Frédéric Lejeune (Axa - A2P) "Nous souhaitons réduire les disparités entre les agences"
En novembre, le CNAVS, le syndicat des agents A2P (Axa prévoyance et patrimoine), élira son nouveau président. Frédéric Lejeune, le président sortant, dresse, pour l'Argus de l'assurance, le bilan de ses trois années de mandature. Entre les avancées sur la rémunération et sur Axa Banque, des chantiers demeurent pour son successeur.
Benjamin Chabrier
\ 11h58
Benjamin Chabrier

L’Argus de l’assurance : Quelles ont été, selon vous, les principales avancées de cette mandature ?
Frédéric Lejeune : Nous avons profondément revu la gouvernance du syndicat. La fonction de président est lourde, surtout lorsqu’on exerce en parallèle son métier d’agent A2P. C’est pourquoi nous avons instauré un poste de vice-président délégué, véritable bras droit du président, doté de moyens spécifiques pour assurer la continuité de l’action. Nous avons aussi créé une nouvelle commission « qualité de service », dédiée à l’amélioration des process et des outils de travail des agents. C’est un sujet qui intéresse autant le réseau que la compagnie, dans la logique de satisfaction client mise en avant depuis plusieurs années par Axa.
Vous évoquez également une réunification interne du syndicat.
F.L : Oui, c’était un enjeu majeur. Le CNAVS avait connu des divisions par le passé. Nous avons réussi à rassembler les différents courants pour parler d’une seule voix face à la compagnie. Cela renforce considérablement notre légitimité et notre efficacité dans le dialogue social.
Dans quel contexte s’inscrit aujourd’hui l’action du CNAVS ?
F.L : Le marché est en pleine mutation. De nouveaux réseaux apparaissent, qu’ils soient adossés à des assureurs ou à des groupes comme Malakoff Humanis. Cela crée évidemment de la concurrence, mais c’est une concurrence saine. Le réseau Axa Vie reste le plus important de France et dispose d’une longueur d’avance. À nous de la maintenir en poursuivant la structuration de nos agences. Nous avons beaucoup travaillé sur ce point avec la compagnie : aider les agents à se comporter comme de véritables chefs d’entreprise. Ce mouvement de professionnalisation était indispensable pour assurer l’avenir du réseau.
Comment percevez-vous cette structuration du réseau ?
F.L : C’est une évolution naturelle. Les agences se regroupent davantage, mutualisent les moyens, recrutent, prennent de nouveaux bureaux. Les jeunes agents s’impliquent, ce qui est très positif. Et la compagnie a évolué dans sa vision : elle soutient désormais cette structuration, alors qu’il y a dix ans, elle la regardait plutôt avec méfiance. Il faut dire que de nouveaux défis arrivent, comme l’intelligence artificielle ou l’automatisation des parcours clients. Face à cela, les agents doivent être plus solides collectivement.
Vous mentionniez aussi des avancées sur la rémunération des agents.
F.L : Oui, c’est un point important. En trois ans, la rémunération moyenne des agences a clairement augmenté. C’est une réussite, même si elle s’accompagne d’un risque : celui de créer un réseau à deux vitesses entre les agences structurées, qui se développent et investissent, et celles qui restent isolées. Le prochain président devra être attentif à cet équilibre. Nous travaillons aussi avec la compagnie pour soutenir les agences qui veulent se transformer. C’est une question de survie à moyen terme.
La défense des portefeuilles, notamment en santé et prévoyance, reste un enjeu fort.
F.L : Tout à fait. Nous faisons face à d’importantes hausses tarifaires, en individuel comme en collectif. Cela s’explique par la hausse des arrêts de travail depuis le Covid et par une sinistralité qui s’accroît. Nous devons accompagner nos clients dans cette évolution tout en maintenant l’équilibre technique des contrats. C’est un travail de fond avec la direction technique d’Axa, mais aussi avec la direction commerciale pour expliquer et amortir les effets de ces augmentations. Le réseau doit rester compétitif, sans dégrader la qualité de couverture. C’est un équilibre complexe à trouver.
La diversification vers la banque fait aussi partie de vos chantiers.
F.L : Oui, nous avons remis la banque au centre du dispositif, avec un travail approfondi sur la banque au quotidien et la banque financière. Tous les agents ne sont pas encore labellisés, mais nous encourageons les plus jeunes à se lancer. C’est une diversification intéressante pour l’agence, à la fois en termes de service client et de rémunération. Nous entretenons d’excellentes relations avec les équipes d’Axa Banque, et ce dialogue a permis de mieux comprendre nos métiers respectifs.
Les assurances collectives restent en revanche un domaine où les agents peinent encore à s’investir. Pourquoi ?
F.L : C’est un sujet exigeant, qui suppose d’être structuré. Les délais de rémunération sont plus longs, ce qui freine parfois les plus petites agences. La direction du réseau a bien identifié le problème et met désormais en place des aides et des outils de gestion pour faciliter l’accès à ce marché. C’est un chantier en cours, tout comme la retraite, sur laquelle la concurrence se renforce. Nous devons rester au meilleur niveau sur ces offres.
Quels ont été les points de friction avec la compagnie ?
F.L : Notre principal défi, c’est la stabilité des interlocuteurs. Axa est une grande maison, avec des réorganisations fréquentes. À chaque changement de direction, nous devons parfois reprendre les dossiers, reconstruire la relation. C’est chronophage, mais nous avons toujours maintenu un dialogue de qualité grâce à des équipes engagées, tant côté syndicat que compagnie.
Y a-t-il des sujets que vous auriez aimé faire avancer davantage ?
F.L : Oui, la réforme du système de rémunération. Nous souhaitions réduire les disparités entre les agences très structurées et les plus petites structures. C’est un dossier complexe, que nous avons amorcé avec la direction du réseau mais qui prendra du temps. Je regrette simplement que cela n’ait pas pu aller plus vite. Un autre chantier, plus technique, concerne la modernisation de notre système d’information, au cœur du plan de transformation 2026 d’Axa. Nous aurions aimé en voir les effets plus tôt, mais les équipes sont pleinement mobilisées.
Quel regard portez-vous sur ces trois années à la tête du CNAVS ?
F.L : Je suis très fier du travail accompli. Nous avons renforcé la gouvernance, créé une nouvelle dynamique collective, modernisé le dialogue avec la compagnie et redonné une cohésion au réseau. C’est un mandat exigeant, mais passionnant. Je vais désormais vivre une nouvelle aventure personnelle, tout en gardant un attachement fort pour ce réseau et ses valeurs.






