Éditorial

L’avenir des prêtres condamnés

Arnaud Alibert, prêtre assomptionniste, rédacteur en chef à La Croix.
Arnaud Alibert, prêtre assomptionniste, rédacteur en chef à La Croix. Franck Ferville pour La Croix / Ferville
Avec la crise des abus dans l’Église, les victimes ont été mises au centre des préoccupations. Quel avenir acceptable pour elles et pour la société peut être envisagé pour les prêtres condamnés, au-delà de l’accomplissement de leur peine ?

Quel avenir pour les prêtres auteurs d’abus et de violences ? Cette question n’est pas le titre d’un livre ou d’un colloque. C’est une question bien réelle que se posent les catholiques, du paroissien lambda au cardinal président de la Conférence des évêques de France. Elle est une borne milliaire qui dit le chemin parcouru.

« Prêtres abuseurs », « prêtres condamnés », aussi dures que soient ces formules, et même aussi cruelles soient-elles pour l’immense majorité d’entre eux qui ne le sont pas, il faut bien reconnaître qu’elles correspondent à une réalité. L’onction du sacerdoce n’empêche pas l’odieux du comportement de certains prêtres. Changement d’époque, désormais, cela n’est plus caché, les victimes portent plainte et les justices civiles et ecclésiales agissent. Leur avenir ? Poser cette question était jusqu’à présent pour le moins incongru. Nouveau signe des temps : « Prêtre in aeternum, oui, mais ministre en service d’Église, je ne suis pas d’accord », disent tout à la fois les familles des écoles catholiques, les fidèles des paroisses et, chose nouvelle et incontournable, des laïcs salariés des diocèses, dont la loyauté à l’institution n’est pas à soupçonner.

Aujourd’hui, les tentatives de réhabilitation, après la peine, se font au cas par cas. Mais cet empirisme a trois inconvénients majeurs. Laisser les évêques seuls face au « dilemme du père » dont un fils commet le mal sur un autre. Laisser les fidèles dans l’incompréhension du système des peines encourues en fonction des délits commis. Enfin, laisser la société dans le flou face à une Église sans principe d’action identifié sur ce sujet, alors même que sur d’autres, famille, éducation, environnement, etc., elle sait être claire.