Jacques Chirac et François Mitterrand, à Paris, le 8 mai 1995, pour les 50 ans de la fin de la Seconde guerre mondiale ©AFP - MICHEL GANGNE / AFP
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Qui pourrait régler la crise politique ? Ou qui aurait pu la régler ? Pour la revue L'Hémicycle, l'institut Verian a sondé les Français : De Gaulle, Chirac et Mitterrand arrivent en tête !

Qui ferait mieux ? Qui ferait mieux qu’Emmanuel Macron ? Qui pourrait nous sortir de la crise politique ? Ne répondez pas Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Edouard Philippe ou Raphaël Glucksmann.... Aujourd’hui, ce n’est pas le sujet. Ce matin, nous regardons vers le passé, du côté des anciens présidents. Pour la revue L’Hémicycle, un institut de sondages, Verian, a posé la question a un millier de Français : "Pour régler les problèmes de la France, quel président souhaiteriez-vous voir revenir ? ". Le sondage précise : un ancien président vivant ou mort ! Oui, nous en sommes là. Ça va tellement bien que nous sommes prêts à aller chercher des dirigeants morts !

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Plusieurs réponses autorisées… Charles de Gaulle arrive largement en tête. 55% des personnes interrogées aimeraient le revoir à l’Elysée. Loin derrière lui, Jacques Chirac (34%), au coude-à-coude avec François Mitterrand (32%). Un trio de présidents disparus.

De Gaulle loin devant

De Gaulle plébiscité ? Pas très étonnant. C’est l’autorité, et l’histoire plus encore que la politique ; une certaine idée de la France ; l’homme du 18 juin autant que le père de la Vème République. Aujourd’hui, à peu près tout le monde se réclame de lui ; tout le monde a son De Gaulle.

Jacques Chirac et François Mitterrand se retrouvent, eux, côte à côte. Qu’en penseraient-ils, eux qui se sont affrontés deux fois à la Présidentielle ? Même si en 1995, quand Jacques Chirac a été élu, leur relation était apaisée… Leur point commun ? Une longue carrière politique ; deux mandats chacun et une même expérience : la cohabitation. Chacun, à son tour, s’est retrouvé en retrait - président au-dessus de la mêlée. Les Français conservent cette image - un pôle de stabilité.

Vous vous demandez peut-être où sont les anciens présidents vivants dans cette enquête. Ils sont là, eux aussi, mais plus bas. Nicolas Sarkozy ? 23% des sondés aimeraient le voir revenir. L’enquête a été réalisée avant sa dernière condamnation et son incarcération. François Hollande ? Presqu’au fond du classement, à 17%.

Jospin en tête

Les anciens premiers ministres ne sont pas oubliés. L'institut Verian a aussi posé cette question : qui aimeriez-vous retrouver au gouvernement ? Aucun ancien locataire de Matignon n’atteint 50%. Mais trois d’entre eux se distinguent. Lionel Jospin (30%) et Michel Rocard (25%) – deux premiers ministres de gauche. Est-ce pour leur héritage ? Les 35 heures, le PACS, le RMI ? Puis Alain Juppé, qui les suit à 21%.

Leur point commun, à tous les trois ? Le passage du temps, comme pour les présidents : ils ont tous été premiers ministre il y a vingt-cinq ou trente ans. Ils laissent sans doute une image de sérieux, aussi. Leurs difficultés de l’époque, effacées ! Le plan Juppé, les grèves de 1995 ; ou bien, pour Michel Rocard, la tempête à l’Assemblée nationale.... Entre 1988 et 1991, le socialiste avait utilisé 28 fois l’article 49-3, si impopulaire aujourd’hui. Qui s’en souvient ?

Le travail du temps

De ce sondage en forme de jeu, pouvons-nous tirer une leçon ? Une confirmation, plutôt. Pour être regretté, sortez de l’actualité ! Rejoignez le passé. Et si vous pouvez, mourrez ! Dans la mémoire des électeurs, les années réécrivent l’histoire. Elles apportent du recul. Elles mettent les crises en perspective.

Un autre enseignement ? Oui, en mettant De Gaulle de côté car son cas est à part... Politiquement, aucun de ces dirigeants n’est resté chimiquement pur. Aucun n’a pu appliquer tout son programme. Ils ont connu la cohabitation, l’adversité. D’une manière ou d’une autre, à un moment ou à un autre, ils ont tous dû négocier, reculer, passer des compromis. Dans le moment que nous traversons, c’est intéressant.

Mais la vraie leçon de ce sondage, évidemment, c’est qu’il n’y en a pas ! La revue L’Hemicycle et l’institut Verian font ici de la politique fiction. Dans leurs conclusions, ne cherchez pas de remèdes pour le présent. Mais en jetant un œil en arrière, jusqu’à l’absurde, cette enquête nous pose une question utile, à nous, électeurs, électrices, et à nos dirigeants. Dans dix ans, dans vingt ans, dans trente ans, une fois les polémiques passées, qu’est-ce qui restera ? Qu’est-ce qui devrait rester ?

L'équipe

  • Journaliste à Radio France, éditorialiste à France Culture