Les enfants du baby-boom, ces quelque 14 millions de Français nés entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et 1965, ne méritaient sans doute pas le croche-pied de François Bayrou, ce mercredi 27 août au « 20 heures » de TF1. Interrogé sur le poids de la dette, le premier ministre avait alors pointé le « confort des boomers » – il s’est défendu plus tard de les avoir ciblés. De fait, plus de la moitié des dons aux associations sont réalisés par les plus de 60 ans, selon le Panorama des générosités 2024 de la Fondation de France. De plus en plus longtemps, les seniors soutiennent financièrement leurs enfants, donnent de leur temps pour leurs petits-enfants… Une générosité, même de proximité, qui les tient en dehors de leur zone de confort.
Pour autant, les jeunes sont plus précaires qu’hier et les plus âgés aujourd’hui moins pauvres que l’ensemble de la population – ces derniers sont par ailleurs détenteurs d’un patrimoine auquel les plus jeunes accèdent plus rarement. Le taux de pauvreté des retraités, qui dépassait 30 % en 1975, est ainsi aujourd’hui à 9 %. La solidarité intergénérationnelle, économique et fiscale, est plus que jamais nécessaire. Ce n’est pas question de « mérite », agité par certains pour refuser l’effort collectif, mais de nécessité.
En juin, l’Insee déclarait que, pour la première fois depuis 1945, la France avait enregistré plus de décès que de naissances sur les douze derniers mois. Ce non-renouvellement des générations, qui met à mal notre modèle économique et social, rend la réflexion encore plus aiguë. Il nous faudra penser la continuité : les générations ne se remplacent pas mais vivent ensemble, ici et maintenant, et se doivent d’être présentes les unes pour les autres. Au-delà des oppositions, cette solidarité doit constituer le socle de notre modèle.