Un pissenlit survit sur un sol craquelé ( Illustration) Italie ©Getty - Busà photography
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Un sommet s'ouvre aujourd'hui à l' ONU à New York. Une riposte aux salves climatosceptiques de Donald Trump, qui pourra s'appuyer sur une étude européenne menée par le pacte mondial des Nations unies. À suivre également, le fatalisme des Français face au changement climatique.

"Plus de 100 pays" et "plus de 40" chefs d’État et de gouvernement doivent présenter leurs ambitions lors de ce sommet climat convoqué par les Nations unies et le Brésil, pays hôte de la COP 30. Avec dans l'oreille et en guise d'épée de Damoclès, les digressions vénimeuses de Donald Trump. Extrait : 
"Ils ont dit que le réchauffement climatique allait anéantir le monde, mais ensuite il a commencé à faire plus froid. Après, ils appellent ça changement climatique, car de cette manière, ils ne peuvent pas passer à côté d'un changement climatique. Parce que s'il fait plus chaud ou plus froid, quel que soit le bordel qui se produit, le climat change. C'est la plus grande arnaque jamais menée contre le monde, selon moi.
Le climat change, peu importe ce qu'il se passe, vous avez un rôle dedans !Fini, le réchauffement climatique, toutes ces prédictions faites par l'Onu et bien d'autres encore, souvent pour de mauvaises raisons sont fausses
."

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Et de poursuivre "Les énergies renouvelables, une "blague", le charbon "propre et magnifique".  "L'empreinte carbone est une supercherie inventée par des gens aux intentions malveillantes", a ajouté le président des États-Unis.

"Le président Trump et son administration continuent à cracher des mensonges et de la désinformation sur la science climatique et les bénéfices écrasants des énergies propres, faisant gravement du tort au peuple américain", a commenté Rachel Cleetus, de l'association Union of Concerned Scientists.

Cette nouvelle charge de Donald Trump embrase le " backlash écologique " ambiant. Est-ce qu'il faut associer ce retour de bâton environnemental à une montée en puissance des impérialismes ? C'est la question que Thomas Cluzel a posée à Damien Barchiche, directeur du programme Gouvernance du développement durable à l'IDDRI :"En fait, ce qui est intéressant, c'est que si vous m'aviez posé la question il y a un an sur l'Agenda 2030 et les objectifs de développement durable, je vous aurais dit  "en fait, ce qui est un peu frustrant, c'est qu'on sent un désintérêt. Et en fait, aujourd'hui, ce qu'on voit, c'est que finalement on a certaines forces politiques comme le président américain, mais aussi le président argentin Milei ou certains partis d'extrême droite en Europe comme Vox, qui s'opposent ouvertement à cet agenda là, parce qu'en fait, il met sur la table une ambition finalement universelle et sur laquelle, en fait, il y a encore une communauté de pays qui considèrent que c'est notre langage commun à tous, une sorte de contrat social global si vous voulez. Et ce n'est pas anodin si lors de la récente négociation sur le financement international du développement qui s'est tenu à Séville en juin, les Etats-Unis ont poussé pour retirer toutes les mentions en fait de cet agenda là. Et finalement, ils n'ont pas été soutenus par le reste de la communauté internationale. Et les pays, finalement, là, ont préféré adopter un texte sans la première puissance mondiale. Mais en maintenant  ce langage là qui est un langage commun. "

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Sauver la diplomatie climatique ?

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Les citoyens européens ne sont pas hostiles aux mesures écologiques

"Presque tous les gouvernements dans le monde reconnaissent que le changement climatique n'est pas une supercherie mais un défi majeur. Prétendre le contraire revient simplement à nier la réalité", a réagit Laurence Tubiana, présidente de la Fondation européenne pour le climat et architecte de l'accord de Paris.

Nier la réalité, ce n'est certainement pas ce qui ressort d'une étude menée auprès de 13 200 citoyens dans 15 pays de l'UE et du Royaume-Uni, étude qui nous éclaire sur leur perception du développement durable , des travaux menés par le "PACTE MONDIAL de l'ONU'' réseau France. Rappelons en quelques mots que le développement durable est un développement qui repond aux besoins du présent sans compromettre les conditions de vie et les besoins des générations futures, en respectant l'environnement.

Et contrairement à ce que prétendent souvent les gouvernements de l'Union Européenne pour justifier leur immobilisme, les citoyens européens ne sont pas hostiles aux mesures écologiques, à condition que les efforts entre États, gouvernements et secteur privé soient bien répartis. Nils Pedersen,  le délégué général du Pacte mondial de l'ONU, Réseau France, joint à New York : "80 % des citoyens qui ont été interrogés par cette étude estiment que le développement durable devrait être une priorité pour l'Union européenne et les gouvernements nationaux. Ça veut donc dire qu'il n'y a pas de renoncement de la part de ses citoyens sur les enjeux liés au développement durable. Et c'est une bonne nouvelle. Les citoyens sentent bien qu'aujourd'hui, au travers des enjeux de développement durable, du climat, mais aussi des inégalités croissantes, on ne peut pas rester dans le statu quo et qu'il faut accélérer. Ils sont prêts à contribuer, sous réserve que la puissance publique, que l'État et toutes les entreprises jouent le jeu. Et d'ailleurs, on voit bien que les ONG qui sont des aiguillons sur un certain nombre de sujets, ou bien un rôle de plaidoyer qui est reconnu dans l'étude. Mais on n'attend pas des ONG qu'elles mettent directement là les sujets parce qu'elles n'ont pas le pouvoir de transformer l'économie. "
Des citoyens qui, par ailleurs, ne considèrent pas les organisations internationales comme des acteurs prioritaires.  Ils n'ont pas les Nations Unies en tout cas, où les divisions géopolitiques s'expriment. Mais c'est aussi le seul endroit où les Etats se parlent d'égal à égal. Un multilatéralisme qui reste à défendre malgré tout. Et c'est bien l'ONU qui a porté l'accord de Paris sur le climat il y a dix ans, et ça reste quand même une référence en la matière. L'étude montre aussi qu'au niveau européen, et c'est le cas de la France par exemple, les objectifs de développement durable ne sont pas qu'une préoccupation de jeunes citadins.

Écologie des villes, écologie des champs ?

Toutes les générations se sentent concernées, quel que soit leur lieu de vie, explique Nils Pedersen."Il y a une petite proportion effectivement de jeunes citadins qui sont un peu plus sensibles. Pour autant, les chiffres sont assez à nuancer. On fait souvent ce débat. On a eu pendant la crise des gilets jaunes que finalement seuls les citadins avaient une conscience environnementale et pas les personnes vivant hors des villes. Finalement, c'est pas aussi vrai. Les personnes qui vivent dans les campagnes ont bien conscience de ces enjeux de développement durable mais sont confrontées à d'autres difficultés, en particulier sur les enjeux de transport dont on sait que souvent, le véhicule personnel est l'unique moyen de transport parce qu'il n'y a pas de transport en commun. Donc ça vient nuancer aussi cette fracture qui est parfois mise en avant, mais aussi dans les générations, parce que bien souvent, on présente la jeunesse comme le fer de lance sur ces sujets de développement durable dont on voit bien que les personnes de plus de 50 ans ont pleinement conscience de ces sujets là. Et c'est ça qui je trouve rassurant dans cette étude, c'est finalement il n'y a pas de conflit de générations, il n'y a pas de clivage, on en a assez dans le monde pour pas en rajouter un, je pense artificiel dans le débat public."

Les besoins en développement durable ont été chiffrés au niveau mondial pour ne pas compromettre notre avenir. C'est 4000 milliards d'investissements par an. C'est le message que fait encore passer le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, cette semaine à New York.

Trois Français sur dix se disent prêts à déménager dans les années à venir à cause des risques climatiques

C’est l’un des enseignements de la grande consultation citoyenne, réalisée par ICI ( Ex- France Bleu) et l’institut Odoxa pour mieux comprendre les attentes des Français vis-à-vis de leur maire. Le premier volet porte sur l’environnement. 13 000 personnes ont répondu à cette enquête. Ce que l'on retient déjà c’est que les Français sont assez fatalistes.
L’écrasante majorité des Français interrogés n’est pas climatosceptique : 9 personnes sur 10 constatent que le dérèglement climatique est en marche. Nous sommes même de plus en plus, 35%, à penser qu’il est déjà trop tard. Pour repère, l y a trois ans nous étions 30% à être aussi pessimistes.Pour échapper à ces canicules, inondations ou tempêtes, trois Français sur dix se disent désormais prêts à déménager pour une autre commune dans les années à venir, c’est même plus de quatre sur 10 chez les jeunes, plus sensibles à l’environnement, plus mobiles aussi note Odoxa.
Évidemment, c’est dans les régions les plus touchées qu’on y pense le plus : un habitant sur trois en régions PACA  et Occitanie, même quatre sur 10 en Île-de-France, région très dense où les fortes chaleurs sont très difficiles à supporter. A la campagne où les ilots de fraîcheur sont plus faciles à trouver, seulement une personne sur 5 pense à partir. Globalement, ce sont les canicules qui inquiètent le plus. 
C’est le premier risque à craindre pour 7 Français sur 10. Des chaleurs extrêmes qui inquiètent encore plus dans le sud-est.  Si on regarde les autres régions,  ce sont les tempêtes et les orages qui inquiètent davantage dans l’ouest,  les inondations dans les Hauts-de-France, la Normandie et PACA régulièrement touchées. Dans le sud, on craint plus les incendies qu’ailleurs.
 Quelque soit la région, les Français considèrent en tout cas que leur maire n’en fait pas assez pour lutter contre les effets du changement climatique. Pourtant, les citoyens ont des idées : ils suggèrent à leur maire de multiplier les espaces verts, de limiter les constructions et la bétonisation. Ou encore d’éduquer davantage les citoyens aux bonnes pratiques écologiques.

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