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La Grande guerre. La Vie en Lorraine
Ren� Mercier
Edition de "l'Est r�publicain" (Nancy)
Date d'�dition : 1914-1915
La Grande Guerre
LA VIE EN LORRAINE
DECEMBRE 1914
L'Est R�publicain NANCY
L'Allemand est toujours en Lorraine en cette fin
d'ann�e. Les ruines fument encore, et d�j�, -merveilleux signe d'�nergie d'une race indomptable,
- on songe � la reconstruction des villages
bombard�s, incendi�s, d�truits.
De toutes parts on demande la reprise du travail
dans la mesure o� le permettent l'absence des hommes
valides et l'invasion.
Pendant ce temps les Taubes lancent des bombes un
peu partout. Le lendemain de No�l, un Zeppelin jette
dix-huit obus sur Nancy, tue un homme et une femme,
et d�truit les vitraux de l'�glise Saint-Epvre.
Le gouvernement, revenu � Paris, lit, le 22
d�cembre, devant les Chambres une d�claration dans
laquelle il proclame la n�cessit� d'une politique de
combat sans merci jusqu'� la lib�ration d�finitive
de l'Europe, et affirme la certitude de la victoire.
La France est plus que jamais r�solue � mourir ou �
vaincre.
Ren� MERCIER.
LA SITUATION DU
21 au 27 Novembre
UN R�CONFORTANT TABLEAU
La situation du front ne s'est pas modifi�e
sensiblement, entre le 21 et le 27 novembre inclus.
L'ennemi s'est us� en vaines attaques partielles.
Nous l'avons contre-attaqu�, lui infligeant de
grosses pertes, et obtenant quelques gains.
De la mer � la Lys, notre situation mat�rielle et
morale est excellente.
Les gros efforts allemands ont port� sur la
destruction d'Ypres, pour laquelle, outre leurs
batteries, ils ont employ� un train blind� sous la
direction d'un ballon captif.
De rares attaques de l'infanterie allemande ont �t�
men�es par des unit�s tr�s r�duites, fortement
encadr�es d'officiers.
Au contraire de la leur, notre infanterie est tr�s
ardente, multiplie les exploits, accomplis soit en
d�tachement, soit individuellement.
La guerre de tranch�es comporte, d'ailleurs; une
audace, un courage et un sang-froid qu'on ne
soup�onne pas.
Nos hommes ont transform�, du reste, leurs positions
en v�ritables forteresses.
Ils ont manifestement le go�t du travail de d�fense.
Dans le secteur de l'Oise aux Vosges, contrairement
� leur communiqu�s, les Allemands n'ont montr� gu�re
plus d'activit� et ils n'ont obtenu aucun r�sultat.
Ils ne peuvent revendiquer l�gitimement que les
destructions syst�matiques de monuments sans
importance militaire, tandis que notre artillerie a
obtenu des succ�s substantiels en d�truisant aux
Allemands des avions et des batteries, en fauchant
leurs attaques.
Pareillement, notre infanterie a montr� dans cette
r�gion les m�mes qualit�s que dans le nord.
En Haute-Alsace, dans les Vosges, l'ennemi ne quitte
plus ses tranch�es devant nos Alpins, qui leur ont
pris toutes celles qui nous g�naient.
L�, comme dans la r�gion de Saint-Mihiel, notre
artillerie lourde rend le ravitaillement ennemi
presque impossible.
L'USURE MORALE APR�S L'USURE PHYSIQUE
Notre canon s'en charge pendant les accalmies
Bordeaux, 1er d�cembre, 15 h. 25.
En Belgique, canonnade assez vive pendant la journ�e
du 30 novembre. Aucune attaque de l'infanterie
allemande.
L'ennemi a continu� � montrer une assez grande
activit� au nord d'Arras.
Dans la r�gion de l'Aisne, canonnade intermittente
sur tout le front.
En Argonne, les combats continuent sans modifier la
situation.
En Wo�vre et dans. les. Vosges, rien � signaler.
LE G�N�RALISSIME A THANN
�� Je vous apporte, dit-il, le baiser de la France �
Paris, 1err d�cembre, 18 h. 7.
Le �� Bulletin des arm�es � raconte une r�cente
visite du g�n�ral Joffre dans la r�gion de Thann, o�
il fut re�u par les notables alsaciens, qui assurent
l'administration municipale.
Le g�n�ral leur dit :
�� Notre retour est d�finitif. Vous �tes Fran�ais
pour toujours.
�� La France vous apporte, avec les libert�s qu'elle
repr�senta toujours, le respect de vos libert�s
alsaciennes, de vos traditions, de vos convictions,
de vos moeurs.
�� Je suis la France. Vous �tes l'Alsace. Je vous
apporte le baiser de la France. �
Ce fut alors une minute d'�motion poignante.
Les Alsaciens remercient d'une voix �mue, disant : ��
Vous pouvez compter sur nous. �
Le d�part du g�n�ral Joffre fut salu� par les cris
des vieilles gens et des enfants accourus, cris de ��
Vive la France ! Vive l'Alsace fran�aise ! �
LA GUERRE EN LORRAINE
Sur la Moselle et sur la Seille
UNE CONF�RENCE MILITAIRE
A Sainte-Genevi�ve
Afin d'instruire le public de tout ce qui s'est fait
sur le front depuis l'ouverture des hostilit�s, le
gouvernement a r�solu de former une sorte de
caravane, compos�e de journalistes qui a
successivement parcouru les r�gions o� les forces
alli�es sont aux prises avec l'arm�e allemande.
Apr�s avoir visit� les champs de bataille entre la
Somme et la Marne, cette mission guid�e par
plusieurs officiers d'�tatmajor, est arriv�e
dimanche soir � Nancy.
Le programme de la journ�e comprenait, hier, une
excursion dans les ouvrages fortifi�s qui soutinrent
victorieusement les assauts, les attaques et le
bombardement de l'ennemi.
A midi, huit automobiles quittaient Nancy, sous les
ordres du commandant T., juste au moment o� l'on
signalait le vol de �� Tauben �, dont nos batteries
oevaient bient�t harceler la retraite sur Metz.
Le cort�ge s'�loignait dans la direction de
Sainte-Genevi�ve o� une conf�rence sur le terrain
permit de noter les phases de la lutte ardente dont
la r�gion mussipontaine fut le th��tre pendant la
deuxi�me quinzaine d'ao�t.
M. le capitaine R..., qui repr�sente au Palais-Bourbon
un d�partement de l'Ouest, prit la parole et retra�a
lumineusement les diverses phases de la bataille
livr�e autour de Sainte-Genevi�ve.
Deux batteries d'artillerie �taient solidement
�tablies pr�s du cimeti�re. Les Allemands
d�bouch�rent de la for�t de Facq en masses
compactes. Pas un coup de feu ne contraria ni
d'abord ne retint leur d�monstration appuy�e �
l'aile droite sur la Moselle et sur la gauche vers
le bois de Flamechamp. Leur artillerie soutint deux
attaques tr�s violentes ayant pour but de conqu�rir
les cr�tes de la cote 390 et de prendre � revers nos
positions.
Nous e�mes � d�plorer dans cette double action huit
morts et six bless�s.
Par contre, les Boches perdirent environ un millier
d'hommes et furent oblig�s d'�vacuer en outre 800
bless�s. La preuve que ar �chec co�ta cher aux
Boches r�side dans cette constatation qu'au
cimeti�re d'Atton 603 s�pultures allemandes
voisinent avec d'autres tombes conservant les restes
de 206 Allemands.
L'ennemi recourt � l'intervention de ses canons
abrit�s sur la rive gauche de la Moselle dans les
profondeurs du bois de Cuite ; mais cette artillerie
se trouve elle-m�me en pr�sence d'un parti assez
puissamment install� pour lui opposer une r�sistance
efficace, de telle sorte que l'attaque des hauteurs
de Sainte-Genevi�ve se transforme en retraite par
suite de l'occupation du bois de Cuite, o� les
Boches �taient expos�s aux feux meurtriers de nos
troupes qui les prenaient de flanc et � revers.
La situation s'aggrave. Il faut c�der le terrain.
Les Allemands s'y r�signent. Ils se replient alors
sur les positions de seconde ligne qui dominent
l'�troite vall�e de la Natagne et qui s'�tendent de
la statue de la Vierge jusqu'au mont Toulon.
Ces mouvements durent une journ�e.
Ici l'officier d'�tat-major se livre � un
rapprochement entre les p�rip�ties de ce f; combat
et l'une des phases importantes des batailles
engag�es entre l'Oise et la Marne, dans la r�gion de
Nanteuil-le-Haudouin.
- Les arm�es en pr�sence, dit-il, eurent toutes deux
l'impression qu'elles se heurtaient � des forces
sup�rieures et qu'il valait mieux pour elles
attendre sur des emplacements nouveaux une occasion
plus favorable de reprendre �nergiquement
l'offensive. Cette double erreur provoqua une
retraite simultan�e en sens inverse des troupes
fran�aises et allemandes.�
L'ennemi renonce � son projet d'enlever par une
attaque de front les cr�tes dont il esp�re se rendre
ma�tre par une prudente conversion - et l'on vit ses
hommes s'�gailler sur des pentes o� ils ne tard�rent
point � se trouver aux prises avec des renforts
s�rieux qui arr�t�rent l'action et inflig�rent aux
Boches une terrible le�on.
On a vu pr�c�demment quels furent les r�sultats de
ce combat : deux mille hommes tu�s ou bless�s -
tandis que, de notre c�t� des pertes insignifiantes
nous valaient un s�rieux avantage et le gain de
positions que nous n'avons cess� de fortifier.
Il convient de noter que nos troupes remportaient un
succ�s d'autant plus significatif qu'elles
opposaient simplement une partie du ...e d'infanterie
aux efforts opini�tres d'une brigade fournie par la
garnison de Metz.
Au plateau d'Amance
C'est sur la plateau d'Amance que fut ensuite faite
une conf�rence sur la d�fense de Nancy et sur le
r�le exact jou� du 26 ao�t au 13 septembre par les
ouvrages du Grand-Couronn�.
On a d�j� �crit maintes �tudes sur cette p�riode
�mouvante ; des t�moignages ont �t� publi�s ; des
r�cits plus ou moins pr�cis ont accr�dit� dans
l'opinion des versions inexactes ou incompl�tes ;
des correspondances �trang�res ont pr�sent� sous un
aspect brillant une page d'h�ro�sme dont
l'imagination pourrait s'abstenir d'accentuer le
relief.
R�sumons la version officielle fournie hier aux
repr�sentants de la presse, en nous fiant simplement
� la fid�lit� de notre m�moire et aux notes h�tives
prises au cours de la conf�rence.
Pour prot�ger notre fronti�re, au nord-est de Nancy,
il y avait trois divisions de r�serve : la droite
s'appuyait sur R�m�r�ville ; le centre allait de
Laneuvelotte � Erb�viller par Champenoux (village et
for�t) ; la gauchie s'infl�chissait vers la Seille
en amont de Brin, passait par le Rond-des-Dames, la
ferme de Quercigny, pour tinir � La Rochette.
- Tout le plateau d'Amance est mis rapidement en
�tat de d�fense. Des batteries d'artillerie lourde
garnissent les tranch�es. On attend de pied ferme
les attaques boches. D�s le 21 ao�t, tout est pr�t
pour soutenir le choc et pour endiguer une retraite
qui am�ne sur la Meurthe nos troupes �prouv�es
devant Morhange. Des alternatives d'avance et de
recul marquent l'offensive de nos troupes qui se
heurtent constamment � l'offensive allemande sur la
lisi�re de la for�t de Champenoux, notamment aux
abords de La Bouzule.
Pendant huit jours, du 26 ao�t au 3 septembre, des
masses �normes d'infanterie sont incessamment
pr�cipit�es contre nous.
Il ne s'agit plus d'attaques d'avant-postes.
Nous c�dons l�g�rement vers Champenoux; nous
abandonnons la route de Ch�teau-Salins ; nous nous
r�fugions sous la protection des canons d'Amance qui
couvre les fermes de la Fourrasse, de
Fleure-Fontaine et de Quercigny.
Les troupes qui ont pris une part superbe � toute
cette action �taient �puis�es par tant d'efforts.
Elles avaient besoin de repos. On les transporte �
Seichamp et elles sont remplac�es sur la ligne de
feu par des effectifs venus de Toul et qui, ayant
pris � leur tour position � l'or�e des bois, se
proposent comme objectif la reprise du village de
Champenoux.
Les fermes de la Fourrasse et de Fleure-Fontaine sont
enlev�es par les forces allemandes ; mais celles-ci
jouissent peu d'une victoire qu'elles ont pourtant
pay�e ch�rement. Leurs attaques s'affaiblissent de
jour en jour ; elles deviennent rares ; un assaut
plus violent ordonn� par le kaiser lui-m�me �choue
lamentablement et, le 12 septembre, les Fran�ais
parviennent enfin � r�occuper la premi�re ligne sur
laquelle s'�tait dessin�e notre offensive, apr�s
avoir essuy� des pertes sensibles, mais qui sont
hors de proportions avec les pertes subies par
l'adversaire.
Le conf�rencier fait observer que, contrairement �
ce qui a �t� dit, le plateau d'Amance n'a jamais �t�
un seul instant au pouvoir de l'ennemi et nos pertes
sont dues uniquement � la pluie incessante des obus
de 210 que les batteries boches n'ont cess� de nous
envoyer pendant cinq longs jours, des points o�
elles s'�taient solidement �tablies, depuis le
Romont et les fours � chaux de Brin jusqu'au
Bois-Morel.
En ce qui concerne l'action de notre artillerie
lourde, aussi bien sur le plateau d'Amance qu'� La
Rochette, elle a �t� � peu pr�s insignifiante, car
nous n'avons jamais pu exactement rep�rer les
positions des pi�ces ennemies qui, par contre,
imposaient silence aux n�tres, d�s que notre
artillerie lourde avait seulement tir� deux ou trois
fois, au d�but de cette p�riode.
L'officier d'�tat-major qui retrace ainsi les
combats devant le Grand-Couronn�, r�sume en ces
termes l'enseignement qui se d�gage des mouvements
ex�cut�s sur cette partie de la fronti�re :
- L'action comprend deux phases tr�s distinctes,
dit-il, quoique simultan�es et qui paraissent avoir
�t� sans liaison entre elles :
1� L'effort allemand tent� sur les deux rives de la
Moselle, avec l'appui des �l�ments d�bouchant �
droite des bois de Facq et de la Fourrasse, � gauche
des bois de Cuite, en vue de s'emparer des cr�tes de
Sainte-Genevi�ve ;
2� La prise du secteur du plateau d'Amance qui se
caract�rise par les combats livr�s sur le front
R�m�r�ville-Velaine, le Bois-Morel, Champenoux, le
Ronddes-Dames, l'�tang de Brin et Quercigny.
Il n'y a eu, dans ces engagements, que des
formations de r�serve o� s'est manifest�e avec un
remarquable �clat, l'�nergie des chefs qui ont
ramen� au combat des troupes dont l'�loge n'est plus
� faire.
Nous ne sommes pas autoris� � citer les r�giments
dont l'h�ro�sme s'est particuli�rement distingu� et
qui ont souffert dans ces rudes journ�es ; mais nous
pouvons affirmer qu'en regard des h�catombes boches
nos rangs ont �t� relativement peu �prouv�s.
On remarque en outre que, dans ces trois semaines de
luttes, nos positions n'ont jamais �t� l'objet d'une
attaque tr�s vive de l'ennemi ; il y a eu toujours
offensive de part et d'autre.
Telles sont les conclusions auxquelles s'est arr�t�
le conf�rencier militaire - ce pendant qu'au-dessus
du groupe attentif qui l'�coutait deux �� Tauben �
�voluaient dans la limpidit� d'un ciel
exceptionnellement pur.
ACHILLE LIEGEOIS.
AVIS A LA POPULATION DE NANCY
Le g�n�ral commandant le 2e G. D. pr�vient qu'une
s�ance d'Instruction pour l'emploi des explosifs
aura lieu jeudi, 3 d�cembre, � 13 heures, au plateau
de Malz�ville.
SORTIRAIENT-ILS DE LEURS REPAIRES?
Leurs tentatives leur valent la destruction de
quelques batteries et la perte de quelques
tranch�es.
Paris, 2 d�cembre, 15 h. 30.
Dans la r�gion au sud d'Ypres, � Saint-Eloi, une
attaque ennemie dirig�e contre une tranch�e conquise
par nos troupes, dans la journ�e, a �t� repouss�e.
Notre artillerie a endommag� un groupe de trois
batteries de gros calibre.
A Vermelles, nous avons enlev� brillamment le
ch�teau et son parc ainsi que deux maisons du
village et des tranch�es.
Canonnade assez vive aux abords de Fay, au sud-ouest
de P�ronne.
Dans la r�gion de Vandresse-Craonne, bombardement
violent auquel notre artillerie a ripost� avec
succ�s, d�truisant une batterie ennemie.
En Argonne, une attaque allemande, dirig�e contre
Fontaine-Madame, a �t� refoul�e et nous avons
r�alis� quelques progr�s. Nous avons enlev� une
tranch�e dans le bois de Courtes-Chausses et un
petit ouvrage � Saint-Hubert.
Sur les Hauts-de-Meuse et en Wo�vre, dans les
Vosges, rien � signaler.
Le Pr�sident de la R�publique
EN MEURTHE-ET-MOSELLE
Nancy, 2 d�cembre 1914.
M. le Pr�sident de la R�publique, accompagn� de M.
A. Dubost, pr�sident du S�nat, de M. P. Deschanel,
pr�sident de la Chambre, de M. R. Viviani, pr�sident
du Conseil, et de plusieurs officiers d'�tat-major, a
visit�, dans la soir�e de samedi ef toute la journ�e
du dimanche, le d�partement de Meurthe-et-Moselle.
Cette visite pr�sidentielle �tant destin�e
sp�cialement aux arm�es, il avait �t� express�ment
recommand� qu'elle ne f�t pas annonc�e et qu'elle
devrait se poursuivre sans aucune r�ception
officielle.
Le samedi soir, M. le Pr�sident de la R�publique
arriva � Nancy, vers 6 heures, venant de Bar-le-Duc,
apr�s avoir consacr� l'apr�s-midi � visiter divers
champs de bataille sous la conduite de M. le g�n�ral
commandant l'arm�e. M. Raymond Poincar� descendit �
l'h�tel de la Pr�fecture ; il voulut bien convier �
d�ner avec les personnages �minents qui
l'accompagnaient, M. le Pr�fet, sa famille et ses
collaborateurs. M. le G�n�ral commandant les troupes
du front, M. le G�n�ral commandant d'armes, M.
Simon, maire de Nancy, M. le recteur Adam, M. le
procureur g�n�ral C�lice, M. le conseiller g�n�ral
Jambois, pr�sident du Comit� de secours. M. le
Pr�sident de la R�publique f�licita tout
particuli�rement M. le maire de Nancy pour l'esprit
d'initiative, l'effort d'organisation, le calme et
la confiance dont la municipalit� de Nancy avait
donn� tant de preuves aux heures les plus
difficiles.
Dimanche matin, le cort�ge pr�sidentiel quitta la
Pr�fecture, � 8 heures et demie, et se rendit �
Cr�vic, o� M. le Pr�sident de la R�publique f�licita
M. le maire Royer de son attitude si courageuse
pendant les dures �preuves subies par la commune ;
le cort�ge traversa ensuite Maixe, R�m�r�ville,
Champenoux et put se rendre compte des pertes
mat�rielles que ces diverses communes eurent �
supporter du fait de la guerre ; le cort�ge visita
en d�tail le champ de bataille de Champenoux, il
poussa plus loin jusqu'aux avant-postes.
M. le Pr�sident de la R�publique visita les
tranch�es et put constater que, dans cet art nouveau
pour eux, nos soldats fran�ais �taient pass�s
ma�tres ; il admira la belle tenue, l'endurance, la
vaillance, la bonne humeur de nos troupes et
s'entretint longuement avec les officiers.
Non loin d'une de ces lignes d'avant-postes se passa
une sc�ne profond�ment, �mouvante. Une section
pr�sentait les armes, command�e par un sergent ayant
le bras en �charpe. M. le G�n�ral commandant l'arm�e
fit conna�tre � M. le Pr�sident de la R�publique
l'action d'�clat pour laquelle le sergent Lavedan
avait m�rit� la m�daille militaire : il y a quelques
jours, dans un engagement fort vif, le sergent re�ut
au bras une blessure douloureuse ; il continua
l'attaque, attendit la premi�re accalmie pour venir
se faire panser et, d�s que son bras fut
sommairement band�, tint � rejoindre imm�diatement
sa section dont ce bel exemple de courage doubla la
force offensive. M. le Pr�sident de la R�publique
attacha lui-m�me la m�daille des braves sur la
capote du jeune sergent.
M. le Pr�fet de Meurthe-et-Moselle ayant demand� au
sergent Lavedan l'adresse de sa famille, apprit que
le nouveau m�daill� �tait instituteur public � Antin
(Hautes-Pyr�n�es), o� sa femme �tait �galement
institutrice ; de retour � Nancy, il t�l�graphia �
Mme Lavedan un sommaire r�cit de cette c�r�monie et,
en lui donnant de bonnes nouvelles de son mari, lui
dit combien elle pouvait concevoir de la conduite de
celui-ci une l�gitime fiert�.
Imm�diatement apr�s le d�jeuner offert par lui � la
Pr�fecture, M. le Pr�sident de la R�publique se
rendit � Lun�ville ; dans la salle d'honneur de la
mairie, M. le Pr�fet lui pr�senta M. le sous-pr�fet
Minier, M. le maire Keller, M. l'adjoint Brault. M.
Keller dit au Pr�sident combien il �tait touch� de
sa visite et lui fit un rapide r�cit des �preuves
subies par Lun�ville pendant l'occupation allemande.
M. Raymond Poincar� adressa � chacun de justes
�loges. En sortant de la mairie de Lun�ville, comme
une heure auparavant en quittant la Pr�fecture de
Nancy, M. le Pr�sident de la R�publique fut
chaleureusement acclam� par la foule accourue pour
le saluer d�s que la nouvelle de sa pr�sence se f�t
r�pandue dans la ville.
Le cort�ge se dirigea alors vers Gerb�viller o� M.
le Pr�sident et ses illustres compagnons de voyage
�prouv�rent une profonde �motion � contempler les
ruines accumul�es par la rage des barbares. Apr�s
avoir travers� � pied la malheureuse commune, M. le
Pr�sident se rendit � l'h�pital. M. le Pr�fet de
Meurthe-et-Moselle avait fait la veille au. premier
magistrat de la R�publique et au chef du
gouvernement le r�cit de la magnifique conduite,
durant de longues et tragiques semaines, de la Soeur
Julie et de ses compagnes ; il leur avait dit
combien l'unanimit� de l'opinion publique et des
�lus du d�partement serait reconnaissante au
Gouvernement de la R�publique d'accorder � cette
vaillante femme une haute distinction ; il n'eut
point de peine � obtenir une d�cision favorable.
Aussi, dans la petite salle � manger de l'h�pital,
M. le pr�sident de la R�publique, apr�s quelques
paroles charmantes adress�es � la Sup�rieure et �
ses courageuses collaboratrices, pria M. Richard,
directeur de la S�ret� g�n�rale, de lui pr�ter sa
croix et l'�pingla sur la guimpe de Soeur Julie, �
qui chacun voulut avoir l'honneur de serrer la main.
Soeur Julie �tait bien embarrass�e ; elle �tait
certes plus courageuse devant les Allemands,
lorsque, les manches retrouss�es et la cornette en
bataille, elle d�fendit contre eux son ambulance et
ses bless�s ; elle �tait toute confuse et ne fit
point de longs discours ; je crois bien m�me qu'elle
perdit un bon moment l'usage de la parole ; elle
esquissa une s�rie de petits saluts qui eurent pour
effet de mettre sa cornette de travers, mouvement
opportun dont profita M. le pr�fet pour embrasser
avec une respectueuse affection la nouvelle ��
Chevalier de la L�gion d'honneur � au nom de toutes
les familles de Meurthe-et-Moselle si
patriotiquement unies en ces heures douloureuses et
magnifiques d'�preuves et d'esp�rances nationales.
M. le Pr�sident de la R�publique se rendit ensuite �
Toul, o� il convia � d�ner � la Sous-Pr�fecture, M.
le Gouverneur et M. le Sous-Pr�fet de Toul, MM.
Chapuis et Langenhagen, s�nateurs, et M. Fringant,
d�put� de Toul, tous trois mobilis�s et actuellement
en r�sidence � Toul.
A 19 heures et demie, un train sp�cial ramenait �
Nancy M. le Pr�sident de la R�publique, MM. les
Pr�sidents du S�nat et de la Chambre et M. le
Pr�sident du Conseil ainsi que les hauts
fonctionnaires et les officiers qui
l'accompagnaient.
M. le Pr�sident de la R�publique, avant que le train
s'�branl�t, voulut bien charger M. le pr�fet de
Meurthe-et-Moselle de pr�senter aux diverses
organisations hospitali�res les tr�s vifs regrets
qu'il ressentait de n'avoir pu visiter les bless�s
et les malades militaires ; il comptait faire cette
visite le samedi apr�s midi, mais la visite des
champs de bataille et des troupes sur le front
s'�tant prolong�e au del� des pr�visions, il
n'arriva � Nancy qu'� la fin du jour, trop tard pour
entreprendre une visite dans les h�pitaux, � l'heure
o� bless�s et malades commencent � se reposer ; et
le programme du dimanche �tait trop charg� pour
qu'il f�t mat�riellement possible d'y faire quelques
adjonctions.
M. le Pr�sident confia aussi � M. L. Mirman le soin
de faire conna�tre aux populations de ce d�partement
�prouv� l'impression � la fois douloureuse et forte
qu'il emportait de son rapide voyage, douloureuse
par le spectacle de tant de ruines mat�rielles,
forte par le spectacle de tant de fermet�,
d'in�branlable et juste confiance, par le spectacle
d'un si bel �lan national que lui offrirent � la
fois et nos admirables troupes sur le front de
combat et nos vaillantes populations lorraines.
(Communiqu� de la Pr�fecture).
Au sujet de la visite du pr�sident, on nous raconte
l'anecdote que voici :
Une section de territoriaux a eu hier, 28 novembre,
le grand honneur de saluer sur les tranch�es M. le
Pr�sident de la R�publique, escort� d'une vingtaine
de personnes, - g�n�raux et civils.
Arriv� avec sa suite au centre des ouvrages, il a
demand� de faire occuper les tranch�es et abris. La
manoeuvre a �t� rapide et tr�s bien ex�cut�e. Le
fonctionnement des abris casquettes a �t� parfait et
a sembl� fort l'int�resser. Plusieurs fois, la
manoeuvre et les feux ont �t� command�s.
Il a demand� � M. Gautherot :
- Quel est l'esprit de ces hommes, capitaine ?
- Monsieur le Pr�sident, ce sont tous des Lorrains,
arrondissements de Lun�ville, de Raon, de
Rambervillers, qui ont foi dans la destin�e de la
France ; presque tous ont leur famille dispers�e,
leur foyer d�truit. C'est vous dire l'esprit qui les
anime.
- Les braves gens ! Vous les f�liciterez.
A ce moment, on entend des coups de canon dans la
direction de Pont-�-Mousson.
- Capitaine et maire de Pont-�-Mousson. on bombarde
encore votre ville si Industrielle !
- Oui, peut-�tre bien. Nous en avons l'habitude.
C'est alors le vingt-cinqui�me bombardement que
Pont-�-Mousson �prouve.
La nuit arrive. Le cort�ge se dirige vers les autos.
En repassant devant le front de la section qui rend
les honneurs, M. le Pr�sident de la R�publique se
d�couvre tr�s bas et dit � tr�s haute voix :
- Braves gens, je vous f�licite. Courage, mes amis.
L'ACTIVIT� S'ACCENTUE
EN ALSACE
nous avons enlev� Aspach
Paris, 3 d�cembre, 0 h. 45.
Communiqu� officiel du 2 d�cembre, 23 heures :
En Belgique, violent bombardement de Lampermisse, �
l'ouest de Dixmude.
En Argonne, l'ennemi a fait sauter � la mine le
saillant nord-ouest du bois de La Grurie.
Dans l'ensemble, nous affirmons et d�veloppons nos
progr�s sur cette partie du front.
En Alsace, nos troupes ont enlev� Aspach-le-Haut et
Aspach, au sud-est de Thann.
Sur le reste du front, rien � signaler,
Aspach-le-Haut est une commune du canton de Thann,
710 habitants.
Aspach-le-Bas, canton de Cernay, 617 habitants,
poss�dant des forges.
LE CHASSEUR ET LES CUISINIERS
Nancy, 3 d�cembre.
Il est toujours agr�able de constater qu'un ennemi,
tout d'abord hautain et m�prisant, devient, par un
retour subit, respectueux. Et nous avons le droit
aujourd'hui d'�tre aussi fiers en �coutant le
kronprinz qu'en regardant la Colonne.
Les sentiments que vient de confier le fils du
kaiser � un journaliste lui sont-ils impos�s par le
seul aspect de notre r�sistance ? Ou bien ce faux
jeune homme qui a d�j� par cette guerre sabot� la
meilleure partie de son h�ritage, d�sire-t-il sauver
ce qui reste, et pr�parer l'opinion fran�aise �
l'indulgence ? Ou bien encore, conform�ment aux
principes de la fourberie allemande, croit-il qu'en
nous passant la main dans le dos il nous fera
oublier ce que nous devons � nos alli�s et ce que
nous devons aux Allemands ?
Non, non, le compte est bien �tabli. L� l'honneur,
la loyaut�. Ici l'improbit�, : le vol, le pillage,
l'incendie, le massacre, la destruction. Nous ne
changerons pas de cr�anciers, ni de d�biteurs, de
quelque miel que soit poiss�e la langue du
kronprinz.
Aurions-nous une tendance � oublier ce qu'a fait en
France et en Belgique l'arm�e allemande que les
grands penseurs allemands se chargeraient de nous
rappeler violemment � la r�alit� en nous exposant
leurs desseins.
M. Wilhelm Ostwald, l'illustre professeur de chimie
de Leipzig, et l'un des ma�tres de la philosophie
allemande, explique que la victoire allemande n'est,
pas douteuse, qu'elle r�sulte de la sup�riorit� et
de la technique allemandes, qu'elle se produira pour
les m�mes motifs que celle des hommes sur les
animaux, quels que puissent �tre le nombre, la
vigueur et la f�rocit� de ces derniers.
M. Ostwald veut faire de nous quand nous serons
abattus des peuples qui travaillent en Conf�d�ration
allemande sous l'h�g�monie allemande, prot�g�s, - et
menac�s, - par la seule arm�e qui reste, l'arm�e
allemande. Voici d'ailleurs l'organisation que r�ve
le c�l�bre chimiste :
Quand nous aurons obtenu la victoire, �crit M.
Ostwald, dans le �� Momstiche Jahrhundert �, quand
nous aurons clairement prouv� � nos adversaires,
tant � Paris, � P�tersbourg qu'� Londres,
l'inutilit� d'une plus longue r�sistance, que
restera-t-il � faire ? Le but de toute guerre est la
paix. Le nouvel �tablissement de l'Europe sous
l'h�g�monie allemande devra �tre bas�
essentiellement et sans r�serve sur lei travail, sur
un travail organis�, c'est-�-dire qu'� chacun devra
�choir la part de travail qu'il est le mieux � m�me
d'accomplir. Mais il faut que le travail puisse �tre
ex�cut� en s�curit�, sans que des catastrophes comme
celle que nous vivons en ce moment viennent le
mettre � n�ant. Tout comme les branches de la
famille allemande qui, en 1866, �taient dress�es les
unes contre les autres en une lutte fratricide, ont
su r�aliser quatre ans plus tard une unit� (une
unit� qui aujourd'hui s'affirme plus puissante que
les autres groupements politiques de l'Europe), il
faut que la lutte actuelle, o� se trouve engag�e
l'Europe presque enti�re, aboutisse � un �tat de
choses dans lequel les diff�rentes parties de la
population europ�enne aujourd'hui ennemies
travaillent ensemble avec la certitude que de telles
luttes ne pourront plus rena�tre. Si les divers pays
de l'Europe ne pouvaient �tre amen�s � cette
conception de la paix par la voie du consentement
volontaire, l'Allemagne, apr�s cette guerre
victorieuse, sera de taille � les y contraindre par
la force.
En premier lieu, il s'agira d'emp�cher l'Angleterre,
le plus grand ennemi de la paix en Europe, de nuire,
et cela de fa�on durable, en mettant fin une bonne
fois � sa supr�matie jusqu'ici incontest�e sur les
mers. Le fondement de sa puissance, savoir sa flotte
militaire, devra �tre supprim�e ou r�duite � un
minimum qui �carte tout danger futur. Quant aux
arm�es de terre, nous lui serons alors, � elle et �
tous nos autres voisins, tellement sup�rieurs que,
pour longtemps, tous renonceront vraisemblablement
tout � fait � entretenir une arm�e pour leur compte,
et s'en remettront � nous du soin de les prot�ger du
c�t� de l'Orient.
Evidemment on peut �tre un grand savant et raisonner
comme un fou furieux sur certaines choses.
Mais M. Ostwald n'est pas seul. M. Ernest Hoeckel,
dont la r�putation �gale celle de M. Ostwald,
num�rote les fruits de la victoire, et nous f�licite
d�j� d'�tre sur le point de devenir Allemands.
D'apr�s ma conviction personnelle, �crit-il, les
fruits de la victoire les plus d�sirables pour
l'avenir de l'Allemagne et en m�me temps pour
l'Europe continentale f�d�r�e sont :
1. Ecrasement de la tyrannie anglaise.
2. Pour cela l'invasion de l'Etat britannique des
�cumeurs de mer est n�cessaire. Occupation de
Londres.
3. Partage de la Belgique : la plus grande partie,
occidentale, jusqu'� Ostende-Anvers, Etat conf�d�r�
allemand, - la partie nord-est � attribuer � la
Hollande ; - la partie sud-est, au Luxembourg,
agrandi, l�galement Etat conf�d�r� allemand.
4. L'Allemagne re�oit une grande partie des colonies
britanniques, ainsi que l'Etat du Congo.
5. La France c�de � l'Allemagne une partie des
provinces fronti�re du nord-est.
6. La Russie est rendue impuissante par la
reconstitution d'un royaume de Pologne soud� �
l'Autriche-Hongrie.
7. Les provinces allemandes de la mer Baltique font
retour � l'empire allemand.
8. La Finlande devient un royaume ind�pendant, uni �
la Su�de.
M. Emile Fedden, de Br�me, le Dr H. Koerber, le
professeur Peust, de Dossau, tous pr�parent � peu
pr�s la m�me cuisine. Et pendant que ces braves gens
remuent scientifiquement la sauce � laquelle ils ont
l'intention de nous manger, le kronprinz, voyant que
le gibier ne se laisse pas faire, lui tend des
pi�ges en douceur.
Mais le gibier d�cid�ment ne veut pas sauter dans la
casserole.
Quelle malchance pour le chasseur ! Quel amer
d�sappointement pour les savants cuisiniers
d'Allemagne !
REN� MERCIER
SIMPLES COUPS DE SONDE
LEUR ARTILLERIE
semble chercher un point faible
Paris, 3 d�cembre, 15 h. 23.
En Belgique, canonnade assez vive contre Nieuport et
au sud d'Ypres. L'inondation s'�tend au sud de
Dixmude.
De la Lys � la Somme, violent bombardement
d'Aix-Noulette, � l'ouest de Lens.
Calme sur tout le front, de la Somme � l'Aisne et en
Champagne.
Dans l'Argonne, plusieurs attaques ennemies ont �t�
repouss�es. Nous avons progress� l�g�rement.
En Wo�vre, l'artillerie allemande a montr� une
certaine activit�, mais les r�sultats ont �t�
insignifiants.
En Lorraine et en Vosges, rien d'important.
L'HONNEUR APR�S LE DANGER
M. Mirman, M. Grillon
la soeur Marie Rosnet
Paris, 4 d�cembre 1 h. 40.
L'Officiel publie les citations suivantes :
M. Mirman, pr�fet de Meurthe-et-Moselle, n'a pas
cess� de pr�ter � l'arm�e son concours le plus
�clair�. Il a organis�, souvent au p�ril de sa vie,
l'assistance et le ravitaillement des populations
ruin�es par la guerre.
Son ascendant et la hauteur de son caract�re
pr�serv�rent Nancy et le d�partement des exodes qui,
ailleurs, s'ajout�rent aux d�sastres de la guerre.
M. Grillon, sous-pr�fet de Verdun, a pris les
mesures les plus �nergiques, les plus utiles pour
rassurer les populations de son arrondissement et
venir en aide aux habitants des villages ruin�s par
le feu ennemi et le pillage.
Mme Marie Rosnet, soeur de l'ordre de Saint-Vincent
de Paul, sup�rieure de l'hospice de
Clermont-en-Argonne, demeur�e seule dans la commune,
a fait preuve pendant l'occupation d'une �nergie,
d'un sang-froid au-dessus de tout �loge.
Ayant re�u de l'ennemi la promesse qu'il
respecterait la ville en �change des soins donn�s
par les soeurs � ses bless�s, a protest� aupr�s du
commandant allemand contre l'incendie de la ville,
faisant observer que la parole d'un officier
allemand ne vaut pas celle d'un officier fran�ais.
Elle obtint ainsi l'envoi d'une compagnie de sapeurs
qui combattit le feu.
Elle a prodigu� aux bless�s, tant allemands que
fran�ais, les soins les plus d�vou�s.
NOS PROGR�S EN
LORRAINE et en ALSACE
Paris, 4 d�cembre, 1 h. 50.
Communiqu� officiel du 3 d�cembre, 23 heures :
Les seules nouvelles int�ressantes se rapportent �
notre aile droite et � la journ�e du 2 d�cembre.
Sur la rive droite de la Moselle nous avons occup�
Ism�nil et le signal de Xon.
Dans les Vosges, nos troupes ont enlev� la
T�te-de-Faux, au sud du village de Bonhomme, qui
domine la cr�te fronti�re, et qui servait
d'observatoire aux Allemands.
En Alsace, la station de Burnhaupt a �t� occup�e par
nos troupes, et nous nous installons sur la ligne
Aspach-Pont d'Aspach-Burnhaupt.
(Ism�nil doit �tre le nom mal orthographi� par le
t�l�graphe, de Lesm�nil, � c�t� duquel se trouve le
signal de Xon, au nord-est de Pont-�-Mousson, vers
la fronti�re.
Burnhaupt et Aspach appartiennent au canton de
Cernay, en Alsace.)
QUATRE MOIS DE GUERRE
UN R�CIT
du �� Bulletin des Arm�es �
Paris, 4 d�cembre, 17 h. 40.
BORDEAUX. - Sous ce titre : �� Quatre mois de guerre
�, le Bulletin des Arm�es publie un rapport sur
l'ensemble des op�rations de guerre, du 2 ao�t au 2
d�cembre :
Le r�ve allemand d��u
Apr�s avoir constat� que l'Allemagne fut d��ue dans
son espoir de nous terrasser en trois semaines, le
rapport constate que les forces mobilis�es � la
fronti�re Ouest de l'empire repr�sentent 52 corps
d'arm�e, auxquels il faut ajouter 10 divisions de
cavalerie.
Nancy inviolable
Tout en gardant l'espoir d'un coup heureux sur
Nancy, l'Allemagne n'ose pas le risquer, en pr�sence
de la solidit� de notre couverture, renforc�e � la
fin de 1913.
Le th��tre de la grande partie
Notre concentration s'ach�ve librement. Elle devait
�tre assez souple pour nous permettre de porter
notre principal effort sur le terrain o� l'ennemi
montrerait le plus d'activit�.
La violation de la neutralit� belge d�montre que
c'est au Nord que se jouera la, grande partie.
Nous ne pouvons l'engager avant l'entr�e en ligne de
l'arm�e anglaise.
Nous cherchons donc � retenir, en Alsace-Lorraine,
le plus possible de corps allemands.
De la retraite de Belgique � la victoire de la Marne
Le rapport r�sume ici les op�rations en
Alsace-Lorraine.
Des �v�nements malheureux en Lorraine et en Belgique
nous obligent � restreindre l'intensit� de notre
effort en Alsace.
Li�ge s'�tant rendue, les Allemands cherchaient �
s'avancer entre Givet et Bruxelles, et � prolonger
leur mouvement � l'Ouest.
Les Anglais n'�tant pas pr�ts, nous pr�mes
l'offensive dans le Luxembourg belge. Elle fut
enray�e avec de grosses pertes pour nous.
Le 26 ao�t, notre situation est la suivante : ou
combattre sur place, dans des conditions
p�rilleuses, ou reculer sur tout le front, jusqu'�
la possibilit� d'une reprise de l'offensive.
Le g�n�ralissime s'arr�te au second parti.
Nous reculons donc, en ordre, attaquant l'ennemi
pour l'affaiblir et le retarder.
Nos attaques de Saint-Germain et de Guise, le 29
ao�t ; celles du 27 et du 28 ao�t devant Nancy et
dans les Vosges vont rendre possible l'offensive que
nous pr�parons, en constituant une nouvelle arm�e
sous le commandement du g�n�ral Maunoury.
Mais l'ennemi progresse si rapidement que le g�n�ral
Joffre prescrit de reculer jusqu'� l'Aube, au besoin
jusqu'� la Seine.
L'heure est venue de se faire tuer plut�t que de
reculer
Le 5 septembre, les conditions recherch�es par le
g�n�ralissime sont remplies.
Il ordonne une offensive g�n�rale, disant que
l'heure est venue d'avancer, �� co�te que co�te, et
de se faire tuer plut�t que de reculer �.
D�s le 8 septembre, l'attaque Maunoury contre la
droite de l'ennemi produit son effet.
L'ennemi ex�cute une conversion face � l'ouest,
pr�sentant son point faible � l'arm�e anglaise qui
passe la Marne le 9 septembre, prend de flanc
l'arm�e allemande, aux prises, depuis le 6
septembre, avec l'arm�e Maunoury.
De son c�t�, l'arm�e d'Esp�rey passe �galement la
rivi�re et repousse les forces allemandes. Elle
appuie, � gauche, l'arm�e anglaise, � droite l'arm�e
Foch.
C'est sur cette arm�e que les Allemands vont
chercher la revanche de l'�chec de leur droite, du 6
au 9 au soir.
Sa gauche prend, vers La F�re-Champenoise, de flanc
la garde prussienne et les corps saxons.
Cette manoeuvre audacieuse d�cide du succ�s.
Les Allemands se retirent pr�cipitamment. Le 11
septembre le g�n�ral Foch entre � Ch�lons-sur-Marne.
A droite, l'arm�e de Langle de Cary avance, tandis
que celle du g�n�ral Ruffey se redresse vers le
nord, pr�cipitant la retraite des Allemands
qu'acc�l�rent les op�rations d'offensives des arm�es
de Castelnau et Dubail vers l'Est.
Nous avions repris l'avantage, nous le conserv�mes
depuis.
D�s le 18 septembre, la r�sistance allemande
entravant notre poursuite, une nouvelle bataille
commen�ait.
La course � la mer
L'�tat-major allemand garde l'espoir de tourner
notre gauche. Comme nous formons celui de d�border
sa droite, il en r�sulte une lotte de vitesse, une
v�ritable course � la mer.
Les Allemands ont sur nous l'avantage de former un
concentrique, leur front abr�geant leurs transports.
Cependant, le mouvement de leur droite �choue. La
victoire de la Marne est confirm�e vers le 20
septembre.
De Castelnau forme une nouvelle arm�e, � gauche de
celle de Maunoury. Il s'�tablit fortement dans la
r�gion de Lassigny-Roye-P�ronne, appuy�, � droite,
par les divisions territoriales du g�n�ral Brug�re.
Ce n'est pas encore assez pour atteindre notre but.
Le 30 septembre, l'arm�e de Maud'huy entre en ligne.
Elle occupe la r�gion Arras-Lens, prolongeant vers
le nord, pour donner la main aux divisions sorties
de Dunkerque.
Mais en pr�sence de l'effort ennemi, ce n'est encore
l� qu'un cordon de troupes trop mince, trop tendu.
Sur la demande du g�n�ral French, on d�cide le
transport de l'arm�e anglaise de la r�gion de
l'Aisne � la r�gion de la Lys.
L'arm�e belge, sortie d'Anvers, couverte par les
marins anglais et fran�ais, vient renforcer dans la
r�gion de l'Yser la barri�re qu'il faut cr�er et
maintenir.
La bataille des Flandres
Les Anglais ne pouvant entrer en action que le 20
octobre, l'arm�e belge, manquant de munitions, le
g�n�ralissime prescrit un nouvel effort.
Le 14 octobre, il charge le g�n�ral Foch d'aller
coordonner les op�rations des arm�es du Nord.
Le 18 octobre, il met � sa disposition de nouveaux
renforts, lesquels s'accroissent jusqu'au 12
novembre et constituent l'arm�e fran�aise de
Belgique, sous le commandement du g�n�ral Durbar, et
op�rent de concert avec les Belges et les corps
anglais, entre la mer et la Lys, contre douze corps
d'arm�e allemands, plus quatre corps de cavalerie.
Le kaiser est l�. - Ses excitations sont vaines. -
On ne passe pas
L'empereur est pr�sent. Ses proclamations rappellent
aux troupes allemandes qu'il s'agit de frapper le
coup d�cisif, soit passer, en longeant la mer pour
atteindre Dunkerque, Calais ou Boulogne, soit percer
vers Ypres et proclamer l'annexion de la Belgique.
Pour r�ussir, l'�tat-major allemand proc�de, durant
trois semaines, � des attaques r�p�t�es et
furieuses, en masses profondes.
D�s le 12 novembre, on peut �tablir le bilan de ces
assauts. C'est pour nous la victoire.
En trois semaines, nous n'avons pas c�d� un pouce de
terrain et nous sommes install�s d'une fa�on
inexpugnable.
120,000 Allemands paient leur d�faite d'Ypres
Dans la seconde quinzaine de novembre, l'action
allemande est bris�e. Elle se ralentit. Son
artillerie m�me montre de moins en moins d'activit�.
La bataille d'pres co�te 120.000 hommes � l'ennemi.
Jamais offensive plus soigneusement pr�par�e, plus
furieusement men�e, ne subit un �chec plus complet.
Guerre de si�ge sur le reste du front
Pendant cette grande bataille, la guerre continue
sur tout le front, prenant le caract�re d'une guerre
de si�ge, de tranch�e � tranch�e.
En liaison directe avec celles du Nord, les arm�es
de Maud'huy et de Castelnau tiennent, sans aucun
fl�chissement, de la mi-octobre � la fin novembre,
sur le front de la Lys � Noyon. Depuis la fin
octobre, elles progressent continuellement entre
l'Oise et l'Argonne.
Les arm�es Maunoury, Franchet d'Esp�rey et de Langle
de Cary trouvent devant elles des positions tr�s
fortes.
Le 26 septembre, elles repoussent, � l'est de Reims,
une attaque g�n�rale rudement conduite.
L'empereur assiste � cet �chec, comme il assista,
huit jours plus tard, � celui d'Ypres.
De notre c�t�, � une offensive violente, nous
substitu�mes des op�rations de moindre envergure,
nous permettant souvent de gagner du terrain.
De l'Argonne aux Vosges, m�me situation.
Gardons une foi absolue dans la victoire
Le rapport conclut, pr�cisant la situation de nos
arm�es au d�but de d�cembre :
Nos forces sont �gales � ce qu'elles �taient au
d�but. La qualit� de nos troupes s'est am�lior�e
infiniment.
Tous nos soldats sont profond�ment imbus de leur
sup�riorit�. Ils ont une foi absolue dans la
victoire.
Le commandement, renouvel� par des sanctions
n�cessaires, n'a commis, durant les trois derniers
mois, aucune des erreurs constat�es, et frapp�es, en
ao�t.
L'approvisionnement en munitions d'artillerie a
largement augment�. L'artillerie lourde, qui nous
manquait, a �t� constitu�e et jug�e � l'oeuvre.
L'arm�e anglaise a re�u, en d�cembre, de tr�s
nombreux renforts. Les divisions des Indes ont
achev� leur apprentissage de la guerre europ�enne.
L'arm�e belge, reconstitu�e, comprend dix divisions.
Les gros �checs allemands
Le plan allemand a enregistr� des �checs d'une haute
port�e. Ce sont les suivants :
Attaques brusqu�es par Nancy ;
Marche rapide sur Paris ;
Enveloppement de notre gauche en ao�t ; m�me
enveloppement en novembre ;
Perc�e de notre centre en septembre ;
Attaque par la c�te Dunkerque-Calais ;
Attaque d'Ypres.
Leur retraite est fatale et prochaine
Dans des efforts st�riles, l'Allemagne a �puis� ses
r�serves.
Les troupes qu'elle forme aujourd'hui sont mal
encadr�es, mal instruites.
De plus en plus, la Russie affirme sa sup�riorit�.
L'arr�t des arm�es allemandes est donc fatalement
condamn� � se changer en retraite.
Laissons � la presse europ�enne le soin de commenter
et de juger l'oeuvre des quatre derniers mois.
SERVICE DES TRAINS
de Nancy � Lun�ville
Depuis le jeudi 3 d�cembre, le service des trains
est assur� entre Nancy et Lun�ville :
Voyageurs et bagages, � la gare de Viller.
Marchandises � petite vitesse, � la gare de
Chaufontaine.
Les tarifs seront appliqu�s de ou pour Lun�ville.
Les billets seront d�livr�s et les bagages (30 kilos
par voyageur) seront enregistr�s au pont de Viller.
Un avis ult�rieur indiquera la date de mise en
service des deux gares de Viller et de Chaufontaine.
HORAIRE DES TRAINS
Nancy, d�part. 4 h. 41 10 h. 41 16 h. 21
Pt de Viller, arr. 5 h. 50 11 h. 50 17 h. 30
Pt de Viller, d�p.. 7 h. 17 13 h. 17 18 h. 17
Nancy, arriv�e. 8 h. 21 14 h. 21 19 h. 21
LE DEPART DE LA CLASSE 1915
Les op�rations des conseils de r�vision pour la
classe de 1915, qui se poursuivaient sur les
diff�rents points du territoire depuis le 7 octobre
dernier sont termin�es depuis le 1er d�cembre. Gr�ce
� l'empressement mis partout par les jeunes gens �
se faire inscrire, puis � se pr�senter, l'effectif
se trouvera sensiblement �gal � celui de la classe
pr�c�dente.
Beaucoup des conscrits de la classe de 1915
s'�taient entra�n�s � la marche et � la gymnastique
depuis le jour de la mobilisation. Aussi les membres
des conseils de revision ont-ils eu l'agr�able
surprise de constater qu'au point de vue de
l'aptitude physique ils ne le c�daient en rien �
leurs camarades de 1914 qui, pourtant, comptaient un
an de plus.
La mise en route du contingent sera, d'ailleurs,
effectu�e tr�s rapidement, de fa�on � �tre termin�e
vers le 20 d�cembre.
FORMATION DE LA CLASSE 1916
Paris, 4 d�cembre, 14 h. 50.
BORDEAUX. - Le Journal officiel publie un d�cret
prescrivant que les tableaux de recensement de la
classe 1916 seront dress�s et affich�s dans chaque
commune, au plus tard le troisi�me dimanche de
d�cembre 1914.
Contrairement � l'habitude, il ne sera pas constitu�
de commissions de r�forme, ni de commissions
m�dicales militaires pour la r�vision de la classe
1916.
NOS PROGR�S EN ALSACE
Paris, 5 d�cembre, 0 h. 30.
Communiqu� officiel du 4 d�cembre, 23 heures :
Sur l'ensemble du front, aucun incident notable.
Notre aile droite progresse dans la direction
d'Altkirch.
On rend compte que, le 2 d�cembre, nous avons fait
991 prisonniers dans la seule r�gion du Nord.
Quelques offensives de l'ennemi repouss�es dans le
Nord et dans l'Argonne
Bordeaux, 5 d�cembre, 15 h. 30.
En Belgique, canonnade intermittente, assez vive
entre la voie ferr�e, Ypres, Roulers et la route de
Becelaere � Paschendaele, o� l'infanterie ennemie a
essay�, sans aucun succ�s, de gagner du terrain.
A Vermelles, nous continuons l'organisation des
positions conquises.
De la Somme � l'Argonne, calme s�r tout le front.
En Argonne, plusieurs attaques de l'infanterie
allemande ont �t� repouss�es par nos troupes,
notamment � la corne nord-ouest du bois de la Grurie.
Quelques canonnades en Wo�vre et en Lorraine.
En Alsace rien � signaler.
Nous leur enlevons leurs tranch�es
DANS LE NORD ET EN ARGONNE
Ils s'acharnent sur Reims
Bordeaux, 5 d�cembre, 15 h. 46.
Au nord de la Lys, nous avons r�alis� de sensibles
progr�s. Notre infanterie, attaquant au point du
jour, a enlev�, d'un seul bond, deux lignes de
tranch�es ; le gain a �t� de 500 m�tres.
En avant de Po�sel, � mi-distance entre Dixmude et
Ypres, nous avons pris, sur la rive droite du canal,
une maison de passeur vivement disput�e depuis un
mois.
L'ennemi a tent�, sans succ�s, de nous obliger, par
une attaque violente d'artillerie lourde, � �vacuer
le terrain conquis.
Dans la r�gion d'Arras et en Champagne, canonnades
intermittentes de part et d'autre.
Reims a �t� bombard�e avec une intensit�
particuli�re. De notre c�t�, nous avons d�truit,
avec notre artillerie lourde, plusieurs ouvrages en
terre.
En Argonne, la lutte est toujours tr�s chaude. Nous
avons enlev� plusieurs tranch�es et repouss� toutes
les contre-attaques.
En Lorraine et en Alsace, rien d'important �
signaler.
Paris, 6 d�cembre, 0 h. 53.
Communiqu� officiel du 5 d�cembre, 23 heures :
En Belgique, m�me activit� que la veille.
Nous avons consolid� notre situation dans le Nord.
La maison du passeur a �t� enlev�e dans la journ�e
du 4 d�cembre.
Sur le reste du front, rien d'important � signaler.
LA GUERRE A LA FRONTI�RE DE L'EST
De Nancy aux Vosges
Paris, 5 d�cembre, 17 h. 08.
Un correspondant de l'agence Havas, qui a parcouru
la Lorraine et les Vosges, raconte les op�rations �
la fronti�re de l'Est, depuis le d�but de la guerre.
Apr�s Morhange et Sarrebourg
Il montre comment l'offensive des arm�es de
Castelnau, Dubail et Bonneau, heureuse au d�but, se
heurte, sur le front Morhange-Sarrebourg, � une
organisation d�fensive extr�mement puissante et � de
tr�s nombreuses colonnes ennemies.
Nos attaques �chouent. Les Allemande prononcent une
offensive violente, surtout sur la droite de l'arm�e
de Castelnau, qui est oblig�e de reculer dans la
direction de Lun�ville.
Ce mouvement oblige la gauche de cette arm�e � se
replier vers Nancy, pendant que l'arm�e Dubail,
�galement inqui�t�e, revient sur Baccarat.
Toutefois, les deux arm�es conservent leur liaison,
et l'offensive allemande se brise contre la
r�sistance de nos troupes.
La d�fense du Grand-Couronn�
L'arm�e de Castelnau, non seulement arr�te, mais
refoule des attaques r�p�t�es contre le
Grand-Couronn� de Nancy.
L'attaque allemande a deux objectifs : le mont
Sainte-Genevi�ve au nord ; le plateau d'Amance �
l'est, deux positions d�fendues par l'extr�me gauche
du 20e corps.
Au mont Sainte-Genevi�ve
Les 21, 22 et 23 ao�t, les Allemands bombardent ces
positions, puis ils remontent, en colonnes
profondes, les deux rives de la Moselle, bombardent
Mousson et donnent l'assaut, inutilement.
L'ennemi est alors � quatre kilom�tres des tranch�es
de Sainte-Genevi�ve. Il installe des pi�ces de
grosse artillerie, tire deux mille obus dans les
journ�es des 5 et 6 septembre.
Dans la soir�e du 6 septembre, les Allemands
d�bouchent au pied de Sainte-Genevi�ve lorsque, �
cent cinquante m�tres des tranch�es, les batteries
fran�aises tirent et crachent la mort dans leurs
rangs.
L'ennemi surpris, oblique � gauche, sur les pentes
de Sainte-Genevi�ve.
Le 314e r�giment tient bon et force l'ennemi �
abandonner la lutte, laissant un millier de morts
sur le terrain.
Amance et Champenoux
A l'est de Nancy, la partie est non moins d�cisive.
Les batteries lourdes fran�aises garnissant les
tranch�es sont r�duites au silence. Il faut s'en
remettre aux troupes qui manoeuvrent au bas du
plateau.
Huit jours durant, la lutte se livre dans la for�t
de Champenoux. Des renforts sont, envoy�s � la 65e
division, �puis�e.
Nancy est sauv�
Finalement, l'ennemi, fatigu�, bat en retraite, le
12 septembre, Nancy est sauv�.
Il est inexact que l'empereur ait fait charger les
cuirassiers blancs.
La bataille de la Chipote
La gauche de l'arm�e du g�n�ral Dubail, entra�n�e
par la retraite de Morhange, se replia la premi�re
et fut rej ointe par sa droite.
Elle r�siste trois semaines au col de la Chipote.
La division des chasseurs coloniaux remplace le 21e
corps, appel� dans la Marne, et livre des combats
l�gendaires, chassant enfin les Allemands dans les
bois comme on chasse le sanglier.
Nos troupes croyaient � la victoire, quand, vers le
10 septembre, elles re�urent l'ordre d'abandonner le
col. Elles ignoraient que, plus loin, dans la r�gion
de Nompatelize, le 14e corps avait d� c�der du
terrain.
Le 12 septembre, le g�n�ral Dubail ordonnait de
reprendre l'offensive. B�n�ficiant de la victoire de
la Marne, nos attaques, cette fois, obligeaient les
Allemands � la retraite, avec des pertes �normes.
Le r�sultat de tant de bravoure
En r�sum�, les arm�es Dubail et de Castelnau, sans
perdre un terrain appr�ciable, procur�rent au
g�n�ral Joffre le pivot pour effectuer :
1� La retraite ; 2� l'offensive.
Ces troupes ont soutenu la bataille la plus longue,
la plus opini�tre, sans conna�tre l'ivresse d'une
victoire palpable.
Avec de telles troupes nous vaincrons
Le g�n�ral Dubail a d�clar� au correspondant de
Havas que les soldats ont fait preuve de qualit�s
d'endurance et d'opini�tret� que personne ne
soup�onnait.
Gr�ce � ces qualit�s et � l'organisation du haut
commandement, nous avons obtenu les premiers succ�s.
Gr�ce � elles, nous vaincrons.
LA RECONSTRUCTION DES VILLAGES LORRAINS
Nancy, 6 d�cembre.
I
La victoire d�finitive des arm�es de la
Triple-Entente est maintenant certaine et l'on peut
escompter la ran�on que devra payer l'agresseur pour
la r�paration des ruines qu'il a caus�es, notamment
dans les villages lorrains.
Mais les milliers de r�fugi�s des campagnes ravag�es
ne peuvent attendre la liquidation de ces comptes
pour se reconstituer un foyer et cultiver � temps le
coin de terre, gagne pain de leur famille.
L'Allemand leur a tout d�truit et fait subir les
horreurs d'une guerre sauvage, esp�rant, par ces
exemples de terreur, �branler la confiance du pays
dans la victoire ; nos troupes elles-m�mes ont d�
bombarder ces villages pour en d�busquer l'ennemi et
prot�ger le reste du territoire. Ces malheureux
r�fugi�s ont donc en r�alit� subi des dommages
d'int�r�t commun, dont la charge incombe � la Nation
qui, pour le moins, a l'obligation de gager les
fonds d'indemnit�s.
Les d�partements �prouv�s ont centralis� les
�valuations de ces d�g�ts, mais, avant de proc�der
aux travaux de restauration, il semble utile de
soumettre diverses questions � l'examen d'une
Commission, groupant des comp�tences, des activit�s
d�vou�es et d�sint�ress�es, dont la collaboration
serait pr�cieuse pour renseigner et seconder
l'action parlementaire et l'autorit� sup�rieure
ayant pouvoir de d�cision.
L'exemple nous est d'ailleurs montr� par le groupe
parlementaire des r�gions envahies, et r�cemment, �
Verdun, par M. le s�nateur Humbert, MM. les d�put�s
No�l et Lebrun, le d�vou� pr�sident du Conseil
g�n�ral de Meurthe-et-Moselle, qui, r�unis comme
fr�res d'armes, en profitent pour inspirer sur place
des initiatives on vue de la r�alisation pratique et
prompte de cette oeuvre, nationale de reconstruction
des villages d�truits.
La question est complexe et comprend notamment :
l'�tude des moyens financiers permettant d'assurer
au plus vite les disponibilit�s de fonds ou les
cr�dits n�cessaires ; la construction d'abris
provisoires dans les communes, le choix judicieux
des mat�riaux � employer, les conditions d'ex�cution
des travaux, la r�glementation des �changes ou
redressements de parcelles, l'application de lois
sociales relatives � la constitution du bien de
famille et surtout � la sant� publique, dont
l'observation a �t� trop souvent m�connue.
Cette �tude soul�vera nombre d'objections et de
protestations de pr�jug�s heurt�s, d'habitudes
contrari�es. Il appartiendra � la presse de pr�parer
l'opinion publique aux solutions de sage raison.
D'heureuses initiatives ont d�j� r�alis� partie de
la restauration de villages partiellement d�truits,
tels que ceux d'Haraucourt et de Cr�vic, mais il
faut une �tude compl�te avant de proc�der � la
reconstitution d'un village enti�rement d�truit. Et
ici se pose une question, toute de sentiment, mais
qui a sa grande valeur pour ceux qui ont le culte de
leur petite patrie.
Pendant neuf si�cles, le pays de Lorraine, que le
hasard des partages avait rendu presque ind�pendant,
fut un �ternel sujet de discorde entre ses voisins
et p�riodiquement ravag� par les guerres ou les
occupations militaires. Il venait de se donner � la
France, quand la Convention d�coupa dans son
territoire quatre d�partements fran�ais, dont une
partie fut sacrifi�e pour payer la ran�on de notre
d�faite. Apres chaque tourmente, le paysan lorrain,
obstin�ment enracin� � son sol, reb�tit � la m�me
place la maison familiale, trouvant bois, pierre et
chaux � la ch�taigneraie, � la carri�re et au four
communaux, o� l'on pr�voyait des r�serves pour les
catastrophes futures. Il s'accommodait de moyens de
fortune, mais respectait toujours scrupuleusement la
tradition d'orientation, de distribution et
d'am�nagement int�rieurs de ces logis, dont
l'ensemble donne un caract�re bien particulier aux
villages lorrains.
Maintenant que la Lorraine, dans son int�gralit�, va
redevenir fran�aise �� pour toujours � et qu'enfin le
paysan lorrain pourra asseoir d�finitivement son
foyer, il renoncera bien volontiers � de vieux
errements de nature � porter atteinte au mieux-�tre
ou � la sant� des siens, mais ce serait, d'un geste
brutal, lui effacer tout son pass� de tradition que
de supprimer l'ordonnance g�n�rale et le jeu des
lignes de son village, si on lui substituait une
monotone cit� rurale.
M. le Pr�fet de Meurthe-et-Moselle, administrateur
avis� et humain, sait trop l'attention qu'il faut
accorder aux impond�rables, pour ne point assurer le
respect de ces sentiments, lors de la r��dification
des villages.
Il trouvera d'ailleurs, � son choix, parmi les
architectes et les entrepreneurs lorrains, des
hommes capables de concevoir et d'ex�cuter avec les
moyens �conomiques et durables de la construction
moderne, une renaissance du vieux village lorrain,
embelli, assaini.
MAURICE GRUHIER.
IMPRESSIONS DE LORRAINE
Paris, 6 d�cembre, 2 h. 20.
L'envoy� sp�cial de l'Agence Havas adresse ses
impressions de voyage sur le front en Lorraine.
Visitant les h�pitaux de Nancy, les plus proches de
la ligne de feu, il en rapporte la certitude, que,
malgr� le nombre des malades, sup�rieur � celui des
bless�s en raison du genre de guerre et des
intemp�ries, nos troupes dans l'ensemble se portent
mieux qu'en temps de paix.
Il rel�ve le d�vouement des nombreuses Fran�aises
enr�l�es pour soigner les typihiques, les fi�vreux
et les contagieux.
L'envoy� de l'Agence Havas a vu � l'h�pital de
Nancy, des preuves irr�futables de la barbarie
allemande, mutilant des bless�s sans d�fense sur le
champ de bataille.
Il a constat� �galement les progr�s consid�rables
r�alis�s depuis le d�but de la guerre dans
l'organisation de notre service de sant� et aussi le
d�sir intense de nos troupes, malgr� les pr�c�dentes
pertes, d'aller enfin de l'avant, car elles font
actuellement de l'ennemi ce qu'elles veulent.
L'envoy� de Havas a visit� Gerb�viller, t�moignage
navrant de l'incompr�hensible folie allemande de
destruction, accomplie en riant.
Les Allemands fusill�rent, dans cette petite ville,
60 citoyens, viol�rent et assassin�rent plusieurs
femmes, et incendi�rent tout apr�s s'�tre enivr�s de
vin et d'alcool, notamment le ch�teau de Lambertye,
renfermant des collections qui valaient plusieurs
millions.
L'envoy� de Havas a fait, au retour, le p�lerinage
de Domr�my, o� un registre d�pos� � la porte de la
maison de Jeanne d'Arc porte, de nombreuses pri�res
� l'adresse de l'h�ro�ne nationale, afin qu'elle
boute les Allemands hors de France, le plus t�t
possible.
LE DUEL D'ARTILLERIE
Nos pi�ces lourdes veulent �galer notre 75
NOS PROGR�S CONTINUENT EN ARGONNE
Bordeaux, 6 d�cembre, 15 h. 45.
En Belgique, non loin de la maison du passeur, dont
la prise a �t� signal�e hierr notre artillerie
lourde a �cras� un fortin allemand. L'ennemi a
vainement tent� de nous reprendre Weindreft. Sur le
reste du front nord, calme absolu.
Il en a �t� de m�me dans la r�gion de l'Aisne.
En Champagne, notre artillerie lourde, tr�s active,
a contrebattu avec succ�s les batteries de
l'adversaire.
Dans l'Argonne, la guerre de sape se poursuit. Nous
continuons � progresser lentement, repoussant toutes
les attaques de l'ennemi.
Nous avons aussi progress� l�g�rement dans la r�gion
sud-est de Varennes ; l'artillerie allemande y a �t�
r�duite au silence.
Suc le reste du front, aucun fait notable �
signaler.
LES TAUBES DANS LA MEUSE
Bar-le-Duc, 6 d�cembre.
Un taube abattu
Un Taube, qui venait de survoler Bar-le-Duc et avait
d� rebrousser chemin vers l'Argonne, sous les feux
de salves, a �t� abattu par un obus de 75, pr�s de
Chaumont-sur-Aire.
Appareil et aviateurs furent retrouv�s carbonises.
Les aviateurs allemands montant ce Taube �taient au
nombre de trois.
Un autre survole Commercy
Vendredi apr�s-midi, un Taube a laiss� tomber quatre
bombes sur Commercy.
Trois sont tomb�es sur la voie ferr�e sans faire
beaucoup de mal, la quatri�me s'est perdue dans la
rivi�re.
A REVIGNY
Pillage, Incendie, Atrocit�s
M. Jules Gaxotte, notaire, maire de Revigny, qui
habitait rue de Vitry, dans la maison de M.
Ficatier, grand-p�re de M. Poincar�, aujourd'hui
d�truite par le feu, a fait le r�cit suivant � un
envoy� sp�cial du �� Petit Parisien � :
�� Le 6 septembre, � 2 heures de l'apr�smidi, les
Allemands envahirent Revigny. Le g�n�ral von Eithel,
commandant la 3e brigade de cavalerie, et son
�tat-major s'install�rent dans une confortable
maison,
chez M. Simaire, � l'extr�mit� ouest de la ville.
Trois heures plus tard, le kronprinz arriva avec une
suite nombreuse. Il mit pied � terre, visita la
propri�t� et, ne la trouvant sans doute pas assez
s�re pour sa pr�cieuse personne, n y s�journa qu'une
demi-heure. Dans ce laps de temps, il alla � la
garde-robe, en se faisant garder par quatre de ses
aides de camp en armes. On le vit remonter � cheval
et s'�loigner au grand trot vers un ch�teau des
environs.
Cependant un cordon de sentinelles avait �t� �tabli
en avant de Revigny, dans la direction du sud.
Toutes les troupes bivouaqu�rent autour de la ville.
A la tomb�e de la nuit, entre chien et loup, �
l'heure propice pour les mauvais coups, les soldats
se livr�rent � un pillage en r�gle. Quand ce fut
fini, les torches incendiaires furent allum�es. Une
partie de Revigny fut la proie des flammes. Toute la
nuit, l'incendie projeta au loin ses lueurs
sinistres.
Au matin, des coups de feu �clat�rent.
L'artillerie fran�aise, �tablie sur la voie romaine,
pr�s de Wassincourt, attaquait.
Le combat dura toute la journ�e, sans r�sultat
d�cisif de part et d'autre. A 8 heures et demie du
soir, comme la veille, le feu fut mis aux maisons
par les Allemands.
Quand le jour se leva, on put contempler la besogne
accomplie. L'h�tel de ville, un gracieux �difice
Louis XIII ; l'�glise, un monument historique class�
; les deux �tudes de notaire, les bureaux de
l'enregistrement, un grand nombre d'habitations
particuli�res - entre autres celle de M. Maginot -
�taient an�anties. Toutes les archives municipales
et les minutes d'actes notari�s �taient consum�es.
La destruction par le feu avait �t� organis�e
m�thodiquement. Des autos avaient amen� des f�ts de
p�trole et des sachets inflammables. En service
command�, des soldats dispos�rent les mati�res le
long des maisons, en s'appliquant � faire de
l'ouvrage r�gulier. A un signal, des grenades furent
lanc�es sur les foyers pr�par�s. Une gerbe de feu
monta vers le ciel.
Les maisons �taient, d'ailleurs, compl�tement mises
� sec. Les caves avaient �t� vid�es, des mobiliers
pr�cieux, des pianos, charg�s sur des camions et
envoy�s en Allemagne.
Entre temps, les Allemands avaient pris des otages
parmi les soixante habitants demeur�s � Revigny.
Trois d'entre eux ont �t� emmen�s au loin et on
ignore absolument le sort qui leur a �t� r�serv�. Ce
sont M. Thomas, ancien employ� de chemin de fer
retrait�, chef de district ; M. Grenier, manouvrier,
et M. Jacquemart, ferblantier. C'�taient des hommes
d'environ 60 ans qui ne se livr�rent � aucun acte
d'hostilit� envers les envahisseurs.
Cependant, tous les habitants avaient �t� fouill�s
et d�pouill�s de leurs montres, de leurs bijoux et
de leur argent par des soldats. Les actes de
brigandage �taient accomplis sous l'oeil indiff�rent
des officiers.
La journ�e du 8 fut relativement calme. Le
lendemain, un aviateur fran�ais ayant rep�r� le
quartier g�n�ral, lan�a plusieurs bombes sur la
maison. Onze Allemands furent tu�s, dix bless�s et
35 chevaux furent mis en pi�ces. Les canons et les
mitrailleuses firent rage contre le hardi pilote. Ce
fut en vain. Il regagna nos lignes sain et sauf.
La grande bataille qui se livra le 10, entre
Wassincourt et Magn�ville, et tourna � notre
avantage, sema la panique chez les Allemands. Le 11,
au petit jour, ils s'enfuirent en toute h�te. Les
Fran�ais apparurent bient�t. Revigny �tait d�livr�e.
H�las ! avant de dispara�tre, les Barbares
trouv�rent le temps de commettre une atrocit�. Un
gar�on de quinze ans, le jeune Perrotin, accus�
d'avoir communiqu� avec les Fran�ais, fut mis contre
un mur et fusill� sous les yeux de sa m�re et de sa
soeur. Enfin, plusieurs cadavres d'habitants furent
trouv�s dans les chambres la t�te fracass�e.
CIRCULAIRE RELATIVE
au Retrait des Allocations ou Majorations dans
certains cas d'indignit�
Les femmes n�cessiteuses dont le soutien de famille
est sous les drapeaux et qui, pour cette raison,
re�oivent l'assistance de la Nation ont droit �
notre respect et � notre fraternit�.
C'est encore un moyen de leur t�moigner ce respect
que d'�carter de leurs rangs quelques femmes sans
dignit�, qui risqueraient de jeter sur les autres
une d�consid�ration regrettable.
J'ai pris, en cons�quence, les deux d�cisions
suivantes :
1� Toute femme dont la conduite sera scandaleuse,
notamment toute femme dont on aura constat� l'�tat
d'ivresse, sera consid�r�e comme n'ayant pas besoin,
pour vivre, des secours de la Nation, et
ind�pendamment bien entendu de poursuites
judiciaires �ventuelles, toute allocation devra lui
�tre imm�diatement supprim�e (il sera pourvu, s'il y
a lieu, aux besoins des enfants par des secours en
nature qui leur seront remis directement) ;
2� Nos populations lorraines regardent avec raison
comme un malheur public que, dans une commune,
l'�cole ait �t� incendi�e ou d�truite, et qu'ainsi
les enfants soient contraints de rester dans la rue.
Bien coupables sont les m�res qui, dans les communes
plus heureuses o� l'�cole est ouverte, n�gligent d'y
envoyer leurs enfants. Dans tous les cas de ce
genre, si l'enfant ne va pas � l'�cole, sans que son
absence soit justifi�e par quelque raison s�rieuse,
il sera consid�r� comme n'�tant pas � la charge de
la m�re ; il sera admis sans qu'il soit besoin
d'autre enqu�te que, par quelque moyen illicite, la
m�re tire parti de son travail ; et par suite sera
supprim�e imm�diatement � la m�re la majoration de 0
fr. 50 par jour qui lui avait �t� accord�e, au nom
de l'enfant.
Je compte sur MM. les maires et MM. les instituteurs
et institutrices pour m'aider � appliquer cette
double disposition, et par avance je les remercie de
leur concours.
L. MIRMAN
Nancy, le 6 d�cembre 1914.
NOTES DE CAMPAGNE
X..., 6 d�cembre. - Eh ! bien, nous X., f�t�, hier
soir, la Saint-Nicolas au avons retour des
tranch�es. Nous avons, en effet, deux Nicolas �
l'escouade. L'un est un rude mineur de Chaligny,
l'autre un bon propri�taire de Sorn�ville. Ils
offrirent royalement du vin dans les bidons.
Une lampe de faible puissance �clairait la vieille
cuisine lorraine, � l'�tre immense, o� nous �tions
rassembl�s. Notre h�te, M. M..., avait bien voulu se
joindre � nous. Et c'�tait une sc�ne de �� clair
obscur � qui aurait ravi un Rembrandt.
Puis l'on chanta. C'est dans les chansons que passe
l'�me de la race. Leur forme est loin d'�tre
impeccable, mais que de sentiments fran�ais elles
expriment ! Elles �voquent la grande �pop�e,
qu'�galera peut-�tre celle que vivent nos camarades,
le rire de Kl�ber, le sourire de Marceau...
Et le Parisien nous dit des choses sentimentales
qu'en temps ordinaire on d�daignerait volontiers.
Mais maintenant elles rappellent tant de choses
absentes !
Et, dans notre �curie, nous nous couch�mes assez
tard ce soir-l�. Mon voisin le cheval �� Mousse �,
avait, dans la p�nombre, un vague aspect de
bourrique �piscopale.
Un �� Avis mortuaire � paru dans l'�� Est � annonce le
d�c�s d'un adjudant du 169e, inhum� au cimeti�re
militaire de Montauville. Je suis pass�, il y a
quelques semaines, devant ce cimeti�re, et un k�pi
d'adjudant avait �t� plac� sur l'une des tombes
merveilleusement d�cor�es. Le cimeti�re militaire de
Montauville se trouve sur la grande route non loin
de Maidi�res, et la pens�e �mue de tous les soldats
qui passent sur cette route de bataille va vers les
pauvres morts.
De plus en plus nous avons foi d'ailleurs en la
victoire. Le haut commandement a su faire de nos
camps retranch�s d'incomparables forteresses...
Nous travaillons le dimanche comme les jours
ordinaires et nous avons pass� ce 6 d�cembre �
porter de lourdes claies. Nous �tions charg�s comme
le p�re Fouettard lui-m�me, mais de dr�les de
jouets.
Jamais nous n'avons mieux compris que, par cet
hiver, tout ce que comportent les noms : travail,
devoir et abn�gation.
PIERRE LEONY.
CORRESPONDANCE AVEC L'ALSACE
L'Administration des postes veut bien nous
communiquer les listes des localit�s occup�es en
Alsace (� compl�ter ult�rieurement) et avec
lesquelles la correspondance postale est d�s
maintenant accept�e :
Wildenstein, Kruth, Oderen, Felleringen, Urbeis,
Storkensohn, Mollau, Huesseren, Wesserling, Mitzach,
Ranspach, Saint-Amarin, Malmerspach, Moosch,
Geishausen, Altenbach, Goldbrech, Weiller,
Bitschweiler, Thann, Vieux-Thann, AltThann.
Affranchissement : service int�rieur fran�ais, 0 fr.
10.
NOTRE OFFENSIVE HEUREUSE
s'accentue
SUR LES BORDS DE L'YSER
Paris, 7 d�cembre, 15 h. 18.
Dans la r�gion de l'Yser, nous continuons � attaquer
les quelques tranch�es que l'ennemi a conserv�es sur
la rive gauche du canal.
Dans la r�gion d'Armenti�res et d'Arras, comme dans
celles de l'Oise et de l'Aisne et, en Argonne, rien
� signaler, sinon, d'une fa�on g�n�rale, la
sup�riorit� de notre offensive.
En Champagne, notre artillerie lourde a pris, �
diverses reprises, un avantage tr�s marqu� sur
l'artillerie ennemie.
Rien de nouveau sur le front Est, o� les positions
des jours pr�c�dents ont �t� maintenues.
Paris, 8 d�cembre, 0 h. 43.
Voici le communiqu� officiel du 7 d�cembre, 23
heures :
En Belgique, les Allemands ont bombard�
oestdunkerque, � quatre kilom�tres � l'ouest de
Nieuport.
Entre B�thune et Lens, nous avons fini par enlever
le village de Vermelles et la position du Rutoire, �
l'est de laquelle nous bordons la voie ferr�e.
Avance assez sensible de nos troupes dans la r�gion
de Rouvroye, Parvillers, Le Quesnoy-en-Santerre.
Rien d'autre � signaler.
DANS LA WO�VRE
Le concert interrompu
Sous ce titre, notre confr�re Andr� Tudesq, qui
visite en ce moment l'Argonne et la Wo�vre, raconte
un bien amusant et bien pittoresque �pisode. La
sc�ne se passe � Woel, dans la Wo�vre, pr�s des
�tangs de la Grande-Parrois, o� le commandant
allemand von Strand a eu l'id�e de faire donner un
concert, chaque jeudi apr�s midi.
�� Le quatri�me jeudi arriva, raconte M. Tudesq : il
est r�cent, 26 novembre. Si, par aventure, il vous
avait �t� donn�, cette nuit-l�, de cheminer aux
approches de Riaville, � neuf kilom�tres de Woel,
vous auriez pu noter un grand mouvement d'hommes et
de batteries.
On alignait, gueule au ciel, sous des abris de
branches, 75 et rimailhos. Le commandant en chef
�tait l�. Le colonel Dandelot, un de nos plus jeunes
grands ma�tres de l'artillerie, tint lui m�me �
mettre les hausses. Les artilleurs riaient, d'un
rire secret, plein de malice. En v�rit�, une bonne
farce s'appr�tait.
A trois heures, sur la place de Woel, selon les
habitudes presque rituelles, lesvingt musiciens
p�n�tr�rent au pas de parade. De sa blanche
limousine sort l'Excellence de haute graisse. Dans
un fauteuil de velours rouge, elle cale ses fortes
assises. Les hobereaux se rangent en demi-cercle.
Et...
Et... comme le chef d'orchestre frappe sur son pupitre
les trois coups de l'ouverture, voici qu'un premier
obus tombe, un, second, puis d'autres encore. Le
piston devait commencer : h�ro�que, il tente sa
premi�re note : un �� couac � affreux s'�vade de son
cuivre. L'alto vient � la rescousse : on dirait une
basse-cour en d�lire.
Les obus pleuvent. Les partitions volent au vent.
Musiciens et hobereaux tombent ou fuient. La
limousine est �ventr�e : on, doit hisser Son
Excellence sur un convoi d'ambulance qui prend �
toute allure la route de Chambley.
Vingt et un coups de canon ont �t� tir�s vingt et un
exactement, le nombre r�glementaire du salut aux
grands chefs.
�� Politesse pour politesse ! a d�clar� le g�n�ral
commandant en chef qui pr�sidait � ce nouveau
concert (et de qui je tiens l'anecdote)... nous voil�
quittes... �
Les tranch�es de Woel �taient � douze-cents m�tres.
�
Ils seraient � court de munitions
Voici deux jours, lors d'une rencontre qui tourna �
notre avantage, � Maizeray, nous avons pris deux
mitrailleuses. Elles portaient sur leur aff�t ce
cartouche d�monstratif : �� Festung Kaiserin � (fort
de l'Imp�ratrice), lequel est un des plus importants
de la premi�re enceinte de Metz. Or, au dire des
artilleurs, les mitrailleuses, dans un fort, sont
des pi�ces qu'on ne risque qu'� la derni�re
extr�mit�.
Une autre preuve. Les Allemands bombardent ce lundi
le petit village de Doncourt-aux-Templiers. Selon
leur importance strat�gique ou leur population, on
sait, pour parler un langage am�ricain, ce que ��
valent � tel ou tel bourg. Celui-ci, � coup s�r,
valait cinquante obus. Aux premiers jours de guerre,
les Allemands n'auraient pas manqu� de s'en tenir �
ce chiffre. Lors de l'attaque, dix marmites de 21
sont tomb�es sur Doncourt ; quatre n'ont pas �clat�.
Les services de l'arm�e ont �tudi� avec soin l'�tat
de ces projectiles. Deux d�ductions s'imposent :
l'ennemi se fait �conome, ses munitions, h�tivement
faites
sont d'une qualit� m�diocre.
L'APPEL DU CONTINGENT
de la classe 1915
Le minist�re de la guerre vient de publier l'arr�t�
relatif � la r�partition entre les corps de troupe
du contingent de la classe 1915 et des ajourn�s des
classes 1913 et 1914.
Le total des appel�s est de 220.000, dont 210.340
sont affect�s � l'infanterie. L'artillerie ne re�oit
que des ouvriers, principalement des bourreliers et
des mar�chaux-ferrants (2.500 en tout, � raison de
30 en moyenne par r�giment). Le g�nie re�oit 4.000
hommes : colombophiles, employ�s des chemins de fer
et des postes, �lectriciens, mariniers. Les troupes
d'a�ronautique, 500 hommes. Aucune affectation ne
sera faite dans la cavalerie.
On voit donc que la presque totalit� du contingent
est affect�e � l'infanterie. Chaque r�giment re�oit
1.010 hommes ; chaque bataillon de chasseurs, 600;
chaque groupe cycliste, 100.
Les jeunes soldats seront mis en route au dates
ci-apr�s :
Le 15 d�cembre, ceux des 1re, 4e, 11e et 14e r�gions
; le 16, ceux des 2e, 7e, 13e et 18e r�gions ; le
17, ceux des 6e, 9e, 12e et 15e r�gions ; le 18,
ceux des 3e, 10e, 16e et 20e r�gions ; le 19, ceux
des 5e, 8e, 17e, 21e r�gions et du gouvernement
militaire de Paris.
LA LORRAINE A PARIS
A Longuyon et � Metz
Paris, 8 d�cembre.
Les Lorrains � Paris, nous les rencontrons surtout
sous la forme de r�fugi�s. Leur conversation est
parfois d'un terrible int�r�t. Voici par exemple une
dame de Longuyon qui nous parle des souffrances de
sa ville natale. Nous donnons son r�cit sans
l'arranger, dans le d�sordre des phrases hach�es,
trouvant plus tragique encore ce p�le-m�le de
renseignements qui tombent comme des pellet�es de
terre sur un cercueil.
�� M. et Mme Jolas �taient � l'ambulance (maison
Parence) ; M. Delorme, le pharmacien de la
Grand'Rue, et sa femme ont �t� trouv�s morts dans
leur cave ; M. le cur� Braux et M. l'abb� Persyn,
vicaire, accus�s d'avoir transmis des d�p�ches aux
Fran�ais, ont �t� jug�s sommairement et fusill�s fin
ao�t, du c�t� de Beaulieu ; c'est un jeune Italien,
Libera Jeannot, qui a d� les enterrer sur place -
sans cercueil. Il y eut 44 civils fusill�s, plus 21
jeunes gens de 15 � 17 ans. Mme Pellerin (c�te de
Froidcul) a �t� fusill�e ; Mme Meyer, du m�me pays,
est devenue folle. Ayant vu des bras et des jambes
amput�s � l'ambulance, elle s'empara d'un bras, le
pressa sur sa poitrine et courut se jeter � la
rivi�re o� elle se noya. La petite Marie-Louise
Causier, de 12 ans, fut coll�e au mur, avec sa
tante, Mme Biguet, et on les mit en joue, sans les
ex�cuter cependant. Elles furent enferm�es dans une
cave, avec M. Elys�e Michel, qui avait
courageusement offert sa vie pour racheter la leur.
L'ancien pensionnat des Fr�res fut le th��tre
d'orgies et d'atrocit�s. La fille de M. Florentin
(quartier de la C�te) fut fusill�e; la maison Naudin
pill�e. Les dames Marie furent �galement conduites �
la fontaine o� elles devaient �tre fusill�es avec
M. Tainel. Une attaque des Fran�ais les sauva. La
ville a �t� incendi�e le 24 ao�t et les murs
branlants abattus. Mme Vernier, dont la maison �tait
en flammes, se sauva chez Mme Maff�i ; un soldat
braqua son fusil sur elle et l'aurait tu�e sans
l'intervention de Mme Maff�i, qui vit elle-m�me sa
maison flamber quelques heures plus tard. L'�tude de
Me Julliac, notaire, a �t� pill�e, mais sa maison
est rest�e debout, la seule dans cette rue, avec
celle de M. Morin p�re. Les quartiers de Froidcul et
la Gaillette sont d�truits. Les maisons de MM.
Bedel, percepteur, Jenyen, Fordoxel furent pill�es ;
Mme Musquin, renti�re rue Carnot, avait cach� 30.000
francs de valeurs, la cachette fut d�couverte et les
titres vol�s. M. Valentin, les deux messieurs
Martinet, M. Delcourt Emile, M. Bosseler, le fils
Pierson (quartier de la Gaillette) ont �t� fusill�s.
M. Rollin (quartier des Fr�res) a �t� oblig�
d'enterrer lui-m�me son fils, fusill�. M. Valentin a
�t� enterr� dans le jardin Mauchamp. M. Emile
Chollet et sa femme, avec la famille Schmitt, ont
�t� enferm�s dans leur cave pour y �tre br�l�s, mais
ils ont pu s'�chapper par une porte de derri�re. M.
Feuillade est maire ; MM. Naudin et Veydert sont
adjoints. Mme Pourel, m�re, a �t� trouv�e morte dans
son jardin et enterr�e sur place... �
Voici, d'autre part, des nouvelles concernant Metz :
D�s le d�but de la guerre, les Messeins � tendances
fran�aises �taient depuis longtemps not�s par la
police ; ils furent exp�di�s au fin-fond de la
Prusse ou emprisonn�s � Erenbreistein, - cependant
quelques Fran�ais �taient rest�s. On vient de les
�vacuer et ils ont regagn� la France par la Suisse.
L'un d'eux, qui a quitt� Metz le 30 novembre, nous
dit que leur personne ne fut pas molest�e pendant
leur s�jour dans la place, mais qu'on les injuriait
fr�quemment et qu'il leur �tait interdit de parler
fran�ais. Ils devaient se pr�senter � un bureau
sp�cial deux fois par jour et dans le besoin de
justifier cette mesure rigoureuse, on leur affirmait
qu'en Angleterre, en Russie et en France, les
Allemands �taient oblig�s de se pr�senter toutes les
deux heures - on agr�mentait cette visite de toutes
les fausses nouvelles sorties de l'imagination
d�r�gl�e de l'agence Wolff. Pour le voyage, les
�vacu�s durent se munir de passeports avec
photographie, qui furent repris � la fronti�re, �
Siguen. Le passage en Suisse fut excellent et
l'accueii fut des plus cordiaux ; le transport et la
nourriture �taient accord�s gratuitement.
On entendait beaucoup le canon dans les derniers
jours.
Enfin, il r�sulte de renseignements r�cents
concernant Longwy que l'existence y est devenue �
peu pr�s tol�rable, � la condition de se mettre,
comme disaient les Grecs, un boeuf sur la langue. Les
Longoviciens pr�f�reraient se le mettre d'une fa�on
plus comestible. Cependant la population trouve �
s'alimenter, � un march� quotidien, et � des prix
raisonnables.
Gustave VERNON.
LA BATAILLE DE LOISY & SAINTE-GENEVI�VE
Franc-Mohain, de l'�� Echo de Paris � :
�� Pendant les journ�es du 5 septembre et du 6, et se
prolongeant toute la nuit, une canonnade
ininterrompue avait �� arros� � de plus de deux mille
obus les alentours du cimeti�re de Loisy et les
pentes de Sainte-Genevi�ve...
Le 6, vers la fin du jour, les premi�res troupes
allemandes commenc�rent � d�boucher du bois de Facq
; elles marchaient fifres en t�te ; pour leur donner
du courage, la plupart des soldats avaient �t�
enivr�s : tous leurs bidons, que l'on ramassa,
avaient �t� remplis d'eau-de-vie.
Ce fut un rude combat, combat de nuit, combat
confus.
Les Bavarois s'avan�aient bravement ; les cadavres
de nombre d'entre eux furent retrouv�s parmi
l'enchev�trement des travaux de d�fense ; ils
serraient encore dans leurs mains les cisailles pour
couper les fils de fer...
D'autres, il est vrai, �taient tomb�s, frapp�s d'une
balle � la nuque : le revolver de leurs officiers
n'avait-il pas d� arr�ter les fuyards ?
Une nuit d'enfer : ces champs � flanc de coteau, o�
nous voyons pa�tre maintenant quelques vaches
pacifiques, sont encore labour�s d'obus.
Ce que purent �tre la fougue, la vaillance ent�t�e
de nos troupes contre les assauts sans cesse
renouvel�s des troupes allemandes, ces tombes le
prouvent.
A un moment, l'une des batteries qui d�fendaient
Sainte-Genevi�ve dut cesser le feu, ayant �puis�
toutes ses munitions.
Alors tous les servants et leurs officiers coururent
au village, aupr�s du commandant de Montlebert, pour
lui r�clamer des fusils, des ba�onnettes ; et ils
repartirent � la d�fense des tranch�es, avec
l'infanterie.
Cependant, de la rive gauche de la Moselle les
batteries fran�aises, qui devaient soutenir notre
d�fense, ont �t� d�log�es et remplac�es par des
batteries allemandes.
La position que nous occupons � SainteGenevi�ve se
trouve prise entre les deux feux de ces nouvelles
batteries ennemies, et de celles qui sont install�es
d�j� sur les hauteurs de Mousson.
On t�l�phone au commandant de Montlebert l'ordre de
se replier sur sa ligne de retraite : le commandant
n'entend pas ; une heure se passe, - sous la
mitraille ; on t�l�phone encore, le commandant ne
veut toujours rien entendre.
Il d�clare enfin qu'il ne se retirera que sur un
ordre �crit ; un officier le lui apporte ; au m�me
instant, un obus fait s'effondrer la petite maison
o� le commandant de Montlebert se tenait, et il
roule � terre, lui et tous ceux qui l'entourent...
Il se rel�ve, � peine bless� ; mais je crois bien
que, dans son coeur, � cette minute, il regrette de
n'avoir pas �t� tu� sur le coup, plut�t que d'�tre
contraint, maintenant, � faire sonner la retraite...
Retraite de quelques heures : l'ennemi, tromp� sur
l'importance des forces qu'on lui opposait, par la
furieuse �nergie de la r�sistance, d�moralis� par
les pertes consid�rables qui lui avaient �t�
inflig�es, se repliait en m�me temps, et, lui, pour
de bon...
Le 7 au soir deux compagnies d'infanterie fran�aise
r�occupaient Sainte-Genevi�ve : et les Allemands ne
se sont plus risqu�s � s'en approcher. �
RENOUVEAU D'ACTIVIT�
Nous continuons � progresser
Bordeaux, 8 d�cembre, 16 h. 10.
Pendant la journ�e du 7, l'ennemi s'est montr� plus
actif que la veille, dans la r�gion de l'Yser et aux
environs d'Ypres. Notre artillerie a ripost� avec
succ�s.
Dans la r�gion d'Arras, une tr�s brillante attaque
nous a, comme nous l'avons annonc�, rendus ma�tres
de Vermelles et du Rutoir.
Vermelles �tait depuis pr�s de deux mois le th��tre
d'une lutte acharn�e. L'ennemi y avait pris pied le
16 octobre et, du 21 au 25 octobre, il avait r�ussi
� nous rejeter hors de cette localit�. Depuis le 25
octobre, des op�rations de sape et de mine nous
avaient ramen�s pied � pied jusqu'aux lisi�res et le
1er d�cembre, nous avions enlev� le parc et le
ch�teau.
Dans la r�gion de l'Aisne et en Champagne, quelques
combats d'artillerie. Notre artillerie lourde a
dispers� plusieurs rassemblements ennemis.
En Argonne (bois de la Grurie) et au nord-ouest de
Pont-�-Mousson (bois Le Pr�tre) nous avons gagn� un
peu de terrain.
Sur le reste du front, rien � signaler.
Paris, 8 d�cembre, 23 heures.
En Belgique, une violente attaque allemande sur
Saint-Eloi, au sud d'Ypres, a �t� repouss�e.
La lutte est toujours tr�s vive dans les for�ts et �
l'est de l'Argonne.
Aucun autre incident notable.
AUTOUR DE MONTM�DY
Du �� Bulletin meusien � :
Un officier aviateur de Verdun, qui a survol�
Montm�dy rapporte que la ville a peu souffert et
qu'on n'y voit pas trace de d�g�ts.
Une famille de cette ville a pu, par une lettre
dat�e du milieu d'octobre et pass�e par la Suisse,
faire savoir que la ville �tait calme et ses
habitants pas trop malheureux.
On annonce d'autre part qu'un certain nombre
d'habitants de tout �ge et des deux sexes ont �t�
emmen�s en captivit� en Allemagne, sans motif,
contrairement au droit des gens ; une lettre de l'un
d'eux, M. Bautquin, maire de R�ville, �g� de 72 ans,
dat�e de son lieu d'internement, confirme le fait.
A Damvillers, les Allemands ont install� dans la
maison de M. Goujon, pharmacien, une imprimerie, et
ont mis les horloges � l'heure allemande.
Un sous-officier de l'arm�e de Verdun qui a effectu�
des reconnaissances dans le canton de Spincourt,
nous a inform� que les villages de la r�gion, Billy,
Muzeray, Mangiennes, ne paraissent pas avoir trop
souffert et qu'on aper�oit au loin les toits rouges
des maisons, ce qui fait supposer que la plupart des
habitations sont encore debout et pas trop
d�grad�es.
On nous communique la carte suivante adress�e par
une Damvilloise, r�fugi�e � Verdun, � un de nos amis
: �� Voici ce que j'ai pu savoir de Damvillers : 45
hommes prisonniers : Lef�vre, juge de paix ;
Lehuraux, le cur�-doyen, Rouyer, Renel, Barnier,
Haumont, Prudhomme, Ygrec, Jules Dutertre,
Toussaint, Trouslard, P�rin G�nin, Pillot Charles,
etc., ils sont tous ensemble, les femmes et enfants
d'Azannes et Flabas sur les fronti�res de
l'Autriche, en Bavi�re. �
Une autre personne de Romagne-sous-lesC�tes �crit :
�� Romagne a �t� bombard�e par des pi�ces de marine
fran�aise ; 80 personnes ont �t� prises � Ornes, 18
� Maucourt et enferm�es dans l'�glise de Romagne ou
de Mangiennes. Mes parents d'Azannes sont pris
aussi.
�� Louis Gaude a re�u une lettre de sa femme,
prisonni�re en Saxe ou en Bavi�re; avec sa m�re, sa
belle-m�re, ses deux enfants, Mme Poupard
(fresquaine), Justine Gilles, sa m�re et M. Henrion.
�� Les Fran�ais ont tir� plus de 600 obus sur
Romagne, o� les Allemands ont construit un fort,
ainsi qu'un Decauville de Romagne � Spincourt �. (20
novembre.) Les Allemands occupent Gr�milly, pr�s
Damvillers, et y auraient fusill� Alexandre Massard,
Jean-Baptiste Collignon, Joseph Cochenet, Ren�
Antoine, Gillet (sabotier) et d'autres, ils auraient
emmen� en captivit� en Allemagne 70 habitants du
pays, dont L�on Jacquart, de Gr�milly, et un
boulanger d'Ormes, L�on Lajouc.
A Dannevoux, dont presque toute la population
s'�tait sauv�e, les Barbares ont saisi les 30
habitants rest�s ; ils ont fusill� les 10 premiers
et emmen� comme otages les 20 autres.
Quant au village, qui avait d�j� souffert du
bombardement, ils l'ont compl�tement d�truit par
l'incendie m�thodique.
CE QUE LES ALLEMANDS
occupent encore en France
Pour se rendre compte des progr�s r�alis�s par nos
troupes, il convient de se reporter au d�but de
septembre avant la bataille de la Marne.
A cette �poque, les Allemands occupaient une partie
du pays, dans la proportion suivante :
Nord, 80 % de sa superficie ; Pas-de-Calais, 35 % ;
Somme, 50 % ; Oise, 55 % ; Seine-et-Marne, 20 % ;
Aisne, 100 % ; Marne, 90 % ; Aube, 7 % ; Ardennes,
100 % ; Meuse, 55 % ; Meurthe-et-Moselle, 70 % ;
Vosges, 20 %
Aujourd'hui, les Allemands occupent :
Nord, 60 % ; Pas-de-Calais, 30 % ; Somme, 16 % ;
Oise, 8 % ; Aisne, 55 % ; Marne, 12 % ; Ardennes,
100 % ; Meuse, 30 % ; Meurthe-et-Moselle, 25 % ;
Vosges, 2 %
En Seine-et-Marne et dans l'Aube, il n'y a plus
d'Allemands.
En deux mois, nos troupes ont lib�r� la moiti� du
territoire. C'�tait � souligner.
A PONT-A-MOUSSON
Nancy, 8 d�cembre.
M. le pr�fet de Meurthe-et-Moselle s'est rendu hier
� Pont-�-Mousson. Dans la salle de la Mairie, il a
salu� les membres du Conseil des notables, leur a
dit avec quelle ardente sympathie la population de
Nancy et de toute la partie non occup�e du
d�partement suivait les �preuves des habitants de
Pont-�-Mousson et quelle admiration elle ressentait
pour leur vaillance.
Plus de trente bombardements successifs, commen�ant
en g�n�ral de fa�on inopin�e, tant�t le jour, tant�t
la nuit, tous contraires aux lois de la guerre, sont
une dure �preuve pour les nerfs d'une population qui
a d�, entre temps, subir la charge mat�rielle et
morale de l'occupation ennemie, et les habitants de
Pont-�-Mousson l'ont support�e et la supportent
encore avec une superbe cr�nerie.
M. L. Mirman a f�licit� le Conseil des notables et
de son esprit d'initiative gr�ce auquel le
ravitaillement �tait depuis un temps notable d�j�
assur� de fa�on normale, et de son esprit de
solidarit� qui s'est notamment manifest� dans
l'organisation des soupes populaires.
Les Allemands envoyant en ce moment, pour ne pas en
perdre l'habitude, quelques shrapnells sur la rive
droite, M. le Pr�fet, accompagn� de divers membres
du Conseil s'est rendu dans cette partie de la ville
et a visit� les grandes caves o� femmes et enfants
ont d� chercher refuge ; il a constat� avec autant
d'�motion que de fiert� que nulle part et dans
aucune �me ne r�gnaient l'abattement et la lassitude
; il a promis � tous de revenir tr�s prochainement
les voir ; il a annonc� aux enfants, dont les yeux
du coup se sont �carquill�s, que, des Etats-Unis, un
navire �tait arriv� � Marseille charg� de jouets
pour les enfants des r�gions victimes de la guerre,
que de Marseille �taient parties les caisses
destin�es aux enfants de Meurthe-et-Moselle et qu'il
consid�rait que les petits Mussipontains avaient �t�
si longtemps sous la botte et sous les bombes
allemandes, avaient un droit privil�gi� sur ces
cadeaux des petits fr�res et soeurs d'Am�rique, et
qu'il viendrait lui-m�me leur en faire la
distribution.
SUR LE R�SEAU DE L'EST
Une certaine activit� a commenc� sur la partie du
r�seau de l'Est non envahie par l'ennemi. Cette
compagnie, qui avait la plus grande partie de son
mat�riel gar� sur le r�seau P.-L.-M., se fait
exp�dier chaque jour une grande quantit� de wagons
de marchandises pour lui permettre le trafic
commercial.
LES ALPINS DANS LES VOSGES
Un de nos confr�res qui vient de visiter les champs
de bataille des Vosges, nous retrace en ces termes
l'h�ro�que d�fense du col de Mandray, par le 13e et
le 22e chasseurs alpins, appuy�s par deux r�giments
de cavalerie, faisant du combat � pied :
�� Les Alpins avaient pouss� une pointe sensible en
Haute-Alsace, occup� les cr�tes des Vosges, tenu le
col du Bonhomme sans subir trop de pertes. Mais
bient�t pour eux sonna l'heure de la plus sanglante
des �preuves, en m�me temps que de la plus
imp�rissable gloire. Ils re�urent l'ordre d'aller
d�fendre le col du Mandray, entre Saulcy-sur-Meurthe
et Fraize.
Ils partirent pour la bataille en chantant la
Marseillaise !
Avec leurs mulets, leurs batteries de montagne,
leurs mitrailleuses, ils s'install�rent au Mandray,
qu'ils mirent rapidement en �tat de r�sistance.
Ce fut une d�fense �pique, une page belle et
sanglante � �crire au Livre d'or de l'arm�e
fran�aise. Sous le feu de leurs canons, sous celui
de leurs mitrailleuses, sous leurs fusillades, cinq
jours durant, � eux seuls - 1.700 hommes ! - ils
arr�t�rent trois brigades allemandes, plus une
brigade d'artillerie envoy�e pour appuyer les
premi�res.
Le soir du cinqui�me jour, fous de col�re, n'ayant
pas dormi une heure sur cent vingt, ils trouv�rent
encore la force de charger � la ba�onnette et de
mettre en fuite un r�giment de tirailleurs
pom�raniens qui s'avan�ait, soutenu par un terrible
feu d'artillerie, pour forcer le passage.
C'est une chose folle, incroyable que cette d�fense
du col de Mandray, et c'est une chose admirable.
- Sur dix-sept cents hommes, me disait l'un de leurs
officiers, nous en avions perdu pr�s d'un millier.
Le commandant Verlet-Hanus avait �t� tu�, vingt
officiers avaient, � ses c�t�s, trouv� la mort. Une
de nos compagnies, qui avait �vacu� Sauzy par ordre
formel, �tait r�duite � cinquante hommes,
sous-officiers et grad�s, un officier bless� et deux
officiers mourants.
Nous nous retir�mes en rendant les honneurs � nos
morts !
Et nos �� diables noirs � les avaient si bien
�trill�s que les Allemands renonc�rent � la
poursuite...
Nous autres, officiers alpins, nous vivons avec nos
hommes d'un bout de l'ann�e � l'autre. Nous
partageons les m�mes dangers, nous traversons les
m�mes �preuves. La montagne nous fait solidaires les
uns des autres ; la guerre a fait de nous des
fr�res.
Au soir de cette retraite, nous essayions de ranimer
la confiance de nos hommes et nous y parvenions
presque � force de nous raidir. - Mais quand nous
nous retrouv�mes entre nous, � la popote, � l'abri,
sauv�s, nous nous entre-regard�mes et nous nous
jet�mes, �treints par la douleur et l'angoisse, dans
les bras les uns des autres. - Nous pleurions, comme
des enfants, ceux que nous avions laiss�s l� bas, sur
les pentes de Mandray. Ah ! mes chasseurs, mes
pauvres chasseurs !
Et l'h�ro�que officier - il a �t� plusieurs fois
cit� � l'ordre du jour - laisse rouler, sans
chercher � les dissimuler, deux grosses larmes sur
ses joues amaigries et h�l�es. Belles larmes, nobles
larmes, que celles-l� ! et le plus splendide des
hommages qui vous aient �t� rendus, � chasseurs
alpins du 13e et du 22e, tomb�s au - col du Mandray,
en d�fendant le sol de la Patrie souill� par les
barbares ! �
A SAINT-BENOIT (Vosges)
Un envoy� sp�cial du Times, qui a visit� les champs
de bataille de Lorraine et des Vosges, �crit �
propos de Saint-Beno�t :
�� Quand nous quitt�mes Epinal, de sept heures du
matin, il avait gel� dur et le froid �tait tr�s vif,
bien que le soleil resplendit dans le ciel pur,
faisant briller lessommets neigeux des Vosges. Nous
all�mes jusqu'� Rambervillers, qui fut l�g�rement
bombard�e avant le d�part de l'ennemi et o� tout est
maintenant tranquille et normal. Tournant l�g�rement
au nord-est vers la fronti�re, nous atteign�mes le
petit village de Saint-Beno�t, � moiti� chemin de
Raon-l'Etape. Il a �t� br�l� par les Allemands. De
l'�glise, il ne reste que les quatre murs. L'ennemi
avait install� ses mitrailleuses dans la tour qui
commande la grand'route. Un corps fran�ais, qui
marchait sur cette route pour entourer le village
souffrit du feu de ces mitrailleuses sans pouvoir
deviner d'o� il �tait dirig�. Un second d�tachement
fut plus heureux et avisa l'artillerie. Les �� 75 �
firent feu sur la tour.
�� Peu apr�s, les Fran�ais se retiraient sur
Rambervillers et quand les Allemands revinrent �
Saint-Beno�t, ils l'incendi�rent pour venger leurs
camarades morts. Ils ne tu�rent cependant pas les
habitants et, nous dit le maire, sur 250, il ne
manque que douze personnes.
�� Dans la petite ecole, il n'y a plus de portes, les
pupitres noirs sont fendus par les obus et il n'y a
plus un carreau aux fen�tres. Et, pourtant, dans ce
squelette de maisons, le ma�tre d'�cole fait sa
classe � douze petits enfants, qui ont jet� sur
leurs �paules, pour se pr�server du froid entrant
par toutes les ouvertures, les manteaux de leurs
papas. Et quand nous entrons, ils se l�vent tous
comme un seul homme et d'une voix unanime chantent
la Marseillaise. �
L'OFFENSIVE FRAN�AISE
partout couronn�e de succ�s
Paris, 9 d�cembre, 15 h. 21.
De la mer � la Lys, dans la journ�e du 8, combats
d'artillerie.
Dans la r�gion d'Arras et plus au sud, rien �
signaler. Toutes les positions que nous avons
gagn�es dans les deux derni�res journ�es ont �t�
organis�es et consolid�es.
Dans la r�gion de l'Aisne, combats d'artillerie.
Nous avons eu l'avantage.
Dans l'Argonne, l'activit� de notre artillerie et de
notre infanterie nous a valu des gains appr�ciables.
Plusieurs tranch�es allemandes ont �t� enlev�es.
Nous avons progress� sur tout le front, sauf sur un
point unique, o� l'ennemi a fait sauter � la mine
une de nos tranch�es.
Sur les Hauts-de-Meuse, notre artillerie a ma�tris�
nettement l'artillerie ennemie.
Dans cette r�gion, de m�me qu'en Argonne, nous avons
progress� sur tout le front et enlev� plusieurs
tranch�es ennemies.
Il en a �t� de m�me dans le bois Le Pr�tre.
Dans les Vosges, nous avons repouss� plusieurs
attaques, au nord-est de Senones. Dans le reste du
secteur des Vosges, l'ennemi n'a pas essay�
d'attaquer s�rieusement les positions que nous avons
enlev�es la semaine derni�re.
Paris, 10 d�cembre, 0 h. 40.
Communiqu� officiel du 9 d�cembre, 23 heures :
Pas d'autre incident � signaler que l'avance de nos
troupes devant Parvillers et qu'une attaque des
Allemands sur Tracy-le-Val repouss�e.
LEURS EFFORTS ONT CHANG� DE FRONT
C'est en vain, car partout ils ont le m�me insucc�s
Bordeaux, 10 d�cembre, 15 h. 40.
La journ�e du 9 a �t� calme en Belgique ainsi que
dans la r�gion d'Arras, o� l'ennemi n'a tent� aucun
retour offensif.
Plus au sud, dans la r�gion du Quesnoy et
d'Andrechy, nous avons r�alis� des progr�s variant
de 200 � 600 m�tres : notre gain a �t� maintenu et
consolid�.
Dans la r�gion de l'Aisne et en Champagne, pas de
changement ; l'artillerie allemande sur laquelle
nous avions pris l'avantage les jours pr�c�dents
s'est montr�e, hier, plus active, mais elle a �t� de
nouveau ma�tris�e par notre artillerie lourde ;
celle-ci, aux environs de Reims, a oblig� les
Allemands � �vacuer plusieurs tranch�es ; cette
�vacuation s'est faite sous le feu de notre
infanterie.
Dans la r�gion de Perthes, l'ennemi, par deux
contre-attaques, a essay� de reprendre les tranch�es
qu'il avait perdues le 8 ; il a �t� repouss�. Le
terrain conquis par nous est solidement organis�.
Dans toute l'Argonne notre progression s'est
continu�e ; nous avons enlev� de nouvelles
tranch�es, repouss� avec un plein succ�s six
contre-attaques ; compl�t� et consolid� le terrain
gagn� sur l'ennemi.
Sur les Hauts-de-Meuse, combats d'artillerie dans
lesquels nous avons gard�, malgr� l'activit� plus
grande des batteries ennemies, un avantage marqu�.
Dans le bois Le Pr�tre, nous avons pris de nouvelles
tranch�es.
Rien � signaler sur le reste du front, jusqu'� la
fronti�re suisse.
LE BILAN R�CONFORTANT D'UNE SEMAINE
Notre artillerie ne connut que le succ�s
Notre infanterie ne connut pas le recul
Paris, 10 d�cembre, 18 h. 29.
Une note officielle expose les principaux faits de
guerre entre le 27 novembre et le 5 d�cembre.
Bien que cette p�riode ne soit pas marqu� par de
grandes op�rations, elle a permis de constater
partout l'ascendant de notre artillerie et de notre
infanterie.
Notre artillerie, sans souffrir beaucoup, a fait
taire, en de nombreux points, les batteries
ennemies, dont elle a d�moli plusieurs.
Notre infanterie a progress� partout et n'a jamais
recul�.
De la mer � l'Oise
De la mer � l'Oise, le 1er d�cembre, notre
artillerie lourde a endommag�, � Bixschoote et �
Merken, les batteries allemandes. Nous avons
d�truit, � Wydrendreft, une section de mitrailleuses
ennemies.
Le 4 d�cembre, notre grosse artillerie a impos�
silence � l'artillerie allemande.
Elle a d�truit, le 29 novembre, dans la r�gion de
Knocke, et le 2 d�cembre, � Bixschoote, des
passerelles et des approvisionnements de l'ennemi.
Le 27 novembre, nous avons bombard�, pr�s de Lens,
des trains de ravitaillement.
Le 5 d�cembre, nous avons d�moli les travaux de
l'ennemi dans la r�gion de Roclincourt.
Voici les principales attaques qui ont �t�
repouss�es par notre infanterie :
Le 27 novembre � Paschendaele, le 30 novembre �
Bixschoote, le 3 d�cembre � Pasohendaele, le 5
d�cembre � Wydrendreft, le 29 novembre, �
Brodseinde, � l'est d'Ypres.
Nous avons progress� dans toute la section nord de
60 � 500 m�tres.
Trois beaux faits d'armes
La Maison du Passeur
Les op�rations � la suite desquelles nous nous
sommes empar�s de la maison du passeur constituent
un brillant et p�nible fait d'armes.
Il s'agissait de d�blayer des Allemands la rive
gauche de l'Yser, o� ils �taient install�s.
Sur 1.800 m�tres, le canal est bord� l� par un
marais infranchissable. Une attaque n'est possible
qu'en longeant la berge et sur un front tr�s �troit.
En outre, la rive droite domine et nous place sous
le feu des mitrailleuses.
Cent volontaires des bataillons d'Afrique
combattirent, dans l'eau jusqu'� mi-jambe et sous
une pluie intense.
De leur c�t�, les Allemands se montr�rent
extr�mement courageux, et nous d�mes tuer un
officier et quinze hommes qui refusaient de se
rendre.
Le ch�teau de Vermelles
L'attaque du parc et du ch�teau de Vermelles est
�galement remarquable.
Le 1er d�cembre au matin, les Allemands, assaillis
de toutes parts par deux pelotons, de spahis � pied
et trois compagnies d'infanterie, s'enfuirent en
essayant vainement de se retrancher dans les
b�timents du ch�teau.
Les jours suivants, nous repouss�mes toutes les
contre-attaques.
L'attaque de Fay
L'attaque de Fay, le 28 novembre, est �galement
remarquable.
Malgr� une fusillade ininterrompue de l'ennemi, nos
tirailleurs et sapeurs d�truisirent le r�seau de
fils de fer. Ils trouv�rent, le 30 novembre, un
second r�seau.
Malgr� une fusillade qui leur causait des pertes
sensibles, ils achev�rent l'organisation du terrain
conquis repr�sentant 400 m�tres.
De l'Oise � l'Argonne
De l'Oise � l'Argonne, notre
artillerie a dispers� des colonnes d'infanterie, au
nord du fort de Cond�, et a obtenu des r�sultats
appr�ciables.
En Champagne
En Champagne, une batterie de 75 a
d�moli, le 27 novembre, � l'ouest de Presles, une
pi�ce allemande de 105, tandis que notre artillerie
lourde �teignait le feu de l'ennemi dans la r�gion
de Rouge-Maison, L'activit� de notre artillerie,
dans cette partie du front, a r�duit nos pertes
quotidiennes � une moyenne de 100 � 20 hommes.
Nous avons d�truit, le 28 novembre, six
mitrailleuses et une batterie de 21. Nous avons
�teint le feu de l'ennemi, le 29 et le 30 novembre.
Nous avons d�truit, le 1er d�cembre, une batterie de
88. Sur le plateau de Craonne, nous avons fait
exploser, le 2 et le 3 d�cembre plusieurs d�p�ts de
munitions et nous avons r�duit au silence, le 4 et
le 5 d�cembre, les canons qui bombardaient Reims.
Nous avons bombard� des trains.
Les r�pliques de l'artillerie allemande sont
g�n�ralement assez molles.
Ses seuls succ�s consistent en deux ou trois
bombardements de Reims.
Dans l'Argonne et sur les Hauts-de-Meuse
Dans le secteur de l'Argonne, aux Hauts-de-Meuse,
l'ennemi a montr� son maximum d'activit�. Il a
dirig� quinze attaques, notamment au nord du
Four-de-Paris, sur Fontaine-Madame et le
Bois-de-Grurie.
Toutes ont �t� repouss�es avec une extr�me vigueur.
Nous avons attaqu� et progress� chaque jour dans
tout ce secteur.
Nous avons enlev�, le 4 d�cembre, pr�s de
Saint-Hubert, plusieurs tranch�es.
Le pr�tendu succ�s des Allemands dans le Bois de
Grurie, le 1er d�cembre, consiste en l'explosion
d'une tranch�e fran�aise min�e et o� une compagnie
fut presque an�antie. Mais les compagnies voisines
r�sist�rent dans leurs tranch�es, et, gr�ce � un
furieux corps � corps, r�tablirent leurs lignes dans
une tranch�e nouvelle, � 26 m�tres en arri�re, de la
tranch�e d�truite.
Sur les Hauts-de-Meuse, un �pais brouillard et la
pluie ont arr�t� pendant plusieurs jours les
op�rations, puis, le 3 et le 5 d�cembre, notre
artillerie a d�truit une section de mitrailleuses et
bombard� des trains.
Elle a r�duit au silence une batterie de 21.
Nous avons toujours repouss� les rares attaques de
l'infanterie et progress� de 150 � 325 m�tres dans
les r�gions de Saint-Mihiel, Varennes, Vauquois.
Sur la Moselle
Nous avons progress� sur la rive gauche de la
Moselle, dans le Bois-le-Pr�tre.
Dans les Vosges
Notre offensive nous a conquis des positions
importantes dans les Vosges.
En Haute-Alsace
En Haute-Alsace, la prise d'Aspach-le-Haut a d�j�
�t� signal�e. Nous avons pris, le 2 d�cembre, au sud
du col du Bonhomme, la cr�te de la T�te-de-Faux. o�
l'ennemi avait un observatoire d'artillerie qui
dominait la haute vall�e de la Meurthe.
A l'assaut au chant de la Marseillaise
Nos chasseurs ont enlev� cette cr�te, � 2 heures,
anim�s d'un magnifique entrain, en chantant la ��
Marseillaise �. Ils ont subi des pertes assez
sensibles.
Nous avons progress� sur la c�te de Grimaude.
Nous avons repouss� toutes les contreattaques au
Nord-Ouest de Senones.
L'ardeur de nos troupes dans les Vosges est
admirable.
A l'ordre du jour
La Note termine en signalant quelques actes de
bravoure, notamment le suivant :
Deux sapeurs t�l�graphistes, Carles Antoine et Louis
Demoizet, ont r�tabli, le 28 novembre, sous un
bombardement violent, les fils t�l�phoniques coup�s
entre le moulin de Zuvdschoote et l'�cluse de
Hetsas.
Ils ont �t� cit�s � l'ordre du jour.
NOS AVIATEURS
font de bon ouvrage
Paris, 11 d�cembre.
La situation g�n�rale est sans modification.
Hier, nos aviateurs ont lanc� de nouveau avec succ�s
seize bombes sur la gare et les hangars d'aviation
de Fribourg-en-Brisgau.
Malgr� une vive canonnade, ils sont rentr�s sans
accident.
LEURS VAINS SURSAUTS
en Belgique et en Argonne
Bordeaux, 11 d�cembre, 15 h. 35.
L'ennemi a montr� hier quelque activit� dans la
r�gion d'ypres.
Il a dirig� contre nos lignes plusieurs attaques,
dont trois ont �t� compl�tement repouss�es. Sur un
point unique du front, les Allemands ont r�ussi �
atteindre une de nos tranch�es de premi�re ligne. De
notre c�t�, nous avons continu� � progresser dans la
direction des lignes ennemies.
Dans la r�gion d'Arras et dans celle de Juvincourt,
combats d'artillerie.
Dans l'Argonne, nous avons pouss� en avant de
plusieurs de nos tranch�es et refoul� deux attaques
allemandes.
Dans la r�gion de Varennes, nous avons consolid� nos
gains des jours pr�c�dents.
L'artillerie allemande s'est montr�e tr�s active,
mais ne nous a inflig� aucune perte.
Il en a �t� de m�me sur les Hauts-de Meuse.
Dans le Bois-le-Pr�tre, notre progression s'est
poursuivie et accentu�e.
Au sud de Thann, nous avons enlev� la gare d'Aspach.
Sur le reste du front des Vosges, combats
d'artillerie.
NOTRE SUCC�S S'ACCENTUE
dans la r�gion d'Ypres
Voici le communiqu� du 11 d�cembre, 23 heures :
Dans la r�gion d'Ypres, une tr�s violente attaque
allemande a �t� repouss�e.
Dans la m�me r�gion, celle de nos tranch�es signal�e
dans le communiqu� de 15 heures comme atteinte par
les Allemands a �t� reprise par nous.
Sur le reste du front, rien � signaler.
CR�ER
c'est combattre
Nancy, 11 d�cembre.
Qui porte tort aux marchands ferme la porte du
bien-�tre sur la cit� et l'arm�e.
(Proverbe hindou.)
Je mets ce proverbe en exergue d'abord parce qu'il
me para�t exact, ensuite parce qu'�tant oriental il
a une saveur particuli�re, puis parce qu'il est
d'actualit�, enfin parce que le souvenir des
Hindous, - maintenant Indiens,- combattant avec nous
et pour nous adoucira les observations que
timidement je d�sire pr�senter.
La population civile de Nancy, pourtant durement
�prouv�e par cette guerre, n'a jamais cess�
d'observer une discipline stricte. A quelques tr�s
rares exceptions pr�s, elle a conserv� m�me le
sourire. Elle a support� avec all�gresse tous les
sacrifices que la d�fense nationale exigeait de
donner. Elle s'est pli�e sans un murmure � toutes
les n�cessit�s.
Elle a re�u les visites des Taubes, et n'a montr�
qu'une curiosit� discr�te.
Elle a re�u des obus, et n'en a �t� nullement �mue.
Elle salue les bless�s avec �motion.
Elle respecte les prisonniers.
Quoi qu'on lui ordonne dans l'int�r�t de la patrie,
elle le fait sans une ombre d'h�sitation. Elle
comprend qu'elle doit donner l'exemple.
On lui a supprim� les lumi�res dans les rues et aux
fen�tres des fa�ades, les bicyclettes, les
automobiles. On a ferm� les caf�s � six heures, puis
on lui a permis d'y rester jusqu'� sept heures. On
lui a enlev� la gare, et on l'a r�tablie. On a
successivement indiqu� que les laissez-passer
�taient d�livr�s, tant�t � la pr�fecture, tant�t �
la mairie, tant�t au commissariat.
Elle a trouv� que tout cela �tait bien puisqu'on
�tait oblig� de l'�dicter. Et elle a tout ex�cut�
ponctuellement.
Cette attitude vaut bien une r�compense. Je demande,
comme r�compense, qu'il y ait un peu plus d'aise
pour les relations commerciales.
Oui, je sais. La gare est r�tablie. La Compagnie de
l'Est a fait tout ce qu'elle pouvait, et mieux
encore qu'on n'aurait pu l'imaginer. Elle a r�alis�
et r�alise chaque jour des am�liorations
consid�rables. C'est exact et j'applaudis des deux
mains.
Les banques locales donnent plus de facilit�s aux
commer�ants. La caisse d'�pargne permet des retraits
plus fr�quents et plus larges. Il est maintenant
possible de r�aliser en partie les Bons de la
d�fense nationale que l'on avait souscrits. Les
services d'alimentation sont admirablement assur�s.
C'est exact, c'est exact. Mais ne pourrait-on, par
exemple, abr�ger les formalit�s d'exp�dition pour
les t�l�grammes, donner un peu plus de rapidit� aux
communications postales, adoucir le r�gime des
papiers de r�quisition, am�liorer et activer les
transports et surtout faire du moratorium quelque
chose de plus souple et de plus vivant ?
On a fait beaucoup. On serait heureux d'avoir
davantage.
Il faut songer que la guerre sera longue sans doute.
On ne cesse de le r�p�ter, et cela n'est pas
invraisemblable.
Nous ne pouvons pas vivre �ternellement sur les
provisions accumul�es par l'agriculture, le commerce
et l'industrie. Il faut cr�er si l'on veut vivre.
Chaque jour on mange, on boit. Chaque saison ou
chaque ann�e on s'habille. Il est n�cessaire de
donner non seulement des armes � nos soldats mais
aussi de quoi les nourrir, et des v�tements et des
chaussures.
Pour produire tout cela il est indispensable que le
travail reprenne. Non pas d'une fa�on normale
certes, personne ne demande une telle impossibilit�,
mais dans la mesure de nos moyens pr�sents.
Il y a dans les coffres de l'argent qui ne fait
rien, dans les usines des machines qui ne
fonctionnent plus, dans les maisons des hommes et
des femmes qui volontiers occuperaient leurs bras �
de fructueuses besognes, et dans les pays voisins ou
dans nos ports ou dans nos gares des mati�res
premi�res qui seraient vite transform�es en objets
utiles.
Nous souffrons d'un mal n�cessaire, la guerre.
Pourquoi ne vivons-nous pas normalement, en nous
accommodant de ce mal, comme on s'est d�j� accommod�
de tant d'autres ?
Il est bien entendu qu'avant tout ce sont les
services militaires qui doivent passer. Qui le
contesterait serait odieux. Avec raison on le
consid�rerait comme un fou dangereux.
Mais n'est-ce point aussi un service militaire en ce
temps-ci que le travail national, une sorte de
service d'arri�re qui est en contact avec les
services de l'intendance ? N'est-ce pas un service
militaire que de confectionner des v�tetements, que
de moudre le bl�, de le transformer en pain, de
nourrir, de v�tir les troupes et aussi les enfants
et les hommes qui demain rejoindront leurs a�n�s et
leurs cadets dans les tranch�es ? N'est-ce pas un
service militaire que les femmes accomplissent en
tricotant des chandails, des passemontagne, en
cousant des tricots, en soignant les bless�s, et
m�me plus simplement en gardant ce sourire un peu
m�lancolique qui donne du coeur aux hommes et fait
surgir les h�ros ?
Tout actuellement est service militaire. Tout se
fait pour et par la nation.
Les chefs commandent. Les soldats se battent.
Ce que peuvent faire les civils, c'est travailler.
Si peu qu'on les aide, ils se mettront joyeusement �
la besogne. Mais il leur faut du cr�dit, des moyens
de transport, et certaine libert�.
Oui, on ne demande plus qu'une chose, travailler.
Celui qui travaille apporte un concours efficace au
triomphe final. Et peut-�tre abr�ge-t-il pour une
grande part la dur�e de la guerre.
Ce n'est pas la bonne volont� qui manque. Ce sont
les aises.
REN� MERCIER.
(�
suivre) |