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Collectionneuse des souliers à la semelle rouge, la productrice américaine Mariam Zerehi dévoile ses pièces sur mesure préférées parmi sa trentaine de paires. Rendez-vous dans l’atelier parisien du chausseur.
Elle sait qu’ici on ne dit jamais non à ses demandes, même les plus audacieuses. La première fois que Mariam, pourtant habituée aux tapis rouges, a foulé la moquette écarlate de l’atelier sur mesure Christian Louboutin, niché au 27, rue Jean-Jacques-Rousseau, à Paris-Ier, elle a exploré ce saint des saints dans lequel préparateur-monteur, coupeur-piqueur, monteur et bichonneuse, et parfois Christian himself, orchestrent la fabrication de ces pièces uniques. Désormais, quand la productrice américaine d’origine iranienne y pénètre, elle tombe dans les bras d’Adrien, le chef d’atelier, et de Lucas, responsable des relations avec les top clients. Élégamment installée sur le canapé du salon d’essayage, elle raconte l’année où tout a basculé comme dans un scénario de film américain. « Le sur-mesure m’a trouvée sans que je le cherche ! C’était en 2021.
Un ami très cher de Los Angeles, de passage à Paris, rencontre Christian Louboutin dans une soirée. Il lui révèle son projet de demande en mariage. Le créateur l’encourage aussitôt à imaginer une mise en scène différente et l’invite à choisir une paire de chaussures pour sa fiancée. Sur le dessin de l’escarpin, il griffonnerait lui-même l’inscription : “Will you marry me ?” » Missionnée par cet ami, Mariam avait accompagné la future mariée dans la boutique et l’atelier. Et succombé aux semelles carmin.
« Il y avait cette porte rouge dans la cour et, à l’intérieur, tous ces moules en bois sur lesquels les artisans travaillaient. » Sur une des tables, se souvient-elle, trônaient des bottines violettes desquelles s’échappaient des fleurs. « C’était irréel. À ce moment-là, je n’avais pas une seule paire de Louboutin car leur architecture n’était pas adaptée à mes pieds. Pourtant, quand vous fermez les yeux et que vous pensez à la paire idéale, c’est une de ses créations qui vous vient immédiatement à l’esprit. » Et grâce à cette visite, « je suis passée de no Louboutin à beaucoup de Louboutin ! » Soit plus de trente paires en quatre ans. Pour autant, Mariam Zerehi est tout sauf une serial collectionneuse. Des souliers aux vêtements, qu’elle fait aussi adapter à ses mensurations, elle mise plus sur un vestiaire de conviction que sur un « power dressing » ou un glamourama. « Le sur-mesure correspond à quelque chose de très fort. On parle beaucoup d’écologie mais j’ajouterai la notion d’intention : vous achetez quelque chose dont vous avez besoin, et vous vous engagez à lui donner vie, main dans la main avec les artisans. C’est une façon plus consciente de consommer, qui intègre une vraie créativité. »
Cuir craquelé ou bicolore, mélange de matières, couleurs pop, détails qui tuent… Aucune des paires de Mariam Zerehi – désormais engagée dans la philanthropie culturelle auprès du Centro Giacometti en Suisse – ne ressemble aux autres. Sauf celles qu’elle fait réaliser en double ou en triple exemplaires pour ses dressings de Los Angeles, de Saint-Moritz ou de Paris. Comme ses premiers escarpins, également ses préférés, fusion du modèle Me Dolly et Loubi Queen, réalisés juste pour elle. « Je suis très chanceuse d’être la seule personne au monde à avoir cette paire. » Baptisée Me Dolly 120, mais surnommées « Mimzy » dans l’antre de l’atelier (contraction de ses prénom et patronyme), Mariam l’a fait décliner en plusieurs couleurs.
« Chaque modèle est lié à la frustration de ne pas trouver ce dont j’ai besoin ou à un événement particulier, comme pour ces sublimes escarpins Tuxedo en veau velours et agneau blanc que j’ai portés aux Golden Globes 2023. Évidemment, quand vous pensez tapis rouge, vous pensez Louboutin », ajoute la productrice, qui supervise notamment le preshow des Golden Globes ou des American Music Awards. « Chaque paire vous redresse les épaules, vous donne confiance et de l’énergie pour conquérir le monde. » Ou encore ces stilettos en poulain argenté et satin – les plus excentriques –, pour lesquels Christian Louboutin a utilisé les chutes d’une pièce imaginée pour l’exposition « L’exhibition[niste] », à Monaco, en 2022.
Autre pépite, les Kate Botta 100, créées pour une course hippique à Longchamp durant laquelle a concouru un cheval de l’écurie qu’elle possède avec son mari. « J’ai demandé à l’atelier d’imaginer des bottes avec lesquelles je pourrais passer de mes invités au box, puis au champ de courses, avec des talons qui ne s’enfoncent pas dans l’herbe ! Ils l’ont fait… » Elle conclut : « J’ai toujours une idée précise de ce que je veux, et l’atelier relève toujours ces défis. Entre nous, c’est presque devenu un jeu. Si je vois Lucas ou Adrien sourire, c’est gagné. Mon dernier challenge, ce sont des escarpins qui ne glissent pas dans la neige… Après tout, on se doit de ne pas être un client ennuyeux ! »