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D�cembre 1914 - La Vie en Lorraine (3/3)

 
ao�t 1914 septembre 1914 octobre 1914 novembre 1914 d�cembre 1914
janvier 1915 f�vrier 1915 mars 1915 avril 1915  

MOGEVILLE
dans la Meuse
A �T� D�TRUIT

M. Fabry, instituteur � Mogeville, �crit au �� Bulletin meusien � :
�� Le 13 octobre dernier, vers 11 heures du matin, quelques cyclistes allemands arros�rent les maisons de mati�res inflammables, y mirent le feu et en un rien de temps tout y fut consum�. Ils rest�rent l� jusqu'� 4 heures du soir et de temps en temps jetaient des grenades sur certaines habitations pour en activer les flammes. La mairie, l'�cole, le clocher de l'�glise, rien ne fut �pargn�. (Il y a quelques jours j'ai pu constater de visu tous ces d�g�ts.) Une douzaine de personnes du village qui �taient encore l� � 11 heures, se sauv�rent �perdues, M. Trisson et sa femme, seuls, rest�rent au pays et dans l'apr�s-midi furent enlev�s par les vandales et dirig�s d'abord sur la ferme de l'Epine. Depuis on ne sait ce qu'est devenu M. Trisson. Quant � sa femme, elle est venue nous rejoindre � Vaux-devant-Damloup, car elle a �t� mise en libert� apr�s avoir fait quelques centaines de m�tres, nos ennemis tiouvant qu'elle ne marchait pas assez vite.
Le m�me jour, la majeure partie du village de Maucourt subit le m�me sort que Mogeville. Tout est br�l� aussi � l'exception d'une dizaine de maisons. Une huitaine avant, entre 10 et 11 heures du soir, les Allemands avaient enlev� toutes les personnes qui y restaient et les ont emmen�es en Saxe. Voici les noms : Mme et Mlle Willemain, Mme Couquaux Emile, Mme Marchal et ses trois enfants, Mme Bertrand,.�g�e de plus de 80 ans, Mlles Marie et Mathilde Bertrand, M. et Mme Delavaux, Mme Prot et ses enfants, Mme Trouslard, MM. Lelorrain, Chenet, Colin, F�vrot (ces deux derniers vieillards de plus de 75 ans).
Quelques jours apr�s, ils ont aussi enlev�, la nuit, 83 personnes d'Ornes.
Ils ont fait de m�me � Foameix. Mlle Gambette, institutrice � Verdun et qui se trouvait chez ses parents � Foameix, a �t� prise par les Allemands. Elle nous �crivait derni�rement de Saxe que les jours s'�coulaient lentement et bien tristement pour les prisonniers comme elle.
Voici quelques renseignements sur des militaires de Mogeville :
1� Paul Adam, capitaine d'artillerie, a �t� tu� en septembre ;
2� Henri Simon, sergent d'infanterie, a �t� bless� mortellement devant Maucourt, le 11 octobre et il est mort � Verdun le 1 octobre ;
3� Gallois Ren�, adjudant, a eu l'�paule fracass�e et se trouve actuellement � l'h�pital de P�rigueux.
4� Huvet Georges, ing�nieur chimiste, a �t� bless� le 29 septembre au camp des Romains. Il est actuellement prisonnier � Ulm. Son fr�re Pol est toujours sur la ligne de feu.
FABRY,
Employ� auxiliaire aux bureaux de l'�tat civil de Verdun. �

R�GLEMENTATION DE LA CIRCULATION

Nancy, 20 d�cembre.
Communiqu� de la Pr�fecture :
Le territoire est divis�, en ce qui concerne la circulation, en plusieurs zones.
Les lignes de d�marcation de ces zones diff�rent selon qu'il s'agit de circuler par chemin de fer ou de circuler en voiture ou � pied. La zone interdite en chemin de fer sans laissez-passer sp�cial s'appelle la zone Z. La zone interdite en voiture ou � pied sans laissez-passer sp�cial s'appelle la zone A. Ces zones sont d�limit�es comme il est indiqu� ci-apr�s :

Circulation en chemin de fer
Tout voyageur doit �tre muni, quelle que soit la longueur du trajet qu'il a � effectuer, d'un laissez-passer d�livr� par lie maire ou le commissaire de police. En principe, ce laissez-passer n'est jamais d�livr� par l'autorit� militaire, qui n'appose que son visa pour autorisation.
La zone de l'int�rieur est s�par�e de la zone Z par une ligne allant de Delle � Calais, en passant par Montb�liard, Lure, Faymont, Plombi�res, Bains, Lorrain, Dcmpaire, Charmes, Nancy, Pont-SaintVincent, Bariisey, Vaucouleurs, Gondrecourt, Bar-le-Duc, Vitry-le-Fran�ois, Ch�l�ns, Epernay, Ch�teau-Thierry, Cr�py-enValois, Senlis, Creil, Saint-Just-en-Chauss�e, Amiens, Abbeville et Boulogne.
A) La zone qui se trouve au Sud et � l'Ouest de cette ligne est libre, c'est-�-dire que l'on peut y circuler avec le seul sauf-conduit d�livr� par le maire ou le commissaire de police. Les gares sus-indiqu�es font partie de cette zone. On peut donc venir sans laissez-passer sp�cial de l'int�rieur du pays � Nancy ou vice-versa.
Toutefois, pour utiliser la ligne de Paris par Pagny-sur-Meuse, Gondrecourt et Bar-le-Duc, il faut le visa pour autorisation de l'autorit� militaire (du g�n�ral commandant d'armes de Nancy pour les personnes habitant Nancy ou s'y trouvant de passage) appos� sur le laissez-passer d�livr� par le maire ou le commissaire central.
Le poste de Nancy laisse passer avec le seul sauf-conduit d�livr� par le maire ou le commissaire de police tous les voyageurs porteurs de billets directs pour Barisey et au del�. Il laisse passer avec le m�me saufconduit tous les voyageurs circulant entre Nancy et Blainville ou entre Nancy et Pont-Saint-Vincent.
Le poste de Bains laisse passer avec ce m�me sauf-conduit les voyageurs porteurs de billets directs pour Remiremont
B) La zone qui se trouve au Nord ou � l'Est de cette ligne (ou zone Z) n'est accessible que dans quelques cas bien d�termines :
1� Si l'on r�side dans la zone Z. - Dans ce cas, le commissaire sp�cial de la pr�fecture, dont le bureau est install� � la gare de Nancy, peut donner l'autorisation d'entrer dans cette zone.
2� Si l'on va y voir un bless� ou un malade - Le laissez-passer est, dans ce cas, d�livr� par le maire ou le commissaire central pour celle des gares sus-indiqu�es o� l'on devra franchir la ligne de d�marcation. (Exemplels : Blainville pour aller � Lun�ville ; Charmes pour Rambervillers ; Nancy pour Frouard ; Vaucouleurs pour Pagny-sur-Meuse, etc.).
Sur pr�sentation de pi�ces �tablissant que l'on va voir un bless� ou un malade, le gendarme de service � cette gare pourra d�livrer l'autorisation d'entrer dans la zone Z, sauf cependant dans les places de Toul, Epinal et Belfort, qui ne restent accessibles qu'aux personnes munies d'autorisations d�livr�es par les gouverneurs de ces places.
Le gendarme de service peut �galement autoriser � entrer dans la zone Z ou � en sortir les personnes munies de pi�ces �tablissant leur identit� et fournissant la preuve qu'elles habitent dans cette zone.
Toutefois, le fait d'�tre domicili�, dans la zone Z n'est pas consid�r� comme un motif suffisant pour �tre autoris� � en sortir.
Dans tous les autres cas, et tout � fait exceptionnellement, l'autorisation d'entrer dans la zone Z ne peut �tre accord�e que par les g�n�raux de la lre arm�e. (Toute personne qui s'adressera au g�n�ral commandant d'armes � Nancy devra, au pr�alable, se munir d'un laissez-passer d�livr� par le maire ou le commissaire de police. Ce laissez-passer ne sera valable qu'apr�s visa pour autorisation de l'autorit� militaire.)

Circulation en voiture ou � pied
Les r�gles pour la circulation en voiture ou � pied restent les m�mes.
La zone interdite, ou zone A, est s�par�e des zones autoris�es (zones B et C) par une ligne allant du Thillot � Dagonville, en passant par Cornimont, G�rardmer, Fraize, Saulcy, Saint-Beno�t, Deneuvre, Vathim�nil, Lun�ville, Haraucourt, Saulxures, Agincourt, Faulx, Custines, Dieulouard, Villers-en-Have, Avrainville, Andilly, M�nil-la-Tour, Boucq, Corni�ville, Vignot, Commercy, L�rouville, Cousanges-aux-Bois.
Il est d�fendu d'entrer dans la zone A sans �tre porteur d'un permis d�livr� soit par les g�n�raux de la lre arm�e, soit par le commandant d'armes de la localit� la plus voisine de l'endroit o� l'on veut aller.
(Toute personne qui s'adressera au g�n�ral commandant d'armes de Nancy, devra, au pr�alable, se munir d'un laissez-passer d�livr� par le maire ou le commissaire de police. Ce laissez-passer ne sera vadable qu'apr�s visa pour autorisation de l'autorit� militaire.)
Pour circuler en arri�re de la ligne susindiqu�e (zone B et zone C) les permis sont d�livr�s par les maires, par les commissaires de police ou par les commandants locaux de gendarmerie, sans �tre soumis au visa de l'autorit� militaire.
La zone C est s�par�e de la zone B par une ligne longeant la Moselle, du Thillot � Toul, puis la route de Toul � Ligny-enBarrois par Void.
Pour passer de la zone C dans la zone B en voiture ou � pied. les permis d�livr�s par les maires ou les commissaires de police doivent �tre soumis au visa de l'autorit� militaire.
De cette r�glementation, il r�sulte que des localit�s comme Champigneulles, Frouard, Liverdun, etc., d'un acc�s facile aux personnes circulant � pied ou en voiture (puisque ces localit�s appartiennent � la zone B) ne sont accessibles par chemin de fer que dans les conditions indiqu�es au � b (1� ou 2�) de la �� Circulation en chemin de fer �.
Les personnes habitant dans ces localit�s et venant travailler � Nancy, pourront obtenir des laissez-passer sp�ciaux : temporaires, d�livr�s par le commissaire sp�cial de la pr�fecture, ou permanents, d�livr�s par le cabinet de M. le pr�fet (sans visa de l'autorit� militaire).
La dur�e de validit� des laissez-passer pour la circulation en chemin de fer, � pied ou en voiture, est en principe limit�e � trois jours. Exceptionnellement, des permis de quinze jours, non soumis au visa de l'autorit� militaire, pourront �tre accord�s par les maires ou le commissaire central aux employ�s ou ouvriers de l'agglom�ration nanc�ienne.
L'agglom�ration nanc�ienne comprend :
Nancy, Jarville. Tomblaine, Essey, SaintMax, Malz�ville, Max�ville, Champigneulles, Villers et Laxou.

Notre offensive r�ussit
Leurs attaques �chouent

Bordeaux, 20 d�cembre, 16 heures.
De la mer � la Lys, nous avons gagn� un peu de terrain en avant de Nieuport et de Saint-Georges.
A l'est et au sud d'Ypres, o� l'ennemi renforce ses organisations d�fensives, combats d'artillerie et progression l�g�re de notre part.
De la Lys � l'Oise, les forces alli�es se sont empar�es d'une partie des tranch�es de premi�re ligne allemandes, sur le front Richebourg-l'Avou�-Givonchy -les-la- Bassl�e.
Au sud-est d'Albert, la tranch�e enlev�e par nous le 17, pr�s de Maricourt, et perdue le 18, a �t� reprise hier.
Dans la r�gion de Lihons, les Allemands ont attaqu� deux fois, et tr�s violemment, pour nous reprendre les tranch�es conquises par nous le 18. Ils ont �t� repouss�s.
De l'Oise � l'Argonne, sup�riorit� de notre artillerie se manifestant par l'interruption du tir de l'adversaire, la destruction d'abris de mitrailleuses et d'observatoires et la dispersion d'un rassemblement.
En Argonne, dans le bois de la Grurie, nous avons repouss� trois attaques : deux sur Fontaine-Madame, une � Saint-Hubert.
Entre Argonne et Vosges, aucun incident saillant.
Paris, 21 d�cembre, 0 h. 19.
Communiqu� officiel du 20 d�cembre, 23 heures :
Sur l'ensemble du front, aucune modification n'est signal�e.

PRISONNIERS CIVILS DE LA MEUSE

Nous extrayons du �� Bulletin Meusien � les renseignements que voici sur les prisonniers civils de la Meuse :
Prisonniers de Combres � Ulm (Wurtemberg), Gauserviese, Bar. 4 : MM. Georges Rouyer ; Henri Colvard ; L�once Rouyer ; Louis Lacaille ; Ren� Mettavant ; Georges Dessoy ; Marcel Dessoy, On�sime Wariot ; Louis Sirantoine ; Adrien Warlot ; Camille Humbert ; Humbert-Lesire ; Ernest Sirantoine ; Henri Mangin ; Georges Lacaille ; Gaston Finot ; Henri Kodisch. - Camille Minot est intern� � Zvickau (Saxe), 3e compagnie. Avec nombre de ses concitoyens, il a d'abord �t� enferm� pendant quatre jours, 22-26 septembre, avant d'�tre emmen� prisonnier.
M. Fel Mailfer, son fils Emile, de Hannonville-sous-les-C�tes, sont prisonniers avec 43 habitants du m�me pays � Ulm-sur-Danube Gansw�se, baraque 4 (Wurtemberg). On sait que tous les hommes de ce village ont �t� emmen�s en Allemagne Il para�t qu'une douzaine y sont morts.
D'une lettre d'un prisonnier, il r�sulte que nos malheureux compatriotes sont soumis � un r�gime des plus rigoureux, oblig�s souvent de se contenter pour toute nourriture d'un brouet dans lequel le riz entre en majeure partie, et qui ressemble, � s'y m�prendre, � de la colle de tapissier.
M. l'abb� Baur, cur� de Warcq, est en captivit� en Allemagne. Son fr�re, de Moulins, en a �t� inform�.
MM. Fran�ois, cur� de Nub�court ; P�rin, d'Hennemont ; Maurice, de Paxeid ; Ruiquin, de Pintheville ; Bastien, d'Apremont ; Lion, de Varn�ville ; Juste, de RichecoUtrt ; Aubois, d'Hattonch�tei ; Peltier, vicaire de Stenay.
M. Briet, de Sassey, a �t� emmen� en Allemagne, avec 25 habitants de la commune et a donn� des nouvelles � un die ses parents. - Virginie Cayer, 6e -Cie, n� 834 Kiiegsgefangenen lager Reicherbackastrass � Zwickau (Saxe) - Louis Thibert, ancien directeur de la Soci�t� G�n�rale de Ligny, prisonnier � Munster (Westphalie). - J. Bouvier, employ� � la caisse d'�pargne de Bar-le-Duc. - M. R�veillez, employ� de banque � Bar-le-Duc.
M. l'abb� Tridon, cur� de Heudicourt, apr�s �tre rest� dans sa paroisse jusqu'au 13 octobre aux mains des Allemands, fut emmen�, � cette date, et jntern� � la forteresse d'Ehrenbreitstein, pr�s de Coblentz, en compagnie de 118 autres Fran�ais, dont deux pr�tres de la Meuse : M. l'abb� Aubois, cur� d'Hattonch�tel, et M. l'abb� Reneaux, d'Eton, ainsi que MM. Guet. Beausiey de Saint-Maurice ; L�on Deville, C�l. Henry et Fern. L�ridon, de Pillon.
Il fut lib�r� derni�rement avec le maire d'Hom�court (M.-et-M.). Il est actuellement r�fugi� � Mornes (Haute-Savoie).

Nous enlevons ses tranch�es
UN PEU PARTOUT
Il bombarde les villes ouvertes et les h�pitaux

Bordeaux, 21 d�cembre, 16 heures.
Dans la journ�e du 20, rien d'important � signaler en Belgique. Nous avons fait toutefois quelques progr�s dans les r�gions de Lombaertzyde, de Saint-Georges et au sud-est du cabaret Korteker (sud-ouest de Bixschoote). Nous avons occup� quelques maisons de Zwartelem (sud de Zillekerke) et l'ennemi a bombard� l'h�pital d'Ypres.
De la Lys � l'Aisne, nous avons enlev� un bois pr�s de la route Aix-Nouelette-Souchez et avons occup� ainsi toute la premi�re ligne de tranch�es allemandes entre cette route et les premi�res maisons de Notre-Dame-de-Lorette, au sud-ouest de Loos.
L'ennemi a bombard� Arras. Notre artillerie lourde a fait taire � diverses reprises l'artillerie ennemie. Au nord de Carnoy (est d'Albert), elle a boulevers� les tranch�es allemandes et culbut� deux pi�ces d'une batterie �tablie pr�s de Hem (sud-est de Carnoy). Elle a aussi pris nettement l'avantage sur l'Aisne et dans le secteur de Reims.
En Champagne, dans les r�gions de Prosnes, de Perthes et de Beaus�jour, ainsi qu'en Argonne, nous avons r�alis� sur tout notre front des gains appr�ciables, en particulier au nord-est de Beaus�jour, o� nous avons conquis 1.200 m�tres de tranch�es ennemies.
Dans le bois de la Grurie, nous avons fait exploser quatre sapes min�es et nous nous sommes �tablis dans les excavations.
Entre l'Argonne et la Meuse, progr�s sur tout le front, notamment dans la r�gion de Varennes, o� le ruisseau de Cheppes a �t� d�pass� de 500 m�tres, et dans la r�gion de Gercourt et de B�thincourt.
Sur la rive droite de la Meuse, nous avons gagn� du terrain sur la Croupe � deux kilom�tres au nord-ouest de Brabant et dans le bois de Consenvoye.
Enfin sur les Hauts-de-Meuse, l�gers progr�s dans le bois des Chevaliers, au, nord-est du fort de Troyon.

Les Anglais ont repris leurs tranch�es perdues
NOUS EN AVONS PRIS DE NOUVELLES

Paris, 22 d�cembre, 5 h. 35.
Voici le communiqu� officiel du 21 d�cembre, 23 heures :
Les troupes britanniques ont attaqu� et, dans la matin�e, elles avaient repris la plupart des tranch�es qu'elles avaient perdues.
Devant Lihons, l'ennemi a prononc�, quatre attaques successives pour reprendre les tranch�es que nous avions pr�c�dement conquises dans cette r�gion. Toutes ses attaques ont �t� repouss�es.
Nous avons attaqu� au nord-est de Puisaleine, au sud de Roy on et nous avons pris pied dans les tranch�es adverses de premi�re ligne, et progress� dans le bois de Saint-Mard.
Aucun autre renseignement important, n'est encore parvenu sur les op�rations de la journ�e.

L'ENTR�E DES ALLEMANDS A SAINT-DI�

Nous avons reproduit la d�claration du premier lieutenant Eberlein qui reconnaissait, dans les M�nchner Nachrichten du 7 octobre dernier, que les troupes allemandes, � leur entr�e � Saint-Di�, le 27 ao�t, s'�taient abrit�es derri�re des civils d�sarm�s. La Gazette Vosgienne, de Saint-Di�, donne, sur cet �pisode, les renseignements compl�mentaires qui suivent :
�� L'extrait des M�nchner Neueste Nachrichten n'apprendra rien sans doute � nos concitoyens, mais il nous permet de pr�ciser d�s maintenant les d�tails du tragique �pisode auquel le lieutenant Eberlein a apport� son pr�cieux t�moignage.
�� C'est � l'extr�mit� de la rue d'Alsace que les civils arr�t�s par les Allemands furent oblig�s de s'asseoir au milieu de la voie.
�� Quant aux civils arr�t�s par le r�giment de r�serve �� qui est entr� � Saint-Di� plus au nord �, ils n'ont pas �t� oblig�s de s'asseoir, mais seulement de marcher � la t�te du d�tachement ennemi.
�� Ces civils �taient au nombre de quatre : M. Camille Ch�tel, dit �� le Blanc �, charpentier, �g� de 34 ans ; L�on Georges, sans profession, �g� de 27 ans ; Henri Louzy et Georges Visser, comptable. Les deux premiers seuls furent tu�s. Les deux derniers n'ont �t� que bless�s et sont aujourd'hui r�tablis.
�� Un autre habitant de notre ville fut tu� le m�me jour, et c'est � lui sans doute que fait allusion le passage o� le lieutenant Eberlein d�clare : �� Tout ce qui se montre encore dans la rue est fusill� �
�� Cette derni�re victime, Camille Lafoucri�re, manoeuvre, �g� de 18 ans, se trouvait � l'angle des rues du 10e Bataillon et de la Prairie, lorsqu'un Allemand tira sur lui un coup de fusil qui le tua net. �

LA LE�ON D'UNE SEMAINE
R�SULTATS HEUREUX DE NOTRE OFFENSIVE

Paris, 22 d�cembre, 1 h. 07.
Le r�cit des principaux faits de guerre du 7 d�cembre au 15 dit qu'au cours de cette p�riode, l'ascendant pris par notre infanterie nous a permis de r�aliser, sur plusieurs parties du front, des progr�s qui paraissent avoir inqui�t� l'ennemi.
L'infanterie allemande est partout peu attentive. Ses tirailleries continuelles d�c�lent chez elle une certaine nervosit�.
L'emploi, de plus en plus fr�quent, de projecteurs et de fus�es �clairantes, r�v�le �galement ses craintes d'attaques.
Apr�s leurs co�teuses et vaines exp�riences du mois dernier, nos adversaires paraissent presque partout r�duits � la d�fensive.
C'est nous qui, sur tout le front, avons une attitude offensive.
Dans les duels d'artillerie, nos batteries affirment de plus en plus leur sup�riorit�.
Paris, 22 d�cembre, 1 h. 08.
Le r�cit des faits de guerre du 7 au 15 d�cembre donne encore ces d�tails :
Entre la mer et l'Oise, les attaques des Allemands ont �t� repouss�es partout.
Elles �taient, d'ailleurs, mal soutenues par leur artillerie.
Au contraire, l'infanterie fran�aise, prenant l'offensive, r�ussit � progresser sur divers points, notamment � Vermelles, dont l'occupation par les troupes fran�aises contraignit l'ennemi � reculer de trois kilom�tres.
Sur la route de Lille �galement, nous avons progress�, apr�s avoir fait sauter � la sape les tranch�es allemandes.
Contrairement � l'artillerie allemande, qui ne r�ussit qu'� causer des d�g�ts mat�riels sans importance, les batteries fran�aises affirment leur sup�riorit� en bouleversant les tranch�es ennemies, en g�nant les travailleurs allemands, en atteignant les rassemblements de troupes.
Malgr� les intemp�ries, le moral des Fran�ais est parfait ; leur bonne humeur �tonne les prisonniers allemands par son contraste avec la lassitude de leurs camarades.
Entre l'Oise et l'Argonne, tandis que l'artillerie allemande s'acharne � bombarder les villes et les villages, l'artillerie fran�aise atteint les trains allemands, disperse les rassemblements, d�truit mitrailleuses et canons lourds de l'ennemi.
En Argonne, l'ennemi marque toujours la plus grande activit�.
La guerre de sape se m�le aux attaques de l'infanterie. Les troupes fran�aises ont r�ussi � repousser l'ennemi des divers points, notamment devant Saint-Hubert.
Elles gagnent du terrain � l'ouest de Perthes.
Les Allemands, dont les attaques d'infanterie sont vaines, ont r�ussi � faire sauter � la mine quelques tranch�es fran�aises � Haute-Chevauch�e, mais un barrage emp�che la progression ennemie.
De l'Argonne � la fronti�re suisse, l'artillerie a montr� surtout de l'activit�, particuli�rement dans la r�gion de Varennes, mais les Allemands ont seulement r�ussi � causer des d�g�ts mat�riels, alors que les batteries fran�aises, rep�rant habilement les positions ennemies, ont d�truit des convois et des colonnes de blockhaus ennemis.
Entre la Meuse et la Moselle, la progression fran�aise est continue. Une attaque fran�aise contre les bois de Remi�re et de Sonnard �tait parvenue � occuper la premi�re ligne des tranch�es ennemies, mais la deuxi�me ligne allemande r�ussit � r�occuper la premi�re ligne, o� les fantassins fran�ais �taient dans une position tr�s difficile, par suite d'un terrain d�tremp� Malgr� l'extr�me difficult� du terrain, nous reprenions, le m�me jour, 500 m�tres du front momentan�ment abandonn�.
Des avions fran�ais ont bombard� Fribourg-en-Brisgau, le 15 d�cembre.
Dans les Vosges, les positions conquises sont solidement maintenues, malgr� les attaques allemandes, et nos progr�s continuent et s'accentuent.
Les Allemands essaient vainement, au prix de lourds sacrifices, de reprendre Cernay.
Ils r�ussissent � occuper Steinbach, dont les hauteurs dominant Cernay restent entre nos mains.
En r�sum�, sur un grand nombre de points, nos attaques furent couronn�es de succ�s.
Nous n'avons abandonn� nulle part le terrain gagn�.
Partout l'ennemi a d� garder une attitude d�fensive, qui a confirm� les troupes fran�aises dans la conscience de leur sup�riorit�.

ATTAQUES & CONTRE-ATTAQUES
Quelques positions conquises
D'autres consolid�es

Bordeaux, 22 d�cembre, 16 heures.
Entre la mer et la Lys, il n'y a eu dans la journ�e du 21 que des combats d'artillerie.
De la Lys � l'Aisne, nous avons refoul� une attaque allemande qui cherchait � d�boucher de Carency et nous avons pris quelques maisons � Blangy.
Une attaque allemande sur Mametz et les tranch�es voisines n'a pas permis � nos troupes de progresser sensiblement de ce c�t� Dans la r�gion de Lihons, trois attaques ennemies ont �t� repouss�es.
L�ger gain � l'est et � l'ouest de Tracy-le-Val. Notre artillerie a tir� efficacement sur le plateau de Nouvrons.
Dans les secteurs de l'Aisne et de Reims, combats d'artillerie.
En Champagne et en Argonne, autour de Souain, violents combats � la ba�onnette.
Nous n'avons pas progress� d'une fa�on sensible dans cette r�gion. Nous avons enlev� aux abords de Perthes-les-Hurlus trois nouveaux ouvrages allemands repr�sentant un front de tranch�es de 1.500 m�tres.
Au nord-est de Beaus�jour, nous avons consolid� les positions conquises le 20 et occup� toutes les tranch�es qui bordent la cr�te du Calvaire.
Dans le bois de la Grurie, notre progression a continu�.
A Saint-Hubert, nous avons repouss� une attaque.
Dans le bois de Bolante, o� quelque terrain avait �t� perdu, nous en avons repris les deux tiers.
Entre Argonne et Meuse, l�gers progr�s aux abords de Vauquois.
Au nord du bois de Malanoourt, nos troupes ont r�ussi � franchir un r�seau de fils de fer et � s'emparer des tranch�es ennemies, o� elles se sont maintenues.
Sur la droite de la Meuse, dans le bois de Consenvoye, nous avons perdu, puis reconquis, apr�s de vifs combats, le terrain gagn� par nous le 20.
Des Hauts-de-Meuse aux Vosges, rien � signaler.
Paris, 23 d�cembre, 0 h. 50.
Communiqu� officiel du 22 d�cembre, 23 heures :
Au nord-ouest de Puisaleine, sud de Noyon, l'ennemi a ex�cut�, hier soir, de violentes contre-attaques, qui ont �t� toutes repouss�es.
Au sud de Varennes, nous avons pris pied, hier soir, dans Boureuilles.
Nos attaques ont continu� aujourd'hui.
Elles paraissent nous avoir fait progresser dans Boureulles et � l'ouest de Yauquois.
Rien n'est encore signal� du reste du front.

PAROLES DE REVENANTS

Un jeune homme, arriv� r�cemment de Longuyon, nous donne, apr�s avoir lu le r�cit que nous avons publi� le 9 de ce mois, des renseignements compl�mentaires.
Il ne serait pas �tabli avec certitude que M. et Mme Delorme aient �t� trouv�s morts dans leur cave, il est certain seulement qu'ils n'ont plus �t� revus. L'assassinat de M. le cur� Braux et de M. l'abb� Persyn se serait accompli dans les circonstances suivantes : Les Allemands firent demander chez les soeurs M. le cur� et le P�re Oblat Thiriez. Ce dernier �tait absent. Le cur�, ne sachant ce qu'on leur voulait, dit � l'abb� Persyn : �� Venez avec moi �. Tous deux furent d'abord d�tenus, au pain et � l'eau, pendant trois jours, chez M. Colette, marchand de vins, puis fusill�s. M. le cur� avait plant� le drapeau de la Croix-Rouge sur le clocher de l'�glise pour la pr�server ; les Allemands ont pr�tendu que c'�tait un signal destin� aux Fran�ais.
Mme Pellerin re�ut deux balles ; elle traversait la route de Froidcul pendant que les Allemands entraient. Elle tomba sur l'escalier de la maison vers laquelle elle se dirigeait, criant : �� Achevez-moi ! � puis mourut presque aussit�t. Dans la rue Jeanne-d'Arc, au quartier de la Gaillette, il n'y a qu'une maison br�l�e, celle qui est situ�e dans le haut, pr�s d'une maison en construction.
Les maisons habit�es par MM. Clesse et Montagnon ont re�u chacune un obus qui fit de grands ravages. Elles n'ont pas �t� br�l�es. Dans la rue de la Gaillette, au-dessous de la rue Jeanne-d'Arc, il reste encore deux maisons intactes : celles du bout, en montant vers le ch�teau-d'eau.
A Froidcul, la maison Thi�baut a �t� cribl�e de balles, mais non br�l�e. Les
deux premi�res maisons, � gauche, en montant, ont re�u des obus, mais ne furent pas br�l�es ; les autres sont d�truites, sauf la derni�re, � gauche toujours en montant. M. Martin, le facteur, l'a�n� des fils Reinalter, les enfants de Mme Chr�tien ont �t� fusill�s. Mme Barth�l�my, de Spincourt, est chez Mme Goucet, � Longuyon, ainsi que la famille Fondeur et Mme Comon. M. Feuillade a �t� nomm� non pas maire, mais adjoint par l'autorit� allemande. Un changement de commandant lui a retir� cette peu enviable fonction.
Nous remarquons, par les r�cits des tueries que nous apportent les r�fugi�s, la pr�occupation des bandits � trouver un motif justificateur. On a dit que l'hypocrisie �tait un hommage rendu � la vertu ; les Allemands reconnaissent ainsi combien il est criminel de massacrer sans raisons les populations civiles. Les motifs qu'ils donnent sont improvis�s d'ailleurs avec une impudeur grossi�re, comme dans le cas du cur� de Longuyon. Pour Mme Pellerin, ils ont pr�tendu qu'elle avait un revolver !
De m�me pour les otages. Ils ont emmen� le maire de Lexy, parce qu'on d�couvrit des soldats fran�ais r�fugi�s dans une cave du village ; � Herserange, o� la population fut plac�e devant les batteries allemandes, MM. Haut, Hendart et le cur� ont �t� emmen�s parce qu'on trouva des pigeons chez eux (� Longwy, il fallait porter � l'autorit� les t�tes coup�es des pigeons que l'on poss�dait) ; le maire de Remoncourt fut emmen� aussi en captivit� parce qu'un uhlan �tait mort. On accusa le maire de ne pas l'avoir assez bien soign�.
Ils ne sp�cifient pas la cause de la mort du baron de Klopstein, mais pensent s'excuser en racontant que c'est une balle �gar�e qui le frappa, � sa fen�tre, en plein front, par un malencontreux hasard. Seulement, le soir, un capitaine, ivre, annon�ait triomphalement qu'il avait tu� �� le gentilhomme du pays �. Et cette brute ricanait en voyant les larmes que ne pouvait retenir la femme devant qui son orgueil avin� �ructait ses paroles. La saoulerie fut digne de la soif allemande : 25.000 bouteilles de vin fin, provenant du pillage du ch�teau, coul�rent dans les ventres teutons, remplis, mais non rassasi�s.
GUSTAVE VERNON.

RENTR�E DES CHAMBRES
La D�claration minist�rielle

Paris, 22 d�cembre, 15 h. 45.
La rentr�e des Chambres a eu lieu cet apr�s-midi.
Grande affluence � la Chambre. Les tribunes r�serv�es au public sont pleines, notamment celles r�serv�es au corps diplomatique.
Tous les d�put�s assistent � la s�ance, qui s'ouvre � 2 h. 15.
M. Deschanel, pr�sident, prononce aussit�t son allocution.

Allocution de M. Deschanel
�� Les repr�sentants de la France, dit-il, doivent �lever leurs �mes vers les h�ros qui combattent pour elle depuis cinq mois.
�� Jamais la France ne fut plus grande. Jamais, en aucun temps, en aucun pays, on ne vit plus magnifique explosion de vertus.
�� C'est que la France ne d�fend pas seulement, en cette heure d�cisive, sa vie, sa terre, ses souvenirs sacr�s. Avec l'Angleterre, la Russie, la Belgique, la Serbie et le Japon elle d�fend encore le respect des trait�s, l'ind�pendance de l'Europe et la libert� humaine.
�� Aujourd'hui, il s'agit de savoir si la mati�re asservira l'esprit, si le monde sera la proie sanglante de la violence.
�� L'Europe veut respirer. Les peuples entendent disposer librement d'eux-m�mes
�� Pour nous, nous ferons jusqu'au bout tout notre devoir, pour r�aliser la pens�e de notre race : Le droit prime la force. �

Les d�put�s d�c�d�s
M. Deschanel a fait ensuite l'�loge fun�bre des d�put�s d�c�d�s. Il a rendu surtout un �loquent hommage � l'h�ro�sme des membres du Parlement tu�s � l'ennemi.
M. Viviani a alors donn� lecture de la D�claration du gouvernement.

LA D�CLARATION
La D�claration minist�rielle d�bute ainsi :

L'union nationale
�� Il n'y a, pour l'heure, qu'une politique. C'est une politique de combat sans merci, jusqu'� la lib�ration d�finitive de l'Europe, ayant pour gage une paix pleinement victorieuse.
�� C'est le cri unanime du Parlement, du pays et de l'arm�e.
�� Devant le surgissement, inattendu pour elle, du sentiment national, l'Allemagne a �t� troubl�e dans l'ivresse de son r�ve de victoire. �

L'Allemagne seule responsable
La D�claration constate ensuite qu'il est actuellement d�montr� que l'Allemagne est enti�rement responsable de la guerre ; que depuis plus de 40 ans elle poursuivait inlassablement son but, l'�crasement de la France, pour arriver � l'asservissement du monde.

Nous irons jusqu'au bout
�� Puisque, malgr� leur attachement � la paix, la France et ses allies ont d� subir la guerre, elles la feront jusqu'au bout.
�� La France n'abaissera les armes qu'apr�s avoir veng� le droit outrag�, soud� pour toujours � la Patrie la Belgique dans la pl�nitude de sa vie mat�rielle et de son ind�pendance politique ; bris� le militarisme prussien, afin de pouvoir reconstruire sur la justice une Europe enfin r�g�n�r�e.

La certitude de la victoire
�� Nous avons la certitude du succ�s. Nous avons pu montrer au monde qu'une d�mocratie organis�e peut servir, par une action vigoureuse, l'id�al de libert� et d'�galit� qui fait sa grandeur. �

La t�che peut �tre longue
La D�claration confirme que notre situation financi�re nous permet de continuer la guerre jusqu'au jour o� les r�parations n�cessaires seront obtenues.
La D�claration continue, en ces termes :
�� Le jour de la victoire d�finitive n'est pas encore venu. La t�che, jusque-l�, sera rude. Elle peut �tre longue.
�� Pr�parons-y nos volont�s et nos courages.
�� H�riti�re du plus formidable fardeau de gloire qu'un peuple puisse porter, la France souscrit d'avance � tous les sacrifices.
�� Nos alli�s le savent. Les nations neutres le savent.
�� Une campagne effr�n�e de fausses nouvelles a essay� vainement de surprendre en elles la sympathie qui nous est acquise.
�� Si l'Allemagne, au d�but, a feint d'en douter, elle n'en doute plus � pr�sent. �

L'union des alli�s pour l'id�al du droit
La D�claration conclut :
�� Aujourd'hui comme hier, comme demain, n'ayons que le cri de la victoire, que la vision de la Patrie, que l'id�al du droit.
�� C'est pour lui que nous luttons, que luttent encore la Belgique, qui a donn� � cet id�al tout le sang de ses veines ; l'in�branlable Angleterre, la Russie fid�le, l'intr�pide Serbie, l'audacieuse marine japonaise.
�� Rien de plus grand n'apparut jamais aux regards des hommes contre la barbarie et le despotisme, contre le syst�me de provocations et de menaces m�thodiques que l'Allemagne appelait �� la paix �, contre le syst�me des meurtres et des pillages collectifs que l'Allemagne appelle �� la guerre � ; contre l'h�g�monie insolente d'une caste militaire qui a d�cha�n� le fl�au...
�� Avec ses alli�s, la France �mancipatrice et vengeresse, d'un seul �lan, s'est dress�e. �

DEUX BOMBES SUR NANCY
AUCUN MAL

Mardi, 22 d�cembre, un peu avant une heure de l'apr�s-midi, un ar�oplane allemand a mis � profit le temps particuli�rement clair pour survoler Nancy � une grande hauteur.
En passant au-dessus du faubourg Saint-Georges, il a laiss� tomber une bombe. Le projectile a atteint la toiture d'un b�timent des Docks et Magasins g�n�raux, en bordure sur la rue Lamothe. Apr�s avoir bris� deux tuiles, il est all� tomber sur le plancher du grenier, o� il est rest� sans exploser.
Il a �t� ramass� peu apr�s par les employ�s des Docks qui en ont fait la remise � l'officier commandant le poste de la gare Saint-Georges.
Cette bombe, tomb�e � une heure moins cinq, n'a caus� aucun d�g�t.

Dix minutes apr�s, un autre projectile, venait tomber rue Grandville, devant la maison portant le num�ro 5. Cette bombe mal dirig�e, s'�crasait par le culot sur le pav� de la rue. Elle se brisait en quatre parties, sans faire explosion. La charge, compos�e d'une poudre de couleur jaun�tre, se r�pandait sur la chauss�e.
Un enfant, qui se trouvait dans la rue, a ramass� les morceaux de l'engin et les a remis quelques minutes apr�s � un officier de la place.
Comme aux Docks, cette bombe n'a caus� ni accident de personnes ni d�g�ts mat�riels.
Les avions fran�ais ont donn� bient�t la chasse au Taube qui s'est empress� de regagner les lignes allemandes afin de se mettre � l'abri.
Nos ennemis, qui ne devaient avoir d'autre but que de jeter la panique parmi la population nanc�ienne en sont pour leurs frais, et cette tentative infructueuse d�montre, une fois de plus, la qualit� de leur �� camelote �. Mais n'allons pas nous en plaindre !...

RETOUR DE PRISONNIERS

Mardi, 22 d�cembre, � 5 heures du soir, MM. Auguste Maire, maire d'Arracourt ; Joseph Bourdon, de Laneuveville-aux-Bois; Jules Antoine, d'Arracourt ; Dime, adjoint, d'Emberm�nil ; Dumont, Camille Bontemps, de Bey ; Florentin, d'Arraye-etHan ; Moitrier, de Pont-�-Mousson ; Hostier, maire d'Hom�court, qui depuis le d�but de la guerre �taient prisonniers des Allemands et intern�s � la citadelle d'Ehrensbreisten, pr�s de Coblentz, sont arriv�s � Nancy, apr�s un long et fatigant voyage.
Ces neuf Fran�ais furent ramen�s de leur lieu d'internement � Dieuze, qu'ils quitt�rent mardi matin, � 3 heures. Ils furent dirig�s vers la Suisse, qu'ils durent traverser avant de rentrer en France.
Aux quelques personnes avec lesquelles ils se sont entretenus, ils ont d�clar� que pendant quelque temps il y eut plus de trois cents Fran�ais civils intern�s � Ehrenbreisten. Parmi eux se trouvaient de nombreux Lorrains des pays annex�s, dont les deux fr�res Samain.
Peu � peu les Allemands d�livr�rent une partie des intern�s ; au moment du d�part de nos compatriotes, � peine cent Fran�ais �taient encore dans la forteresse.

LA MINE ET LA BA�ONNETTE
ont bien travaill�
Section de mitrailleuses captur�e

Bordeaux, 23 d�cembre, 16 heures.
En Belgique, nous avons, hier, l�g�rement progress� entre la mer et la route de Nieuport � Westende, ainsi que dans la r�gion Steenstraete-Bixchoote, o� nous avons enlev� un bois, des maisons et une redoute.
A l'est de B�thune, nous avons repris, en collaboration avec l'arm�e britannique, le village de Givenchy-les-La-Bass�e qui avait �t� perdu.
Dans la r�gion d'Arras, un �pais brouillard a ralenti l'activit� de l'ennemi et la n�tre.
A l'est d'Amiens, sur l'Aisne et en Champagne, combats d'artillerie.
Dans la r�gion de Perthes-les-Hurlus, nous avons apr�s une vive canonnade et deux assauts, enlev� le dernier tron�on de la ligne partiellement conquise le 21 (gain moyen 800 m�tres).
Dans la derni�re tranch�e prise, nous avons captur� une section de mitrailleuses compl�te (personnel et mat�riel). Une violente contre-attaque a �t� repouss�e.
Nous avons �galement progress� au nord-est de Beaus�jour, o� l'ennemi a de nouveau contre-attaqu� sans succ�s.
Sensible avance de nos troupes dans le bois de la Grurie. Sur un front de tranch�es de 400 m�tres et une profondeur allant jusqu'� 250 m�tres, nous avons fait sauter � la mine deux lignes allemandes et occup� les excavations.
Les combats se poursuivent autour de Boureuilles, o� les r�sultats assez s�rieux acquis hier matin, paraissent n'avoir pu �tre enti�rement maintenus. Aucun incident des Hauts-de-Meuse � la Haute-Alsace.

NOS PROGR�S
ENTRE LA MEUSE ET L'ARGONNE

Paris, 24 d�cembre, 1 h, 12.
Voici le communiqu� officiel du 23 d�cembre, 23 heures :
Les progr�s r�alis�s par nos attaques, entre la Meuse et l'Argonne, ont �t� presque enti�rement maintenus.
Aux derni�res nouvelles, notre front atteignait le r�seau de fils de fer de l'ennemi, au saillant sud-ouest du bois de Forges, � l'est de Cuisy, et il bordait le chemin au bois de Boureuilles.
Aucun autre incident notable � signaler.

NOTRE POUSS�E
Attaques et contre-attaques, surtout dans le Nord, dans l'Aisne, en Champagne, en Wo�vre et en Vosges favorisent nos armes.

Paris, 24 d�cembre, 1 h. 35.
De la mer � la Lys, nous avons progress� � la sape dans les dunes et repouss� une contre-attaque devant Lombaertzide.
A Zwartelen (sud-est d'Ypres), nous avons enlev� un groupe de maisons et refoul� jusqu'� la partie sud du village, malgr� un feu tr�s vif de l'artillerie allemande, une contre-attaque ennemie.
L'arm�e belge a pouss� des d�tachements sur la rive droite dei l'Yser, au sud de Dixmude, et organis� une t�te de pont.
Dans la r�gion d'Arras le brouillard a continu� � rendre toute op�ration Impossible.
A l'est et au sud-est d'Amiens, notamment aux abords de Lassigny, combats d'artillerie.
Dans la r�gion de l'Aisne, les zouaves pendant toute la journ�e, ont brillamment repouss� plusieurs attaques et sont demeur�s ma�tres, pr�s du chemin de Puisaleine, des tranch�es allemandes enlev�es le 21.
En Champagne, nous avons consolid� nos progr�s de la veille, dans la r�gion de Craonne et de Reims. Pr�s de Perthes, toutes les contre-attaques de l'ennemi sur les positions conquises par nous le 22, ont �t� repouss�es.
Au nord-ouest de Mesnil-les-Hurlus, nous avons enlev� 400 m�tres de tranch�es allemandes et repouss� une contre-attaque. Les Allemands ont tent� de prendre l'offensive du c�t� de Ville-sur-Tourbe. Notre artillerie les a dispers�s.
En Argonne, nous avons gagn� un peu de terrain dans le bois de la Grurie et repouss� une attaque allemande vers Bagatelle.
Dans la r�gion de Verdun, aucune op�ration importante � cause de la brume.
L'ennemi a contre-attaqu� sans succ�s dans le bois de Consenvoye.
Dans la for�t d'Apremont notre artillerie a boulevers� et fait �vacuer plusieurs tranch�es par l'ennemi.
En Wo�vre, elle a r�duit au silence les batteries allemandes.
Dans la r�gion du Ban-de-Sapt, au nordest de Saint-Di�, notre infanterie a fait un bond en avant et s'est �tablie sur le terraiin gagn�.
Rien � signaler en Haute-Alsace.
Paris, 25 d�cembre, 0 h, 35.
Communiqu� officiel du 24 d�cembre, 23 heures :
Au nord de la Lys, l'ennemi a canonn� assez violemment les abords de la route d'Ypres � Comines et ceux de Langemark, mais il n'a prononc� aucune attaque.
Devants La Boisselle, au nord-est d'Albert, l�g�re progression de nos troupes.
La nuit derni�re, une attaque allemande sur le bois de Saint-Mard, � l'est de Tracy-le-Val, a �t� repouss�e.
Nous organisons les tranch�es enlev�es avant-hier, pr�s de Puisaleine.
Le terrain conquis dans le Ban-de-Sapt, pr�s de Launois, au nord de Saint-Di�, a �t� conserv� et organis�.
Aucune autre nouvelle importante n'est parvenue du reste du front.

LA RECONSTRUCTION
DES
VILLAGES LORRAINS

Nancy, 25 d�cembre.

III

Simultan�ment avec la commission des parlementaires des r�gions envahies, dont nous ignorions les conclusions, nous avons soutenu, dans l'Est R�publicain, que la Nation devait supporter la d�pense de reconstitution des villages d�truits.
Le gouvernement en prit l'engagement solennel devant les Chambres, proposa une premi�re ouverture de cr�dit de 300 millions, affirma �� que la France redresserait ces ruines en escomptant certes le produit des indemnit�s qu'elle exigerait de l'ennemi vaincu mais, en attendant, � l'aide d'une contribution que la Nation enti�re paierait, fi�re, dans la d�tresse d'une partie de ses enfants, de remplir le devoir de la solidarit� nationale. �
A l'unanimit�, les Chambres ratifi�rent cette proposition, se r�servant d'en pr�ciser l'application par une loi sp�ciale.
Au lendemain de ce vote, l'un des membres les plus actifs de la commission parlementaire nous encourageait � poursuivre notre modeste collaboration � l'�tude de cette oeuvre nationale : �� Continuez, nous �crivait-il, � pousser � la roue, car nous ne sommes pas au bout de nos difficult�s, en cette mati�re. �
La besogne est complexe, en effet, car elle int�resse notre patrimoine d'art, celui des villes et des villages. Nous nous pr�occupons seulement de faciliter le retour � la terre et d'y maintenir ceux qui en tirent leurs moyens d'existence. En Lorraine, o� de grandes industries se sont cr��es et d�velopp�es au milieu des campagnes, nous songeons encore ainsi � assurer l� une r�serve de travailleurs industriels pouvant jouir de la vie familiale, au grand air.
Les avis que nous exprimons nous ont �t� sugg�r�s au cours des visites dans les villages ravag�s par l'Allemand.
Certains propri�taires de maisons d�truites nous ont avou� que s'ils touchaient leur indemnit� en esp�ces, ils n'h�siteraient pas � vendre ensuite leurs terres � n'importe quel prix, pour aller se fixer ailleurs.
N'est-ce point les prot�ger contre leur propre impr�voyance que d'employer cette indemnit� � la reconstruction de leur maison pour les maintenir l� o� ils sont assur�s de pourvoir � leurs besoins ?
N'est-ce point d�fendre l'int�r�t collectif du village que d'emp�cher l'avilissement du prix des terres et d'assurer la disparition des maisons en ruines ?
C'est pour d�fendre ce m�me int�r�t collectif que nous soutenons que l'�tude de l'am�nagement d'ensemble du village doit pr�c�der celle de toute reconstruction particuli�re. A Cr�vic, par exemple, 92 maisons ont �t� totalement incendi�es ; les ruines laissent encore appara�tre le d�faut total du trac� d'alignement, cause de g�ne pour la circulation ou l'�tablissement de caniveaux, et la distribution d�fectueuse de b�timents surajout�s sans souci de l'�clairage ou de l'a�ration. On ne doit point reconstruire ce village avant d'avoir �tabli pr�alablement un plan d'ensemble des voies � rectifier, des canalisations n�cessaires, et une �tude avec devis pour chaque maison nouvelle qui devra non seulement compenser celle d�truite, mais r�pondre aux besoins r�els de celui auquel elle sera destin�e, et, � ce sujet, nous pr�ciserons notre conception de la maison du cultivateur lorrain.
Il conviendra ensuite par raison d'�conomie de faire emploi de tous les mat�riaux utilisables provenant des maisons ravag�es en les affectant, au besoin, � l'ensemble des travaux de reconstruction.
Des r�sistances - s'opposeront pour l'�change des parcelles et l'attribution de ces mat�riaux ; la d�claration d'utilit� publique en facilitera la r�duction.
Il semble donc qu'il conviendrait de dresser un �tat comprenant le d�tail de chaque sinistre et r�sumant l'indemnit� globale n�cessaire � chaque village pour relever ses ruines ; de consid�rer ces travaux de reconstruction comme un ensemble de travaux communaux d'utilit� publique ; de soumettre � une seule expropriation la totalit� des parcelles occup�es par les maisons � reconstruire, sous r�serve de r�troc�der, � titre gratuit, � chaque propri�taire l'emplacement n�cessaire pour sa nouvelle demeure, et de lui compenser les parcelles distraites de son patrimoine pour les alignements ou l'emplacement mieux appropri� des nouveaux b�timents communaux.
Les lois en vigueur, relatives aux expropriations, visant particuli�rement les travaux communaux, ne paraissent point s'opposer � cette proc�dure d'expropriation globale mais au surplus la loi, toujours perfectible, doit s'inspirer des besoins nouveaux du pays, et, dans le cas particulier, la l�gislation pourrait encore �tre simplifi�e en donnant � des commissions d'arbitrage les pouvoirs n�cessaires pour �valuer les dommages et pr�ciser les compensations.
MAURICE GRUHIER.
PAUL CHARBONNIER..

NOTRE OFFENSIVE
DES
FLANDRES aux VOSGES
Nous avons avanc� partout

Paris, 25 d�cembre, 16 heures.
En Belgique, combats intermittents d'artillerie.
De la Lys � l'Oise, nous avons atteint, le 23 au soir, la bifurcation des chemins de Loos au Rutoire et de Loos � Vermelles.
Au nord-est d'Albert, nous nous sommes empar�s de la partie du village de la Boisselle, situ�e au sud-ouest de l'�glise, et d'une tranch�e avanc�e au sud du village.
Au nord de Roye, � Lihu, pr�s de Lihons, nous avons �galement fait quelques progr�s. Ces diverses attaques, men�es avec beaucoup d'entrain, ont partout conserv� le terrain gagn�.
Au sud de l'Oise, notre artillerie a boulevers� des organisations d�fensives de l'ennemi dans la r�gion de Bailly et sur le plateau de Nouvron.
Sur l'Aisne et en Champagne, combats d'artillerie. Plusieurs attaques allemandes ont �t� repouss�es. Au nord de Sapigneul (pr�s de Berry-au-Bac) notamment, une l�g�re avance de nos troupes a �t� suivie d'une forte contre-attaque ennemie qui a compl�tement �chou�.
Dans la r�gion de Perthes et de Mesnilles-Hurlus, nos progr�s des jours pr�c�dents ont �t� poursuivis et consolid�s.
Au nord de Mesnil, nous nous sommes empar�s d'un bois, fortement organis� par l'ennemi, � l'est des tranch�es conquises par nous le 23 d�cembre.
Au nord-est de Mesnil, et � l'est de Perthes, nous avons chass� l'ennemi des tron�ons de tranch�es qu'il occupait encore et nous sommes maintenant ma�tres de toute sa premi�re ligne de d�fense.
En Argonne, dans le bois de la Grurie, � Bagatelle, Fontaine-Madame et Saint-Hubert, nous avons repouss� cinq attaques et conserv� notre front.
Entre Argonne et Meuse, malgr� la neige et le brouillard, nous avons progress� sur le front Boureuilles-Vauquois.
Dans la r�gion de Cuisy-Bois-de-Forges, notre artillerie lourde, en ma�trisant les batteries et les mitrailleuses ennemies, a permis � notre infanterie de faire un bond en avant.
Sur la rive droite de la Meuse, les Allemands ont bombard� la corne sud du bois de. Consenvoye, o� nous sommes �tablis.
Dans le bois d'Ailly et dans la for�t d'Apremont, notre artillerie a oblig� l'ennemi � �vacuer plusieurs tranch�es.
Dans les Basses-Vosges, nous nous sommes avanc�s jusqu'� quinze cents m�tres de Cirey-sur-Vesouze.
Paris, 26 d�cembre, 0 h. 18.
Voici le communiqu� officiel du 25 d�cembre, 23 heures :
L�g�re progression en avant de Nieuport.
Vers Notre-Dame-de-Lorette, au nord de Lens, une attaque ennemie a �t� repouss�e.
Dans la matin�e, nous avons enlev� de nouvelles tranch�es pr�s de Puisaleine, et nous nous y sommes maintenus, malgr� plusieurs contre-attaques.
La nuit derni�re, l'ennemi a attaqu� vigoureusement, mais sans succ�s, dans les Vosges, � T�te-de-Faux.

LES OTAGES LORRAINS
SOUS la BOTTE des BARBARES
M. Florentin, adjoint au maire d'Arraye-et-Han, nous fait un douloureux tableau des trois mois de captivit� qu'il a pass�s dans les ge�les.

Nancy, 25 d�cembre.
Parmi les otages revenus � Nancy, mardi dernier, M. Florentin, adjoint au maire d'Arraye-et-Han, est un de ceux qui ont v�cu les heures les plus tristes dans les prisons allemandes.
Allemandes ? Non. M. Florentin est rest� pendant trois mois � proximit� de la fronti�re, allant d'Arraye � Delme, puis � Dieuze, � Morhange et enfin � Phalsbourg.
Il nous a cont� hier son odyss�e en ces termes :
�� Les Allemands sont arriv�s dans le village le 1er septembre. La municipalit� s'�tait conform�e scrupuleusement aux instructions administratives : on avait affich� un appel au calme ; on avait invit� les habitants qui poss�daient des armes � en effectuer imm�diatement le d�p�t.
�� Il �tait environ 9 heures et demie du matin, quand, en sortant du d�bit L�on V..., un client de l'�tablissement aper�ut dans les jardins un dragon allemand qui semblait se tenir en embuscade.
�� Presque aussit�t un coup de feu retentit. L'alarme est donn�e. Les Boches accourent ; ils pr�tendent que des civils ont tir� sur eux ; ils r�clament la pr�sence du maire, M. Joseph Rousselot, qui proteste �nergiquement et affirme que ses recommandations ont �t� sagement �cout�es par la population.
�� Un capitaine dirige l'enqu�te. Il semble furieux. Sur son ordre, M. le cur� Lambert attelle une charrette et se rend � la mairie pour y ramasser les fusils, pendant qu'une proclamation placard�e sur les murs menace des pires ch�timents quiconque s'opposera � l'occupation du pays.
�� Quatre otages, d'ailleurs, r�pondront sur leur vie du respect de l'autorit� qui vient ainsi de se substituer � la loi fran�aise : MM. Rousselot et Godefroy, M. le cur� Lambert et moi sommes d�s lors prisonniers.
�� Le coup de fusil avait �t� certainement tir� par le dragon en embuscade ; mais il se garda bien d'en faire l'aveu. On fr�mit � la pens�e des malheurs dont Arraye e�t �t� le th��tre, si cette provocation avait entra�n� les terribles cons�quences, les ex�cutions, les incendies, les pillages dont on a enregistr� ailleurs les exc�s criminels.

A Delme
��- Sans permettre aux otages de rentrer chez eux pour pr�venir leur famille, pour se munir de linge ou d'argent, une escorte de uhlans nous pousse sur la route de Delme.
�� Je vous laisse � penser les r�flexions qui assi�geaient notre esprit. Qu'allait-on faire de nous ? Une consigne formelle nous emp�chait de parler. Les uhlans se montraient farouches. Il n'�tait que trop visible qu'� la moindre incartade ils assouviraient sur nous leur brutalit�, leur sauvagerie.
�� En traversant la commune de L�moncourt, une soldatesque en fureur se pr�cipita vers nous. Le chef de notre escorte avait rapidement prononc� deux ou trois mots dont le sens m'�chappait, mais qui eurent pour effet d'exciter la rage de nos insulteurs.
�� Leurs menaces, leurs gestes indiquaient une telle haine, une telle envie de nous �charper que mes compagnons et moi aurions refus� la libert�, si on nous l'e�t accord�e � la condition de revenir chez nous par le m�me chemin.
�� Personne, au surplus, n'�tait d�cid� � nous l�cher. En arrivant � Delme, les uhlans nous conduisent directement vers le presbyt�re auquel l'�tat-major avait donn� l'affectation d'une sorte de prison civile.
�� C'est l� que j'ai v�cu pendant deux semaines. Affront, privations ne nous ont pas �t� m�nag�s. Nous vivions � nos frais; ceux qui poss�daient quelques ressources devaient naturellement payer la nourriture de ceux qui avaient �t� emmen�s sans un marav�dis.
�� Il y avait l� avec nous, trois habitants de Lanfroicourt et un de M�nil-Flin.
�� L'ennui d'une longue oisivet� fit r�clamer comme une faveur � plusieurs d'entre nous les fonctions de cantonniers. Ils cass�rent des cailloux sur la route, combl�rent les orni�res, moyennant un salaire quotidien de cinquante sous � trois francs ; mais, au bout de quelques jours, cette occupation fut supprim�e.
�� D'autres �preuves nous attendaient.

De Dieuze � Morhange
�� Le 15 ou 16 septembre, l'ordre vint de nous conduire � Dieuze. Deux �tapes. Voyage sans incidents s�rieux. D�fense de parler et de fumer.
�� Nous f�mes log�s dans les b�timents de la caserne avec environ 300 autres prisonniers. On n'y devait rester que peu de jours.
�� Un matin, nouvel ordre. Nouveau d�part. Il faut aller � Morhange. Une route de 17 kilom�tres ; peu de chose pour des jarrets solides, mais une promenade plut�t rude pour des hommes de notre �ge, priv�s de sommeil, insuffisamment nourris, bris�s de fatigue et d'�motion.
�� En franchissant le seuil de la caserne, j'eus l'impression que le voyage r�serverait � notre petite troupe des surprises d�sagr�ables ; les gendarmes charg�s de veiller sur nous �taient rogues et bourrus ; l'un d'eux engagea si maladroitement un de ses �triers dans la grille de la porte en passant qu'il le brisa et qu'une grande heure se passe � r�parer le d�sastre.
�� Tout alla bien pendant sept ou huit kilom�tres. Mais, apr�s le village de Conthil, un de nos camarades commen�a � se plaindre. Il fallut supplier le chef de l'escorte pour obtenir une halte ; il fallut supplier davantage pour obtenir l'autorisation de chercher dans les maisons de l'endroit une voiture qu'un propri�taire complaisant voudrait bien nous louer :
�� - Avez-vous de l'argent ? demanda le chef du d�tachement.
�� - J'ai de quoi payer ce petit d�rangement, r�pondit un des prisonniers. Cela co�tera quatre ou cinq mark. J'ai la somme n�cessaire... �
�� Une fermi�re de Conthil consentit � pr�ter sa voiture ; son fils offrit de conduire ; mais en apprenant qu'il s'agissait d'�pargner � un malheureux otage une marche p�nible, ni la femme ni l'homme n'accept�rent notre argent :
�� - Gardez-le. Vous en aurez besoin. Laissez-nous donc le plaisir de vous obliger gratuitement.
�� Les Boches se f�ch�rent. Insensibles au mouvement de g�n�rosit� dont notre caravane �tait l'objet, ils se r�pandirent en invectives contre la fermi�re, lui reproch�rent sa faiblesse pour les sales Fran�ais qui ne m�ritaient aucune piti� :
- �� Vous allez prendre leur argent tout de suite. Sinon, gare... �
�� Le gendarme ayant exig� de nous une pi�ce de 5 mark, contraignit ensuite les braves paysans de Conthil � les empocher ; mais ceux-ci, d'un coup d'oeil, nous montr�rent qu'� l'insu de nos gardiens, la fermi�re avait gliss� dans la musette d'avoine une miche �norme de pain avec un app�tissant morceau de lard !
�� Les dix derniers kilom�tres de l'�tape ne furent marqu�s d'aucun incident.

La prison de Morhange
�� A Morhange, je fus de nouveau re�u dans une caserne ou plut�t dans une sorte de prison militaire avec MM. Dumont, Godefroy et Bontemps, tandis que nos autres amis, M. Just Florentin, maire de Bey ; M. Rapp, maire de Lanfroicourt, �taient dirig�s sur la prison civile, avec le cur� de ce dernier village.
�� Autour de nous les soldats ne cessaient leurs grossi�res plaisanteries que pour raconter les prouesses de leur arm�e, les victoires imp�riales moissonnant par douzaines des drapeaux russes et fran�ais, r�fiant canons, mitrailleuses, r�giments entiers sur tous les champs de bataille.
�� Jamais le pain ne m'a sembl� aussi amer ; il me br�lait la gorge. Toujours les m�mes privations de tabac et de nourriture. Toujours la m�me interdiction d'�changer une parole avec un �tre humain.
Absolument comme les for�ats au bagne.
�� Quand nos souffrances exhalaient timidement des r�criminations, nos bourreaux disaient que nous �tions mieux trait�s que leurs soldats.
�� Une nuit, les calorif�res avaient transform� en �tuve le cachot o� je cherchais vainement un peu de repos. Je suffoquais. La fi�vre me battait la charge aux tempes. J'avais l'impression de cuire dans la cabine torride d'un hammam et, pour r�clamer l'ouverture d'un vasistas, j'�tendis la main vers le bouton �lectrique mis � port�e des d�tenus.
�� Comme s'ils tra�naient derri�re eux un arsenal, les garde-chiourme p�n�tr�rent arm�s jusqu'aux dents, dans ma cellule :
- �� Ah ! vous crevez de chaleur. Eh bien, vous allez changer d'air... � Ils jet�rent ma paillasse dans un local voisin, avec mes v�tements p�le-m�le, en pleines t�n�bres, et c'est en grelottant que j'attendis le r�veil.
�� Les rares visites de l'archipr�tre de Morhange, des cur�s qui c�l�braient la messe � un autel dress� dans les corridors m�mes de le prison, apportaient seules quelque adoucissement � nos peines.
�� Nul moyen de recevoir les nouvelles du pays. M. Charles Dumont, jardinier chez Mme de Metz-Noblat, dont les deux filles sont �galement en service dans cette maison, ne put correspondre avec elles ; M.
Just Florentin avait � Morhange un parent qu'on refusa de laisser p�n�trer jusqu'� lui.
�� Je passai ainsi cinquante jours et cinquante nuits. Comment ne suis-je pas devenu fou ?

Derni�re �tape
�� Vers le 20 novembre, notre transfert �'Phalstbourg fut d�cid�.
�� Le r�gime ne s'am�liora point. Au contraire. On nous apportait � manger dans une esp�ce de vaste baquet o� nous devions puiser avec un r�cipient ayant la contenance d'une gamelle.
�� Nous f�mes cette fois, h�berg�s dans une colonie p�nitentiaire ; 354 hommes partageaient ma captivit�, et un pain plus noir, plus amer encore qu'� la caserne de Morhange.
�� Huit jours s'�cout�rent dans cet asile d�nu� d'agr�ments. Enfin, le 1er d�cembre, un avis de lib�ration nous fit entrevoir le terme de tant de maux : les otages ayant moins de 18 ans et plus de 60 ans allaient �tre rendus � leur patrie.
�� Par quels transports de joie fut salu�e la nouvelle de notre d�livrance, je renonce � vous le dire ! Avec quel enthousiasme on passa la fronti�re � Schaffouse pour p�n�trer sur le territoire suisse, vous le devinez !
�� Un accueil, par exemple, que je n'oublierai jamais, c'est la r�ception des comit�s suisses de la Croix-Rouge. Dans toutes les srares, de Schaffouse � Gen�ve, on nous accablait de pr�venances : ici du caf� ou du th�, l� des g�teaux ; plus loin des cadeaux, etc...
�� Les acclamations, les souhaits se m�laient aux accents de la �� Marseillaise � et c'est presque en triomphateurs que nous arriv�mes, le 4 d�cembre, dans la commune d'Annemasse, o� la population savoisienne, comme vous le disait hier M. Hottier, maire d'Hom�court, s'effor�a de nous faire oublier les tristesses de la prison et de l'exil.
�� Quand je pense que, depuis le 2 ao�t, ma fille a rev�tu le costume d'infirmi�re � l'h�pital auxiliaire de La Malgrange, qu'un de mes fils sert � Toul. dans la boucherie militaire, que mon autre fils se bat sous le drapeau fran�ais, que le pavillon des formations sanitaires flotte sur mes deux maisons d'Arraye-et-Han, que j'ai v�cu trois longs mois et demi loin de ma femme, de mon foyer, de mes int�r�ts, j'ai bien le droit, n'est-ce pas, d'�tre fier que cette guerre m'ait permis d'accomplir mon devoir et de donner un patriotique exemple. �
ACHILLE LIEGEOIS.

UN "TAUBE" SUR LUN�VILLE

En ce jour de No�l, un �� taube � est venu nous visiter ; il a laiss� tomber sur la ville une bombe qui n'a point fait plus de d�g�ts que si c'e�t �t� un sac de drag�es. Ne nous �tonnons point qu'il y ait une suite sans plus de dommages.

EN ALSACE
STRASBOURG

Entr�e en campagne
Par le r�cit qu'une de nos concitoyennes a fait de son s�jour � Metz depuis les d�buts de l'occupation allemande, on a su, la semaine derni�re, quelles r�percussions, tant�t l�g�res, tant�t profondes, la guerre eut aux pays annex�s sur l'�tat g�n�ral des esprits.
Il n'�tait pas d'un moindre int�r�t de conna�tre l'impression ressentie � Strasbourg pendant le m�me temps.
Ce fut pour nous une pr�cieuse rencontre que celle de Mme S..., dont une d�cision du gouvernement de Strasbourg vint brusquement interrompre le s�jour dans cette ville aupr�s de ses enfants qui exploitaient un fonds de commerce dans le voisinage de la gare.
- On m'accorda un d�lai de deux heures, juste le temps de pr�parer en h�te une malle. On m'indiqua la route que je devais emprunter par la Suisse. Cette mesure s'appliquait � tous les Fran�ais que leur �ge, leur situation, leurs relations avaient jusqu'alors mis � l'abri des tracasseries administratives. Les Allemands n'avaient d�cid�ment plus confiance qu'en eux-m�mes ! �
Comme � Metz, la vie suit � peu de chose pr�s son cours normal dans Strasbourg. Les brasseries regorgent de consommateurs ; la guerre fait naturellement l'objet de toutes les conversations o� la certitude d'une victoire �clatante et d�finitive cesse toutefois de retentir avec l'arrogance de nagu�re :
- Au d�but de la campagne, d�clare Mme S..., le sentiment g�n�ral s'�tait accr�dit� qu'au bout de six semaines l'arm�e allemande entrerait triomphalement dans Paris, en raflant sur son passage les places-fortes. Quand nous voyions partir en masses �normes pour la fronti�re les r�giments venus des garnisons de l'Empire, une piti�, une angoisse indicibles nous oppressaient, nous serraient douloureusement le coeur :
�� Pauvres Fran�ais ! � r�p�tions-nous � voix basse comme une pri�re. Dans une partie des milieux universitaires, quelques femmes de professeurs semblaient, par moments, s'associer � nos craintes et, songeant aussi aux formidables chocs des deux pays, elles disaient comme nous : �� Pauvres Fran�ais !. �

Les chasseurs alpins
Pendant les premiers jours d'ao�t, une sublime esp�rance envahit l'�me alsacienne. On apprit la marche heureuse sur Mulhouse. Du coup, l'hypocrite attendrissement des immigr�s s'�vanouit. Les professeurs et leurs sensibles �pouses ne plaignaient plus les Fran�ais ; ils critiquaient leur mani�re de se battre, la qualit� et la pr�cision de leurs armes, ne reconnaissant de sup�riorit� qu'au canon de 75 qui r�pandait chez eux une extraordinaire terreur :
- Vos soldats tirent trop haut ; leurs fusils ne valent pas les n�tres... Oui, sans doute, vous avez en France des chasseurs alpins dont l'intr�pidit� d�fie la mort... mais vous seriez perdus sans votre artillerie de campagne. �
Parmi les premiers convois de prisonniers et de bless�s, on remarquait principalement les chasseurs alpins. On se disputait comme des troph�es leurs b�rets, les boutons de leur uniforme, que l'on croyait en argent (sic). Plus d'un fut litt�ralement d�pouill�. Mme S... cite certains cas o� des hommes, au r�veil, se trouv�rent priv�s de pantalon :
- On leur offrait bien en �change des pantalons � jambes longues, d'une couleur se rapprochant du bleu de leur uniforme ; mais ils refusaient avec �nergie ; ils protestaient ; ils r�clamaient leurs bandes molleti�res ; ils juraient de parcourir les rues �� en banni�re � ou en cale�on, plut�t que d'y renoncer. Il y eut des sc�nes inoubliables. �
Quand l'autorit� militaire permit qu'on leur rend�t visite aux h�pitaux, les m�mes hommes furent l'objet d'attentions, de soins, de cadeaux sans nombre que les dames de Strasbourg glissaient discr�tement sous leur �dredon ou sous leur oreiller.
Tant d'admiration pour les h�ros d'Altkirch et de Cernay stup�fiait les immigr�s ; une honn�te bourgeoise de Bitschwiller s'�cria un jour devant Mme S..., comme si elle rougissait d'un scandale :
- Ah ! qu'est-ce qu'ils ont donc, vos soldats, pour �tre aim�s comme �a ! �

D�fense de parler fran�ais
Bient�t l'emploi de la langue fran�aise fut rigoureusement proscrit. Mme S... conte � ce propos une savoureuse anecdote.
- J'�tais seule dans la boutique ; je venais de servir un jeune officier. En se retirant il s'inclina correctement et, sans me souvenir des consignes, je r�pondis � son salut par ces mots : Au revoir ! L'officier se retourna et, avec une menace de l'index comme on ferait pour un enfant surpris en faute, il me gronda en souriant : �� Vous savez, Madame, que c'est d�fendu... � La menace �tait si gentille, le rappel � l'ordre �tait si indulgent que je devinai sous l'uniforme un coeur d'Alsacien. J'eus recours cette fois � la langue allemande pour lui reprocher la m�me infraction, aimablement : �� Ce que vous venez de me dire l�, Monsieur, c'est aussi d�fendu... � Et nous part�mes tous deux d'un bel �clat de rire... �
Il semble, par instant, qu'une longue privation de sa langue maternelle, ait donn� � notre interlocutrice une habitude dont elle n'est pas enti�rement gu�rie.
Sans y prendre garde, elle accueille, en effet, nos questions par des �� ya ! ya ! � timides que j'ai envie � mon tour de r�primer sur le m�me ton : �� imaginez-vous, Madame; que c'est d�tendu � Nancy ? �

Autour de la ville
En ce qui concerne les travaux ex�cut�s autour de Strasbourg, l'accumulation de paille dans certains �difices en vue de leur destruction par le feu, Mme S... ignore m�me ce qu'on a publi� ici a ce sujet :
- Personne n'a maintenant acc�s aux tours de la cath�drale, d�clare-t-elle... On parlait rarement en ma pr�sence des choses militaires... J'ai appris seulement que le grand-duch� de Bade est rempli de troupes ; mais, par contre, l'Alsace �tait d�garnie � un tel point de soldats, il y a quelques semaines, qu'un officier avoua le danger en s'�criant : �� Si les Fran�ais avaient su !... �
Sans �tre tenue au courant des pr�paratifs de d�fense, de l'organisation d'un vaste r�seau de tranch�es et de mines, Mme S... a cependant saisi parmi les bribes de mainte conversation assez de renseignements qui ont laiss� dans son coeur plus d'alarmes que de traces dans sa m�moire :
- Ah ! Monsieur, je ne me rappelle plus ce que les Boches ont fait dans les environs de Strasbourg. Mais que nos soldats .., ah ! mon Dieu... que nos pauvres soldats n'y aillent pas !. Ce serait trop �pouvantable. �

Quelques pr�cautions
La plupart des Strasbourgeois ont accumul� dans leurs caves des provisions en grandes quantit�s sans que ces pr�cautions aient �t� sugg�r�es ou ordonn�es par une d�cision administrative :
- La population est en proie � une vague inqui�tude, se borne � constater Mme S... Elle sait que nos troupes occupent Thann et plusieurs bourgades en Haute-Alsace. On s'assure �ventuellement contre les risques d'un si�ge. Pourtant, le commerce marche � merveille ; les affaires se traitent avec confiance. Le cours des denr�es n'a pas vari� ; la viande se vend bon march� ; le pain a subi � peine une faible augmentation ; mais les l�gumes secs deviennent rares et sont hors de prix.. Encore une fois, on ne supposerait jamais que la guerre existe en consid�rant l'animation des brasseries. Les salles de spectacle sont ferm�es ; on assiste � des repr�sentations cin�matographiques ; les films pr�sentent le kaiser sous toutes ses faces et les �v�nements sous un jour favorable � ses arm�es. �
Le Journal d'Alsace-Lorraine a disparu. Les gazettes pangermanistes s'inspirent toutes de la m�thode inaugur�e par le Wolffbureau : le mensonge est �lev� � la hauteur d'une institution d'Etat. Jamais les feuilles � la d�votion de Guillaume n'ont annonc�, m�me avec de prudentes r�ticences, la bataille de la Marne :
- La nouvelle que les Fran�ais p�n�traient en Alsace et s'y installaient, ajoute Mme S..., est arriv�e quand m�me jusqu'� Strasbourg. Les professeurs ne disaient plus que nos soldats tiraient trop haut.
Des trains complets ramenaient les Boches qu'ils avaient �tendus sur le champ de bataille. �
Les jeunes gens et les hommes ayant pass� la quarantaine n'ont pas encore �t� appel�s sous les drapeaux ; mais l'�loignement des derniers �trangers indique �videmment une mesure ayant pour but de cacher un supr�me effort de mobilisation ou des dispositions sur l'importance desquelles l'Allemagne tient � �viter la plus l�g�re indiscr�tion.
- Les Boches auront beau faire... L'Alsace attend sa d�livrance, conclut Mme S..., et tout le monde, l�-bas, souhaite qu'on d�barrasse bient�t le pays de tous les bourreaux qui ont si cruellement retourn� le fer dans ses plaies vives. �
ACHILLE LI�GEOIS.

AU CHEVET DE NOS BLESS�S
UNE VISITE A L'HOPITAL
DU CAMP DE SAINT-NICOLAS

SAINT-NICOLAS-DU-PORT, ... d�cembre. - L'aust�rit� du devoir, la modestie des vrais d�vouements n'ont fleuri nulle part mieux qu'au chevet des victimes de la guerre.
Nous avons �prouv� une vive satisfaction au cours des visites des h�pitaux de Saint-Nicolas et de la Malgrange, si diff�rents dans leurs installations, si parfaitement semblables dans le fonctionnement de leurs services, si �gaux devant l'�loge que l'on doit faire du personnel qui prodigue � la fois les ressources de la science et les tr�sors d'une in�puisable bont� � nos soldats malades et bless�s.
Il n'y a plus de bless�s � Saint-Nicolas.
Depuis que les horreurs du champ de bataille se sont transport�es dans les Flandres, les formations sanitaires ont cess� d'�vacuer en masse les h�ros dont le sang pr�cieux coula abondamment devant le Grand-Couronn�. Il y eut de terribles journ�es : Courbesseaux et Cr�vic emplirent les salles d'op�rations. En h�te, chirurgiens et docteurs donnaient les soins urgents, et, suivant le cas, dirigeaient sur Nancy ou sur une ville plus �loign�e ceux qui pouvaient supporter les fatigues d'un nouveau voyage.
C'est en allant porter aux malades les livres, les brochures, les illustrations, les jeux envoy�s par la g�n�rosit� des lecteurs de l'�� Est r�publicain � que nous avons longuement parcouru les chambr�es o� s'alignent les humbles couchettes aupr�s desquelles infirmiers et femmes de France rivalisent de z�le dans l'accomplissement de leur t�che..

La caserne du Camp ne comportait gu�re que des baraquements s�par�s par un intervalle qui, dot� d'un nom de bataille ou de g�n�ral s'appelle orgueilleusement rue Chanzy ou avenue de Malakoff. Tout l'h�ro�sme de notre histoire se retrouve encore dans la d�signation des chambres :
ici pas de num�ro d'ordre, mais un souvenir d'�pop�e : salle d'Extr�me-Orient, salle de Madagascar, etc. Cela fait partie, sans doute, de la magnifique m�thode d'�ducation des chasseurs � pied dans l'Est.
D�s que le ...e bataillon eut quitt� le Camp, au deuxi�me jour de la mobilisation, la transformation des locaux, leur am�nagement en vue de leur nouvelle destination, fut men�e activement.
La d�claration de guerre interrompait en outre la construction des pavillons �lev�s d'un �tage qui motiv�rent l'an dernier les fr�quentes interventions des commissions parlementaires d'hygi�ne.
L'organisation totale du Camp fut tr�s vite termin�e.
Mais, � aucun moment, les m�decins-majors ne constat�rent la g�ne ni l'encombrement ; ils pay�rent, comme on dit, de leur personne ; ils pass�rent sans repos les jours et les nuits ; ils oppos�rent en quelque sorte la digue de leur �nergie, de leur volont�, de leur patriotisme au flot douloureux qui montait vers eux - et l'obscurit� d'un tel sacrifice m�rite les hommages d'une affectueuse reconnaissance.
A quoi bon ouvrir une enqu�te pour savoir les r�sultats obtenus ? Est-ce que les malades ignorent certains chiffres et manquent de renseignements exacts sur une statistique o� leur confiance puise des forces morales aussi utiles pour la gu�rison que les tisanes et les cataplasmes ?
Il y a peu de cas tr�s graves. La plupart d'entre nous venaient du Midi ; les premi�res �preuves du climat nous ont �t� p�nibles. Les malades amen�s au Camp proviennent de r�giments de toutes armes.
Beaucoup d'activ� et de r�serve ; peu de territoriale...

Nous allons d'une chambre � l'autre. Partout le m�me ordre, la m�me propret�. La lumi�re et l'air circulent. Les magasins de compagnie, vides d'uniformes et d'�quipements, sont pour la plupart transform�s en d�p�ts de provisions ; trois ou quatre chambres de sous-officiers sont devenues des laboratoires, des officines o� les pharmaciens pr�parent les ordonnances ; les vastes r�fectoires ont servi la semaine derni�re � une v�ritable repr�sentation de gala, o� se firent entendre les artistes mobilis�s des grandes sc�nes de Paris et de la C�te d'Azur...
Les cuisines ont re�u une affectation qui satisfait pleinement aux conditions susceptibles d'en assurer le service, aussi bien pour l'alimentation ordinaire que pour les �� r�gimes � si d�licats, dont le lait et les oeufs composent le principal aliment.
Le sol est nettoy� � grande eau; les fourneaux, avec leurs robinets de cuivre, sont astiqu�s comme pour une revue ; le rata fume dans les marmites ; plusieurs hectolitres de lait ti�de emplissent les vastes r�cipients de m�tal ; les cuisiniers eux-m�mes font plaisir � voir, avec leur face rubiconde, leur tablier irr�prochable, leur jovialit� de boute-en-train.
Nous les complimentons ; ils ont positivement l'allure de ma�tres-d'h�tels chez quelque baron ou de �� chefs � au bouillon Duval :
- Pour s�r qu'on a des r�f�rences, plaisante l'un d'eux. Vous ne croyez pas si bien dire. On servait dans les grandes maisons avant de faire ici la popote... On s'y conna�t en frichti. �
Les lavabos sont admirablement entretenus. Balai et plumeau ne laissent nulle place o� la main ne passe et repasse. Un souci constant, m�ticuleux, pr�side � l'arrangement des tables, tr�s nettes, des bancs, des ustensiles de toilette. Le m�decin-chef, M. R..., a ordonn� la confection para�t-il, de meubles �� ad hoc � remplissant le triple r�le d'escabeaux, de biblioth�ques et de tables de nuit ; c'est simple, de bon go�t, commode et peu co�teux.
La planche � bagages se charge des pots de tisane ; le graphique de temp�rature a remplac� les �� �tiquettes � du paquetage absent ; les murs sont blanchis � la chaux; une odeur de coaltar impr�gne l'atmosph�re convenablement renouvel�e par l'ouverture des vasistas et une ventilation soigneusement r�gl�e des corridors.
Les infirmiers sont les dignes auxiliaires des m�decins-majors qui multiplient leurs consultations et mettent sur ces visages d'abord p�lis par la fi�vre, les couleurs vite �panouies de la jeunesse et de la sant�.
Bon nombre de convalescents, au retour d'une promenade dans les cours, distraient leurs loisirs : les uns battent une manille, les autres poussent les jetons sur les cases d'un �chiquier, d'autres s'�lancent � la conqu�te d'une noble h�riti�re parmi les aventures de cape et d'�p�e ; ceux-l� apprennent par les illustrations de quelle gloire se couvrent leurs camarades et les h�ros des troupes alli�es.
Toute cette joie est l'oeuvre de nos lecteurs ; rien ne leur serait plus agr�able que d'entendre les remerciements dont notre plume est impuissante � traduire pour eux le charme, la sinc�rit� et la douceur.

Avant de quitter l'h�tel du Camp, nous sommes entr� dans le �� bureau � o� le m�decin-chef veut bien nous pr�senter � ses collaborateurs.
Une aimable surprise nous est r�serv�e ; nous tombons au milieu d'un groupe de Nanc�iens : MM. K... et L... additionnent des colonnes de chiffres, pr�parent les courriers, sous les ordres de M. D..., officier gestionnaire, charg�, comme son titre l'indique assez �loquemment, de fournir � ce vaste �tablissement, la nourriture, les m�dicaments, etc...
La besogne n'est pas mince, je vous prie de le croire : mais l'officier gestionnaire est de taille � porter sans d�faillance le poids des responsabilit�s qu'il assume d'ailleurs avec le sourire :
- Eh oui ! j'ai un poste int�ressant... C'est moi qui fais le march�, nous dit-il... Chaque matin, comme une attentive ma�tresse de maison, j'ach�te viande, l�gumes, bo�tes de conserves ou de lait concentr�, sans compter les oeufs des �� r�gimes �, les desserts, les friandises qui am�liorent le menu quotidien. �
Le bureau est install� dans une d�pendance du mess des sous-officiers du bataillon. Aux murs, des photographies, remise de d�corations, pr�sentation du drapeau aux recrues, tableaux offerts par le commandant Desruelles et orn�s d'une patriotique d�dicace.
Dans un angle, la biblioth�que dont les rayons ploient sous les bouquins � couverture de toile noire :
- Tenez ! voici un cadeau de la Manufacture des Tabacs, ajoute l'officier en montrant une vitrine pleine de paquets de cigarettes. Joli cadeau, n'est-ce pas ? Les fumeurs ont de quoi se r�galer. L'administration nous promet 30.000 cigarettes par mois. J'en distribue aux convalescents, heureux de l'aubaine que l'Etat ajoute ainsi aux envois de la Croix-Rouge et des souscriptions en faveur des h�pitaux militaires. �
De son c�t�, le m�decin-chef, M. R..., ne tarit point en f�licitations sur l'oeuvre accomplie au milieu de difficult�s sans nombre par les six m�decins-majors qui d�pensent un courage, une opini�tret�, une sollicitude, une abn�gation que n'ont jamais abattus ni troubl�s un seul instant les terribles �preuves de la guerre. Ils ont travaill� presque sous le feu de l'ennemi :
- Les obus allemands tombaient en face de nous, en r�ponse aux tirs du Remb�tant, nous dit-il. �
Maintenant, c'est le repos ; c'est ce qu'on pourrait, par comparaison avec l'effroyable besogne du d�but, appeler la vie de ch�teau, une vie aimable et tranquille, dont les malades appr�cient mieux encore les bienfaits.
LUDOVIC CHAVE.

LE 45e BOMBARDEMENT
DE PONT-A-MOUSSON

Un des collaborateurs du Temps a re�u d'une de ses parentes, qui r�side � Pont-�-Mousson depuis l'ouverture des hostilit�s, et qui a refus� de le quitter, une lettre pleine d'h�ro�que simplicit�. Nous en extrayons le passage suivant :
...Depuis le mois d'ao�t, nous habitons rue Magot-de-Rog�ville ; on y est plus � l'abri ; les rez-de-chauss�es surtout y sont confortables. Il n'y a plus gu�re de monde en effet qui couche dans les �tages, surtout au deuxi�me. Presque tous les quartiers de la ville ont re�u des obus ; le plus grand nombre est tomb� � Saint-Martin et sur notre pauvre cimeti�re. Il est tellement ravag�, ce pauvre champ des morts, qu'on croirait � un vrai tremblement de terre. Les obus allemands ont soulev� ici des cercueils, l� des cadavres, ailleurs des ossements : c'est un spectacle affreux. La rue des Jardins a �t� souvent atteinte ; un obus est tomb� sur la maison des Soeurs, place Saint-Antoine ; il s'est heureusement arr�t� au premier �tage, au coin d'une chemin�e. Beaucoup d'autres maisons ont leurs toits crev�s, ou leurs toitures perc�es � jour comme de la m�chante dentelle. Le jour de la Toussaint, pendant les v�pres, des shrapnells ont �t� tir�s sur l'�glise, les �clats ont d�t�rior� tous les vitraux. Les Allemands savaient qu'il y avait beaucoup de monde ce jour-l� dans l'�glise ; ils ont choisi expr�s l'heure des v�pres pour ex�cuter leur tir ; heureusement leur but n'a �t� atteint qu'en partie ; il n'y a pas eu de victimes.
C'est le 5 septembre que le tocsin sonna pour avertir les habitants de l'approche des Allemands. Les Fran�ais firent sauter le pont sur la Moselle, mais cinq heures apr�s, les Allemands entraient dans la ville par les quartiers de Saint-Martin et de Saint-Laurent. A la vue des Prussiens, notre coeur se serra ; leurs bataillons compacts arrivaient en chantant, mais le lendemain nos soldats, qui s'�taient retir�s par stratag�me, leur tirent payer cher leur audace. Les Prussiens furent �cras�s pr�s de Jazainville et pr�s de Sainte-Genevi�ve. Ils eurent 5.000 tu�s et plus de 8.000 bless�s. Ils ramen�rent ces derniers au galop dans des trains et des automobiles et br�l�rent leurs cadavres en les inondant de p�trole pendant trois jours. Le 9, ils re�urent du renfort et revinrent place Duroc o� ils organis�rent un concert. Ils chant�rent aussi dans les caf�s. Nous �tions enrag�s. Pour comble de malheur, nous f�mes oblig�s de loger neuf d'entre eux, un officier et huit soldats. L'officier parlait tr�s bien le fran�ais ; il fut tr�s convenable, d�fendit tr�s s�v�rement qu'on nous manqu�t de respect ou qu'on nous pr�t quoi que ce soit. Cet ordre fut ex�cut� � la lettre par les soldats. Dans la nuit du 10, ils eurent une grande alerte et s'enfuirent, en toute vitesse. Le lendemain matin, il n'en restait plus un ; nous �tions folles de joie. Quelques jours apr�s, il en revint quelques-uns en patrouille ; nos soldats les tu�rent tous jusqu'au dernier. Les Prussiens avaient compt�, en entrant � Pont-�Mousson, que la viile �tait � eux pour toujours ; c'est pourquoi ils ne commirent pas d'atrocit�s ; dans d'autres maisons que les n�tres, cependant, ils vol�rent tout ce qu'ils purent. Il est certain que s'ils �taient rest�s longtemps, nous n'aurions plus rien eu � manger ; ils r�quisitionnaient le pain, vidaient les magasins en payant, arrachaient dans les champs toutes les racines et toutes les cultures et chargeaient le tout sur des voitures qui prenaient toutes la route de Metz. Ils avaient mis un drapeau allemand � la mairie et � l'horloge, ils avaient marqu� l'heure allemande. On a trouv� dans plusieurs maisons des �normes caisses de pastilles incendiaires qu'ils avaient distribu�es � tous les coins du village, et qui, aujourd'hui, sont � la mairie.

RETOUR D'OTAGES
Les Fr�res Samain sont vivants
M. Hottier, le maire d'Hom�court, nous apporte de leurs nouvelles.

Nancy, 25 d�cembre.
L'ARRESTATION
Ah ! certes, M. Jean-Pierre Hottier, le v�n�rable maire d'Hom�court, n'aurait jamais suppos� qu'il retomberait un jour aux mains des Boches.
En 1870, il servait dans une batterie dont son brigadier et lui furent les derniers survivants entre Saint-Privat et Amanvillers.
Il y avait autour de sa pi�ce plus de bisca�ens que de cailloux... Lutte terrible. Le souvenir de cette journ�e revivait sous la forme d'un ruban vert et noir dont M. Hottier ornait sans forfanterie sa boutonni�re.
Quarante-cinq ans apr�s, dans la nuit du 3 au 4 ao�t, ce fut dans son lit cette fois - et non plus sur le champ de bataille - qu'un capitaine allemand le fit prisonnier.
Le maire d'Hom�court dormait tranquillement. Un choc brutal � sa porte, une sommation l'�veill�rent en sursaut. fi ouvrit. Un officier se dressait devant lui, revolver au poing, lui ordonnait brutalement de se v�tir en toute h�te.
- Je crus d'abord qu'on allait me conduire � la mairie pour une perquisition en ma pr�sence, raconte M. Hottier. J'avais dans mon portefeuille le courrier, quelques pi�ces administratives. Je jugeai inutile d'emporter die l'argent. De mon mieux, je rassurai ma femme inqui�te. J'�tais � cent lieues de deviner ce qu'on voulait faire de moi.
Le brave maire d'Hom�court devait effectivement �tre tra�n� devant un conseil de guerre, jet� sur la paille humide des ge�les, enferm� dans une forteresse des bords du Rhin ; il ne devait revenir en Lorraine qu'hier, avec une dizaine d'otages dont l'odyss�e est aussi douloureuse que la sienne.

MAIRE ET CUR�
Au moment m�me o� il se rendait, hier, � la convocation de M. Mirman, nous avons eu la joie de causer avec lui quelques instants � la pr�fecture de Meurtheet Moselle :
- Oui, j'ai beaucoup souffert, nous ditil. De telles �preuves pour un homme de mon �ge sont tr�s dures. Je croyais ne plus revoir la France. Et, pourtant, j'ai rencontr� sur la terre �trang�re, en prison, d'autres hommes qui gardent au coeur une foi in�branlable et qui ont souvent raffermi mon espoir chancelant dans les destin�es de notre ch�re patrie. �
M. Hottier ne quittait pas seul sa commune. On emmenait avec lui le cur�, M. Varin. Ils avaient tous deux �t� d�nonc�s par un espion nomm� Maguer, habitant chez ses parents, � la Petite-Fin, dont les rapports serviraient bient�t de base � l'acte d'accusation dress� contre eux par les autorit�s allemandes.
Maire et cur� furent conduits d'abord � Malancourt o� si�geait l'�tat-major :
- Mon compagnon �tait plus malheurreux que moi. On ne lui avait pas laiss� le temps de prendre son chapeau ni de mettre ses bas ; il �tait v�tu uniquement die sa soutane ; il marchait avec de m�chantes savates. Son confr�re de Malancourt habilla le pauvre eccl�siastique.
L'interrogatoire de M. Hottier lui causa une peine affreuse. Les injures, les brutalit�s accabl�rent le vieillard :
Ils me fouill�rent, saisirent mon porte-monnaie contenant une somme de 27 fr., mes papiers. Mais la pire des souffrances me d�chira le coeur, quand les mains de l'officier boche arrach�rtent mon pauvre ruban de 1870, mon humble d�coration. C'�tait comme si une d�gradation me suppliciait... �

DEVANT LE CONSEIL DE GUERRE
Les inf�mes rapports de l'espion Maguer devaient ailleurs porter leurs fruits : MM. Hottier et Varin furent transf�r�s � Metz et traduits en effet devant un conseil de guerre. on reprochait au premier d'avoir organis� une compagnie de francs-tireurs ; on articulait � l'�gard du second un autre grief, celui d'avoir exhort� plusieurs jeunes gens des pays annex�s � contracter un engagement dans la l�gion �trang�re.
Un double acquittement termina les d�bats.
Mais M. Hottier ne fut point trait� avec plus de m�nagements. Cinq jours, il g�mit entre les murs d'une cellule. Le r�gime comportait caf� sans sucre au matin ; soupe au lard - et quel lard ! - pour le d�jeuner, puis, de nouveau, un pieu de caf� - et quel caf� ! - pour le repas du soir. Quant au pailn, c'�tait une sorte de p�te immangeable que les prisonniers s'empressaient de jeter dans les po�les o�, d'ailleurs, il ne br�lait pas :
- Quand nos gardiens ont su que nous faisions de leur pitance un tel cas, ajoute M. Hottier, ils nous ont menac�s d'un r�gime plus s�v�re encore...
Une g�n�reuse intervention se produisit. M. Winsbach, ancien pharmacien, r�ussit � faire fl�chir la rigueur de certaines consignes. Il jouissait � Metz d'une haute estime. Il employa ses relations, son influence, sa connaissance des langues allemande et fran�aise, tant�t � recommander les malades aux soins des m�decins, tant�t � nous communiquer les nouvelles du dehors, tant�t � remplir les fonctions d'interpr�te pour exprimer nos d�sirs ou transmettre nos explications ; ce sont l� des services que n'oublieront jamais les otages � qui M. Winsbach les rendit avec un infatigable d�vouement.
Le m�decin-major consultait les prisonniers trois fois pair semaine ; mais M. Winsbach les visitait r�guli�rement tous les jours et leur apportait le r�confort, les t�moignages de sympathie, les paroles d'encouragement n�cessaires pour relever l'�nergie morale que la tristesse d'une telle situation avait d�j� �branl�e.

UNE CITADELLE PRUSSIENNE
Les otages quitt�rent Metz au bout d'une semaine. L'ordre vint de les transf�rer dans la citadelle d'Ehrenbreistein, sur le Rhin, � trois kilom�tres de Coblentz.
L�, du moins, le gouvernement imp�rial n'aurait rien � craindre de ses ennemis :
- de hautes murailles d�fiaient l'escalade et rendaient vaines toutes tentatives d'�vasion ; une escouade de vigilantes ba�onnettes donnait � r�fl�chir :
- Il y avait � Ehrenbreistein 232 prisonniers fran�ais, exactement, nous dit M. Hottier. Entre eux, la glace fut vite rompue. Metz et Thionville �taient repr�sent�es par 117 personnes, parmi lesquelles deux femmes seulement, la soeur du cur� de Lorry-devant-Metz, une excellente Fran�aise, dont quatre neveux servent sous les drapeaux (l'un a le grade de commandant), et Mme la baronne de Guentrange, arr�t�e sous pr�texte qu'elle �levait dans son colombier des pigeons voyageurs. �
M. Hottier parle avec attendrissement de ces femmes au coeur noble et charitable. Mme de Guentrange est venue en aide aux gens de la campagne, aux ouvriers agricoles que les Boches avaient saisis dans leurs masures ou enlev�s � leurs charrues en plein travail ; elle paya de ses propres deniers des costumes neufs, du linge, des chaussures � tous les malheureux dont sa compagne s�chait les larmes, consolait la d�tresse, ranimait la confiance par l'exemple d'une admirable fermet�.
- Il y avait l�, continue le maire d'Hom�court, le d�put� thionvillois, M. Zimmer ;, des Messins dont le nom a �t� souvent prononc� et que l'on crut longtemps fusill�s, les fr�res Alexis et Jean Samain, entre autres, M. le docteur Urbain, un des collaborateurs de M. Jean au �� Souvenir Fran�ais �, M. l'abb� Riss, fondateur d'une revue et d'oeuvres s'inspirant du m�me esprit, M. Prevel, directeur d'une banque d'escompte et de cr�dit commercial, M. Lambert, r�dacteur du �� Lorrain �.
Alexis Samain, le pr�sident de la �� Lorraine Sportive �, savait que le bruit de son ex�cution s'�tait r�pandu en France ; il avait essay� de le d�mentir ; sa correspondance ne pouvait �chapper au r�seau �troit de surveillance qui l'enveloppait. A la fin, il avait pris son parti et acceptait volontiers son r�le de fusill� par persuasion.
- Quand vous arriverez � Nancy, recommanda-t-il � M. Hottier, n'oubliez pas que l'�� Est r�publicain � a montr� pour notre cause et pour moi beaucoup de sympathie. Portez-y de mes nouvelles. R�p�tez, surtout que je suis vivant, que mon fr�re est vivant et que nous comptons bien nous retrouver un jour ensemble. �

LES FR�RES SAMAIN
Soit que nous ayons pass� chez eux de trop courts instants au lendemain de la dissolution de leur soci�t� en janvier 1911, soit que nous ayons �chang� quelques paroles avant leur comparution devant la Cour supr�me de Leipzig ; soit que nous ayons eu le plaisir en mainte circonstance plus heureuse de nous rencontrer encore avec Alexis et Jean Samain dans des f�tes patriotiques, il est impossible d'oublier de tels hommes.
- Ils n'ont pas chang�, poursuit M. Hottier. L'a�n� a maintenant le visage encadr� d'une barbe �paisse ; l'autre a toujours les l�vres couvertes � peine d'une fine moustache. Mais la m�me flamme de volont� brille dans leurs yeux. Ah ! nous n'avions pas besoin de grands mots pour nous comprendre ; quelque chose de myst�rieux avertissait les Messins r�unis dans, la citadelle, qu'une pens�e, un espoir commun rapprochaient leurs �mes. �
- Comme par hasard, d�clare malicieusement M. Hottier, nous voyions monter des batteries sur les plate-formes de la citadelle et les soldats racontaient avec na�vet� que l'on creusait chaque jour de nouvelles tranch�es autour d'Ehrenbreistein... Malgr� les succ�s annonc�s par leurs journaux, les Aillemands �prouvaient donc le besoin de consolider leur d�fense ; cela suffisait � nous renseigner sur la sinc�rit�. des gazettes. �
Pendant le s�jour � Ehrenbreistein, la femme d'un otage messin apporta deux ou trois fois des nouvelles du pays de Briey.
La visite d'un instituteur permit �galement de savoir que M. Bastien, maire de Joeuf, avait �t�, lui aussi, emmen� par les Boches, au mois de septembre.
En raison de son �tat de sant�, M. Bastien ne d�passa pas Montois ; il fut reconduit � Joeuf, o� il resta en prison.

EN ROUTE POUR LA FRANCE !
Le 20 novembre, M. Hottier et quelques-uns de ses compagnons apprirent que les otages �g�s de plus de soixante ans allaient �tre rendus � leur pays :
- J'ai voyag� pendant deux jours � travers le grand-duch� de Bade, dit-il. Nous avons pass� la fronti�re suisse � Shaffouse. Un accueil enthousiaste nous attendait de l'autre c�t� ; mais notre arriv�e sur le sol fran�ais � Annemasse fut salu�e par une r�ception plus cordiale encore. Les comit�s de la Croix-Rouge, la population savoisienne, ont rendu agr�able mon s�jour dans la petite commune de Mornex. Quels braves gens que les Savoyards ! J'ai v�cu parmi eux pendant trois semaines et je vous garantis que les r�fugi�s, l�-bas, sont presque tent�s d'oublier la perte de leurs biens, l'amertume de leur condition, toutes les horreurs, les atrocit�s de la guerre ! �
Parce qu'il justifiait de moyens d'existence, qu'il put fournir des r�f�rences, �tablir qu'en Lorraine des int�r�ts r�clamaient sa pr�sence, on d�livra au v�t�ran, non sans regret, un laissez-passer gratuit jusqu'� la gare d'Is-sur-Tille :
- Le diable m'emporte ! on voulait me retenir prisonnier en Savoie. mais cette fois pour me choyer, m'entourer de soins, d'affection, de d�vouement. J'ai fait � mes frais le reste du voyage... Ah ! j'avais h�te d'atteindre Nancy, de me rapprocher du foyer, de revoir ma pauvre commune dont j'attends anxieusement des nouvelles... Revoir Hom�court, d�livr� des Prussiens, comme je serai heureux ce jour-l� !. �
ACHILLE LI�GEOIS.

UN ZEPPELIN SUR NANCY

Paris, 26 d�cembre, 15 h. 18.
Un Zeppelin a survol� Nancy, ce matin, � 5 h. 20. Il a jet� quatorze bombes sur la ville.
Deux habitants ont �t� tu�s et deux autres bless�s.
Quelques maisons particuli�res ont �t� endommag�es. Aucun �difice public n'a �t� atteint.

AU PAYS DE BRIEY
Villerupt, Villers-la-Montagne, Roman, Tillaucourt, Herserange, Pierrepont, Longlaville, Briey, Joeuf, Crusnes.

Nous extrayons du �� Bulletin de Meurthe-et-Moselle � les renseignements suivants qu'il donne dans son dernier num�ro :

VILLERUPT
Villerupt a son �glise et quelques maisons incendi�es, mais il est inexact qu'on ait fusill� des habitants.- Saulnes n'a pas �t� touch�. A Hussigny une trentaine de maisons sont br�l�es. Entre autres celles de MM. Mirgaine, Pierson, Perroudon, Anglesson, Frantz, Berquin Alfred, J.-B. Gilles, Fontaine, Aubrion, Fran�ois, Gille, Veber, Phang, Morand, Mathon, Barth�lemy, Hoison, V. Tarnus, Fordoxel, F�lix Willens, veuve Gauche, Bodson, Boncourt, Lallemand, Willaume, l'atelier Toulemonde, les remises Marasse et Wilbern ; la poste, le bureau de police, la mairie, l'�glise, la gendarmerie, la moiti� de la caserne.

VILLERS-LA-MONTAGNE
A Villers-la-Montagne, tout le haut du village est br�l�. Pendant le si�ge de Longwy, la population a �t� mise en avant des batteries allemandes. MM. Haut, Houdard et le cur� ont �t� emmen�s prisonniers en Allemagne, sous l'accusation d'avoir donn� asile � des pigeons �gar�s.

TILLAUCOURT
A Tillaucourt, le maire a �t� fusill� parce qu'on a trouv� une arme dans le village.

ROMAN
Les femmes de Roman ont �t� emmen�es � Esch. L�, les soldats leur jetaient des cro�tes, des os, des chons de lard en guise de nourriture. Elles furent enfin d�livr�es par un officier allemand que, tout de m�me, une pareille goujaterie �coeura et renvoy�es chez elles avec quelque argent. �

HERSERANGE
Une femme d'Herserange a quitt� ce village il y a quelques jours. Nous l'avons interrog�e sur ce qui s'est pass� dans ce pays depuis le d�but des hostilit�s.
Elle nous affirme qu'aucune maison d'Herserange n'a �t� incendi�e et qu'une seule personne a �t� mise � mort, une dame Lecoq, fusill�e par les Allemands parce qu'elle avait �t� rencontr�e dans la rue apr�s 7 heures du soir, heure � partir de laquelle - aux termes des r�glements militaires - aucune personne n'est plus autoris�e � quitter sa maison.
Le village n'a pas �t� pill�, mais a �t� fortement pressur� par les r�quisitions. On a r�quisitionn� toutes les couvertures, les machines � coudre, etc.
Pour �tre �pargn�, le village a d� verser 12.000 francs.
L'usine de Senelle est peu endommag�e; elle n'a re�u que quelques obus pendant le bombardement de Longwy.
Les troupes d'infanterie allemande qui occupaient le pays ont �t� retir�es il y a quelques jours et remplac�es par des uhlans.
Tous les jeunes gens de 15 � 20 ans et tous les hommes jusqu'� 45 ans ont �t� dirig�s sur Audun-le-Tiche, o� les Allemands les font travailler et leur versent un salaire journalier de 50 pfennigs.
Dans le seul village d'Herserange, il y a 95 prisonniers. La m�me mesure a �t� prise dans toutes les localit�s du bassin.
On nous avait dit, pr�c�demment, que le quartier Saint-Louis, � Longwy, avait �t� s�rieusement endommag�. On nous pr�cise aujourd'hui que, parmi les principaux immeubles incendi�s, se trouve la maison habit�e par M. Perignon, maire de Longwy.
Plusieurs personnes ont �t� tu�es par Les obus lors du bombardement, notamment les jeunes Laurent et Dillon, �g�s de 14 et 15 ans.

PIERREPONT
D'apr�s le Secolo, les Allemands sont entr�s le 22 ao�t � Pierrepont. Ils ont fusill� un Italien, nomm� Severin Detona, et un Fran�ais nomm� Zaanth, �g� de 62 ans.
Les deux cadavres ont �t� trouv�s dans un bois � un kilom�tre environ de Pierrepont, li�s ensemble.

LONGLAVILLE
On nous signale la mort de M. Georges, qui tenait le Caf� du Midi. Les Allemands l'ont fusill� avec sa femme et ont br�l� sa maison.

BRIEY
Plusieurs de nos r�fugi�s de la r�gion de Briey nous ont demand� s'il est vrai que le docteur Giry a �t� tu� � l'ennemi.
Nous pouvons rassurer ses nombreux amis. Nous avons, en effet, re�u il y a quelque temps, du docteur Giry, une lettre nous rassurant compl�tement sur son sort.
Ce qui a donn� naissance au bruit qui avait couru de la mort du docteur Giry, est probablement le fait suivant :
La 1er novembre, une �� grosse marmite � tombant sur la maison o� se trouvait le docteur Giry, �clatait � ses pieds dans le vestibule, au moment o� il allait monter � cheval.
Englouti et asphyxie sous des mat�riaux de toute sorte, il fut amen� � Dunkerque pour y �tre soign�.
Un de ses hommes, qui tenait le manteau qu'il allait endosser, avait eu le, cr�ne fractur�. Deux soeurs ont �t� bless�es.
Le docteur Giry n'avait aucune blessure apparente, mais avait re�u une commotion intense.
- Gr�ce aux soins qui lui ont �t� prodigu�s, il est aujourd'hui compl�tement r�tabli et a insist� pour reprendre son service.
Il est actuellement m�decin-major, m�decin-chef de l'h�pital Jean-Bart, � Dunkerque.

JoeUF
La situation est assez calme.
Les familles Bastien, Bosment, Mlles Wansdorff, Marcelle Gran�ois, Brunier, Pazin, Mme Baudouin sont en bonne sant�. M. l'abb� Schneider est prisonnier.
M. l'abb� Blin est mort � Consenvoye.
Dans beaucoup de villages environnants les femmes sont oblig�es de travailler pour l'�quipement des troupes.
Malavillers est compl�tement d�truit.

CRUSNES
Il n'y a pas eu de combat important � Crusnes ; un l�ger engagement seulement avec les douaniers lors de l'arriv�e des Allemands.
Les Allemands ont fusill� � Dudelange MM. Bernard p�re et Michel, marchand de vins, apr�s leur avoir fait creuser leur fosse.
Dix-sept personnes ont �t� fusill�es � Sancy, dont MM. Eug. Belfort et ses deux fils, Dieudonn�, peindre, et son fils Joseph, Ch. Belfort, la garde du ch�teau, Mannia, Hall� Joseph.

Attaques et contre-attaques
SONT HEUREUSES
Sensibles progr�s en Alsace

Bordeaux, 26 d�cembre, 16 heures..
Canonnade peu intense sur le front entre la mer et la Lys, o� un brouillard �pais a paralys� les op�rations.
Entre la Lys et l'Oise, nous avons repouss� plusieurs attaques ennemies, � Noulette, ouest de Lens, � La Boisselle, nord-est d'Albert, � Lihons, ouest de Chaulnord-est nes, o� une tranch�e prise � l'ennemi a �t� perdue, puis reprise apr�s un vif combat.
Entre l'Oise et l'Aisne, on nous signale que, dans la journ�e du 24, une tr�s forte attaque allemande a �t� repouss�e � Chivy, nord-ouest de Soupir.
Dans la r�gion de Perthes, notre artillerie a fait taire les batteries qui bombardaient les tranch�es r�cemment conquises par nos troupes ; deux fortes contre-attaques allemandes ont �t� refoul�es dans la nuit du 24 au 25.
Hier, une nouvelle contre-attaque particuli�rement importante a subi un �chec complet.
En Argonne et entre Meuse et Moselle, rien � signaler.
En Haute-Alsace, la journ�e a �t� marqu�e par de sensibles progr�s. Devant Cernay, nous avons atteint la lisi�re des bois sur les collines de l'ouest de la ville ; nous nous y sommes maintenus malgr� plusieurs contre-attaques.
Nous occupons les lisi�res d'Aspach-leBas et les hauteurs qui dominent Carspach � l'ouest.

LES NOUVELLES
DU PAYS MEUSIEN
Du �� Bulletin Meusien � :


MONTM�DY
M. le docteur Thirion, de Montm�dy, qui habitait cette ville depuis sa r�cente mise � la retraite, avait repris du service depuis le d�but de la guerre ; il �tait m�decin-major et s�journa dans cette ville jusqu'au 23 octobre, date � laquelle les Allemands l'emmen�rent en Allemagne. Il vient d'en rentrer, par voie d'�change, avec d'autres m�decins militaires allemands, et a confi� � un habitant de Virton qui voyageait avec lui depuis la Suisse que, jusqu'au 23 octobre, il n'y avait � Montm�dy ni d�g�ts, ni vexations ; la population �tait, nourrie suffisamment et des convois de farine y �taient amen�s par les Allemands chaque semaine. Le nouveau corps d'occupation allemand �tait d'ailleurs moins brutal que le premier.
D'autres correspondants racontent que le tunnel, d�truit par la garnison fran�aise, y serait r�par� et que les Allemands auraient employ� tous les habitants valides � d�blayer celui-ci pour r�tablir la circulation des trains. (Sous toutes r�serves, bien entendu.)

APREMONT-LA-FOR�T
On nous �crit d'Ernecourt que plusieurs habitants d'Apremont, enlev�s comme prisonniers le 24 septembre, sont rentr�s d'Allemagne le 11 novembre. Le maire, M. Eug�ne Charrois, a �t� emmen� en otage avec vingt hommes de la commune le 24 septembre, et depuis on ignore ce qu'ils sont devenus. Sa femme, emmen�e en m�me temps qu'eux, est r�fugi�e ici. On a �crit de divers c�t�s pour avoir de leurs nouvelles, mais sans r�sultat jusqu'ici.

SAINT-JULIEN ET BONCOURT
On nous �crit, � la date du 10 d�cembre, de Commercy :
�� Ici, nos pauvres pays sont bombard�s Quotidiennement ; des villages de cette r�gion ne seront bient�t plus que des ruines. A Saint-Julien, nous avons eu � d�plorer, ces jours derniers, la mort de deux civils tu�s : MM. Martin p�re et fils. A Boncourt, un civil, Mme Girot-Remy, a succomb� aux suites d'une blessure d'obus � shrapnells.

THONNE-LA-LONG
Nous apprenons la mort de M. Cordier, instituteur de cette localit�, qui a �t� inhum� � Haumont-les-Samogneux.

DAMVILLERS
On nous a annonc� derni�rement qu'un quartier g�n�ral allemand �tait install� au village de R�ville, � quelques kilom�tres nord de Damvillers.
Dans cette premi�re localit� les autorit�s militaires allemandes n'auraient jug� aucune demeure digne de les abriter et auraient fait construire � leur usage personnel!, hors de la ville, un grand b�timent d�montable en bois.

MARVILLE
Nous apprenons la mort de M. Edmond Mouton, ancien maire de cette commune, fr�re du g�n�ral Mouton, et de l'ancien conseiller g�n�ral de Dun.

STENAY
Les journaux publient une information de Milan, en date du 16 d�cembre, annon�ant que d'apr�s une d�p�che officielle le kronprinz a �tabli � Stenay son quartier g�n�ral, probablement au ch�teau des Tilleuls, d�j� occup� par lui ant�rieurement.

ARRONDISSEMENTS DE MONTM�DY ET VERDUN
Le 9 septembre, � Billy-les-Mangiennes, le bas du village et la rue habit�e par M. Marc, maire, sont ab�m�s et br�l�s ; � cette date, il restait soixante-dix personnes au d�but de d�cembre, il ne devait plus y avoir que le cur�-doyen et trois ou quatre personnes.
A Nouillonpont, une vingtaine de maisons d�molies ; aucune d'incendi�e et personne de tu�.
Pillon est br�l� en partie ; il y reste 30 personnes.
A Duzey, quatre ou cinq maisons d�fonc�es avec l'�glise ; pas d'incendie.
A Rouvrois, aucun d�g�t.
Etain n'existe plus pour ainsi dire, ainsi qu'Eton.
Amel est tr�s ab�m�, Senon un peu moins, Loison est ab�m� �galement.
Bouligny ne doit pas avoir souffert ; Spincourt est en partie br�l�.
L'�glise de Saint-Pierrevillers est ab�m�e ; une rue d'Arrancy est br�l�e.
Les troupes allemandes sont assez nombreuses dans la r�gion, qui est n�anmoins tranquille et le ravitaillement en denr�es n�cessaires est assez facile.
Mogeville, Maucourt, ont �t� repris par nos troupes et fortifi�es d'une fa�on tr�s solide.
Le 13 d�cembre, nos troupes ont bombard� Montfaucon ; les Allemands ont fortifi� Romagne-sous-les-C�tes et toutes les hauteurs voisines.
A Charny, de grosses pi�ces ont �t� install�es aux environs pour bombarder la population de Romagne.
On nous �crit d'ailleurs :
Maucourt presque enti�rement br�l� par les Allemands, Moge ville, Fromezey �galement. Nous occupons Ornes, qui n'est pas beaucoup ab�m�. Gr�milly est occup� par nos patrouilles. Amel est presque enti�rement d�truit. Senon a moins souffert. Quelques maisons br�l�es et ab�m�es par les obus, une partie du clocher est tomb�e.
Ces deux pays sont occup�s par l'ennemi et retranch�s, le pays'entour� de fils barbel�s. A Spincourt, le centre ab�m�, clocher d�truit, les Allemands en ont fait un centre de ravitaillement avec chemin de fer � voie r�guli�re, passant � Vaudoncourt, Billy, Haut-Fourneau, s'engageant dans la for�t pour le ravitaillement des troupes qui sont � Romagne. Mangiennes est occup� par un r�giment d'infanterie allemand avec l'�tat-major, n'a pas trop souffert.
Nouillonpont a tr�s peu souffert. Muzeray, Rouvrois, Saint-Pierrevillers �galement.

CANTON D'ETAIN
Eix, Moulainville, les Prussiens n'y sont pas venus. Alors rien.
Abaucourt : quelques obus marmites sont tomb�s au milieu du pays tuant six soldats d'infanterie et faisant des bless�s (devant la mairie) ; pas de d�g�ts mat�riels, quelques carreaux cass�s. Haucourt rien. Herm�ville est bien ab�m� par les obus, quelques maisons incendi�es dans le centre du village. Warcq occup� par nos troupes a souffert beaucoup, les fermes environnantes br�l�es.

R�GION SPINCOURT-�TAIN
Un de nos amis, officier, nous communique de nouveaux renseignements sur la r�gion Spincourt-Etain :
Mangiennes, Billy Pierrepont, Pillon, Mouzerey sont fortement ab�m�s. A Billy, les habitants ont �t� emmen�s � Zvickau (83 personnes), dont le cur�, les familles Tonnelier. Robinot, Piernet, Humbert, Mantoulet, Collignon, Alexis Lecomte.

SAINT-JEAN-LES-BUZY
M. Watrin, 58 ans, a �t� emmen� en Saxe par les Allemands ; sa femme est rest�e au pays.

VI�VILLE-SOUS-LES-COTES
Les Allemands ont fait prisonnier un jeune homme de 18 ans, M. L�on Rodrigue, et l'ont emmen� chez eux.

AUBR�VILLE
Bombardement tous les jours deux fois. Le 4 d�cembre, 21 obus le matin, 5 de soir. Un de ceux-ci est tomb� sur le fumier de M. Vitry, a cr�pi de purin toute la fa�ade de la maison et bris� les fen�tres � quelques pas du presbyt�re et de l'�cole des filles. Un autre est tomb� sur la maison de soeur A...

NEUVILLE
Neuville est aussi bombard�. Il reste peu de choses. Le presbyt�re est br�l�, l'�glise endommag�e.

DES BOMBES SUR NANCY

Vendredi 25 D�cembre
Un avion allemand a de nouveau survol� Namcy vendredi matin ; il a lanc� sur notre ville deux bombes qui, fort heureusement, n'ont fait aucune victime, causant seulement quelques d�g�ts mat�riels.
Il �tait pr�s de neuf heures et demie du matin lorsque l'attention des passants fut attir�e par la pr�sence d'un biplan voilant � une grande hauteur et dont la forme indiquait qu'il appartenait � nos ennemis.
L'avion lan�ait deux bombes, l'une tombait rue de Mon-D�sert, 26, sur un b�timent d�pendant des ateliers de la maison Fortin-Hanrion, fabricant de cordages et literie, rue Saint-Dizier.
Le projectile per�ait dans la toiture un trou d'un diam�tre de vingt centim�tres, traversait le plancher du premier �tage et arrivait sur celui du rez-de-chauss�e o� il brisait une planche sans faire explosion, malis en d�gageant une �paisse et forte fum�e noire qui fit croire aux voisins qu'un incendie venait de se d�clarer.
On avertit les sapeura-pompiers qui arriv�rent en toute h�te ; mais ils n'avaient pas � intervenir, car la bombe n'avait provoqu� le moindre sinistre.
Les carreaux des baies d'�clairage n'avaient m�me pas �t� bris�s ; aucun objet n'avait �t� renvers� et une forte odeur de sulfure se r�pandait dans l'atelier.
Un employ� de la maison Hanrion-Fortin ramassa le projectile bris� en diverses parties, qui fut remis � un gardien de la paix qui le transporta aussit�t au bureau central de police.
Peu apr�s, un inspecteur de la s�ret� en fouillant avec sa canne dans le trou fait dans le plancher y d�couvrit l'h�lice, se trouvant � la partie sup�rieure de la bombe.

La deuxi�me bombe est venue s'abattre sur la toiture de l'h�tel de la Poste, place de la Cath�drale, dans la partie qui prend jour sur une cour int�rieure du c�t� du couvent des soeurs de l'Esp�rance.
Le projectile atteignit la partie du toit formant mansarde,pr�s d'une fen�tre donnant le jour � la chambre n� 47.
La bombe, en faisant explosion, produisit une forte d�tonation, elle brisa enti�rement une poutre de pr�s de quarante centim�tres de c�t�, fit un trou �norme dans la toiture, couvrant de pl�tras Le lit et toute la chambre, r�duisant en miettes une glace appos�e au mur.
L'armoire et les autres meubles subirent �galement de forts d�g�ts.
Un morceau de plomb de la toiture arrach� par l'explosion est all� tomber dans le jardin du couvent o� une soeur le rainassa, Un morceau de fer servant de poign�e � La bombe y fut �galement trouv�, ramass� et remis � la police, Plusieurs vitres des fen�tres de la maison religieuse ont �t� �galement bris�es par des �clats ; l'un d'eux est all� se loger dans la paroi d'un couloir, apr�s avoir travers� une porte.
Des d�bris d'ardoise et de bois provenant de la toiture de l'h�tel jonchaient le sol du jardin.
La d�flagration fut tellement violente que, dans la cuisine, situ�e sous une v�randa au pied du b�timent o� la bombe s'�tait abattue, Mme Dottenville, qui s'y trouvait, fut projet�e � quelques m�tres.
Elle n'eut fort heureusement qu'une l�g�re foulure du pied.
M. Simon, maire, pr�venu, s'est rendu � l'h�tel et au couvent de l'Esp�rance o� sa pr�sence a rassur� tout le monde. Pendant toute la journ�e, une foule assez dense s'est rendue place de la Cath�drale, pour satisfaire sa curiosit� qui a �t� d��ue, aucun d�g�t ne se voyant de la voie publique.

Samedi 26 D�cembre
Nancy a re�u samedi matin la visite d'un dirigeable ennemi. Une dizaine de bombes ont �t� lanc�es.
L'a�ronef survolait la ville � une faible altitude. Il se proposait comme objectif la voie ferr�e ; mais il a manqu� son but et c'est dans la direction de la ville vieille que sont tomb�s ses projectiles.
Du quai Claude-le-Lorrain � la P�pini�re, on a relev� les traces de ce bombardement sur la place Carnot, rues de la Source et de la Charit�, place Saint-Epvre, Grande-Rue et aux abords du canal.
Quelques arbres duc cours L�opold ont �t� endommag�s ; les vitres de la place Carnot ont vol� en �clats ; la. maison portant le num�ro 35, rue de la Source, est d�t�rior�e ainsi que deux magasins avoisinant la Petite Carri�re.
Les autorit�s civiles et militaires se trouvaient sur Les lieux. Des barrages ont �t� �tablis. Les mesures d'ordre n�cessaires ont �t� prises, afin d'interdire aux curieux accourus en foule l'approche des immeubles atteints par ces �� souvenirs � allemands.
Il s'agit, pour les Boches, de simples souvenirs, en effet, ainsi qu'en t�moignent deux photographies ramass�es au boulevard de la P�pini�re par M. Edouard Schlegel, 32, rue Laflize, et qui portent en allemand ces d�dicaces : �� Bon No�l. Souhaits du kaiser Guillaume �, �� Un aviateur allemand vous salue �. L'envoi �tait contenu dans une enveloppe avec une balle de bronze fran�aise pour lest.
La premi�re d�tonation s'est produite exactement � 5 h. 20.
Les Nanc�iens ont montr� plus de curiosit� que d'�motion � la nouvelle d'une visite qui n'est point pour eux une sensationnelle surprise.
Le bombardement a fait malheureusement plusieurs victimes :
Mme Anna Go�b, 39 ans, domestique chez M. Jacquemin, 38, quai Claude-le-Lorrain a re�u des blessures qui ont entra�n� la mort.
M. Louis-Georges Lantoine, 29 ans, originaire d'Armenti�res, gar�on de caf� au buffet de la gare, demeurant 4, cours L�opold, qud eut l'art�re carotide tranch�e par un �clat de verre.
Quelques soldats ont �t� atteints peu gri�vement par des �clats de verre.

TAUBE & ZEPPELIN

Nancy, 26 d�cembre.
Nous recevons la communication suivante:
Dans la nuit de vendredi � samedi, un �� zeppelin � a travers� Nancy laissant tomber une douzaine de bombes qui firent heureusement beaucoup plus de bruit que de mal, leur effet s'�tant born� � des d�g�ts mat�riels peu importants. La population de Nancy ne s'en est montr�e aucunement alarm�e.

M. le Pr�fet a adress� au Ministre de l'Int�rieur le t�l�gramme suivant :
�� Pr�fet Nancy � Ministre Int�rieur.
�� Nos f�tes de No�l ont �t� honor�es hier par pr�sence �� Taube � qui jeta plusieurs bombes vaines dans le voisinage de la Cath�drale � l'heure de l'entr�e des fid�les. Cette nuit �� Zeppelin � versa nombreuses bombes fort bruyantes mais peu meurtri�res. Population Nancy fort tranquille s'est rendormie en pensant avec moi qu'il �tait pr�f�rable que ces bombes fussent tomb�es sur nous que sur nos soldats dans les tranch�es. �

AVIS A LA POPULATION
M. le G�n�ral commandant les troupes du secteur de Nancy me communique les recommandations du g�n�ral commandant en chef relativement au bombardement par dirigeables et d'apr�s lesquelles �� la meilleure d�fense est d'�teindre � terre toutes les lumi�res afin de priver le dirigeable de tout point de rep�re. �
Deux questions sont, � ce point de vue, � envisager : l'�clairage public et l'�clairage priv�. L'�clairage public sera r�duit au minimum strictement indispensable. Sur l'�clairage priv�, le g�n�ral ajoute : �� Je crois savoir que les lumi�res de la ville ont actuellement sensiblement augment� le soir ; il y aurait int�r�t � faire conna�tre aux habitants qu'il convient de persister dans les mesures de prudence qui avaient �t� prises, � ce point de vue, au d�but des hostilit�s �
Cette double pr�caution est excellente et chacun, en ce qui le concerne, y devra participer avec une exacte discipline.
Je me permets d'ajouter ceci : quelques personnes qui ont vill�giatur� les mois d'ao�t et de septembre hors de Nancy se sont, para�t-il, montr�es fort �mues des quelques bombes dont le �� Zeppelin � vient de nous arroser. Ces personnes, je l'esp�re, et je les y invite, vont se h�ter de se faire une mentalit� analogue � celles des Nanc�iens qui sont rest�s ici aux heures r�ellement critiques ; � ces heures-l�, Nancy fut une cit� vaillante ; il serait ridicule, j'ose le dire, que ses nerfs fussent, si peu que ce soit, �branl�s aujourd'hui par ces manifestations de l'ennemi plus bruyantes que meurtri�res et qui ne peuvent comporter aucune cons�quence strat�gique : de quelque sympathie �mue que nous entourions les victimes de ces accidents, n'oublions pas que tous les �� Zeppelins � font moins de victimes dans une ville que la moindre �pid�mie de fi�vre typho�de ou m�me de scarlatine, et qu'� tout prendre, en cette saison, les �� Zeppelins� sont moins dangereux pour la collectivit� que la pneumonie. Avis en particulier aux mamans qui ont des enfants en bas-�ge.
L. MIRMAN,
Pr�fet de Meurthe-et-Moselle.

QUELQUES PROGR�S
EN ARGONNE ET EN ALSACE
NOS AVIONS bombardent Frescaty et Metz

Paris, 27 d�cembre, 15 h, 45.
Entre la mer et la Lys, journ�e calme. Canonnade intermittente.
Entre la Lys et l'Oise, rien � signaler.
Dans la vall�e de l'Aisne et en Champagne, duel d'artillerie.
Dans la r�gion de Perthes, l'ennemi, apr�s un violent bombardement, a tent�, sur des tranch�es qu'il avait perdues, une contre-attaque qui a �t� aussit�t repouss�e par notre artillerie et notre infanterie.
En Argonne, l�gers progr�s.
Au sud de Saint-Hubert, une compagnie a gagn� entre 100 et 200 m�tres de terrain, et nous avons bombard� un ravin o� l'ennemi a �vacu� plusieurs tranch�es.
Entre la Meuse et la Moselle, � l'est de Saint-Mihiel, deux attaques allemandes contre une redoute du Bois-Br�l� ont �t� repouss�es.
On sait qu'un dirigeable a lanc� une dizaine de bombes sur Nancy, au milieu de la ville, et sans aucune raison d'ordre militaire. Nos avions, au contraire, ont bombard� les hangars d'aviation de Frescaty et une des gares de Metz, o� des mouvements de trains �taient signal�s, ainsi que les casernes Saint-Privat, � Metz.
En Haute-Alsace, nous avons r�alis� de nouvaux progr�s sur les hauteurs dominant Cernay et nous y avons repouss� quelques attaques.
Paris, 28 d�cembre, 0 h. 46.
Voici le communiqu� officiel du 27 d�cembre, 23 heures :
Apr�s avoir, toute la nuit derni�re, dirig� un feu violent d'artillerie et d'infanterie contre nos troupes install�es � La Boisselle et dans les tranch�es voisines, l'ennemi a prononc� deux attaques cons�cutives, mais sans aucun succ�s.
Nous tenons fortement les tranch�es enlev�es pr�s de Puisaleine.
Sur les Hauts-de-Meuse, nous consolidons l'occupation du terrain conquis pr�s de la tranch�e de Colonne.
Saint-Di� a �t� violemment bombard� de 9 heures et demie � 12 heures.

PRISONNIERS DE LA MEUSE

Du �� Bulletin Meusien � :
M. Juste, cur� de Richecourt, est prisonnier � Bayreuth, avec trente-six de ses paroissiens, et quatre-vingt-dix autres de Xivray-Lahayville. Il �crit le 7 novembre :
�� Le g�n�ral vient de nous annoncer que nous sommes innocents et que nous sommes ici par une erreur inexplicable. Alors nous sommes libres de partir, et ce sera quand tout sera en r�gle. Je suis ici sans habit, sans linge. Je suis utile � tous, sachant un peu l'allemand. Je n'ai pas quitt� mes paroissiens ; ils en ont �t� contents ; le g�n�ral m'en a f�licit� devant mes gens. Ne vous inqui�tez pas, on fera pour le mieux. �
M. Aubois, cur� d'Hattonch�tel, prisonnier � Ehrenbreisten, par Coblentz, avec dix autres pr�tres, �crit :
�� Hattonch�tel est aux deux tiers incendi� ; la vo�te de l'�glise s'est �croul�e au-dessus du choeur et de l'avant-choeur. Les habitants ont pris la fuite et, apr�s quinze jours, vingt et une personnes seulement �taient pr�sentes.
�� Hattonville et Vigneulles sont aussi presque compl�tement d�truits. �
M. Tridon, cur� d'Heudicourt, lib�r� :
�� Dans ma paroisse, il restait � mon d�part cent quinze habitants et quelques r�fugi�s de Loupmont. Je me demande avec angoisse de quoi ils peuvent vivre, car on leur a tout pris, jusqu'au dernier lapin, jusqu'aux moindres l�gumes, et nos ennemis, pour les mieux affamer, donnaient les gerbes de bl� en liti�re � leurs chevaux. �
Mmes Gille et Dussay Fran�oise, de Romagne-sous-les-C�tes, sont prisonni�res � Zwickau. M. Louis Hannetelle, de Luzy, m�canicien � la gare de Longuyon, est prisonnier �galement en Allemagne.
MM. Emile Warlot et Libor, de Combres, sont � Zwickau, en Saxe.
Mme Vautrin et son fils, Mme Liborr Mlle Catherine Laurent, Mme Maria Laurent et son fils, sont � Schwetzingen, caserne de cavalerie n� 21, grand-duch� de Bade.
Les habitants de Saint-Remy, intern�s � Rastadt (grand-duch� de Bade) viennent d'�tre rapatri�s et dirig�s sur Thonon-lesBains (Haute-Savoie).
Le docteur Mutalet, de Mangiennes, actuellement m�decin militaire, nous informe que sa m�re est du nombre des prisonniers civils emmen�s par les Allemands. Elle est avec Mmes Robert et Leroy, de Mangiennes. � Eratz-sur-Alzette (grand-duch� de Luxembourg)
M. Constant Sirot �crit � ses parents :
Je suis parti depuis le 19 septembre comme prisonnier civil. Nous sommes sept de Lissey : Vital-Rouyer, L�on Richard, Patoche Th�otime, Isaie Richard, Bon Delz�dar, L�on Fallet, Sirot Constant.
Constant SIROT.
Lager Grafenwohr, Bavi�re (Allemagne).
- M. G. Klein �crit :
Mon beau-fr�re Jules Dauphin, prisonnier en Saxe, me donne les noms de quelques Meusiens qui sont avec lui et dont plusieurs n'ont pas de nouvelles de leur famille. Je vous en donne la liste ci-dessous :
Fulbert, de Bouvigny ; Paul Fauquenot, de Bouligny ; Antoine et Louis Alzin, de Bouligny ; Aim� Goeuriot, de Bouligny ; Klein-Saguez, de Bouligny ; Erard-Proth, de Spincourt ; L�on Fran�ois, de Spincourt ; Victor Lavigne, de Spincourt ; Didry-Malher, de Landres (M.-et-M.).
Kriegsgefangener Neues Lager, baraque 24, � Koenigsbriick, royaume de Saxe, via Pontarlier.
C. KLEIN,
40, rue Georges-R�mond, Gagny (Seine-et-Oise)

LES AVIONS ALLEMANDS
survolent Nancy
LA CHASSE A�RIENNE

Dimanche 27 d�cembre, � midi et demi, un a�roplane allemand a survol� Nancy � une grande hauteur. Il a laiss� tomber quatre bombes. L'une est tomb�e sur le toit de l'�cole maternelle du boulevard d'Alsace-Lorraine, o� elle a bris� quelques tuiles : la seconde, rue de Strasbourg, 70, o� elle a travers� la toiture de la maison et provoqua dans le grenier un l�ger commencement d'incendie qui a pu �tre rapidement �teint par les habitants aid�s par un gardien de la paix et un soldat territorial. Les pompiers furent appel�s, mais ils n'eurent pas � intervenir. Nos braves sapeurs ramass�rent les d�bris de l'engin, � la poign�e duquel �tait attach�e une longue banderole aux couleurs allemandes.
La troisi�me est venue s'abattre rue du Tapis-Vert, 6, chez M. Kahn, n�gociant en chiffons. Elle a travers� la toiture d'un petit b�timent servant de cuisine o� se trouvait la domestique, qui n'a eu aucun mal.
L'engin, en se brisant en deux, communiqua le feu � des chiffons ; un seau d'eau suffit � l'�teindre. Les morceaux furent remis � la police.
La derni�re, rue du Man�ge, 6.
Nos aviateurs s'�taient mis rapidement � la chasse de l'a�roplane ennemi qui se dirigea vers les lignes allemandes. Dans les rues, un public nombreux �tait mass�, suivant attentivement des yeux la poursuite du �� taube � que l'on crut un moment en danger, et qui put cependant �chapper. Nos grands oiseaux revinrent ensuite � leur nid. Pas pour longtemps !

A deux heures et demie, en effet, un autre a�roplane allemand,jouant d'audace, revenait au-dessus de Nancy. Bient�t une bombe s'abattait sur la maison portant le num�ro 14 du boulevard d'Alsace-Lorraine.
Elle se brisait sur le toit. Les d�bris venaient s'abattre sur la voie publique, o� ils �taient ramass�s par des enfants.
Un autre engin portant une banderole rouge, blanche et noire tombait dans le iardin de l'�tablissement �� A Robinson �, prairie de Tomblaine, creusant un simple trou dans la terre.
Enfin, un dernier engin allait choir dans la Meurthe o�, bien entendu, nul ne fut tent� de le rep�cher.
Pendant qu'ils survolaient la ville, les deux avions ennemis ont laiss� tomber une certaine quantit� de fl�chettes d'acier. Aucune personne n'a �t� atteinte.
Ces apparitions de �� taubes � effray�rent fort peu les Nanc�iens qui, pendant toute l'apr�s-midi, continu�rent leur promenade dominicale dans les rues centrales de la ville.

DISTRIBUTEURS AUTOMATIQUES
LES AVIATEURS BOCHES
ont beaucoup d'esprit

L'habitude est prise.
Chaque jour am�ne � Nancy son taube.
Visite blanche. R�sultats nuls - ou presque. Quand par hasard des victimes sont frapp�es, ce sont des femmes, des enfants, ce qui contribue � montrer sous un angle plut�t f�cheux pour le kaiser ce que serait dans le monde la civilisation germanique si le destin lui permettait d'y r�gner.
Les aviateurts boches se sont-ils exactement rendu compte du peu d'effet mat�riel et moral de leurs envois ? C'est fort possible. Ils essaient, � cette heure, de �� faire de l'esprit �, comme ces gens dont les plans d�jou�s ou les intentions trahies recherchent une diversion pour expliquer maladroitement leurs perfidies.
En un mot ils voudraient, selon une expression populaire, nous �� la faire � la blague � :
- On ne veut point votre mort, insinuent les pilotes des tauben et des zeppelins ; on d�sire seulement vous prouver que, le cas �ch�ant, on a en Allemagne autant d'esprit qu'au pays de Voltaire �.
L�-dessus nos visiteurs a�riens improvisent leurs fac�ties.
Elles sont du meilleur go�t.
Jugez-en.
Mercredi dernier, un taube lan�ait sur le quartier Grandville deux bombes inoffensives, garnies apparemment de poudre de perlinpinpin, mais l'une d'elles portait un ing�nieux m�canisme peur r�pandre � profusion des manifestes, des tracts, des proclamations � la nation fran�aise.
C'est le dernier progr�s, osons le dire nettement, des distributeurs automatiques, la supr�me nouveaut�, le jouet de fin d'ann�e, l'article simple, �l�gant, solide et pratique. Voyez notre assortiment, messieurs!
Prenez l'objet en mains, mesdames ! L'essayer c'est l'adopter - et �a d�fie toutes les concurrences.
Les Nanc�iens qui ramass�rent les d�bris de l'engin, purent ainsi savoir : 1� que le gouvernement de M. Poincar� avait d�clar� la guerre ; 2� que leur ville �tait, cern�e ; 3� qu'une formidable l�gion de casques � pique marchait sur Lyon ; 4� que nos soldats seraient sagement inspir�s en se pr�cipitant dans les bras des excellents kamarades qui les traiteraient comme des fr�res.
Excusez du peu !
Hier, nouvelles distributions d'articles de propagande �� Made in Germany �. Ce furent d'abord plusieurs douzaines de fl�chettes en acier sur lesquelles se revendiquait orgueilleusement le droit exclusif de propri�t� et d'exploitation :
�� Invent� en France et fabriqu� en Allemagne.�
Les Boches, en v�rit�, se vantent.
D'autres fl�chettes, mod�le identique, annon�aient sans vergogne aucune :
�� De l'Allemagne victorieuse � la France vaincue. �
Faudra voir !
Un simili-obus de pacotille, adorn� d'une banderole aux couleurs d'outre-Rhin, tomba dans la prairie de Tomblaine sans que nous ayons pu savoir quelles marchandises couvrait ce pavillon, mais nous pr�sumons qu'il recommandait encore l'exactitude des pronostics et la sinc�rit� des nouvelles extraites de l'agence Wolff.
De son c�t�, le Zeppelin de samedi matin laissa tomber - comme un oiseau sa fiente - deux photographies d'officiers aux boutons dor�s, aux �paulettes outrageusement peintes, aux moustaches onctueuses de cosm�tique, avec ces d�dicaces venues l'une d'Heidelberg et l'autre de Mulhouse (� Alsace, pardon !) :
�� Joyeux No�l. Aimable envoi du kaiser Guillaume II. - Souvenir d'aviateurs allemands �. Suivait une signature.
A l'instar d'un cabotin sous les hu�es et les coups de sifflet, les Tauben et les Zeppelin essaient de se d�gager par une pirouette ; ils virent dlans l'opprobre mieux que dans l'air en se donnant devant la galerie une attitude �quivoque de mystificateurs qui font des plaisanteries.
Derri�re leurs �� rigolades � on rel�ve les femmes, les enfants, les victimes innocentes.
Si les Boches empruntent � Voltaire un peu de son esprit, c'est � la cour de Fr�d�ric II qu'ils ont d� ramasser les miettes.
LUDOVIC CHAVE.

A RAMBERVILLERS
De la Poudre aux Moineaux

Depuis trois jours, Rambervillers re�oit la visite des Tauben qui viennent jeter des bombes sur la ligne de chemin de fer, dans le but probable de d�truire des ponts ou des ouvrages et d'emp�cher momentan�ment le passage de nos trains de ravitaillement. Le jour de No�l et le lendemain, ils ont survol� la ville, vers 3 heures et demie de l'apr�s-midi et ont laiss� tomber plusieurs bombes qui n'ont fait aucun d�g�t.

DANS LES DUNES DES FLANDRES
Nous sommes au pied de ses lignes de r�sistance

Paris, 28 d�cembre, 15 h. 10.
En Belgique, nous avons continu� � avancer � l'ouest de Lomba�rzide. Nous sommes actuellement au pied des dunes sur lesquelles l'ennemi a �tabli sa ligne de r�sistance.
Au sud d'Ypres, nous avons perdu un �l�ment de tranch�es, pr�s de Hollebecke.
Dans la r�gion de Lens, pr�s de Carency, l'ennemi a c�d�, devant nos attaques. 800 m�tres de tranch�es de premi�re ligne.
Dans la vall�e de l'Aisne et en Champagne, canonnade intermittente, particuli�rement intense dans les r�gions de Reims et de Perthes, o� l'ennemi a vis� sp�cialement les positions que nous avons conquises � l'ouest de cette localit�.
Sur les Hauts-de-Meuse, nous avons progress� l�g�rement sur tout le front.
Dans les Vosges, l'ennemi a bombard� la gare de Saint-Di�. Le service de la vote ferr�e n'est pas interrompu.
En Haute-Alsace, au nord-est de Steinbach, une contre-attaque allemande a �t� repouss�e.
Paris, 29 d�cembre, 1 heure.
Voici le communiqu� officiel du 28 d�cembre, 23 heures :
Pendant toute la journ�e une temp�te violente a emp�ch� les op�rations sur la plus grande partie du front.
On signale cependant que nous avons r�alis� quelques progr�s en Argonne.

QUELQUES GAINS DE PLUS
De la Belgique � l'Alsace

Paris, 29 d�cembre, 15 h. 22.
En Belgique nous avons enlev� le village de Saint-Georges, o� nous nous sommes �tablis.
De la Lys � la Somme, l'ennemi a bombard� assez violemment nos positions dans la r�gion d'Echelle-Saint-Aubin-Le Quesnoy-Bouchoir (nord-ouest de Roye).
Calme sur le front, entre la Somme et l'Argonne.
Nous avons gagn� un peu de terrain en Argonne, dans le bois de la Grurie, le bois Bolante et le bois de Courte-Chausse.
Sur les Hauts-de-Meuse, plusieurs contre-attaques allemandes ont �t� repouss�es dans le bois Le Bouchot (nord-est de Troyon).
L'ennemi, qui avait enlev� nos tranch�es voisines de la redoute du bois Br�l� (ouest d'Apremont) en a �t� chass� apr�s trois contre-attaques successives.
En Haute-Alsace, nous investissons �troitement Steinbach. A la suite d'un violent combat, nous nous sommes empar�s des ruines du ch�teau, au nord-ouest du village.

LEUR RAISONNEMENT
SUR LE
BOMBARDEMENT DE NANCY

Paris, 29 d�cembre, 18 heures.
Le communiqu� allemand pr�sente le bombardement de Nancy comme une mesure de repr�sailles r�pondant au bombardement de Fribourg-en-Brisgau par nos aviateurs.
Or, les avions fran�ais n'ont jamais ex�cut� que des op�rations de guerre motiv�es par des raisons d'ordre militaire.
Ils n'ont atteint, � Fribourg-en-Brisgau, que les hangars et les usines d'aviation, ainsi que la gare o� des mouvements de troupes �taient signal�s.
Un de nos dirigeables, qui survola Sarrebourg, ne bombarda que la station, ainsi que d'autres points de la ligne Sarrebourg- Avricourt.
De m�me, dans la journ�e du 26 d�cembre, nos avions ayant survol� Metz, ne lanc�rent de projectiles que sur les hangars de Frescaty, sur une des gares et sur les casernes de Saint-Privat.
Les bombes allemandes, au contraire, sont tomb�es, � Nancy, en pleine ville, sur un point �loign� de tout b�timent militaire, et o� aucune troupe ne se trouvait rassembl�e. Elles ne pouvaient donc atteindre que des b�timents civils et ne faire de victimes que parmi la population.

UN BAPT�ME DU FEU
au Taube
POUR NOS CONSCRITS DU 160e

Paris, 30 d�cembre, 0 h. 40.
Communiqu� officiel du 29 d�cembre, 23 heures :
Aucun incident notable ne nous a �t� encore signal� jusque dans la soir�e.
Un �� Taube � a survol� Westende, le 20 d�cembre au moment de la pr�sentation du drapeau aux soldats de la classe 1914, nouvellement incorpor�s.
Le colonel Bablon, du 160e d'infanterie, fit ouvrir le feu, mais sans succ�s.
Le �� Taube � jeta trois bombes. La premi�re �clata derri�re le 1er bataillon avec un bruit formidable mais elle n'atteignit personne.
La deuxi�me frappa le sol derri�re le 3" bataillon, et fusa, sans effet.
La troisi�me tomba � dix pas devant le colonel Bablon, impassible.
Pas plus que leur chef, aucun homme ne broncha, et les recrues re�urent ainsi le bapt�me du feu avec la m�me cr�nerie que les anciens.

AU COL DU BONHOMME
Comment la T�te-de-Faux fut prise par nos troupes

Un territorial qui a particip� � l'attaque raconte ainsi, dans une lettre, comment fut prise, le 2 d�cembre, la T�te-de-Faux, qui commande le col du Bonhomme et o� les Allemands avaient �tabli un observatoire :
�� On nous avait dit : �� Au premier coup de canon, vous sortirez de vos abris pour prendre place dans les tranch�es vos postes de combat, � la lisi�re du bois. �
Nos abris ? Quels abris ! Des esp�ces de tani�res o� l'on ne p�n�trait qu'� quatre pattes, creus�es en bas d'invraisemblables pentes, devant un village d'Alsace, de B... Les Boches l'occupaient ; nous les voyions; circuler dans l'unique rue, en marche vers les sentiers qui conduisent sur la hauteur. Et quand ils grimpaient, ils ne paraissaient pas plus gros que des fourmis. Ils avaient, � quatre ou cinq cents m�tres de nous, des tranch�es zigzagantes, o� ils arrivaient apr�s avoir ras� les murs, utilis� des replis de terrain.
Vers les huit heures, un mar�chal des logis d'artillerie passe pr�s de la sentinelle que notre poste fournissait.
- Vous allez �tre bien ici, dit-il. C'est une baignoire qu'on vous a fournie � l'oeil pour le concert.
Cette chose s�rieuse avait l'air d'une plaisanterie. Machinalement, je jetai un regard autour de moi. La tranch�e d�couverte o� nous devions prendre place �tait pleine d'eau. Mais, surplombant la vall�e, les fermes, le village alsacien, elle avait des allures d'avant-sc�ne. Le mar�chal des logis s'�loigna, press�, en ajoutant :
- Vous allez entendre quelque chose.
C'est tout au plus si nous ne nous sent�mes pas impatients. Il y avait l�-haut des canons de tous calibres.
L'heure approchait. Quelle fut tout � coup ma surprise : des mouvements de troupes avaient commenc� tout pr�s. Des chasseurs alpins, �mergeant soudain d'un repli, le fusil � la main, arrivaient au pas de course, un � un, � 25 m�tres d'intervalle et s'abritaient, entass�s, derri�re une ferme couverte de zinc, dans un trou en contre-bas, susceptible de cacher presque toute une compagnie, Plus loin, d'autres formations se dessinaient.
Une voix claire, brutale, pr�cipit�e, s�che et volontaire, s'�l�ve soudain, dans unecadence presque r�guli�re, au rythme quasi math�matique. Ce sont nos 75 Leur mart�lement est pr�cis, nerveux, impitoyable, obs�dant. Les obus qui tombent abondamment sur les pentes d'en face, montent, en �clatant, vers le sommet de la T�te-de-Faux, la balayent, y faisant une oeuvre terrible de destruction.
Mais nos chasseurs ont �t� rep�r�s par l'observateur boche. La premi�re marmite vient tomber derri�re la ferme o� ils se sont mass�s. Elle �clate � 30 m�tres. Tout � l'heure, la bicoque sautera. Mais de nouveau le canon a repris ; les chasseurs, pr�cipitamment, remontent par un repli du sol ; ils se couchent, se collent � la terre, derri�re le talus d'un chemin creux. Mais les marmites les suivent.
Toutes les batteries tonnent � la fois. Invisible, dissimul�e on ne sait o�, l'artillerie de montagne fait rage. Comme le 75, elle �l�ve sa voix s�che et cassante, et le concert s'accentue. Les mitrailleuses s'en m�lent, puis la fusillade �clate. L'action presque tout enti�re se d�roule sous bois. Mais dans le cr�pitement rageur des milliers d'armes, l'esprit la suit, cette action. Il semble qu'on entend d'imperceptibles fr�missements, des bruits de feuilles s�ches, foul�es, de branches qui cassent sous les pieds, de gens qui marchent, courent, hal�tent, de corps qui tombent sur la terre dure avec un bruit mat, sinistre.
D�j�, tout en haut, des clairons sonnent la charge. Des cris montent, multiples, furieux, f�roces, emplissant la vall�e.
- En avant !... � la ba�onnette !...
On devine les sections qui s'�lancent, les pointes qui frappent. Sous mes yeux, la compagnie des chasseurs s'est lev�e : elle s'est �lanc�e vers les tranch�es boches, sur le Bonhomme. mais c'est la gr�le des marmites. Elles sifflent, tombent, �clatent, empestant l'atmosph�re. Oh ! qu'ils sont prompts � se garantir ! En voici un qui poursuivi, trois fois se couche sous la pluie de fer, et trois fois se rel�ve. En voil� d'autres qui, eux, ne se rel�veront plus...
Le drame continue. De plus en plus sourd, et comme ouat�, l'�cho de la fusillade intense vient de l'autre c�t� des monts. Les n�tres ont d�pass� la cr�te ; c'est qu'ils sont les ma�tres:
Tout, au fond, en bas, des maisons br�lent, d�roulant leurs volutes rouges sur l'�cran noir de la nuit. �

LES ALSACIENS-LORRAINS
Leur situation de Fran�ais va �tre officiellement d�termin�e

La situation des Alsaciens-Lorrains en France a, d�s le premier jour, vivement pr�occup� le gouvernement.
Suivant les instructions donn�es par le ministre de l'int�rieur, tous les Alsaciens-Lorrains qui se trouvaient en France au moment de la mobilisation et qui ont pu �tablir, soit par des pi�ces authentiques, soit par des r�pondants, qu'ils sont vraiment d'origine; alsacienne ou lorraine, ont re�u un permis de s�jour.
La question la plus d�licate �tait de r�gler la situation de ceux qui, � la suite de l'occupation par les troupes fran�aises, ont �t� �vacu�s d'Alsace-Lorraine soit comme otages, soit parce qu'en �ge d'�tre mobilis�s, il �tait n�cessaire de les soustraire � l'autorit� allemande. Il se trouvait en effet parmi eux des Alsaciens-Lorrains d'origine et de sentiments fran�ais, et des immigr�s d'origine et de tendance absolument allemandes.
Les ministres de l'int�rieur et de la guerre ont d�sign� une commission charg�e de proc�der sur place � la s�lection n�cessaire et qui a d�j� accompli une grande partie de sa t�che. Afin de r�gler dans le plus bref d�lai la situation des Alsaciens-Lorrains en France, le pr�sident du conseil vient, en outre, de d�signer plusieurs personnes qui sont, � tous points de vue, qualifi�es pour �tablir la distinction n�cessaire entre ceux qui, v�ritablement Alsaciens-Lorrains, doivent �tre d�s maintenant assimil�s aux Fran�ais et ceux qui doivent �tre consid�r�s comme sujets allemands. Ce sont MM. Wetterl�, Weill, Langei, anciens d�put�s d'Alsace-Lorraine; Blumenthal, maire de Colmar ; Helmer, avocat � Colmar ; Ch�telain, Wilmoth et Growel, originaires d'Alsace-Lorraine et repr�sentant les soci�t�s d'Alsaciens-Lorrains. Quatre commissions ont �t� ainsi constitu�es, qui vont op�rer simultan�ment dans les lieux de d�p�t qui restent encore � visiter. Ainsi, dans quelques jours, la situation individuelle de tous les Alsaciens-Lorrains en France sera d�finitivement r�gl�e.

NOTRE AVANCE M�THODIQUE
Nos canons lourds � l'oeuvre

Paris, 30 d�cembre, 15 h. 10.
En Belgique, nous avons gagn� un peu de terrain dans la r�gion de Nieuport, en face des polders, au nord de Lombaertzide.
L'ennemi a bombard� violemment Saint-Georges, que nous mettons en �tat de d�fense.
Nous avons enlev� un point d'appui allemand, au sud-est de Zonnebecke, sur la route de Bacelaers � Paschenda�le.
De la Lys � l'Oise, rien � signaler.
Dans la vall�e de l'Aisne et en Champagne, l'ennemi a manifest� une recrudescence d'activit� qui s'est traduite surtout par un violent bombardement, auquel notre artillerie lourde a r�pondu efficacement.
De l'Argonne � la Moselle, canonnade sur tout le front. Elle a �t� particuli�rement intense sur les Hauts-de-Meuse.
Dans les Vosges, l'ennemi a prononc� sur la T�te-de-Faux une attaque qui a �t� repouss�e.
En Haute-Alsace, nous consolidons nos positions. Notre artillerie lourde a r�duit au silence les obusiers allemands qui bombardaient Aspach-le-Haut.

LES VITRAUX DE SAINT-EPVRE

Du �� Journal de la Meurthe et des Vosges � :
�� Les vitraux de Saint-Epvre, r�duits en miettes par le bombardement du zeppelin, �taient l'oeuvre de Carl Geyling, de Vienne. Il y en avait 72, qui co�t�rent 300.000 fr. au cur� Trouillet et qui datent de 1867. Le plus c�l�bre �tait celui offert par Fran�ois-Joseph et repr�sentant saint Fran�ois et sainte Elisabeth de Hongrie.
Ces vitraux furent expos�s � Vienne et rapport�rent beaucoup d'argent � l'intr�pide cur�-b�tisseur.
Les vitraux an�antis en tout ou en partie sont : saint L�on IX et Pie IX, saint Henri, saint Gabriel, saint Fran�ois, sainte Elisabeth, saint Ferdinand, sainte Marguerite. saint Hubert, sainte Anne, saint Paulin, saint L�opold, saint Ferdinand, sainte Madeleine, saint Mathieu, saint Luc, etc., etc.
Il semble bien qu'aucune verri�re n'est intacte, et qu'il faudra des ann�es pour refaire tout cet ensemble artistique.
On pourra, il faut l'esp�rer, remettre provisoirement en verre blanc ces grandes baies de Saint-Epvre, au moins pour le printemps prochain.
Les admirateurs nanc�iens de Fran�ois-Joseph peuvent �tre satisfaits maintenant... le vilain sire, l'�tre ignoble qui a d�cha�n� tous ces crimes et ces monstruosit�s a mis le couronnement � sa honte !
Qu'il soit maudit par toute la Lorraine, par toute la France, par toute la Chr�tient� ! �

R�SUM�
DES PRINCIPAUX EVENEMENTS
de D�cembre 1914

1er d�cembre. - Le g�n�ral Joffre dit aux Alsaciens de la r�gion de Thann : �� Notre retour est d�finitif. Vous �tes Fran�ais pour toujours �. - Le roi George et M. Poincar� se rencontrent sur le front.
2 d�cembre. - Nos troupes enl�vent Aspach-le-Haut, en Alsace, Lesm�nils et le Signal de Xon, sur la rive droite de la Moselle, et la T�te de Faux dans les Vosges.
7 d�cembre. - Les Allemands entrent dans Lodz. Les Russes sont devant Cracovie.
8 d�cembre. - Trois croiseurs allemands sont coul�s par les Anglais pr�s des �les Falkland. - Les Serbes reprennent l'offensive et repoussent les Autrichiens.
9 d�cembre. - Nos aviateurs bombardent Fribourg-en-Brisgau.
14 d�cembre. - La gare de Commercy est bombard�e par des batteries tirant d'une tr�s grande distance. D�g�ts insignifiants. - Belgrade est repris par les Serbes. - Un aviateur fran�ais incendie un train allemand en gare de Pagny-sur-Moselle.
15 d�cembre. - Trois croiseurs allemands bombardent Hartlepool et Scarborough. 55 morts, 155 bless�s.
17 d�cembre. - Le protectorat anglais est proclam� en Egypte.
22 d�cembre. - Rentr�e des Chambres.
D�claration minist�rielle. - Un avion allemand jette deux bombes sur Nancy. Pas d'accidents.
26 d�cembre. - Dans la nuit du 25 au 26 d�cembre un Zeppelin survolant Nancy lance 18 bombes, qui tuent deux civils. - Saint-Di� est violemment bombard� de 9 heures et demie � 12 heures.
27 d�cembre. - Un avion allemand lance 4 bombes sur Nancy � midi, et un seconds � 2 heures et demie en lance trois autres ainsi que des fl�chettes. Pas d'accidents.

Mentions l�gales

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