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Ao�t 1914 - 86�me
R�giment d'Infanterie - Ancerviller, etc...
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Historique du 86�me R�giment
d'infanterie
I. - ANCERVILLER.
Le 10 ao�t au matin, la Division est pr�te � marcher.
C'est par une chaleur torride que s'effectue la premi�re
�tape vers la fronti�re.
Le R�giment s'achemine vers le nord-est, traverse la
Moselle et le canal de l'Est � Thaon-les-
Vosges, et vient cantonner dans la r�gion de Domevre-sur-Durbion
et Badm�nil-aux-Bois (15
kilom�tres au nord d'�pinal), apr�s une marche
extr�mement p�nible.
Le 11 ao�t, c'est la deuxi�me �tape, moins longue et
moins dure que celle de la veille.
Le R�giment cantonne dans la r�gion de Padoux et Bult (8
kilom�tres S.-O. de
Rambervillers). |
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Le 12 ao�t, une troisi�me et rapide �tape am�ne le
R�giment dans cette derni�re ville.
Ceux qui �taient l� se rappelleront l'accueil qui les
attendait.
Ce fut une vraie d�bauche de g�teries de toutes sortes.
C'est par ce soir du 12 ao�t que les premi�res
impressions de la bataille sont r�v�l�es au 86e.
Les premiers bless�s des combats r�cents arrivent par
groupes.
Ceux qui ne peuvent marcher sont transport�s sur des
chariots lorrains. Sous les pansements sanglants, ils
racontent leur premier combat.
Ce sont des hommes du 17e r�giment d'infanterie et du
17e bataillon de chasseurs.
Leurs yeux enfi�vr�s luisent d'un singulier �clat de
confiance.
Ils narrent avec quel imp�tueux �lan ils se sont jet�s
sur l'ennemi, dans la r�gion de Pexonne.
Ils sont confiants, et demandent � gu�rir rapidement
pour reprendre leur place, et se venger.
L'enthousiasme continue et maintient tr�s haut la
confiance dans les coeurs.
Le 13 ao�t, le R�giment effectue une dure et tr�s longue
�tape.
Il arrive dans la vall�e de la Meurthe, qu'il traverse �
Baccarat, et continue vers le N.-E.
jusqu'� Mervillers. C'est dans cette r�gion que le 86e
stationne en avant-postes, devant les villages de
Pexonne, Saint-Maurice, Saint-P�le, Montigny,
Vaxainville.
Au-del� de ces villages, on aper�oit l'ennemi qui
travaille activement � l'organisation des cr�tes et des
bois.
Le 15 ao�t, la marche en avant est reprise. A partir de
Montigny, le R�giment prend une formation d'approche
pour se porter � l'attaque des cr�tes au sud d'Ancerviller
(c�te 314), et du bois des Haies, � l'Est de ce village.
D�s que les �l�ments de t�te arrivent � la c�te 314 (3e
Bataillon) ils sont soumis au feu de l'artillerie
ennemie.
Nos hommes se montrent, d�s ce premier contact avec la
bataille, avec leurs belles qualit�s de discipline et de
sang-froid.
C'est comme � la manoeuvre que les Compagnies se portent
en avant ; chaque section reste � sa place, se couche
sous les rafales, repart, et la marche vers les
objectifs assign�s s'effectue sans arr�t.
La c�te 314 est occup�e, et bient�t, sans souci des feux
de l'artillerie allemande, le bois des Haies est
atteint. L'ennemi n'a que le temps d'atteler ses canons,
et de se retirer en h�te vers le nord-est.
D�s cette premi�re journ�e, nos pertes sont p�nibles,
particuli�rement au 3e bataillon.
Mais nos hommes ont montr� un tel entrain, une telle
volont�, appuy�e par une belle discipline du combat, que
la confiance grandit encore.
Le soir, le r�giment stationne sur le terrain conquis,
au nord-est d'Ancerviller.
Au loin, de sinistres et grandes lueurs d'incendie
jalonnent les petits villages de Montigny,
Harbouey, etc... que dans sa rage haineuse, l'ennemi
br�le, an�antit, puisqu'il ne peut les conserver.

II. - SARREBOURG.
D�s le 15 ao�t, le 86e reprend sa marche vers le
nord-est.
La fronti�re n'est plus qu'� une quinzaine de
kilom�tres.
Cirey-sur-Vezouse est travers�, et le soir, les �l�ments
de t�te du r�giment (3e bataillon) sont � Bertrambois,
le dernier village fran�ais � quelques centaines de
m�tres de la fronti�re.
Le r�giment stationne, partie dans ce village, partie
dans les bois au sud. Il pleut sans arr�t.
Les hommes sont mouill�s, transis de froid.
De grands feux de bivouac aident � passer cette nuit.
D�s les premi�res lueurs du jour, le 16 ao�t, nous
reprenons la marche.
A la fronti�re, qui longe le bois des Harcholins, les
derniers cavaliers ennemis se montrent timidement. Mais
ils ne sauraient constituer un obstacle.
La t�te du r�giment va de l'avant ; l'ennemi a fui,
lorsque la fronti�re est atteinte � 800 m�tres au
nord-est de Bertrambois.
Quelle �motion profonde et sacr�e, que celle que
ressentent alors nos troupiers !
De bonne heure; le matin nous foulons le sol ennemi, la
for�t est travers�e rapidement.
Niderhoff (sur la Sarre Blanche), le premier village
allemand est occup�.
Le soir, tout le r�giment est en pays ennemi, soit dans
Niderhoff, soit dans les bois au sud.
Le 17 ao�t, le r�giment ex�cute divers d�placements, au
nord, vers Lorquin et la Neuveville-l�s-Lorquin, et
stationne dans cette r�gion.
Le 18, il ex�cute un nouveau bond en avant, traverse la
Sarre Rouge, et arrive � Nitting o� il stationne.

Des forces ennemies sont signal�es � quelques kilom�tres
vers le nord, au sud de Sarrebourg.
L'organisation du terrain est alors commenc�e au nord de
Nitting, pendant la journ�e du 19, puis dans la matin�e
du 20 ao�t.
Le 20 ao�t, le 86e occupe ses emplacements d'attente au
nord de Nitting.
Depuis le matin le combat a �t� engag�.
Les obusiers ennemis de 210 se sont r�v�l�s.
Les bruits de la bataille nous arrivent et nous
annoncent notre entr�e prochaine dans la m�l�e.
Le r�giment est engag� assez tard l'apr�s-midi.
Les 1er et 3e bataillons re�oivent les premiers l'ordre
de marcher, le 2e reste provisoirement en
r�serve.
L'objectif des deux premiers bataillons engag�s est le
mouvement du terrain, jalonn� par la
c�te 330, � 1500 m�tres au nord du village de Hesse, � 4
kilom�tres au sud de Sarrebourg.
Le 2e bataillon est engag� peu apr�s au nord de
Schneckenbusch.
Le canal de la Marne au Rhin est franchi rapidement,
malgr� le tir violent de l'artillerie lourde
ennemie, qui en bat tous les ponts, particuli�rement
celui de Schneckenbusch.
D�s que le canal est franchi, les bataillons se trouvent
sous le feu de l'artillerie, de l'infanterie
et des mitrailleuses ennemies.
Le dispositif d'attaque est pris, les d�placements sont
ex�cut�s comme � la manoeuvre.
Les lignes de tirailleurs sont parfaitement en ordre.
Elles courent, bondissent, se recouchent et repartent au
commandement des chefs, restant align�es de fa�on
remarquable.
La nuit arriva bient�t.
Et les vagues de tirailleurs, mettant ba�onnette au
canon, continu�rent leur charge, se jetant sans aucune
h�sitation, dans la titanesque fournaise, vers les
espaces de la mort, o� s'entrechoquaient les plus
cruelles volont�s.
L'infanterie ennemie, abrit�e dans des tranch�es
b�tonn�es, ex�cute des feux extr�mement meurtriers, sur
un terrain connu et rep�r�.
Beaucoup des n�tres tombent.
La ligne ne s'arr�te pas.
Mais bient�t l'avance devient impossible, malgr� les
h�ro�smes les plus magnifiques.
Ici, c'est le capitaine Pichon qui, presque au d�but de
l'action, �� s'est �lanc� dans un �lan superbe, � la t�te
de sa compagnie d�ploy�e, entra�nant toute la ligne sous
une gr�le de projectiles �, et qui tombe mortellement
atteint de plusieurs blessures.
Il est cit� � l'ordre de l'arm�e.
L�, c'est le capitaine Degoutin qui, �� a entra�n� sa
compagnie au pas de course, sous une
gr�le de projectiles, jusque sur les retranchements
ennemis, o� il est tomb� glorieusement,
perc� de coups de ba�onnettes �.
Sa conduite h�ro�que lui vaut une citation � l'ordre de
l'arm�e.
Puis, c'est le soldat Thiolas, de la 5e compagnie, qui
donne le plus admirable exemple. Sa
section est arriv�e par bonds successifs jusqu'� 150
m�tres des positions allemandes.
Elle est alors arr�t�e par un feu violent de l'ennemi,
ne peut plus repartir et reste terr�e.
Alors, Thiolas se l�ve et, seul debout au milieu de ses
camarades couch�s, ex�cute � son
commandement les mouvements de �� l'arme sur l'�paule � ��
pr�sentez arme � �� reposez
arme �.
Il se recouche, recommence � tirer et r�ussit �
entra�ner sa section dans un nouveau bond.
Cet h�ro�sme magnifique valut � Thiolas, une citation �
l'ordre de l'arm�e.
Jusqu'� une heure avanc�e de la nuit, le r�giment combat
; mais il ne peut r�ussir � enlever les
formidables organisations qu'il attaque.
Il reste sur ses emplacements.
Le lendemain matin alors que l'ouragan de plomb d�cha�n�
par l'artillerie lourde ennemie
annon�a le jour, le r�giment re�ut l'ordre de se
replier.
La douloureuse retraite de Lorraine commen�ait.
850 hommes et 25 officiers du 86e r�giment restaient sur
le champ de bataille de Sarrebourg.
III. - BACCARAT.
Le 21 ao�t, au matin, le 86e est un peu dispers� dans la
r�gion de Nitting. Mais chacun des
groupes est ordonn�, command�.
Le groupe principal se porte au nord du village, face au
nord, face � l'ennemi qui bombarde la
r�gion � l'aide de ses monstrueux mortiers de 210.
Ce n'est qu'assez tard dans la matin�e que la retraite
commence, parfaitement ordonn�e.
Par un premier mouvement le r�giment vient dans la
r�gion de La Neuveville-l�s-Lorquin, qui
est mis en �tat de d�fense.
Vers le soir, le mouvement de retraite est repris.
Le r�giment refait vers le sud, avec la rage au coeur,
le chemin qu'il a parcouru quelques jours
avant, alors que la plus belle confiance animait chacun
des braves qui marchaient � l'ennemi.
La fronti�re est franchie.
C'est le sol de la patrie qui va �tre dor�navant le
terrain des �pres combats, futurs et prochains.
Bertrambois, Cirey sont rapidement travers�s. Le 21 au
soir, le r�giment stationne dans la
r�gion ouest et S.O. de Cirey.
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