Truc de zinzin
Vincent Gersin
\ 09h49
Vincent Gersin

Non, le titre de cet édito ne fait pas référence à l'ubuesque situation politique du pays et ses rebondissements incessants. Bien que cela s'y prête aussi. « Zinzin », c'est le terme familier donné aux investisseurs institutionnels, communément utilisé dans le monde financier.
Le secteur de l'assurance protège, mais joue également un rôle clef d'investisseur, irriguant par ses placements l'ensemble de l'économie, française d'abord, mais aussi internationale. Compagnies, mutuelles, groupes de protection sociale : les plus grands d'entre eux sont aussi des « zinzins ». Les défis à relever sont nombreux. En plus des transitions climatique et numérique, dans lesquelles les assureurs sont engagés, l'instabilité politique - qui n'est plus ponctuelle - et la multiplication des théâtres de guerre bouleversent le tableau. Aux États-Unis, l'administration Trump, et plus particulièrement le secrétaire au Trésor Scott Bessent, travaille à l'élaboration d'un fonds souverain américain (l'US sovereign wealth fund) dont l'allocation serait axée sur une politique industrielle et de sécurité nationale. Gérés par le gouvernement, les encours pourraient être constitués des actifs fédéraux, des revenus des droits de douane ou encore de l'épargne non résidente.
En France, s'il n'est pas question d'unetelle initiative, les assureurs, en tant qu'investisseurs institutionnels, sont amenés à jouer les premiers rôles. Au printemps dernier, le président de la République a appelé au réarmement du pays, ce qui passe par une augmentation des ressources allouées à l'industrie de la Défense. Pour ce faire : fléchage de l'épargne et démarches spécifiques demandées aux grands investisseurs. L'équilibre est ténu pour les assureurs qui ont, dans le même temps, mis en place des politiques assez poussées en matière de durabilité. « En définitive, financer la défense est possible si cela ne nuit pas à nos engagements sociétaux et environnementaux », résume Cécile Blondeau-Dallet, directrice des investissements France de CNP Assurances. De manière générale, par leurs investissements dans les actions, le private equity, ou dans des grands projets industriels, via la classe d'actifs dite infrastructure, les assureurs entendent montrer le rôle moteur qu'ils jouent dans l'économie réelle. Et ne manquent pas de rappeler que leur stratégie d'investissement vise aussi et surtout in fine à servir les assurés.






