Crise politique : dernières actus

Un drapeau tricolore devant une fenêtre de la cour d’honneur de l’hôtel de Matignon, siège du premier ministre, en mai 2025.

Retrouvez dans ce dossier les toutes dernières actualités et infos sur la crise politique que traverse actuellement la France.

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La nomination pour la deuxième fois en un mois du premier ministre Sébastien Lecornu, vendredi 10 octobre 2025, prolonge la crise politique sans précédent dans laquelle est plongée la France depuis la dissolution surprise de l’Assemblée nationale prononcée par Emmanuel Macron le 9 juin 2024.

Ce proche du président, nommé une première fois à Matignon le 9 septembre 2025, avait annoncé quatre jours plus tôt, le 6 octobre, sa démission au lendemain de la révélation de la composition de son premier gouvernement, qui reprenait beaucoup des membres des gouvernements précédents de Michel Barnier et François Bayrou. Faisant face aux critiques et aux menaces d’un vote de défiance des députés, Sébastien Lecornu avait justifié sa décision indiquant que « les conditions n’étaient pas réunies » pour former un gouvernement, appelant les partis à « changer d’état d’esprit ».

Dissolution surprise

L’instabilité gouvernementale date de la dissolution prononcée par Emmanuel Macron le 9 juin 2024, au lendemain des élections européennes. Gabriel Attal, premier ministre depuis le 9 janvier 2024, démissionne. Après une campagne express de trois semaines, les élections législatives aboutissent à une fragmentation de l’Assemblée nationale en trois blocs, les principaux partis de gauche réunis dans le Nouveau front populaire (NFP), le Rassemblement national (RN), qui atteint le score historique de 123 députés, et la coalition centriste, soutien du président, aucun d’entre eux n’ayant la majorité.

Vote de défiance

Après une longue période sans gouvernement – 51 jours, un record sous la Ve République –, Emmanuel Macron désigne Michel Barnier au poste de premier ministre le 5 septembre 2024. L’ancien commissaire européen de 73 ans forme un gouvernement marqué à droite. Il restera au pouvoir jusqu’au vote de défiance de l’Assemblée, le 4 décembre de la même année.

Emmanuel Macron nomme le 13 décembre le président du MoDem, François Bayrou, à Matignon qui présente le 23 décembre un gouvernement marqué par le retour de deux anciens premiers ministres, Élisabeth Borne et Manuel Valls, et par le tandem droitier Retailleau-Darmanin. Il devra avoir recours en février 2025 à l’article 49-3 pour faire adopter sans vote le budget.

Quelle sortie de crise ?

La chute, le 8 septembre 2025, du gouvernement Bayrou après un vote de confiance de l’Assemblée nationale, sollicité par le premier ministre pour tenter de faire valider ses choix budgétaires, est une première sous la Ve République.

Emmanuel Macron nomme le lendemain l’un de ses proches, Sébastien Lecornu, premier ministre. Il démissionnera le 6 octobre dans la matinée, avant même le premier conseil des ministres du gouvernement qu’il venait de former. Dans la soirée du 6 octobre, le président lui a pourtant donné pour mission de rencontrer les forces politiques pour « d’ultimes négociations » afin de tenter de trouver une issue à la crise politique. Sébastien Lecornu a fait une déclaration depuis la cour de Matignon le mercredi 8 octobre au matin. Le premier ministre démissionnaire a déclaré qu’après les premières consultations menées la veille, notamment avec les partis du centre et de la droite, il y avait une « volonté commune d’avoir un budget » avant le 31 décembre, ce qui « éloigne les perspectives de dissolution ».

Dans la soirée de ce même 8 octobre, au journal de 20H de France 2, Sébastien Lecornu a considéré sa mission de 48 heures « terminée ». Chargé de trouver des compromis, il a dit croire en une sortie de crise et en un accord des formations politiques sur un budget commun. Favorable à la réouverture du débat sur la réforme des retraites devant le Parlement, Sébastien Lecornu a estimé alors que la situation devait permettre à Emmanuel Macron de « nommer un premier ministre dans les 48 prochaines heures ».

Finalement, à la surprise générale, le président de la République a choisi, le 10 octobre 2025, de nommer à nouveau Sébastien Lecornu au poste de premier ministre. « J’accepte - par devoir - la mission qui m’est confiée par le président de la République de tout faire pour donner un budget à la France pour la fin de l’année et de répondre aux problèmes de la vie quotidienne de nos compatriotes », a indiqué le premier ministre dans une première réaction. « Il faut mettre un terme à cette crise politique qui exaspère les Français et à cette instabilité mauvaise pour l’image de la France et ses intérêts. » Le premier ministre a dévoilé deux jours plus tard, le dimanche 12 octobre dans la soirée, la composition du nouveau gouvernement, Lecornu II.

Devant cette crise institutionnelle, renforcée par un contexte politique houleux à l’approche de l’élection présidentielle d’avril 2027, certains, comme le Rassemblement national (RN) ou La France insoumise (LFI), invitent à une nouvelle dissolution ou à la démission d’Emmanuel Macron, deux scénarios que le président a jusqu’ici toujours fermement repoussés.