À Vichy, dans les années 1940, le maréchal Pétain se tient devant un tableau qui le représente sous l'Arc de Triomphe. ©Getty - Keystone-France\Gamma-Rapho via Getty Images
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Des Gaulois au régime de Vichy, un ensemble de mythes entourent l’histoire de France. Ils servent parfois des discours politiques aux connotations nostalgiques et passéistes. Historiens et historiennes s’attèlent alors à les déconstruire et à réintroduire nuance et complexité.

Avec
  • Yann Bouvier, professeur d'histoire et vidéaste
  • Laurent Joly, historien, directeur de recherches au CNRS, spécialiste de l’antisémitisme durant l’Occupation
  • Sandrine Lemaire, historienne, spécialiste de l'histoire coloniale française et de la culture coloniale
  • Raphaël Spina, historien, enseignant habilité au Centre de Recherches de l'École de l'Air et de l'Espace
  • Bénédicte Vergez-Chaignon, historienne, spécialiste de la Seconde Guerre mondiale et de l’Occupation

Si le régime de Vichy a fait l’objet de nombreuses études, l’ouvrage Vichy. Histoire d’une dictature (sous la direction de Laurent Joly, Tallandier, 2025) entend affiner plus encore la compréhension de cette période. Historiens et historiennes détaillent les rouages d’un État que Laurent Joly choisit de qualifier de dictature, et non plus de régime autoritaire. À travers une approche chronologique élargie, il s’agit notamment de rappeler que le régime de Vichy n’est pas une parenthèse. Pour en comprendre la naissance, il faut au contraire la replacer dans une histoire longue de la Troisième République et des crises politiques des années 1930. Les auteurs et autrices s’attèlent également à détailler les modalités de la collaboration par l’État français. De la réquisition forcée de main-d’œuvre aux rafles antijuives, le régime de Vichy ne remplit pas seulement les exigences de Vichy, mais fait preuve d’un zèle ardent. La publication de cet ouvrage intervient également face à des discours politiques qui tentent de réhabiliter le régime de Vichy.

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Le recours aux récits historiques dans des perspectives politiques n’est pas un procédé nouveau. Dès le 17e siècle, une légende entoure le règne du "bon roi" Henri IV. La bonté du roi est mise en récit pour accroître sa légitimité dans le contexte complexe des guerres de Religion. Plus encore, certains récits historiques ont servi des visées politiques différentes et doivent être étudiés dans le temps long. À la fin du 19e siècle, les historiens laïcs de la Troisième République font du peuple gaulois l’origine de leur roman national pour déchristianiser un récit qui commençait jusqu’alors au baptême de Clovis, et faisait de la France un pays nécessairement chrétien. Aujourd’hui, le récit qui fait des Gaulois l’origine d’un "peuple français" est surtout formulé par des milieux d’extrême droite et sert des discours d’exclusion. Ces instrumentalisations de l’histoire ne sont toutefois pas cantonnées aux discours politiques. Elles ont aussi cours sur les réseaux sociaux, notamment par la multiplication de vidéos dites "historiques" générées par l’intelligence artificielle qui présentent une vision simplificatrice et nostalgique de l’histoire.

Écrire l’histoire de France, en déconstruire les mythes et en complexifier la compréhension, apparaît alors comme une voie pour éveiller les consciences, et donner des clefs aux citoyennes et citoyens pour déjouer les manipulations de l’histoire.

Pour en savoir plus

Avec trois auteurs et autrices de Vichy. Histoire d’une dictature (sous la direction de Laurent Joly, Tallandier, 2025) :

  • Laurent Joly, historien, directeur de recherche au CNRS
  • Raphaël Spina, historien, enseignant habilité au Centre de Recherches de l'École de l'Air et de l'Espace à Salon-de-Provence
  • Bénédicte Vergez-Chaignon, historienne, spécialiste de la Seconde Guerre mondiale et de l’Occupation

Et deux auteurs et autrices de France Fictions (sous la direction de Yann Bouvier, Perrin et First éditions, 25 septembre 2025) :

  • Yann Bouvier, historien et vulgarisateur, professeur d'histoire et de géopolitique en lycée et chercheur associé au CMMC (Centre de la Méditerranée Moderne et Contemporaine)
  • Sandrine Lemaire, historienne, professeur en classes préparatoires aux grandes écoles au lycée Jean Jaurès à Reims, codirectrice du Groupe de recherche Achac

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