Ce mardi 22 juillet, 17 narcotrafiquants ont été transférés à la prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil dans le Nord-Pas-de-Calais.
- Yann Bisiou, maître de conférence à l'université de Montpellier- Paul Valéry, spécialiste du droit de la drogue.
Adoptée comme une victoire politique par le gouvernement, la loi contre le narcotrafic a accouché de son symbole : une prison ultra-sécurisée pour les trafiquants les plus dangereux. Isolement, restrictions massives, atteintes aux droits : la méthode pose autant de questions qu’elle en résout. Mais cette stratégie peut-elle réellement enrayer un trafic de plus en plus éclaté et polymorphe ?
Une répression inadaptée
Yann Bisiou, maître de conférences à l’Université Paul Valéry de Montpellier, spécialiste des politiques publiques des drogues, revient sur la récente loi adoptée contre le narcotrafic et la création d’une prison ultra-sécurisée à Vendin-le-Vieil. Il insiste sur l’ampleur du texte : "C’est une loi qui est énorme, c’est plus de 50 articles", mais regrette qu’elle ne soit pas adaptée aux nouvelles formes de criminalité : "Elle ne fait que renforcer le modèle qui est le même depuis les années 50." Il alerte sur le décalage entre les intentions politiques et la réalité d’un trafic aujourd’hui éclaté, horizontal et polymorphe.
Un symbole sécuritaire
Pour Yann Bisiou la prison ultra-sécurisée incarne une réponse politique plus symbolique qu’efficace : « Le fait de concentrer les criminels les plus dangereux dans un même endroit, ça, c’est une volonté du ministre, ce n’est pas ce que prévoit la loi. » Il souligne aussi l’absence de critères transparents pour l’affectation des détenus dans ces quartiers : « Comment on va passer de six condamnations à 500 détenus comme annoncé ? On ne le sait pas exactement. » Yann Bisiou critique également les atteintes aux libertés fondamentales engendrées par le dispositif, comme les fouilles systématiques après chaque visite : « Ça me pose un vrai problème en termes de liberté fondamentale. »
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Quel rôle pour le Parquet national anticriminalité organisée
Enfin, sur la création du futur Parquet national anticriminalité organisée (PNACO), prévu pour janvier 2026, il reste prudent : « C’est un classique, régulièrement on nous annonce que la solution c’est de créer une structure spécialisée dotée de pouvoirs exceptionnels. » Si le modèle peut fonctionner, à l’image du Parquet national financier, il rappelle que ce type de structure « ne vise qu’une toute petite partie de ce qu’est le trafic aujourd’hui ».
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