Le Pèlerin Le Pèlerin Le Pèlerin

Père Robert Abelava, curé de Saint-Joseph à Colmar : «Une église, c’est un lieu de prière, mais aussi de rencontre»

Vous aimez cet article?

Pour célébrer les 125 ans de l’église Saint-Joseph, la paroisse de Colmar a choisi d’accueillir "Terra Alsatia", un spectacle vivant immersif. Lumières, musique, récit historique : depuis la mi-octobre et jusqu’au 16 novembre 2025, l’édifice devient un théâtre de mémoire. Le P. Robert Abelava, curé du lieu, revient sur cette aventure spirituelle et communautaire.

Pourquoi avoir choisi ce spectacle ?

«Terra Alsatia» fait partie des activités que nous avons voulues pour marquer d'une pierre blanche les 125 ans de notre paroisse. Nous ne voulions pas seulement fêter un âge, mais relire notre histoire, celle de nos bâtisseurs, de toutes les générations qui ont prié ici. Ce spectacle permet de faire ce lien, d'inviter les plus jeunes à s'inscrire dans une continuité, dans un acte de transmission.

Comment ce projet a-t-il vu le jour ?

Le Conseil de fabrique — qui réunit des laïcs, le maire et moi-même — a été unanime. Après avoir assisté à des représentations de «Terra Alsatia» en 2024 à Mulhouse, nous avons été convaincus: ce spectacle, à la croisée de la foi et de la culture, parle à tous. Il raconte l'histoire d'une terre, d'un peuple, mais aussi d'une foi qui continue à se transmettre.

colmar Dézoomer
© Pascal Bastien pour Le Pèlerin

Accueillir un tel événement dans une église demande une certaine organisation…

Oui, il fallait concilier la vie liturgique et les représentations. Les messes de semaine ont été délocalisées vers les autres clochers dont j'ai la charge — Sainte-Marie, Saint-Paul et Saint-Vincent-de-Paul —, tandis que la messe dominicale à Saint-Joseph a été maintenue. Les répétitions ont lieu l'après-midi, ce qui nous permet de célébrer des enterrements ou des mariages le matin. Tout s'est fait dans une belle harmonie.

Quelles leçons en tirez-vous ?

Cette expérience a montré qu'une église peut vivre pleinement ses deux vocations: cultuelle et culturelle. L'une n'exclut pas l'autre. L'église est un lieu de prière, mais aussi de rencontre. Si elle peut servir à cela, je ne peux que dire : Alléluia.

Certains prêtres hésitent à ouvrir leur église à des projets culturels. Que leur diriez-vous ? 

Qu'ils n'ont pas à le faire seuls. Le curé n'est pas un chef d'entreprise : il est membre d'une communauté. Si un projet est porté par celle-ci, s'il respecte le caractère sacré du lieu, alors il mérite d'être soutenu. Il faut oser. Ces initiatives sont une façon de dire à nos contemporains : «Cette église est aussi la vôtre.»

Colmar Dézoomer
© Pascal Bastien pour Le Pèlerin

Vous êtes arrivé du Congo il y a une vingtaine d'années, vous êtes curé à Colmar depuis trois ans, comment vivez-vous votre mission en terre alsacienne ?

J'y vois une continuité. Là-bas comme ici, la foi se nourrit de la rencontre. J'aime voir cette église s'animer, vibrer au rythme de la prière, du chant, de la lumière. «Terra Alsatia» a rappelé que Dieu ne se laisse pas enfermer dans nos habitudes : il nous rejoint dans l'histoire, dans la beauté, dans la joie partagée. Ces 125 ans de Saint-Joseph ne sont pas qu'un anniversaire. C'est une invitation à continuer d'être, ensemble, un peuple en marche.

Commentaires (0)