�tresses chez vous ? Je veux
dire de porter les culottes enfin ?
- � J�sus Dieu, Monseigneur l'�v�que, nos hommes sont si b�tes, on
peut dire que si nous avions le bonheur de porter les culottes �
leur place, cela marcherait bien mieux dans nos m�nages. ��
-- � Eh bien ! dit l'�v�que, voil� bien l'affaire, c'est justement
l� le r�le de Saint Marin, si quelqu'une de vous n'est pas ma�tresse
chez elle, elle n'a qu'� bien prier Saint Marin, et elle verra que
cela changera. ��
- � Oh ! si c'est comme cela, Monseigneur l'�v�que, nous le voulons
bien, et merci, Monseigneur. ��
Et puis, faisant une belle r�v�rence, comme les femmes de Remoncourt
savaient en faire � cette �poque, elles sont sorties de l'�v�ch� et
ont (sont) revenu(es) � Remoncourt.
- � Eh bien ! Saint Marin ? �� [que] demandent les hommes en les
voyant arriver.
- � Oh ! Saint Marin, il faut le garder, c'est le plus grand saint
du paradis. ��
Depuis ce moment-l�, les femmes de Remoncourt ont toujours port� les
culottes.
(1) Remoncourt, village de la Meurthe-et-Moselle du
canton de Bl�mont.
(2) Xousse (pr. Chousse), village de la Meurthe-et-Moselle du canton
de Bl�mont.
(3) Lagarde, village autrefois de la Meurthe-et-Moselle, maintenant
faisant partie de la Lorraine allemande, canton de Vic.
SINT MARIN,
PATRON DE R'MONCOT.
(Lagarde).
Je cros que quand-on fat batchi
�n moteu, on lo d�die � �n t�l sint qu'an demw�re po tojos lo p�tron.
Je n' s�s si l�s jans di tamps p�ss� sav�nt �'l�, m�s va� �ou qu'is
racont�nt de Sint Marin de R'moncot.
�pr�s que l'�v�que � �vu b�yi d�s patrons � toutes l�s parw�sses de
so dioc�se, i s'� trouv� que R'moncot av�t �tu r�briy�. L�s jans di
vil�je, n'y compreunant r�n, ont v'lu saw� pourqw�, �t s sont
d�cid�s � al� zous m�mes trouv� l'�v�que. C'� �tu l�s-�mes qu'ont
�tu ch�his de fare l� d�m�rche.
� l'�v�ch�, on-n-� r'conahhi que l av�nt b�n �tu robriyis �t que 'l
at�nt dans lo drw�tde r�clam� .
- � Mas, que dit l'�v�que, i n'� pwint d'm�, i nos demw�re
justeumant �n sint quen'� pwint d' parw�sse, �t �'at sint Marin. ��
- � V� po sint Marin�, que d'hont l�s-omes, �t l�s val �rveunis
contants � R'moncot.
- � Qu� patron qu' j'ons ?�� qu'i d'mandont z�s fomes �ssit�t �riv�s.
- � Sint Marin, i n'av�t pus qu' l'�t-�t' ? ��
- � J�sus Djeu! que d'hont l�s fomes an l'vant l�s br�s an hat, qu'at
� que �'at que lo piat Sint Marin l�, qu'on n conat m'? Je n lo
v'lons m', je v'rons put�t tortus ansane trouv� l'�v�que. ��
Val donc m�s fomes �uz l'�v�que:
- � Je n compeurnons m', mons�gneur l'�v�que, comant que v pouv�z
nos b�yi �n par�y patron, quand l�s jans de Hhousse ont sint Pi�re,
l�s jans de L�g�tche sint-Jan-Batisse, v al�z nos b�yi �n piat sint
Marin que n'at m seul'mant dans note armeun�e. �'at inutile,
mons�gneur, j'�mons mieus n'an pwint aw�. ��
L'�v�que, pansant qu'i n pouvot sorti de tol� que pa �n tour de
force, prand eune prise, r�fl�chit �n momant. 'L av�t trouv� lo
jwint.
- � Alons! alons! m�s br�ves fomes, d�hoz m b�n, � � que v' n'�m�z m
�n p� d'�te l�s mātrasses ch�nz vos ? Je vus dire de poutch� l�s
ch�sses anfin ?��
- � J�sus Djeu, mons�gne�r l'�v�que, nos-omes sont si b�tes, on p�t
dire que si j'av�ns lo boneur de poutch� l�s chāsses � zoute pi�ce,
c� m�rcheur�t bin mieus, nos min�jes. ��
- � Eh b�n! dit l'�v�que, val b�n l'�fare, �'at tol� justeumant lo
role de sint Marin, si qu�qu'eune de vos n'at m mātrasse ch�nz l�ye,
�le n'� qu'� b�n priyi sint Marin, �t �le wār� que c� chinj'r�. ��
- � Oh! si �'at come �'l�, mons�gneur l'�v�que, j'lo v'lons b�n, �t
m�rci, mons�gneur. ��
Et pus, f�yant eune b�le r�v�rance, come l�s fomes de R'moncot
sav�nt l� fare � l'�poque l�, �les sont sorties de l'�v�ch� �t ont
rev'ni � R'moncot.
- � Eh b�n! sint Marin ?�� que d'mandont l�s-omes an l�s w�yant �riv�.
- � Oh ! sint Marin, i fat lo t'ni, �'at lo pus grand sint di
p�r�dis. ��
D'peus lo momant l�, l�s f�mes de R'moncot ont tojos poutch� l�s
chasses.
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