Éditorial

Drones russes : face à la guerre hybride venue du ciel, les Européens doivent se renforcer dans le spatial

Jean-Christophe Ploquin, rédacteur en chef.
Jean-Christophe Ploquin, rédacteur en chef. Franck Ferville pour La Croix
Les dirigeants de l’Union européenne ont discuté jeudi 2 octobre à Copenhague de la constitution d’un « mur anti-drones » après le survol récent de cinq pays par des engins volants sans doute activés par la Russie. L’agressivité croissante de Moscou oblige les Européens à développer rapidement leur capacité spatiale.

La Russie sème l’alarme dans le ciel européen. En quelques semaines, l’intrusion de drones dans l’espace aérien de cinq pays et le vol de trois avions de combat au-dessus de l’Estonie révèlent la posture agressive de Moscou. Certes, toutes ces incursions ne sont pas assumées par le Kremlin, conformément au concept de guerre hybride. Mais dans les capitales concernées, le responsable ne fait guère de doute. Alors que Donald Trump hésite sur la pertinence de la solidarité transatlantique, Vladimir Poutine teste la réaction de l’Otan. Les Européens doivent répondre avec fermeté sans entrer dans une logique d’escalade : il faut assumer l’engagement à défendre le territoire des pays de l’Alliance atlantique.

Cette détermination est aussi nécessaire pour développer rapidement les capacités de défense. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, la guerre est revenue en Europe. Et la possibilité d’un autre conflit d’ici à la fin de la décennie est prise très au sérieux dans les états-majors. Avec une composante longtemps négligée : l’espace. Le recours massif aux drones est visible sur tous les théâtres d’opérations du monde. Dorénavant, les stratégies d’attaque et de défense passent par le ciel et par les communications satellitaires permettant de contrôler à distance les engins volants.

Pour les Européens, tout est à faire ou presque. L’Allemagne a annoncé le 25 septembre son intention de consacrer 35 milliards d’euros sur cinq ans à la défense spatiale. La Commission européenne avance un concept de « mur anti-drones ». En matière de souveraineté, l’un des enjeux sera la capacité à faire émerger des groupes industriels performants sur notre continent, pour éviter de dépendre de décisions prises à Washington ou à Moscou.