Quarante-quatre milliards ! Martelé par François Bayrou, et désormais connu de tous les Français, le chiffre est censé nous faire prendre conscience de l’urgence qu’il y a à rétablir l’équilibre des comptes publics. Ce à quoi les oppositions ont répondu qu’à leurs yeux, la première urgence était de faire tomber ce gouvernement. Le débat de fond sur la nature de l’effort à fournir n’a donc pas encore commencé – au-delà de la mesure unanimement rejetée de la suppression de deux jours fériés.
L’enjeu n’est pourtant pas mince, car c’est de la politique économique du pays qu’il est question. Il s’agit de savoir si le moment est venu d’en finir avec la stratégie de soutien aux entreprises, qui a commencé sous François Hollande et dont Emmanuel Macron s’est fait le chantre. Des trois principales forces politiques, seul le bloc central propose de maintenir ce cap – avec ses aides massives aux entreprises et son refus d’augmenter les impôts, y compris des plus riches. Le PS, lui, défend la taxe Zucman, une hausse de la fiscalité sur les dividendes et un plan de relance pour soutenir le pouvoir d’achat. Sans surprise, LFI y est encore plus opposé, avec son leitmotiv budgétaire : « gouverner par les besoins ». Quant au RN, son programme demeure bien flou aux chapitres innovation ou compétitivité.
Un changement de cap économique serait un tournant après une décennie de politique pro-business, qui a participé à faire baisser le chômage et à rendre la France plus attractive pour les investisseurs étrangers. Il est vrai que tout n’a pas été réussi et qu’il y a des choses à revoir, sur la transparence et l’évaluation des aides aux entreprises ou sur le partage de l’effort entre les différentes catégories de Français. Mais il serait préjudiciable que ces mesures portent atteinte à la production et à la compétitivité. Faute de quoi l’addition risque d’être, demain, plus lourde encore.